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Le retour de la zizanie communautaire
La N-VA n’as pas de quoi se jeter des fleurs avec sa politique économique…
Il a eu la mise en place de la commission Vuye pour développer l’approche concrète de la N-VA au sujet du confédéralisme. Ensuite, Peter De Roover, principal représentant du mouvement flamand dans la fraction parlementaire de la N-VA, a été nommé chef de groupe N-VA à la Chambre, ce qui en a fait l’une des figures les plus en vue du parti. Puis la ministre l’intérieur flamande N-VA Liesbeth Homans a rejeté l’acte de désignation de Damien Thiéry comme bourgmestre de la commune à facilités de Linkebeek après la démission du bourgmestre Eric De Bruycker en novembre. Et, enfin, les déclarations fracassantes du ministre-président flamand N-VA Geert Bourgeois en faveur d’une Constitution flamande (et donc d’une révision de la Constitution belge).
Par Anja Deschoemacker
Tout cela ne survient pas par hasard au moment où il semble que la politique socio-économique du gouvernement de droite ne parvient pas à sortir l’économie du marasme, avec la persistance d’une croissance faible et des déficits budgétaires. Depuis quelques mois, les sondages font état d’une baisse du soutien de la N-VA, même si le parti reste le plus grand, et de loin. Mais une partie de ses électeurs s’enfuit, certains vers l’extrême droite, d’autres vers ses partenaires de coalition du centre-droit traditionnel.
Au début de la coalition kamikaze, les attentes étaient considérables à la base de la N-VA. Le triomphalisme régnait. Ce “gouvernement socio-économique” allait enfin remettre un peu d’ordre, on allait en finir avec les “chipotages dans la marge” pour appliquer des réformes fondamentales. Un gouvernement sans la social-démocratie allait économiquement guérir le pays. Pour que cela devienne possible, il a fallu imposer à la partie francophone un gouvernement fédéral qui n’avait même pas recueilli un quart des votes francophones. Fini le “l’indolence wallonne” qui entravait l’essor de la “Flandre entreprenante”… Cette politique d’austérité brutale était personnifiée par un des idéologues les plus à droite de Flandre : l’ancien rédacteur en chef du magazine économique et financier Trends, l’actuel ministre des finances Johan Van Overtveldt.
L’idée était que le PS se replierait vite sur lui-même, après quelques années d’un gouvernement purement de droite. Mais de même que leur politique a fait choux blanc, cela n’a pas vraiment fonctionné. Les figures de proue du PS ont utilisé la politique d’austérité dure du gouvernement fédéral pour essayer de s’offrir une nouvelle virginité politique, comme si c’était possible après plus de trente de collaboration à la politique néolibérale de sous-financement systématique et de démolition des services publics. Le parti n’adopte pas un discours régionaliste wallon et il ne refuse pas d’imposer l’austérité dans les gouvernements régionaux où il siège. Ce n’est que dans les mots, et de temps en temps seulement, qu’il se fait la figure de proue de l’opposition à la politique d’austérité et aux attaques contre la classe des travailleurs. Dans les faits, le PS s’est déjà profilé comme alternative au gouvernement actuel au service de la bourgeoisie, pas comme une alternative de gauche.
Au milieu d’un processus, il est difficile de déterminer exactement quel sera le résultat final. Les contradictions internes peuvent éclater à tout moment. La N-VA reste le plus grand parti de Flandre et son programme socio-économique concentre les rêves des petits et moyens patrons flamands. Mais le parti échappe au contrôle de la bourgeoisie, diverses section de la classe dirigeante ne lui font pas confiance. De Wever & Co marchent sur la corde raide en essayant de concilier l’exécution du programme de la bourgeoisie et le recours à un discours populiste pour s’attirer le soutien d’un électorat en colère contre l’establishment et la politique des gouvernements précédents. La N-VA tombera à un moment donné.
Elle en est bien consciente. Réanimer le spectre nationaliste est une manœuvre de diversion destinée à son électorat, lui aussi durement touché par l’austérité, tout en essayant de rassurer sa base traditionnelle nationaliste flamande. Les propositions de confédéralisme, notamment au sujet d’une Constitution flamande, se sont jusqu’ici heurtées à la désapprobation de ses partenaires de coalition. Ses partenaires flamands travaillent déjà à se profiler à son détriment, cela est évident dans le débat sur le contrôle budgétaire. Si la N-VA perd des plumes électoralement, et cela va arriver, ils lui enfonceront un poignard dans le dos. L’opposition à son programme nationaliste flamand peut être le prétexte idéal pour la laisser tomber et faire une concession à l’opposition sociale contre la politique de droite.