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“Straight Outta Compton” – film sur le légendaire groupe de hip-hop N.W.A.
‘Straight Outta Compton’ raconte l’histoire de ‘‘Niggaz Wit Attitudes’’ (N.W.A.). Le film tombe à un excellent moment maintenant que les révoltes de Ferguson et de Baltimore illustrent que la violence policière contre les gens de couleur est toujours à l’ordre du jour mais aussi maintenant que la lutte contre l’austérité et l’émergence du mouvement Black Lives Matter favorisent un retour du hip-hop. Pensons à l’album ‘To Pimp a Butterfly’ de Kendrick Lamar, justement originaire de Compton.
Critique d’Eljeer Hawkins (Socialist Alternative, CIO – USA)
Les créateurs de N.W.A., Ice Cube, Dr Dre, Easy-E, MC Ren en DJ Yella, ont grandi à Compton, une banlieue de Los Angeles connue pour ses bandes de rue. Ces bandes ont eu un plus grand impact après le démantèlement violent du Black Panther Party et la répression du FBI contre le mouvement de libération noire sous le gouvernement Nixon. La violence de l’Etat dans les quartiers a conduit en 1992 à une explosion de colère à Los Angeles après l’arrestation brutale de Rodney King et la décision de ne pas poursuivre les agents coupables de violences. ‘F** tha Police’ de N.W.A. exprimait la colère contre la violence policière. La mort récente de nombreux jeunes noirs suite aux brutalités policière illustre l’actualité du thème.
Tout pour l’argent
Le hip-hop est devenu un business de milliards de dollars. Les ‘quatre grands’ labels de musique – Universal Music Group, Sony BMG Music Entertainment, EMI Group en Warner Music Group – et leurs sous-labels détiennent 70% de la musique vendue dans le monde. Ils déterminent le message, le son et l’image de ce qui est cool et hip, avec uniquement en vue leurs propres bénéfices. Cela se voit aussi dans le film, surtout autour de la figure du manager de N.W.A. Jerry Heller.
La diversité et la créativité de la ‘période dorée’ du hip-hop (1987-1993) a fait place au ‘gangsta-réalisme’ et à la violence qui vend plus facilement. Le langage du hip-hop est utilisé mais sans notion historique des conditions dans lesquelles le hip-hop est né dans les villes.
Say her Name
‘Straight Outta Compton’ reste dans le vague quant à la violence contre les femmes et au sexisme de N.W.A. Ice Cube et Dr Dre, tous deux impliqués dans la production du film sont devenus des hommes d’affaires à succès. Ils semblent utiliser le film pour balayer leurs anciennes actions rebelles contre la violence policière mais aussi leur lâche violence envers les femmes.
Le réalisateur F. Gary Gray a pourtant été témoin de telles violences. Il était caméraman du programme ‘Pump it Up!’ lorsque la présentatrice Dee Barnes a été attaquée par le groupe autour de N.W.A. et Ice Cube, tout juste sorti du groupe. Ne pas parler de la violence envers les femmes dans ‘Straight Outta Compton’ reviendrait à parler de Bill Cosby en éludant le fait que 40 femmes l’accusent d’abus sexuel.
Avec les attaques actuelles contre les droits des femmes, l’affaiblissement de la sécurité sociale et la mort de nombreuses femmes transgenres, nous devons rejeter toute réécriture révisionniste et donner des noms. Lutter contre la violence, le sexisme et la transphobie s’inscrit dans la lutte contre l’exploitation et l’oppression.
Straight Outta Compton, fait en Amérique capitaliste
‘Straight Outta Compton’ est un beau produit bien polissé de l’industrie holywoodienne. Nous devons le regarder de façon critique. Mais cela nous permet de jeter un oeil sur la période pendant laquelle le hip-hop a grandi. La nouvelle lutte contre la violence policière, la pauvreté et l’oppression a une influence sur des artistes comme D’Angelo, Janelle Monet et J Cole. La lutte quotidienne des travailleurs et des mouvements sociaux renforce leur conscience et leur musique.
N.W.A. était, avec son influence et ses contradictions, l’enfant du capitalisme néolibéral et le symbole du passage au second plan des quartiers ouvriers.