Your cart is currently empty!
Leur stratégie de déconfinement est un danger
Dès le début, le gouvernement Wilmès a couru après les faits. Les écoles qui ont décidé d’elles-mêmes de prendre des mesures dans la semaine du 9 mars. Les travailleurs sont partis en grève chez Audi à Forest le 16 mars pour exiger des mesures de sécurité. Sous la pression des faits, un semi-confinement a été annoncé par le gouvernement le 18 mars. Un semi-confinement, parce que la production non essentielle a continué à tourner.
Par Michael (Gand)
Le patronat espérait s’en tirer ainsi mais, dans les semaines qui ont suivi, des grèves ont éclaté chez Daikin, chez Carrefour et Delhaize,… pour faire appliquer des mesures de protection ou exiger une prime de risque. Le semi-confinement était essentiellement un exercice d’équilibre entre des intérêts opposés : les profits du grand capital et la santé publique. Le gouvernement a systématiquement placé les intérêts économiques en priorité. Il a transformé le confinement en une responsabilité individuelle, et alors que les petites entreprises du secteur de l’hôtellerie et de la restauration ont dû cesser leurs activités et que les travailleuses et travailleurs des secteurs essentiels donnaient le meilleur d’eux-mêmes, il est apparu à la mi-avril que 85% des entreprises contrôlées ne respectaient pas les mesures de sécurité.
La stratégie de déconfinement est malade du même mal. Elle repose sur la nécessité de relancer la production pour faire des profits. Les moyens de protection individuelle pour un redémarrage en toute sécurité sont considérés comme un élément secondaire. Le ministre Koen Geens a déclaré au nom du gouvernement que les masques sont la chose la plus importante pour faciliter le déconfinement mais que si ce n’est pas possible, il faudra faire sans. Il en va de même pour la capacité de tests. Les vies humaines ne sont manifestement pas un incitant suffisant pour remettre en cause la logique des lois du marché et revendiquer la réquisition du matériel et des chaînes de production nécessaires.
Avec ou sans masques, avec ou sans tests, l’enseignement devait reprendre. Non pas pour réduire le retard scolaire, mais pour permettre de remettre les parents au travail et de préparer la future main-d’œuvre. La première mesure a été l’annonce de la mise en place de garderies d’enfants, pour que les parents puissent aller travailler. Les aspects pratiques de la réouverture des garderies ont été considérés par le gouvernement comme étant d’une importance mineure. La seconde mesure a été fixée en donnant la ‘‘priorité’’ aux plus âgés, qui doivent être en mesure de passer au marché de l’emploi ou à l’enseignement supérieur. Il semblerait qu’une fois dans l’enseignement supérieur, on peut plus facilement les abandonner à leur sort. Et personne dans les gouvernements n’a parlé de la pression psychologique, de la solitude, de la peur et de l’insécurité des étudiants.
Le grand débat des chaînes flamandes VTM et VRT du 9 mai était instructif. Outre quatre professeurs, le panel comprenait également la ministre De Block, le ministre De Croo, le gouverneur de la Banque nationale Pierre Wunsch, Bart De Wever et Pieter Timmermans (FEB). En d’autres termes : les architectes de l’austérité dans les domaines de la santé et de l’enseignement, les défenseurs des emplois précaires et des bas salaires. Tout comme dans le GEES (Groupe d’experts chargé de la stratégie de sortie), ceux qui font fonctionner la société au quotidien dans les domaines de la santé, des transports publics, de la distribution, du nettoyage, de la collecte des déchets, de l’éducation,… sont considérés comme des bêtes de somme et on se moque d’eux en tant qu’experts. Heureusement, certains pensent différemment, comme les conducteurs de De Lijn et de la STIB qui ont refusé de reprendre le travail sans l’équipement de protection promis. Ou encore le personnel soignant qui a littéralement tourné le dos à la politique antisociale de la Première ministre Wilmès lors de sa visite à l’hôpital Saint-Pierre le 16 mai dernier.
Leur stratégie de déconfinement ne vise pas à absorber les dégâts humains causés par le confinement. Elle se concentre sur les intérêts économiques pour lesquels la classe ouvrière doit servir de chair à canon. Le gouvernement belge n’est pas seul dans ce cas. Au niveau mondial, la fin du confinement est une roulette russe sous la pression de la concurrence mondiale. Le risque d’une deuxième vague ne l’emporte apparemment pas sur le risque de perdre des parts de marché.
Aux États-Unis, les employés de General Electrics ont exigé que les lignes de production soient utilisées pour fabriquer des appareils respiratoires. La classe ouvrière est capable de grandes choses lorsqu’elle assume son rôle dans la société ! Elle sait ce qui est nécessaire et ne se laisse pas guider par la recherche du profit à tout prix.
L’ère post-coronavirus nous plongera dans une profonde récession économique. Même dans ce cas, les intérêts seront diamétralement opposés. Même dans ce cas, la classe capitaliste et ses politiciens risqueront des vies humaines. Les actions menées dans les transports publics et par le personnel infirmier à Bruxelles et en Wallonie montrent que nous ne les laisserons pas nous marcher dessus.