Michel 1er : Un gouvernement contre les sans-papiers

Manifestation du 6 novembre : des délégations de sans-papiers étaient présentes. Photo : Isabelle Marchal.
Manifestation du 6 novembre : des délégations de sans-papiers étaient présentes. Photo : Isabelle Marchal.

‘‘Un peu de positif, pas mal de flou et beaucoup de points inquiétants’’. C’est en ces termes que la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), Amnesty International et la Ciré (Coordination et Initiatives pour Réfugiés et Étrangers) ont qualifié l’accord du nouveau gouvernement fédéral.

Par Nicolas P (Bruxelles)

Ces associations tempèrent tout d’abord les éléments positifs de cet accord. Si elles applaudissent la création d’un ‘‘Institut National des droits de l’Homme’’, elles sont nettement plus prudentes quant au concret, en soulignant que, si le financement ne suit pas, cela va ‘‘simplement rester au stade de l’effet d’annonce’’. De même au sujet de la volonté affichée de vouloir sanctionner ‘‘les appels à la haine sur internet, notamment l’appel au djihad’’, Philippe Hensmans, directeur d’Amnesty International s’interroge sur l’application de ces sanctions. Les propos islamophobes ou racistes au sens larges seront-ils sanctionnés comme les appels au djihad ? Rien n’est moins sûr, car si ce gouvernement s’annonce très performant en matière de répression, il se profile beaucoup plus laxiste sur la question du racisme, comme le prouvent la déclaration du Ministre de l’Intérieur Jan Jambon, selon laquelle ‘‘les gens qui ont collaboré avec les Allemands avaient leurs raisons’’. Comme le déclare le Ciré, ‘‘l’esprit de cet accord est très clair, il s’agit de contrôler, de restreindre, d’empêcher’’.

Il est notamment prévu d’augmenter les places en Centres fermés (véritables prisons pour étrangers, plusieurs fois condamnées par la Cour européenne des droits de l’homme) et de limiter les titres de séjour pour raisons médicales (‘‘Il faudra quasiment être mourant pour obtenir ce droit’’ selon le Ciré).

De plus, il est prévu d’étendre le principe de ‘‘Transaction pénale’’. Celle-ci consiste en fait en une sorte d’amende, fixée par le Procureur du Roi et qui permettrait au coupable d’éviter un procès. Selon la LDH, il s’agirait de l’inauguration d’une ‘‘justice de classe’’. On ne saurait le dire plus clairement ! Ceci a d’ailleurs été parfaitement démontré dans le dossier ‘‘Bois Sauvages’’, où les accusés ont pu éviter un procès en l’échange de la coquette somme de 8, 796 millions d’euros. Parmi eux, on retrouvait d’ailleurs quelques ténors de l’économie belge comme Luc Vansteenkiste (ex-président de la FEB).

Les choix du gouvernement sont donc clairs : laxisme pour les uns, expulsion pour les autres !
Mais ces préférences ne sont ni un hasard ni anodines de la part du gouvernement. La droite dure et décomplexée aujourd’hui au pouvoir n’a qu’un but : diviser les travailleurs pour mieux les vaincre. En dernière instance, ce qui compte toujours ce n’est pas notre religion, le lieu de notre naissance, la possession ou non de papiers délivrés arbitrairement par les autorités, mais de quel côté du fossé social nous nous situons.

Avec ou sans papiers, quelle que soit notre origine ou notre religion, nous sommes tous frappés par ce gouvernement d’austérité : licenciements, coupes dans les soins de santé, répression, expulsions. Notre ennemi ne sera pas l’étranger, mais le capitalisme ; notre outil ne sera pas la répression, mais la solidarité ; notre combat ne sera pas celui d’une société méfiante, liberticide et d’inégalités, mais celui d’une société juste, solidaire et démocratique, une société socialiste !

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