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Télétravail : Le mouvement ouvrier doit fixer ses conditions !

Un bambin crie sur sa maman qui travaille dans sa chambre à l’étage, avec l’ordinateur portable posé sur le lit? Pendant les vacances, alors que vous devez vous concentrer sur un problème lié au travail, vos enfants turbulents aiment jouer dans le salon, en criant avec enthousiasme. Lors de l’appel vidéo pour la réunion d’équipe, ils veulent aussi faire coucou à vos collègues : « Bonjour ! »
Par un représentant syndical dans un centre d’appel
Cela peut parfois être amusant. Les parents isolés ont souvent plus de difficultés: le télétravail leur est presque impossible si la garde des enfants est moins accessible (en raison des listes d’attente, du peu de moyens de transport, des coûts financiers, etc.) Dans notre pays environ 60 % des salariés télétravaillent aujourd’hui partiellement ou entièrement à domicile pendant la période de confinement. Près d’une personne sur trois qui télétravaille ne dispose pas d’un poste de travail approprié. Le poste de travail à domicile est moins adapté à une position assise correcte, les moyens de communication avec les collègues font parfois encore défaut,… Tout comme une politique claire en matière de télétravail, y compris le remboursement des coûts et des limites claires de la journée de travail.
Les jeunes ou les personnes qui vivent dans un appartement ou une maison plutôt petite – sans beaucoup d’espace et sans jardin – peuvent ressentir un stress et un isolement supplémentaires lorsqu’ils travaillent à domicile de manière quasi permanente et pendant de longues périodes.
Pour le mouvement syndical, il est important de réunir autour d’un programme social les ouvriers pour lesquels le travail à domicile est impossible et les employés ou fonctionnaires qui peuvent travailler à domicile. Le travail physique lourd mérite le respect, mais le travail à domicile n’est pas un “privilège”. Les vrais privilégiés sont les capitalistes qui nous pressent tous davantage ! Depuis la crise de 2008, les jeunes travailleurs et travailleuses sont exploités plus sévèrement par les bas salaires de départ, qui s’approchent parfois du minimum légal. Épuisement professionnel, stress, pression accrue au travail, contrôle numérique plus strict de la productivité … touchent aujourd’hui un groupe de salariés plus important qu’il y a quelques décennies.
Quelles revendications ?
Bien sûr, beaucoup ont aussi remarqué les avantages du travail à domicile: pas de temps perdu dans les embouteillages, plus d’espace pour la vie de famille. A terme, un nouvel équilibre sera trouvé, mais les syndicalistes doivent insister sur la nécessité de rétablir les contacts sociaux à l’intérieur et à l’extérieur des équipes. L’être humain est un être social. Nous ne sommes pas faits pour être isolés socialement et vivre en cage pendant de longues périodes.
De plus, le travail à domicile permanent ou excessif va détruire les contacts et discussions informelles qui sont vitaux pour le travail syndical. Elle l’a déjà fait lors des élections sociales. Les délégations qui s’appuient sur des campagnes de politisation et de larges discussions ont été sérieusement désavantagées dans les entreprises qui ont beaucoup de télétravailleurs. Nous devons résister aux tentatives des entreprises d’atomiser les travailleurs de cette manière. Les patrons ont goûté à une productivité plus élevée ou au moins égale grâce au travail à domicile, couplé à des coûts inférieurs pour l’électricité, le chauffage … des bureaux. Certains voudront même renoncer à des espaces de bureau onéreux et diviser des îlots d’équipes pour les remplacer par une série de postes de travail individuels, combinés à des salles de réunion plus grandes. Nous devons résister à de telles idées. Le lieu et l’espace de travail sont aussi des terrains de lutte !
Nous avons besoin de services de garde d’enfants complets et gratuits pour les travailleurs à domicile et pour tous ceux qui en ont besoin. Les syndicats devraient lancer des campagnes pour augmenter les compensations pour le télétravail afin de réduire les coûts grimpants de l’électricité, du chauffage… Il est préférable de traiter cette question dans une CCT 85 pour le travail à domicile structurel. Y compris un assouplissement de la réglementation du travail existante. L’idée d’un “temps de base” dans lequel vous devez être disponible de toute façon, devrait être assouplie. Les heures de travail doivent être fixées dans une convention collective afin d’éviter que les frontières avec la vie familiale ne s’estompent. Un équilibre significatif entre les contacts sociaux au bureau et le travail à domicile doit être discuté et, si nécessaire, imposé. Seule une société socialiste sera en mesure d’éviter l’utilisation des possibilités technologiques contre notre bien-être et les mettre au service d’un développement humain harmonieux.