Que se cache-t-il derrière le "Pacte d'investissements" de Charles Michel?

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Une déclaration d’intention pour demain qui tente de cacher l’austérité et le manque d’investissement d’hier et d’aujourd’hui?

Après le ‘‘Jobs, Jobs, Jobs’’ de l’année passée, Charles Michel annonce vouloir lancer un ‘‘pacte national pour les investissements stratégique’’ de plusieurs milliards qui s’étalerait de 2017 à 2030(1). Même s’il n’en précise pas les détails, il a vaguement sous-entendu que cela prendrait la forme de partenariat public-privé (PPP).

Par Ben (Charleroi), article tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste

Soyons clairs, connaissant les problèmes de calculs du gouvernement, on peut clairement mettre en doute ses volontés et ses capacités réelles d’investissements. Sans rompre avec les logiques budgétaires néolibérales, il est en outre impossible de remédier au manque d’investissements publics. On se souvient du Tax shift : le gouvernement donne d’une main ce qu’il reprend trois fois de l’autre.

Alors que le gouvernement a fait tomber sur nous une avalanche d’austérité, pour corriger le trou dans le budget 2016 et maintenir son objectif d’équilibre en 2017, il doit encore trouver 2,4 milliards et il se dit déjà que, pour 2018, il faudrait trouver 5 milliards supplémentaires, en grande partie parce que le Tax shift n’est pas suffisamment financé. Pour ne pas arranger les choses, il y a cette discussion sur une réforme de l’Impôt des sociétés visant à rabaisser le taux vers 24% selon la proposition de la FEB ou vers 20% selon la proposition du ministre des finances Van Overtveld, ce qui couterait quelque chose comme 7,3 milliards d’euros par an.

Les soi-disant quelques milliards qui seront investis publiquement ne compenseront donc peut-être même pas les économies qu’on va nous imposer. Mais surtout, avec quelques milliards, nous resterions très loin de ce qui se faisait comme investissements publics dans les années ‘70. Si nous voulions faire des investissements publics dans les mêmes proportions qu’à l’époque, c’est à dire autour de 4,5% du PIB, c’est des montants de l’ordre de 15 à 20 milliards d’euros qu’il faudrait investir publiquement en Belgique chaque année ! Pire, du fait que, depuis les années ‘80, les investissements publics ont chuté autour de 2% du PIB seulement. Ce qui signifie concrètement que ceux-ci compensent à peine la dépréciation du capital. Il faudrait donc investir encore plus massivement afin de compenser le sous-investissement chronique depuis un quart de siècle.

On le voit, les infrastructures ne sont plus correctement entretenues, ce qui explique les tunnels, ponts, routes, infrastructures fluviales et ferroviaires qui tombent en ruines ou tardent à se développer, comme par exemple le RER ou le port d’Anvers. Dans l’enseignement francophone, les estimations parlent de 20.000 places manquantes d’ici 2022(2) alors qu’à Bruxelles, de nombreuses écoles ont déjà sacrifié leurs cours de récréation pour y installer de nouvelles classes dans des containers. Rajoutons le manque de logements publics, de crèches, de maisons de quartier, le sous-investissement massif dans les soins de santé, les différents SPF (Services Publics Fédéraux) comme la justice ou les finances, etc.

Un plan d’investissements est donc plus que jamais nécessaire, mais nous ne devons pas être naïfs. Pour que celui-ci permette de répondre aux nombreux besoins de la collectivité, il faudra s’attaquer à la logique néolibérale et au capitalisme lui-même. Seule des luttes de masse peuvent arracher de réels investissements publics.

(1) ‘Jeudi en prime’ 1/09/16
(2) Le Soir, 10/09/16

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