Tag: Répression

  • Scandale à Bruxelles. Les antiracistes sont arrêtés et l’extrême droite peut manifester

    collectifKrasnyi

    La semaine dernière, environ 400 hooligans menés par l’extrême droite avaient tranquillement été escortés par la police jusqu’à un rassemblement en hommage aux victimes des attentats de Bruxelles place de la Bourse. Sur leur chemin, un magasin d’alimentation avait été attaqués par plusieurs d’entre eux.

    Une fois arrivés au rassemblement, ils ont brutalement perturbé l’hommage aux victimes par leurs slogans haineux, leurs saluts fascistes, leurs coups et leurs bousculades, notamment pour dégager les gens qui se trouvaient sur les marches de la Bourse afin de prendre leur place. Lorsque la police est enfin intervenue pour les faire reculer à coups d’autopompe, cela a donné lieu à des scènes d’émeute et du matériel urbain a été détruit. Tout cela n’a entraîné qu’une petite dizaine d’arrestations.

    Dans les jours qui ont suivi, un appel international à manifester à Molenbeek a été lancé par le groupuscule d’extrême droite français « Génération Identitaire », ce à quoi a répondu un appel à la mobilisation antiraciste et antifasciste. Les autorités ont ensuite décidé d’interdire les rassemblements et « Génération Identitaire » a demandé de ne pas se rendre à leur rendez-vous via vidéo. Les antiracistes devaient quant à eux se réunir pacifiquement devant la Bourse, devenu lieu d’hommage permanent depuis le jour-même des attentats.

    Là-bas, la police a procédé à plusieurs dizaines d’arrestations sans le moindre ménagement et à la tête du client, sans que rien n’ait été fait, pas même le déploiement d’une banderole ! Les agents disaient aux antiracistes et aux participants à l’hommage « allez-vous en, ou alors nous vous embarquons ! »

    Pendant ce temps, une trentaine de militants d’extrême droite (dont notamment Rob Verreycken, responsable de Pegida Vlaanderen) ont pu se réunir à Dilbeek et se diriger ensuite vers Molenbeek. Sept d’entre eux à peine ont été arrêtés à Molenbeek et du pepper spray a été retrouvé dans une voiture.

    A quel jeu joue donc la police ? Nous protéger ? Elle est incapable d’arrêter les terroristes mais n’a pas de problème à bafouer nos droits démocratiques. La police se trouve-t-elle plus en confiance pour s’en prendre à des militants antiracistes pacifiques que pour s’occuper des réactionnaires d’extrême droite,  européens ou salafistes ?

    Les événements de cette journée ainsi que ceux de la semaine dernière constituent de sérieux avertissements quant au danger de l’extrême droite et de ses tentatives de récupération des attentats terroristes de Bruxelles. Ils démontrent également que nos droits démocratiques comme le droit de se réunir et de mener une action collective ne doivent pas être tenus pour acquis. Le mouvement des travailleurs et la jeunesse doivent se mobiliser et riposter contre l’extrême droite et les tentatives de brider la résistance sociale.

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    Reportage-photo de Liesbeth:
    Antiracistische wake verstoord door de politie // Liesbeth

  • Il nous faut une autre société !

    Manif_jeunesUn monde sûr. C’est l’un de ces besoins fondamentaux de l’être humain qui ne peut visiblement être garanti dans notre société. Jusqu’ici, les formes les plus brutales de violence, la guerre et le terrorisme, sévissaient au loin. Cela a changé. Comme le médecin Marc Van Ranst l’a déclaré dans le quotidien De Morgen: ‘‘Il est illusoire de penser qu’il est possible de mener la guerre avec des F-16 à des milliers de kilomètres d’ici et espérer que cette même guerre ne glisse jusqu’ici. En semant des bombes au Moyen-Orient, il faut s’attendre à des attaques sur le front intérieur. On n’obtient pas la paix en jetant de plus en plus de bombes.’’

    Par Bart Vandersteene, article tiré du supplément à l’édition d’avril de Lutte Socialiste consacré aux attentats de Bruxelles // Edition spéciale de Lutte Socialiste en version PDF

    Parions que la réponse des politiciens classiques sera un cocktail de mesures visant à renforcer l’armée, la police et l’Etat sécuritaire. Une grande partie de la population estime qu’il s’agit de la réponse la plus logique. Mais le déploiement de centaines de soldats dans les rues, les aéroports et les gares s’est révélé impuissant contre la menace terroriste.

    L’opposition aux mesures sécuritaires est considéré comme naïve ou laxiste. Guy Tegenbos, rédacteur en chef du quotidien flamand De Standard, s’est lancé dans le débat le 23 mars déjà : ‘‘Les détecteurs de métaux et autres mesures de ce type sont monnaies courantes à l’étranger, mais on les a appliquées ici du bout des lèvres. (…) Certains considéraient que déployer des soldats visait juste à épater la galerie.’’ Résister à la militarisation de la société, cela signifierait de ne pas prendre au sérieux la sécurité.

    C’est tout l’inverse. La politique du ‘‘Law and Order’’ a déjà été appliquée aux États-Unis. C’est un échec. Ce pays comprend le pourcentage de population incarcérée le plus élevé au monde. Alors qu’il représente 5% de la population mondiale, il contient 25% de la population carcérale. Le budget du système pénitentiaire représente l’équivalent de celui de l’enseignement supérieur. Toutes sortes de délits mineurs, même tenir un joint, entrainent l’emprisonnement. Et un casier judiciaire est un énorme fardeau pour l’avenir.

    Dans une telle société, le rôle de la police est de plus en plus répressif. Ici aussi, son rôle n’est plus sa fonction sociale (à l’image des agents de quartier) mais de plus en plus la répression. A Anvers, un grand bâtiment a été construit afin de rassembler les divers services de police en réalisant des économies d’échelle, mais aussi pour transférer du personnel des commissariats de quartier vers plusieurs unités d’intervention. Des bureaux et services de quartier à la fonction préventive et sociale ont été sacrifiés pour des ‘robocops’.

    Cette politique a-t-elle rendu plus sûrs les États-Unis ? Pas du tout. Est-ce que cela a stoppé le terrorisme ? Pas vraiment. Entre 2001 et 2014, 108.924 décès consécutifs au terrorisme ont eu lieu à travers le monde, dont plus de 3.000 aux États-Unis et 420 en Europe.

    Un enfant afro-américain né aux États-Unis sur quatre finira un jour en prison. Le candidat de gauche aux présidentielles américaines Bernie Sanders a expliqué que la seule solution était d’assurer à la jeunesse de bons emplois et un enseignement de qualité. Les problèmes sociaux nécessitent des réponses sociales. Un programme massif d’investissements publics dans les écoles, les logements sociaux,… permettrait de combler les différentes pénuries sociales tout en créant des milliers d’emplois. Cela donnerait une perspective d’avenir à chacun.

    Seul un contrôle démocratique sur la police exercé par la collectivité et le mouvement des travailleurs peut assurer que la police soit utilisée efficacement, en fonction des intérêts de la majorité de la population.

    Cela exige de rompre avec le système capitaliste dans lequel la soif de profits d’une infime élite de super-riches cause la guerre, le terrorisme, les catastrophes environnementales, la crise des réfugiés, etc. Nous défendons la construction d’un système reposant sur le contrôle démocratique et la propriété publique des moyens de production afin qu’ils soient utilisés dans l’intérêt de la majorité de la population.

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    Soc_tractNotre journée “Socialisme 2016” accordera un large espace à la discussion sur la sécurité et à la situation au Moyen Orient (voir le programme complet).

    11h00 – 12h00 MEETING D’OUVERTURE : Ne laissons pas le débat sur la sécurité à la droite !

    • Tina Degreef Secrétaire LBC (équivalent flamand de la CNE/CSC, parlant en son propre nom)
    • Eric Byl Secrétaire général du PSL/LSP
    • Cédric Gerome Représentant du CIO (Comité pour une Internationale Ouvrière)

    13h00-15h00 Divers ateliers dont un intitulé : “Guerre et terreur au Moyen-Orient: Comment en sortir?” Avec Cédric Gerome CIO

  • Plus de 500 personnes manifestent contre la répression

    mediactivista_STOPrep

    Hier, plus de 500 personnes ont répondu à l’appel de la campagne “stop-répression” initiée par les JOC (Jeunes Organisés et Combattifs), parmi lesquels un bon groupe groupe de sans-papiers et d’habitants des quartiers populaires, pour la 5e manifestation annuelle contre les violences policières. Le cortège, très varié, a fait des arrêts réguliers pour des témoignages de victimes de répression et de violence policière, pour donner une voix et un visage à ceux et celles qu’on criminalise et qu’on voudrait rendre invisibles.

    “Comment les contrôles au faciès (qui furent mis en lumière par celui subit par l’acteur Zouzou Ben Chikha à Gand), les injures racistes et la violence gratuite de la police peuvent-il améliorer notre sécurité? Cela n’engendre-t-il pas au contraire un climat de violence tout en renforçant l’aliénation des jeunes confrontés au phénomène?” nous sommes-nous demandés dans notre déclaration concernant cette manifestation.

    Nous avons conclu par ces phrases : “Nous devons ôter le contrôle de la police des mains des politiciens à la rhétorique martiale et répressive pour nous en prendre à la violence policière, à l’impunité face aux abus de pouvoir et à l’utilisation des forces de police contre nos piquets de grève et nos manifestations. Un contrôle démocratique sur la police exercé par la collectivité et les organisations du mouvement des travailleurs est nécessaire pour que celle-ci soit utilisé efficacement et à bon escient dans l’intérêt de la grande majorité. Bernie Sanders, le candidat de gauche à l’investiture démocrate pour les élections présidentielles aux Etats-Unis, défend dans ses discours qu’avec des emplois décents et un enseignement de qualité, on pourrait éviter qu’un afro-américain sur quatre connaisse la prison. Nous estimons nous aussi que la réponse est avant tout sociale. Un plan massif d’investissements publics pour la construction et la rénovation d’écoles, de logements sociaux,… permettrait de résorber les pénuries et de créer des dizaines de milliers d’emplois de qualité et socialement utiles pour offrir à chacun une perspective d’avenir.”

    Contre les violences policières, le racisme et la criminalisation de la contestation sociale – Pour un plan radical d’investissements publics et un contrôle démocratique de la collectivité sur la police!

    Manif stop répression // Liesbeth

    Reportage photo de PPICS:
    Manif stop répression // PPICS

  • La FGTB et la CSC exigent la libération d'un porte-parole des sans-papiers arrêté

    sp_lundiLe 2 mars dernier, Hamed Karimi a été à arrêté par la police à Etterbeek. Hamed est le porte-parole du collectif des sans-papiers afghans en Belgique. Il a notamment pris la parole au nom de la cause de la régularisation des sans-papiers en de nombreux rassemblements et congrès syndicaux. Il est aujourd’hui menacé d’expulsion. Le FGTB et la CSC ont publié un communiqué de presse commun pour le soutenir, et une manifestation est prévue aujourd’hui devant l’Office des Etrangers. Nous publions ce communiqué de presse ci-dessous.

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    Le porte-parole du collectif des Afghans risque l’expulsion

    Arrêté le mercredi 2 mars 2016 par 9 policiers à Etterbeek, emprisonné le jour même au centre fermé de Vottem, un travailleur afghan sans-papiers, Hamed Karimi, s’est vu refuser son recours en extrême urgence.

    Il est le porte-parole du collectif des Afghans et membre de la coordination des sans-papiers depuis décembre 2014.

    Son combat pour l’égalité entre les citoyens est connu. Il a pris la parole lors de nombreuses manifestations ainsi qu’au sein de congrès syndicaux. Il a négocié avec l’Office des étrangers la régularisation de dossiers de sans-papiers. Il est actif dans l’économie sociale dans les quartiers du centre-ville de Bruxelles.

    Hamed Karimi n’est pas le seul sans-papier à se faire exploiter par des patrons peu scrupuleux. Mais il a eu le courage de s’engager aux côtés des syndicats pour dénoncer un système qui nuit à tous des travailleurs avec ou sans papiers, à leurs conditions de travail et leurs salaires.

    Quand on arrête un porte-parole des sans-papiers, quand on criminalise un délégué syndical, quand on barricade le droit de grève, c’est pour faire taire la contestation sociale dans son ensemble. Et c’est le signe que la démocratie vacille.

    Pour ces raisons, La CSC et la FGTB condamnent fermement l’arrestation d’Hamed Karimi.

    Nous exigeons sa libération.

    Nous rappelons que la régularisation des sans-papiers sur base de critères clairs et permanents et la mise sur pied d’une commission de régularisation permanente sont les conditions qui permettront d’éviter la précarisation de plus de 150 000 personnes en Belgique.

    La CSC et la FGTB appellent leurs membres à se rassembler devant l’office des étrangers le lundi 14 mars à 13h pour exiger sa libération.

  • Contre les violences policières, le racisme et la criminalisation de la contestation sociale

     

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    Pour un plan radical d’investissements publics et un contrôle démocratique de la collectivité sur la police!

    15 mars, 18h, Gare du Nord à Bruxelles

    Ce 15 mars se tiendra pour la 5e année consécutive une manifestation contre les violences policières à l’initiative des JOC (Jeunes Organisés et Combatifs). Ces derniers mois, la presse a fait écho de plusieurs cas d’abus, de racisme et de violence commis par la police à Anvers, Bruxelles, Liège, Gand,… Les politiciens ne font rien pour endiguer le problème, que du contraire.

    Par Boris

    Le climat anxiogène consécutif aux monstrueux attentats de Paris a été saisi par le gouvernement de droite comme prétexte pour une répression accrue et pour s’en prendre aux droits démocratiques. La population de Molenbeek, et particulièrement sa communauté musulmane, a été stigmatisée. Le gouvernement n’hésite pas non plus à jouer la carte du racisme à l’encontre des réfugiés afghans, syriens et irakiens qui fuient le chaos et les guerres.

    L’approche des politiciens de droite comme de la ‘‘gauche’’ officielle concernant la problématique de la sécurité est la répression ; la discussion ne porte que sur la manière de la mettre en œuvre. Ils veulent plus de policiers, plus lourdement armés, dans les rues des communes les plus pauvres de Bruxelles et à Vilvorde. Cette réponse répressive ne peut apporter qu’un semblant de sécurité et de contrôle social, mais elle aussi se heurte au manque de moyens.

    Les quartiers aux abords du canal à Molenbeek représentent un désert social, avec des taux de chômage de 45 à 50% parmi la jeunesse suite à la désindustrialisation de la ville. Les enfants et les petits enfants d’ouvriers immigrés -la moitié de la jeunesse bruxelloise- sont particulièrement touchés par cette situation.

    La politique du gouvernement de droite aggrave le démantèlement social, les inégalités scolaires, les discriminations, l’exclusion sociale et la marginalisation de certaines couches de la population. Cela crée un cocktail explosif ainsi qu’un terreau propice au développement de la petite délinquance et de la criminalité. C’est aussi valable pour l’implantation de réactionnaires de tous poils. L’action collective dans les quartiers pauvres, à l’instar de ce qui se passe en entreprise, est nécessaire pour combattre le racisme et l’influence des idées réactionnaires parmi lesquelles le fondamentalisme religieux.

    Comment les contrôles au faciès (qui furent mis en lumière par celui subit par l’acteur Zouzou Ben Chikha à Gand), les injures racistes et la violence gratuite de la police peuvent-il améliorer notre sécurité? Cela n’engendre-t-il pas au contraire un climat de violence tout en renforçant l’aliénation des jeunes confrontés au phénomène?

    Ces violences restent pour la plupart impunies, comme l’a confirmé une récente condamnation prononcée par la Cour européenne des Droits de l’Homme envers la Belgique pour des policiers qui avaient obtenu un non-lieu devant les tribunaux pour coups sur mineurs. Les plaintes déposées au comité P (Comité permanent de contrôle des services de police) sont d’ailleurs souvent classées sans suite, cet organisme a notamment été sujet de critiques sévères de l’ONU, qui remet en cause son indépendance et son impartialité.

    Les mouvements sociaux ne sont pas en reste. Des policiers ont été déployés aux côtés d’huissiers de justice contre des piquets de grève. La pratique des agents provocateurs envoyés parmi des manifestants se généralise. Lors de la venue de Marine Le Pen à un meeting du Vlaams Belang en septembre dernier, notre service d’ordre avait dû faire sortir du cortège antifasciste des policiers masqués ‘‘déguisés’’ en manifestants. Le caractère combatif et non-violent de notre manifestation ne leur a pas laissé la marge nécessaire pour inciter aux débordements.

    Nous devons ôter le contrôle de la police des mains des politiciens à la rhétorique martiale et répressive pour nous en prendre à la violence policière, à l’impunité face aux abus de pouvoir et à l’utilisation des forces de police contre nos piquets de grève et nos manifestations. Un contrôle démocratique sur la police exercé par la collectivité et les organisations du mouvement des travailleurs est nécessaire pour que celle-ci soit utilisé efficacement et à bon escient dans l’intérêt de la grande majorité.

    Bernie Sanders, le candidat de gauche à l’investiture démocrate pour les élections présidentielles aux Etats-Unis, défend dans ses discours qu’avec des emplois décents et un enseignement de qualité, on pourrait éviter qu’un afro-américain sur quatre connaisse la prison. Nous estimons nous aussi que la réponse est avant tout sociale. Un plan massif d’investissements publics pour la construction et la rénovation d’écoles, de logements sociaux,… permettrait de résorber les pénuries et de créer des dizaines de milliers d’emplois de qualité et socialement utiles pour offrir à chacun une perspective d’avenir.

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  • La Commune d'Ixelles veut-elle faire taire les femmes?

    censure_56marsLe PSL menait campagne ce samedi en divers endroits de Bruxelles au sujet de la lutte pour les droits des femmes en vue de la Journée internationale des femmes du 8 mars. La campagne s’articule autour de notre journée de débats et de discussions du samedi 5 mars avec des féministes d’Irlande, de Cologne et de Belgique d’une part et, d’autre part, autour de la manifestation des femmes sans-papiers du 6 mars, ouverte à tous.

    La section d’Ixelles du PSL qui organisait sa campagne place Flagey, aux abords du marché, s’est vu interdire toute distribution de tracts et vente de notre mensuel, Lutte Socialiste, par la police. Un procès verbal en vue de nous adresser une SAC (sanction administrative communale) a été établi pour “distribution de tracts sans autorisation”.

    Sous prétexte d’atteinte à la civilité, le fourre-tout que représente les SAC, que nous combattons et dénonçons depuis longtemps, a une fois de plus montré à quel point il représente une atteinte à la liberté d’expression. Ce serait donc à la majorité MR-PS-Sp.a au pouvoir de décider de notre droit de distribuer ou non des tracts et de diffuser un journal politique?

    Cela est non seulement totalement contraire au règlement communal et à la Constitution, mais il s’agit aussi d’une grave atteinte à la liberté d’expression ainsi qu’à la liberté de presse dans un contexte où la contestation est progressivement muselée et où le droit de grève mis en danger.

    La défense du droits des femmes sera-t-elle considérée comme une incivilité par la commune d’Ixelles? L’autorité communale devra trancher cette question politique en confirmant ou en infirmant le PV de police en vue d’une amende SAC. Si une amende nous est adressée, nous la contesterons. Nous devons fermement réagir contre toute atteinte à nos libertés fondamentales.

    Le fait qu’on ait interdit le mouvement des femmes dans une commune dirigée par une bourgmestre montre aussi que l’émancipation des femmes de la classe des travailleurs ne se fera pas via quelques belles carrières de femmes des partis traditionnels. Ces partis appliquent une austérité brutale qui appauvrit la majorité des femmes et les rendent toujours plus dépendantes économiquement de leur conjoint. Nous devons lutter tous ensemble, homme et femmes, avec et sans-papiers pour un changement radical de société.

    STOP AUX SAC
    STOP A LA RÉPRESSION
    STOP A LA CRIMINALISATION DU MOUVEMENT SOCIAL ET SYNDICAL!

  • Grande-Bretagne. La police a infiltré le Socialist Party

    carloneri

    Hier, les sites internet du Guardian et de la BBC ont dévoilé hier que «Carlo Neri», tel que nous l’avons connu, a infiltré le Socialist Party de 2001 à 2006 pour le compte la Metropolitan Police’s Special Demonstration Squad (SDS, équipe spéciale d’intervention en manifestation de la police métropolitaine). Ce n’est malheureusement pas surprenant.

    Déclaration de presse du Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles)

    C’est très loin d’être la première révélation de ce type. En 2013, Peter Francis a révélé qu’il a également infiltré le Militant Labour, organisation qui est aujourd’hui le Socialist Party (et constituait à l’époque l’aile marxiste au sein du Parti Travailliste, NDT) au nom de la SDS. Francis a également admis avoir infiltré Youth Against Racism in Europe (YRE, Jeunes contre le racisme en Europe), une organisation de jeunesse démocratique dans laquelle nous avons été impliqués.

    D’autres preuves des tentatives répétées visant à espionner le Socialist Party ont été révélées en 2002 dans un documentaire de la BBC (intitulé “True Spies”) qui avait mis en lumière que la police du West Midlands avait espionné Dave Nellist, qui est toujours aujourd’hui membre du Socialist Party, au moment où il était député du parti travailliste en tant que Militant Labour.

    Lois Austin, membre du Socialist Party et porte-parole de Youth against Racism in Europe (YRE) et membre de la Commission d’enquête Pitchford sur les infiltrations policières :

    YRE_inflitration
    Une des nombreuses actions menées par YRE

    « Ce n’est là que la dernière de toute une série de scandales ayant révélé que la police a utilisé ses ressources afin d’infiltrer des organisations de gauche démocratiques. Une des principales campagnes de YRE concernait le meurtre de Stephen Lawrence (un assassinat qualifié d’être « l’un des plus évidents meurtres raciaux jamais résolu », NDT). Il a fallu 18 ans à la police pour condamner ses meurtriers (une enquête publique suite à ces évènement conduite sous la supervision du juge Macpherson en vint à conclure que la police était « institutionnellement raciste », NDT) mais nous voyons maintenant qu’elle consacrait ses ressources à l’espionnage de militants antiracistes, y compris en essayant de couvrir de boue la famille endeuillée de Stephen Lawrence.

    « En agissant de la sorte, la police a causé une détresse indicibles aux familles dont le nom des enfants décédés ont été utilisés par les agents infiltrés ainsi qu’aux femmes qui ont construit des relations avec ces hommes qui, à leur insu, étaient en réalité des agents de police sous couverture.

    « Il n’y avait aucune raison d’infiltrer YRE ou Militant Labour. Nous avons publiquement annoncé nos évènements, la police n’avait qu’à lire nos tracts et nos journaux ou à assister à nos réunions publiques pour savoir ce qui se passait. »

    L’ancien député Dave Nellist a ajouté :

    Former Coventry MP and staunch socialist Dave Nellist gave a rousing speech to the protesters. Picture by Jon Mullis 49.010.026.cov.jm7 (www.buyphotos247.com)
    L’ancien député de Coventry Dave Nellist

    « Quand sont apparues ces révélations concernant l’espionnage de la police, le gouvernement s’est vu forcé de réagir en mettant en place la Commission d’enquête Pitchford sur l’espionnage policier. Cela est le bienvenu, mais c’est insuffisant.

    « La Commission d’enquête de Lord Pitchford devra passer outre les tentatives de masquer la réalité. Il est injustifiable que des policiers infiltrés aient espionné un député démocratiquement élu en raison de sa défense d’opinions de gauche. Nous exigeons de connaître les noms de tous les agents « sous couverture », c’est la seule manière de découvrir la pleine mesure de ce qui s’est produit.

    « Nous exigeons également que le mandat de la Commission d’enquête soit étendu à l’Ecosse.

    « Mais à côté de cette Commission d’enquête, le mouvement des travailleurs et les syndicats doivent organiser leur propre enquête indépendante, composée de représentants du mouvement syndical et des groupes antiracistes et écologistes qui ont subi des infiltrations. Une telle enquête pourrait également aller au-delà du rôle de la police et aussi déterminer d’où provenaient les ordres et quel a été le rôle du gouvernement lui-même.

    « Nous refusons de dire que de telles infiltrations sont choses du passé. La surveillance des manifestants pacifiques a considérablement augmenté dans la période récente. Nous exigeons de savoir ce que les Carlo Neris d’aujourd’hui sont en train de faire.

    «Aujourd’hui, une nouvelle génération commence à s’impliquer dans des campagnes contre l’austérité, contre le racisme et contre la guerre. Quelle que puisse être l’ampleur des infiltrations policières, cela ne pourra pas empêcher ce fait. La remise en cause des intérêts que servent la Loi et la police, au côté de revendications visant à les rendre démocratiquement responsables, sera un aspect important des campagnes actuelles et futures. »

  • Attaques terroristes à Paris. Des victimes d’une spirale réactionnaire

    Les attentats de Paris ont causé la mort d’au moins 130 personnes ainsi que plusieurs dizaines de blessés graves. Cette brutale et barbare escalade de violence prend place dans une plus large spirale sanglante de guerre et de terrorisme. En deux semaines à peine, plus de 400 personnes ont été tuées dans des attentats commis à Paris, Beyrouth, Bagdad, Bamako ainsi que dans un avion de ligne russe au-dessus de l’Egypte. Le PSL et les Etudiants de Gauche Actifs expriment leur solidarité avec toutes les familles et les proches des victimes.

    En tant que marxistes, nous répondons au danger croissant du terrorisme et de la haine par la solidarité et l’unité de la classe des travailleurs à travers le monde. Provoquer une fois de plus la mort et la destruction au Moyen-Orient sous une pluie de missiles affectera bien entendu les combattants de l’Etat Islamique mais aussi la vie des civils : cela ne nous protègera pas contre l’organisation de nouveaux attentats odieux.

    Dossier de Michael (Gand) paru dans l’édition de décembre/janvier de Lutte Socialiste

    Bruxelles dans le collimateur

    Au lendemain des attentats de Paris, le degré d’alerte terroriste en Belgique a été élevé au niveau 3, ce qui signifie que certaines indications faisaient état de possibles attaques sur le territoire. Lorsqu’il est apparu que le réseau ayant organisé les attentats de Paris étendait ses ramifications jusqu’à Molenbeek, le gouvernement a relevé le niveau de menace pour Bruxelles à 4, invoquant une menace ‘‘précise et imminente’’ d’un ‘‘attentat tel que déroulé à Paris’’. Le métro et les écoles ont été fermés tandis que des soldats patrouillaient dans les rues et que des véhicules blindés étaient déployés. Des perquisitions ont été menées dans des dizaines de maisons à Molenbeek. Le Ministre de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA) a déclaré que l’opération continuerait jusqu’à ce que l’ensemble du réseau soit démantelé.

    Des attaques comme celles de Paris frappent des centaines de victimes innocentes. Il est compréhensible que la population craigne des attaques similaires en Belgique. Le thème de la sécurité ne doit pas être pris à la légère. Mais nous nous posons pas mal de questions quant à la façon dont le gouvernement s’y prend. La CGSP-Cheminots a, à juste titre, demandé pourquoi le trafic des métros a été arrêté mais pas celui des trains. Des hôtels de luxe se sont retrouvés avec des militaires à leur porte. Mais quand des conducteurs de bus ont demandé à percevoir une prime de risque, le ministre Weyts (N-VA) s’est immédiatement braqué. Tout le monde ne doit-il donc pas bénéficier de la même attention ?

    Le niveau de sécurité 4 a provoqué des pertes pour les employeurs. Pour les travailleurs indépendants de Bruxelles, la paralysie de la ville fut une catastrophe majeure. Était-ce la pression des employeurs qui a conduit à ce que le degré d’alerte passe à nouveau à 3 ? Cela poserait certainement question quant à la valeur des niveaux de menace. Tout cela avait-il pour but de sonder jusqu’où pouvait aller la répression et à quel point les droits démocratiques pouvaient être mis de côté? La situation a-t-elle été utilisée pour que certains politiciens puissent passer pour des dirigeants résolus?

    L’opposant à la politique d’austérité qui ose l’affirmer est réduit au silence ou traité d’irresponsable. Ce fut notamment le cas pour les grévistes du Hainaut le 23 novembre ou pour les manifestations dans le cadre du Sommet de l’ONU sur le Climat de Paris, en France et en Belgique.

    Pas de sécurité avec un désert social

    Mark Elchardus a fait en 2013 des recherches au sujet des opinions de la jeunesse en Belgique. Il est parvenu à la conclusion que les jeunes sont ‘‘enchainés à l’angoisse’’. Avant les dramatiques évènements de Charlie Hebdo, 69% des jeunes craignaient d’assister à une croissance du terrorisme en Europe. 83% estimaient que l’écart entre les riches et les pauvres n’allait faire que croitre. 77% ont déclaré qu’il sera nécessaire de combiner deux emplois à l’avenir, et seuls 16% des jeunes faisaient confiance aux politiciens pour leur fournir des réponses. L’étude en concluait que les jeunes sont des individualistes qui ne croient pas aux solutions collectives.

    C’est la peur de l’avenir qui transparait de ces chiffres, une crainte renforcée par l’austérité. Ce gouvernement ne protège pas nos conditions de vie, très certainement pas pour les travailleurs et pour les couches les plus pauvres ou marginalisées de la population.

    Un tel contexte de désespoir joue le même rôle que celui de l’humidité : on assiste au développement de moisissures, telle l’extrême droite. Le racisme trouve ainsi une porte d’entrée chez certaines franges de la classe des travailleurs. De la même manière, le courant particulièrement conservateur du salafisme, un fondamentalisme de droite de l’islam sunnite, peut trouver une entrée parmi des musulmans. L’extrême droite prétend représenter les intérêts des ‘‘autochtones’’ belges de la même manière que les fondamentalistes religieux prétendent défendre la population musulmane.

    La meilleure réponse à la rhétorique du diviser-pour-mieux-régner des divers courants de droite ainsi qu’à l’individualisme, au désespoir et à la division, c’est l’action collective. Toutes les divisions ont été surmontées grâce au plan d’action syndical contre l’austérité de l’automne 2014. Il a illustré à quel point de nombreux travailleurs ne font pas confiance au gouvernement, que soit pour assurer de bonnes conditions de travail, la sécurité d’emploi ou plus fondamentalement un bon avenir. A Gand, la jeunesse avait ouvert la voie avec deux mois de lutte collective et une grève des étudiants du secondaire, contre l’augmentation du minerval en Flandre et pour un refinancement public de l’enseignement. Aux piquets de grève et aux manifestations syndicales également, on a pu voir un bon nombre de jeunes syndicalistes qui ont dépoussiéré les meilleures traditions militantes du mouvement des travailleurs.

    La menace terroriste détourne désormais l’attention de l’agenda social, ce que le gouvernement utilise pour lancer de nouvelles attaques. Résister à l’austérité sera condamné comme étant un acte ‘‘irresponsable’’, tandis que la crainte justifiée qui vit parmi de larges couches de la population sera instrumentalisée. La politique d’austérité n’est pas synonyme de sécurité, au contraire. La lutte sociale est nécessaire pour que l’anxiété, la frustration et l’insécurité laissent place à la confiance et à la solidarité. Des mobilisations de masse qui soulignent nos intérêts communs peuvent balayer les divisions entretenues parmi la population.

    Lutter ne sera cependant pas assez. Il nous faut aussi une alternative à l’austérité pour briser les ‘‘chaînes de l’angoisse’’ du capitalisme, ce qui ne peut se faire que grâce à la lutte et à la solidarité pour une alternative de société contre la folie capitaliste.

    Une gauche trop laxiste, correcte pour le social mais qui fait fausse route pour la sécurité?

    La gauche est souvent critiquée car, dans les années ’90, elle n’aurait pas été suffisamment ‘‘répressive’’. La gauche aurait été naïve, n’aurait pas assez contrôlé les migrants et serait restée aveugle aux problèmes sociaux des quartiers les plus pauvres. Il est vrai que la social-démocratie a été laxiste en termes de résistance contre la dégradation des quartiers populaires à coup de politiques néolibérales ! Cela a créé un cocktail explosif où les idées réactionnaires trouvent leur entrée (voir notre article sur Molenbeek).

    Mais le radicalisme islamiste n’est ni un phénomène culturel ni un phénomène religieux. La première version du programme raciste en 70 points du Vlaams Blok n’abordait d’ailleurs qu’à peine la thématique de l’Islam. Par ailleurs, diverses études démontrent que 80% des jeunes gens qui se radicalisent via le salafisme n’ont pas été élevés dans des familles pratiquantes. La racine du problème ne se trouve ni chez les individus, ni chez les familles, ni dans la culture. Tout cela provient d’une société qui aliène les individus au point d’en faire des proies pour les idées réactionnaires. Les diverses couches de la population répondent différemment à des phénomènes similaires qui s’affectent mutuellement.
    Traditionnellement, le terrorisme est essentiellement issu de couches légèrement mieux loties, particulièrement quand elles sentent qu’elles subissent une discrimination ethnique, religieuse ou nationale et que leurs espoirs de promotion sociale sont bloqués par la crise. Ce cocktail explosif n’est pas créé par une politique de gauche. Cela n’a rien à voir avec la culture ou la religion, c’est le résultat d’une politique néolibérale antisociale dans laquelle ont trempé les sociaux-démocrates et les Verts et que le gouvernement de droite actuel renforce encore.

    Des partis de gauche comme le PTB ou le président du parti travailliste britannique Jeremy Corbyn soulignent à juste titre cette dégradation sociale de même que l’hypocrisie des gouvernements occidentaux qui entretiennent des liens étroits avec l’Arabie Saoudite. Mais il leur manque un appel à la résistance unitaire ainsi que la défense offensive d’une perspective socialiste dans la lutte quotidienne.

    Cela ne suffit pas de dire que nous ‘‘ne devons pas accepter d’avoir peur’’. Nous devons garder à l’esprit que la plupart des travailleurs sont en état de choc. Heureusement, à la différence de la Turquie ou de l’Irlande du Nord, nous ne sommes pas habitués à ce type de violence. Pour nous, dans ces circonstances, la gauche doit, dans un premier temps, développer ses réponses sur les lieux de travail, par le biais d’assemblées générales du personnel. Une fois que le pic du danger est passé, nous avons besoin de décompresser avec des manifestations de masse pour défendre notre programme contre l’austérité et pour un avenir décent pour chacun.

    De cette façon, l’espoir d’un meilleur avenir peut dominer le débat et couper l’herbe sous le pied au désespoir, à la violence, au terrorisme et au fondamentalisme religieux. Avec des mobilisations qui défendent les intérêts communs des travailleurs indépendamment de la religion, de l’origine, du syndicat ou de la couleur de peau, il est possible d’isoler les prédicateurs de la haine tout en démasquant les instigateurs de la surenchère réactionnaire.

    Le terrorisme renforce les divisions

    Les fondamentalistes prétendent recourir à la violence pour défendre les intérêts de la population musulmane. Ils prétendent parler au nom de millions de pauvres et de réfugiés du Moyen-Orient et être en guerre contre les envahisseurs étrangers. Mais les objectifs des terroristes n’ont rien à voir avec les intérêts de la population ordinaire, cette dernière étant la première victime de leurs violences, que ce soit en Europe, en Asie, en Afrique, aux Etats-Unis ou au Moyen-Orient. C’est la menace permanente d’attentats similaires et d’autres actes de violence aveugle au Moyen-Orient qui se trouve à la base du flux de réfugiés vers l’Europe.

    La classe des travailleurs en payera le prix à travers le monde : une première fois en étant victime des attaques. Une deuxième fois avec l’augmentation des interventions impérialistes au Moyen Orient (comme l’a encore illustré le président français François Hollande), des attentats au Moyen-Orient ou de la répression dans les pays occidentaux. Et une troisième fois parce que le terrorisme rompt les liens de solidarité, et laisse la classe ouvrière orpheline et impuissante en sapant le potentiel d’une riposte collective de classe. Cette situation sera instrumentalisée par les compétiteurs réactionnaires de l’Etat Islamique en Europe, l’extrême droite, pour favoriser les préjugés racistes et mener des actes de représailles à l’instar des incendies de centres d’asile en Allemagne.

    Le terrorisme est une réponse réactionnaire à l’impérialisme, le revers d’une même médaille réactionnaire. Les marxistes doivent pouvoir y répondre. Si nous n’offrons aucune issue hors de ce système malade qui engendre ce cercle vicieux grâce à un programme anti-impérialiste et anti-terroriste, alors la voie est ouverte pour que l’extrême-droite, le fondamentalisme religieux et toutes les forces antisociales puissent se développer grâce à la peur et à la confusion. C’est pourquoi nous plaidons pour la construction d’un parti des travailleurs de masse indépendant qui dépasse les frontières religieuses et qui repose sur un programme de nationalisation sous contrôle ouvrier démocratique du secteur du pétrole et des autres secteurs clés de l’économie du Moyen-Orient, sur l’expansion des services publics, sur la création d’emplois décents et sur le droit à l’autodétermination des peuples.

    Une spirale de guerre et de terreur depuis l’Irak

    Les marxistes tentent de regarder les fondements de l’extrémisme religieux, les causes profondes qui déterminent si une religion est utilisée ou non pour prêcher la terreur. Les médias ne nient pas que le phénomène du radicalisme de droite, en particulier islamiste, a augmenté ces dernières décennies, mais ils refusent d’en tirer les conclusions nécessaires. C’est à peine si l’on parle de la ruine sociale causée par les guerres impérialistes pour le pétrole, les matières premières et le contrôle de la région.
    L’invasion de l’Irak en 2003 a néanmoins été un moment clé dans l’histoire récente du Moyen-Orient. Cette guerre a pu compter sur la résistance de millions de personnes à travers le monde. Le PSL n’a pas accordé de soutien à la politique de Saddam Hussein, mais a systématiquement défendu que les véritables enjeux de cette invasion étaient le contrôle du pétrole, la restauration d’une économie chancelante et les intérêts de l’industrie militaro-industrielle. Apporter la démocratie et la liberté, ce n’était que de la rhétorique, la ‘‘guerre contre le terrorisme’’ n’allait provoquer que plus de terreur. Ces avertissements se sont avérés tragiquement corrects.

    L’Irak n’a pas été reconstruit. La priorité n’était pas là. La dictature de Saddam a disparu, mais le désordre social a empiré. L’Irak était l’un des pays les plus armés de la région et dans les mois qui ont suivi l’invasion du pays, ce dernier fut traversé par de nombreux conflits. Différents groupes se sont battus sur les cendres du régime de Saddam Hussein et son héritage de pénuries sociales et de répression ethnique. Un conflit entre sunnites et chiites a éclaté. Voilà les racines de l’émergence de l’Etat Islamique sunnite.

    Depuis la guerre en Irak, la région est dans un état d’instabilité permanent. Les derniers régimes de pailles de l’impérialisme occidental, des dictatures amicales tels que les régimes du Golfe (Arabie Saoudite,…), la Tunisie, l’Egypte,… où la démocratie est sans importance, se sont retrouvés être des points cruciaux pour la stabilité et les intérêts des gouvernements européens et américains. Ces dictatures ont toutefois été sans cesse plus haïes par leur population.

    La vague révolutionnaire au Moyen-Orient et en Afrique du Nord qui a ébranlée ces dictatures ou les a fait chuter a également touché la Syrie. Les masses avaient la confiance de pouvoir prendre leur avenir en mains. Dans plusieurs de ces mouvements révolutionnaires, les divisions sectaires ou ethniques avaient disparu et le fondamentalisme religieux s’était retrouvé provisoirement relégué à l’arrière-plan parce que les masses avaient réalisé qu’elles avaient des intérêts identiques et qu’elles étaient plus fortes ensemble. Pendant l’occupation de la place Tahrir en Egypte, la protection des manifestants musulmans en prière contre les attaques de la police était organisée par les manifestants chrétiens. Cela illustre que la religion joue un rôle secondaire lorsque les masses deviennent conscientes de leurs liens de classe et de la position qu’occupe cette dernière dans la société.

    L’Impérialisme et notamment l’Arabie saoudite – qui craignait la contagion révolutionnaire – se sont rapidement impliqués dans le soulèvement populaire syrien pour en dévier le processus vers un bourbier sans issue de guerre civile et de conflits confessionnaux. Le soutien de l’Arabie Saoudite aux djihadistes et à l’opposition sunnite contre Bachar el-Assad en Syrie a assisté l’émergence de l’Etat Islamique. Mais cela n’a pas empêché la France de conclure avec l’Arabie Saoudite un contrat d’armement de 10 milliards $. Les États-Unis ont notamment soutenu le front Al-Nusra (Al-Qaïda) dans sa lutte contre Assad alors que la Russie a soutenu ce dernier. La Syrie est devenue le champ de bataille des puissances mondiales, le rôle de la population s’est limité à celui de victime.

    L’absence d’une alternative de classe

    En plus du rôle décisif de l’impérialisme au cours de ces trois dernières décennies, il faut parler de l’absence de réponse de la part de la gauche dans la région concernée. Les dictatures fantoches dans la région ont brisé beaucoup d’organisations ouvrières existantes – c’est d’ailleurs l’une des raisons qui a poussé les puissances occidentales à les soutenir. Peu de temps après les soulèvements de 2011, des centaines de syndicats ont été formés, mais aucun parti de masse indépendant avec une perspective de classe claire. Pourtant, plusieurs manifestations de masse contre les gouvernements en Irak et au Liban ont eu lieues, de même que des mouvements de lutte contre le chômage, l’effondrement des services publics et les privatisations. Il manquait un programme, une méthode et une organisation pour que la lutte puisse attendre un niveau supérieur.

    Le rôle d’une position d’indépendance de classe est le plus clairement illustré par la comparaison entre la Tunisie et d’autres pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. La fédération syndicale UGTT y est forte et influente, elle a limité l’impact des conflits sectaires après la chute du dictateur Ben Ali. En dépit des conditions sociales inchangées de pauvreté et de désespoir, la situation n’a pas dégénéré en une guerre civile religieuse. C’est en raison de la force du syndicat dans la région. Si cette force entre de manière décidée en lutte avec les nouvelles autorités pour améliorer les conditions de vie de la population, cela limiterait l’espace de groupes réactionnaires pour recruter des jeunes.

    Les enseignements positifs et négatifs de la vague révolutionnaire au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, le rôle d’une perspective de classe, la résistance sociale en Belgique et la nécessité d’un programme de nationalisation sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs qui va à l’encontre de l’impérialisme et des fondamentalistes réactionnaires donnent des indications sur la façon dont la plus grande unité possible peut être créée dans la lutte pour une société socialiste.

  • Contre le terrorisme et la haine: la solidarité!

    Austérité, guerre, répression et racisme n’amèneront pas la sécurité

    LS207Le gouvernement belge a réagi par des mesures inédites. Bruxelles était à l’arrêt des jours entiers, l’armée est apparue en rue et les actions de protestation ont été interdites. Presque tous les politiciens établis se sont plus ou moins retranchés derrière ce qu’ils appellent ‘‘l’unité nationale’’ autour du gouvernement de droite. Au regard de qu’a fait ce gouvernement pour le tissu social en matière d’emplois, d’allocations, de logement ou de services publics, comment pourrions-nous leur confier notre sécurité ?

    Par Geert Cool. Article issu de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste

    La politique de destruction sociale, encore accélérée par ce gouvernement de droite, pousse dans la marginalité et l’exclusion un groupe grandissant de la population. A Molenbeek, le taux de chômage est de plus de 30%. Cela fait des années que les institutions internationales pointent la situation sociale catastrophique dans la capitale, particulièrement parmi les personnes issues de l’immigration. Le taux de pauvreté y est parmi les plus élevés d’Europe. L’inégalité scolaire est aussi plus forte en Belgique que dans d’autres pays. Et Michel et sa clique appliquent une politique qui creuse davantage les inégalités sociales. Cela servira-t-il notre sécurité ?

    Les attaques et menaces terroristes sont l’occasion de mettre en place une politique particulièrement répressive qui met nos droits démocratiques de côté. Cela ne sert qu’à donner un semblant de sécurité et à quelque peu élargir le soutien à la politique dominante. Les victimes sont une fois de plus les gens ordinaires. Ainsi, un jeune de 18 ans a été arrêté au Shoping Center de Wijnegem dans une grande démonstration de force. Selon la police, il correspondait au profil d’un suspect. La seule différence entre ce jeune et ses amis était sa couleur de peau. Yassine est plus basané. Quelle influence l’augmentation du racisme aura-t-elle sur l’aliénation des jeunes ?

    Les évènements récents sont aussi utilisés pour interdire les protestations sociales. La conférence de l’ONU sur le climat à Paris aura bien lieu, mais pas les manifestations climatiques. Ce genre de mesures touche les opposants à la politique d’austérité et à la guerre, ceux qui manifestaient massivement en 2003 contre la guerre en Irak ou, l’an dernier, contre la politique d’austérité. Cela bloque ceux qui proposent des solutions de sorte que ceux qui causent les problèmes puissent le faire sans entrave. Le musèlement de ceux qui proposent des réponses collectives et une perspective pour une autre société améliorera-t-il la sécurité ?

    Des gouvernements à travers l’Europe veulent maintenant intensifier les frappes aériennes en Syrie. Quelles ont été les conséquences des guerres d’Afghanistan, d’Irak, de Libye ou de Syrie si ce n’est un grand problème de réfugiés et plus de violence et de terreur ? La ‘‘guerre contre le terrorisme’’ qui a suivi le 11 septembre 2001 a complètement échoué. Les forces fondamentalistes sont aujourd’hui plus fortes qu’alors. Le risque d’attentats est plus grand qu’alors. Les 8.000 bombardements contre l’Etat islamique en Syrie et en Irak n’ont pas mis fin au groupe djihadiste. Les troupes au sol n’ont toujours pas mis un terme aux activités des talibans en Afghanistan, 14 ans après le 11 septembre. ‘‘La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent’’, expliquait Einstein. Une guerre plus intensive en Syrie ne nous apportera aucune sécurité.

    Nous ne pouvons pas faire confiance à ce gouvernement des riches et ses alliés. Tant leur politique intérieure qu’étrangère augmentent la misère, la violence et la terreur. Le mouvement des travailleurs doit faire entendre sa voix. C’est lui qui a imposé la sécurité sur les lieux de travail en s’organisant ou encore la sécurité d’emploi et de revenu. Le système capitaliste en crise fait ressortir toute la pourriture et est impuissant face aux conséquences. Il est pourri jusqu’à la moelle ! Le mouvement des travailleurs est la seule force capable de mettre fin à ce système de misère, de chômage, d’aliénation, de guerre et de terreur. Nous devons nous organiser et nous battre pour un autre système dans lequel les moyens disponibles et les possibilités technologiques seront utilisés dans l’intérêt de la majorité de la population. À cette fin, la collectivité doit avoir le contrôle démocratique des moyens de production et d’échange. C’est l’alternative socialiste pour laquelle nous luttons. Contribuez-y, rejoignez le PSL !

  • Guerre et terrorisme: ne laissons pas notre sécurité aux mains du gouvernement et des patrons!

    Pour des assemblées générales sur tous les lieux de travail !

    Il n’a pas échappé au gouvernement que le président français François Hollande a, après les terribles attentats de Paris, refilé la patate chaude à la Belgique. Notre pays est qualifié de maillon faible dans la lutte anti-terroriste et on en voit les conséquences. Partout sur le territoire, la menace terroriste est ‘‘sérieuse, possible et probable’’, ce qu’implique un état d’alerte de niveau 3. A Bruxelles, la menace est ‘‘sérieuse et imminente’’, ce que signifie un niveau 4. La sécurité mérite d’être notre priorité. Nous ne pouvons pas accepter que nos vies soient déterminées par des fondamentalistes religieux déchaînés ou par d’autres extrémistes conservateurs. Mais est-ce vraiment ce qu’a en tête le gouvernement?

    Déclaration d’Eric Byl pour l’édition de décembre de Lutte Socialiste, dont la production se fait actuellement (cette édition sera disponible le vendredi 4 décembre).

    A Bruxelles, le métro a été fermé plusieurs jours durant. Les stations de métro ont été fermées. Les écoles et les universités ont été fermées. Tous les magasins de la rue Neuve ont été fermés. Des agents de police et des soldats lourdement armés sont descendus dans les rues et des véhicules blindés ont été positionnés à des postes-clés. Il n’aurait pas fallu que le suspect Abdeslam arrive avec une ceinture explosive à l’un de ces endroits bondés. Mais pourquoi l’axe nord-sud du réseau ferroviaire n’a-t-il pas été fermé comme la CGSP-cheminots l’avait demandé, avec la gare centrale ? Pourquoi ne pas avoir  abordé la question de la libération du personnel qui n’était pas absolument nécessaire ? Pourquoi les conducteurs de tram et de bus ont-ils dû courir des risques? Des conducteurs de la société de transports en commun flamande De Lijn de Ninove et Dilbeek ont refusé de monter jusqu’à la capitale, ce qui est bien compréhensible.

    Serait-ce que le gouvernement avait moins à cœur d’assurer notre sécurité que de travailler son image? A Paris, les métros ont roulé. Aucun journaliste (et ils sont nombreux à Bruxelles) ne se souvient de telles mesures alors que, contrairement à de nombreuses villes à travers le monde, notre capitale – y compris la commune pauvre de Molenbeek, rebaptisée la ‘‘plaque tournante du terrorisme islamique’’ – n’a pas été la scène d’une attaque terroriste ces vingt dernières années, jusqu’à l’attentat contre le Musée juif en mai 2014. Serait-ce que certaines personnes profitent de cette occasion pour tester à quel point l’armée et la police peuvent marginaliser les institutions démocratiques en cas de besoin?

    Si l’on considère la façon dont ce gouvernement s’est occupé de nos salaires, de nos conquêtes sociales et de notre sécurité d’emploi, lui confier notre sécurité et celle de nos parents, enfants et petits-enfants ne peut que nous inspirer de la crainte. Si cela dépend des gouvernements – du fédéral au régional – la menace terroriste sera surtout l’occasion de démolir nos droits démocratiques. Le ministre wallon de la mobilité Carlo Di Antonio (CDH) estimait la grève dans le Hainaut du 23 novembre ‘‘inappropriée’’ en ces temps menace terroriste et a déclaré qu’il réfléchira ‘‘à deux fois lorsqu’il s’agira de revoir la dotation aux TEC’’. Pour la N-VA, c’est la faute des ‘‘islamo-socialistes’’. Le député wallon Philippe Knaepen (MR) veut interdire le ‘‘voile islamique’’ en rue. Si le gouvernement et les politiciens établis appellent à ‘‘l’unité nationale’’, c’est pour couvrir leurs propres échecs d’un écran de fumée de racisme, de stigmatisation des quartiers défavorisés et de préjugés contre les réfugiés, dans l’espoir de diviser et affaiblir les travailleurs et leurs familles.

    Si le mouvement des travailleurs reste sans réponse, nous serons pris dans un tsunami d’idées et d’actes réactionnaires. Au travail, pas mal de collègues sont inquiets. Alors qu’ils bossent et que leurs enfants sont à l’école, un terroriste équipé de bombes ère dans les rues avec l’idée de commettre une attaque meurtrière quelque part. Dans ces circonstances, nous ne pouvons pas laisser le champ libre au gouvernement de droite et aux politiciens. Nous comprenons que les régionales et centrales syndicales ainsi que le bureau fédéral aient temporairement renoncé aux activités publiques massives. Cela ne doit pas être synonyme d’inaction mais du déplacement de l’accent de notre action vers les entreprises. La sécurité dans et autour du lieu de travail est de notre ressors, nous la laisserions désormais aux mains de nos patrons et de leurs laquais politiques?

    Les délégations combatives ne doivent pas rester inactives, mais doivent utiliser ce contexte politique pour exiger la tenue de réunions du personnel. Les collègues doivent être en mesure d’exprimer leurs inquiétudes afin que les syndicats puissent élaborer des propositions afin d’assurer la sécurité de tout le monde, si nécessaire par la fermeture temporaire du lieu de travail, mais sans tomber dans les préjugés racistes ou la surenchère de déclarations à l’emporte-pièce. Tout comme nous luttons contre le racisme et les idées réactionnaires sur les lieux de travail par le biais de notre action collective, nous devons défendre les quartiers pauvres de l’influence des fondamentalistes religieux par l’action collective. C’est une tâche pour ceux qui vivent dans ces quartiers, mais qui ne peut être gagnée que si tout le mouvement des travailleurs se met en branle.

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