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Briser la camisole de force antisociale par la lutte pour une autre société
Alors que la Banque Nationale reconnaît que les inégalités en Belgique sont plus importantes qu’on ne le pensait, et que la Banque centrale européenne admet que la hausse des prix est en grande partie due aux profits des grandes entreprises, les travailleurs, sur leur lieu de travail et dans leur vie, se débattent pour garder la tête hors de l’eau. Avec les taux d’intérêt et les prix actuels, va donc acheter une maison ou un appartement ! Les services publics ne tiennent qu’à un fil. Le personnel des crèches, de l’enseignement, des soins de santé, des CPAS, des transports publics, les pompiers… sont à bout. Actions et grèves se succèdent. Mais se faire entendre ne suffit manifestement pas.
Le carcan budgétaire est de retour
Celles et ceux qui espèrent le changement après les élections de 2024 risquent d’être sérieusement déçus. Tous les partis établis, en Belgique et dans toute l’Europe, s’engagent à resserrer la camisole de force budgétaire desserrée à l’occasion de la pandémie. Les plans de relance ont permis de maintenir à flot l’économie, et donc les bénéfices. Avant même que les robinets d’argent ne soient à nouveau fermés, tout est mis en place pour réaliser de nouvelles économies substantielles. Tous les gouvernements belges sont d’accord. Et si ce n’est pas le cas, les fonds de relance européens restants serviront de chantage pour imposer cette camisole de force budgétaire.
Tous les partis procapitalistes acceptent la « nécessité » d’assainir les budgets. Dans un contexte de déficits colossaux et de hausse des taux d’intérêt pour le crédit, il s’agit d’une décision consciente de poursuivre et d’aggraver la misère sociale pour la majorité de la population. Les désaccords sur la manière d’assainir le budget, notamment entre PS et libéraux, sont largement connus et réels. Mais ces désaccords restent cantonnés aux limites imposées par ce carcan. On n’y trouve pas le moindre début de solution pour répondre aux besoins sociaux.
À partir de 2024, il faudra trouver 5 milliards d’euros par an pour respecter les normes budgétaires européennes. Le ministre de l’Économie Pierre-Yves Dermagne (PS) considère le montant comme suit : un tiers à couper dans les dépenses publiques, un tiers à chercher dans des recettes fiscales et un tiers en « divers ». La droite veut surtout réduire les dépenses, notamment en s’attaquant aux chômeurs et aux malades de longue durée. Le plaidoyer de Conner Rouseau (Vooruit) pour les « jobs de base », qui ouvrent la porte à une limitation dans le temps des allocations de chômage, a reçu les applaudissements nourris des patrons de De Wever (N-VA), de Lachaert (Open-VLD) et de Bouchez (MR).
Le PS préconise le doublement de la taxe sur les valeurs mobilières et d’instaurer une taxe sur les plus-values des actions. La social-démocratie francophone espère ainsi que la réduction de nos conditions de vie puisse paraître « équilibrée » pour mieux faire avaler la camisole de force budgétaire. Lors de l’examen du budget au début de cette année, le PS a accepté de faire passer à la trappe l’augmentation de la pension minimale et les minima d’autres allocations sociales.
La réduction des dépenses est donc déjà en cours. En revanche, les recettes supplémentaires provenant des grandes fortunes se font toujours attendre. À n’en pas douter, elles seront épargnées par la grande réforme fiscale que le CD&V souhaite toujours réaliser avec le ministre Van Peteghem, une réforme qui risque de mettre de l’huile sur le feu entre libéraux et PS. Et comme le fait remarquer le PTB, aucun des 37 milliardaires belges n’est aujourd’hui concerné par la taxe sur les valeurs mobilières.
Arracher le changement par la lutte
Le carcan budgétaire a un impact à tous les niveaux de pouvoir et est aggravé par la hausse des taux d’intérêt qui rend la dette plus chère à rembourser. Cela limite l’espace pour des politiques de gauche qui ont l’ambition de combler les besoins sociaux, qu’elles soient fédérales, régionales ou locales. Après les élections communales de 2024, une nouvelle attaque contre le personnel et les services communaux est également imminente. Tout changement dans les intérêts de la classe travailleuse nécessitera une lutte conséquente avec un mouvement de masse.
Cette détermination est également essentielle pour s’assurer de faire payer les super-riches pour combler efficacement les énormes inégalités et faire face au manque de moyens. Nous défendons l’introduction d’une taxe sur les fortunes. Mais nous soulignons la nécessité d’un vaste mouvement de lutte pour obtenir gain de cause. L’affaire ne se résume pas simplement à voter en faveur d’une taxe des millionnaires, comme l’a déclaré Raoul Hedebouw ce 1er mai. Affronter le capital exige de s’organiser, de se politiser, de mobiliser et de préparer toutes nos forces aux prochaines étapes.
Populariser la revendication de nationalisation du secteur financier et d’autres secteurs clés de l’économie ne sera pas un luxe. S’en préoccuper dès aujourd’hui nous permettrait de disposer d’une longueur d’avance sur les inévitables tentatives de sabotage du capital. La question soulève d’ailleurs directement celle de la propriété des ressources disponibles : un petit groupe de super-riches maintenus à flot avec des fonds publics quand les choses tournent mal (comme l’illustrent les banques en faillite aux États-Unis) ou la grande majorité de la population. Ce que la collectivité ne possède pas, elle ne le contrôle pas.
Aucune conquête sociale n’est tombée du ciel. Elles sont toutes nées d’une lutte sociale acharnée, généralement d’une manière si intense que la bourgeoisie craignait des bouleversements révolutionnaires. Voilà ce qu’on entend par la construction d’un rapport de force.
Il est logique que la contestation incline aujourd’hui vers les élections. Nous aussi, nous voterons pour le PTB en 2024, avec enthousiasme, car cela renforcera la position de la classe travailleuse. Cependant, attendre patiemment un résultat incertain en 2024 n’est pas une option. Attendre, avec le manque de moyens partout et des attaques comme celles que subit le personnel des supermarchés ? La mobilisation active de tous les soutiens et la mobilisation et l’engagement de celles et ceux qui ne le sont pas encore aujourd’hui, en bref l’extension et l’approfondissement des luttes, est le moyen d’obtenir des victoires dans les soins de santé, l’enseignement ou les transports en commun. Les patrons ne cèderont plus de moyens que s’ils y sont forcés. Une telle approche de la lutte garantirait également que la campagne électorale de 2024 ne se concentre pas sur la haine divisante de la droite et de l’extrême droite, en particulier en Flandre, mais sur nos revendications.
Cela fait partie de notre approche révolutionnaire vers une transformation socialiste de la société. Ne nous contentons pas de changements superficiels dans l’ancienne société, construisons-en une neuve ! Nous y parviendrons de la même manière que la classe travailleuse a remporté des victoires par le passé : en nous organisant en masse avec l’ambition sérieuse d’atteindre un objectif clairement défini et largement débattu. Ce que beaucoup considèrent comme impossible aujourd’hui deviendra alors possible.