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La parole aux grévistes
Les grèves se sont succédé ces derniers mois. A en croire les journaux traditionnels, elles ne disposent pas de soutien et ne sont l’œuvre que de travailleurs ‘‘égoïstes’’ qui défendent leurs privilèges en ‘‘prenant en otage’’ la population. Qu’il y ait tant de secteurs différents en lutte indique toutefois que quelque chose de fondamental ne va pas. Ces luttes concernent la dignité des travailleurs. C’est à peine mentionné dans les médias de masse, c’est pourquoi nous avons tenu à laisser la parole à quelques grévistes. Le commentaire le plus entendu est que les récentes mesures ne sont que la goutte d’eau qui fait déborder le vase. La colère fait dorénavant partie du quotidien.
Dylan, travailleur chez Lidl
‘‘Un point particulièrement sensible dans l’entreprise, c’est la charge de travail. Elle était déjà élevée et a encore augmenté. Il y a quelques années, Lidl était plus petit, il y avait moins de filiales et une offre moins large de produits. La chaîne s’accroît rapidement, des filiales s’ajoutent, c’est plus connu, il y a plus clients, mais les conditions de travail, elles, restent les mêmes. Ainsi, des emplois à plein temps ne sont toujours pas possibles pour le personnel de base, mais uniquement pour les assistants. De jour comme en soirée, il y a 4 travailleurs dans le Lidl et c’est beaucoup trop peu. Les files aux caisses sont parfois très longues et on n’a alors pas le temps de faire le travail dans le magasin. En donnant des chiffres de productivité incorrects, la charge est encore augmentée. Chacun peut comprendre que cette façon de travailler est stressante.’’
Chez les pompiers aussi, la coupe est pleine !
‘‘Chaque nouvelle garde apporte son lot de frustrations. La Réforme de la Sécurité civile d’application depuis 1 an et demi est un échec. Nous attendions des investissements importants sur le plan humain et matériel, mais les recrutements sont devenus plus rares qu’avant la Réforme et son fameux ‘‘passage en zone’’ et le matériel est donné au compte-goutte. Nous avons abandonné pour longtemps nos rêves d’avoir de nouvelles casernes. À la place, nous travaillons quasi partout en effectif réduit, avec des véhicules qui ont fait leur temps et des locaux qui tombent en ruine.
‘‘Pire encore, nous avançons petit à petit vers une ouverture à la privatisation de certains de nos services. Dans beaucoup de zones de secours, il y a une série d’interventions payantes telles que ‘‘les nids de guêpes, les vidanges de caves, le relevage de personne ou encore le sauvetage de personnes bloquée sur des élévateurs’’. Ces missions payantes mettent déjà en péril la sécurité du citoyen qui préférera d’abord ‘‘essayer tout seul’’ de se sortir de situation délicate ou attendre plus qu’il ne le faudrait. Cela ouvre la possibilité aux privés de pratiquer ces mêmes missions pour des prix plus attractifs. Un jour, nous en arriverons à des casernes G4S ou Securitas qui viendront vous sauver à condition de savoir payer.
‘‘Nous ne demandons pas du luxe, juste des moyens suffisants pour bien faire notre boulot et venir en aide aux citoyens, le plus efficacement possible. Le gouvernement, et plus spécialement M. Jambon, ne pense qu’à réduire les budgets. Alors que le ministère de l’Intérieur avait promis une aide financière, il laisse les communes déjà sous pression se dépêtrer seules avec la Réforme.’’
Luc, chauffeur de bus
‘‘Après 6 à 7 années d’austérité, on en ressent fort les effets, entre autres, sur le matériel, la charge de travail, la santé du personnel, mais aussi sur nos salaires. Les services techniques n’ont pas suffisamment de moyens de sorte qu’il n’y a parfois pas assez de bus pour assurer tous les services. Des voyageurs attendent alors en vain un bus qui ne viendra pas. Parfois, des bus roulent alors qu’ils ne sont pas en ordre. Essayez de rouler toute une journée dans un bus sans airco ou ventilation alors qu’il fait 30 degrés !
‘‘La charge de travail a augmenté simultanément, entre autres, au temps dans les files et de repos qui sont problématiques. Avant, on compensait parfois encore en donnant plus de temps, mais maintenant, on nous cloue toujours le bec en disant qu’il faut faire des économies. Cela provoque plus de maladies et de problèmes.
‘‘La direction n’a que faire du personnel et des voyageurs, seuls les chiffres qui donnent droit à leur bonus comptent, de sorte que cela leur procure un bon salaire tandis que les chauffeurs attendent une augmentation décente depuis six à sept ans déjà et ont, en plus, subi comme ailleurs un saut d’index.
‘‘Et le gouvernement continue à sabrer. La loi Peeters signifie qu’un chauffeur qui combinerait le tard jusqu’à 1 heure du matin et le tôt à partir de 4-5 heures du matin sur quatre jours ne serait pas encore assez flexible.
‘‘L’austérité incessante et les factures qui augmentent font que les gens ont du mal à joindre les deux bouts. Cela provoque de la frustration et de la colère.’’