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La faiblesse des gouvernements mise à nu par les mobilisations du secteur culturel, un exemple à suivre

L’entrée en action du monde culturel et du secteur du divertissement bénéficiait d’un large soutien, les gouvernements ont été contraints de reconsidérer la décision de fermer ces secteurs. La faiblesse des différents gouvernements a été démontrée au grand jour. L’événement a également illustré à quel point les mesures prises dans le cadre de la lutte contre la pandémie visent principalement à sauvegarder les profits des grands acteurs économiques. Dans ce cadre, la culture n’est considérée que comme un luxe parfaitement facultatif. Le dédain des autorités vis-à-vis du secteur a été maintes et maintes fois démontré depuis le début de la pandémie.
Le Comité de concertation, dans lequel tous les gouvernements du pays sont représentés, entendait prendre des mesures juste avant les vacances de Noël destinées à faire comprendre que la pandémie n’est pas terminée et que le danger du nouveau variant Omicron n’est pas à prendre à la légère. Mais adopter de nouvelles mesures restrictives étant une question sensible, une solution apparemment “facile” a été choisie : pas de nouvelles mesures, sauf pour les secteurs de la culture et du divertissement. La décision est tombée sur ceux-ci sans la moindre consultation avec les principaux concernés. Pourtant, l’institut scientifique Sciensano avait clairement fait remarquer que les théâtres, les cinémas et les salles de concert ne sont pas des lieux où de contamination massive.
La mobilisation du secteur culturel a pu compter sur un large soutien. Le dimanche 26 décembre, entre 5000 et 15.000 personnes se sont réunies au Mont des Arts à Bruxelles. Au même moment, des centaines d’autres étaient rassemblées devant le cinéma Sauvenière à Liège. Plusieurs lieux indiquaient clairement leur intention d’entrer en désobéissance civile en restant ouvert malgré l’interdiction. Plusieurs décideurs politiques, y compris de partis présents aux gouvernements, ont alors subitement tourné casaque. Le président du PS, Paul Magnette, a déclaré qu’une erreur collective avait été commise lors du comité de concertation tout en disant soutenir les critiques du monde culturel tout en rejetant la responsabilité de la décision sur les ministres de la culture qui n’ont pas su défendre “leur” secteur. Une décision du Conseil d’État a débloqué la situation et a contraint le gouvernement à revenir sur la fermeture du secteur culturel.
Le gouvernement fédéral n’est pas le seul a avoir reçu une baffe, c’est le cas de tous les gouvernements du pays. Déjà affaiblis, ils ressortent de l’aventure encore moins vigoureux. Le tandem De Croo-Vandenbroucke est aux prises avec l’opposition interne des partis gouvernementaux, dont l’imprévisible président du MR, George Louis Bouchez, qui a déjà failli faire exploser le gouvernement wallon récemment. Mais le PS tente de se profiler au risque de mettre à mal la coalition Vivaldi. Quant au gouvernement flamand, dont le discours est systématiquement qu’il se débrouille mieux que les autres, ce n’est visiblement pas le cas. Il est lui aussi aux prises avec des tensions internes, le leader de l’Open-VLD Bart Somers déclarant par exemple qu’en s’y prenant de la sorte le gouvernement « Jambon I ne sera pas un succès ».
Cette mobilisation a clairement mis en évidence la faiblesse des gouvernements. Le mouvement des travailleur.euse.s doit se saisir de l’occasion pour défendre plus catégoriquement les intérêts et les préoccupations de la classe travailleuse et passer à l’offensive.
N’est-ce pas le moment d’intensifier la lutte en faveur d’un plan massif et immédiat d’investissement public dans les soins de santé ? Pourquoi ne pas appeler à une manifestation nationale, couplée à des revendications telles que l’abolition des brevets sur les vaccins et la nationalisation du secteur pharmaceutique sous contrôle et gestion des travailleur.euse.s ?
D’autre part, dans ce contexte de hausse rapide de l’inflation, ne serait-il pas temps de développer un véritable plan d’action qui ne se contente pas de donner l’occasion de se défouler, mais vise consciemment à construire un rapport de forces autour de revendications claires, comme l’abolition de la loi sur les salaires de 1996 et la nationalisation de la totalité du secteur de l’énergie pour assurer une transition écologique et des prix abordables pour la population ? Si le mouvement des travailleur.euse.s (tant les syndicats que la gauche) ne s’engage pas dans la lutte pour une transformation de la société, d’autres forces tireront profit du mécontentement et de la frustration.
Chaque crise illustre l’étendue de l’échec du système tout en aggravant les autres. Les activistes du climat qui scandent le slogan « system change » ont raison. Nous devons renverser ce système où tout est sacrifié pour les profits des actionnaires. La crise sanitaire n’a-t-elle pas suffisamment démontrer dans quel cul-de-sac cela nous mène ? Il suffit encore de penser à la décision de la Commission européenne de donner au gaz et à l’énergie nucléaire un “label vert”…
Il nous faut un système différent, et celui-ci doit reposer sur les intérêts et les besoins de la majorité de la population. Les moyens ne manquent pas pour cet autre monde : en 2021, les dix personnes les plus riches de la planète se sont enrichies de 400 milliards de dollars supplémentaires. Imaginez ce qui serait possible si les ressources disponibles sur cette terre étaient utilisées démocratiquement pour permettre une vie saine et décente pour toutes et tous ! Cela nécessite de se battre : la transformation socialiste démocratique de la société ne tombera pas du ciel, aucun cadeau ne nous sera donné par les capitalistes qui regardent la planète brûler : nous devons nous organiser et nous battre pour finalement abattre le capitalisme.