Crise des réfugiés : la misère pour les uns, les profits pour les autres…

asielboot-1024x683Qui sont les profiteurs ?

“Si cela se termine dans un an, nous n’aurons pas encore récupéré notre mise. Nous espérons que cela durera un peu plus longtemps.’ Van Avermaet de G4S “Si la crise des réfugiés se termine demain et que nos centres sont démontés en premier, le rendement financier sera maigre. Mais nous espérons que la crise des réfugiés va durer trois à cinq ans.” Luc Kluppels, directeur van Senior Assist.

Par Michael Bouchez

Des citations parmi d’autres qui ressemblent plutôt à un mélange de tragicomédie et de programme satirique. Mais c’est hélas la triste réalité. Pour certains entrepreneurs, la crise des réfugiés est l’opportunité d’amasser encore plus d’argent. Voir disparaître cette souffrance humaine est la dernière chose qu’ils souhaitent.

‘‘Si certains peuvent devenir riches grâce à la terreur et à la guerre, pourquoi ne pas les aider ?’’ doit s’être probablement demandé Theo Francken. Il a lancé un appel d’offres public pour l’ouverture de 10.000 nouvelles places d’accueil sur base de pratiques en vigueur en Irlande ou en Grande-Bretagne en matière d’asile. L’entreprise britannique de services de sécurité G4S y est charge de l’hébergement de réfugiés, mais divers scandales ont éclaté. Il était question de maisons peuplées de cafards, de rats et d’intimidations de femmes célibataires par des marchands de sommeil.

La recette n’est pas neuve. En 1999 et 2000, plus de réfugiés ont été accueillis qu’aujourd’hui, mais l’austérité et le désinvestissement sont passés par l’Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile Fedasil. Les autorités peuvent dire aujourd’hui que les capacités d’accueil sont insuffisantes et qu’il faut faire appel aux investissements privés. On nous explique que cela reviendra moins cher à l’Etat et au contribuable. La réalité est toute autre : les entreprises reçoivent de 40 € à 46 € par demandeur d’asile adulte et c’est déjà plus que les places d’accueil publiques (40 € pp). Ensuite, ces entreprises font des économies sur le personnel et les moyens afin de maximaliser leurs profits. Qu’en est-il des conditions de travail du personnel ? Qu’en est-il de l’accompagnement et de l’intégration sociale des réfugiés ?

De cette manière, certaines entreprises en Irlande ont réalisé jusqu’à 5,4 millions d’euros de bénéfices. Bridgestock, une entreprise irlandaise qui a ouvert un site en Belgique en 2016, a réalisé 1,54 millions d’euros de bénéfices en 2008. Ce sont des bénéfices qui ne rapportent rien à l’Etat: Bridgestock a placé ses bénéfices sur un compte offshore sur les îles vierges britanniques, un paradis fiscal. Cela ne coûte pas moins cher à l’Etat, c’est tout simplement un subside aux actionnaires privés.

La ville de Gand – dirigée par le SP.a et Groen – a autorisé l’arrivée d’un tel projet. Les demandeurs d’asile y seront reçus sur un ponton qui servait autrefois de bateau prison. Corsendonk Hotels et G4S doivent exploiter le centre d’accueil. Ce bateau devait entrer en service fin février, mais un premier contrôle a déjà mis en lumière qu’il ne répondait pas aux normes de sécurité.

Les réfugiés seront-ils abandonnés à leur sort la journée et le soir ? Quelle pression sociale cela représentera dans les quartiers populaires autour du port ? Y a-t-il des projets d’accompagnement pour les suivre en petits groupes afin de les intégrer? Une entreprise privée ne se préoccupe pas de ça. Il est clair que la privatisation n’est bénéfique à personne : ni aux réfugiés, ni aux conditions de travail et salariales, ni à la possibilité pour les nouveaux arrivants de s’intégrer dans les quartiers où ils habiteront. De réels centres d’asile aux mains du public fourniraient des infrastructures de qualité et du personnel suffisant pour assurer les soins de santé, l’enseignement et les cours de langue intensifs dont les réfugiés ont besoin.

Author

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop