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Si les directions syndicales veulent laisser ce gouvernement terminer sa course, les travailleurs en feront les frais!
L’an dernier, le gouvernement de droite a vacillé face à l’un des plus grands mouvements de lutte de l’histoire sociale de Belgique. Si ce plan d’action s’était poursuivi en janvier – ce que la grande majorité de la base syndicale désirait – renverser le gouvernement n’aurait été qu’une question de semaines, de mois tout au plus. Mais les directions syndicales – tant à la CSC qu’à la FGTB – ont eu le vertige face à la force qui était la nôtre.
Par Anja Deschoemacker
Une occasion en or a été manquée et nous l’avons payé avec plus de destruction sociale et d’austérité. La manifestation massive du 7 octobre a néanmoins démontré que la volonté de lutter est encore gigantesque à la base et que si nous avons perdu une bataille, il reste possible de gagner la guerre… à condition de disposer d’une stratégie appropriée.
Mais jusqu’à présent, il semble bien que la direction syndicale – CSC, mais aussi FGTB – ait décidé que ce gouvernement pourrait aller jusqu’au bout de sa législature dans l’espoir que le prochain gouvernement ne comprendra pas la N-VA. Un approche similaire a causé bien des torts aux travailleurs britanniques. Quand le gouvernement Conservateur de Cameron est arrivé au pouvoir et a lancé une offensive impressionnante contre les travailleurs et les allocataires sociaux, les dirigeants syndicaux ont refusé d’organiser sérieusement la lutte. Ils pensaient que leur ‘‘partenaire privilégié’’, le Parti travailliste, sortirait renforcé de l’épreuve et remporterait naturellement les élections à venir. Mais Cameron est toujours bel et bien en place. Pour peu que le mouvement des travailleurs ne parvienne pas à renverser ce gouvernement, nous connaitrons le même sort que la Grande-Bretagne avec quelques nouvelles années de politiques d’austérité en faveur des riches.
L’austérité brutale des gouvernements suscite la colère parmi de larges couches de la population. Mais l’absence d’une réelle alternative signifie qu’ils pourraient être réélus. Le manque de lutte renforce le sentiment ‘‘TINA’’ – There Is No Alternative, il n’y a pas d’alternative’’ à la politique antisociale.
Si le Parti travailliste était revenu au pouvoir en Grande Bretagne sans qu’il n’y ait eu de lutte de masse de la base syndicale contre la droite, il ne serait pas revenu sur les mesures austéritaires des Conservateurs. L’expérience des 13 ans de gouvernement travailliste après les années Thatcher a plus que suffisamment démontré cela. Toutes les lois anti-syndicales de Thatcher sont toujours en vigueur. C’est une leçon importante pour les syndicalistes belges et leur direction. Qui croit qu’une coalition tripartite classique dirigée par le PS reviendrait sur les mesures prises par le gouvernement Michel? La seule manière de veiller à ce qu’un tel gouvernement soit forcé de faire de réelles concessions, c’est de renverser le gouvernement actuel. Chaque nouveau gouvernement prendrait alors garde à ce qu’il fait.
Accepter le TINA, même temporairement, implique d’énormes dangers. La bourgeoisie veut balayer les conquêtes sociales arrachées après-guerre et elle peut partiellement y parvenir avec un gouvernement ouvertement de droite. La désillusion parmi de larges couches de la population pourrait également conduire à une nouvelle explosion de la question nationale. Si la lutte collective du mouvement des travailleurs ne parvient pas à ses fins, des sentiments nationalistes peuvent émerger tant en Flandre qu’en Wallonie dans l’illusion que l’échelon régional représenterait une alternative ou au moins une politique d’austérité plus ‘‘douce’’. En Flandre, ‘‘parce que nous ne payerons plus pour la Wallonie’’, et en Wallonie, ‘‘parce qu’on ne peut pas lutter avec les Flamands’’. De la fin des années ’70 à 1986, la question des Fourons était au centre de l’attention. Cela a démontré que la bourgeoisie belge n’a pas peur de la surchauffe communautaire si cela peut distraire l’attention d’une lutte sociale nationale et rendre plus compliquée la résistance de la classe ouvrière.