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Covid-19. L’arbitraire et l’échec du système suscitent la méfiance

En temps de pandémie, la meilleure façon de prendre des mesures qui soient comprises et suivies par une large majorité est de convaincre la population. C’est impossible en adoptant des mesures apparemment arbitraires, qui changent régulièrement et qui se limitent à nos loisirs et notre vie sociale. Cela exige une participation et un contrôle démocratiques de la population, à commencer par le lieu de travail, où des structures existent souvent pour organiser cette participation et ce contrôle.
Les médias dominants (y compris les réseaux ‘‘sociaux’’) pointent trop souvent du doigt des gens qui ne respectent pas tout à fait les règles. Bien sûr, il existe de nombreux exemples de comportements stupides. Mais se limiter à cela permet d’éluder la question centrale : c’est tout le système qui est coupable.
L’absence de clarté dans la communication des autorités a beaucoup à voir avec la défense des intérêts économiques. La collaboration de dizaines de personnes sur un lieu de travail est autorisée (c’est-à-dire : doit l’être). Dès que le travail est terminé, la règle de la bulle de cinq s’applique à nouveau. Le couvre-feu annoncé à Anvers ne s’applique évidemment pas à ceux qui travaillent la nuit. Il est logique que les gens deviennent plus négligents, ou du moins qu’ils ne soient pas convaincus par les arguments des gouvernements et des autorités locales. Cela ouvre la voie aux théories conspirationnistes les plus diverses qui ont toutes en commun de ne pas remettre en question le système lui-même.
Il est évident qu’une demi-année de contacts limités a également un effet, surtout dans les quartiers densément peuplés où les maisons sont plus petites et ne disposent pas de jardin. Dans un quartier résidentiel avec de grands jardins, il est plus facile de garder une distance sociale par rapport à un petit appartement de l’un de ces quartiers densément peuplés des grandes villes qui comptent jusqu’à 15.000 habitants au kilomètre carré. Tout le monde est égal face aux mesures Covid-19, mais certains le sont plus que d’autres.
Tout le monde sait que le Covid-19 n’est pas parti et qu’il reviendra tant qu’il n’y aura pas de vaccin accessible à de larges pans de la population. Cependant, lors du déconfinement de l’économie, seuls les profits ont compté. De plus, les autorités acceptent les restrictions liées au manque de moyen et refusent de partir de ce qui est nécessaire. Comme l’a fait remarquer Emmanuel André : ‘‘S’il y avait eu suffisamment de tests et de masques dès le départ, il n’aurait peut-être pas été nécessaire de procéder au confinement’’. Une stratégie de déconfinement sans tests suffisants et sans recherche sérieuse était une folie. Pourtant, la responsabilité de la nouvelle propagation du virus est attribuée à la population !
Toute la force avec laquelle pèsent les intérêts économiques a été révélée à l’entreprise Westvlees, à Staden. Lorsque 67 employés de l’entreprise de transformation de viande ont été testés positifs, il a été décidé de tester préventivement tous les autres, dont plus de 20 se sont révélés positifs. Selon le bourgmestre Open VLD, Francesco Vanderjeugd, la fermeture de l’entreprise était ‘‘disproportionnée’’. Disproportionnée ? Et le couvre-feu à Anvers alors ? Quelles sont les mesures prises pour le secteur culturel ? L’argument de la santé est un argument à géométrie variable en fonction du profit.
L’absence de stratégie sérieuse pour limiter les conséquences du virus démontre toute la défaillance du système. Le capitalisme ne s’intéresse qu’aux profits à court terme, ce qui constitue une menace pour notre santé et notre avenir. Les travailleurs et leurs familles doivent s’organiser pour défendre leurs intérêts et, par la lutte, construire le rapport de forces qui permettra de changer de société.
Après six mois de tests (loin d’être massifs) et de traçage…
Le ministre De Backere (Open VLD) a fièrement annoncé que la capacité de test dans notre pays a été portée à 20.000 par jour et qu’elle sera encore augmentée à 70.000. Ce n’est qu’au bout de six mois qu’il a été décidé d’investir 50 millions d’euros dans des équipements supplémentaires pour les laboratoires des universités afin d’augmenter sensiblement la capacité.
Même avec cette capacité, il faut six mois pour tester l’ensemble de la population. En conséquence, le virologiste Herman Goossens plaide déjà pour une simplification des tests de salive, même si leur fiabilité n’est pas totalement établie, en prévision de la réouverture des écoles et de la saison traditionnelle de la grippe.
Auparavant, la production de masques attendait les initiatives du secteur privé, ce qui faisait perdre beaucoup de temps. Ce n’est qu’au bout de six mois que le stock stratégique de masques chirurgicaux a été reconstitué, après avoir été détruit en raison de mesures de restrictions budgétaires.
Le traçage est loin d’être terminé. Il semble que le centre d’appel mis en place rapidement à cette fin soit davantage axé sur les relations publiques d’un gouvernement maladroit que sur le suivi efficace des contacts des personnes infectées. Il n’est pas non plus facile de créer un sentiment de confiance envers un gouvernement discrédité.
Il y a eu un manque de planification dans tous les domaines et le gouvernement a refusé de prendre des initiatives de son propre chef, comme de réquisitionner des lignes de production pour la fabrication de suffisamment de matériel de protection ou de dépistage. Voilà une belle illustration de l’anarchie capitaliste !
Pour être un peu ‘‘forts’’, les politiciens ont dû recourir à des mesures autoritaires telles que le couvre-feu à Anvers, l’appel à l’assignation à résidence pour les jeunes d’origine immigrée de Bruxelles imposé par Pieter De Crem, ou encore de solides pressions sur la SNCB pour qu’elle réduise ses trains vers la côte. En bref : c’est toujours la faute de quelqu’un d’autre.
Les mesures répressives ne sont pas un exemple de ‘‘gouvernance stricte’’, mais une illustration de l’échec systématique des responsables politiques et du système qu’ils servent : le capitalisme et sa soif de profits.
Les travailleurs font tourner le monde, qu’ils décident des mesures sanitaires !
Un grand nombre d’infections se produisent sur le lieu de travail. Il y a eu l’exemple de Westvlees. Ce n’est pas un hasard s’il s’agit du secteur de la transformation de la viande, où il existe davantage de sources de contamination au niveau international. Mais il y a eu également de nouvelles infections parmi le personnel et les résidents de certaines maisons de repos. Sept employés du bureau de district de Deurne se sont révélés infectés, ensuite tout le reste du personnel a été testé. Les mesures Covid-19 sont peut-être principalement axées sur nos loisirs, mais le virus s’en moque.
Sur de nombreux lieux de travail, des mesures ont été adoptées et, dans de nombreux cas, elles ont été imposées par le personnel. Ici et là, des actions collectives ont été nécessaires pour l’assurer.
Les entreprises mettent en place des comités de crise ou même une véritable Task Force dans le cas des entreprises du port d’Anvers. Ce que la plupart de ces comités avaient en commun, c’est que le personnel n’était pas impliqué. L’objectif était de rendre la production possible et de la remettre le plus rapidement possible sur pied.
Cependant, ce sont les travailleurs eux-mêmes qui savent le mieux ce qu’il faut faire pour organiser et renforcer la sécurité sur le lieu de travail. Dans la plupart des entreprises, il existe un Comité pour la Prévention et la Protection au Travail (CPPT) avec des représentants du personnel. Si cette crise sanitaire n’est pas liée à la prévention et à la protection au travail, qu’est-ce qui peut bien l’être? Dans les entreprises où il n’existe pas d’organe de ce type, des comités de crise pourraient être mis en place comme tremplin vers des élections sociales obligatoires dans les entreprises de 20 salariés ou plus.
Si des mesures sont nécessaires contre le Covid-19, cela s’applique aussi au lieu de travail. L’organisation et le contrôle de ces activités ne doivent pas être laissés aux conseils d’administration et aux directeurs qui considèrent tout sous l’angle du profit. Le confinement a clairement montré que ce sont les travailleurs qui font tout fonctionner : le personnel de soins, le personnel des supermarchés, du nettoyage, le personnel des transports publics, les travailleurs du secteur chimique,… Qu’ils prennent également les décisions ! Ou bien alors ne parlait-on de ‘‘héros’’ que pour rire ?