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USA: Bernie Sanders appelle à une révolution politique contre les milliardaires
Sa campagne doit servir à la construction d’une force politique indépendante de Wall Street
En appelant avec audace à une «révolution politique» contre «les milliardaires et les oligarques» qui ont pris d’assaut le système politique, Bernie Sanders (sénateurs actuel pour l’Etat du Vermont, étiqueté indépendant, NDLR) a lancé une campagne présidentielle révoltée. Seul membre du Congrès qui se décrit comme étant un «socialiste», Sanders a expliqué à ABC News sa décision de se présenter comme suit : «Dans ce pays, nous avons besoin d’une révolution politique qui implique les millions de personnes qui sont prêtes à se soulever et à dire «trop, c’est trop», et je veux participer à cela.»
Contredisant les cyniques selon qui les Américains sont désespérément apathiques et conservateurs, son annonce a rencontré une énorme vague d’enthousiasme. Au premier jour de sa campagne, 100.000 personnes s’étaient déjà enregistrées sur son site pour participer à la campagne et 35.000 personnes avaient fait don d’un total de 1,5 million de dollars, soit plus que les fonds levés par n’importe quel autre candidat à la présidence au premier jour. Au quatrième jour, un nombre incroyable de 75.000 personnes avait donné 3 millions de dollars, soit une moyenne de 43$ par don. Plus de 99% des contributions pour Sanders étaient inférieures à 250$, une claire indication du type de donateur dont il est question.
Cette campagne a eu un grand écho parmi les millions de personnes dégoûtées par les politiques pro-capitalistes qui rendent les riches plus riches en laissant nos conditions de vie stagner ou se détériorer. C’est pourquoi le mouvement Occupy tout d’abord et maintenant le mouvement de lutte pour l’instauration d’un salaire minimum de 15 dollars de l’heure, “Fight for 15$”, ont eu un tel soutien partout à travers le pays. C’est aussi pour cela que l’idée d’un «troisième parti» trouve un écho grandissant et cela explique encore comment notre camarade Kshama Sawant a remporté presque 100.000 voix en 2013 lorsqu’elle a été élue au City Council de Seattle après une campagne menée ouvertement sous l’étiquette du socialisme.
Malheureusement, en dépit du fait que Bernie Sanders est un membre du Congrès indépendant des Républicains et des Démocrates depuis 25 ans, il a déclaré qu’il allait se présenter à l’investiture du Parti Démocrate, une démarche à laquelle Socialist Alternative (section-soeur du PSL aux USA) s’est opposée tout au long de l’année écoulée.
Sanders appelle à taxer les riches et les grandes entreprises, à appliquer un programme de travaux publics de mille milliards de dollars pour créer 13 millions d’emplois, à instaurer un salaire horaire minimum de 15$, à développer un système de soins de santé unique et universel, à stopper les négociations pour le Trans-Pacific Partnership (TPP) et les autres accords de marché libres tels que le Traité Transatlantique (TTIP), à renforcer les droits syndicaux et à combler le fossé salarial entre femmes et hommes.
Sa campagne contraste très fortement avec la rhétorique d’Hillary Clinton et des autres politiciens de l’establishment. Il a été l’un des rares membres du Congrès à voter contre le Patriot Act en 2001 et à appeler au démantèlement des programmes d’espionnage interne de la NSA. Il s’est prononcé en faveur de mesures audacieuses pour faire face au changement climatique, en exigeant une transition rapide des énergies fossiles vers les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Sanders souligne son opposition au pouvoir des grandes entreprises et du 1% le plus riche, en appelant à les renverser et en affirmant que sa campagne est dépourvue du moindre milliardaires.
La politique de Sanders
Socialist Alternative se réjouit de la décision de Sanders de se présenter à la présidence pour aider à créer, comme il le dit, «une voix indépendante, qui se bat pour les familles de travailleurs» pour «faire la guerre aux frères Koch, à Wall Street, et à l’Amérique des grandes entreprises». Sa campagne représente un défi pour Hillary Clinton et elle permettra d’élargir le spectre de la discussion politique en injectant dans la campagne présidentielle la réalité de la classe des travailleurs, ce qui manque cruellement au débat officiel, de plus en plus surréaliste et étroit.
Étant donnés le dégoût de plus en plus puissant ressenti envers les politiciens du statu quo et la faiblesse des forces de gauche indépendantes, la campagne de Sanders a le potentiel de réunir des millions de personnes contre l’establishment politique et leurs maîtres milliardaires.
De notre point de vue, cependant, Sanders fait une erreur fondamentale en se présentant à la primaire du Parti Démocrate. Nous avons au contraire défendu qu’il aurait dû se présenter en tant qu’indépendant et participer à la construction d’une alternative politique aux partis politiques appartenant aux grandes entreprises. La contradiction entre l’appel de Sanders à une révolution politique contre la classe des milliardaires et sa tentative de la mener au sein d’un parti contrôlé par cette même classe saute aux yeux.
Cette contradiction va se poser violemment si Sanders perd la primaire Démocrate. Sanders a déclaré qu’il soutiendrait dès lors le candidat démocrate, très certainement Hillary Clinton ou (si elle se casse la figure) un autre Démocrate pro-business sans danger. Dans les faits, cela reviendra à dire aux personnes mobilisées par la campagne de Sanders de soutenir un Démocrate pro-capitaliste, c’est-à-dire l’exact opposé de la «révolution» contre “les milliardaires et les oligarques”. Cela pourrait avoir un effet démoralisateur pour ceux qui étaient séduits par l’idée du combat contre le pouvoir des grandes entreprises tout en gâchant une opportunité historique.
Malgré sa décision erronée de rejoindre les Démocrates, une autre voie peut encore s’ouvrir à Sanders lorsqu’il sera bloqué par la machine Démocrate. Sanders devrait alors continuer à se présenter à l’élection, en tant qu’indépendant, pour donner aux travailleurs une alternative face à Hilary Clinton et aux Républicains. Cela pourrait ouvrir un chapitre complètement neuf dans la politique américaine, en donnant un énorme élan à la construction d’une nouvelle force politique représentant les 99%.
Une telle approche va l’encontre des intentions déclarées et de l’optique approche politique générale de Sanders, mais elle n’est pas à exclure. Elle dépendra de la manière dont se développeront les évènements et de la pression que ses propres partisans instaureront sur Sanders en exigeant qu’il continue à concourir à l’élection générale plutôt que de se limiter à soutenir Clinton.
La plate-forme de Sanders va dans la bonne direction, mais en tant que défenseurs des idées du socialisme, nous irions plus loin. Par exemple, Sanders appelle à rompre avec les grandes banques de Wall Street, une réforme radicale que nous soutiendrions. Mais il serait bien mieux de défendre que ces grandes banques soient placées sous propriété publique et démocratique.
Alors que Sanders se limite à un programme de réforme du capitalisme sur les lignes de l’Europe de l’Ouest, nous luttons pour une transformation socialiste fondamentale de la société. S’il est vrai que le mouvement des travailleurs européen a gagné d’énormes réformes pendant la période d’après-guerre, le capitalisme n’a cependant pas été renversé. Sous une pression intense, les classes capitalistes européennes ont fait de grandes concessions dans le but de maintenir leur pouvoir social et politique, mais depuis la fin du boom d’après-guerre, ils ont sans relâche mené une offensive néolibérale pour revenir sur ces réformes.
En ce qui concerne les questions politiques plus immédiates, Sanders a besoin de se prononcer clairement en faveur du mouvement Black Lives Matter (contre la brutalité policière raciste et l’incarcération de masse). De même, si Bernie s’oppose honorablement à la fois au Patriot Act et à l’invasion de l’Irak, il a, en plusieurs occasions, voté pour les crédits militaires. Il est regrettable qu’il ne se soit pas opposé à la guerre en Afghanistan ni aux récents massacres israéliens à Gaza.
Malgré ces imperfections politiques, la campagne de Bernie se démarque comme fondamentalement différente de celle de tous les autres politiciens qui se présentent. Pour une grande partie de la population devenue adulte au cours des 25 dernières années, il est «encore le politicien de gauche le plus radical qu’ils aient jamais vu».
Construire un mouvement de masse est crucial
Concrétiser les revendications de campagne de Bernie Sanders exige de construire des mouvements de lutte des travailleurs massifs et puissants. Pour défendre cette plate-forme, la campagne de Sanders doit être orientée stratégiquement vers le renforcement des mouvements par en-bas.
Bernie a exprimé des idées similaires dans une interview avec John Nichols de The Nation en défendant qu’«une campagne doit être bien plus qu’une manière d’obtenir des voix pour se faire élire. Elle doit aider à éduquer les gens, à les organiser. Si nous parvenons à faire cela, nous pouvons changer la dynamique politique pour des années et des années. Si entre 80% et 90% des gens de ce pays votent, s’ils savent quelles sont les principales questions (…) Washington et le Congrès vont alors sembler très, très différents du Congrès actuel dominé par les fortunes et qui ne s’occupe que des questions dont les grandes fortunes veulent qu’il s’occupe.»
Sanders a aussi souligné que «nous pouvons élire la meilleure personne au monde comme président, mais cette personne va se faire submerger s’il n’y a pas un niveau sans précédent d’activisme à la base.» Donc, d’un point de vue socialiste, renforcer la lutte pour la justice économique et sociale sera plus important que de savoir qui sera élu président en 2016. La clé sera d’utiliser les élections de 2016 pour augmenter le niveau d’organisation, de confiance, et de conscience des travailleurs et des mouvements sociaux.
L’expérience de l’élection de Kshama Sawant à Seattle est un exemple de ce qui est nécessaire pour construire les forces qui permettent de mener la campagne la plus forte possible et de gagner ses revendications. Kshama Sawant et Socialist Alternative ont organisé une force enracinée à la base qui a élu le premier marxiste depuis 100 ans. Une fois Kshama élue, l’élan de sa victoire a été utilisée pour construire la campagne 15 Now, une organisation bien ancrée qui a mobilisée des centaines d’activistes dans toutes les villes et qui travaillait en coalition avec les syndicats pour obtenir le salaire minimum le plus haut du pays à cette époque.
Mais l’expérience a montré encore et encore que le Parti Démocrate est le cimetière des mouvements sociaux. Récemment, nous avons pu le voir lorsque le mouvement Occupy a été brutalement réprimé par les forces de police avant tout sous la direction de maires démocrates, avec l’assistance du FBI qui opère sous l’administration d’Obama! Pire encore, le mouvement Occupy a été démobilisé politiquement par des éléments liés aux Démocrates, avec leurs appels à soutenir Obama contre les Républicains en 2012. En 2004, le mouvement anti-guerre a été systématiquement affaibli par le rassemblement derrière la campagne pro-guerre du candidat Démocrate, John Kerry.
Les mouvements Black Lives Matter, Fight for 15$ et Occupy Wall Street ont grandement transformé le terrain politique sur les questions du racisme et de l’inégalité politique. En comparaison, une grande partie de la gauche a versé une énergie et des ressources énormes pour élire Obama et les Démocrates, tout cela pour les voir appliquer le programme de Wall Street.
Selon Joel Bleifuss, éditeur de In These Times, «La candidature de Sanders donne aux Américains une chance de construire les infrastructures pour de futures campagnes électorales progressistes (…) Contrairement à la primaire démocrate de 1988, lors de laquelle Jesse Jackson [militant politique pour les droits civiques, NDLR] a remporté 11 états seulement pour voir son organisation politique disparaître dans l’éther politique, la campagne de Sanders est conditionnée pour construire un mouvement qui aura une capacité électorale dans le futur. Sanders comprend que l’organisation qui se coalise derrière lui doit survivre à la campagne elle-même et durer.»
Nous sommes d’accord que cela est nécessaire et possible, mais les vœux de Bleifuss ne suffiront pas à voir cela se réaliser. Pour éviter que la campagne de Sanders «disparaisse dans l’éther politique», il doit continuer à concourir sur toute la course électorale, jusque novembre 2016, et ne pas faire l’erreur, comme Jackson en 1984 et 1988, de soutenir le candidat Démocrate après avoir perdu les primaires. C’est la leçon à tirer de l’échec de la campagne de Jackson, et nous devons lutter pour éviter que la campagne de Sanders ne reproduise la même erreur.
Les candidats de gauche aux primaires et l’establishment Démocrate
Les militants doivent être réalistes, et reconnaître que la machine du Parti Démocrate s’oppose à Bernie Sanders et fera en sorte qu’il ne remporte pas les primaires Démocrates. S’il le faut, ils utiliseront tous les moyens à leur disposition, y-compris leur accès à de grandes réserves financières, aux médias de masse, à l’autorité de grand politiciens et à leur contrôle sur les structures du parti.
L’histoire des défis anti-establishment dans les primaires démocrates illustre cela. Les campagnes de Jesse Jackson en 1984 et 1988 ont été les plus fortes campagnes de gauches aux primaires Démocrates dans l’Histoire récente. Les campagnes radicales et populistes de Jackson ont obtenu un large soutien – probablement plus que ce que Bernie va parvenir à mobiliser – et, à un moment, ont semblé sur le point de remporter la primaire. C’est exactement pour cela que la machine Démocrate s’est mise en marche pour le faire perdre.
Comme Ron Jacobs l’a montré dans Counterpunch, «Les donateurs anti-Palestiniens et les commentateurs des médias ont sorti de son contexte un commentaire privé de Jackson et l’ont étalé sur tous les journaux et les écrans de télés d’Amérique. On a commencé à entendre des mots de codes racistes associés au nom de Jackson. Bientôt, ses chances de gagner la candidature démocrate s’étaient envolées. A la place, le Parti Démocrate a boitillé hors de San Francisco cet été avec le libéral de la guerre froide Walter Mondale, candidat perdant [en 1984]».
Plus récemment, nous avons vu comment des sections cruciales de la machine Démocrate ont agi pour casser la montée de la campagne anti-guerre populiste de Howard Dean en 2004 et imposer le candidat pro-guerre John Kerry, qui a perdu contre George Bush en 2004.
Ces exemples illustrent comment les Démocrates pro-business qui contrôlent le parti sont bien plus déterminés à vaincre les rebelles anti-corporations qu’ils ne le sont à vaincre les Républicains.
D’un autre côté, tant que Bernie n’a pas de chances sérieuses de gagner les primaires, ils sera bien accueilli et même encouragé. Même Hilary Clinton reconnaît que Sanders va générer de l’enthousiasme et de l’attention pour les primaires Démocrates et va leur procurer une caution progressiste. Clinton calcule qu’en faisant tourner le débat politique vers la forte concentration de richesses, Sanders va aussi miner électoralement les Républicains.
Après la défaite de Sanders aux primaires, s’il continue à soutenir Clinton (ou quel que soit le candidat choisi par la machine du parti), l’énergie de sa campagne sera dirigée dans les canaux «sans-dangers» qui ne représentent pas une menace pour «Corporate America». De cette façon, la campagne de Sanders serait utilisée par Clinton comme «flanc de gauche» convenable pour gagner le soutien des syndicalistes et des militants qui en ont assez des politiques des corporations.
Il serait tragique que la campagne de Sanders finisse par jouer ce rôle. Malheureusement, il a indiqué qu’il soutiendra le vainqueur des primaires démocrates, quel qu’il soit. Mais il y a une autre voie possible, que Socialist Alternative va fortement conseiller à Bernie de prendre tout en en discutant avec ceux qui soutiennent sa campagne.
Nous pensons que Sanders ne devrait pas se limiter au cadre étroit du Parti Démocrate. Plutôt que de soutenir Hilary Clinton, il devrait continuer en se présentant aux élections, quand la majorité des travailleurs et des jeunes sont le plus attentifs à la politique.
Mais rien que pour défier sérieusement Hillary Clinton aux primaires, Sanders aura besoin de construire une base de soutien indépendante. Cela signifie construire une campagne basée sur ceux qui ne sont pas représentés par les politiciens des corporations : organiser les gens qui en ont assez du Congrès, construire des comités enracinés dans les quartiers, les lieux de travail, les syndicats et les mouvements sociaux comme Black Lives Matter et Fight for 15$.
La campagne de Sanders pourrait jouer un rôle clé en rassemblant ces éléments en une force organisée qui puisse discuter démocratiquement et débattre de quelles politiques représentent le mieux les intérêts de la classe ouvrière et de comment faire avancer ces luttes. Une telle force serait nécessaire pour continuer à faire campagne dans les élections générales et au-delà, sans quoi l’impulsion créée par la campagne de Sanders disparaîtrait «dans l’éther politique».
De cette façon, la campagne de Sanders pourrait jouer un rôle essentiel en aidant à poser les bases d’un nouveau parti politique, un troisième parti, pour donner une alternative aux partis Démocrate et Républicain de plus en plus impopulaires. Un parti large de gauche ou de la classe ouvrière pourrait réunir les différentes luttes et généraliser un ensemble d’intérêts communs en un programme politique.
Bernie lui-même évoquait une telle approche en disant à John Nichols : «Il n’y a aucun doute que le Parti Démocrate en général reste bien trop dépendant des intérêts des grandes fortunes, qu’il ne se bat pas vigoureusement pour les familles ouvrières (…) L’approche la plus radicale serait de se présenter indépendamment, surtout quand vous ne faites pas que vous présenter pour être président des USA, mais que vous vous présentez pour construire un nouveau mouvement politique en Amérique – qui va probablement mener d’autres candidats à concourir en dehors du Parti Démocrate, commençant essentiellement un troisième parti.»
Faire le jeu des Républicains?
Certains à gauche objectent qu’une telle approche finirait par affaiblir le candidat Démocrate et aiderait les Républicains à remporter la présidence. La peur d’un autre président Républicain est réelle et compréhensible. Socialist Alternative est totalement d’accord pour dire qu’il faut s’opposer aux Républicains et nous ne voulons les voir élire pour rien au monde.
Mais le danger qu’un candidat de gauche indépendant fasse gagner une élection serrée aux Républicains pèse bien moins que le besoin bien plus important pour les travailleurs de construire leur propre voix politique pour être représentés.
De plus, les politiciens Démocrates du big-business se sont montrés incapables de vaincre les politiques d’un Parti Républicain de plus en plus fou. N’oublions pas que malgré «l’espoir» et le «changement» de la campagne d’Obama en 2008, une fois au pouvoir, les politiques pro-business d’Obama ont préparé le terrain pour les victoires des Républicains en 2010 et 2012 en démoralisant les progressistes et en permettant au Tea Party de puiser par démagogie dans la colère contre les Démocrates en tant que parti au pouvoir.
Sanders a illustré” cela en disant à Nichols : «La plupart des gens ont laissé tombé le processus politique (…) Ils pensent qu’il n’y a pas de raison particulière pour aller voter (…) Les politiques centristes [d’Hilary Clinton] (…) ne sont pas le types de politiques dont nous avons besoin. Et ce ne seront certainement pas les politiques qui vont galvaniser des dizaines de millions de personnes aujourd’hui, qui sont profondément aliénés et dégoûtées par le statu quo.
«L’une des choses que je trouve la plus déroutante (…) est que les Démocrates ont maintenant perdu un nombre significatif de voix de la classe ouvrière blanche. Comment est-ce possible ? Quand vous avez un Parti Républicain qui veux détruire la sécurité sociale, Medicare, Medicaid, etc. pourquoi y a-t-il tellement de gens qui votent contre leurs propres intérêts économiques ? Cela se produit parce que les Démocrates n’ont pas eu la force de clarifier de quel côté ils sont, n’ont pas eu la force de s’attaquer à Wall Street et à Corporate America.»
Nous avons besoin de rompre le cycle de déception par les Démocrates qui mène à des gains pour les Républicains, et de commencer à construire une alternative politique de la classe ouvrière aux Démocrates et aux Républicains. Si pas maintenant, quand le ferons-nous ?
Au cours des prochaines années, la principale plate-forme de discussion et de débat sur les politiques anti-corporate sera dans et autour de la campagne Sanders. Toutes ces forces qui reconnaissent le besoin vital de politiques de gauches indépendantes doivent s’orienter vers l’audience large qui va probablement se rassembler autour de Bernie.
La campagne de Sanders va droit vers une crise politique en 2016, quand il devra choisir entre soutenir le candidat Démocrate ou continuer à concourir aux élections générales. Les socialistes ont besoin de construire la base la plus forte possible parmi les partisans de Sanders pour exiger de Bernie qu’il se présente, ou pour diriger le plus possible de la campagne loin des Démocrates si Bernie insiste pour soutenir Clinton.
Opportunité historique pour les politiques de gauche
Le système politique aux USA est en faillite. Même les stratèges pro-capitalistes comme les rédactions New York Times, du Washington Post et de The Economist sont d’accord pour dire que leur système politique dysfonctionne. Selon Gallup, le taux de popularité du Congrès n’a atteint qu’en moyenne 15% en 2014, presque un record de faiblesse. Un nombre de record de personnes se déclarent indépendants.
Sanders explique : «Il y a un dégoût profond parmi les Américains envers le processus politique conventionnel (…) la frustration et le dégoût envers le statu quo sont beaucoup, beaucoup plus forts (…) que beaucoup de «spécialistes» ne le comprennent.»
Il existe aujourd’hui une ouverture historique pour les politiques de gauche indépendantes. Cela s’est vu en 2013, quand Kshama Sawant a été élue en tant que candidate de Socialist Alternative avec près de 100.000 votes au City Council de Seattle. Dans le même temps, un autre candidat de Socialist Alternative, Ty Moore, a été à 229 voies près d’être élu au City Council de Minneapolis. Cette ouverture se voit de nouveau avec le soutien enthousiaste envers la campagne de ré-élection de Sawant cette année (voir le site www.KshamaSawant.org).
En 2014, Howie Hawkins a reçu presque 5% des votes aux élections du Gouverneur de l’État de New York, le plus haut score pour un candidat de gauche dans cette état depuis 1920. Les élections municipales de Chicago en 2015 ont aussi montré l’ouverture à défier les politiques des corporations. Tragiquement, Karen Lewis, présidente du syndicat des enseignants de Chicago, qui se présentait en tant que candidate n’appartenant à aucun parti, n’a pas pu se présenter en raison de problèmes de santé. Elle aurait pu battre Rahm Emanuel, «Mayor 1%». Cependant, un débat réel dans le mouvement ouvrier de Chicago s’est ouvert sur la question du type de représentation dont les travailleurs ont besoin. L’élection a montré le potentiel pour les syndicats de jouer un rôle puissant et indépendant plutôt que leur rôle actuel d’entourage des Démocrates.
Il y a des millions de gens aux USA qui sont prêts pour «une révolution politique» contre le big business. Au lieu de diviser ces forces en en canalisant une partie de ceux qui veulent un profond changement vers la machine Démocrate, et donc de s’aliéner l’autre partie, qui en a vraiment marre des deux partis politiques de Wall Street, une campagne indépendante derrière un combattant déclaré de la classe ouvrière pourrait créer une unité comme celle dont on a besoin pour défier l’oligarchie capitaliste qui étrangle notre société.
Si Sanders se présentait indépendamment, cela pourrait ouvrir les vannes. Notre mouvement n’est pas assez fort pour élire un candidat indépendant comme Sanders en 2016, mais le plus important est que la campagne indépendante de Sanders puisse changer la politique des USA pour toujours, grâce à un processus posant les bases d’un troisième parti qui pourrait procurer à des millions de personnes un outil pour commencer à s’organiser contre Wall Street.
Rejoignez Kshama Sawant et Socialist Alternative pour faire en sorte que cette opportunité historique ne soit pas perdue! Nous allons faire campagne avec les partisans de Sanders contre les politiciens des grandes corporations tout en argumentant politiquement pour que Sanders se présente jusqu’aux élections de novembre 2016, comme pas en avant vers la construction d’une alternative politique indépendante pour la classe des travailleurs.