Tag: Irlande

  • Journée internationale d’action pour le droit à l’avortement en Irlande

    irlandeMercredi 28 septembre, à 18:30, devant l’ambassade irlandaise (180 chaussée d’Etterbeek, 1040 Etterbeek)

    Le 28 septembre est la journée internationale d’action pour le droit à l’accès à un avortement sûr et légal. Cette année encore, suite à l’appel de ROSA Irlande (campagne pour des droits Reproductifs, contre l’Oppression, le Sexisme & l’Austérité), des militants pro-choix à travers le monde organiseront des actions de solidarité.

    En effet, en Irlande, l’avortement est toujours interdit et lourdement sanctionné. Le 8ème amendement ancre d’ailleurs cette interdiction dans la constitution. Les mobilisations à venir sont essentielles car, en octobre, le parlement Irlandais débâtera de la proposition de loi de notre parlementaire Ruth Coppinger (Socialist Party, notre parti frère en Irlande) pour l’abrogation du 8ème amendement.

    L’objectif est donc de mettre la pression sur politiciens et le gouvernement irlandais pour le vote de cette loi à l’aide d’actions locales et internationales.

     

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  • École d'été du CIO. Exemples historiques du potentiel de la lutte de masse

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    Mais atteindre la victoire nécessite une organisation et des tactiques adéquates

    L’école d’été annuelle de notre internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière, (organisée par les Étudiants de Gauche Actifs / Actief Linkse Studenten) comprend à chacune de ses éditions un meeting central qui aide à souligner quelques lignes centrales dans la foule des thèmes abordés au cours de ces 6 jours de discussion. Cette année, beaucoup d’attention a été accordée à l’instabilité mondiale mais aussi à quelques événements historiques d’importances. Cette année est en effet le centenaire des «Pâques Sanglantes», le soulèvement de Dublin de 1916. Mais nous fêtons également les 80 ans des développements révolutionnaires survenus en Espagne mais aussi en France en 1936. Avec ce meeting, le CIO tenait à souligner l’importance pour les travailleurs de disposer d’une politique indépendante des partis bourgeois. Notre camarade Geert Cool nous livre un rapport de cette discussion.

    80 ans après la révolution espagnole

    La première oratrice était Viki, une camarade de notre section espagnole. Elle est revenue sur quelques grandes lignes de la situation révolutionnaire qu’a connue l’Espagne dans les années 1930, les années 1936 et 1937 en constituant le point culminant. En 1931, les anti-monarchistes avaient remporté les élections et obtenu l’abdication du roi. Mais le gouvernement républicain n’a pas répondu aux attentes concernant la réforme agraire et de meilleures conditions de vie. Cela a conduit à une lutte radicale, avec notamment la Commune Asturienne et des mouvements de grève qui ont secoué toute l’Espagne. En 1936, les élections apportent le Front populaire au pouvoir. Les masses n’attendent pas les décisions d’en haut pour obtenir des changements, les travailleurs et les pauvres s’y mettent eux-mêmes. C’est ainsi que des ouvriers se sont mis à occuper les usines. Quand il est devenu clair que le Front populaire refusait d’armer les ouvriers et les paysans pauvres contre la menace fasciste, ils se sont armés eux-mêmes.

    Le Front populaire était une initiative unitaire initiée par le sommet du Parti communiste, des sociaux-démocrates et de diverses forces libérales. Dans le cas de l’Espagne, ces dernières ne représentaient pas les «éléments progressistes» de la bourgeoisie, mais plutôt l’ombre de la bourgeoisie. Cette unité fut rendu possible par le tournant opéré par l’Internationale communiste stalinisée (la IIIe Internationale) qui avait mis fin à son cours ultra-gauche qui lui faisait s’opposer à tous les autres, y compris à la base de masse des partis sociaux-démocrates, pour adopter une approche contraire. Il fallait désormais rechercher l’unité avec les dirigeants non seulement de la social-démocratie, mais aussi avec toutes sortes de forces libérales. Selon le parti Communiste stalinisé, il s’agissait de la première phase de la lutte : tout d’abord vaincre le fascisme. Une deuxième phase de la lutte mettrait à l’ordre du jour la combat pour le socialisme. Cela a dans les faits signifié que le Front Populaire s’est retourné contre les aspirations révolutionnaires de la base de la société.

    La soulèvement de Franco et des fascistes contre les masses révolutionnaires a finalement pu l’emporter, mais il a fallu des années. Sans la lutte héroïque des travailleurs et leur soutien international, Franco aurait probablement immédiatement pris le pouvoir. Les travailleurs ont développé leurs propres milices et même organisé leurs propres soins de santé. Barcelone a été reprise en 24 heures par ces milices agissant comme une véritable armée de libération sociale, ce qui a conduit à une situation de double pouvoir. La classe ouvrière avait le potentiel d’étendre et de consolider cette prise de pouvoir, mais elle s’est heurtée aux autorités du Front Populaire qui voulaient rester dans les limites du capitalisme. À cette fin, le gouvernement a brisé les milices ouvrières et a repris le contrôle de certains endroits stratégiques contre les travailleurs. A ce titre, la conquête sanglante de la centrale téléphonique de Barcelone en mai 1937 a constitué un point tournant. La centrale était gérée par les travailleurs, sous une forte influence du syndicat anarchiste CNT.

    La situation est évidemment différente aujourd’hui. Mais nous devons tirer la leçon que les alliances et coalitions avec des partis capitalistes sont utilisés pour défendre les intérêts de la bourgeoisie et non pas ceux de la classe ouvrière. Des coalitions de forces de gauche avec des partis austéritaires pour au final appliquer elles-mêmes des économies budgétaires sont désastreuses pour les conditions de vie de la majorité de la population, et elles ne peuvent pas stopper l’extrême droite, au contraire. Mais il ressort de l’expérience espagnole de 1936 que la classe ouvrière dispose d’une puissance tout bonnement phénoménale. Pour peu qu’elle soit organisée et qu’elle développe sa propre alternative sur cette base, rien ne peut lui résister. Cela vaut toujours à l’époque actuelle.

    100 ans après les «Pâques Sanglantes»

    Le deuxième orateur était Paul Murphy, membre du Parlement irlandais et l’un des principaux dirigeants de la campagne contre la taxe sur l’eau. Des commentateurs de presse irlandais l’ont appelé le «Boris Johnson irlandais» à cause de son opposition à l’Europe du capital. La comparaison est bien entendu parfaitement erronée : il y a peu de choses en commun entre un populiste réactionnaire de Londres et un défenseur intransigeant des intérêts de la classe ouvrière.

    Le soulèvement irlandais de Pâques 1916 était une révolte contre l’impérialisme britannique. Mais selon le dirigeant socialiste James Connolly, il pouvait également mettre le feu à la mèche d’une révolte européenne contre la guerre pour renverser la classe dirigeante brutale. La justesse de cette perspective ne deviendra apparente qu’un an plus tard, lorsque la Révolution russe a conduit à une vague révolutionnaire dans toute l’Europe. En Irlande aussi le soutien fut énorme pour la Révolution russe, avec des réunions de masse, des occupations d’usines et une période révolutionnaire qui allait durer jusqu’en 1923.

    Malheureusement, le soulèvement de Pâques de 1916 était prématuré et la base sur laquelle il reposait trop limitée pour obtenir une victoire. Ses différents dirigeants ont été exécutés, parmi lesquels James Connolly. La classe ouvrière s’est donc retrouvée sans direction lors de la période révolutionnaire qui a suivi 1917. Connolly et ses associés étaient particulièrement impatients. Ils n’ont pas adopté de position politiquement indépendante de la classe ouvrière, mais ont au contraire soutenu une déclaration nationaliste bourgeoise. Connolly, qui était président du plus grand syndicat, n’a pas appelé à la grève générale parce qu’il savait qu’il serait isolé. Sa réaction peut se comprendre en raison du désespoir et de la désillusion consécutive à la trahison de la direction de la Deuxième Internationale qui avait décidé de rejoindre la barbarie de la guerre mondiale au lieu de s’y opposer.

    Cela confirme par la négative tout l’intérêt pour un parti révolutionnaire de disposer d’une direction collective ainsi que la nécessité de l’internationalisme révolutionnaire. Au sein de la Deuxième Internationale, Connolly se tenait aux côtés de Lénine & Co mais, après 1914, il n’a plus eu aucun lien avec ses alliés dans d’autres pays. Il appartenait toutefois à cette petite minorité de dirigeants de gauche qui ne se sont pas compromis dans la trahison et se sont opposés à la guerre, à l’instar d’autres dirigeants tels que Lénine, Trotsky, Luxembourg, Liebknecht et l’Ecossais John MacLean. Connolly s’était précédemment prononcé contre l’adhésion de socialistes à des gouvernements capitalistes. Lors du congrès de la IIe Internationale de 1900, une discussion avait éclaté au sujet de la participation des sociaux-démocrates français au gouvernement de 1898. Pour Kautsky, il s’agissait d’une question de tactique et non de principe. Connolly lui a répondu que les masses révolutionnaires ne devait pas accepter de «fonctions gouvernementales qu’ils n’avaient pas obtenues sur base de leurs propres forces.»

    Cette indépendance de la classe ouvrière est une question fondamentale pour la victoire des mouvements sociaux. C’est ce que nous avons encore pu constater dans le combat contre la taxe qui visait à en finir avec la gratuité de l’eau en Irlande. Tandis que d’autres ont recherché à conclure une unité par le sommet en essayant d’attirer des parties de l’establishment, nous avons défendu des méthodes radicales reposant sur la base en appelant à une campagne de non-paiement de la taxe dirigée par des activistes locaux. Avec actuellement 73% de la population ayant refusé de payer la dernière facture, il est clair que cet appel et l’organisation du boycott de masse a été d’une grande importance. La suspension de la taxe d’eau (survenue après la tenue des dernières élections anticipées) est une défaite majeure pour le gouvernement et une source de confiance pour la classe ouvrière. Cela instaure l’idée que des victoires sont possibles. Cela sera utile autour d’autres thèmes, comme au sujet du droit à l’avortement, toujours illégal en Irlande.

    Une commentateur bourgeois a écrit dans un journal à diffusion nationale qu’une «petite clique de trotskystes clique qui défend ouvertement le renversement du système politique réussit à déterminer l’agenda politique.» Pour la classe dirigeante, notre position est en effet effrayante. D’où la répression que subissent les militants qui s’opposent à la taxe sur l’eau. En avril prochain se déroulera un procès contre les activistes de Jobstown. Ces militants, parmi lesquels Paul Murphy lui-même et deux conseillers locaux de l’Anti-Austerity Alliance, sont accusés de «séquestration» par l’ancienne vice-Premier ministre Joan Burton dont la voiture a été bloquée pendant deux heures à cause d’une manifestation spontanée. Les arrestations, survenues un mois après notre victoire lors d’une élection parlementaire intérimaire, étaient une manière pour l’establishment d’envoyer un signal clair : «n’allez pas plus loin!» Le procès d’avril prochain prévoit des peines allant jusqu’à l’emprisonnement à vie ! Nous mènerons campagne avec acharnement, tant en Irlande qu’au niveau international, contre cette répression politique. Comme Connolly l’avait fait remarquer : «Nous devons mettre en garde la classe dirigeante: vous pouvez nous emprisonner ou nous assassiner. Mais à partir de prison ou du cimetière, nous continuerons à construire la force par laquelle vous serez assommés. »

    80 ans après la grève générale de 1936 en France

    En 1936, la France a été agitée, dans une période de révolution et de contre-révolution, comme l’a noté Leila, de la Gauche Révolutionnaire. France avait été plus tardivement affecté par la crise mais elle a connu une explosion du nombre de chômeurs. Jusqu’à un million de Français sont devenus sans emploi. Cela a conduit à de grandes marches de chômeurs.

    En février 1934, des milices fascistes ont tenté de prendre le pouvoir avec des groupes de droite. Ils ont marché sur le parlement. La journée fut marquée par des émeutes et des morts. Les contre-révolutionnaires ont éveillé le mouvement ouvrier et un mouvement antifasciste s’est développé. L’appel à une réponse forte contre la menace fasciste a été utilisé pour constituer un Front Populaire entre les dirigeants sociaux-démocrates et ceux du Parti communiste avec le Parti radical, un parti bourgeois.

    Le Front Populaire n’a pas cherché à renforcer la lutte révolutionnaire pour un autre système, l’objectif était de sauver le système capitaliste et l’Etat bourgeois. Pourtant, de nombreux travailleurs se sont sentis encouragés par le Front Populaire et par le gouvernement du Front Populaire. Plus d’actions contre les patrons ont eu lieu. En mai 1936, un grand mouvement de grève a commencé au Havre après le licenciement de deux travailleurs. Ce mouvement de grève a été caractérisé par des actions de masse, y compris à l’initiative de travailleurs peu rémunérés. Les serveurs des cafés se sont par exemples mis en grève.

    Le Premier ministre Léon Blum a reconnu que des concessions étaient nécessaires, d’autant plus que l’on craignait que la grève devienne un véritable mouvement révolutionnaire sur lequel les directions syndicales n’auraient plus de prise. L’élite dirigeante a pris peur parce qu’elle a pu voir de ses yeux la puissance du mouvement ouvrier. Les directions des partis communiste et sociaux-démocrates ont cherché à entraver la poursuite du mouvement à partir de leurs positions au gouvernement. Le Parti communiste a défendu que la révolution n’était pas à l’ordre du jour parce qu’il fallait tout d’abord combattre le fascisme.

    La menace de la révolution a conduit à des concessions importantes telles que les congés payés, la semaine de travail des 40 heures et la reconnaissance des droits syndicaux. Le mouvement fut également une source d’inspiration pour d’autres mouvements, y compris le mouvement de grève générale révolutionnaire en Belgique en mai-juin 1936. Bien plus était possible à obtenir à partir du mouvement de grèves de 1936, mais il aurait alors fallu une direction révolutionnaire capable de mener le combat pour arracher le pouvoir des mains de l’élite capitaliste.

    Apprendre des leçons du passé pour vaincre à l’avenir !

    Le meeting a été clôturé par Peter Taaffe, du Secrétariat international du Comité pour une Internationale Ouvrière. Il a souligné l’importance d’étudier les mouvements du passé à tous les niveaux de notre organisation afin de renforcer le cadre de nos partis afin d’être en mesure de gagner la bataille. Dans une période turbulente telle qu’aujourd’hui, comme l’a encore illustré le coup d’Etat manqué en Turquie, d’autres développements sociaux importants ne sont pas inimaginables.

    Aujourd’hui, la conscience, y compris parmi l’avant-garde du mouvement ouvrier, a considérablement reculé par rapport aux années 1930. A ce moment-là, l’idée de former une coalition avec des partis bourgeois était immédiatement assimilée à une trahison. La situation est différente aujourd’hui. Beaucoup peuvent considérer qu’une telle coalition serait un pas en avant, un moyen d’instaurer des politiques progressistes au moins partiellement. Nous avons besoin de regarder ces expériences historiques dans leur contexte, mais aussi d’en tirer les leçons pour aujourd’hui.

    En France et en Espagne, nous avons vu en 1936 que les graines de la révolution étaient présentes. Trotsky avait fait remarqué qu’en Espagne il n’y avait pas eu une, mais au moins dix opportunités révolutionnaires. Ce potentiel n’a pas été exploité, à cause de la tactique du Front Populaire et d’autres facteurs. Selon Trotsky, le Front Populaire a agit comme un briseur de grève pour stopper la radicalisation du mouvement. Le caractère inachevé des révolutions de 1936 a fait dévier l’Histoire. Le massacre de la seconde guerre mondiale aurait pu être évité en cas de victoire de la révolution en France et en Espagne.

    Une des principales raisons de ce caractère inachevé a été l’imposition d’un Front Populaire par en haut. La prise du pouvoir par les nazis en Allemagne fut un choc pour le mouvement ouvrier et a conduit à une aspiration unitaire. Trotsky a réitéré son appel au front unique: marcher séparément, frapper ensemble. En d’autres termes : unité d’action, tout en maintenant ses propres programmes et propositions. Au lieu de cela, le Parti communiste a préconisé une caricature d’unité, y compris avec les radicaux français envers lesquels les masses n’avaient à juste titre aucune confiance.

    Les mouvements de 1936 ont été stimulés par le choc de l’arrivée au pouvoir du régime nazi en Allemagne, mais aussi par le contexte économique. Ainsi, les salaires des travailleurs français avaient diminué de 30% entre 1931 et 1936. En 1936, les partis du Front populaire recueillaient 5,5 millions de voix contre 4,5 millions pour la droite. Les radicaux avaient perdu un demi-million de voix, tandis que le Parti communiste avait doublé son résultat.

    Le mouvement de masse en France était énorme: 500.000 personnes avaient participé à un rassemblement pour commémorer la Commune de Paris. Le mouvement de grève de mai et juin a impliqué 3 millions de travailleurs, soit bien plus que le nombre de syndiqués. Le Premier ministre Léon Blum s’est retrouvé dans une position difficile. Il a fait remarqué qu’il craignait être dans la même position que Kerenski en Russie et que la situation conduirait à l’arrivée d’un Lénine français.

    Ce mouvement a eu un impact international, jusqu’en Allemagne. Tout d’abord, la presse allemande a parlé du «chaos» des grèves françaises. Mais quand les travailleurs ont commencé à prendre confiance et à se sentir enthousiasmés, toutes les nouvelles venues de France ont été censurées. Un mois plus tard à peine, la question du pouvoir était posée en Espagne. Une victoire dans ces deux pays aurait pu poser les bases d’une fédération socialiste, ce qui aurait eu un impact dans toute l’Europe et au-delà.

    Il était alors possible aux travailleurs de prendre le pouvoir de manière relativement pacifique. Si cela n’a pas été le cas, cela est dû à l’attitude de la direction du mouvement ouvrier. Le Parti communiste a fait remarquer qu’il «fallait savoir finir une grève», slogan qui sera répété par le PCF en 1968. Pourtant, des concessions importantes ont été arrachées, même si celles-ci ont été rapidement minées par l’inflation. En 1938, la social-démocratie a disparu du gouvernement.

    Les dirigeants du mouvement ouvrier ont à peine tiré les leçons de ces évènements. Au Chili, en 1973, les mêmes erreurs ont été répétées avec des conséquences sanglantes. Il est nécessaire d’être intransigeant en termes de coalitions et de refus d’appliquer la politique bourgeoise. Les coalitions avec les partis bourgeois sont similaires à la relation qu’un cavalier entretient avec son cheval, mais c’est la bourgeoisie qui est en selle et tient les rênes en mains. Mais il faut bien entendu toujours expliquer cette attitude de façon tactique. Il suffit de penser à la façon dont Lénine avait articulé ses slogans contre le gouvernement provisoire en Russie après février 1917: «A bas les 10 ministres capitalistes», plutôt que «A bas le gouvernement provisoire.»

    Dans la nouvelle période d’instabilité mondiale et de recherche d’alternatives qui nous fait face, le mouvement ouvrier a d’énormes défis à relever. Fort de l’expérience du passé récent et un peu plus lointain, nous pouvons relever ces défis et développer dans ce cadre des tactiques combatives ainsi qu’un programme avec lequel nous pouvons vaincre.

  • [VIDEO] #KeepCorbyn Messages de solidarité du Parlement irlandais

    Paul Murphy AAA

    Dans les vidéos ci-dessous, les députés du Socialist Party (section du Comité pour une internationale Ouvrière en république irlandaise et parti-frère du PSL) et de l’Anti Austerity Alliance Paul Murphy et Ruth Coppinger s’expriment contre le coup d’Etat en cours au sein du Parti Travailliste britannique de la part des Blairistes pour retirer la présidence du parti à Jeremy Corbyn. Ils s’expriment également au sujet de l’impact du Brexit.

  • Un gouvernement irlandais (provisoirement) sur pied. La taxe sur l’eau suspendue.

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    Après deux mois de négociations, un laps de temps exceptionnellement long selon les normes irlandaises, un nouveau gouvernement a enfin vu le jour. Le Fine Gael formera un gouvernement minoritaire avec le soutien du Fianna Fáil (les deux partis traditionnels du capitalisme irlandais) et certains députés indépendants. Le Premier ministre Enda Kenny, à la tête du Fine Gael, rempile donc à ce poste pour un second mandat. Mais pour combien de temps ?

    Par Jeroen (Gand)

    L’establishment dans la tourmente

    L’establishment irlandais est, depuis plusieurs années, sous une pression forte de la part de la base de la société. Les élections de février ont été une vraie claque pour les partis au pouvoir, le Fine Gael et le parti travailliste, qui ont respectivement perdu 26 et 30 sièges. Ces élections ont marqué la fin du système des ‘‘deux partis et demi’’ qui voyait systématiquement l’alternance du Fianna Fáil et du Fine Gael au pouvoir avec le parti travailliste comme partenaire d’appoint. En février, le Fine Gael et le Fianna Fáil ne sont même pas parvenus ensemble à récolter 50 % des voix. Pendant un certain temps, il a été question d’une ‘‘grande coalition’’ de ces deux partis, mais il ne restait alors plus de parti d’opposition fiable pour l’establishment. Cela aurait considérablement renforcé l’influence de la gauche sous la forme de l’AAA-PBP, une coalition de gauche radicale à laquelle participe notre parti-frère irlandais, le Socialist Party (voir nos éditions précédentes).

    Un gouvernement instable

    Cette solution d’un gouvernement sans majorité parlementaire est essentiellement un signe de faiblesse. L’aspiration de la majorité de la population pour un changement reste complètement ignorée. La taxe sur l’eau profondément détestée (et qui a donné lieu à de nombreuses mobilisations de masses ces derniers mois) est temporairement suspendue en attendant l’avis d’une commission parlementaire. Dans le cadre de ce mouvement de masse, le Fianna Fáil ne s’est prononcé qu’à contrecœur et du bout des lèvres contre cette taxe. Aujourd’hui, le parti prétend que cette suspension est “sa” victoire, alors que c’est clairement le résultat de la pression du mouvement. Tôt ou tard, la question fera l’objet d’un vote au Parlement et le Fianna Fáil ne pourra plus se cacher.

    Construire une véritable alternative de gauche

    Le peuple irlandais exige des solutions pour de nombreux problèmes importants : la crise du logement, l’austérité, la crise des soins de santé, l’illégalité de l’avortement,… L’establishment politique est incapable d’y remédier puisqu’il refuse de toucher aux privilèges de la classe capitaliste.

    Sous la pression du mouvement de masse, des concessions peuvent être arrachées, ce qui est clairement démontré par la récente victoire contre la taxe sur l’eau. Mais les masses ne peuvent se reposer ni sur les candidats ‘‘indépendants’’ prêts à tout pour un poste prestigieux et grassement rémunéré, ni sur des forces politiques telles que Fianna Fáil et le Sinn Féin qui n’ont aucun scrupule à conclure des accords qui renient leurs promesses. Le Socialist Party et l’AAA-PBP (Anti Austerity Alliance – People Before Profit) s’efforceront de poursuivre la construction d’une voix politique de gauche conséquente.

  • Ruth Coppinger, première femme candidate Premier ministre d'Irlande

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    La crise politique se poursuit en Irlande. Aucun des deux grands partis historiques du pays (le Fianna Fail et le Fine Gael) n’est parvenu à obtenir une majorité, ils se retrouvent à tenter de négocier avec des élus indépendants pour s’en sortir. Deux semaines après la première session parlementaire, une deuxième a eu lieu cette semaine dans le but d’élire le Premier ministre (le “Taoiseach”).

    La fraction AAA-PBP (Anti-Austerity Alliance – People before Profit) a présenté son propre candidat, sans illusions quant à une éventuelle nomination mais afin d’utiliser le Parlement pour défendre une alternative de gauche. C’est notre camarade Ruth Coppinger (élue de notre parti-frère le Socialist Party tous comme les deux autres députés AAA) qui a été présentée. C’est la première fois de l’histoire d’Irlande qu’une femme est ainsi présentée pour ce poste.

    Alors que l’actualité de ces derniers jours est essentiellement consacrée au scandale des Panama Papers, Ruth Coppinger a été la seule candidate à en parler au Parlement. Les autres n’étaient pas à l’aise sur cette question, ils défendent après tout le système de la course aux profits à l’origine de ces évasions fiscales.

    Prise de parole de Ruth Coppinger

    Présentation de sa candidature par Mick Barry

  • [VIDEO] Paul Murphy & Kshama Sawant: construire la révolution politique

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    paul_political_revolutionUn meeting de nos camarades américains de Socialist Alternative vient de se tenir à Seattle au sujet de la révolution politique à construire contre la classe des milliardaires. Au côté de Kshama Sawant, élue au conseil de la ville de Seattle, se trouvait Paul Murphy, membre du Parlement irlandais où il a été élu en tant que candidat de l’Anti-Austerity Alliance. Il est également membre du Socialist Party, notre parti-frère irlandais. Il y a pris la parole au sujet de la situation politique bouillonnante en Europe dans des pays comme l’Irlande, l’Espagne et le Portugal, où le soutien aux partis de l’establishment s’est effondré tandis que des partis anti-austérité ont connu un prodigieux essor.

    Paul Murphy sera également présent ce 9 avril à Bruxelles pour notre journée “Socialisme 2016”.

    kshama_paulKshama Sawant a abordé la manière de construire la révolution politique aux USA au-delà des primaires présidentielle du parti démocrate et de la candidature de Bernie Sanders. Bernie se bat toujours, et il a raison. Mais il est temps de regarder sobrement quelle est la situation et de tirer des leçons de cette expérience. Il faut débattre de la façon d’éviter que l’engouement pour la révolution politique contre la classe des milliardaire peut sortir de la camisole de force du Parti Démocrate dominé par Wall Street.

  • Élections irlandaises. L'establishment en déroute tandis que la gauche progresse

    Paul_AAA_01Paul Murphy et Ruth Coppinger sont réélus tandis que Mick Barry fait son entrée au Parlement

    Le gouvernement irlandais de coalition du Fine Gael et du Labour Party (Parti Travailliste) a reçu une véritable claque à l’occasion des élections générales de ce 26 février. La profonde colère de classe ressentie contre la politique d’austérité et, plus particulièrement, contre la trahison du Parti Travailliste a poussé les électeurs à infliger une cuisante et humiliante défaite à ces deux partis. Le résultat n’est pas encore connu pour certains derniers sièges, mais les résultats déjà connus montrent que le Labour a perdu au moins les trois quarts de ses sièges et n’a remporté que 6,6% des votes de première préférence (selon le principe du scrutin à vote unique transférable, NDT), soit une baisse de près de 20% par rapport à 2011. Le Fine Gael (FG) a perdu plus de 10% et plus de 20 sièges. Le paysage politique est totalement chamboulé et fragmenté, avec également la montée en puissance d’une nouvelle gauche socialiste.

    Par Danny Byrne, Comité pour une Internationale Ouvrière

    “Laissez la relance économique se poursuivre”

    Les partis gouvernementaux ont mené une campagne électorale désastreuse. En dépit des sondages qui n’ont pas montré clairement de perspective d’un gouvernement alternatif, le soutien du FG et du Parti Travailliste a systématiquement baissé au fur-et-à mesure qu’approchait le jour du scrutin. Les partenaires gouvernementaux ont cherché à se présenter comme la seule option viable en menaçant les électeurs du chaos que représenterait n’importe quel autre choix à la «stabilité» qu’ils pouvaient seuls garantir.

    Ils n’ont cessé de répéter : «laissez la relance économique se poursuivre», selon l’idée que le gouvernement serait parvenu à extraire l’économie irlandaise du marasme et qu’il devait par conséquent être autorisé à poursuivre son travail. Ce slogan a connu un flop retentissant.

    Ainsi que l’a expliqué l’Anti Austerity Alliance (au sein de laquelle est activement engagé le Socialist Party – section du Comité pour une Internationale Ouvrière en République irlandaise et parti-frère du PSL, NDT), ce discours basé sur une reprise économique contrastait massivement avec la réalité et l’atmosphère présente dans les quartiers ouvriers du pays. Ces communautés ont été durement frappées et dévastées par les années successives de politique d’austérité durant la récession, mais la «reprise» du capitalisme irlandais leur est passée au-dessus de la tête. Tous les avantages de cette reprise ont été empochés par le 1% au sommet de la société alors que les conditions de vie de la majorité de la population stagnaient.

    Plutôt que d’inspirer la foi dans les partis au pouvoir, ce slogan et cette idée ont plutôt renforcé les sentiments d’amertume et d’injustice parmi les masses aux prises avec la lutte quotidienne pour parvenir à joindre les deux bouts et face au constat des inégalités profondément ancrées dans cette prétendue reprise économique.

    Voilà la toile de fond derrière les malheurs et misères du gouvernement aux élections. Les menaces de «la stabilité ou le chaos» n’ont en rien amenuisé l’ardente volonté de connaitre un changement. L’état d’esprit anti-establishment qui existe dans la classe ouvrière en Irlande était suffisamment enraciné que pour vivement couper court au chantage et à l’alarmisme du gouvernement.

    Une crise sans précédent de l’establishment politique

    Ces élections plongent le capitalisme irlandais dans une crise profonde, selon des lignes déjà observées dans d’autres pays européens touchés par la crise, comme l’Espagne et la Grèce. Les partis de la domination capitaliste sont en crise après avoir subi le test de la pratique et ne peuvent tout simplement plus continuer à arriver au pouvoir en alternance pour assurer la «stabilité» du système de marché.

    En Irlande, cela s’exprimait historiquement par la domination de deux partis conservateurs de droite, le Fianna Fail et le Fine Gael, aux côtés du Parti Travailliste, l’ancien parti social-démocrate. Ces partis ont érgulièrement monopolisés à eux seuls environ 90% de l’espace électoral. Mais cette fois-ci, le Fianna Fail et le Fine Gael ont obtenu moins de 50% des voix ensemble tandis que le Parti Travailliste était décimé. Les suffrages restants sont fortement dispersés, avec 30% des voix en faveur d’indépendants et de petits partis et un peu moins de 14% pour le Sinn Fein.

    Cela ouvre une grave crise politique. À l’heure actuelle, la seule majorité gouvernementale qui semble viable serait composée du Fine Gael et du Fianna Fail, une espèce de «grande coalition» à l’irlandaise. Ces deux partis ont, pour l’instant, exclu qu’un tel scénario puisse voir le jour pour des raisons politiques (ils ne veulent pas voir dominer une plus forte opposition anti-establishment). Mais la pression en faveur de ce scénario sera toutefois intense de la part de certaines couches de l’établissement, y compris au sein de ces deux partis. Diverses possibilités ont déjà circulé, comme celle d’une alternance des deux partis au poste de «Taoiseach» (Premier ministre) ou encore celle d’un gouvernement minoritaire du Fine Gael avec le soutien du Fianna Fail. De nouvelles élections pourraient également être convoquées dans ces prochains mois.

    Le Sinn Fein

    Le Sinn Fein a renforcé son soutien électoral ainsi que son nombre de sièges, mais bien en-deçà des attentes. L’an dernier, il avait dépassé les 20% dans les sondages et était même considéré capable de contester la place du Fianna Fail comme second parti du pays. Sa direction se présentait comme le potentiel leader du prochain gouvernement. Mais il s’est retrouvé avec moins de 14% des voix, soit environ 10% derrière le FF, et a même perdu un certain nombre de circonscriptions clés, y compris au bénéfice de la gauche socialiste.

    Traqué par la presse et les partis de l’établissement au sujet de questions historiques et de sécurité, le Sinn Fein a fait l’effort de courtiser les faveurs de l’establishment pour prouver qu’il pouvait être «responsable». Alors qu’il voulait se présentait comme une véritable alternative à gauche, il a limité son programme électoral à «l’espace fiscal» autorisé par les règles restrictives de la troïka européenne, excluant ainsi dans les faits l’arrivée d’un véritable changement tel que désiré par les travailleurs. Il a également courtisé les partis de l’establishment en tant que potentiel partenaire de coalition, refusant même d’exclure de conclure un accord avec le FF (une possibilité rendue impossible par la réalité des résultats électoraux).

    Sur la question clé de la nouvelle taxe qui vise à en finir avec la gratuité de l’eau, qui a déclenché un mouvement de masse au cours de ces dernières années, le Sinn Fein s’est vu exposé au grand jour et même dépouillé par la véritable gauche, en particulier par l’Anti Austerity Alliance. Les travailleurs et les jeunes les plus conscients, ceux qui ont joué un rôle actif dans le mouvement de masse contre la taxe sur l’eau et l’austérité de manière plus générale, ont eu tendance à favoriser ceux qui avaient construit le mouvement et l’avaient dirigé sur ceux qui avaient limité leurs efforts à une timide assistance parlementaire. C’est ce qu’illustrent les résultats électoraux et les gains substantiels pour l’Anti Austerity Alliance (AAA) et le Socialist Party (parti-frère du PSL, NDT) dans les circonscriptions clés que sont Dublin Ouest, Dublin Sud-Ouest et Cork North Central.

    Croissance de la gauche socialiste et remplacement du Parti Travailliste

    Paul Murphy sera en Belgique le 9 avril, à l'occasion de notre journée
    Paul Murphy sera en Belgique le 9 avril, à l’occasion de notre journée Socialisme 2016.

    La crise capitaliste actuelle a conduit à la disparition du Parti Travailliste fondé par le marxiste James Connolly, devenu depuis lors un vicieux instrument au service des patrons et des marchés. Mais la situation actuelle est aussi marquée par l’émergence d’une nouvelle gauche dans laquelle les socialistes révolutionnaires jouent un rôle clé et qui est d’ores et déjà prête pour de nouvelles percées.
    L’AAA, en alliance avec People Before Profit (PBP), a constitué le plus sérieux défi de la gauche à l’échelle nationale de l’histoire de l’Etat dans ces élections, en se présentant dans plus de 30 circonscriptions. L’alliance a remporté 4% des votes nominatifs de premier choix en ne se présentant que dans un peu moins d’un tiers des circonscriptions. Il s’agit d’un excellent résultat pour une nouvelle initiative socialiste combattive.

    Au moment décrire cet article, il semble que L’Anti Austerity Alliance a réélu avec succès les membres du Socialist Party Ruth Coppinger (Dublin Ouest) et Paul Murphy (Dublin Sud-Ouest) tout en réalisant une percée impressionnante en parvenant à faire élire un autre membre du Socialiste Party, Mick Barry, à Cork Nord-Central. Il s’en est également fallu de peu (270 voix) qu’un siège soit également conquis dans la ville de Limerick avec Cian Prendiville, ce qui aurait été le choc des élections. Cela provient de la campagne fantastique qui a été menée mais aussi de la reconnaissance du rôle de premier plan joué par le Socialist Party et l’AAA dans la construction du mouvement contre la taxe sur l’eau.

    L’alliance People Before Profit semble avoir également remporté 3 sièges au moment d’écrire cet article, ce qui signifie qu’un bloc de 6 députés pourra être constitué. Cette plate-forme sera d’une aide précieuse pour la lutte contre l’austérité du prochain gouvernement.

    Un gouvernement de coalition Fine Gael – Fianna Fail serait désastreux pour la classe des travailleurs en Irlande. Les mouvements de masse qui ont ébranlé le précédent gouvernement devront redoubler d’efforts. Le Socialist Party et l’AAA orienteront leur attention vers la construction de ces mouvements afin d’assurer l’abolition de la taxe sur l’eau et d’arracher un refinancement public massif des soins de santé, de l’enseignement, des logements et l’amélioration des conditions de vie des masses.

    Cette lutte doit nécessairement étendre ses objectifs au-delà de «l’espace fiscal» des capitalistes et de la troïka. L’économie doit être réorientée pour satisfaire les besoins de la population au lieu des profits de quelques-uns. Seules des politiques de type socialiste, basées sur la propriété publique démocratique des secteurs clés de l’économie, représente une alternative au règne des multinationales. Le soutien pour de telles politiques peut rapidement se développer avec l’aide de la nouvelle gauche socialiste combattive qui se lève pour remplacer les vendus du Parti Travailliste.

  • [VIDEO] Irlande: Meeting réussi de l'AAA-PBP

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    Vous trouverez ci-dessous la vidéo des prises de parole des députés Paul Murphy et Ruth Coppinger (membres de l’Anti Austerity Alliance et du Socialist Party) lors d’un meeting organisé par l’Anti-Austerity Alliance/People Before Profit, à Dublin tout juste après qu’une manifestation de masse de dizaines de milliers de personnes ait à nouveau protesté contre la nouvelle taxe sur l’eau. Les élections générales se dérouleront demain.

  • [INTERVIEW] Élections générales en Irlande sur fond de colère anti-austéritaire

    political_revolutionL’Irlande se rend aux urnes pour des élections générales le 26 février. Le Socialist Party, parti-frère irlandais du PSL, y a participé dans le cadre d’un front plus large dénommé l’Anti-austérity Alliance (AAA) et espérait bien voir nos camarades Paul Murphy et Ruth Coppinger être réélus. Joe Higgins (actuellement député du Socialist Party) nous en parle.

    Joe Higgins : ‘‘Le programme d’austérité de ces huit dernières années a intensifié les inégalités dans la société irlandaise. Cela reflète très bien ce qui s’est également produit à l’échelle internationale, comme en a témoigné le récent rapport de l’ONG Oxfam selon lequel, pour la première fois de l’Histoire, les 1 % les plus riches détiennent plus de richesses que le reste de l’humanité, les 99 %.
    L’élection de Jeremy Corbyn à la tête du parti travailliste en Grande-Bretagne et l’énorme soutien dont jouit le candidat ‘‘socialiste’’ aux primaires démocrates Bernie Sanders aux Etats-Unis sont des illustrations de l’opposition croissante et de l’énorme colère contre cette société inégalitaire. Cela se voit aussi en Irlande.

    Depuis la crise économique, il y a eu une relative reprise économique, mais nombreux sont les travailleurs qui n’en ressentent tout simplement pas les effets, la politique d’austérité continue à lourdement peser sur leurs épaules. À la suite de la crise financière, par exemple, de nouveaux emplois ont été créés, mais avec une forte tendance à être peu qualifiés, mal payés, précaires et ainsi de suite, comme des contrats ‘‘zéro heure’’ (où l’employeur ne mentionne aucune indication d’horaire ou de durée minimum de travail, NDT).

    Nous connaissons également une terrible crise du logement, un véritable enjeu dans ces élections. Les services de santé sont eux aussi en crise profonde, les hôpitaux sont débordés en raison d’un manque de ressources et des effets cumulés des diverses opérations de réduction des dépenses.

    Ce que nous essayons de faire ressortir dans le débat politique, c’est que les partis de l’establishment capitaliste, et également le Sinn Fein, limitent leur approche économique à ce qu’ils appellent ‘‘l’espace fiscal’’. Ils veulent instaurer une batterie d’impôts supplémentaires en imaginant que l’économie se développera sans problème au cours des cinq prochaines années. Cette discussion est devenue véritablement obsessionnelle chez eux. Ils essayent ainsi de détourner l’attention de l’immense richesse concentrée dans les mains d’une infime élite et des gros bénéfices engrangés par les grandes entreprises. L’Irlande est réellement un paradis fiscal.

    Les moyens existent pour stimuler les conditions de vie de la population. Être capable d’utiliser ces ressources nécessite d’imposer une taxation progressive et de nationaliser le secteur bancaire. Nous avons également besoin d’investissements publics à grande échelle afin de construire de nouvelles maisons, par exemple.

    Ces revendications-clés dépendent du développement d’une alternative politique. Nous appelons à une ‘‘révolution politique’’ qui mette de côté les partis de l’establishment pour construire une nouvelle force qui puisse représenter les intérêts de la classe des travailleurs.’’


    L’Anti-Austerity Alliance & People Before Profit

    L’Anti-Austerity Alliance et People Before Profit disposaient de 4 députés dans l’ancien parlement et il est bien possible qu’ils en disposent de 7 après le 26 février. Ils pourraient ainsi constituer un groupe parlementaire officiel. AAA-PBP ont déposé 31 candidats.

    Le député Paul Murphy a été élu lors d’élections intermédiaires dans le district de Dublin South West. Il a notamment utilisé sa position élue pour être porte-voix de la résistance à la nouvelle taxe sur l’eau. Avant cela, Paul a été député européen en remplacement de Joe Higgins lorsque ce dernier a été élu au Parlement irlandais. Le 9 avril prochain, il sera en Belgique en tant qu’orateur pour notre journée ‘‘Socialisme 2016’’ à l’occasion d’un atelier sur la gauche européenne et le ‘‘plan B’’ de Varoufakis ainsi que pour le meeting de clôture.


     

    Joe Higgins n’est plus candidat

    joe_greeceLes lecteurs réguliers de Lutte Socialiste et de socialisme.be connaissent la réputation politique de Joe Higgins. Il fut, des années durant, la figure publique de notre parti-frère irlandais. Député de 1997 à 2007 et à nouveau à partir de 2011, après deux années passées au parlement européen, Joe ne s’est pas présenté cette fois-ci. Il est maintenant âgé de 66 ans et veut passer le flambeau à de plus jeunes militants, comme la députée Ruth Coppinger, issue comme lui de Dublin West. Joe continuera bien entendu à jouer un rôle politique important. Nous tenons à le remercier Joe pour ses années de dévouement et pour la manière dont il a toujours utilisé sa position publique à destination du renforcement de la lutte des travailleurs et des opprimés.

    Le dernier exploit parlementaire de Joe Higgins fut de participer à une enquête parlementaire consacrée à la crise financière. Il avait notamment interrogé Patrick Honohan, l’ancien gouverneur de la Banque centrale irlandaise, en ces termes : ‘‘Est-il vrai que la bulle immobilière a été gonflée par la recherche extrême de profits par les banques, les promoteurs et les actionnaires ? Que c’est ainsi que fonctionnent les marchés financiers capitalistes? Que cette idéologie est partagée par le gouvernement, par la majorité parlementaire ainsi que par la plupart des médias et des organismes de règlementation, dont les membres sont généralement recrutés dans le secteur financier? Et que l’idée prédominante est de ‘‘ne pas séparer le lion de sa proie’’ ?’’ A la grande surprise des journalistes, Honohan a bien dû admettre ‘‘Oui, c’est vrai’’.

    Joe a rejeté le rapport final de l’enquête et a présenté un rapport alternatif de 146 pages disponible en ligne à: http://antiausterityalliance.ie/wp-content/uploads/2016/01/banking-inquiry.pdf

  • Irlande. Nouvelles élections, discrédit de l’establishment et défis pour la gauche

    irlande_AAALa politique d’austérité a provoqué un appauvrissement massif en Irlande, contrairement à ce qui est dit dans les médias internationaux. Les salaires ont chuté, les contrats précaires à bas salaires constituent aujourd’hui la norme et le pourcentage d’emplois faiblement rémunérés est le plus élevé de l’Union européenne.

    Par Finghin Kelly, Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en république irlandaise)

    L’échec de l’austérité ne s’est vu nulle part plus nettement que dans le logement. Plus de 100.000 familles sont sur les listes d’attente des logements sociaux. Les loyers grimpent en flèche et le nombre de sans-abris atteint des niveaux records (parmi lesquels 1.500 enfants !). Par contre, au cours de ces 5 dernières années, les richesses des 300 personnes les plus riches du pays sont passées de 50 milliards € à 84 milliards €.

    Ces élections seront marquées par cette explosion des inégalités, mais aussi par un monumental mouvement d’opposition à la taxe sur l’eau qui a cristallisé toute l’opposition à l’austérité. Des dizaines de milliers de travailleurs et de pauvres se sont impliqués dans cette campagne qui a touché tous les quartiers et connu plusieurs manifestations de masse. En dépit de toute la campagne d’intimidation menée par les médias et le gouvernement, plus de la moitié des ménages ne l’ont toujours pas payée ! L’Anti Austerity Alliance (AAA, dont sont membres nos camarades irlandais du Socialist Party, NDT) a représenté une force de premier plan dans l’organisation de ce mouvement de résistance.

    La défense du droit à l’avortement a également gagné en ampleur l’an dernier. Son interdiction est inscrite dans la constitution irlandaise, mais les sondages, les uns après les autres, ont illustré un soutien grandissant pour l’abrogation de cette interdiction constitutionnelle, alors que l’establishment politique refuse de revoir le rôle de l’Église catholique dans l’État. Cette aspiration à l’égalité et à un État séculaire s’est aussi exprimée il y a peu à travers le référendum pour le mariage homosexuel et la spectaculaire victoire du ‘‘Oui’’.

    L’autorité des partis traditionnels est aujourd’hui en berne. Les trois partis qui ont monopolisé la scène politique depuis l’indépendance du pays ne parviennent désormais plus à atteindre ensemble les 50 % dans certains sondages. Le Parti travailliste (équivalent du PS et du SP.a, NDT) ne récolte parfois que 6 % et il n’est pas certain qu’il dispose encore de députés à l’avenir !

    Le Sinn Féin pourrait par contre réaliser une percée (les sondages le placent régulièrement à 16-20%). Ce n’est pas un parti des travailleurs ou un parti anticapitaliste, mais il a su gagner un soutien en se présentant en adversaire de l’austérité, sans toutefois avoir été réellement actif dans la construction du mouvement anti-austéritaire. Il n’a défendu aucun programme et aucune tactique pour remporter ce combat, refusant même d’encourager le non-paiement de la taxe sur l’eau. Le Sinn Féin a été jusqu’à s’engager à respecter les règles budgétaires de l’Union européenne une fois au pouvoir ! En Irlande du Nord, là où le parti participe à un gouvernement de coalition depuis 1998, il a appliqué des coupes budgétaires et accepté de diminuer les taxes sur les entreprises, de sabrer la sécurité sociale et de licencier 20.000 fonctionnaires.

    L’Anti Austerity Alliance défendra aux élections un programme anti-austérité de principe en refusant de se laisser prendre au piège dans la camisole de force des règles de l’Union européenne et en accentuant la nécessité que la classe des travailleurs entre en action et s’organise pour assurer que ses revendications soient traduites dans les faits. Certains sondages placent l’AAA (avec d’autres groupes de gauche) à 7 % nationalement. Une percée et plus de députés sont possibles, ce qui fournirait une meilleure plate-forme pour une gauche de principe et de combat.


     

    Un meeting préélectoral de l’Anti Austérity Alliance (AAA, au sein de laquelle nos camarades du Socialist Party irlandais sont très actifs) a eu lieu ce samedi en irlande, avec une excellente participation de 300 personnes environ. La campagne est placée sous le slogan “Il nous faut une révolution politique!” Parmi les orateurs, aux côtés de Paul Murphy ou encore de Ruth Coppinger, se trouvait notamment Kshama Sawant, conseillère socialiste élué à Seattle (Socialist Alternative).

    Meeting préélectoral de l'AAA

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