Comment la N-VA peut-elle garder son poids électoral avec sa politique antisociale?

Jusqu’ici, à en croire les sondages, la participation au pouvoir n’a pas encore discrédité la N-VA. C’était pourtant l’un des objectifs des partis capitalistes classiques et des grands patrons pour le gouvernement Michel. Leur objectif était de ramener ce parti pas tout à fait fiable à de plus justes proportions. Entretemps, tout ce que pouvait rapporter un gouvernement aussi ouvertement de droite était toujours bon à prendre. C’est alors que l’arrogance du petit patron qui estime ne devoir tolérer aucune opposition syndicale a déferlé sur nous tous.

Par Peter Delsing

Les populistes de droite allaient-ils tenir debout avec leur rhétorique de division et leur avalanche d’austérité? Malgré une résistance sociale massive? Malgré l’opposition de l’opinion publique à l’augmentation de l’âge de la pension et au saut d’index ? En théorie, on aurait pu croire que ‘‘l’opposition de gauche’’ actuelle en Flandre, le SP.a et Groen, allaient saisir la situation les doigts dans le nez, mais compte tenu de leur opposition tiède à l’austérité, dont ils ne rejettent pas le principe et qu’ils ont appliquée lorsqu’ils étaient au pouvoir, et de leur approche purement moraliste de la question des migrants, ils ne menacent pas véritablement De Wever.

À la fin de l’été, alors que les réfugiés attiraient toute l’attention, la N-VA semblait repoussée dans les sondages, principalement au bénéfice de l’extrême-droite du Vlaams Belang. De Wever a réagi consciemment avec des déclarations visant à positionner la N-VA. Il ne s’est pas soucié du respect de la Conventions de Genève et a défendu l’instauration d’une sécurité sociale distincte pour les demandeurs d’asile. Les six millions d’euros que les demandeurs d’asile reçoivent comme allocations familiales ne sont que des miettes en comparaison des milliards d’euros que les patrons et les actionnaires reçoivent en cadeau chaque année (voir article ci-dessus). Mais accuser les demandeurs d’asile de tous les péchés au monde a l’avantage de détourner l’attention des vrais pillards de la sécurité sociale: les riches et leurs amis politiques, N-VA en tête.

Reprendre des idées du Vlaams Belang et ensuite titiller par ce biais les autres partis bourgeois, ça a marché. La N-VA est revenue à 31% dans les sondages. Ce qui avait été perdu du fait de la politique antisociale a été récupéré en se profilant de manière plus radicale comme le champion de l’égoïsme afin de mobiliser les incertitudes des classes moyennes en faveur de ‘‘solutions radicales’’. Même certains travailleurs s’y sont laissé prendre.

Cela s’explique principalement en raison de la faiblesse de la gauche officielle. Si cette dernière ne parvient pas à marquer des points avec ce gouvernement antisocial, quand cela se produira-t-il? Hélas, le PTB/PVDA s’est orienté vers ses partis pour devenir ‘‘la gauche des partis de l’austérité’’ plutôt que de construire un front anti-austérité de principe avec les courants de gauche, les syndicalistes combattifs, la jeunesse radicalisée, les activistes de la société civile,…

Quoi qu’il en soit, les 100.000 manifestants du 7 octobre peuvent allumer la mèche de la résistance sociale, et pas seulement sur leur lieu de travail. Imaginez que ces 100.000 syndicalistes et progressistes poussent la discussion au-delà de leur entreprise, qu’ils s’organisent politiquement à l’échelle de leur ville et nationalement ! Avec un parti de lutte large au fonctionnement démocratique et avec un programme qui défend les intérêts de notre classe sociale avec acharnement, nous pourrions commencer à sérieusement contrer la rhétorique de la classe dominante.

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