Grève non seulement contre Michel Ier, mais aussi contre toute l’austérité !

Photo : PPICS
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La déclaration du gouvernement Michel n’a plus laissé planer de doutes. L’objectif est d’affaiblir les syndicats et de modifier les relations de forces entre travail et capital. Rarement un gouvernement a aussi ouvertement cherché la confrontation. Le plan d’action avec lequel la direction syndicale entraine toute la résistance sociale est également impressionnant. Renverser Michel 1er est le défi qui nous fait face, mais cela ne suffira pas. Nous devons faire dégager toute la politique d’austérité par la grève.

Le gouvernement veut bel et bien détruire tout ce qui avait été annoncé comme cibles. De plus, il veut repousser l’âge de la pension à 67 ans. C’est “obligé” parce que nous vivons en moyenne plus longtemps. “Des carrières plus courtes et des pensions les plus élevées” – si seulement c’était vrai – “cela ne peut pas arriver.” Mais le gouvernement oublie de préciser que si nous vivons plus longtemps, nous sommes surtout beaucoup plus productifs.

Afin de prouver qu’il n’est pas aussi antisocial que ce qu’affirment les syndicats, le gouvernement de droite utilise comme idiot utile le “socialiste” Frank Vandenbroucke. Ce dernier a élaboré un système de retraite à points. “Attention, si vous avez reprenez quelque chose, il faut l’appliquer dans son intégralité!” Réponse du gouvernement: “oui, oui”. La social-démocratie rend les choses vraiment faciles au gouvernement. Lors d’une conférence de presse, Di Rupo a ramené tout le travail d’opposition d’Onkelinx au fait que 70% des mesures prévues par Michel ont été décidées sous le gouvernement précédent.

Wouter Beke, du CD&V, a rappelé avec jubilation que, sous Onkelinx, le budget des soins de santé n’avait connu qu’une croissance de 0,9% en 2013, alors que le gouvernement actuel propose 1,5%. L’enveloppe de la liaison des allocations au bien-être a été rabotée de 40% sous Di Rupo, tandis que le nouveau gouvernement de droite promet 100%. Évidemment, le gouvernement récupère cela dans d’innombrables autres domaines, mais cela illustre que l’austérité n’a pas renforcé la crédibilité de la social-démocratie, mais au contraire sapé.

Le gouvernement n’aura pas facile

Si le gouvernement n’a pas facile, cela n’a rien voir avec une incroyable opposition de la social-démocratie et des verts. Cela a bien plus à voir avec le calibre des ministres de Michel. A quoi fallait-il donc s’attendre d’autre en plaçant Theo Franken secrétaire d’Etat à l’asile et à l’immigration ou Jan Jambon ministre de l’Intérieur? Un premier ministre fort n’aurait jamais accepté ça. Les autres membres du gouvernement de la N-VA devraient être un peu plus fins. Mais l’erreur de calcul de la nouvelle ministre de la mobilité Jacqueline Galant (MR) sur les économies à mener à la SNCB, ce n’était pas mal non plus.

L’ossature de ce gouvernement serait la création d’emplois. Pour maintenir payables les pensions, il faut créer de l’emploi, de même pour combattre la pauvreté, etc. Pour le gouvernement, cela doit se faire en donnant encore plus de cadeaux aux patrons. Ensuite les investissements viendraient d’eux-mêmes. A quel point ils y croient eux-mêmes, cela est illustré par la réponse qu’on obtient quand on demande combien d’emplois seront créés : “Nous ne pouvons pas le savoir, nous ne sommes pas dans une économie planifiée”. C’est ce qu’a déclaré Wouter Beke dans l’émission “De Zevende Dag”, ce que Patrick Dewael (Open VLD) a réitéré par la suite.

Beke et Dewael espèrent ainsi mettre en difficulté “la gauche”. Cela rappelle les Républicains aux États-Unis, qui qualifiaient Obama de socialiste pour le discréditer. Entre-temps, le soutien à Obama a considérablement diminué, mais la popularité du “socialisme” a augmenté en proportion. Que le PS et les Verts soutiennent aussi peu l’économie planifiée qu’Obama le socialisme, nous n’avons pas à l’expliquer. Que la “main invisible” du libre marché conduit à un mauvais fonctionnement de l’économie et à la crise, à ce qu’une poignée de super-riches côtoient un inépuisable réservoir de pauvres, c’est devenu évident. Et c’est cela qui, à son tour, met sous pression le système capitaliste et ses institutions.

Un plan d’action à soumettre aux assemblées générales

Que les syndicats n’allaient pas se laisser faire, on pouvait déjà le sentir depuis un certain temps. Le plan d’action; les tracts d’information; les arrêts de travail; la manifestation nationale du 6 novembre; les grèves tournantes des 24 novembre, 1er décembre et 8 décembre et, enfin, la grève générale de 24 heures du 15 décembre sont une réponse appropriée à l’ampleur des attaques du patronat et du gouvernement.

Nous devons discuter autant que faire ce peu de ce plan d’action avec les militants combatifs et le soumettre à un vote lors d’assemblées générales du personnel. Celui qui aura voté concernant ce plan d’action respectera mieux sa légitimité, même s’il a voté contre. Celui qui perd le vote pourra encore faire usage de son droit individuel de faire grève, mais sans entraver la majorité qui voudra se rendre au travail. Cela nous permettra mieux d’évaluer ensuite la grève et de motiver les collègues pour la prochaine occasion.

Pour faire tomber le gouvernement, nous aurons besoin de tout le monde. Nous ne pouvons nous permettre des querelles entre syndicats et nous devons faire tout notre possible pour aider les militants combatifs des autres syndicats à surmonter les oppositions internes. Nous ne devrions pas non plus nous laisser diviser selon des lignes communautaires. Même si certaines mesures frapperont plus dur dans une région que dans une autre, ce gouvernement n’est pas en premier lieu anti-Wallons, anti-Bruxellois, anti-Flamands ou anti-Belges, mais anti-travailleurs.

Nous appelons tous les militants à discuter dès aujourd’hui du plan d’action des syndicats, à le préparer, à l’argumenter, à le défendre. Si nous faisons dégager ce gouvernement et ses projets, ce sera très bien, mais pas si cela doit conduire à une réédition de la tripartite pour nous enfoncer “70%” du même plan dans la gorge. Nous n’avons pas besoin de gouvernements anti-travailleurs, mais au contraire d’un gouvernment des travailleurs, un gouvernement dont la politique ne viserait pas à assurer les profits d’une poignée de super-riches mais à satisfaire les besoins de la vaste majorité de la population. Cela signifie de totalement rompre avec les politiques d’austérité actuelles.

– Rétablissement total de l’indexation, négociations salariales libres et salaire minimum de 15 euros bruts de l’heure !
– Non à la dégradation des contrats de travail par la sous-traitance, l’intérim ou les autres emplois précaires !
– Bas les pattes du statut des fonctionnaires ! Aucun démantèlement des services publics ! Aucune privatisation ou libéralisation ! De l’insourcing au lieu de l’outsourcing !
– La prépension à 55 ans, pour des systèmes de fin de carrière avec diminution du temps de travail et pension anticipée à 60 ans !
– Augmentation des pensions à minimum 75% du dernier salaire avec un minimum de 1500 euros par mois!
– Ni chasse aux chômeurs, ni dégressivité, ni service communautaire pour les chômeurs ! Attaquons le chômage par la diminution généralisée du temps de travail à 32 heures/semaine sans perte de salaire et avec embauches compensatoires!
– Nationalisation des secteurs clés de l’économie sous controle démocratique de la collectivité !
– Pour la fin de ce système désuet de propriété privée des moyens de production et de profit! Pour un socialisme démocratique moderne et l’utilisation libre des connaissances et des ressources pour le bénéfice de tous!

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