Tag: Irlande

  • [VIDEOS] Rassemblement de solidarité avec la lutte anti-austérité en Grèce

    Voici ci-dessous une vidéo de la prise de parole de notre camarade Eric Byl lors de l'action de solidarité avec la résistance grecque contre l'austérité qui a eu lieu hier à Bruxelles, face à la Bourse. Eric a bien entendu abordé la situation en Grèce et la réaction de l'establishment capitaliste européen, mais il a aussi parlé de la résistance qui se développe en Irlande et de la nécessité de s'impliquer au maximum dans la lutte contre le gouvernement Michel et toute la politique d'austérité en Belgique. A la fin de son petit discours, Eric a été chaudement salué par Manolis Glezos, député européen de Syriza et héro national en Grèce. En mai 1941, il était monté au sommet de l'Acropole en compagnie d'un camarade afin de dérober le drapeau nazi qui y flottait depuis un mois, moment de l'entrée des troupes allemandes à Athènes. Il est par la suite resté très actif dans les luttes sociales et antifascistes.

    Éclairages sur la lutte contre la taxe sur l’eau en Irlande

    A la fin du rassemblement de solidarité avec les luttes du peuple grec, Eric a expliqué quels sont les enjeux du mouvement contre la taxe sur l’eau en Irlande dans le cadre d’un appel à la solidarité qui fait suite à l’arrestation de plus de 20 activistes la semaine dernière.

    Présentation du meeting international lors de la journée “Socialisme 2015”

  • La police irlandaise utilisée contre les protestations anti-austérité, mais la résistance se développe

    paularrested-300x160Ce lundi, le député irlandais Paul Murphy (élu de l’Anti Austerity Alliance et membre du Socialist party, le parti-frère irlandais du PSL) a été arrêté de même que deux conseillers municipaux et un autre activiste (voir notre article à ce sujet). Le lendemain, quatre nouvelles arrestations d’activistes ont à nouveau eu lieu. Ce fut pareil le mercredi et le jeudi, des mineurs ont même vu la police débarquer chez eux pour les emmener au poste.

    A chaque fois, les militants arrêtés ont été libérés après une journée en cellule. La police est utilisée dans l’objectif clair de tenter de briser la résistance de masse qui se développe depuis plusieurs mois contre la Taxe sur l’eau ou au moins pour essayer de miner le soutien au mouvement. Une instrumentalisation aussi ouvertement politique de la police est remarquable.

    La répression ne s’arrête pas là. Lorsque, de retour au Parlement, Paul Murphy a voulu interpeller le Premier ministre irlandais au sujet de cette action policière, il a été immédiatement réprimandé par le président du Parlement, qui a même exigé que l’on coupe le micro de Paul. Ce sont là des tentatives désespérées de mettre fin à une résistance anti-austérité tout à fait légitime. Mais le soutien aux militants arrêtés se développe. L’acteur Russell Brand a notamment publié une vidéo dans laquelle il proteste contre l’arrestation de Paul et appelle à soutenir la campagne de boycott de masse de cette taxe qui représente une nouvelle charge de plusieurs centaines d’euros par an pour chaque ménage.

    La presse francophone a également fait écho à cet événement. Nous avons déjà parlé sur ce site de l’article du Monde (En Irlande, l’Alliance anti-austérité rêve de marcher dans les pas de Syriza et Podemos), mais il y a également eu des articles sur le site de l’Humanité (Paul Murphy arrêté), d’Europe1 (Irlande : AAA, ce parti anti-austérité sur les traces de Syriza) et du site lepetitjournal.com (POLITIQUE – Paul Murphy arrêté hier matin par la Garda).

  • Irlande : arrestation du député Paul Murphy et d’autres activistes. Non à la répression politique!

    Arrestation de Paul Murphy à son domicile.

    Ce 9 février, le député irlandais Paul Murphy, élu de l’Anti-Austerity Alliance et membre du Socialist Party (section irlandaise du Comité pour une Internationale Ouvrière et parti-frère du PSL) a été arrêté de même que d’autres activistes de la campagne « We Won’t Pay » (Nous ne payerons pas) parmi lesquels les conseillers municipaux de l’Anti-Austerity Alliance Kieran Mahon et Mick Murphy. Cette arrestation effectuée lors d’un raid policier mené à leurs domiciles aux petites heures du matin est liée à une action de protestation pacifique contre la « Taxe sur l’eau » à Jobstown en novembre dernier. Tous ont depuis lors été relâchés. A la suite de ces 4 arrestations, de nouvelles ont été menées dès le lendemain, y compris celle d’un adolescent de 16 ans.

    Depuis le mois de septembre, les protestations contre une taxe sur l’eau potable qui met fin à sa gratuité ont pris une ampleur sans précédent en Irlande. Cette mesure, qui coûtera plusieurs centaines d’euros par an à chaque ménage, a cristallisé l’opposition à toute la politique antisociale menée par les autorités irlandaises. En 2010, l’Irlande a été mise en coupe réglée par la Troïka, à l’instar d’autres pays européens. Tout comme ailleurs, cette politique d’austérité drastique a suscité une très large colère. « Il ne s’agit pas que de l’eau, mais de ce qui s’est passé ces cinq dernières années », a ainsi déclaré un manifestant opposé à cette taxe au quotidien français Le Monde.

    Dans un autre article (En Irlande, l’Alliance anti-austérité rêve de marcher dans les pas de Syriza et Podemos), le même quotidien développe : « Alors que les premières factures doivent tomber en avril et coûteront plusieurs centaines d’euros par an aux ménages, les campagnes appelant au non-paiement sous le mot d’ordre « No way, we won’t pay » (« pas question, on ne paiera pas »), essaiment à travers le pays. Du jamais vu depuis l’indépendance en 1922. Pas même au plus fort de la crise financière. Car l’eau cristallise tout le reste. Coupes dans les dépenses publiques, baisse des salaires, augmentation des impôts : la rigueur budgétaire – dont le pays est officiellement sorti en octobre – a demandé trop d’efforts aux Irlandais. Le taux de chômage a certes baissé, mais avoisine toujours les 10,7 %. Et, alors que le gouvernement les serine avec la reprise économique, une grande partie des 4,5 millions d’habitants n’en ressent toujours pas les effets. « Les 99 % de gens ordinaires voient qu’on fabrique une reprise pour les 1 % de riches aux dépends du reste de la population qu’on continue à saigner », tance Paul Murphy. Le député a encore sa carte au Parti socialiste (trotskiste), qu’il a intégré à l’âge de 18 ans. »

    Cet article a d’ailleurs abordé l’arrestation des militants anti-austérité : « Le 9 février, Paul Murphy et plusieurs opposants à la taxe sur l’eau ont ainsi été placés en garde à vue plusieurs heures – avant d’être finalement relâchés –, pour être questionnés sur leur possible lien avec un incident impliquant une ministre, lors d’une manifestation en novembre. « Une tentative de plus de dénigrer le mouvement contre la taxe sur l’eau », a immédiatement réagit l’AAA, certains militants dénonçant un « coup politique et médiatique ». »

    Déclaration de Paul Murphy à sa sortie de prison :

    Paul_murphy“Aujourd’hui, 4 nouvelles personnes ont été arrêtées en relation avec les protestations. Elles ont reçu le même traitement brutal, avec de nombreux membres de la Gardai débarquant à leurs portes aux petites heures du matin.

    “La Gardaí a marqué un but contre son propre camp hier et en a marqué un nouveau aujourd’hui avec ces nouvelles arrestations. Parmi elles, celle d’un adolescent de dix ans qui a vu 10 Gardaí à sa porte.

    “Selon certains medias, la Gardaí prévoirait d’arrêter jusqu’à 40 personnes en relation avec les protestations. Avec 4 personnes arrêtées aujourd’hui et 4 hier, est-ce une période de 10 jours de raids contre des manifestants pacifiques qui a été ouverte ? La Gardaí prévoit-elle de faire un exemple avec ces 40 personnes en envoyant un message politique au reste du pays selon lequel il ne serait pas toléré de protester ? Il s’agit de répression policière de la politique.”

    Réaction du député Joe Higgins (Socialist Party) suite à la nouvelle de l’arrestation de Paul Murphy :

    Joe_higgins“L’arrestation du député de l’AAA Paul Murphy, des conseillers Kieran Mahon et Mick Murphy ainsi que d’une quatrième personne qui doit encore être identifiée est une pauvre tentative de dénigrer et d’affaiblir le mouvement contre la Taxe sur l’eau au moment où les factures vont arriver et que nous avons besoin d’un boycott de masse de cette taxe.

    “Ces arrestations résultent d’une enquête “criminelle” impliquant 6 officiers de police [Gardai] (…) depuis novembre. Nombre d’habitants et d’activistes ont été entendus durant cette enquête où la Gardaí a constamment cherché à impliquer Paul Murphy dans les événements du 15 novembre. La population considérera cela comme un gaspillage criminel du temps et des ressources de la Gardai.

    “S’agit-il d’une enquête concernant quoi que ce soit de sérieux ou s’agit-il plutôt d’un effort visant à créer une mauvaise réputation au mouvement contre la taxe sur l’eau, au député Paul Murphy, aux conseillers municipaux Kieran Mahon et Mick Murphy, à la campagne We Won’t Pay, à l’Anti Austerity Alliance et au Socialist Party ?”

    Réaction de la députée Ruth Coppinger (Socialist Party):

    Ruth_sp“D’où provident cette enquête ? Des ordres directs ont peut-être été donnés par le gouvernement via le ministère de la Justice, mais il est plus probable que la Gardai ait décidé d’exagérer de novembre dernier afin d’aider le gouvernement mis en difficulté par la Taxe sur l’eau.

    “Le 15 novembre, une petite manifestation a eu lieu à Jobstown, de manière spontanée, dès qu’a couru le bruit selon lequel la vice première ministre Joan Burton (Parti Travailliste) était dans la région. Cette dernière s’est vue bloquée quelques heures, face à une petite foule qui a fait entendre son opposition à la Taxe sur l’eau et aux attaques sur les collectivités locales qui proviennent de son ministère de la protection sociale.

    “Il s’agissait une action de protestation sérieuse, mais pacifique. Les membres de l’AAA qui ont été arrêtés n’ont pas pas organisé cette protestation, mais ils y ont participé et ont contribué à assurer que la communauté puisse faire valoir son point de vue de manière non-violente. Il est d’ailleurs ironique de se souvenir que le jour-même, sur le terrain, la police locale avait reconnu le rôle joué par Paul Murphy et l’avait même remercié!

    “Ces arrestations ne permettront pas de dissuader les gens de poursuivre leurs protestations, en particulier pour assurer que les factures à venir en avril soient contrées par un boycott de masse. La Taxes ur l’eau sera vaincue. ”

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière et ses sections, dont le PSL en Belgique, appellent à envoyer des lettres de protestations au Quartier Général de la Garda (la police irlandaise) afin de condamner cet acte de répression politique qui vise très clairement à intimider les activistes qui s’opposent à la Taxe sur l’eau.

    Ces lettres de protestations doivent être envoyées au Commissaire de la Garda, Noirin O Sullivan à l’adresse pressoffice@garda.ie, avec des copies à webmaster@taoiseach.gov.ie et info@socialistparty.ie. La tenue de piquets de protestation aux ambassades et consulats d’Irlande sont également les bienvenus.

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  • [INTERVIEW] Irlande : “Il est possible de faire chuter le gouvernement”

    Interview de Paul Murphy, parlementaire de l’Anti Austerity Alliance (AAA) et membre du Socialist Party, réalisée par Sascha Stanicic. Cette interview a été publiée dans Lutte Socialiste après être parue dans le journal allemand Junge Welt.

    paul-300x185Ces dernières années, l’Irlande a fait figure de bon élève en matière d’austérité. Le niveau de vie de la population en a fortement souffert. Cela n’a toutefois pas été accepté docilement puisque des actions de masse ont fait leur apparition. Une nouvelle taxe sur l’eau décriée a été la goutte qui a fait déborder le vase. Nous en avons parlé avec Paul Murphy, parlementaire nouvellement élu de l’Anti Austerity Alliance (AAA) et membre du Socialist Party.

    Une révolte a actuellement lieu en Irlande. En quoi consiste ce mouvement ?

    “Ces six dernières années, la population irlandaise a payé le prix fort de l’austérité suite à une crise qu’elle n’avait pas provoquée. À plusieurs reprises, celle-ci a essayé de riposter, mais ces tentatives ont été bloquées par la direction syndicale. Désormais, les choses ont changé. Les directions syndicales ne sont pas entrées en lutte, mais un mouvement organisé par en bas a par contre fini par exploser contre l’instauration d’une taxe sur l’eau et l’installation de compteurs à eau. Derrière ce cas précis, on trouve une colère globale contre les attaques incessantes faites à notre niveau de vie.

    “Dans tout le pays, depuis le début de l’automne, des comités d’action contre la taxe sur l’eau ont été créés. Les réunions ont souvent regroupé des centaines de participants. Des habitants s’opposant à l’installation de compteurs à eau ont été arrêtés. Jusqu’ici, il y a eu jusqu’ici trois grandes manifestations nationales réunissant à chaque fois 100.000 participants, ainsi que des mobilisations locales regroupant globalement 150.000 personnes.’’

    Les médias ont mené une campagne virulente à ton encontre de même qu’envers d’autres élus du Socialist Party. On te reprochait de justifier les affrontements ou encore de lutter pour un “système soviétique”. D’où vient cette campagne ?

    “Un tel mouvement issu de la base constitue une plus grande menace pour l’establishment capitaliste que des mouvements sous contrôle d’une direction syndicale docile. L’explosion de colère s’accompagne d’une large politisation. Les partis de la coalition gouvernementale (le Fine Gael et le parti travailliste) ont perdu la majeure partie de leur soutien. On tente de jeter le discrédit sur les protestations et le Socialist Party en les présentant comme “violents”. L’ancienne rhétorique du “péril rouge” remonte à la surface. Sans effet.

    ‘‘À l’origine de cette campagne de dénigrement se trouve une action de protestation tenue à Jobstown, un quartier de Dublin qui se situe dans le district électoral qui m’a élu sur une liste de l’Anti Austerity Alliance. Une action de protestation spontanée de 700 riverains a éclaté à l’occasion de la visite de la vice-première ministre Joan Burton. Les manifestants ont bloqué sa voiture deux heures et demie durant. Le fait qu’elle ait été touchée par une bombe à eau n’enlève rien au caractère pacifique de cette action menée par des personnes durement touchées par l’austérité. J’ai participé à cette action et l’establishment en a profité pour attribuer l’incident à AAA et au Socialist Party.’’

    Comment ce mouvement peut-il être poursuivi ?

    “Suite à la manifestation de masse du 10 décembre, l’État a fait des concessions cosmétiques. Elle fut un bon indicateur pour la poursuite du mouvement, notamment parce qu’elle avait pris place en plein jour ouvrable. Entre 80.000 et 100.000 manifestants se sont retrouvés face au parlement ! Mais il faut maintenant veiller à améliorer l’organisation du mouvement de sorte que les premières factures attendues pour avril ne soient pas payées. Avec le Socialist Party et l’AAA, nous menons campagne sous le nom “We won’t pay” (nous ne payerons pas). Nous sommes les seuls à défendre le non-paiement massif pour stopper la taxe sur l’eau et faire chuter le gouvernement déjà très affaibli. Cela est possible et un boycott massif de la taxe sur l’eau jouerait un grand rôle à ce titre.”

    Comment réagit la gauche politique ?

    “L’AAA défend l’idée de présenter des candidats issus du mouvement contre la taxe sur l’eau et des forces de gauche aux prochaines élections afin de s’opposer aux partis capitalistes proaustérité. Cela peut être le début de la construction d’une nouvelle gauche qui s’oppose au système.

    ‘‘Ce mouvement a clarifié que le Sinn Fein (nationalistes ‘‘de gauche’’) est un parti très opportuniste que l’on peut à peine considérer de gauche. Il se déclare contre la taxe sur l’eau, mais n’organise rien pour s’y opposer. Il n’est même pas partisan d’une campagne de boycott parce que cela serait illégal. Ses positions sont, au final, très similaires à celles du parti travailliste lorsque ce dernier était dans l’opposition. Les choses ont changé une fois les travaillistes au pouvoir, et il en sera de même avec le Sinn Fein.

    “Toutefois, s’il n’y a pas d’alternative lors des élections, le Sinn Fein pourrait bien profiter de l’atmosphère actuelle. C’est pourquoi la proposition de l’AAA pour avoir des candidats issus du mouvement de masse est si importante. Cela donnerait une voix politique à ce nouveau mouvement issu de la base.”

  • Ruth Coppinger: “Certains néolibéraux pourraient privatiser leur propre mère”

    Le gouvernement irlandais veut instaurer une taxe sur l’eau qui fait face à un vaste mouvement de protestation. La semaine dernière, des dizaines de milliers de manifestants ont à nouveau battu le pavé contre la taxe. Il semble que le gouvernement veut d’abord introduire cette taxe et ensuite privatiser les services de distribution d’eau. Au Parlement irlandais, notre camarade Ruth Coppinger (Socialist Party, parti frère du PSL) s’est prononcée contre ce choix politique. “Certains néolibéraux pourraient privatiser leur propre mère,” dit-elle.

  • [VIDEO] Joe Higgins: Un Traité Transatlantique (TTIP) écrit pour les grandes entreprises

    Au parlement irlandais, notre camarade Joe Higgins (élu du Socialist Party, parti frère du PSL et section irlandaise du Comité pour une Internationale Ouvrière) a dénoncé le TTIP, le Traité transatlantique, un accord de libre-échange actuellement en cours de discussion entre l’Union Européenne et les USA visant à créer la plus grande zone de libre-échange au monde. Nous vous invitons d’ailleurs à lire le dossier que nous avons publié au sujet de ce traité ainsi qu’à consulter la rubrique de ce site consacré au Traité transatlantique. Vendredi prochain, à l’initiative de l’Alliance D19-20, une action de protestation est organisée dans le cadre d’un sommet européen où sera à nouveau discuté l’état d’avancement des pourparlers consacrés au TTIP.

     

  • L’Irlande en révolte contre la taxe sur l’eau

    nomeansno-300x159Environ 100.000 personnes ont manifesté contre une nouvelle taxe sur l’eau en Irlande. Les Irlandais paient déjà leur eau par le biais d’impôts sur le revenu, mais le gouvernement veut instaurer une taxe supplémentaire. L’opposition à cette mesure antisociale bénéficie d’un large soutien et a également eu son impact sur le paysage politique du pays. C’est ainsi que, de façon très inattendue, notre camarade Paul Murphy a été élu au Parlement irlandais lors de la tenue d’élections partielles le 10 octobre dernier, en tant que candidat de l’Anti Austerity Alliance. Nous en avons discuté avec Finghin Kelly, assistant parlementaire de Paul Murphy.

    Par Jeroen (Gand)

    Pourquoi cette nouvelle taxe sur l’eau a-t-elle pris une telle importance ?

    ‘‘La population a déjà subi 6 ans d’une austérité très brutale qui a profondément affecté son niveau de vie. Un quart de la population vit à la limite du seuil de pauvreté. L’économie irlandaise connait une soi-disant reprise, mais personne ne voit d’amélioration. Et dans ce contexte, le gouvernement arrive avec une nouvelle taxe qui va coûter de 600 à 700 euros par an à chaque famille. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

    ‘‘L’opposition à cette taxe a constitué le thème central de notre campagne électorale à Dublin Sud-Ouest. Ce thème est devenu le fer de lance du mouvement contre les politiques d’austérité et nous avons utilisé la période électorale pour construire le mouvement contre la taxe. Le jour où Paul a été élu, 100.000 manifestants ont défilé à Dublin. Cette taxe sur l’eau fait dorénavant partie des questions politiques les plus importantes.’’

    Comment cette taxe peut-elle être repoussée ?

    ‘‘Des milliers de personnes ont protesté et se sont opposées à l’installation de compteurs d’eau. Mais nous allons surtout organiser une campagne massive de non-paiement pour balancer à la poubelle les premières factures, en janvier ou février. A ce jour, plus d’un million de personnes ont refusé de s’enregistrer pour la taxe et refusent de la payer. Cette pression, avec celle exercée sur le plan politique, peut faire reculer l’offensive antisociale.’’

    Comment le gouvernement réagit-il à cette pression ?

    ‘‘Depuis le début du mouvement, le gouvernement n’en mène pas large. Tous les ministres se contredisent quotidiennement dans les médias et certains ne comptent pas leurs tentatives désespérées de minimiser l’impact de la taxe. Le soutien pour les partis au gouvernement et, plus globalement, pour tous les partis établis est historiquement faible. Aux dernières élections partielles, deux tiers des électeurs ont sanctionné les trois principaux partis qui dominent la politique irlandaise depuis l’indépendance.

    ‘‘Mais alors que le Sinn Fein (nationalistes ‘‘de gauche’’) était le grand vainqueur des élections européennes de mai dernier en capitalisant sur la colère contre les politiques d’austérité, nous avons réussi à l’emporter dans leur bastion de Dublin Sud-Ouest. La rhétorique du Sinn Fein se limite à dire : ‘‘attendez les élections, votez pour nous et peut-être reviendrons-nous sur cette taxe.’’ Ce n’est aucunement une opposition active avec une stratégie combative.’’

    Quelle alternative défendez-vous sur le plan politique?

    ‘‘Nous comptons sur la force de la population et sa capacité à se battre. Le mouvement contre la taxe sur l’eau peut totalement changer la scène politique et de nombreux députés de gauche pourraient être élus aux prochaines élections générales. Cela poserait directement la question de ce que devrait faire un véritable gouvernement de gauche.

    ‘‘Un tel gouvernement de gauche refuserait de payer la dette publique. Près d’un cinquième de tous les impôts sont consacrés aux 8 milliards d’euros versés chaque année pour les intérêts sur le capital de la dette. Il faut répudier la dette de même que tous les accords pourris conclus avec la troïka et la Commission européenne. Un audit de la dette pourrait assurer que les retraités soient remboursés, de même que les personnes dont les besoins sont avérés, mais nous refusons de payer la dette aux grands banquiers et spéculateurs. Cela permettrait de renverser la logique d’austérité. Un programme d’investissements publics massifs payé par un impôt progressif et par la mise sous propriété publique et démocratique des secteurs-clés de l’économie ferait une réelle différence.’’

  • Pourquoi un gouvernement de gauche doit-il défier le capitalisme?

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    Le gouvernement de gauche est celui qui romprait avec la loi du profit. Il défendrait le choix politique de faire passer les besoins essentiels de la classe des travailleurs avant les profits des grosses fortunes et entamerait une restructuration de la société en suivant des lignes socialistes démocratiques.

    Par Paul Murphy, député irlandais du Socialist Party (section irlandaise du Comité pour une Internationale Ouvrière et parti-frère du PSL)

    Répudier la dette publique

    Une mesure-clé serait de répudier la dette. L’an prochain, en Irlande, un euro sur cinq collectés par les impôts ne servira qu’à payer l’intérêt de la dette nationale qui est a explosé en raison du sauvetage des banques et l’éclatement de la crise capitaliste. Un arrêt immédiat du paiement de la dette devrait être imposé. Une commission d’audit sur la dette – composée de représentants des travailleurs et d’économistes de gauche – serait créée pour assurer que la dette contractée envers les banquiers et des institutions telles que le Fonds Monétaire International la Banque Centrale Européenne soit répudiée, tandis que les retraités et d’autres dont les besoins sont prouvés soient remboursés.

    Investir dans l’emploi

    Afin d’assurer qu’il y ait suffisamment d’emplois et pour faire face aux problèmes sociaux urgents, un important programme d’investissements publics est nécessaire. Investir 7 millions d’euros dans la construction de logements sociaux publics permettrait par exemple d’ériger 40.000 bâtiments et de créer 70.000 emplois socialement utiles. De similaires initiatives dans l’isolation, les canalisations d’eau, l’énergie renouvelable et d’autres domaines génèreraient d’immédiats bénéfices pour la société et l’économie.

    Le règne des banques et des institutions financières pourrait être brisé en les nationalisant et en les gérant démocratiquement. Il serait ainsi possible de fournir facilement des crédits aux petites entreprises et aux fermiers tout en abaissant les hypothèques à leur juste valeur, à la valeur des logements.

    Défier le règne des 1%

    L’effondrement actuel de l’investissement du secteur privé pourrait être combattu par la collectivisation des secteurs-clés de l’économie (énergie,…) et des ressources naturelles par la propriété publique sous contrôle et gestion des travailleurs. Un tel changement permettrait de démocratiquement élaborer un plan de relance de l’économie sur des bases saines économiquement et écologiquement.

    Ces mesures radicales – qui défient directement le règne des 1 % de la société – ne resteraient pas sans réponse. La classe capitaliste, en Irlande et internationalement, essaierait inévitablement de forcer la chute du gouvernement et d’inverser la vapeur. En dernier recours, un gouvernement de gauche ferait notamment face à des amendes imposées par la Commission européenne, à la menace probable de forcer l’Irlande à sortir de l’euro ou encore à la menace de l’arrêt de tout investissement direct étranger. L’appareil d’Etat existant, la police et le ‘‘gouvernement permanent’’ constitué des Hauts fonctionnaires, ferait également tout pour saboter l’application de ces changements progressistes.

    Une lutte de masse est nécessaire

    Tout gouvernement de gauche ne pourrait dès lors pas rester une simple majorité formelle au Parlement, mais devrait œuvrer au développement de mobilisations de la base de la société, avec de larges mouvements de protestations et des grèves générales.

    Une telle activité de masse de la classe des travailleurs et des jeunes sur leurs lieux de travail et au niveau de collectivités locales pourrait donner un aperçu de la manière dont une société démocratique devrait être développée. Les assemblées de masse que nous avons vu se développer en Grèce qui se sont développées il y a 2 ans dans le cadre de l’importante lutte contre la Troïka sont une illustration de la manière dont les choses pourraient se produire.

    Solidarité internationale

    Un gouvernement de gauche devrait également lancer des appels à la classe des travailleurs à travers l’Europe afin de ne pas autoriser l’imposition de sanctions pour avoir rompu avec l’austérité, mais aussi pour aller de l’avant sur le même chemin.

    L’arrivée au pouvoir d’un gouvernement de gauche en Irlande serait incontestablement une source d’inspiration pour les luttes partout en Europe. Cela poserait les bases pour constituer une fédération volontaire et socialiste d’Etats au sein de l’Europe, en étant que part de la lutte pour la construction d’une Europe socialiste.

  • Bruxelles. Action de solidarité avec le mouvement pro-choix en Irlande

    Avortement03Quelque 35 personnes se sont réunies ce mardi 28 octobre devant l’ambassade d’Irlande à Bruxelles en solidarité avec le mouvement pro-choix en Irlande. Un dizaine d’actions semblables ont eu lieu à travers le monde. Le Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en république irlandaise et parti-frère du PSL) réclame un référendum au printemps 2015 afin de retirer l’interdiction de l’avortement de la Constitution irlandaise. La solidarité internationale est importante pour soutenir le mouvement qui se construit en Irlande.

    Une première intervention sur la situation en Irlande a rappelé que l’interdiction de l’avortement tue des femmes. Même dans les pays où il est interdit, des avortements ont lieu. Mais ils sont effectués dans des conditions dangereuses qui mettent la vie des femmes en péril.

    Une deuxième intervention a appelé à rester mobilisés pour défendre nos droits. L’exemple de l’Espagne nous montre que des droits peuvent nous être repris et que seuls des mouvements de masse et la solidarité internationale sont capables de les défendre.

    Une dernière intervention a lié la lutte pour le droit à l’avortement aux luttes contre l’austérité. En Belgique, l’avortement n’est plus interdit, pourtant les femmes n’ont pas encore accès à un vrai choix. Pour qu’un choix soit réel et libre, les femmes ne doivent pas se sentir obligées d’avorter pour des raisons financières ou matérielles. C’est pourquoi il est important pour les militants pro-choix de se mobiliser contre la politique d’austérité mené par le gouvernement Michel.

    • Pour le droit à l’avortement libre et gratuit, dans des centres publics accessibles.
    • Pour la prévention par la gratuité des moyens de contraception et une éducation sexuelle de bonne qualité à l’école.
    • Pour des emplois à temps plein avec de bons salaires pour tous ; des services publics de qualité qui aident les femmes à combiner emploi et famille; des allocations familiales qui couvrent les coûts réels, afin d’éviter que l’avortement ne soit une décision purement financière.

     

    Photos : Boubaker

  • Irlande. Résistance de masse et élection de Paul Murphy au parlement

    Paul02Ce 12 octobre 2014 est une journée qui restera longtemps dans les mémoires en Irlande ! Près de 100.000 manifestants ont défilé à Dublin contre une nouvelle taxe sur l’eau. Le même jour, notre camarade Paul Murphy, membre du Socialist Party (section irlandaise du Comité pour une Internationale Ouvrière, dont le PSL est la section belge) et candidat de l’Alliance Anti-Austérité (Anti Austerity Alliance, AAA) a remporté les élections partielles dans la circonscription de Dublin Sud-Ouest. L’appel à une campagne massive de boycott et de non-paiement de la taxe sur l’eau couplée à une résistance active contre cette taxe a donc porté ses fruits. Paul a donc rejoint nos camarades Joe Higgins et Ruth Coppinger au parlement irlandais.

    Eddie McCabe, Socialist Party (CIO-Irlande)

    Il y a un an, la campagne contre la nouvelle taxe sur la propriété immobilière n’a pas été victorieuse. Cela a bien évidemment suscité une certaine démoralisation. Mais cette campagne a tout de même permis de mettre en place l’Alliance Anti-Austérité. L’initiative a été prise par le Socialist Party dans la perspective des élections de mai 2014. Cette initiative a été chaleureusement accueillie de la part de la classe des travailleurs : 14 de ses membres ont été élus aux conseils municipaux.

    Ce résultat constitue un indicateur de l’accroissement de la conscience des masses par rapport au potentiel de résistance contre la politique d’austérité qui dure depuis sept ans maintenant. Ce à quoi nous avons assisté ce 12 octobre était donc l’expression d’une explosion sociale basée sur ce sentiment

    Une victoire en plein territoire Sinn Féin

    Paul01Début octobre, un paquet d’affiches est arrivé au bureau du Sinn Féin de Dublin Sud-Ouest (parti nationaliste irlandais traditionnellement de gauche). Ces affiches avaient pour slogan central celui de la campagne des élections européennes et municipales de mai – ‘‘Faites le changement’’ – où le parti avait connu un succès historique. La circonscription de Dublin Sud-Ouest était le bastion du Sinn Fein : en mai dernier plus de la moitié des électeurs avaient voté pour lui, et ces affiches visaient à donner un dernier coup à leur campagne. Mais une fois sortis pour aller coller leurs affiches, les militants du Sinn Fein sont restés cloués sur place : une mer d’affiches rouge, noir et jaune leur faisait face avec une réponse directe aux affiches qu’ils n’avaient même pas encore commencé à coller : ‘‘Faites le VRAI changement – Votez Paul Murphy’’.

    L’anecdote est illustrative de l’ensemble de la campagne électorale, où l’Alliance Anti-Austérité a systématiquement eu une longueur d’avance. Nous avons assuré que ces élections ne soient pas uniquement concentrées sur la question du prix de l’eau, mais aussi sur la manière dont nous pouvons bloquer l’austérité. Le choix était clair : devons-nous espérer qu’un parti politique comme le Sinn Fein forme un gouvernement capable de revenir sur les mesures antisociales (espoir auparavant placé dans le Parti travailliste, en vain) ou devons-nous plutôt nous organiser dans les quartiers afin de construire un rapport de force et un large mouvement de résistance et de non-paiement si massif que le gouvernement sera contraint d’agir ?

    Au vu de la révolte sociale en développement partout en Irlande, la majorité a fait son choix. Et c’est ainsi que Paul Murphy a été élu au nom de l’AAA.
    Tous les commentateurs politiques étaient certains que le Sinn Fein avait le plus de chances de remporter ce siège, personne n’imaginait que Paul Murphy allait le vaincre. Chez les parieurs, la cote du Sinn Fein était de 1 contre 25 tandis que celle de l’AAA était de 16 contre 1. Il est vrai que les élections européennes de mai dernier avaient donné des résultats époustouflants au Sinn Fein, surtout dans les quartiers populaires de Dublin où le Parti travailliste avait complètement été balayé en conséquence directe ses nombreuses trahisons et promesses rompues.

    Un sondage national réalisé par l’Irish Times deux jours avant les élections montrait le Sinn Féin au coude-à-coude avec le Fine Gael (parti de droite chrétien-démocrate, le plus important parti capitaliste). La tendance observée en mai se poursuivait. Le Sinn Féin était donc extrêmement confiant, à raison d’ailleurs, mais il s’est contenté de cette assurance et a commis plusieurs erreurs.

    Le Sinn Féin n’a pas compté sur l’AAA et la possibilité de convaincre la population de partir en lutte active contre la taxe sur l’eau. Le quotidien Irish Times a écrit que la campagne de l’AAA révélait un ‘‘art maitrisé de la tactique et du timing politique’’. C’est ainsi que l’on a assisté à un véritable séisme politique, ce qui aurait été impossible sans une évaluation correcte de la situation politique au jour le jour et sans la capacité de donner une expression à la colère qui gronde à la base de la société. Il faut à présent continuer à mener la lutte pour un nouveau mouvement de masse qui représente les travailleurs et leurs familles et qui se mette en action contre toutes les mesures d’austérité.

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