Tag: Répression

  • Espagne : Un activiste risque trois ans de prison pour avoir aidé une migrante victime d’une attaque policière

    Photo de solidarité, Gand.

    Le mercredi 6 juin, notre camarade Tohil Delgado, ancien secrétaire général du Sindicato de Estudiantes (SE) et membre d’Izquierda Revolucionaria (section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’État espagnol), siégera sur le banc des accusés au tribunal pénal n° 8 de Madrid. Il risque trois ans de prison pour “atteinte à l’autorité”. Son crime est d’être venu en aide à une jeune migrante de 21 ans sauvagement battue lors d’une descente de police raciste.

    Les événements se sont produits en 2010. Notre camarade aurait pu s’éloigner et regarder de l’autre côté, mais il ne l’a pas fait. Les parents de la jeune femme – également équatoriens – ont essayé d’éviter l’agression policière. Mais ils ont tous fini en prison 39 heures, avec Tohil. Lors de leur arrestation et de leur transfert ainsi que durant toute la durée de leur détention, ils ont été battus et ont reçu des menaces de mort de même que des insultes racistes. Ils n’ont pas reçu d’eau ou de nourriture pendant plus de huit heures. Ils n’ont pas eu le droit de communiquer avec qui que ce soit. Il ne s’agit malheureusement pas d’un cas isolé. C’est une réalité quotidienne pour de nombreux migrants, souvent victimes de persécutions policières et de raids racistes dans nos quartiers. Ils sont traités de façon déplorable, sans respecter leurs droits fondamentaux.

    Le camarade Tohil risque trois ans de prison pour s’être opposé à un acte brutal et injuste. Deux des policiers qui l’ont attaqué prétendent que ce sont eux qui ont été attaqués. Mais des vidéos existent – enregistrées par des voisins alarmés – dans lesquelles il apparaît très clairement que la seule violence a été perpétrée par la police. Une fois de plus, nous sommes confrontés à cette réalité de plus en plus répandue qui consiste à traiter les victimes comme des agresseurs.

    “Ils ne nous feront pas taire”

    Cette grande injustice n’est pas non plus un cas unique, loin de là. Chaque jour, nous sommes témoins de l’utilisation de la justice contre tous ceux qui s’opposent à l’inégalité, qui dénoncent l’injustice et qui tentent de changer les choses. Pour cette simple raison, les prisons sont maintenant la destination des rappeurs, des twitterers, des syndicalistes et des militants de gauche. Pendant ce temps, des hommes politiques et des hommes d’affaires corrompus, des parents de monarques et d’autres personnes influentes, des défenseurs du régime, de la précarité, du sexisme et des expulsions règnent librement comme si rien ne s’était passé. Mais ils ne nous feront pas taire.

    Le Sindicato de Estudiantes (SE) et Libres y Combativas, la plateforme féministe socialiste de SE et Izquierda Revolucionaria (section du CIO dans l’Etat espagnol), appellent tous ceux qui désirent que cela cesse à montrer leur solidarité avec notre camarade. Si Tohil Delgado est condamné à la prison, ce sera une sentence contre nous tous qui combattons dans la rue. Nous vous demandons de faire connaître cette affaire et de signer la résolution de protestation demandant son acquittement.

    Une manifestation de solidarité pour Tohil et les autres accusés aura lieu le mercredi 6 juin devant le tribunal correctionnel de Madrid. Avec une pression de masse, nous pouvons empêcher cette injustice de se produire !

    Assez du sexisme et du racisme de la police !

    • Signez la résolution de soutien
    • Prenez des photos de solidarité avec cette affiche et envoyez les à redaction@socialisme.be
  • Politique d’asile : de la répression au permis de tuer

    Manifestation de ce vendredi 18 mai, avec une présence du PSL et d’EGA.

    Il y a d’abord eu un ordre de quitter le territoire. Ensuite une balle perdue. Mawda, une fillette de deux ans, a été tuée. La police a ouvert le feu sur une camionnette où se trouvaient des migrants. Depuis quand est-ce la norme ? On ne tue pas des enfants. ‘‘Nu niet, nooit niet’’ (Pas maintenant. Jamais), pour reprendre des termes que Theo Francken aime utiliser quand cela l’arrange.

    La couverture médiatique de ce dramatique événement a de suite provoqué le malaise. Tout a été fait pour tenter de faire porter la responsabilité de cette violence mortelle sur les migrants présents dans la camionnette eux-mêmes. Comme s’il s’agissait de légitime défense. Il était évident pour la police après la course-poursuite qu’il s’agissait d’une camionnette remplie de personnes. Même si le véhicule ne s’est pas arrêté immédiatement, il n’y avait aucune raison de tirer sur ses occupants.

    La politique répressive en matière d’asile se répercute sur le terrain. La N-VA considère les migrants comme des “nuisibles” ayant un “coût”. Le jour-même où Francken (secrétaire d’État N-VA à l’Asile et aux Migrations) et Van Overtveldt (Ministre N-VA des Finances) annoncent commander une étude à la Banque nationale portant sur le coût de la migration – une proposition directement reprise de l’ancien plan en 70 points du Vlaams Blok (prédécesseur du Vlaams Belang) qui a conduit le parti à être condamné pour racisme – des policiers tirent sur des migrants. Et tuent.

    Impossible de ne pas penser au meurtre de Semira Adamu il y a 20 ans de cela. Elle fut étouffée à l’aide d’un coussin par deux policiers lors d’une tentative d’expulsion du territoire à l’aéroport de Zaventem. L’indignation était grande et les protestations nombreuses. Les ministres responsables ont démissionné. Aujourd’hui, les ministres compétents ne se sont pas montrés très loquaces, une attitude qui tranche avec leur habitude de sauter sur n’importe quoi sur Twitter et autres dès qu’il s’agit de pouvoir diviser la population. Ils ont gardé bouches closes sur cette preuve de l’échec de leur politique. Les mensonges qui se sont succédé font penser à une manœuvre de dissimulation. Et ce n’est que sous le feu des critiques que Théo Francken a daigné exprimé son opinion : “Je pense qu’il est terrible que cette fille soit morte, mais quelle reprise politique dégoûtante”. Quelle attitude répugnante.

    Cet incident n’est pas isolé. En janvier, un migrant a trouvé la mort lors d’un contrôle de police sur l’autoroute, à Jabbeke. Les migrants qui fuient la misère et la guerre en Irak, en Syrie ou en Somalie sont traités comme du gibier à chasser en Belgique. Pour le cabinet-Jambon, ce sont les migrants eux-mêmes qui seraient responsables ! “Les règles sont simples. La police peut ouvrir le feu si des vies humaines sont en danger. C’est absolument le cas lorsqu’une camionnette tente de s’échapper et joue ainsi avec la vie de ses occupants.’’ Pas une seule critique sur le fait que des gens se font ouvertement tirer dessus ! En d’autres termes : il existe visiblement un “permis de tuer” à l’encontre des migrants.

    Le témoignage de la mère de la petite, dans Het Nieuwsblad, va dans cette direction : “Quand nous roulions sur l’autoroute, un premier tir a été entendu. La camionnette s’est alors arrêtée. Mais quand les gens sont sortis, un policier a tiré une deuxième fois. Mon mari pouvait éviter la balle. Mais Mawda, qui était dans mes bras, n’a eu aucune chance” Alexis Deswaef, le président de la Ligue des droits de l’Homme, a déclaré à juste titre : “Je crains également que les policiers commencent à penser qu’ils peuvent faire plus que ce que la loi exige. Ils entendent aussi ce que Jambon dit. S’ils optent pour une approche dure, ils savent que le ministre les protégera toujours’’.

    On ne fuit pas pour rien

    Les parents de Mawda viennent du Kurdistan irakien. Ils tentaient de se rendre en Angleterre, mais se sont retrouvés dans un camp de réfugiés près de Dunkerque, d’où ils ont cherché un moyen de traverser. Pourquoi ont-ils quitté l’Irak en 2015 ? “Nous ne voyions pas d’avenir en Irak. Si les choses se passent bien une journée, les bombes peuvent retomber le lendemain’’.

    C’est la réalité dans de nombreux pays touchés par la guerre : de l’Afghanistan à l’Irak, de la Syrie à la Somalie en passant par la Libye. Quel avenir reste-t-il dans ces pays ? La politique d’asile de ce gouvernement vise à déshumaniser les réfugiés : elle ne se penche pas sur les raisons pour lesquelles les réfugiés sont partis de chez eux, et encore moins sur la manière dont sont nées ces circonstances. Les décennies de pillage néocolonial ainsi que d’interventions et de guerres impérialistes ont entraîné un désespoir gigantesque. Alors que l’argent ne manque pas pour mener la guerre, il n’y en a pas pour la reconstruction. Ce terreau est fertile pour les conflits sectaires et les seigneurs de guerre. De là découle la problématique des réfugiés. Francken prétend vouloir arrêter la migration, mais il reste aveugle et sourd aux raisons pour lesquelles les gens laissent tout derrière eux dans l’espoir de trouver un avenir ailleurs.

    Les autorités belges ne sont pas exemptes de responsabilités. Elles ont participé à diverses interventions militaires et le gouvernement veut maintenant libérer des milliards d’euros pour l’achat de nouveaux avions de combat qui peuvent par exemple être utilisés dans des guerres au Moyen-Orient. Le prix de revient de ces avions de combat a déjà été calculé – nous n’avons pas besoin de Van Overtveldt pour cela – il s’agit de 15 milliards d’euros.

    La droite essaie de faire croire que ce que veut la gauche, c’est plus de réfugiés. A gauche, pourtant, on se rend bien compte que personne ne fuit pour son plaisir. La gauche a toujours été à l’avant-garde de la résistance contre la guerre en Irak, par exemple. Pour notre part, nous avions à l’époque prévenu que cette intervention impérialiste transformerait le Moyen-Orient en une bombe à retardement aux conséquences désastreuses, y compris dans les pays occidentaux. Le soutien aux guerres, aux dictatures, aux pillages néocoloniaux, aux trafiquants d’êtres humains libyens ou aux tortionnaires soudanais ne fait qu’exacerber le problème. Trump en rajoute encore une couche avec ses multiples provocations au Moyen-Orient, ce qui n’a pas été sans incidence sur la violence du régime israélien contre les manifestants palestiniens. La semaine dernière, cette violence qui a causé des dizaines de morts a reçu le soutien du président de la N-VA, Bart De Wever. Partout dans le monde, la droite fait des ravages et laisse des ruines derrière elle. Quiconque se montre solidaire des victimes de cette politique est lui-même criminalisé.

    Mettre fin aux politiques inhumaines

    La politique d’asile qui prévaut actuellement doit être combattue et renversée. Ce qu’il faut, c’est la régularisation des personnes sans-papiers, la défense du droit au logement pour tous, l’abolition des centres fermés pour étrangers, la liberté de circulation, la fin des expulsions et de la criminalisation des personnes sans-papiers, la fin du racisme et de l’hypocrisie de l’État ainsi que le respect des droits fondamentaux tels que l’accès aux soins médicaux et à l’éducation.

    Evidemment, nous n’obtiendrons rien comme cadeau de la part de ce gouvernement de droite dure. A l’heure actuelle, toute réforme exige une lutte révolutionnaire. Les revendications qui précèdent doivent aller de pair avec une lutte soutenue pour l’unité de tous les travailleurs contre l’austérité et le racisme, pour une société débarrassée de toutes les formes de discrimination. Ce système de misère et d’exploitation, nous le rejetons. Il repose sur la guerre et le pillage néocolonial qui ne laissent d’autres choix à d’innombrables personnes que de risquer leur vie et de fuir. Construisons un rapport de forces de lutte et de solidarité vers l’instauration d’une société socialiste démocratique, sans exploitation et concurrence impitoyable, où les leviers de l’économie seraient aux mains de la population, sous son contrôle et sa gestion démocratiques.

    La manifestation spontanée de ce vendredi soir fut une bonne première étape. Le 10 juin est une autre date importante : il y aura ce jour-là une manifestation nationale des sans-papiers. Nous devons nous organiser, nous mobiliser, continuer les protestations et construire les forces qui peuvent permettre de faire voir le jour à une alternative anticapitaliste.

    Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons mettre fin aux guerres, aux pillages néocoloniaux, aux politiques d’asile répressives, à la violence policière mortelle, etc. La terrible mort de Mawda doit nous inciter à nous battre plus fortement et plus résolument contre les politiques actuelles. Ce n’est peut-être pas très réconfortant pour les parents de Mawda, mais c’est le seul moyen de rendre des situations similaires impossibles à l’avenir.

  • Solidarité avec Mounir et Jiyed! Contre le racisme du gouvernement, la solidarité des travailleurs

    Lors de la journée de grève de la CGSP du 27 février, le piquet de grève de l’hôpital Brugmann à Bruxelles s’est montré solidaire de Mounir et Jiyed.

    Vendredi 9 février, en fin d’après-midi, des artistes se trouvaient à l’ASBL Globe Aroma (maison des arts) pour préparer une exposition pour le soir-même au centre d’expo ‘‘Carte de visite’’, en plein centre-ville de Bruxelles. Sept sans-papiers ont alors été arrêtés et emmenés au Commissariat Fédéral, cinq d’entre eux seront relâchés dans la nuit, deux envoyés au 127bis, le centre fermé bruxellois.

    Par Pietro, Bruxelles

    Un cap supplémentaire a été franchi dans la lutte frénétique du gouvernement fédéral contre les personnes migrantes, les sans-papiers et réfugiés, ainsi que contre tous les travailleurs et maintenant contre les associations culturelles et sociales.

    Ce soir-là, plusieurs combis de policiers ont débarqué dans l’ASBL, en prétextant une opération conjointe de la police fédérale, de l’office des étrangers et du ministère de l’intérieur nommé ‘‘belfi’’ dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la radicalisation.

    D’après les témoignages, il semblerait que l’attention de la direction ait été détournée par le contrôle administratif de l’inspection sociale ce qui a permis que les policiers puissent mener une opération de contrôles et d’arrestations des personnes à l’intérieur de l’ASBL.

    Voilà la mise en pratique de la politique de ce gouvernement, qui utilise les contrôles sociaux des ASBL ou l’excuse de lutte contre le terrorisme pour criminaliser et terrifier les migrants et les travailleurs sociaux. Le gouvernement montre son vrai visage raciste via ses méthodes brutales contre les migrants.

    Il s’agit là d’un changement qualitatif dans la politique de répression raciste envers les sans-papiers et les migrants. Alors que le gouvernement propose de faire voter une loi sur les visites domiciliaires, les sans-papiers ne sont déjà plus en sécurité dans les associations !

    Pour appliquer leur politique, Michel et Franken utilisent les migrants comme boucs émissaires afin de diviser la population et de semer le racisme et la peur dans le but de poursuivre son offensive austéritaire contre les jeunes, les travailleurs et les pensionnés.

    Pour le gouvernement, les seuls problèmes dans la société sont les immigrés, les syndicats et les plus démunis, pas la soif de profits ainsi que les actionnaires qui ne contribuent pas à la richesse collective.

    Mounir : ‘‘Fier d’être travailleur’’

    Parmi les deux sans-papiers enfermés, l’un est Jiyed, l’artiste qui devait présenter ses œuvres au centre d’exposition et qui n’a pas pu s’y rendre. L’autre est Mounir, un militant syndical du Comité des Travailleurs avec et Sans-Papiers de la CSC, actif en Belgique depuis une dizaine d’années.

    Mounir, qui a participé aux mouvements de 2008, a été régularisé par la circulaire de 2009 via le critère travail. Il a travaillé pour Abay Construct, un sous-traitant d’Atalian Cleaning Services SA, un sous-traitant du Foyer anderlechtois de juin 2008 à décembre 2012. Il était payé en-dessous du salaire minimum et n’a pas perçu 4 mois de salaire. Il a perdu tous ses droits de séjour parce que l’employeur a profité des failles des procédures légales en matière d’occupation des étrangers.

    Au téléphone, Mounir nous affirme : ‘‘Je suis fier d’être un travailleur. On se bat aux côtés des autres camarades, pour pouvoir aussi contribuer à la sécurité sociale comme tout le monde. Mais les patrons nous exploitent et le gouvernement nous traite comme des criminels. Enfermer une poignée d’entre nous et continuer à exploiter des milliers d’autres ne résout la situation de personne. Mais je garde espoir, grâce à la solidarité et la mobilisation’’.

    Mounir est un cas parmi tant d’autres et nous dénonçons cette instrumentalisation des travailleurs ainsi que le dumping social inhérent au système de sous-traitance. C’est la logique du système capitaliste.

    Le Comité des travailleurs et travailleuses sans-papiers de la CSC et Mounir avaient mobilisé les délégués du secteur pour exiger sa réintégration ainsi que l’obtention d’un permis de travail qui aurait permis de régulariser sa situation.

    ‘‘Ce système d’exploitation est monnaie courante pour les quelques 100.000 travailleurs et travailleuses sans-papiers qui vivent en Belgique’’ nous explique Eva Maria Jimenez Lamas, permanente à la CSC Bruxelles-Halle-Vilvorde. ‘‘Ça arrange beaucoup les patrons abuseurs, même des opérateurs publics, de profiter de la législation pour avoir recours à la sous-traitance de statuts précaires, de travailleurs détachés, d’intérimaires, voire de sans-papiers. Vu l’absence d’emplois en suffisance, la concurrence entre les gens est tellement forte que les patrons se permettent de baisser les salaires et d’exposer l’ensemble des travailleurs à des conditions indignes. Ils profitent de la précarité liée à l’absence de titre de séjour valable. Nous nous battons tous les jours pour les droits de tous les travailleurs, pour des salaires et des conditions de travail décents pour toutes et tous. Car c’est dans l’intérêt de tout le monde, travailleurs et travailleuses d’ici ou d’ailleurs, intérimaires et salariés, d’avoir des normes élevées qui garantissent des droits égaux. C’est la seule arme contre le dumping sociale.’’

    Comment avancer?

    La seule réponse possible pour lutter contre le racisme de la politique de droite de ce gouvernement est de coupler la lutte pour les droits civiques, la régularisation des sans-papiers et un vrai droit d’asile au combat pour arracher les moyens nécessaires pour satisfaire les besoins de la majorité de la population, des jeunes et des travailleurs de ce pays, sans distinction.

    C’est sur cette base que le PSL a soutenu l’initiative du front commun syndical de mettre pression sur le premier ministre Charles Michel via un sit-in permanent au carrefour Arts-Loi à Bruxelles avec la présence des militants syndicaux et associatifs.

    De plus en plus de délégués syndicaux doivent être impliqués dans la lutte contre cette politique migratoire pour stimuler la solidarité de classe et exiger la libération de Mounir et de Jiyed. Le PSL demande la libération immédiate des militants sans-papiers, la suppression des centres fermés, la régularisation de tous les sans-papiers et soutient une grève du secteur culturel en solidarité. Ce n’est qu’avec la construction d’un rapport de force contre le racisme et les politiques d’austérité de ce gouvernement que nous pourrons construire les bases d’une nouvelle société.

  • Chine. La répression brutale frappe une nouvelle victime, un militant tibétain

    Une vidéo de neuf minutes réalisée par le New York Times et diffusée en 2015 pourrait coûter quinze ans de prison au militant tibétain Tashi Wangchuk qui tenait à avertir du recul de sa culture et de sa langue face au mandarin. Il n’est que la dernière victime d’une répression sans précédent au cours de laquelle des centaines de dissidents et de défenseurs des droits humains ont été arrêtés, enlevés, “disparus’’, torturés, contraints de comparaître dans des “aveux” télévisés et, dans de nombreux cas, condamnés à de sévères peines de prison destinées à dissuader d’autres personnes de contester la politique de Pékin.

    Via chinaworker.info

    Tashi, 32 ans, un commerçant de la préfecture tibétaine de Yushu, dans la province de Qinghai, a été arrêté deux mois après avoir témoigné à visage découvert dans un documentaire vidéo du Times. Il a été maintenu deux ans en détention secrète, puis jugé le 4 janvier de cette année pour “incitation au séparatisme”. La vidéo (voir lien ci-dessous) a été visionnée lors d’un procès de quatre heures à peine et, selon l’avocat de Tashi Wangchuk, il s’agissait de la principale ‘‘preuve’’ contre lui. Le tribunal doit encore prononcer sa sentence, mais on craint qu’il ne soit condamné à quinze ans de prison.

    Les tribunaux chinois sont étroitement contrôlés par le régime et ont un taux de condamnation qui avoisine les 99 % et même les 100 % dans le cas de procès politiques comme celui-ci. Des observateurs internationaux ont condamné la détention et le procès de Tashi Wangchuk, qu’Amnesty International qualifie de ” bidon” en se basant sur des “accusations fallacieuses et flagrantes”.

    L’affaire met également en lumière l’aggravation de l’oppression des minorités ethniques en Chine. Les Tibétains, les musulmans ouïgours et d’autres minorités, y compris les Kazakhs qui vivent pour la plupart également dans le Xinjiang et qui sont de plus en plus durement réprimés, sont confrontés aux discriminations, à la négation de leurs droits, à la répression et aux difficultés économiques les plus diverses. Cette situation déplorable s’étend également jusqu’à Hong Kong, région ‘‘privilégiée’’ et théoriquement ‘‘autonome’’.

    Depuis que des manifestations de masse ont éclaté au Tibet en 2008, la répression atteint des niveaux inédit au nom de la lutte contre le ‘‘séparatisme’’ et le ‘‘terrorisme’’. Dans sa courte interview vidéo, Tashi Wangchuk décrit le quotidien des Tibétains ordinaires comme étant ‘‘fait de pressions et de peur’’. Certains faits illustrent l’angoisse du peuple tibétain face aux politiques ultra-répressives de la Chine:

    – Il y a eu 140 immolations de contestataires depuis 2009, des manifestations désespérées contre la répression
    – Il existe plus de 1.800 prisonniers politiques tibétains, beaucoup d’entre eux sont en prison pour avoir tout simplement écrit ou parlé.

    >> Accéder à la vidéo du New York Times – “A Tibetan’s Journey for Justice”.

    Une approche non-révolutionnaire

    Tashi n’est manifestement pas un révolutionnaire ni un défenseur de l’indépendance tibétaine. Le journaliste du New York Times Johan M. Kessel, qui a réalisé ce film, affirme que Tashi lui a spécifiquement précisé durant leur rencontre qu’il ne soutenait pas l’indépendance. Comme beaucoup d’autres personnes ciblées par la répression de ces dernières années, il a simplement réclamé que le système connaisse des réformes au lieu de préconiser un changement politique plus radical voire même la chute de la dictature.

    Tashi Wangchuk a simplement plaidé – de façon pacifique – en faveur des droits garantis par la Constitution, comme l’a rappelé Sophie Richardson, directrice de Human Rights Watch China. ‘‘Si les autorités chinoises considèrent cela comme une incitation au séparatisme, il est difficile de dire ce qui ne l’est pas.’’

    Tashi s’est rendu à Pékin pour appeler à la restauration du bilinguisme dans l’enseignement pour que le tibétain soit enseigné à côté du mandarin. La langue tibétaine a subi le sort des autres langues minoritaires et a dans les faits été éliminée à tous les niveaux de l’enseignement primaire. Le tibétain, le mongol et la langue ouïgoure turque, par exemple, peuvent encore être étudiés mais sur la même base que l’anglais ou le français, c’est-à-dire en tant que langues “étrangères”.

    Ce n’était pas le cas dans le passé. Même au cours des années Mao – communément appelées “l’époque sombre” de la répression – la politique linguistique n’était pas aussi rigide et lourde. Il est évident que les politiques actuelles du régime chinois n’ont strictement rien à voir avec un véritable marxisme ou avec le socialisme. Prenons par exemple l’approche extrêmement sensible et démocratique de Lénine, dirigeant de la Révolution russe, sur la question linguistique. Comme il l’a écrit avant la révolution: ” (…) les marxistes russes disent qu’il ne doit pas y avoir de langue officielle obligatoire, que la population doit avoir accès à des écoles où l’enseignement sera dispensé dans toutes les langues locales, qu’une loi fondamentale doit être introduite dans la Constitution déclarant invalides tous les privilèges d’une nation et toutes les violations des droits des minorités nationales.” [V.I. Lénine, une langue officielle obligatoire est-elle nécessaire? Janvier 1914]

    L’affirmation du régime chinois actuel selon laquelle une seule langue officielle, le mandarin, est nécessaire pour faciliter le développement économique et l’intégration est une approche fausse et aveugle. Elle est le reflet d’une mentalité policière grossière qui considère que la coercition est la meilleure réponse pour tous les problèmes. De nombreuses sociétés économiquement développées disposent de systèmes éducatifs où s’épanouissent plusieurs langues, de la Suisse à Singapour. Mais les politiques linguistiques de Pékin ont été adaptées à son programme nationaliste.

    Fragmentation de la Chine

    Au cours de la dernière décennie, alors que les craintes de Pékin d’agitation massive et de fracturation de la Chine ont augmenté, des mesures répressives de grande envergure ont été mises en œuvre, en particulier dans les régions tibétaines et dans le Xinjiang à majorité musulmane. Des dizaines de milliers de policiers auxiliaires ont été recrutés, des établissements religieux ont été militarisés et un ‘‘État profond’’ sans précédent a été mis en place grâce aux dernières technologies de surveillance de masse. Ces méthodes sont testées dans les régions minoritaires pour être ensuite utilisées à l’avenir contre la majorité des Han chinois – contre des travailleurs en grève ou des manifestants contre la pollution.

    Les politiques linguistiques actuelles du régime sont contraires à la Constitution chinoise, qui garantit la liberté des minorités ethniques d’utiliser leur propre langue parlée et écrite. Ces clauses, comme beaucoup d’autres dans la Constitution (qui “garantissent aussi” les droits démocratiques et la liberté d’expression) sont dénuées de sens. C’est ce qui se trouve au cœur du prétendu “crime” de Tashi Wangchuk qui, comme le montre le documentaire du Times, s’est rendu à Pékin pour demander aux autorités de faire respecter les droits culturels constitutionnels du peuple tibétain.

    Son procès pour “incitation au séparatisme” envoie donc un message sans équivoque, mais peut-être pas celui que le régime chinois entend faire passer. Ce dernier veut démontrer sa force et sa détermination pour écraser l’opposition. Mais un autre message est également envoyé, que cela soit désiré ou non. Ce message, c’est qu’il est impossible de poursuivre la “réforme” au sein du système autoritaire chinois. Si vous réclamez des réformes, même très limitées, surtout si vous le faites publiquement ou si vous embarrassez la dictature en proposant une modification de sa propre constitution, vous serez puni avec la même malice que si vous défendiez une révolution. De cette façon, la dictature ne laisse qu’un seul chemin ouvert à ceux qui veulent et ont besoin de changement : le chemin de la révolution.

    Plutôt que de créer une “stabilité”, la répression sans précédent qui est à l’oeuvre dans les régions des minorités ethniques chinoises suscite un mélange explosif de désillusion, de peur et de colère. Tout cela fait du régime chinois le plus puissant promoteur des revendications d’indépendance nationale, comme il l’est devenu à Hong Kong. Avec de telles politiques, le pouvoir de la Chine n’est pas renforcé, mais plutôt affaibli à plus long terme. La vaine mission de Tashi Wangchuk à Pékin et la réaction du régime ont fait de lui un héros de la jeunesse tibétaine. Mais la jeune génération partagera-t-elle sa conviction qu’il est possible de faire entendre raison à Pékin ?

    Ce n’est qu’en construisant des organisations indépendantes de la classe ouvrière qui unissent les opprimés de toutes les ethnies dans une lutte commune qu’il est possible de vaincre la répression et le pouvoir arbitraire d’un régime dictatorial. Cela fait partie d’une lutte mondiale contre les inégalités grotesques, l’oppression nationale, la destruction de l’environnement, la guerre et l’occupation étrangère. Ces horreurs découlent de la nature du capitalisme mondial qui est un pilier majeur du régime prétendument ‘‘communiste’’ chinois.

  • Hong Kong : Seule la lutte de masse peut vaincre la répression

    Pas une semaine ne passe sans que la dictature chinoise n’intensifie sa pression sur Hong Kong

    Pékin entend accroître son contrôle politique et réprimer la culture de manifestations de masse en faveur de la démocratie à Hong Kong. Plus récemment, il a encore forcé le ton en appelant à l’application de l’article 23, une loi de sécurité nationale qui permettrait de criminaliser l’opposition au régime du Parti communiste (PCC).

    Article issu du site de la campagne “Stop repression in Hong Kong and China” – Signez la pétition !

    L’indépendance

    Ce 12 octobre, des actions de protestations ont eu lieu dans 23 villes à travers le monde afin de dénoncer la répression politique croissante à l’oeuvre à Hong Kong. Cette campagne est l’oeuvre de Global Solidarity – Stop Repression in Hong Kong & China, dans laquelle des membres du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, dont le PSL est la section belge) jouent un rôle clé. A Bruxelles, une délégation de membres du PSL s’est rendue au Hong Kong Economic and Trade Office (qui est directement géré par le Gouvernement de la Région administrative spéciale de Hong Kong de la République populaire de Chine).

    Le sentiment croissant pour l’indépendance parmi la jeunesse de Hong Kong a ébranlé le régime. La répression crée inévitablement un contrecoup, mais la dictature n’apprend pas et croit que la force et l’intimidation sont des solutions pour ses problèmes.

    Le soutien pour l’indépendance de Hong Kong n’a gagné un soutien massif qu’au cours de ces trois dernières années, en conséquence directe de la poigne qu’exerce Pékin, de l’énorme frustration qui a suivi l’échec des manifestations de 2014 (la « révolution des parapluies », en raison des parapluies utilisés pour se protéger des gaz lacrymogènes, un mouvement de masse qui a duré plusieurs semaine à l’automne 2014) et de l’autoritarisme de l’ancien chef de l’exécutif de Hong Kong Leung Chun-ying. Ce n’est pas pour rien que Leung est devenu connu sous le sobriquet de «père de l’indépendance de Hong Kong».

    On dit que la définition de la folie est de faire la même chose encore et encore en attendant un résultat différent. La réponse de la dictature est de réprimer encore plus fortement. Ses hommes de main à Hong Kong, comme Leung et son successeur Carrie Lam, ont éjecté les élus indépendantistes du Legco (le Conseil législatif de Hong Kong) et ont persécuté de nombreux militants, certains ayant été contraints à l’exil. Une attaque plus large a ensuite été lancée contre le mouvement démocratique.

    Les localistes (favorables à l’autonomie de Hong Kong) n’ayant aucune idée de la manière de mobiliser et d’organiser une lutte politique sérieuse et étant handicapés par une idéologie de droite raciste, ils se sont révélés constituer une cible très facile à réprimer pour Pékin. L’effondrement organisationnel du localisme n’a toutefois pas été synonyme de fin des idées indépendantistes. Au contraire, le sentiment anti-Chine se renforce, tout particulièrement parmi la jeunesse. Qui cela surprendra-t-il ?

    La loi sur le respect de l’hymne national

    La riposte du gouvernement a été d’accroitre la répression et d’accentuer les menaces. Le 1er octobre, le pseudo-parlement chinois, l’Assemblée nationale populaire, a adopté une nouvelle loi sur l’hymne national imposant des peines sévères pour tout ‘‘acte d’outrage’’ pouvant aller jusqu’à trois ans de prison. La loi sera copiée dans les statuts de Hong Kong dès que l’ANP pourra modifier sa Loi fondamentale (qui sert de constitution à Hong Kong).

    L’establishment de droite pro-Pékin – des politiciens qui ont ouvertement appelé à ce que les défenseurs de l’indépendance soient «tués comme des cochons et des chiens» – veut que la loi soit appliquée rétroactivement. Cela frapperait de vieilles «infractions», puisque la plupart des cas de supporters de football hongkongais huant l’hymne chinois lors de matches ont été filmés. Cela permettrait à la police et aux procureurs d’engager des poursuites en vertu de la nouvelle loi. Davantage de policiers et d’agents de police infiltrés sont envoyés aux matches de l’équipe de Hong Kong pour y enregistrer les actes « criminels ».

    Il s’agit d’un gaspillage monstrueux de l’argent public et de ressources policières. Au même moment, le crime réel du vol de milliards et de la manipulation de contrats des autorités dans le but d’enrichir une élite corrompue aux frais du public reste impuni.

    Un terrain d’essai

    Le contrôle de Xi Jinping sur le régime chinois étant maintenant apparemment cimenté, Pékin a l’humeur triomphante jusqu’à l’excès. L’économie, nous dit-on, s’est «stabilisée» et l’influence politique mondiale de la Chine s’étend. Hong Kong est donc devenu un terrain d’essai pour le régime de Xi, qui représente l’élite milliardaire chinoise, pour démontrer l’étendue de son pouvoir.

    L’actuel série de mesures antidémocratiques vise à briser le mouvement démocratique à Hong Kong en attaquant ses sections les plus radicales et orientées vers la lutte comme Long Hair (de son vrai nom Leung Kwok-Hung) et la Ligue des Sociaux-Démocrates (LSD) tout en faisant pression sur les démocrates modérés pour qu’ils se prosternent, acceptent que la démocratie totale n’est «pas négociable» et se distancient davantage des manifestations de masse.

    Les dirigeants pro-démocratie ont joué un rôle de frein majeur sur la lutte pour la démocratie en insistant aveuglément sur l’obtention d’un compromis avec un régime intransigeant. Ils redoutent la lutte de masse et participent aux manifestations démocratiques pour freiner le mouvement et empêcher les «radicaux» de prendre l’avantage.

    Mais même ceux qui veulent en finir avec la lutte et accepter les conditions de Pékin comprennent bien que cela leur ferait perdre tout soutien parmi les masses. Ces pressions peuvent prendre de l’ampleur au cours de la prochaine période avec le regain de vigueur du régime pour l’article 23.

    L’article 23

    Toute une série de personnages officiels chinois et de politiciens pro-Pékin ont appelé le gouvernement de Carrie Lam à relancer l’article 23, spectaculairement vaincu en 2003 en raison d’une opposition publique massive. Rao Geping (considéré en Chine comme un expert de Hong Kong, membre du Comité chinois de la Loi fondamentale) a récemment déclaré que le recours à cette législation était « affaire d’urgence ».

    Les commentaires publics de Carrie Lam montrent qu’elle est moins enthousiaste. Elle insiste sur le fait qu’elle se chargera du retour de l’article 23 lorsqu’il y aura une «atmosphère sociale convenable». Elle est bien consciente de l’histoire de Hong Kong et du mouvement explosif de 2003, même si Pékin dédaigne de tels «détails». Ce mouvement a mis fin à la carrière de son prédécesseur Tung Chee-hwa.
    En commentant les hésitations de Lam, le chroniqueur du South China Morning Post, Alex Lo, a déclaré que l’article 23 pourrait déclencher « une conflagration politique qui ferait ressembler les manifestations [de 2014] Occupy à un jeu d’enfant ».

    Pékin pousse à l’adoption de plus de mesures répressives à Hong Kong. Les dirigeants officiels du mouvement pour la démocratie se voient contraints de s’y opposer verbalement, sans offrir aucune piste, aucune stratégie et aucun programme pour riposter et vaincre ces attaques sans précédent contre les droits démocratiques.

    Le 20 août dernier, alors que 140.000 personnes manifestaient pour protester contre l’emprisonnement de 16 jeunes militants, les démocrates modérés ont été contraints de se joindre à la marche – mais ils ne l’avaient pas appelée. Cette marche gigantesque a été initiée par quatre groupes plus petits et plus radicaux, parmi lesquels le LSD et des activistes de la circonscription des Nouveaux territoires du Nord-Est. Cet exemple illustre la manière dont un mouvement de masse peut rapidement se doter de nouvelles organisations et d’une nouvelle direction dans le feu de l’action. Le plus important est de disposer d’une idée claire de ce qu’il convient de faire.

    Les choses n’étaient pas différentes en 2014, lorsque les occupations de masse du mouvement des parapluies ont éclaté d’en bas, initiées par des jeunes et des étudiants ignorant les «leaders» tels que ceux de la campagne Occupy Central, qui désiraient limiter la lutte. Occupy Central a été créé par des modérés et des intellectuels libéraux proches des leaders pan-démocratiques pour leur donner le contrôle du mouvement et couper la voie aux alternatives plus radicales. Les dirigeants d’Occupy Central ont refusé de soutenir les grèves et les manifestations des étudiants qui ont pourtant déclenché le mouvement des parapluies.

    Pour que le mouvement démocratique se réorganise et résiste efficacement aux attaques de Pékin, il doit tenir compte de ces leçons. La combativité ne manque pas parmi les Hongkongais. Mais une direction combattive est nécessaire pour offrir une stratégie claire au lieu de démobiliser et de continuellement refroidir les espoirs.

    Les dirigeants pan-démocratiques, avec leur attachement au capitalisme, un système qui a besoin de la dictature chinoise et qui bloque toute tentative de déstabilisation de son pouvoir, rejettent une telle approche combative. Ils optent toujours pour le «compromis» par opposition à la lutte.

    Un nouveau mouvement démocratiquement contrôlé par la base est nécessaire, en reposant sur la classe ouvrière et en faisant appel aux masses en Chine – dont le mécontentement grandit – pour faire cause commune contre la dictature.

    Un parti de masse des travailleurs qui attirerait à lui les couches les plus combatives du mouvement pour la démocratie pourrait relier ce combat à celui visant à en finir aux salaires de misère, à accorder à chacun un logement décent et à augmenter les investissements publics dans les soins de santé et l’éducation.

    C’est la même élite anti-démocratique – les magnats capitalistes et les fonctionnaires du PCC – qui bloque toute solution face à ces  problèmes. L’instauration de politiques socialistes, liées à la démocratie immédiate et complète, sont le seul moyen de gagner.

  • Stop à la répression à Hong Kong! Libération des prisonniers politiques!

    Ce 12 octobre, des actions de protestations ont eu lieu dans 23 villes à travers le monde afin de dénoncer la répression politique croissante à l’oeuvre à Hong Kong. Cette campagne est l’oeuvre de Global Solidarity – Stop Repression in Hong Kong, dans laquelle des membres du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, dont le PSL est la section belge) jouent un rôle clé. A Bruxelles, une délégation de membres du PSL s’est rendue au Hong Kong Economic and Trade Office (qui est directement géré par le Gouvernement de la Région administrative spéciale de Hong Kong de la République populaire de Chine).

    La plongée de Hong Kong dans la répression et l’autoritarisme a choqué à travers le monde. L’année dernière, et surtout depuis que Carrie Lam est devenue Chef de l’exécutif en juillet 2017, Hong Kong subit un tsunami de répression, avec l’emprisonnement de 16 jeunes militants du mouvement pro-démocratie, dont des dirigeants reconnus du ‘‘Mouvement des parapluies’’ de 2014, et l’évincement de six parlementaires élus. Il est possible que plus de procès aient lieu et que des sentences encore plus lourdes tombent.

    Ainsi, les droits démocratiques hongkongais, durement acquis, sont en train d’être mis en pièce pour les intérêts de la dictature chinoise, qui par ailleurs est en train de mener l’opération de répression la plus grave et la plus violente depuis l’écrasement du mouvement de masse de 1989.

    Le gouvernement, qui clame ‘‘maintenir l’État de droit’’, se discrédite lui-même en utilisant les tribunaux à des fins de répression politique. Cela fait partie d’un plan qui vise à détruire les libertés politiques et démocratiques dont jouit spécifiquement Hong Kong. Le régime chinois se sent évidemment menacé par la lutte de masse pour la démocratie à Hong Kong. Il a peur qu’elle s’étende à la Chine continentale et serve d’inspiration pour exiger plus de droits démocratiques tels que la liberté d’expression, la tenue d’élections libres, de vrais droits syndicaux ou encore la liberté d’association.

    Participez vous aussi, signez la pétition !

    Exprimez votre pleine solidarité avec la lutte pour les droits démocratiques à Hong Kong, en Chine et à travers le monde !

    Avec la pétition suivante, les signataires appellent à la libération des prisonniers politiques et à la fin de la répression gouvernementale. Ils s’opposons à l’évincement des parlementaires – d’après des prétextes fallacieux (prestation de serment « hypocrite ») – dont l’objectif est clairement de tenter de compenser les pertes électorales suite aux élections législatives de 2016 et d’éliminer plus de parlementaires radicaux.

    Il est habituel pour les gouvernements chinois et hong-kongais de rejeter les critiques internationales sous prétexte qu’elles seraient de « l’ingérence » de « forces étrangères ». Notons que les signataires de cette pétition ne sont pas des représentants des gouvernements ou des privilégiés. Ils représentent le peuple : des mouvements civiques, sociaux et ouvriers qui se battent pour les opprimés et les laissés pour compte. C’est donc avec la voix des gens ordinaires, qui transcende les frontières nationales, que nous appelons à la fin de la répression politique à Hong Kong.

    Des centaines de militants à travers le monde ont déjà signé cette pétition. Vous aussi, signez-là et faites de même avec votre organisation, votre syndicat, votre association,…

    Stop à la répression à Hong Kong – libérez les prisonniers politiques !

  • Une attaque contre l’un d’entre nous est une attaque contre nous tous

    Action de protestation à l’ambassade irlandaise, 23 avril 2017. Photo : Socialisme.be

    Parler de la répression d’Etat fait tout d’abord penser à des pays tels que la Turquie ou le Maroc, des régimes autoritaires qui persécutent quotidiennement leurs opposants. Mais la tendance des élites dirigeantes à renforcer leurs outils de répression pour faire face à la contestation sociale est bien plus générale. En France, la ‘‘Loi travail’’ avait poussé des centaines de milliers de personnes dans les rues à plusieurs reprises en 2016. La répression avait été féroce et, aujourd’hui, les procès de militants se succèdent tandis que les manifestations contre les violences policières s’enchaînent, notamment autour du cas du jeune Théo qui révélait sur BFMTV, début février : ‘‘Je l’ai vu prendre sa matraque : il me l’a enfoncée dans les fesses, volontairement’’.

    Par Nicolas Croes

    En Belgique, à l’occasion de la journée internationale contre les violences policières (le 15 mars), la Coordination des sans-papiers et la campagne ‘‘Stop Répression’’ s’étaient associées pour dénoncer la répression policière et le racisme d’État lors d’une manifestation. Le texte de plateforme dénonçait à juste titre la manière dont de nouvelles mesures sécuritaires adoptées par le gouvernement Michel sont utilisées pour criminaliser les sans-papiers et réprimer le mouvement pour leur régularisation.
    Ainsi, le 19 septembre dernier, l’évacuation du collectif la Voix des Sans Papiers à Molenbeek s’est déroulée avec des dispositifs policiers sans précédent, avec hélicoptère et armes lourdes, pour déloger quatorze personnes désarmées! La campagne posait très justement la question suivante : ‘‘Avec cette instrumentalisation de la notion de terrorisme, qui nous dit que demain un syndicaliste ne pourra pas être également condamné pour incitation au terrorisme parce qu’il s’oppose aux réformes injustes du gouvernement??’’ A ce titre, le procès contre les manifestants de Jobstown en Irlande peut constituer un dangereux précédent.

    Jobstown not guilty

    L’Irlande a récemment connu une lutte titanesque contre une taxe visant à en finir avec la gratuité de l’eau dans le pays. Comme l’expliquait le quotidien français Le Monde (10 février 2015) : « Alors que les premières factures doivent tomber en avril et coûteront plusieurs centaines d’euros par an aux ménages, les campagnes appelant au non-paiement sous le mot d’ordre ‘‘No way, we won’t pay’’ (‘‘pas question, on ne paiera pas’’), essaiment à travers le pays. Du jamais vu depuis l’indépendance en 1922. Pas même au plus fort de la crise financière. Car l’eau cristallise tout le reste. Coupes dans les dépenses publiques, baisse des salaires, augmentation des impôts : la rigueur budgétaire – dont le pays est officiellement sorti en octobre – a demandé trop d’efforts aux Irlandais. Le taux de chômage a certes baissé, mais avoisine toujours les 10,7 %. Et, alors que le gouvernement les serine avec la reprise économique, une grande partie des 4,5 millions d’habitants n’en ressent toujours pas les effets’’. ‘‘Les 99 % de gens ordinaires voient qu’on fabrique une reprise pour les 1 % de riches aux dépends du reste de la population qu’on continue à saigner’’, tance Paul Murphy. Le député a encore sa carte au Parti socialiste (trotskiste), qu’il a intégré à l’âge de 18 ans.’’

    L’article avait été publié au lendemain de l’arrestation excessivement musclée de Paul Murphy et de divers activistes opposés à la taxe sur l’eau le 9 février qui avaient participé à un sit-in devant la voiture de la vice Première Ministre, en 2014, dans la localité de Jobstown (près de Dublin). Avec leur détention provisoire, l’establishment irlandais visait à criminaliser le mouvement social et à affaiblir la résistance à la taxe sur l’eau. Depuis lors, les autorités ont été forcées de reculer et la loi a été suspendue. Mais l’establishment tient à sa revanche et ces activistes sont aujourd’hui inculpés de ‘‘séquestration’’ !

    L’un d’entre eux, âgé de 15 ans au moment des faits, a d’ailleurs été condamné à l’automne dernier. Les 18 autres, tous adultes, ont leur procès le 24 avril prochain. Ils sont menacés de longues années d’emprisonnement. Parmi eux, se trouve Paul Murphy, député irlandais de l’Alliance Anti-Austérité (AAA, devenue depuis lors Solidarity) et du Socialist Party, tout comme Mick Murphy et Kieran Mahon, conseillers municipaux de Solidarity.

    Le message est clair. C’est une tentative d’intimidation de toutes celles et tous ceux qui veulent résister à ses politiques et lutter pour une autre société : ‘‘courbez l’échine ou vous risquez la prison’’. S’il advenait qu’ils soient condamnés, ça serait un véritable recul des droits démocratiques à manifester en Irlande. Un pas supplémentaire pour faire taire le mouvement ouvrier et social et essayer de le briser. Mais ce serait aussi un précédent alarmant pour les luttes sociales à travers l’Europe.

    Une campagne de soutien, d’abord en Irlande, mais aussi au niveau international, s’est organisée autour de #JobstownNotGuilty (Jobstown non-coupable), rejointe depuis lors par Jean-Luc Mélenchon (candidat de la France Insoumise aux élections présidentielles), Angela Davis (militante des droits de l’homme, professeur de philosophie et militante communiste américaine), Noam Chomsky (linguiste et intellectuel anticapitaliste), Yanis Varoufakis (ancien ministre grec des Finances),…

    En Belgique, elle a été rejointe par Eric Toussaint (CADTM), Peter Mertens (président du PTB), Michel Genet (Directeur Politique d’ECOLO), Zoé Genot (députée régionale ECOLO, Présidente de groupe au parlement régional bruxellois), Muriel Gerkens (députée fédérale ECOLO), Rudy Janssens (Secrétaire fédéral CGSP Bruxelles), Silvio Marra (ancien délégué FGTB des Forges de Clabecq),…

     

  • Irlande. L’Etat veut museler la campagne Jobstown Not Guilty

    Les accusés de Jobstown sont apparus bâillonnés à l’Assemblée pour la justice. Photo: Jobstown Not Guilty

    L’Assemblée pour la justice défie les tentatives visant à réduire l’opposition anti-austérité au silence

    Le 29 mars dernier, un nouvel événement dramatique a vu le jour dans le cadre de l’offensive autoritaire de l’État irlandais.

    Par Danny Byrne, Comité pour une Internationale Ouvrière

    Cette offensive vise à criminaliser l’opposition et les actions de protestation, tout particulièrement l’emblématique manifestation de Jobstown contre la taxe sur l’eau et l’austérité qui a retardé la voiture de la vice-première ministre Joan Burton durant une courte période au cours d’une visite du quartier ouvrier de Jobstown, à Dublin, en 2014. Pour avoir participé à cette manifestation, 18 personnes – parmi lesquelles le député de Solidarity (anciennement Anti-Austerity Alliance) et membre du Socialist Party (section irlandaise du Comité pour une Internationale Ouvrière) Paul Murphy et d’autres membres du Socialist Party – font face à des accusations forgées de toutes pièces pour «false imprisonment» (détention arbitraire ou séquestration). Le procès devrait débuter le 24 avril et, en cas de condamnation, les accusés sont passibles d’une peine de prison à vie.

    C’est en réponse à cet outrage que la campagne «Jobstown Not Guilty» (Jobstown Non Coupable) a été créée, afin d’exiger l’abandon des charges et de mener une campagne publique pour défendre la vérité au sujet de ce qui est arrivé lors de cette manifestation de Jobstown, en défendant l’innocence des accusés.

    La campagne a mobilisé une large solidarité en distribuant quantité de tracts expliquant la vérité sur cette affaire et en mobilisant pour un rassemblement – une «assemblée pour la justice» – à Dublin le 1er avril. Les personnes issues de la classe ouvrière ont été indignées par cette attaque flagrante contre le droit de mener des actions de protestation et contre la lutte historique contre la taxe sur l’eau et l’austérité. Le soutien dont bénéficie la campagne est très large.

    Les autorités saisies de peur

    Cette campagne et la menace d’une entrée en action de la classe ouvrière et de sa radicalisation représentent un cauchemar pour l’establishment. Les autorités avaient espéré trainer les accusés de Jobstown devant les tribunaux et ensuite les envoyer en prison rapidement, en faisant le moins de bruit possible. A mesure que la campagne gagnait en élan et en écho, des centaines d’affiches annonçant la «l’Assemblée pour la justice» déployées à travers le centre-ville de Dublin, les autorités ont été saisies de peur, elles voulaient désespérément faire taire ceux qu’ils visent à envoyer injustement en prison.

    Le 29 mars, le «directoire des poursuites pénales» (DPP) a convoqué les accusés au tribunal sous les 24 heures pour leur signifier que la campagne Jobstown Not Guilty violait l’intégrité de la cour. Il a cherché à étendre les conditions de mise en liberté des accusés en leur interdisant de participer à la campagne, d’assister à des événements de protestation et même de se prononcer sur l’affaire en public ou sur les médias sociaux ! L’idée est bien entendu d’interdire aux accusés de sensibiliser le public au sujet de cette attaque historique contre le droit de protester.

    Le DPP a demandé que les accusés soient contraints de respecter ces restrictions faute de quoi ils seraient immédiatement emprisonnés. Cela leur signifierait de passer sous les verrous toute la période qui nous sépare du procès et pendant le procès lui-même, qui devrait s’étaler sur au moins six semaines. Présenter aux accusés un tel ultimatum, et un préavis de 24 heures, était clairement une tentative de les forcer à se soumettre.

    Ces derniers ont toutefois fait preuve d’une remarquable détermination, en indiquant clairement qu’ils estimaient totalement inacceptables ces conditions draconiennes, qu’ils les refusaient et qu’ils étaient prêts à aller en prison pour défendre leur droit de proclamer leur innocence face à ces accusations inventées de toutes pièces.

    Il s’agissait d’une tentative d’en finir avec la campagne Jobstown Not Guilty, de briser la dynamique autour de l’Assemblée pour la justice et de miner l’efficacité de la campagne d’information. Mais les choses se sont toutefois retournées contre l’establishment de toutes les façons possibles.

    Le député Paul Murphy a déclaré le 30 mars, avant la tenue de l’Assemblée pour la Justice : ‘‘Nous avons réagi à cette dernière attaque contre le droit de protester comme nous le faisons toujours : en exerçant ce droit. En conséquence de cela, le DPP a abandonné sa demande d’extension des conditions de mise en liberté sous caution. Au lieu de cela, nous avons pris l’engagement limité que si nous allions assister à l’Assemblée pour la justice et y prendre la parole, nous ne mentionnerons pas le procès. D’autres auraient à parler de notre campagne. Dès que cette assemblée sera terminée, nous serons libres d’à nouveau mentionner le procès, tant que nous n’interférons pas avec l’administration de la justice, ce qui n’a jamais été notre intention. Nous continuerons notre implication active dans la campagne d’information Jobstown Not Guilty.’’

    Cela signifie que l’Etat ayant eu un aperçu de l’indignation de masse suscitée dans les 48 heures par cette demande du DPP, a préféré – temporairement au moins – éviter d’imposer ces nouvelles conditions draconiennes de caution. Tout cela illustre de manière plus limpide que jamais la nature antidémocratique de cette affaire.

    L’Assemblée pour la Justice

    Le 1er avril, plus de 700 personnes se sont réunies dans le très emblématique local syndical ‘‘Liberty Hall’’ de Dublin. Ce fut une brillante démonstration de force, un défi militant envoyé vers les couloirs du pouvoir.

    L’événement a été ouvert par l’arrivée des accusés, alignés et portant des baillons, qu’ils ont ensuite déchiré et jeté à terre sous les applaudissements. L’événement a été électrique, une effusion massive de colère, de solidarité et de détermination, avec une solide participation ouvrière. Des figures de renom des médias, de la culture et du sport ont rejoint à la tribune des syndicalistes, des militants du droit au logement et des socialistes.

    Paddy Hill, des fameux «6 de Birmingham» et Paul Murphy se sont distingués par leurs contributions lors de ce meeting de 3 heures constamment ponctué d’ovations. Paddy Hill a fait 16 ans de prison après avoir été condamné à perpétuité avec 5 autres Nord-Irlandais pour des attentats commis dans des pubs de Birmingham en 1975. Il s’agissait d’une affaire montée de toutes pièces par les autorités britanniques et leurs condamnations ont été annulées en 1991.

    L’après-midi a réuni différents courants de résistance ainsi que différentes communautés et luttes ouvrières conscients de la pertinence et de l’importance de cette lutte historique.

    Quelque chose de pourri dans l’Etat ?

    L’establishment est embourbé dans la crise, son autorité et sa crédibilité sont gravement compromises. Les forces de police sont tout particulièrement au centre de celle-ci. Ces derniers mois, les actualités n’ont pas manqué d’histoires consacrées à la corruption et au népotisme qui sévit au sommet de la police, la commissaire en chef Noreen O Sullivan étant spécialement en ligne de mire.

    Mais l’éléphant dans le magasin de porcelaine, celui qui se trouve au centre de toutes ces crises, c’est l’affaire Jobstown. La même commissaire de la Garda (la police irlandaise) a été directement impliqué dans ce cas et a mis en place une équipe de 4 Gardai qui ont travaillé durant des mois pour tenter de criminaliser la protestation de Jobstown. Une opération d’espionnage a été lancée – l’opération Mizen, sous la direction du mari de la commissaire! – pour essayer de salir Paul Murphy et d’autres personnes impliquées dans la protestation de Jobstown et le mouvement plus large contre la taxe sur l’eau… Des millions d’euros puisés dans l’argent des contribuables ont été gaspillés pour s’en prendre à 18 activistes.

    La hiérarchie de la Garda a ensuite divulgué que les manifestants allaient être accusés de détention arbitraire avant même que l’accusation n’ait été faite aux activistes.

    Les accusés de Jobstown sont les victimes d’une sombre machine d’État qui perd le peu de respect et de légitimité dont elle dispose encore parmi la classe ouvrière et la jeunesse. À l’Assemblée pour la justice, Paul Murphy a défendu l’approche du Socialist Party selon qui une force de police alternative véritablement démocratique est un besoin de plus en plus pressant. La campagne Jobstown Not Guilty veut exposer la véritable nature de l’appareil répressif de l’État irlandais aux yeux de milliers de travailleurs et de jeunes réveillés par la lutte.

    Une nouvelle phase de conflits sociaux

    L’offensive de l’État sur le droit de protester et de s’organiser se produit au moment où les luttes sociales reprennent de plus belle. Une nouvelle phase de conflit social et de grèves s’ouvre en Irlande. Le 31 mars, le jour où les accusés de Jobstown contestaient au tribunal l’avis du DPP, le pays a connu une grève générale des transports, les travailleurs des chemins de fer et des autobus entrant ensemble en action en solidarité avec les grévistes de la société de bus Eireann, en grève depuis plus de dix jours maintenant. Les luttes ouvrières connaissent un renouveau, les travailleurs du secteur des transports ayant rejoint ceux de la vente au détail, de l’enseignement et d’autres encore qui sont entrés en lutte avec des méthodes de plus en plus combatives.

    Si l’establishment parvient à ses fins avec ce procès, ce qui signifie qu’une protestation pacifique pourrait être considérée comme une détention arbitraire, de telles actions pourraient faire face à de pareilles accusations. Le droit de faire un piquet de grève ou même de manifester dans un centre-ville en retardant le trafic est menacé.

    Une délégation de grévistes des transports en commun s’est d’ailleurs rendue en uniforme de son piquet de grève à l’Assemblée pour la Justice et a été accueillie avec certainement une des plus grandes acclamations de l’événement. L’un des principaux activistes syndicaux du conflit s’est adressé à la foule présente, de même que Jimmy Kelly, dirigeant du syndicat UNITE.

    Une lutte décisive

    Nous ne sommes encore qu’au début de ce combat qui peut être déterminant pour la suite de la lutte de classe en Irlande. Le Socialist Party, qui est membre de Solidarity – The Left Alternative (anciennement Anti Austerity Alliance) est au centre d’événements très significatifs qui peuvent constituer un tournant pour le développement d’une nouvelle gauche socialiste combative de masse. Notre vision socialiste du changement révolutionnaire a été le fil rouge d’une grande de l’événement de samedi, elle peut gagner l’oreille de beaucoup plus de gens dans les mois à venir.

    Nous luttons pour réunir les luttes et les revendications de Jobstown Not Guilty, du mouvement féministe de masse pour le droits à l’avortement (toujours interdit en Irlande) et de la marée montante des luttes ouvrières en un mouvement politique visant à remplacer l’establishment décadent et la classe dirigeante irlandaise corrompue et arriérée par une réelle démocratie socialiste.

    La classe ouvrière et la jeunesse, en Irlande et au-delà, devraient rendre hommage à Jobstown ; une petite communauté ouvrière courageuse, militante et déterminée. Cette communauté se tient aux côtés des accusés et lance un défi à la répression et à l’intimidation des autorités. Cela mérite l’attention et la solidarité des travailleurs, des syndicalistes, des jeunes et des socialistes à travers le monde.

  • Manifestation: tous unis contre la répression!

    Mercredi 15 mars, 17h, Bruxelles, Gare Du Nord

    À l’occasion de la journée internationale contre les violences policières, la Coordination des sans-papiers et la campagne Stop Répression s’associent pour dénoncer la répression policière et le racisme d’État lors d’une manifestation qui aura lieu à Bruxelles ce 15 mars 2017.

    Contrôles au faciès, injures racistes, coups, passage à tabac… Toutes ces violences, loin de ne représenter que quelques bavures isolées, nous montrent que la violence policière est un phénomène réel et systémique, passé sous silence et restant trop souvent impuni.

    Ces derniers mois, suite aux attentats de Bruxelles et de Paris, le gouvernement belge a décidé dans la précipitation, de la mise en place de toute une série de mesures sécuritaires et de lois liberticides et racistes qui transgressent les fondements de la démocratie. Dans ce contexte post attentat, les exactions commises par la police prennent de plus en plus d’ampleur. L’instrumentalisation de la peur permet aux pouvoirs publics de mettre en place des politiques sécuritaires qui nous plongent dans une surveillance de masse et bafouent nos droits fondamentaux. Nous sommes face à un véritable Patriot Act européen, qui, loin de réduire les violences, ne fait qu’exacerber les divisions parmi la population et le sentiment d’injustice.

    Le déploiement de l’armée dans nos rues, le « plan canal » qui renforce les effectifs policiers et la surveillance généralisée (augmentation du nombre de caméras dans les rues et fichages des personnes suspectées de radicalisation), dans les zones considérées comme « sensibles », nous donnent le sentiment que l’Etat mène une guerre contre sa propre population.

    L’évacuation du collectif la Voix des Sans Papiers, le 19 septembre à Molenbeek, qui s’est déroulée avec des dispositifs policiers sans précédent (hélicoptères et armes lourdes) pour déloger quatorze personnes désarmées est symptomatique de la manière dont ces mesures sont utilisées par le gouvernement pour criminaliser les sans-papiers, en les faisant passer pour des terroristes potentiels. Nous pouvons aussi constater une intensification des rafles opérées dans les quartiers populaires et dans des zones d’exploitation des travailleurs sans-papiers notamment à Matongé et Saint Josse.
    Avec cette instrumentalisation de la notion de terrorisme, qui nous dit que demain un syndicaliste ne pourra pas être également condamné pour incitation au terrorisme parce qu’il s’oppose aux réformes injustes du gouvernement ?

    Ces récentes mesures sécuritaires renforcent le contrôle, les abus policiers et la criminalisation envers les migrants et les sans-papiers, ainsi que d’autres catégories de personnes désignées comme « dangereuses » : jeunes de quartiers, musulman. e. s, racisé. e. s,… ­Cette politique répressive, largement véhiculée à travers les médias, est menée contre ceux que l’on désigne comme « l’ennemi intérieur ». Elle est utilisée par les dirigeants pour masquer leur incapacité à répondre aux vraies causes de l’insécurité : l’augmentation des inégalités par la mise en place de mesures d’austérité qui précarisent l’ensemble de la population.

    Les politiques sécuritaires et liberticides des gouvernements mettent en danger les droits et les libertés de toutes et tous. Ne nous laissons pas aveugler et diviser par la peur. Unissons-nous pour stopper ces mesures autoritaires qui ne résolvent rien et ne font qu’alimenter l’exclusion et la violence engendrée par notre société.

    Lors de la manifestation du 15 mars, nous réclamerons :

    – Fin de la criminalisation des sans-papier, régularisation pour tous
    – Retrait des mesures racistes et liberticides
    – Retour des militaires dans les casernes

    => Evénement Facebook

    Premiers signataires:

    • Coordination des sans-papiers Belgique
    • JOC
    • MOC
    • Bruxelles Pantheres
    • JAC /LCR
    • EGA / PSL
    • Cellule d’Observation et d’Ecoute Citoyenne (COEC)
    • Comité des parents contre les violences policières à Molenbeek
    • Change asbl
    • Alternative libertaire Bruxelles
    • ESG asbl
    • USE Bruxelles
    • CADTM
    • Cellule d’Observation et d’Ecoute Citoyenne (COEC)
    • Bruxelles Zone Antifasciste
    • JEUNES FGTB
    • JEUNES CSC
    • ECOLO J
    • JOCI
    • Les Equipes Populaires
    • CNAPD
    • Commission Justice et Paix
  • Le plus grand procès politique en Irlande depuis des décennies: Soutenez les activistes de Jobstown!

    En Irlande, 19 militants sont actuellement menacés d’être condamnés à la suite d’une série de procès politiques. Parmi eux se trouve un député (Paul Murphy, Anti Austerity Alliance) ainsi que trois conseillers locaux de l’Anti-Austérity Alliance. L’establishment irlandais a subi une défaite dans la lutte contre une taxe visant à en finir avec la gratuité de l’eau, il cherche maintenant à se venger des dirigeants du mouvement de contestation. La solidarité internationale avec les accusés et les protestations contre ces procès politiques qui débuteront en avril sont très importants. Voici ci-dessous quelques explications ainsi qu’un exemple de lettre de protestation à envoyer en Irlande.

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    Protester n’est pas un crime ! Jobstown not guilty

    Dix-neuf militants sont actuellement aux prises avec une série de procès suite à leur implication dans l’une des centaines d’actions opposées à l’introduction d’une taxe sur l’eau en Irlande. Au cours de l’une d’entre elle, une action spontanée de novembre 2014, la voiture de la vice-Première ministre Joan Burton a été bloquée durant deux heures et demi. Des centaines de riverains avaient saisi l’occasion de sa venue dans leur quartier pour exprimer leur colère contre cet impôt qui s’ajoutait à toutes les mesures antisociales adoptées depuis la crise.
    Depuis lors, l’un des manifestants, un mineur âgé de 15 ans au moment des faits, a été reconnu coupable de “séquestration”. Il semble que ces procès visent à faire un exemple tout en essayant de criminaliser les militants dans la perspective de futures mobilisations.

    L’un des accusés est le député Paul Murphy, élu au parlement irlandais au point culminant de la lutte contre la taxe sur l’eau en tant que candidat de l’Alliance Anti-Austérité (AAA), une des organisations activement impliquées dans la lutte contre ce nouvel impôt aujourd’hui suspendu en raison des mobilisations. Tout d’abord assistant parlementaire de Joe Higgins, élu au Parlement européen en 2009, il a remplacé ce dernier lorsqu’il a remporté un siège au Parlement irlandais en 2011. Paul a notamment été membre du bureau du groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne / Gauche verte nordique. Il a participé à l’organisation de la solidarité avec de nombreuses causes internationales, notamment avec les luttes du mouvement des travailleurs grecs contre les Memoranda européens. En 2011, Paul Murphy a aussi participé à la « Flottille de la Liberté » qui visait à apporter des médicaments aux Gazaouis. L’armée israélienne avait pris d’assaut le navire à bord duquel il se trouvait et il fut arrêté et détenu, de même que plusieurs autres activistes. Il est le seul député européen à avoir séjourné dans les geôles israéliennes.

    Non à la criminalisation de la protestation

    Nous avons aussi vu en Belgique diverses tentatives de criminaliser les protestations, notamment en restreignant le droit de grève. Lors de la grève nationale appelée par la FGTB le 24 juin 2016, le secrétaire de la Centrale Générale Bruno Verlaekt avait été arrêté tandis qu’une impressionnante force de police avait brisé un à un les quatre piquets de grève organisés par la centrale générale dans la zone portuaire. Les politiciens de droite ne manquent pas de projets de loi visant à éroder le droit de grève. D’autre part, ces dernières années, les Sanctions administratives communales (SAC) ont sévèrement réduit la liberté d’action des jeunes et des activistes.

    La société néo-libérale est sous pression, sa seule réponse est l’intimidation et la criminalisation des mouvements sociaux naissants. Cela doit servir d’avertissement aux futurs activistes.

    Cette tendance est internationale, nous devons y répondre internationalement également sous le slogan «an injury to one is an injury to all».

    Les procès des activistes de Jobstown peuvent constituer un important précédent. Nous redoutons des condamnations de plusieurs mois et même plusieurs années d’emprisonnement. Ce ne serait pas une nouveauté. En 2003, des militants avaient déjà été emprisonnés un mois en Irlande pour avoir organisé des manifestations. Cette affaire représente un test important pour le gouvernement. Elle déterminera dans quelle mesure ce dernier pourra continuer à faire payer la crise aux masses. En Irlande et à l’étranger, elle déterminera dans quelle mesure les activistes pourront repousser ces attaques.

    Que pouvez-vous faire ?

    Vous trouverez ci-dessous un modèle de lettre de modèle protestation internationale à utiliser si vous estimez que le droit de protester, arraché par la lutte internationale du mouvement des travailleurs, est un des droits démocratiques les plus fondamentaux et qu’il doit être défendu en conséquence. Vous pouvez également faire parvenir cet appel à la solidarité à vos connaissances.

    Envoyez votre lettre à
    Frances Fitzgerald TD, Deputy Prime Minister and Minister for Justice and Equality, Ireland
    Dept. of Justice and Equality
    51, St. Stephen’s Green, Dublin 2, D02 HK52, Ireland
    Phone: 00353 1 602 8202
    Email: minister@justice.ie

    Avec une copie à
    JobstowNotGuilty : jngcampaign@gmail.com
    Socialist Party info@socialistparty.net

    Pour plus d’informations :

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    [Date]

    Exemple de lettre de protestation

    [Nom, Prénom]
    [Fonctions (éventuellement)]
    [Adresse Email]

    Frances Fitzgerald,
    Dept. of Justice and Equality,
    51, St. Stephen’s Green,
    Dublin 2,
    D02 HK52
    Ireland
    Phone: +353 1 602 8202
    Email: minister@justice.ie

    Chers Vice Premier Ministre et Ministre Fitzgerald,

    J’ai pris connaissance de la condamnation d’un étudiant de 17 ans pour séquestration de l’ancien Tanaiste Joan Burton TD. J’estime que cette condamnation ainsi que le fait que 18 autres personnes doivent être jugées l’année prochaine pour avoir protesté contre la taxe sur l’eau dans la communauté de Jobstown à Tallaght (Dublin) sont des erreurs judiciaires honteuses.

    Les actions de sit-in qui mettent en retard des politiciens font partie de la structure des droits démocratiques que la population a gagnée au cours des ans. Cette affaire est une très grave atteinte au droit de protester de la part de l’État et du système judiciaire irlandais. Il s’agit d’une « recette pour le totalitarisme», comme l’a expliqué l’avocat de l’étudiant déjà jugé, de même qu’une criminalisation des protestations et des communautés ouvrières.

    Il est scandaleux que des gens puissent subir de longues peines de prison et qu’un parlementaire démocratiquement élu puisse être renvoyé du Parlement. Je demande que la condamnation du jeune de 17 ans soit annulée et que les accusations contre les 18 adultes inculpés soient immédiatement abandonnées.

    [Signature]

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