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Le baromètre social de la pandémie est sans appel : luttons pour une autre société !

À la veille de l’année nouvelle, la crise sanitaire a une fois de plus exposé la faiblesse des différents gouvernements du pays. Le flamand, le wallon, le bruxellois et le fédéral s’emmêlent les pinceaux, trébuchent et ne trouvent pas de réelle stabilité.
Edito de Michael issu de l’édition de février de Lutte Socialiste
Un mauvais vaudeville ne fait pas une politique culturelle
L’impressionnante mobilisation du secteur culturel le 26 décembre et la menace de désobéissance civile ont forcé les décideurs politiques à reconsidérer leur décision d’introduire de nouvelles mesures restrictives uniquement pour ce secteur, qui était déjà sur les dents. La colère s’y accumule depuis longtemps. La culture a symbolisé par excellence la politique sanitaire déterminée par l’activité économique et ceux qui en profitent. Pour les autorités, la culture est un luxe qui pouvait bien être fermé simplement pour faire passer un message. Mais le retrait des mesures sous la pression de la mobilisation est insuffisant pour de nombreux petits acteurs du secteur. Une chaine de cinémas peut fermer et relancer son activité plus facilement qu’une troupe de théâtre.
La responsabilité des nouvelles mesures incombe à tous les gouvernements, y compris le gouvernement fédéral autour du tandem De Croo-Vandenbroucke. Contrairement à Paul Magnette qui, sous la pression des actions, a parlé d’une erreur collective (tout en pointant du doigt les ministres de la Culture), Jan Jambon, ministre de la Culture et Premier ministre flamand, n’a même pas essayé tenté de faire croire qu’il se soucie du secteur.
Il n’a pas caché son arrogance néolibérale en décrivant la dernière semaine d’école avant les vacances de Noël comme « une semaine avec peu d’impact pédagogique » parce qu’elle se limite à « une fête de Noël par-ci, un peu de lecture par-là et je ne sais quoi d’autre ». Face au tollé, il a persisté : « cette dernière semaine implique moins de transfert de connaissances ». Pour la N-VA, le développement et l’enseignement doivent être économiquement pertinents. Le parti ne manque jamais une occasion de dépeindre les enseignants comme des profiteurs.
Tous les gouvernements sont faibles et divisés
Le populisme de Georges-Louis Bouchez (MR) l’a poussé si loin dans la provocation qu’il a mis en danger le gouvernement wallon début décembre. Quant au PS, il sent sur sa nuque le souffle du PTB et souhaite marquer les esprits. C’était ce à quoi devait servir le projet de décret wallon pour « un impôt plus juste », rejeté par Bouchez. Désavoué par son propre parti, le ministre wallon du Budget Jean-Luc Crucke a jeté l’éponge, mais a fait son entrée à la Cour constitutionnelle (emploi extrêmement bien payé). Les tensions entre PS et MR au niveau wallon impactent également la coalition fédérale. Quant au gouvernement bruxellois, il n’est pas exempt de pression avec le débat sur la mobilité, entre autres.
La Vivaldi est née à un moment précis : la crise sanitaire avait relégué au second plan certaines vaches sacrées néolibérales et donné plus d’assises à l’aspiration en faveur d’un gouvernement stable. La situation rendait possible un gouvernement moins provocateur pour le mouvement des travailleur.euse.s. La stabilité politique a toutefois disparu. Le crédit de toutes les institutions politiques du capitalisme a durement souffert ces dernières années. La base de soutien des partis traditionnels est de plus en plus érodée. À droite, le Trumpisme progresse.
Le mouvement des travailleur.euse.s doit agir
Cependant, il ne devrait pas échapper au mouvement des travailleur.euse.s que l’instabilité des représentants politiques du système est finalement causée par la menace des mobilisations sociales, ce qu’a illustré la protestation du secteur culturel. La polarisation entre Bouchez et le PS est alimentée par la croissance du PTB du côté francophone. En Flandre, le gouvernement, et surtout la N-VA, est également vulnérable aux luttes sociales. Cela met les revendications de la classe travailleuse à l’ordre du jour, ce qui pousse le populisme de droite sur la défensive. C’est le meilleur vaccin contre le Trumpisme.
Tous les éléments du baromètre social de la classe ouvrière sont dans le rouge. La hausse rapide des prix, surtout des biens auxquels les travailleur.euse.s et les pauvres consacrent en moyenne une part plus importante de leur budget comme l’énergie et le logement, dégrade nos conditions de vie. Des années successives d’austérité ont saigné à blanc nos services publics. Mais pour le grand capital, de bonnes conditions de vie sont un luxe aussi superflu que la culture et les loisirs. Toutes les crises que subit le capitalisme se renforcent mutuellement. Chaque revendication, même la plus basique, se heurte aux limites du système dans son ensemble.
De ce baromètre social découle une évidence : nous devrons nous battre. Les syndicats ont recueilli 25.000 signatures en une semaine pour changer la loi qui impose une camisole de force à nos salaires et pour défendre le mécanisme d’indexation. Cette pétition peut servir d’impulsion pour nourrir de nouvelles mobilisations de masse. Une telle campagne serait d’autant plus efficace intégrée dans un plan d’action qui allie grèves, manifestations et campagnes d’information. L’action « Basta » du PTB le 27 février prochain peut renforcer cette idée. Une grande marche pour une énergie abordable, des salaires décents et des services publics forts (y compris les soins de santé) peut aider à mettre ces questions sur le devant de la scène et à lancer une discussion sur nos revendications et sur ce qui est nécessaire pour les faire respecter.
Pendant la pandémie, la classe travailleuse a retrouvé un visage : ce sont les travailleur.euse.s qui font tout tourner. C’est leur solidarité qui s’épanouit immédiatement à chaque catastrophe alors que les autorités sont absentes ou à côté de la plaque. Le personnel soignant et les autres personnels essentiels bénéficient d’un soutien considérable dans l’opinion publique. Le manque de moyen causé par des années de sous-investissement est désormais plus qu’évident. La pandémie a douloureusement illustré ce que nous savions depuis longtemps déjà : le secteur des soins est « plumé à mort », comme l’a fait remarquer un soignant dans l’hebdomadaire populaire Dag Allemaal.
Les travailleur.euse.s portent le monde sur leurs épaules, mais les patrons et leurs porte-parole cherchent à leur faire payer les conséquences des crises. Même l’index est à nouveau en ligne de mire, avec un saut d’index ou une nouvelle manœuvre pour qu’il reflète encore moins la hausse réelle des prix. En décembre, l’inflation s’est établie à 5,71 % sur une base annuelle, tandis que l’indice-santé s’est établi à 5,21 %. Si la classe ouvrière ne réagit pas, le patronat passera à l’attaque. La faiblesse incite à l’agression.
Un changement de système
Cependant, la classe travailleuse reste potentiellement très puissante. Ses besoins sont largement compris et, par l’action, la solidarité est toujours renforcée. Des revendications telles que la suppression de la loi sur les salaires, l’augmentation du salaire minimum à 14 euros de l’heure, le maintien et le renforcement de l’index et de la sécurité sociale, un plan d’investissement massif dans la santé et l’enseignement (ainsi que d’autres services publics), la propriété publique du secteur de l’énergie pour que la collectivité contrôle les prix et permettre une transition verte… peuvent motiver et mobiliser la classe des travailleur.euse.s.
Concrétiser ces revendications nous confronte directement à tout le système. Cette société capitaliste a permis aux dix plus riches au monde de doubler leur fortune durant la pandémie (15.000 dollars par seconde !), tandis que 160 millions de personnes supplémentaires sont devenues pauvres. Non, ce ne sont pas nos salaires qui posent problème. C’est l’accumulation de richesses au sein d’une petite élite qui exerce une pression sur nos revenus et nos conditions de vie. Imaginez ce qui serait possible si les ressources disponibles sur cette planète étaient utilisées démocratiquement pour assurer une vie saine et décente à toutes et tous. Cela exige de se battre : les capitalistes ne permettront pas une transformation socialiste de la société.