En route vers un automne chaud… Luttons pour le pouvoir d’achat !

80.000 manifestants dans les rues de Bruxelles le 20 juin pour plus de pouvoir d’achat. « Tout augmente et il est de plus en plus difficile de vivre correctement », pouvait-on entendre de toutes parts. « Les entreprises font de gros bénéfices, mais nous, on doit se serrer la ceinture». Tout est dit. À chaque plein d’essence ou à chaque caddie de courses, l’évidence s’impose : les prix s’envolent. Nos salaires et allocations ne suivent pas.

Par Geert Cool

Les patrons prétendent qu’en raison de l’indexation, nos salaires suivent le rythme, certains ajoutent même que c’est inacceptable. En mai, le taux d’inflation annuel était de 8,97%. C’était même pis encore – 9,9% – selon les données européennes. Aucun salaire n’a bien entendu été indexé à 8,97% sur la même période. L’indice-santé est à la traîne et ne suit pas entièrement la hausse des prix.

Les augmentations de prix sont source d’anxiété pour de plus en plus de gens, en particulier pour les personnes à faible revenu qui sont locataires. Comment joindre les deux bouts ? Quel avenir pour les prochaines générations ? Un habitant sur sept – 14,1% – estime qu’il est difficile de s’en sortir et 26,6% trouvent que c’est « plutôt difficile ». Ces chiffres proviennent de Statbel. Cela signifie que plus de 40 % de la population éprouve des difficultés financières, et même plus de la moitié à Bruxelles et en Wallonie. Avoir un emploi ne garantit plus d’être à l’abri. Aux Pays-Bas, une étude sur les personnes ayant des dettes a montré que 39 % d’entre elles travaillent, 69 % sont locataires et 63% ont une voiture. L’insécurité d’emploi et la baisse du niveau de vie ne sont pas l’apanage d’une petite minorité. La moitié de la population perd progressivement sa capacité à suivre le rythme ! Avec la hausse spectaculaire des prix du logement, c’est encore plus vrai chez les jeunes.

À en croire les patrons, nous ne devrions nous en prendre qu’à nous-mêmes. Ils affirment que leur compétitivité est menacée par nos salaires prétendument trop élevés. Ils mentent. Les entreprises tournent à plein régime et amassent des bénéfices colossaux. Les marges bénéficiaires ont atteint 46,8% l’an dernier, ce qui est beaucoup plus élevé que dans les pays voisins. Des salaires trop élevés ? Peut-être sont-ils trop concentrés sur leurs propres revenus : les dirigeants des entreprises du BEL20 ont reçu une augmentation de 14,4 % l’an dernier. La masse des travailleurs n’a quant à elle rien obtenu. Même cette norme salariale ridicule de 0,4 % n’a pas été appliquée partout… Ces dernières années, les bénéfices des entreprises n’ont cessé de croître alors que la part de la richesse produite versée aux travailleurs et à leur famille a diminué. L’inflation renforce ce processus d’inégalité croissante.

Si les prix augmentent tant aujourd’hui, c’est le résultat de la soif de profit des patrons et des tensions internationales croissantes provoquées par celle-ci. Beaucoup d’entreprises profitent des prix élevés ; les bénéfices des entreprises énergétiques, par exemple, atteignent des sommets. Et la plupart des autres entreprises se contentent de répercuter la hausse des prix des matières premières sur leurs prix de vente, répercutant ainsi la facture. Les fortunes combinées des milliardaires représentent aujourd’hui 13,9 % du PIB mondial, contre 4,4 % en 2000. Ce chiffre avancé par Oxfam résume la situation : pour faire fructifier leurs fortunes toujours croissantes, les capitalistes condamnent une majorité de la population à la misère.

L’érosion du pouvoir d’achat suscite beaucoup de colère. Le succès de la manifestation syndicale nationale du 20 juin en témoigne. Les mois à venir seront importants dans ce combat pour notre pouvoir d’achat. Nous avons besoin d’un automne chaud avec des manifestations et des grèves soigneusement préparées. N’attendons pas le mois de septembre pour lancer les campagnes de mobilisation ! Les patrons se cachent derrière le gouvernement, après avoir laissé le gouvernement mener une politique condescendante. Le gouvernement se cache derrière l’inflation. Mais nos comptes en banque ne peuvent se cacher derrière personne.

Nous devons nous organiser sur chaque lieu de travail et dans chaque quartier pour intensifier la lutte. Ce combat pour le pouvoir d’achat est une lutte des classes, il soulève la question de savoir qui obtient quelle part de la valeur que nous produisons. Les patrons ont vu leur part du gâteau augmenter ces dernières années, au détriment de notre niveau de vie. Nous devons construire un équilibre de force pour changer ça. Chaque pas en avant avec des augmentations de salaire ou des gels de prix est le bienvenu et peut nous renforcer dans la lutte nécessaire pour mettre fin au capitalisme qui mène aux inégalités, à la misère, aux désastres écologiques et aux guerres. Nous sommes résolument en faveur d’un changement systémique : une société socialiste où la classe travailleuse possède et utilise les richesses qu’elle produit de manière planifiée pour répondre aux besoins des gens et de la planète.

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