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  • Camp d'été 2016 : Le programme !

    camp00Toi aussi consacre tes premiers jours de juillet (du vendredi 1er juillet au mercredi 6 juillet) à de riches discussions politiques, agrémentées de moments de détente et de fêtes. Cette année, on va à Bokrijk près de Genk ! Inscris-toi rapidement (prévente valable jusqu’au 15 mai).

    camp01VENDREDI – LA LUTTE EST UNE NÉCESSITE

    – 14h : Accueil et installation

    – 16h-18h : Ateliers sur des expériences révolutionnaires
    o La révolution russe et le stalinisme.
    o La révolution espagnole et l’anarchisme et le centrisme.
    o Les révolutions en Afrique du Nord & au Moyen-Orient et la révolution permanente.

    – 18h : Accueil et souper

    – 19h30-21h : Meeting : Nouveaux mouvements et partis de gauche (Podemos, Sanders,…), mais vieux dilemmes : réforme ou révolution ?

    –  Championnat d’Europe : Quart de finale et bar ouvert pour tous 😉

    SAMEDI – INTERNATIONAL ET THÉMATIQUE

    – 11h-13h30 : Ateliers sur des thèmes internationaux
    o La fin d’un modèle en Amérique Latine ; Où va Cuba ?
    o Crise de l’Union Européenne : Schengen, Brexit, accord UE-Turquie…
    o L’Etat autoritaire turc et la question Kurde : quel antidote à la guerre, la terreur et l’oppression ?
    o Pourquoi les droits démocratiques peinent à s’imposer en Afrique Centrale

    – Après-midi libre : Pour les intéressés : balade dans le domaine naturel de Bokrijk et mini-golf

    – 16h30-19h : Ateliers thématiques
    o Combattre les discriminations : un point de vue marxiste sur les luttes LGBTQI.
    o Journée internationale des femmes et Révolution russe.
    o 30 ans après, le souvenir de Tchernobyl reste un enjeu pour la classe capitaliste.
    o L’art et la littérature dans la lutte contre le capitalisme.

    – 19h : Grand barbecue et à 21h le Championnat d’Europe

    camp03DIMANCHE – BELGIQUE

    – 10h30-13h : Ateliers sur des thèmes ‘belges’
    o Comment appliquer le plan d’action sur son lieu de travail ?
    o Luxleaks, Suissleaks, Panama Paper : quelle approche face aux inégalités fiscales, juridiques et économiques.
    o Subventions pour les embouteillages mais pas d’investissement dans les transports publics ?
    o Comment combattre Daech et l’aliénation d’une partie de la jeunesse ?

    – 15h30-17h30 : Meeting syndical : Avec ce 2ème plan d’action, ne nous arrêtons pas avant la chute du gouvernement et de toute l’austérité.

    – 21h Soirée “Grand écran”
    o Quart de finale du Championnat d’Europe
    o Documentaire : Merci Patron !

    LUNDI – LES ABC DU MARXISME

    – 10h30-13h : Meeting jeune : Le rôle de la jeunesse dans la lutte contre l’austérité et pour une autre société.

    – 16h00-18h30 : Ateliers « Les ABC du marxisme »
    o L’économie marxiste : d’où proviennent les inégalités ?
    o Philosophie marxiste et matérialisme historique.
    o Le programme de transition, c’est quoi ?

    – Soir : Chants révolutionnaires.

    camp02MARDI – PROGRAMME ET CAMPAGNES DES EGA

    – 10h30-13h : Ateliers – Analyse et programme des EGA
    o Le fascisme : comment se caractérise-t-il et comment le combattre ?
    o Internationalisme versus Impérialisme et les racines du terrorisme.
    o La jeunesse face à l’austérité : quel programme ?

    – Après-midi libre : Pour les intéressés : balade et piscine

    – 17h-19h30 : Ateliers – EGA en action
    o La lutte contre le racisme, le sexisme et l’homophobie.
    o La lutte contre le TTIP.
    o Place des jeunes dans les luttes contre Michel I : bloquons les 45h, Nuit Debout, bloc jeune dans les manifs syndicales, etc.

    – 21h-22h : Lancement des campagnes d’été : EGA sera cette année encore présent sur les festivals

    – 22h : Fête

    MERCREDI – CLOTURE

    – 10h-11h : Mot de clôture

    – 11h : Rangement

    INFOS PRATIQUES

    camp2016 : Domaine De Hoeve : Kneippstraat 190-204, Bokrijk (Genk) – Gare de Bokrijk (ou Genk)

    Quand :
    o Pour les jeunes et autres intéressés : du vendredi 1er juillet 14h au mercredi 6 juillet 12h.
    o Pour les travailleurs : du vendredi 1er juillet 18h au dimanche 3 juillet 18h.

    Logement : Il est possible de dormir sous sa propre tente ou en dortoir. Le camping ainsi qu’un des deux bâtiments seront au calme. Merci de prendre son matériel de couchage.

    – La nourriture, le café et le thé sont compris dans le prix. Boissons à prix démocratique. Merci de nous avertir d’un éventuel régime alimentaire particulier lors de l’inscription.

    – Des animations pour enfants sont prévues du vendredi au dimanche. L’infrastructure permet des siestes et des nuits au calme. Merci d’inscrire les enfants en spécifiant leur âge pour que les activités puissent être adaptées.

    Inscription auprès d’un des responsables, par mail ou via le lien sur nos sites.

    Payement sur le compte BE69 0012 2603 9378 avec la mention “camp 2016+nom” ou cash auprès du responsable (prévente jusqu’au 15 mai).

    => Sur Facebook

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  • Socialisme 2016: l'inégalité, la guerre et l'insécurité montrent l'urgence du socialisme

    Soc2016_01En Islande, les manifestants sont descendus en masse dans les rues pour exiger la démission du Premier ministre. En France, la jeunesse se rassemble sur les places pour discuter de la résistance aux propositions antisociales du gouvernement. La colère bouillonne et c’est loin d’être surprenant. La misère est croissante, les guerres se développent de même que la crise des réfugiés tandis que les attaques austéritaires contre nos conditions de vie se succèdent. Pendant ce temps, les milliards pleuvent sur le camp d’en face, comme l’a encore très bien illustré le scandale des Panama Papers.

    La polarisation est croissante dans la société. L’establishment adopte une rhétorique musclée et met en œuvre des mesures extrêmement antisociales dans la droite ligne de la logique néolibérale : recul de l’âge de la pension, fin de la journée des huit heures, développement d’un large secteur à bas salaires, attaques contre les allocataires sociaux,… La concentration de richesses atteint des proportions inouïes. Mais de l’autre côté, de plus en plus de gens s’opposent à cette logique selon laquelle ce serait systématiquement à nous de payer. Face à l’austérité de l’establishement et aux taxes supplémentaires que nous devons supporter, la recherche d’une approche alternative fait son chemin.

    Le thème central de cette journée «Socialisme 2016», l’événement annuel de discussion et de formation du PSL, pouvait difficilement avoir été mieux choisi : «Construire l’alternative socialiste dans un monde d’inégalité, de guerre et d’insécurité». Dénoncer ne suffit pas. Il nous faut défendre une alternative qui défend la construction d’une société où les vastes ressources disponibles ainsi que les possibilités technologiques seraient utilisées dans l’intérêt de la majorité de la population et non pas dans ceux des amateurs de Panama et autres Îles Vierges.

    La journée a commencé par une session plénière concernant la réponse du mouvement des travailleurs en matière de sécurité. Pour Tina Degreef, secrétaire syndicale de la LBC (équivalent de la CNE), le mouvement des travailleurs doit intervenir dans ce débat faute de quoi le champ serait ouvert aux «solutions» de la droite, des recettes qui ont déjà démontré l’étendue de leur faillite. Eric Byl, membre du Bureau Exécutif du PSL, a abordé les limites de la politique sécuritaires du gouvernement de droite. Cédric Gérôme, représentant du Comité pour une Internationale Ouvrière (dont le PSL est la section belge) est quant à lui revenu sur l’échec des 15 ans de prétendues «guerre contre le terrorisme». Même Hillary Clinton a dû reconnaître que des groupes terroristes comme Al-Qaïda n’ont pu se développer qu’en conséquence des interventions de l’impérialisme américain. La droite essaye aujourd’hui d’instrumentaliser la situation pour chercher à affaiblir le mouvement syndical. Ce n’est ainsi pas par hasard que des termes du mouvement ouvrier sont associés aux fondamentalistes religieux. L’establishment préfère parler de «militants» ou de «radicalisés» à la place de faire référence au Wahhabisme. En Belgique, c’est le roi Baudoin qui a confié le contrôle de la grande mosquée à l’Arabie Saoudite, et au wahhabisme, dans les années soixante, dans l’espoir de favoriser la conclusion de juteux contrats avec le régime saoudien. L’establishment sera-t-il un jour capable de le reconnaître ?

    Soc2016_02Les commissions qui ont suivi cette séance d’ouverture ont traité de thèmes très différents : du droit de grève au succès remporté par la campagne de Bernie Sanders aux Etats-Unis en passant par l’échec de la COP21 et des négociations sur le climat ou encore par la révolution espagnole, commencée il y a 80 ans. Le fil rouge de toutes ces commissions était la manière optimiste de voir comment construire l’alternative socialiste sans tomber dans les erreurs du passé. C’est à ce titre qu’étudier les divers courants de gauche et les leçons à tirer des percées des nouvelles formations de gauche est important. Il existe de grandes possibilités pour la gauche révolutionnaire, même si la radicalisation aujourd’hui en cours vers la gauche est essentiellement orientée vers des courants réformistes qui se heurtent assez rapidement à leurs limites.

    Le meeting de clôture avait un caractère très international. Marisa, membre du PSL-Bruxelles originaire d’Espagne et collaboratrice de Socialismo Revolucionario (section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’Etat Espagnol) a parlé de la montée de Podemos et des listes d’unité à gauche en Espagne. De quel type de gauche avons-nous besoin ? Comment véritablement rompre avec l’austérité ? Voilà quelques-unes des questions qu’elle a abordées. Bart Vandersteene, porte-parole du PSL, a récemment été activement impliqué dans la construction de Socialist Alternative, notre organisation-sœur aux États-Unis. Il est revenu sur la campagne de Bernie Sanders aux États-Unis et sur le potentiel pour la défense des idées du socialisme dans «l’antre de la bête» capitaliste, comme l’a démontré l’élection puis la réélection de Kshama Sawant à Seattle.

    Soc2016_03
    Paul Murphy

    Le député irlandais Paul Murphy a parlé des récentes élections irlandaises et de la crise de l’establishment politique en cours dans ce pays. Mais il a bien dû admettre que les 40 jours de crise politique sans qu’un gouvernement ne puisse être formé ne sont que de la petite bière en comparaison de l’ampleur que ce type de crise a pu atteindre en Belgique… Il a également parlé de l’Insurrection de Pâques, en Irlande, en 1916 (les «Pâques Sanglantes») en faisant référence à la manière dont James Connolly défendait le socialisme à cette époque.

    La journée a été clôturée par Anja Deschoemacker, porte-parole de Gauches Communes à Saint-Gilles. Anja a souligné la nécessité de lutter contre le gouvernement Michel mais aussi de disposer d’un prolongement politique des luttes sociales. Ce gouvernement thatchérien continuera son offensive contre nos conditions de vie. Il nous faut le stopper, lui et le système sur lequel il repose. Renforcer le PSL, c’est renforcer une force qui prône ouvertement le renversement du système capitaliste et l’instauration d’une société véritablement socialiste.

    Photos de Liesbeth

    Socialisme 2016 // Liesbeth

  • Décès de notre camarade Daniel Borremans

    danielC’est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès de notre camarade Daniel Borremans, suite à une chute tragique. Nous adressons toutes nos condoléances à sa famille et à ses proches, en particulier à son épouse et à son fils.

    Par la section de Charleroi du PSL

    Daniel avait rejoint le PSL dans le courant de l’année 2013. Il a énormément apporté à la section de Charleroi qui était à l’époque encore toute récente. Ses remarques et critiques toujours très franches nous ont aidés et poussés à perfectionner certains aspects de notre travail. Son implication personnelle dans le milieu associatif carolo et sa grande ouverture d’esprit étaient une richesse pour l’ensemble de la section, tout comme sa grande sincérité, son humanité et sa joie de vivre.

    Ceux qui le connaissaient savent que Daniel avait son caractère, mais il était quelqu’un qui avait soif de bonheur, pas seulement pour lui, mais pour tous. Il faisait partie de ces gens capable de distribuer de petits moments de bonheurs quotidiens. Simplement avec une présence, un moment partagé, mais aussi avec toutes sortes de petites attentions, une pensée, un sourire, ou avec ses émouvantes images d’oiseaux et de chats sur Facebook lors de ses fameux ‘bonsoir’ et ‘bonjour’ quotidiens.

    Daniel était épris de justice sociale, et s’il pouvait avoir des moments de doute, il savait qu’une autre société était possible, et ne ratait jamais une occasion de participer à une réunion ou conférence organisée par l’un ou l’autre mouvement associatif, politique ou syndical. Beaucoup d’organisations de gauche le connaissent ou ont pu le croiser dans sa recherche de discussions et de débats ouverts, et une chaise restera malheureusement vide dans de nombreux lieux de réunions ou d’actions dans la prochaine période.

    Il manque déjà énormément à ses camarades et il aura toujours une place dans nos mémoires.

    Ceux qui l’ont connu et qui veulent lui rendre hommage peuvent lui rendre visite au funérarium Renard de Monceau-sur-Sambre (à coté de l’église), ce samedi de 14 à 16h et mardi de 17 à 19h.

    La cérémonie aura lieu mercredi 30 à partir de 10h au funérarium. Suivie de la crémation au crématorium de Gilly vers 11h.

  • ‘‘Socialisme 2016’’ Quelques points forts

    Socialisme2016_introC’est le 9 avril que se déroulera cette année la journée “Socialisme”, l’évènement public annuel de discussions et de débats organisés par le Parti Socialiste de Lutte. Chaque édition est l’occasion de réunir plus de 150 jeunes, travailleurs, activistes,… afin d’aborder en profondeur les défis qui nous font face dans la lutte pour un autre monde, un monde débarrassé des guerres, des inégalités et de l’insécurité.

    Meeting d’ouverture : Ne laissons pas le débat sur la sécurité à la droite !

    Les terribles attentats de Paris ont profondément marqué les esprits. À travers le monde, pas un jour ne passe sans qu’un nouvel acte de terrorisme soit commis, de l’Indonésie à l’Irak en passant par le Burkina Faso, la Syrie, le Nigeria et la Turquie.

    Le droit de vivre en sécurité, sans la menace constante d’une attaque terroriste, fait partie de nos droits sociaux fondamentaux, tout comme dormir sous un toit, avoir un travail décent correctement rémunéré, pouvoir élever ses enfants sans la crainte du lendemain et de la fin du mois, etc. La gauche dispose dans ce cadre de son propre programme à court, moyen et long terme. Mais pour le moment, c’est la droite qui domine le débat à ce sujet.

    Bart De Wever, président de la N-VA et premier ministre de l’ombre, a déclaré vouloir un “Patriot Act à la belge” pour répondre à la menace terroriste. Le gouvernement belge a déjà réagi par des mesures inédites. Bruxelles a été à l’arrêt des jours entiers, l’armée est apparue en rue et des manifestations ont été interdites. Mais au regard du bilan de ce gouvernement pour le tissu social en matière d’emplois, d’allocations, de logements ou de services publics, comment pourrions-nous leur confier notre sécurité ?

    Son langage guerrier exacerbe l’imminence d’une attaque terroriste et stigmatise les réfugiés et les migrants. C’est la rhétorique classique du diviser pour mieux régner qui monte divers groupes de la population les uns contre les autres. Les contradictions sociales, les assainissements budgétaires, les profits et les salaires excessifs des managers ainsi que l’impact de plus en plus brutal du système capitaliste sont repoussés à arrière-plan face à la menace terroriste.

    Quelles réponses peuvent offrir le mouvement des travailleurs et ses organisations sociales et politiques? Comment faire entendre la voix de la majorité sociale dans le débat sur la sécurité ? Ce sera le thème du meeting de lancement de la journée “Socialisme”.

    Nous accueillerons comme orateurs Tina Degreef, Secrétaire LBC (équivalent flamand de la CNE/CSC) qui parlera en son nom propre, Éric Byl, Secrétaire général du PSL et Cédric Gerome, représentant du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), l’organisation internationale dont le PSL est la section belge.

    Guerre et terreur au Moyen-Orient : Comment en sortir ?

    Socialisme2016La journée comprendra également toute une série d’ateliers de discussions en plus petits groupes. L’un d’eux aura pour thème la situation dramatique qui se développe au Moyen-Orient.

    Ce sera l’occasion de revenir sur les révolutions qui ont mis fin aux dictatures de Ben Ali en Tunisie et de Moubarak en Égypte, il y a tout juste 5 ans. Ces événements avaient déclenché une vague de protestations de masse qui avait ébranlé les régimes de la région. L’année 2011 fut aussi l’année du mouvement des Indignés en Espagne, du mouvement Occupy Wall Street aux États-Unis,… Des protestations de masse avaient éclaté dans le monde entier, les différentes mobilisations faisant appel les unes aux autres essentiellement autour d’occupations de places comme en Tunisie et en Égypte.

    Ces mouvements se sont heurtés à un cul-de-sac et, aujourd’hui, c’est l’horreur du terrorisme et du fondamentalisme religieux qui est au-devant de l’actualité. En l’absence d’un programme, d’une stratégie et de tactiques capables de renverser toute la pyramide de la société d’exploitation et non pas uniquement son sommet, la voie a été ouverte aux interventions impérialistes qui voulaient absolument éteindre le feu de la contestation sociale, comme en Lybie. En Syrie, le soulèvement de masse contre Assad a été dévié vers une sanglante guerre civile. En Tunisie et en Égypte, les partisans des anciens régimes cherchent à revenir sur les acquis démocratiques sortis de l’explosion sociale de 2011.

    Mais rien n’est encore joué. Des luttes sociales de masse vont inévitablement se reproduire, poussées par la dégradation de la situation économique et sociale, comme l’ont illustré les soulèvements de la jeunesse tunisienne en ce début d’année 2016. L’expérience des mouvements sociaux récents et plus anciens permettra d’aider à ne pas reproduire les mêmes erreurs. La construction d’une organisation révolutionnaire sera cruciale pour distiller cette expérience et en faire un puissant combustible pour une transformation socialiste de la société. Nous en parlerons avec Cédric Gérôme, qui est représentant du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) et particulièrement en charge du développement du travail politique du CIO dans la région.

    Débat : System Change not Climate Change. Quelle lutte après l’échec de la COP21 ?

    À la fin de la COP21 et après la conclusion d’un accord sur le climat du sommet de Paris, Barack Obama s’était exclamé : “C’est énorme : la quasi-totalité des pays du monde ont signé l’accord de Paris sur le changement climatique.” L’essentiel de la presse dominante a rapporté la prouesse du gouvernement français d’avoir transformé un échec annoncé en un succès inespéré. En façade, le lamentable fiasco du sommet de Copenhague (en 2009) a bel et bien été évité. Mais ce succès est diplomatique, non pas climatique; le fruit d’un accord vidé de toute substance.

    Alors que les militants écologistes étaient assignés à résidence, interdits de manifestation, perquisitionnés et réprimés, les lobbies industriels n’ont eu aucun souci à se faire entendre pendant la COP21. Le résultat est un accord non contraignant, sans feuille de route claire et qui évite soigneusement de mettre à mal la course aux profits des entreprises.

    Le texte de la COP21 se base sur les engagements volontaires des États, déposés avant la tenue du sommet. Les promesses de réduction cumulées pourraient conduire à l’émission de 55,5 gigatonnes (Gt) en équivalent CO2, soit seulement 4 Gt de moins que si aucune mesure n’avait été prise… On estime que le seuil critique d’augmentation de la température terrestre depuis le début de l’ère industrielle à ne pas dépasser d’ici 2100 est de 1,5 °C. Si les belles paroles de Paris sont suivies d’effets, l’augmentation sera de 2,7 °C! Et même cela est quasiment illusoire dans la société capitaliste : au Forum Économique Mondial de Davos, quelques semaines après, les langues se déliaient déjà et l’on entendait qu’en raison du contexte économique actuel et des bas prix du pétrole, il allait falloir sans doute revoir les espoirs à la baisse.

    Mais ce sommet de Paris fut également marqué par près de 800.000 personnes manifestant le même jour à travers le monde, le 29 novembre, contre le changement climatique. Si les manifestations n’avaient pas été interdites à Paris, le million aurait été dépassé. Aux États-Unis, en Algérie et ailleurs, les mobilisations se succèdent contre des projets de pipeline pétrolier ou l’exploitation du gaz de schiste. La catastrophe écologique du système actuel est combattue aux quatre coins du monde, c’est le règne des multinationales qui est visé.

    Quelles leçons tirer des sommets climatiques ? Quel rapport de force construire face aux défis écologiques? Quels liens entretenir avec les mouvements anti-austérité ? Quel rôle peut jouer le mouvement organisé des travailleurs dans ce combat ? Nous en discuterons avec Pascoe Sabido – collaborateur du Corporate Europe Observatory, présent lors de la COP21 – et Nicolas Croes, auteur de “Détruisons le capitalisme avant qu’il ne détruise la planète”.

    => Le programme complet

  • Près d'une centaine de participants à notre journée sur la lutte pour les droits des femmes

    Ce fut donc ce samedi que s'est tenue notre journée de discussion et de débats "Émancipation des femmes et socialisme, deux luttes indissociables!", dans le cadre de la Journée Internationale des Femmes. Avec un peu moins d’une centaine de personnes, cette édition a réuni bon nombre de participants en plus que l’an dernier.

    Le programme, riche et varié, a su susciter l’enthousiasme de la salle et les divers ateliers en plus petits nombre ont permis de laisser plus d’espace aux discussions, aux questions,…

    L’un des éléments parmi les plus marquants de cette journée fut son caractère international, avec des oratrices venues d’Irlande et d’Allemagne, mais aussi la présence d’activistes de Belgique aux origines kurdes, espagnoles, guinéennes, pakistanaises, amazighes (berbères),…

    Le moins que l’on puisse dire, c’est que nous étions gonflés à bloc pour participer à la manifestation appelée par le Comité des femmes sans-papiers le lendemain!

    Internationale vrouwendag // PPICS

  • Décès de notre camarade Paule Chauvaux

    PauleCNous sommes très tristes de devoir vous faire part du décès de Paule Chauvaux, membre de la section du PSL d’Ixelles depuis plusieurs années.

    Par la section d’Ixelles du PSL

    Paule a été militante socialiste pendant toute sa vie professionnelle. Enseignante en statistiques en Haute Ecole, elle fut surtout militante syndicale durant les turbulentes années ’70 et ’80. Socialiste et militante syndicale combattive, elle défendait ses idées, en allant parfois même contre les directions syndicales ou de la sociale-démocratie quand elles allaient contre les intérêts de la base syndicale.

    Après sa retraite, elle est entrée en contact avec le Parti Socialiste de Lutte, un contact politique qui l’a motivée pour devenir tout d’abord sympathisante du parti. Elle devint ensuite membre, devenant la doyenne des membres du parti à Bruxelles. Malgré son âge avancé, elle était presque toujours présente aux réunions de la section locale d’Ixelles, qui se sont tenues quelques temps dans sa maison. Lors des discussions, elle intervenait régulièrement sur base de ses propres expériences dans les nombreux mouvements sociaux qu’elle a vécu et dans lesquels elle avait souvent été une participante active. Avec les camarades du PSL, elle a été candidate aux élections en 2007, 2009, 2010, 2012 et encore en 2014, sur chacune des listes auxquelles nous avons participé. Durant ces années également, elle a pris part au travail de trésorerie de notre parti à Bruxelles et a surtout été impliquée dans la production mensuelle de notre journal Lutte Socialiste, participant chaque mois à la relecture et la correction du journal.

    Régulièrement, elle était aussi présente aux stands politiques sur la place Flagey ou lors des meetings, assemblées et autres activités du parti. C’est seulement lors de ces dernières années qu’elle a graduellement dû diminuer sa présence aux activités du parti, quand la maladie et la fatigue ne le lui permettaient plus. Mais, même là, sa porte restait toujours ouverte pour des discussions avec des camarades.

    Elle a toujours été une battante, elle nous a quitté à l’âge de 86 ans, après avoir perdu son ultime combat contre une longue maladie.

    Nous nous rappellerons toujours de son humour cinglant, son charme, sa générosité, et surtout, sa combattivité pour ses idées socialistes.

    Le Parti Socialiste de Lutte, la section d’Ixelles et le district de Bruxelles tiennent à faire part de leurs condoléances à sa famille et ses proches.

  • Voeux de mai 2016: soutenez les médias socialistes!

    VDM_2016 Contre les médias dominants et la propagande de l’establishment, placez votre message de voeu de mai dans ‘Lutte Socialiste’ et sur socialisme.be

    Pendant la grève des cheminots de ce début janvier, on aurait pu croire que les médias dominants étaient en compétition pour voir qui allait être le plus opposé à la grève. Lorsque les négociations concernant le nouvel ‘‘Gentlemen Agreement’’ sur le droit de grève ont échoué entre patrons et syndicats, les infractions patronales aux accords de 2002 – notamment sur les requêtes unilatérales et lesastreintes contre les grévistes – ont tout au plus été mentionnées comme des faits divers de troisième ordre. Lorsque l’on a su que les violences sexistes commises au Nouvel An à Cologne n’étaient pas lefait de réfugiés syriens, cela n’a donné lieu qu’à de petits articles bien loin des gros titres qui avaient accablés les réfugiés.

    Suivre les médias établis uniquement revient à être matraqué de propagande gouvernementale et patronale quotidiennement. Cela décourage et mène au fatalisme, ce qui rend plus difficile de lutter pour un monde sans guerre, sans exploitation, sans pauvreté et sans insécurité. ‘Lutte Socialiste’ et socialisme.be offrent une autre perspective, qui part du mouvement des travailleurs et de la révolte des jeunes contre le racisme, le sexisme, la haine, le changement climatique ou la répression. ‘Lutte Socialiste’ et socialisme.be fourmillent d’arguments destinés non seulement à contrer la logique néolibérale dominante mais également à organiser et renforcer la solidarité internationale des luttes des travailleurs et de la jeunesse, et à promouvoir un syndicalisme de combat.

    Soutenez les médias socialistes !

    Pour être capables de publier un tel mensuel et alimenter notre site web, nous avons besoin de vous et de votre solidarité. Nous ne comptons pas sur de riches sponsors, mais sur le soutien enthousiaste de nos lecteurs et sympathisants. En premier lieu, si ce n’est pas encore le cas, nous vous invitons à prendre un abonnement à Lutte Socialiste pour, chaque mois, lire votre ration d’analyses anticapitalistes et socialistes tout en soutenant notre travail politique.

    À l’occasion du premier mai, Fête internationale des travailleurs, nous demandons à nos lecteurs, à nos sympathisants, aux organisations syndicales, à nos amis,… de soutenir nos médias socialistes en plaçant un voeu de mai dans nos pages, un message combatif ou autre aux lecteurs de notre journal.

    Envoyez les informations ci-dessous (ainsi qu’un logo ou une image, si nécessaire)
    – par courier à PSL, 45 rue du Jardinier, 1080 Molenbeek ou
    – par e-mail à redaction@socialisme.be (avant le 18 avril)

    > Vous pouvez payer la somme correspondante à la taille choisie sur le numéro de compte BE 48 0013 9075 9627 de ‘Socialist Press’, avec “voeu de mai” ou “abonnement” en communication.

    Tarifs des messages

    1/128ème de page (environ 24 x 34 mm) = 12 €
    1/64ème de page (environ 34 x 48 mm) = 25 €
    1/16ème de page (environ 48 x 67 mm) = 50 €
    1/32ème de page (environ 67 x 95 mm) = 100 €
    1/8ème de page (environ 95 x 143 mm) = 200 €

    > Faites attention à adapter la longueur du texte du message à la taille choisie.
    > N’hésitez pas à nous envoyer un logo ou une image, en plus ou à la place du texte (noir&blanc)

  • Les 5 et 6 mars: Stop au racisme et au sexisme!

    stopracisme_stopsexismeEn instrumentalisant le climat consécutifs aux agressions de Cologne, Theo Francken (N-VA) a lancé l’idée, soutenue par le MR, de cours de “respect des femmes” pour les migrants. Mais, quels sont les “valeurs occidentales” qu’il affirme vouloir inculquer? Les mêmes qui ont permis de suspendre la condamnation d’un violeur à Gand en estimant que sa victime avait “participé au jeu de séduction” ? Le gouvernement veut enseigner une série de normes et valeurs aux migrants. Cependant, d’autres normes et valeurs s’imposent chez nous pour culpabiliser les victimes de viol.

    Nous nous opposons à toute forme de sexisme ! Les violences vis-à-vis des femmes sont courantes, pas seulement dans la rue, mais aussi au travail et, plus encore, à la maison. En Belgique, environ 100 plaintes sont déposées chaque jour pour violence conjugale, et il ne s’agit que de la partie visible. Le sexisme n’est pas lié à une ou plusieurs communautés, mais à l’ensemble de la société capitaliste. L’absence de perspectives d’avenir, la déshumanisation de la société, l’objectification des femmes et les discriminations engendrées par un capitalisme en crise favorisent la violence, le sexisme, l’homophobie et le racisme.

    Dénonçons toute tentative de l’extrême droite, des médias ou du gouvernement de pointer du doigt les immigrés comme boucs émissaires des échecs de la politique d’austérité et de la faillite du capitalisme. Le gouvernement, en réalisant des coupes budgétaires, pousse les femmes dans la pauvreté. Ce sont les femmes qui compensent les pénuries dans les crèches, les transports, les soins, l’enseignement en assumant la majorité des tâches ménagères.

    Il nous faut lutter collectivement contre toute forme de sexisme et de racisme, pour des services publics de qualité et des emplois et des revenus décents permettant l’indépendance financière des femmes. Les symptômes ne sont pas les seuls à devoir être combattus, il faut aller jusqu’à leur cause. Une alternative à la politique d’austérité et aux oppressions nécessite une transformation socialiste de la société.

    Le 21 février à Gand, EGA participe à une contre-manifestation pour riposter à la marche de la haine de Voorpost, une organisation raciste et violente d’extrème droite. Rdv : 11h, hôtel de ville de Gand.

    Le 5 mars à Bruxelles, EGA coorganise une journée de débats anti-sexistes avec de féministes de Cologne et d’Irlande. Nous aborderons les causes réelles de l’oppression des femmes et comment construire un mouvement fort pour l’émancipation des femmes. De 10h à 17h, rue du jardinier 45, Molenbeek.

    Le lendemain, 6 mars, nous participons à la manifestation organisée par le Comité des Femmes Sans-Papiers. Contre les tentatives de division, hommes et femmes, avec ou sans papiers, jeunes et travailleurs avec ou sans emploi,… Nous avons tous droit au logement, à l’éducation, aux soins,… à la dignité.

    • 21 fév : manif antifasciste, 11h, hôtel de ville de Gand
    • 5 mars : journée débats anti-sexiste avec des féministes de cologne et d’irlande, Bruxelles. 10h-17h, 45 rue du jardinier (Evènement Facebook)
    • 6 mars : manif femmes sans-papiers, 13h, gare de Bruxelles-central (Evènement Facebook)

     

  • [TEXTE de CONGRES] Le post-féminisme n’est plus le consensus général

    [TEXTE de CONGRES] Le post-féminisme n’est plus le consensus général

    workers_feminismAnnexe au texte de perspectives internationales et belge discuté, amendé et voté lors du Congrès National du PSL de novembre 2015. Ce document accompagne également notre texte de perspectives sous forme de livre. Commandez dès maintenant votre exemplaire en versant 10 euros sur le compte BE48 0013 9075 9627 de ‘Socialist Press’ avec pour mention « texte de Congrès ».


    texte_congres_livre« Après une longue période durant laquelle le post-féminisme était dominant, la lutte des femmes presque inexistante et le sexisme soi-disant rigolo, nous avons assisté à un début de changement ces dernières années ». Nous avons écrit ses mots à l’occasion de la Journée Internationale des Femmes en 2015. Non pas que le post-féminisme a maintenant disparu, mais le consensus qui existait à ce sujet est rompu. Dans cet article, nous avons fait référence à la lutte massive des femmes et des hommes contre la violence à l’encontre des femmes en Inde et en Turquie, mais aussi au mouvement en Espagne en défense des lois sur l’avortement ou encore aux luttes syndicales de différents pays dans « les secteurs féminins » comme les hôpitaux, où des femmes ont joué un rôle crucial. Comme nous l’avons expliqué au début de la crise, au moment où la perte d’emplois était surtout dans l’industrie et parmi des hommes, une deuxième phase de la crise allait voir la politique d’austérité commencer à lancer des attaques contre les services publics et les secteurs des soins. Là, ce seraient les emplois et les conditions de travail de couches entières de travailleuses qui allaient être mises sous pression. Nous avons aussi constaté qu’en Irlande, la lutte contre l’interdiction constitutionnelle de l’avortement a commencé à prendre de l’ampleur, en liaison avec la lutte pour les droits égaux des LGBTQI. En Belgique – où l’on n’avait vu, à côté de la proposition de Femma pour la semaine de travail des 30 heures, que quelques actions spontanées autour du traitement juridique des viols – nous avons assisté dans les jours qui ont suivi le 8 mars à l’éclatement de « wij overdrijven niet » en Flandre (nous n’exagérons pas »), une réaction antisexiste massive sur les médias sociaux. Le mouvement dépassait en tout cas le carcan de « l’action individuelle » surtout orientée vers les médias précédemment mise en avant par des groupes comme les Femens.

    Ce changement dans la situation objective conduit à repenser notre travail femme et notre rôle dans le « mouvement femmes » puisque le travail femmes du PSL/LSP a commencé dans les années ’90, au sommet du consensus post-féministe. Le « mouvement femmes » (mis entre guillemets en raison du peu de « mouvement » ces dernières décennies), largement composé d’organisations de femmes des partis traditionnels, a priorisé la lutte pour les quotas de femmes concernant les hautes fonctions. Son « action » consistait à organiser des élections pour « le manager féminin de l’année ».

    On ne pouvait donc pas parler de mouvement, mais sur le plan parlementaire, un certain nombre de politiciennes sont restées actives autour de quelques propositions de loi destinées à en finir avec les « restes » acharnés de l’inégalité. Sur ce plan-là aussi, les travailleuses ont payé un prix élevé pour la bourgeoisification du PS et SP.a : ces propositions de loi étaient à 100 % basées sur une vision bourgeoise et formelle de l’égalité de genre et pas sur la force progressiste d’une lutte contre le capitalisme, d’une lutte dans laquelle le mouvement des travailleurs met en mouvement tous les groupes opprimés de la société. Il est toutefois de nouveau clair aujourd’hui que lorsque la classe des travailleurs apparait massivement sur scène, elle tire derrière elle tous les groupes opprimés et donne un élan et une stratégie – l’action collective – au mouvement femmes, au mouvement LGBTQI, aux réfugiés et sans-papiers,…

    Les lois qui ont été votées “pour les femmes” entre la fin des années ’80 et maintenant, mais aussi la règlementation du travail qui a suivi la concertation entre syndicats, organisations patronales et gouvernement, a toujours placé les intérêts des femmes face à ceux des hommes et non pas ceux des capitalistes. L’aspiration à l’égalité pour les politiciens – au service des patrons – visait à démanteler les « droits des hommes » et non pas à augmenter les droits des femmes. Accord Interprofessionnel après Accord Interprofessionnel, un progrès minime pour les plus bas salaires et allocations était acheté en octroyant des concessions sur les salaires les plus élevés – la « solidarité » ne signifiait plus que les secteurs où les travailleurs avaient gagné beaucoup de conquêtes sociales se battaient aussi pour ceux qui n’étaient pas si loin, mais au contraire que les travailleurs des meilleurs secteurs voyaient s’effriter leur meilleure position parce qu’ils étaient tenus à « contribuer » au progrès des secteurs à bas salaires. Ceci, en combinaison avec la lutte pour les quotas et la représentation selon laquelle chaque problème des femmes est un problème créé par les hommes individuellement et leurs comportements – les campagnes Equal Pay Day du SP.a et FGTB montrent dans quelle mesure ceci était aussi la tonalité principale dans le mouvement organisé des travailleurs – a fait en sorte que le féminisme a eu une image encore pire que précédemment au sein du mouvement des travailleurs.

    Ainsi, une réponse bourgeoise était formulée sous pression de ce qui se produisait dans les soi-disant « secteurs féminins », comme les hôpitaux, pour de meilleurs salaires et conditions de travail. En dépit du recul du féminisme, le marché du travail continuait à se féminiser. Ce processus est toujours en cours et va de pair avec la montée des contrats temporaires, à bas salaires et à temps partiel, alors que le nombre d’« emplois masculins » dans l’industrie continue de diminuer depuis le début de la crise. Les travailleurs de ces secteurs sont bien obligés de se battre pour de meilleures conditions, en dépit du manque d’organisation syndicale, parce qu’on ne sait tout simplement pas vivre avec de tels salaires. C’est ce à quoi nous avons assisté autres chez les gardiennes d’enfants flamandes l’an dernier et ensuite avec une première action des travailleurs du système des titres-service.

    Parallèlement, des couches entières de jeunes femmes et jeunes filles qui ont grandi dans le mythe du post-féminisme affrontent péniblement la réalité – sur le marché de l’emploi, dans la rue et dans leurs familles,… – et commencent à revendiquer haut et fort l’égalité et la fin du sexisme et des discriminations. Leur part majoritaire dans le personnel de tous les secteurs qui ont de près ou de loin à voir avec les soins assure aussi que leur rôle dans la défense de ce qui reste des soins de santé est crucial. La lutte pour, entre autres, un financement adéquat des hôpitaux s’est mise en branle à un rythme variable dans les différents pays, avec comme exemple le plus fort jusqu’à présent la lutte de l’hôpital de la Charité à Berlin.

    Du slogan “la lutte est toujours nécessaire” à la lutte pour un programme socialiste et pour la direction du mouvement femmes

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    Cette année encore, le PSL commémorera la Journée Internationale des Femmes sous la forme d’une journée de formation politique. Plus d’informations dans notre rubriques “femmes” ou sur notre calendrier disponible sur ce site.

    Quand nous avons commencé nos premières campagnes antisexistes dans les années ’90, essentiellement dans les universités, nous étions alors la seule force à dépenser encore de l’énergie sur ce thème. Nous défendions évidemment une approche socialiste – non pas un féminisme dirigé contre les hommes, mais contre le système – avec un accent sur la lutte contre le post-féminisme. À contrecourant par rapport à presque toutes les forces politiques, nous avons continué à frapper sur le même clou : le post-féminisme est erroné, l’égalité est loin d’être gagnée et nous devons reprendre le chemin de la lutte. Lorsque nous voulions de l’action – l’élément de conscientisation par excellence – autour des sujets liés à la question femmes, nous devions organiser les choses nous-mêmes.

    Nous n’avons pas touché de larges couches avec ce travail. A aucun moment nous n’avons obtenu des résultats comparables à ceux de notre campagne Blokbuster autour de la question du racisme, du populisme et du fascisme. Mais pour attirer des jeunes femmes vers notre parti et assister leur formation comme cadres dirigeantes, ce travail a joué un rôle important. Cela nous a préparé pour le moment où la lutte des femmes serait de nouveau présente de manière plus proéminente. Là où nous étions, avant les années ’90 sous le nom de Vonk, le plus faible dans le mouvement féministe de gauche en comparaison des autres forces révolutionnaires, notre organisation est aujourd’hui au-devant de la gauche radicale en ce qui concerne les méthodes d’action, le programme et la présence de cadres féminins. Nous avons pu tenir debout durant la période de détérioration du féminisme parce nous avons continué, à contrecourant, à nous baser sur les traditions marxistes, qui placent complètement la lutte pour l’émancipation de tous les groupes opprimés – les femmes, mais aussi par exemple les minorités nationales – dans la lutte pour le socialisme sur base de la confiance dans la classe des travailleurs et de sa lutte comme moteur pour le changement. Comme base pour notre travail femmes, nous avons voté à un Congrès National précédent des thèses et résolutions concernant le travail femmes basés sur ceux de la Troisième Internationale (3e Congrès, juillet 1921).

    Nous avons opéré parmi de petits groupes de femmes, mais nous n’y avions aucune concurrence. Aujourd’hui, cette donne est rapidement en train de changer et nous allons vite nous retrouver en minorité. Les couches de femmes qui veulent dénoncer le sexisme et mener la lutte ont grandi, mais cela s’accompagne de la réapparition de personnes qui défendent un féminisme bourgeois ou petit-bourgeois. Même si les « nouvelles féministes » ne définissent généralement plus tout simplement « les hommes » comme grands responsables du problème mais parlent plutôt du rôle de la société, des grandes entreprises et de l’instrumentalisation commerciale du corps des femmes, il existe encore beaucoup de confusion et ces mouvements n’ont aucune stratégie pour permettre la victoire. Cela comprend également le PTB qui a décidé, lors de son dernier Congrès, qu’il fallait mettre plus d’attention sur la question femmes en passant par la fondation d’une Commission femmes et la mise en place de quotas de femmes à la direction. Tout comme sur d’autres plans, ils ne défendent pas sur le terrain des femmes beaucoup plus que la veille social-démocratie qui, par son opportunisme et son réformisme, n’est pas non plus parvenue à créer un véritable lien entre la lutte des femmes et la lutte des classes afin de livrer un véritable combat pour la direction du mouvement femmes.

    Les « nouvelles féministes » ne considèrent pas cette lutte dans le cadre de la lutte du mouvement des travailleurs pour une autre société, une idée qui a reçu de grands coups en raison de l’existence et plus tard de la chute du stalinisme, mais aussi à cause du rôle de la social-démocratie, cet autre courant opportuniste dominant dans le mouvement des travailleurs. Elles considèrent complètement la lutte comme devant être menée à titre individuel et pour des solutions individuelles. Un pur idéalisme est aux commandes : « si on se détache seulement de manière individuelle des normes dominantes qui sont imposées aux femmes et si nous revendiquons activement notre rôle, tout est possible », est un peu la teneur générale de leurs propos. Nous devons prendre les aspects positifs et progressistes là-dedans – le refus radical et explicite de chaque forme d’arriération et de sexisme et la volonté de s’engager – et les utiliser dans notre approche transitoire. Parallèlement, nous devons avertir des limites de cette approche. Un mouvement qui ne va pas plus loin et qui ne commence pas une lutte contre les conditions matérielles qui donnent l’occasion à l’existence du sexisme ne peut que se heurter péniblement à un mur. Dans le meilleur des cas, ça se termine en queue de poisson, comme cela a été de nouveau le cas avec « wij overdrijven niet » (nous n’exagérons pas), sans vouloir sous-estimer l’influence que ce mouvement spontané sur les médias sociaux a eue sur « l’opinion publique ». Si la lutte n’est pas soutenue et ne commence pas à imposer des changements dans la situation objective, cette influence se diluera et, à un moment ou un autre, on en revient au « business as usual ».

    Il existe un renouveau d’activités de femmes qui s’expriment ouvertement comme féministes. Nous voulons rentrer en discussion avec elles, en partant de leurs expériences, de leur refus du rôle qui leur est imposé par la société capitaliste, de leurs revendications (etc.) pour faire un pont vers la nécessité d’un changement socialiste de société. Il y a cependant aussi d’autres figures qui arrivent sur ce terrain et qui veulent canaliser ce nouveau mouvement dans une direction inoffensive pour le capitalisme. Dans la discussion qui a éclaté suite aux déclarations du doyen de la VUB, Willem Elias, ce n’était pas par coïncidence qu’on a vu la politicienne VLD de Bruxelles, Ann Brusseel, se mettre en avant avec sa revendication au Comité d’Administration de la VUB pour la démission d’Elias parce qu’aucune étudiante ne pouvait passer ses examens le cœur léger face à ce sexiste notoire.

    Les féministes bourgeoises s’en tiennent systématiquement à de telles « victoires symboliques » (Elias a effectivement démissionné), à des « revendications femmes » qui ne coutent rien à la bourgeoisie. Le « féminisme » de l’Open VLD – tout comme celui des autres partis traditionnels (et les partis bourgeois Écolo, Groen et NVA) – ne l’empêche pas de mener une politique d’austérité qui touche particulièrement durement les femmes. Cela signifie pour de larges couches de femmes de la classe des travailleurs que le choix pour l’indépendance d’un gagne-pain masculin est en même temps un choix pour la pauvreté. Tous les pays qui ont eu à faire avec les formes les plus brutales de la politique d’austérité, comme en Grèce ou en Espagne, ont connu une croissance de la prostitution. C’est devenu la seule manière de se nourrir et de nourrir ses enfants pour une couche grandissante de femmes. Cela ne sont que quelques exemples pénibles de l’insuffisance du programme bourgeois féministe.

    Les féministes bourgeoises sont notre ennemi de classe sur le terrain de la lutte des femmes : c’est le sens véritable et le contexte derrière le 8 mars et le mouvement des travailleuses

    Le féminisme bourgeois et petit-bourgeois ne constituent pas seulement un problème du fait de leur absence de réponses face aux problèmes de la majorité des travailleuses, cela représente même un obstacle au développement d’une solution en raison de sa fonction de division dans le mouvement des travailleurs. Là où nous le pouvions, nous avons exprimé notre opposition à la forme spécifique prise par la campagne Equal Pay Day, avec sa grande attention sur la responsabilité individuelle des hommes quant à la division des tâches domestiques et son soutien à la revendication de négociations salariales individuelles comme pas vers plus d’égalité salariale. De façon similaire, nous nous sommes toujours opposés à l’idée de quotas et avons défendu un programme général pour toute la classe des travailleurs et contre chaque discrimination. Ceux qui ne font pas de même ne comprennent pas que le sexisme dispose d’une base matérielle.

    Le féminisme bourgeois a encore un rôle très diviseur sur un autre plan, parce que c’est souvent le fer de lance dans des attaques racistes contre la population musulmane de Belgique. L’interdiction du foulard, premièrement dans les écoles (allant aujourd’hui dans certaines écoles jusqu’à l’interdiction de porter des jupes longues !), puis aussi dans les fonctions aux guichets dans plusieurs administrations publiques, était en Flandre une tentative des partis bourgeois de se montrer « fermes » envers les immigrés dans la concurrence électorale avec le Vlaams Blok/Belang. Tout ceci était toujours vendu avec des arguments « féministes ». En Wallonie, ce même courant venait de France, où le mécontentement et la rage envers les partis traditionnels s’expriment, par manque d’une alternative large et crédible de gauche, avec une popularité grandissante et potentiellement dangereuse pour le FN. La gauche officielle en France défend un laïcisme militant utilisé comme instrument dans une campagne raciste. Cela joue un rôle dans le fait que la population d’origine immigrée des pays musulmans se replie de plus en plus sur elle-même.

    Nous devons continuer à mettre en garde contre cette approche. Il en va de même concernant la question nationale : nous devons comprendre que la religion est un aspect secondaire et que c’est seulement par la défense de la liberté religieuse des travailleurs croyants que l’on peut offrir une chance à l’unité des travailleurs nécessaire pour la lutte pour une autre société, où la religion s’évaporera parce que l’être humain aura finalement contrôle sur sa vie et ne sera plus soumis à l’anarchie et aux lois aveugles du marché capitaliste. Nous devons aussi comprendre que chaque limitation du droit à la liberté d’expression des groupes opprimés spécifiques va finalement mener à des restrictions de la liberté d’expression du mouvement des travailleurs et de ses organisations-sœurs. C’est bien un droit qui fait partie de la révolution bourgeoise, mais la lutte de classe des travailleurs a partout été nécessaire pour assurer l’utilisation de ce droit y compris aux couches opprimées et pas seulement à la bourgeoisie elle-même. De la même manière, cela a toujours été la classe des travailleurs qui a contré les attaques contre ce droit.

    Le fait que nous défendons la liberté religieuse ne signifie évidemment pas que nous cherchons la collaboration avec des groupes religieux ou que nous sommes prêts à baisser notre programme, entre autres notre programme concernant les femmes. Nous refusons seulement de nous retrouver du même côté des barricades que la bourgeoise dans une campagne raciste. Nous défendons le droit des musulmanes à porter le voile si elles le souhaitent, nous défendons aussi le droit des musulmanes à ne pas le faire si elles ne le désirent pas. Interdire tout simplement le port du voile n’offre pas aux femmes l’obtention de l’indépendance envers leur famille ou leur communauté. Pour cela, il faut un programme social, un programme général qui permet aux femmes de la classe des travailleurs de faire des choix de manière indépendante : le plein emploi, des salaires décents et des conditions de travail qui permettent de combiner travail et famille, des allocations décentes et le soutien social aux femmes qui en ont besoin, un programme massif de construction sociale,…

    Ces aspects diviseurs du féminisme bourgeois et petit-bourgeois clarifient que nous n’avons aucune affinité avec eux. Nous pouvons – comme c’était le cas dans la campagne contre les « pro-vie » – parfois être autour de la même table parce ces organisations sont incontournables sur certains terrains et/ou parce que nous pouvons établir une plateforme acceptable à nos yeux. Mais nous cherchons nous-mêmes la collaboration avec des organisations de travailleuses, comme les commissions femmes des syndicats et leurs organisations de jeunesse ou encore d’autres organes du mouvement des travailleurs qui organisent (surtout) des femmes. Et nous comprenons profondément que nous devons nous présenter entièrement indépendamment de ces organisations et que nous continuons à exprimer ouvertement nos critiques sur ces organisations, leur programme limité, leurs méthodes d’action incorrectes, leur bureaucratisme, etc. Dans la lutte pour les droits de femmes, nous considérons le mouvement organisé des travailleurs comme notre premier et plus important allié. Nous refusons absolument de considérer le mouvement femmes dans un cadre restreint, comme un mouvement de femmes pour les femmes exclusivement.

    Dans les années à venir, l’accent de notre travail doit être mis sur notre différenciation avec le féminisme bourgeois et petit-bourgeois ainsi que sur le recrutement de jeunes femmes et de travailleuses pour le parti sur base d’un programme socialiste. La stimulation à s’opposer au sexisme et à l’oppression des femmes ne va plus seulement venir de nous, nous allons pouvoir intervenir dans des actions spontanées comme des actions organisées par d’autres, même elles peuvent encore souvent être limitées en ampleur. Dans ces interventions, notre accent doit être mis sur notre caractère et notre programme socialiste. Nous devons dénoncer l’hypocrisie des politiciennes qui se profilent sur les problèmes de femmes, mais qui restent en même temps dans des partis qui mènent une politique d’austérité sur le dos de la grande majorité de femmes.

  • [TEXTES de CONGRES] Recherche d'alternatives

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    Le texte qui suit est la sixième partie du texte de perspectives internationales et belges discuté, amendé et voté lors du Congrès national du PSL de novembre 2015. Ce texte est également disponible sous forme de livre. Commandez dès maintenant votre exemplaire en versant 10 euros sur le compte BE48 0013 9075 9627 de ‘Socialist Press’ avec pour mention « texte de Congrès ».


     

    Recherche d’alternatives

    L’échec du capitalisme sur le plan économique, écologique et social, l’inégalité extrême, la brutalité du gouvernement de droite, etc. pousse à la recherche d’alternatives. Ainsi, Femma (équivalent flamand de Vie Féminine) lançait en septembre 2014 la proposition d’une diminution du temps de travail généralisée à 30 heures semaine. [134] Ce matin-là, chez le patronat, surtout ceux du pilier chrétien, plus d’un ont bu leur tasse de travers. Et pas seulement là. Femma n’est pas un petit groupe de femmes anarchistes en marge de la société, mais l’ancien KAV (Kristelijke Arbeiders Vrouwenbeweging). L’organisation ne défend pas comme nous la réduction du temps de travail sans perte de salaire mais, néanmoins, son argumentaire est une critique cinglante de la chasse aux profits dans la société capitaliste. Elle le dit d’ailleurs explicitement : « Derrière notre proposition pour la semaine de 30 heures se cache un modèle de société totalement différent de l’actuel. »

    Femma considère la semaine des 30 heures généralisée comme un moyen de revaloriser le travail non-rémunéré et de stimuler l’égalité entre les genres. Femma veut aussi se débarrasser de « la norme masculine de la semaine des 40 heures » et plaide pour une semaine de 30 heure comme nouvelle norme pour tout le monde. Alors, beaucoup de femmes travailleraient bien à temps plein et construiraient les mêmes droits que les hommes. Femma démontre aussi que nous sommes systématiquement à la recherche de moyens et de services dont nous pensons qu’ils nous épargnent du temps : « des repas préparés, des légumes emballés, des moyens de transports motorisés, des trajets en avion, toute une série d’appareils électriques,… beaucoup de ces produits ont un impact environnemental et énergétique élevé. La semaine des 30 heures tempérerait les effets environnementaux négatifs d’une société orientée vers la prestation et traduirait la croissance de la productivité en plus de temps libre au lieu de la consommation, redistribuerait mieux le temps de travail disponible, rendrait le travail plus supportable,… »

    Poliargus, un bureau d’études de gauche qui « œuvre pour la liberté, la démocratie et la solidarité », a réalisé une étude concernant le passage de la semaine des 39 heures à celle des 35 heures en France. Leur conclusion est que cette mesure a eu beaucoup d’effets positifs. 350.000 emplois supplémentaires ont été créés et le chômage a diminué de 10,3% à 7,5%, la qualité de vie s’est améliorée, il y avait plus d’égalité des genres dans les foyers, plus d’aînés travaillent et il y a eu une diminution du nombre d’emplois à temps partiels. [135] Mais cette mesure a aussi provoqué une augmentation de la pression au travail en France. Femma argumente qu’une réduction trop limitée du nombre dans la semaine de travail incitera les patrons à imposer à leurs travailleurs de faire le même boulot en moins d’heures. Avec une diminution drastique – la semaine des 30 heures par exemple – ceci ne serait plus possible et des recrutements supplémentaires seraient nécessaires pour faire face à la charge de travail. Pour le PSL, la revendication du programme de transition de l’échelle mobile des salaires et des heures de travail reste la base de notre position. Pour le moment, nous traduisons cela par la revendication des 32 heures de travail par semaine sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, mais nous sommes bien entendu ouverts à des améliorations.

    Un autre exemple de recherche d’idées alternatives est celle du revenu de base garanti. Dans le passé, cela était considéré comme une utopie désespérée. En Belgique, un revenu de base universel de 1000 euros à partir de l’âge de 18 ans signifiera une dépense de 108 milliards d’euros par an. C’est largement plus que les 76 milliards de dépenses pour la sécurité sociale en 2014. On pourrait mettre en avant qu’un certain nombre de dépenses réalisées aujourd’hui disparaitraient après l’introduction d’un revenu de base, mais ce n’est certainement pas le cas pour les dépenses en maladie et en invalidité qui pèsent à elles seules 29,4 milliards d’euros. Probablement, on veut aussi sauvegarder l’allocation familiale, qui représente 4,8 milliards d’euros. Les pensionnés recevront-ils un revenu de base à la place de leur pension ? Et que faire avec les pensions de plus de 1000 euros et pourquoi un salarié aurait droit à son salaire plein et qu’un pensionné payerait lui-même son revenu de base ? Que faire avec les allocations de chômage plus élevées que 1000 euros, même s’il n’y en a pas beaucoup, la différence serait-elle ajoutée ?

    Néanmoins, la demande d’un revenu de base est aujourd’hui beaucoup plus proche d’être concrétisée qu’auparavant. Aux Pays-Bas, des projets sont prévus dans quatre municipalités pour y mener des expériences locales avec un revenu de base (Utrecht, Wageningen, Tilburg et Groningen). Dans neuf autres, soit des recherches sont en cours afin de déterminer si cela est possible, soit une motion a été votée dans ce sens. Dans 28 autres municipalités, cela existe à des degrés variables. C’est ce qu’a écrit un certain Rutger Bregman le 5 août 2015 dans le Vooruitgang. Il a déclaré que dans des municipalités comme Utrecht, provisoirement, seules les personnes qui ont déjà un droit à une allocation y ont droit et qu’il s’agit donc plutôt d’une « allocation inconditionnelle ». Il s’agit néanmoins d’un revirement par rapport à la politique d’activation aujourd’hui utilisée avec une rigueur grandissante dans la sécurité sociale. C’est en fait l’une des principales raisons de la popularité du revenu de base.

    En Finlande, cette discussion est aussi sur la table de la coalition conservatrice, avec participations des Vrais Finlandais (populiste de droite), là, en première instance, un revenu de base serait introduit dans les régions au chômage élevé, on parle de 500 euros mais, selon certains, même de 850 à 1000 euros. [136] La critique classique, c’est que cela pousserait des gens à ne plus travailler et surtout dans les secteurs où il y a déjà pénurie, mais 79% de la population soutient la mesure, à l’exception des fonctionnaires des services publics qui craignent une perte d’emplois.

    Tony Atkinson, professeur à la London School of Economics, qui est aussi qualifié de père spirituel de Thomas Piketty, parle de cela en ces termes : « j’ai été très longtemps sceptique à propos de l’idée, mais je pense que son époque est arrivée. Pourquoi ai-je changé d’opinion ? Parce que la société a changé, et en particulier le marché du travail. Le nombre de gens avec un emploi fixe et à temps plein devient de plus en plus petit. Mais notre sécurité sociale est tout de même totalement construite autour de ce modèle traditionnel de gagne-pain. Nous allons devoir repenser notre sécurité sociale, pour assurer son efficacité et son équité. Un revenu de base peut aider, surtout si nous voulons construire quelque chose au niveau européen. Mais attention, un tel revenu de base n’est pas libéré de toute obligation. On ne peut pas recevoir de l’argent comme ça. [137]

    A la question à Johnny Thijs (ex-CEO de la poste) si le revenu de base n’est pas une folie gauchiste, il répond « ça l’a été longuement dans la tête parce que j’ai longtemps pensé que face à une rémunération il faut un effort, c’est le moteur du progrès. Maintenant je doute. On peut apprendre du chinois à des jeunes. On peut leur apprendre à programmer un ordinateur. Mais il y aura toujours un groupe considérable de gens qui n’ont pas de talents pour une formation plus élevée. Que faire avec les travailleurs manuels lorsque le travail manuel devient superflu. Je ne vois toujours pas comment nous arriverons à payer un revenu de base à chacun, mais je n’exclus plus l’idée ». [138] Si des capitalistes considèrent un revenu de base, c’est surtout par peur de troubles sociaux qu’ils veulent tempérer. Auparavant, la sécurité sociale était capable de corriger les pires émanations du capitalisme. Aujourd’hui, la ruine sociale est telle que la sécurité sociale est de plus en plus mise sous pression.

    Poliargus a aussi ses doutes concernant le revenu de base. Il accentue que pour beaucoup de partisans libéraux, c’est une alternative au service public et à la sécurité sociale. Une partie des allocataires (pensionnés, chômeurs,…) « reculerait parce que leur allocation serait remplacée par un revenu de base moins élevé. Les fortunés recevraient un revenu de base en plus de leur revenu déjà élevé. » Puis que « les services publics ne sont simplement une alternative importante pour le secteur privé orienté vers le profit. Cela assure aussi tout un nombre de services de base (mobilité, enseignement, soins de santé, énergie,…) Tout comme à la sécurité sociale, la règle est valable que les revenus les plus bas et la classe moyenne plus large en serait plus dépendante que les fortunés et perdraient plus avec son démantèlement. Par la suite, Poliargus argumente que même le démantèlement de la sécurité sociale et des services publics ne sera pas suffisant pour financer un revenu de base élevé. « Lorsque l’on constate que le Tax Shift a totalement nié le principe de la justice fiscale, il est peu probable que le financement d’un revenu de base en ce moment pourrait se faire de manière progressiste. »

    Poliargus pointe aussi le fait qu’un revenu de base ne contrarie pas les raisons pour lesquelles une partie de plus en plus restreinte va vers les 99%, c’est-à-dire la concentration des richesses au sommet de la société. En plus d’être loin d’être garanti que la majorité des travailleurs seraient capables de refuser un emploi parce que les conditions ne sont pas convenables. Finalement, tant que les normes sociales mettent en avant un certain type de consommation, beaucoup de gens vont néanmoins accepter un mauvais emploi afin de pouvoir atteindre cette norme. C’est justement pourquoi selon Poliargus « l’action et les mesures collectives sont une meilleure alternative que de laisser dépendre les discussions du pouvoir de marché du travailleur. » Pour d’autres problèmes, il existe d’ailleurs des alternatives qui peuvent être plus efficaces qu’un revenu de base : des services publics universels et des impôts progressifs sur les inégalités, les réductions du temps de travail collectif contre les longues heures de travail et pour plus de temps libre, la redistribution du travail et de l’emploi publics contre le chômage. »

    Mais Poliargus comprend également qu’automatiquement la question se pose : pourquoi donc cela ne se fait pas ? « Que ces mesures politiques ne soient pas introduites est largement dû au fait que les relations de force actuelles ne sont pas favorables à une politique progressiste. Ainsi nous arrivons à une réflexion essentielle. Le revenu de base semble pour une partie de ses partisans une voie facile vers le progrès. Au lieu de suivre la voie difficile et cahoteuse de changement de relation de force. Mais à un moment où la gauche se trouve toujours en position défensive en Europe occidentale (et dans pratiquement tout le reste du monde), le danger que le revenu de base soit appliquée de manière réactionnaire est réel. Cela nous conduit à un paradoxe : au plus la politique est à droite, au plus des progressistes considèrent le revenu de base comme une solution. Mais le moins fort que la gauche peut être sur le terrain politique, le plus grand est la possibilité que le revenu de base entraine une politique encore plus droitière. Un changement dans la politique exige donc en premier lieu un changement au niveau des relations de force. Cela signifie le renforcement des syndicats, des mouvements sociaux et des partis de gauche, de l’action collective, de la lutte sociale et de la mobilisation et la politisation de toute question en contradiction gauche/droite. Si ces relations de force ne changent pas, la possibilité est très grande que le revenu de base soit usé et abusé comme partie intégrante d’un projet de droite. »

    Ce n’est pas une coïncidence que ce soit Milton Friedman qui ait suggéré en premier cette idée d’un revenu de base. Il comprenait qu’à partir des années ’80, le chômage massif resterait une caractéristique structurelle du capitalisme. Il « l’acceptait » et s’opposait d’ailleurs à toute tentative de tempérer cela par des interventions publiques. Il savait que cela mettrait sous pression le mécanisme de solidarité de la sécurité sociale. C’était selon lui une opportunité d’individualiser les facilités sociales et casser la solidarité entre travailleurs avec et sans emploi à travers un revenu de base. De cette manière, il n’y aurait plus de chômeur, mais seulement des gens qui auraient de leur propre volonté choisi de ne pas travailler. Celui qui s’attaque à la sécurité sociale s’attaque au salaire brut de tous les travailleurs. Mais celui qui réduit le revenu de base, soit de manière nominale, soit au travers de l’inflation, ne s’attaque qu’à la partie qui a « volontairement » abandonné son moyen de résistance principale, sa possibilité d’arrêter le travail. Pour Friedman et beaucoup de partisans actuels du revenu de base, il s’agit surtout d’un pied de biche pour pouvoir casser le mécanisme de solidarité collectif de la sécurité sociale et les services publics.

    La question d’un revenu de base ne peut pas être découplée de la question des relations de force entre travail et capital. Sous le capitalisme, cela nous semble une utopie dangereuse qui peut fondamentalement affecter la force du mouvement des travailleurs. Durant le siècle précédent, nous aurions aussi considéré le revenu de base, même dans une société socialiste, comme une utopie de gens qui perdent de vue les énormes défis mondiaux. Mais la société a changé depuis. Aujourd’hui, la science et la technique, à condition d’être sous gestion et contrôle démocratiques de la société, nous offrent la possibilité non seulement de répartir le travail disponible entre toutes les personnes qui sont capables de travailler mais aussi de permettre à ceux qui ne veulent pas travailler, alors même qu’ils pourraient travailler moins ou à des conditions plus agréables, de leur reconnaître le choix de ne pas participer au travail productif et de disposer malgré tout d’un revenu socialement acceptable.

    Un dernier élément dans la recherche d’alternative que nous voulons toucher est celui de l’économie du partage. L’émergence du web dans les années ’90 a fait croître le mouvement du logiciel libre. Ses partisans militaient pour un partage libre, gratuit et collaboratif des avancées logicielles. Au-delà de l’aspect technique, c’est sur base de ces principes que sont nés plus tard des projets comme Wikipédia puis, dans les années 2000, ce qui a été désigné comme l’économie du partage. Derrière ce concept aux frontières floues, on retrouvait un ensemble de services construits sur base de la solidarité et de l’échange : covoiturage, couchsurfing (se loger gratuitement en voyage), achats groupés, monnaies alternatives, SEL (systèmes d’échange locaux, où l’on peut s’échanger des petits services), financement participatif, etc. S’ils ne sont pas tous nés avec lui, c’est le web qui a permis à ces systèmes de prendre de l’ampleur. Certains intellectuels ont alors publié de nouvelles perspectives. Un nouveau type d’économie allait apparaître, fondée sur la prise de conscience écologique, l’échange et les communications presqu’infinies que permettent internet. Cette économie du futur allait phagocyter le capitalisme. [139]

    Basées sur de bonnes intentions mais sur une mauvaise compréhension du système capitaliste, ces théories n’ont à aucun moment abordé sérieusement la nature de classe du capitalisme et la nécessité d’y mettre fin avec un programme de rupture clair. Les entrepreneurs, eux, n’ont pas manqué de voir le potentiel qu’il y avait là-derrière. Ils ont commencé à s’approprier progressivement ces services et les ont développés en fonction de leurs intérêts. Airbnb a par exemple recyclé l’idée du couchsurfing. Le crowdfunding – ou financement participatif – a été conçu pour financer les projets du monde associatif mais sert de plus en plus à financer les entreprises. Fiverr, site américain à succès, propose comme les SEL de s’échanger des services, mais a remplacé la gratuité par le « tout à 5 euros ». Le leader français du covoiturage, Blablacar, est quant à lui devenu une entreprise au taux de croissance exponentiel depuis sa conversion au modèle payant en 2012.

    L’organisation des gens en réseaux et la mutualisation des informations est toujours là, mais les échanges sont devenus payants. Marginaux, ces secteurs pouvaient être gérés de manière alternative, devenus grands la logique du système s’est imposée. L’économie du partage est passée aux mains des capitalistes : elle partage tout, sauf les bénéfices. L’ascension des nouvelles technologies ouvre ainsi de nouvelles opportunités aux capitalistes. Ils incluent progressivement dans le monde du profit des domaines de la vie qui leur échappaient encore largement. Ceci confirme une fois de plus une position de Marx, c’est-à-dire que le capitalisme ou la production de marchandise a la tendance à transformer tout en marchandise. Le capitalisme peut désormais marchandiser le covoiturage, les services entre voisins, le financement solidaire, les données concernant nos goûts et notre vie privée, la discussion et la rencontre,…

    Des logiciels libres comme GNU/Linux, des sources d’informations collaboratives comme Wikipedia ouOpenStreetMap, et différentes technologies internet ont été le plus souvent conduits par une communauté geek qui n’était pas guidée par l’appât du gain. Celle-ci a entrevu l’énorme potentiel que la mise en réseau pouvait apporter aux systèmes d’entraide et au genre humain en général. Ce sont des exemples intéressants à utiliser pour démonter les idéologies bourgeoises qui prétendent que la nature humaine serait égoïste et que la concurrence du marché libre serait le meilleur moteur de l’innovation. Au contraire, ce sont les grandes multinationales qui constituent le plus grand frein sur le progrès et l’efficience, entre autres par la formation de monopole, par vendor lock?in, c’est?à?dire des systèmes fermés/protégés créant des incompatibilités inutiles, par brevets,… Le capitalisme a néanmoins la capacité de s’adapter aux circonstances et à récupérer les idéologies qui n’entrent pas directement en conflit avec lui. Par exemple, L’Open source « pragmatique » est la scission (de droite) du mouvement Free Software qui lui a des principes politiques. Les algorithmes, le « big data », la démocratisation des PCs et smartphones toujours plus performants, « l’internet des objets », les imprimantes 3D,… sont des outils d’une puissance fascinante qui pourraient nous permettre d’organiser la société de manière réellement démocratique. Nous pourrions utiliser ces technologies pour décider collectivement de ce que nous voulons produire et avec quels moyens. Nous pourrions plus facilement que jamais dans l’histoire de l’humanité permettre à chacun d’exprimer son opinion et ses intérêts. Nous pourrions profiter de l’automatisation pour diminuer notre temps de travail tout en partageant les richesses. Chauffeurs Uber et taximen ne seraient plus entraînés dans une concurrence absurde. C’est ce à quoi nous pensons lorsque nous parlons de société socialiste.

    Mais cela nécessite que la majorité sociale soit aux commandes, et non plus une minorité. Nous ne pourrons pas bâtir un tel système sans prendre possession des grands moyens de production et de l’industrie technologique des mains de la classe capitaliste au pouvoir. Les changements économiques engendrés par la propagation d’internet et le développement des dernières technologies provoquent des débats importants et légitimes. Ceux qui veulent en finir avec ce système doivent discuter et tenir compte de ces évolutions. Mais le capitalisme ne s’effondrera pas par lui-même : nous devons organiser le combat avec un programme et des méthodes qui l’attaquent en son cœur.


     

    134 http://www.femma.be/nl/onze-visie/artikel/waarom-het-nieuwe-voltijds-zo-veel-kansen-in-zich-heeft
    135 http://poliargus.be/in-vijf-jaar-naar-35-uur/
    136 La Finlande prête à expérimenter la fin du travail? Francetvinfo,20 juillet 2015
    137 ‘Een basisinkomen kan nooit onvoorwaardelijk zijn’, De Standaard 28 maart 2015
    138 ‘Ik was de moordenaar van het dorpsleven’, De Morgen, 22 augustus 2015
    139 Dans son livre « Sauver le monde. Vers une économie post-capitaliste avec le peer-to-peer » (2015), le belge Michel Bauwens met en avant l’« économie du peer-to-peer (P2P) ». Quelques mois plus tôt, l’essayiste américain Jeremy Rifkin annonçait lui aussi l’arrivée du modèle des « communs » dans son livre « La nouvelle société du coût marginal zéro : L’internet des objets, l’émergence des communaux collaboratifs et l’éclipse du capitalisme »

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