Wallonie : Le gouvernement Magnette-Prévot entame le sale boulot

Les majorités commencent à être élaborées dans tout le pays et, avec la constitution de ces gouvernements, les lignes politiques commencent à se dessiner. Si les coalitions peuvent sembler très diverses de Flandre en Wallonie en passant par Bruxelles et le Fédéral, il se trouve néanmoins un point commun majeur : l’application de la politique d’austérité !

Dans les pages du Soir, Paul Magnette avait fièrement déclaré en pleine campagne électorale que le gouvernement Di Rupo avait fait le « Dirty Work » (le sale boulot). Et, en effet, la politique menée a représenté plus de vingt milliards d’euros d’économies ! La majeure partie de cette somme a été trouvée via des coupes budgétaires qui ont touché travailleurs et allocataires sociaux. Et il y a encore eu l’imposition par le gouvernement Di Rupo d’une norme salariale synonyme de blocage des salaires hors indexation pour deux ans. Magnette, Prévot & Co veulent maintenant eux aussi faire le « sale boulot » au niveau régional.

800 millions d’euros à trouver… au moins

C’est en effet la somme qu’il faudra trouver pour les années 2015 et 2016. Rien n’indique que les choses seront amenées à être différentes par la suite. Le président de l’Union Wallonne des Entreprises (UWE), Jean-François Héris, avait donné le ton une fois les élections passées : « Nous avons une législature de 5 ans. Il faut en profiter. On doit faire des économies pour dégager des moyens que l’on injectera dans l’économie, dans l’enseignement. Jusqu’à présent, austérité, c’est resté un vilain mot. On parle de rigueur, de ‘recette belge’. Il faut mettre plus de tonus là-dedans. On doit oser parler d’austérité. » Paul Magnette lui avait répondu que « L’austérité serait une erreur parce qu’elle aggraverait la crise mais le contexte budgétaire ne sera pas simple. Il faudra trouver des marges partout où cela n’atteindra pas les citoyens et la création d’emplois ». Mais une fois à l’épreuve des faits, force est de constater que toute cette joute oratoire ne concernant que l’utilisation des termes…

La Région doit intégrer de nouvelles compétences transférées par le fédéral dans le cadre de l’application de la 6e Réforme d’Etat, mais sans que les budgets correspondants n’aient été transmis ! A côté de cela, certains « investissements » notamment liés aux Partenariats-Public-Privé (PPP) doivent maintenant être considérées comme des dépenses selon les nouvelles normes comptables européennes (cela représenterait 500 millions d’euros de dépenses supplémentaires dans les 3 ou 4 prochaines années).

La Déclaration de Politique Régionale (DPR) stipule notamment qu’un fonctionnaire sur cinq partant en pension seulement serait remplacé de 2015 à 2016, un sur trois ensuite de 2017 à 2019. Qui prétendra sérieusement que cela « n’atteindra pas les citoyens et la création d’emplois » ? Quant aux mesures pour l’emploi, l’engagement des jeunes peu qualifiés sera encouragé par un taux de cotisations sociales de 0%. Un beau cadeau pour le patronat, qui servira de plus à monter encore plus les différentes catégories de travailleurs les unes contre les autres.

Comme l’a déclaré l’un des deux députés régionaux du PTB, l’ancien sidérurgiste Frédéric Gillot, le menu du gouvernement wallon : « C’est l’austérité en entrée, en plat principal et en dessert. C’est pour ça que la DPR me reste en travers de la gorge. C’est la soupe aux cailloux. Un menu indigeste. » Nous ne pouvons que nous retrouver sur ce constat. Et les nouvelles ne seront pas meilleures concernant la Fédération Wallonie-Bruxelles, comme l’ont déjà laissé entendre les lourdes menaces qui pèsent sur l’enseignement.

Ne nous laissons pas endormir par de belles paroles !

La coalition wallonne « progressiste » fera tout pour dire que ce gouvernement est radicalement différent des autorités fédérale ou flamande afin de tenter d’amoindrir la résistance sociale contre ses mesures. Il est vrai que le gouvernement flamand est officiellement ancré à droite, mais la suppression de la gratuité des transports en commun pour les plus de 65 ans en Flandre est par exemple une idée soufflée par la précédente législature wallonne (la mesure est entrée en vigueur en 2013 pour les TEC), la coalition prétendument progressiste de l’Olivier !

Les mesures d’austérité vont arriver de toutes parts : du fédéral, des Régions, de la Fédération Wallonie-Bruxelles et des communes. Nous ne devons pas laisser la force du mouvement des travailleurs être divisée, nous devons riposter tous ensemble ! Et en plus des diverses mesures que prendront les autorités néolibérales, n’oublions pas que les négociations pour le prochain Accord Interprofessionnel se profilent à l’horizon !

Le jour-même des élections, le secrétaire fédéral de la FGTB Jean-François Tamellini avait lancé un appel pour un « vaste mouvement social » sur les réseaux sociaux. Il déclarait notamment : « Ce ne sont pas les politiques ou les gouvernements qui nous permettront de sortir de la dictature de la finance et de l’exploitation capitaliste. Ceux-là continueront simplement à discuter du poids des chaînes. SI LA VOLONTÉ EST DE BRISER LES CHAÎNES, CE N’EST QU’EN ORGANISANT UN VASTE MOUVEMENT SOCIAL QUE NOUS Y PARVIENDRONS! » De son côté également, le PSL n’a cessé de défendre durant toute la période de la campagne électorale la nécessité de construire un large front de résistance contre l’austérité, à tous les niveaux de pouvoir. Nous devons organiser la lutte pour défendre nos conquêtes sociales et en obtenir d’autres. De nombreuses organisations politiques, syndicales et associatives veulent résister contre la logique capitaliste qui nous est imposée, elles doivent œuvrer à l’émergence d’une lutte conséquente menée en commun sur le terrain, avec un bon plan d’action audacieux et allant crescendo, qui lie campagnes de sensibilisation et mobilisation vers une succession d’action jusqu’à la grève générale, et même plusieurs si besoin est.

Une autre logique est possible, et nécessaire. Suffisamment de richesses existent aujourd’hui pour en finir avec la pauvreté, le manque d’emplois, le manque de logements sociaux, le manque de moyens pour l’enseignement, les soins de santé, etc. Mais alors que nous n’avons jamais créé autant de richesses, il n’est question que d’appauvrissement et d’efforts pour la majorité de la population : ce qui est créé par la force et la sueur des travailleurs ne sert qu’à satisfaire la soif de profit des capitalistes. Nous devons riposter contre les attaques antisociales, c’est vrai, mais ce combat ne pourra véritablement rencontrer la victoire que s’il est lié à la lutte pour une autre société, une société où les secteurs-clés de l’économie seront démocratiquement gérés par les travailleurs, une société socialiste.

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