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Un Kazakh n’est pas l’autre…
Lors de la manifestation des sans-papiers du 3 mai, nous avons rencontré Yalkun (nom d’emprunt), un jeune homme aux pieds bien sur terre. Son père était politiquement actif dans la région frontalière entre le Kazakhstan et le Xinjiang. Étant poursuivis, lui et sa famille ont dû fuir. Alors qu’il est un fait établi que les membres de la minorité ouïghoure à laquelle Yalkun et sa famille appartiennent sont persécutés, le gouvernement belge a refusé de leur donner asile.
Par Liesbeth et Geert, article tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste
À contrario, un autre Kazakh, le milliardaire Patokh Chodiev, est, lui, devenu belge en un rien de temps en 1997, notamment grâce à son ami libéral Serge Kubla. Alors que Yalkun et sa famille ont été persécutés par un régime corrompu et répressif, Chodiev a par contre été poursuivi dans notre pays pour corruption. Mais Chodiev a racheté ce procès en Belgique, il a été le premier à faire usage de la loi permettant de payer une indemnité pour se libérer de poursuites judiciaires. Le président du Sénat Armand De Decker (MR), étant l’un de ses avocats, aucun problème ne s’est posé. La famille ouïghoure est, par contre, menacée d’expulsion. Il leur a même été signifié que les preuves apportées à leur dossier sont discutables en raison de la corruption généralisée au Kazakhstan…
Les Ouïghours constituent un peuple opprimé essentiellement issu de la région chinoise du Xinjiang. Leur oppression a fait irruption sur l’arène internationale suite au soulèvement qui a pris place au Xinjiang en 2009 et à la répression brutale du régime chinois. De nombreux Ouïghours ont depuis fui, entre autres au Kazakhstan, ce qui a notamment eu pour conséquence d’y renforcer la discrimination déjà existante à leur encontre. La dictature kazakhe partage avec la Chine l’idée selon laquelle les Ouïghours en lutte pour leurs droits ne sont qu’un ramassis de djihadistes et de terroristes fondamentalistes. Les liens économiques entretenus avec la Chine pèsent lourd dans cette approche commune.
Les Ouïghours n’ont aucune chance de gravir l’échelle sociale au Kazakhstan. En 2001 déjà, l’expulsion de 33 Ouïghours kazakhs de notre pays avait déclenché des actions de protestations. Depuis lors, la situation n’a fait qu’empirer, surtout après le soulèvement de 2009, dans un contexte de dictature où la liberté d’expression ou d’organisation est inexistante. Des militants pour les Droits de l’Homme tels que Vadim Kurashim – un membre du Mouvement Socialiste au Kazakhstan – sont persécutés sans pitié. Le régime du président Nazarbaïev est dénoncé de toutes parts. Tout cela ajouté aux preuves de persécution apportées par la famille de Yalkun a simplement été balayé par l’Office des étrangers.
Contrairement aux Ouïghours de Chine, ceux du Kazakhstan ont peu de chances de recevoir l’asile dans notre pays. Les problèmes sont pourtant identiques et tout retour éventuel comporte de nombreux dangers. Mais si les autorités belges déroulent le tapis rouge pour de riches fraudeurs, des Ouïghours persécutés et issus du même pays sont menacés d’expulsion et condamnés à l’angoisse et l’incertitude.
Nous soutenons la régularisation généralisée de tous les sans-papiers. Dans ce cas précis, avec des enfants en âge d’être scolarisés, il s’agit d’une nécessité particulièrement urgente.