De Lijn: économiser à l’extrême pour ensuite privatiser ?

Dans le contrat de gestion de la société de transports en commun flamande De Lijn, conclu avec le précédent gouvernement flamand, il est stipulé que le nombre de voyageurs devait augmenter de 10,5% entre 2011 et 2015. Un bel objectif, mais les autorités avaient déjà économisé une bonne centaine de millions d’euros sur la dotation de l’entreprise. Résultat : une chute du nombre de voyageurs de 3% entre 2011 et 2014 et une augmentation des tarifs. En d’autres termes, les usagers paient plus pour moins de service.

Par un chauffeur de bus

L’actuel gouvernement flamand a annoncé une nouvelle économie de 115 millions d’euros pour 2019. Pour 2019, De Lijn disposera d’un quart de moyens publics en moins en comparaison de 2010! Pendant ce temps, hors de question de toucher aux subsides publics pour les voitures de société, selon Bart De Wever. Ces dernières bénéficient de quatre fois plus de moyens publics que De Lijn… La politique traditionnelle favorise les embouteillages et démantèle les transports publics.

D’abord la rentabilité, pas les services

Pour augmenter la rentabilité, on s’en prend à la prestation de service. Beaucoup de lignes de bus à la demande disparaissent des régions les moins peuplées. Ce système fut à l’époque instauré en alternative à la suppression de lignes régulières. Aujourd’hui, dans la province d’Anvers, seules 5 zones de bus à la demande subsistent sur 14. En avril, une action a eu lieu à Malle à l’initiative d’usagers de ce service, dont la majeure partie provient d’institutions de soins. Pour eux, la suppression du bus à la demande, c’est une catastrophe.

De Lijn préfère les zones urbaines puisque les lignes y sont plus rentables. Reste que même de plus grands trams et de nouvelles lignes y resteront insuffisantes. Aux heures de pointe, les véhicules sont bondés. Augmenter la fréquence et ajouter des bus et des trams est absolument nécessaire. Mais, c’est ‘‘trop cher’’, donc impossible. Pour la direction, deux véhicules bondés valent mieux que trois où les voyageurs peuvent être confortablement installés.

Le personnel sous pression

Différentes idées sont à l’étude à De Lijn : chèques-taxi, Uber, bus de quartier avec volontaires,… Mais toutes ces propositions représentent une attaque sur les conditions de travail du personnel. La situation néerlandaise sert d’exemple : plus de 10% des chauffeurs sont volontaires.

Pour la direction, le salaire de base ne peut être garanti qu’au prix d’une flexibilité accrue. Elle envisage aussi l’arrivée de contrats à temps partiel. D’autre part, la pression au travail a fortement augmenté, ce qu’a encore récemment mis en lumière un reportage de la télévision VTM. Ce reportage montrait des chauffeurs restant derrière leur volant sept heures d’affilée, sans la moindre pause. Il s’agissait essentiellement de chauffeurs des sous-traitants privés de De Lijn mais, si cela ne dépendait que de la direction, ce serait vite la norme.

Économiser à l’extrême pour ensuite vendre ?

Dans le débat parlementaire sur le futur contrat de gestion, Marino Keulen (Open Vld) a plaidé pour une libéralisation accélérée. Ensuite, il a défendu avec Bart Somers une division de De Lijn en une vingtaine de régions.

Ici aussi, on suit l’exemple néerlandais. Dans ce pays, les transports en commun sont divisés en régions, exploités dans chacune par une entreprise privée. Le service et les tarifs ont rapidement changé… Qu’importe la structure, le point fondamental pour améliorer le service est de considérablement accroitre les subsides publics. Pour cela, il ne faut rien attendre des communes, déjà plongées dans les difficultés financières. Elles ont plutôt tendance a réduire leur intervention dans le prix des transports en commun.

Lutter contre la libéralisation = lutter contre l’austérité

Le gouvernement fédéral aussi veut poursuivre la libéralisation et la privatisation. Bpost et Proximus servent déjà d’exemple. Par crainte du conflit social, Alexander De Croo a déclaré qu’il n’est pas encore question de la SNCB. Cette combativité qu’ils redoutent, nous devons l’activer ! La lutte contre la libéralisation fait partie intégrante du combat contre l’ensemble de la politique d’austérité. Nous – personnel et voyageurs – devons revendiquer des investissements publics massifs dans les transports en commun. C’est la seule manière de s’attaquer réellement aux problèmes de mobilité.

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