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La crise des réfugiés illustre la faillite du système
Le mouvement des travailleurs doit prendre en charge la défense de toute la classe sociale!
La longue crise de réfugiés et ses tragédies humaines quotidiennes révèlent au grand jour l’inefficacité et le caractère inhumain de la politique européenne. La Méditerranée et la mer Égée deviennent une fosse commune tandis que la politique de ‘‘push back’’ de l’Union européenne ou de ses États membres détruit les derniers vestiges de l’image d’une Union Européenne phare des prétendues ‘‘valeurs occidentales’’.
Par Fabian (Gand)

Durant le troisième week-end d’avril uniquement, plus de 400 réfugiés ont trouvé la mort par noyade aux frontières de l’Europe-Forteresse. En 2015, au moins 3.770 personnes ont été tuées en tentant d’atteindre les côtés grecques ou italiennes. En Grèce, 54.000 réfugiés sont bloqués dans des conditions désastreuses depuis la fermeture de la ‘‘route des Balkans’’. Ceux qui cherchent à poursuivre leur périple en direction de l’Europe occidentale font face aux ‘‘vigiles’’ d’extrême droite et ensuite aux abris insalubres ou tout simplement aux expulsions. Après l’évacuation massive du camp de tentes à Calais, 129 enfants non accompagnés ont disparu.
L’hypocrisie européenne
L’Union européenne semble totalement incapable d’obtenir l’exécution des mesures qu’elle préconise. Après avoir remplacé les opérations humanitaires en Méditerranée par l’opération Frontex plus – une opération militaire contre les bateaux de réfugiés – l’UE est rapidement venue à la conclusion que les frontières maritimes de l’Europe étaient impossibles à surveiller. Le plan européen de répartition des réfugiés a sombré : seules quelques centaines des 160.000 réfugiés qui devaient être répartis l’ont effectivement été. De nombreux pays européens ont déjà fermé leurs frontières. La libre circulation des personnes au sein de l’UE – l’accord de Schengen – n’existe plus que sur papier.
L’accord conclu entre l’Union européenne et la Turquie qui vise au retour des réfugiés qui essayent de se rendre en Grèce craquèle déjà. Non pas à cause de la violence meurtrière des gardes-frontières turcs contre les réfugiés. Non pas parce que la Turquie renvoie des réfugiés en pleine zone de guerre ou viole les droits de l’homme. La Turquie est toujours considérée comme un pays ‘‘sûr’’. Selon Amnesty International pourtant, les autorités turques renvoient tous les jours une centaine de personnes en Syrie depuis la mi-janvier. Non, c’est parce qu’Erdogan exige l’abolition des visas pour les Turcs qui souhaitent voyager dans l’UE. C’est cela qui pose problème aux politiciens européens.
Il faut la solidarité de toute la classe des travailleurs
L’échec logique de cette politique inhumaine de répression et de criminalisation des réfugiés est symptomatique d’un système qui se heurte à ses propres limites. Les intérêts géopolitiques et la course au profit dégénèrent en conflits militaires au Moyen-Orient et en Afrique. Pendant ce temps, la droite et l’extrême droite instrumentalisent la crise des réfugiés en affirmant que notre sécurité sociale et les ‘‘valeurs occidentales’’ seront mises sous pression. Les médias sociaux se font le relais d’un nombre grandissant de propos racistes.
Notre sécurité sociale et ce que les élites entendent par ‘‘valeurs occidentales’’ comme la démocratie ou la liberté d’expression sont des réalisations historiques du mouvement ouvrier. Cela, l’establishment oublie de le préciser. Ce sont précisément les gouvernements austéritaires de ces dernières décennies qui ont mis ces acquis sous pression dans leur empressement à servir les banquiers et les patrons. Le mouvement des travailleurs doit ré-assumer son rôle de défense de la classe ouvrière dans sa totalité, ici et ailleurs. Les réfugiés et les sans-papiers devraient être impliqués dans la lutte contre l’austérité, en y défendant leurs revendications comme la régularisation de tous, des investissements massifs dans les services sociaux tels que les centres d’accueil et l’emploi, en liant par exemple ce dernier point à la réduction collective des heures de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires. L’argent dont nous avons besoin pour cela, nous savons où il se trouve : nous pourrons le mobiliser par la collectivisation démocratique des secteurs-clés de l’économie au service des nécessités sociales.