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  • [FILM] Suffragette

    Un point de vue partiel de la lutte des ouvrières pour le suffrage universel

    suffragette‘Suffragette’ raconte l’histoire de Maud Watts, une blanchisseuse de l’est de Londres. Surmenée par son travail, elle est envoyée dans le quartier du West End à Londres pour livrer un colis. Soudain, des femmes commencent à briser les vitrines des magasins rue d’Oxford – c’est la première fois que Maud voit des suffragettes en action.

    Par Helen Pattison

    Agressée et maltraitée par son patron, elle est politisée par ses expériences d’inégalité de classe et de genre. Travaillant de longues heures pour un salaire moindre que celui de son mari, elle est captivée et emportée par le mouvement des suffragettes. La politisation de Maud est une réplique de celle de milliers de femmes qui constituaient à l’époque une nouvelle force de travail.

    Dans l’est de Londres, la grève des 1400 travailleuses d’une usine d’allumettes avait initié une vague de ‘‘nouveau syndicalisme’’. Les travailleurs semi-qualifiés et intermittents ont inondé le mouvement syndical. Tout en construisant ces syndicats, les femmes et les hommes organisaient politiquement leur classe sociale contre la pauvreté et l’inégalité dont ils sont victimes.

    Au début, Maud est réticente à se joindre aux suffragettes, pensant que cette lutte est impossible à remporter. Mais après avoir été arrêté par la police lors de sa première manifestation et lorsque son mari réagit mal à ses idées politiques, elle rejoint le mouvement. Le film montre les pertes énormes que subit par la suite Maud en raison de ses convictions politiques, des pertes que beaucoup de femmes riches ne connaissent pas.

    Cette inégalité entre les femmes riches et pauvres dans le mouvement est mise en avant lorsque l’épouse d’un député est sortie de prison laissant derrière elle les autres femmes de la manifestation souffrir aux mains de la police. Au final, Maud perd tout pour la cause, y compris son travail, son mariage et son jeune fils.

    Alors qu’il est positif de voir une perspective différente au mouvement des suffragettes, celle de la classe ouvrière, on trouve toutefois de grandes lacunes au film. Les autres blanchisseuses sont présentées comme opposées à Maud et à sa politique.

    En réalité, beaucoup de gens issus de la classe ouvrière étaient organisés et résistaient aux inégalités et à la pauvreté. La politisation de Maud est présentée comme un acte isolé. Elle rejoint en secret un petit groupe de suffragettes, principalement issues de la classe moyenne. À cause de ces femmes, elle est arrachée de son lieu de travail et de son foyer et devient convaincue par l’action directe individuelle qui caractérise le souvenir que l’on a du mouvement des suffragettes. En réalité, les ouvrières ne se sont pas contentées de suivre les classes moyennes dans ce type d’actions. En particulier dans les filatures de coton du nord de l’Angleterre, les travailleuses se sont organisées collectivement, y compris à travers des actions de grève pour le droit de vote.

    Selina Cooper, une militante du mouvement de l’époque, a déclaré que les femmes de la classe ouvrière comme elle ‘‘ne veulent pas que leur pouvoir politique soit une manière de leur permettre de se vanter qu’elles sont enfin sur un pied d’égalité avec les hommes. Elles veulent l’utiliser dans le même but que les hommes, afin d’obtenir de meilleures conditions de travail. (…) Toutes les femmes en Angleterre aspirent à leur liberté politique afin de rendre leur vie de travailleuses plus agréable et pour promouvoir les réformes qui sont tant voulues.’’ Cette citation était clairement la principale essentielle de femmes comme Maud. Mais cet élément n’est pas apporté dans ‘Suffragette’.

    Un personnage commente dans le film que ‘‘même Sylvia Pankhurst’’ est contre l’approche individuelle du militantisme de sa mère et de sa soeur. Le film suggère que Sylvia était plus modérée ou conservatrice, alors qu’en réalité c’était le parfait opposé. Sylvia Pankhurst était une socialiste, qui a par la suite visité la Russie après la Révolution. Elle voulait maintenir les liens entre le mouvement des suffragettes et le mouvement des travailleurs et avait compris que la lutte pour le droit de vote n’était qu’une partie de ma lutte pour l’égalité des femmes. Elle pensait qu’il était nécessaire d’attirer plus de personnes dans le mouvement plutôt que de s’orienter vers des actions individuelles.

    Dans le film, il est développé que briser des fenêtres leur ont permis de disposer d’une meilleure couverture médiatique et que les grèves de la faim et le fait d’être nourries de force leur ont attiré la sympathie du public. Sylvia a regardé au-delà de cette attention médiatique, vers un mouvement de masse de la classe ouvrière qui aurait pu être construit à ce stade. Un tel mouvement aurait pu non seulement gagner le droit de vote, mais aurait permis un changement complet de société afin de se libérer des inégalités et de la pauvreté.

  • “Straight Outta Compton” – film sur le légendaire groupe de hip-hop N.W.A.

    ‘Straight Outta Compton’ raconte l’histoire de ‘‘Niggaz Wit Attitudes’’ (N.W.A.). Le film tombe à un excellent moment maintenant que les révoltes de Ferguson et de Baltimore illustrent que la violence policière contre les gens de couleur est toujours à l’ordre du jour mais aussi maintenant que la lutte contre l’austérité et l’émergence du mouvement Black Lives Matter favorisent un retour du hip-hop. Pensons à l’album ‘To Pimp a Butterfly’ de Kendrick Lamar, justement originaire de Compton.

    Critique d’Eljeer Hawkins (Socialist Alternative, CIO – USA)

    Les créateurs de N.W.A., Ice Cube, Dr Dre, Easy-E, MC Ren en DJ Yella, ont grandi à Compton, une banlieue de Los Angeles connue pour ses bandes de rue. Ces bandes ont eu un plus grand impact après le démantèlement violent du Black Panther Party et la répression du FBI contre le mouvement de libération noire sous le gouvernement Nixon. La violence de l’Etat dans les quartiers a conduit en 1992 à une explosion de colère à Los Angeles après l’arrestation brutale de Rodney King et la décision de ne pas poursuivre les agents coupables de violences. ‘F** tha Police’ de N.W.A. exprimait la colère contre la violence policière. La mort récente de nombreux jeunes noirs suite aux brutalités policière illustre l’actualité du thème.

    Tout pour l’argent

    Le hip-hop est devenu un business de milliards de dollars. Les ‘quatre grands’ labels de musique – Universal Music Group, Sony BMG Music Entertainment, EMI Group en Warner Music Group – et leurs sous-labels détiennent 70% de la musique vendue dans le monde. Ils déterminent le message, le son et l’image de ce qui est cool et hip, avec uniquement en vue leurs propres bénéfices. Cela se voit aussi dans le film, surtout autour de la figure du manager de N.W.A. Jerry Heller.

    La diversité et la créativité de la ‘période dorée’ du hip-hop (1987-1993) a fait place au ‘gangsta-réalisme’ et à la violence qui vend plus facilement. Le langage du hip-hop est utilisé mais sans notion historique des conditions dans lesquelles le hip-hop est né dans les villes.

    Say her Name

    ‘Straight Outta Compton’ reste dans le vague quant à la violence contre les femmes et au sexisme de N.W.A. Ice Cube et Dr Dre, tous deux impliqués dans la production du film sont devenus des hommes d’affaires à succès. Ils semblent utiliser le film pour balayer leurs anciennes actions rebelles contre la violence policière mais aussi leur lâche violence envers les femmes.

    Le réalisateur F. Gary Gray a pourtant été témoin de telles violences. Il était caméraman du programme ‘Pump it Up!’ lorsque la présentatrice Dee Barnes a été attaquée par le groupe autour de N.W.A. et Ice Cube, tout juste sorti du groupe. Ne pas parler de la violence envers les femmes dans ‘Straight Outta Compton’ reviendrait à parler de Bill Cosby en éludant le fait que 40 femmes l’accusent d’abus sexuel.

    Avec les attaques actuelles contre les droits des femmes, l’affaiblissement de la sécurité sociale et la mort de nombreuses femmes transgenres, nous devons rejeter toute réécriture révisionniste et donner des noms. Lutter contre la violence, le sexisme et la transphobie s’inscrit dans la lutte contre l’exploitation et l’oppression.

    Straight Outta Compton, fait en Amérique capitaliste

    ‘Straight Outta Compton’ est un beau produit bien polissé de l’industrie holywoodienne. Nous devons le regarder de façon critique. Mais cela nous permet de jeter un oeil sur la période pendant laquelle le hip-hop a grandi. La nouvelle lutte contre la violence policière, la pauvreté et l’oppression a une influence sur des artistes comme D’Angelo, Janelle Monet et J Cole. La lutte quotidienne des travailleurs et des mouvements sociaux renforce leur conscience et leur musique.

    N.W.A. était, avec son influence et ses contradictions, l’enfant du capitalisme néolibéral et le symbole du passage au second plan des quartiers ouvriers.

  • Dheepan : un film choquant sur les réfugiés tamouls

    dheepan_afficheDheepan, de Jacques Audiard est un film touchant dont la réalisation a été saluée, notamment par une Palme d’Or au festival de Cannes. L’histoire, qui débute par les horreurs de la guerre civile au Sri Lanka, est remarquable et peut être sujette à plusieurs lectures. Le film commence quand 10.000 Tamouls sont poursuivis et massacrés par le régime. Un homme décide de s’enfuir après avoir perdu sa famille. Il reçoit le conseil de prendre une autre identité, celle de l’activiste Dheepan qui vient de mourir et, comme ce dernier avait une femme et une fille, il cherche au hasard une femme et un enfant parmi les nombreuses victimes de la guerre. Ensemble, ils émigrent en Inde en bateau et gagnent ensuite la France.

    Par Geert Cool

    Le film aborde surtout la confrontation entre les réfugiés et leur nouvel environnement, mais de vagues références touchent à la tragédie au Sri Lanka. On montre par exemple de courts fragments du documentaire britannique ‘‘Sri Lanka’s Killing Fields’’ consacré aux horribles crimes perpétrés par le régime en 2009. Si le contexte de ces événements n’est pas élaboré, il est toujours possible au spectateur intéressé de retrouver ce documentaire et de chercher du matériel sur l’oppression de la minorité tamoule au Sri Lanka, ce dont nous avons régulièrement fait écho dans les pages de Lutte Socialiste et sur socialisme.be. Nous disposons également d’un blog de campagne (en néerlandais) spécifiquement consacré à la question : tamilsolidariteit.wordpress.com.

    La famille ‘‘recomposée’’ de Dheepan ne doit pas seulement gérer les traumatismes et le désespoir du passé, mais également la misère qui la frappe en Europe. Cela entraine des crises d’angoisse, mais aussi l’alcoolisme et la violence. Dheepan et sa famille arrivent dans la banlieue parisienne, là où la drogue et la violence sont monnaie courante. L’espoir d’avoir une vie meilleure reste au rang de perspective. Le simple fait de se rendre à l’école n’est pas évident pour la jeune fille qui doit entretemps s’attacher à de nouveaux parents qui font seulement connaissance l’un de l’autre. Lorsqu’un responsable lui demande pourquoi elle n’allait pas à l’école au Sri Lanka, elle répond : “Parce que les écoles ont été réduites en cendres par le gouvernement.” Dheepan et sa femme ne comprennent pas que le responsable de l’école trouve cela étrange : “Mais tout le monde réduit quand même les écoles en cendres?”.

    Notre campagne ‘‘Tamil Solidariteit / Tamil Solidarity’’ a été invitée à la projection du film réservée à la presse en Belgique. Nous nous y sommes rendus avec notre camarade Niranjan qui, après coup, réagissait en disant : “Oui, le film est dur. Mais c’est ça notre vie.” Un tas d’éléments de ce film lui sont très familiers. “Ma tante a réglé ma fuite en Europe, elle me disait que la Belgique était un bon pays. J’ai dû chercher le pays sur une carte du monde et dans l’avion, le nom de Bruxelles ne me disait que vaguement quelque chose. Quand je suis arrivé ici, il y a deux ans, je ne suis pas sorti pendant deux mois. Tout était étrange et j’avais peur. Commencer une nouvelle vie dans un pays lointain en ayant 18 ans et avec l’incertitude quant à la régularisation de mes papiers, c’était difficile. J’ai vu comment d’autres Tamouls ont couru à leur perte en raison de troubles d’angoisse dus aux traumatismes de guerre. Moi, j’ai toujours peur, j’espère recevoir mes papiers après mon troisième entretien fin août afin de pouvoir quitter le centre d’asile de Kapellen pour commencer ma vie.’’

    Quand un militant de ‘‘Tamil Solidariteit / Tamil Solidarity’’ a risqué d’être expulsé de Belgique, tout récemment, Antonythasan Jesuthasan, l’acteur qui joue le rôle de Dheepan, a appuyé notre campagne de soutien. Au vu de la répression permanente qui règne au Sri Lanka, la plupart des Tamouls reçoivent momentanément asile en Belgique, où sont réfugiés quelques milliers de Tamouls du Sri Lanka, essentiellement à Anvers. Cette communauté est bien petite en comparaison des 300.000 Tamouls qui vivent en Grande Bretagne ou des 150.000 qui vivent en France. Notre campagne de solidarité organise une dizaine de militants tamouls qui veulent poursuivre en Belgique leur lutte pour la justice et contre la discrimination permanente et la violence au Sri Lanka. Cette campagne est également active contre l’austérité et participe aux luttes du mouvement des travailleurs dans notre pays. Avec le soutien actif de la FGTB-Horval (Horeca-Alimentation) à Anvers, des militants de Tamil Solidariteit essayent ainsi de développer la présence syndicale, notamment parmi le personnel du secteur Horeca.

    Pour les politiciens néolibéraux, la thématique du droit d’asile est une question de chiffre qui porte surtout sur la manière de refouler les réfugiés. Pour ces politiciens établis, ce sont les réfugiés le problème, pas les raisons pour lesquelles ces gens décident d’entreprendre une aventure si désespérée. Simultanément, les victimes de l’austérité en Belgique sont montées contre les victimes de la catastrophique politique étrangère occidentale.

    Le film Dheepan a comme avantage qu’il aborde la question du point de vue des réfugiés eux-mêmes, sans en donner une image romantique et sans tomber dans la simple succession de malheurs. Nous laissons au spectateur le choix d’interpréter la fin comme ils l’entendent bien entendu mais, pour atteindre une véritable amélioration dans la réalité, il faudra encore durement lutter, tant ici qu’à l’échelle internationale. Nous tentons d’y livrer une modeste contribution avec la campagne Tamil Solidariteit.

  • [FILM] Howard Zinn, une histoire populaire américaine

    HZ_docu« Tant que les lapins n’avaient pas d’historiens, l’histoire était racontée par les chasseurs. »

    C’est sur cette phrase que commence le documentaire réalisé par Olivier Azam et Daniel Mermet sur les travaux de l’historien américain Howard Zinn et plus particulièrement son livre « Une histoire populaire des Etats-Unis » (1980). Dans ce dernier, ce fameux historien militant se revendiquait très clairement d’une autre approche de l’Histoire, « Une histoire qui penche clairement dans une certaine direction ce qui ne me dérange guère tant les montagnes de livres d’histoire sous lesquelles nous croulons penchent clairement dans l’autre sens. Ces ouvrages font preuve d’un si grand respect envers les chefs d’Etat et sont si peu attentifs (…) aux mouvements populaires qu’il nous faut faire contrepoids pour éviter de sombrer dans la soumission. »

    Il poursuivait en expliquant : « Un pour cent de la population américaine détient un tiers de la richesse nationale. Le reste est réparti de telle manière que les 99% de la population restante sont montés les uns contre les autres : les petits propriétaires contre les plus démunis, les Noirs contre les Blancs, les « natifs » américains contre les citoyens d’origine étrangère, les intellectuels et les professions libérales contre les travailleurs non-qualifiés et non diplômés. Ces groupes se sont opposés et ont oublié qu’ils étaient tous réduits à se partager les maigres restes de la richesse nationale. (…) L’histoire que j’ai écrite tente de rendre compte de leur intérêt commun, même lorsque ce dernier a été détourné, voire dissimulé. » C’est à cet esprit que voulait rendre hommage ce documentaire.

    Bread and Roses

    Le grand mérite de ce film – le premier d’une trilogie dont la suite dépend du succès du premier opus – est d’oeuvrer à populariser le travail d’Howard Zinn et, par ce biais, de donner un bref aperçu d’une autre manière de voir l’Histoire et ceux qui la font. Pari tenu jusque là. De la guerre d’indépendance à la Révolution russe (1776-1917), différentes grandes étapes de l’Histoire des Etats-Unis sont passés en revue, concentrés autour de la nature de classe de la société, de l’émergence de la force organisée de la classe ouvrière et de la réaction du patronat, admirablement synthétisée par cette phrase de John Rockfeller : « Il ne faut pas leur laisser croire que la révolte peut marcher. »

    A l’époque, les « barons voleurs » tels que Rockefeller possèdent alors 40% des richesses du pays. L’un d’entre eux, Henry Clay Frick, n’hésitait pas à dire : « J’ai les moyens d’acheter la moitié de la classe ouvrière et lui demander de massacrer l’autre moitié », et il n’en est pas resté à la parole… Lors d’une grève, il n’a pas hésité a recourir à 300 employés de l’agence Pinkerton pour tirer à la mitrailleuse sur les grévistes!

    Le titre de ce premier volet « Bread and Roses » (Du pain et des roses) fait référence à la très emblématique lutte des ouvrières textiles de Lauwrence, en 1912, dont le slogan était ce titre d’un poème de James Oppenheim dédié aux « femmes de l’Ouest » qui déclarait entre autres : « Nos vies ne seront pas passées à suer de la naissance à la mort – Le coeur a faim tout comme le corps, Donnez-nous du pain, mais aussi des roses. » Le second volet devrait être concentré sur la crise de 1929, la Grande Dépression et de la guerre civile d’Espagne, le troisième volet abordant quant à lui le Maccarthysme et la chasse aux militants progressistes et communistes qui a suivi la Seconde Guerre ainsi que la révolte des Noirs et la lutte pour les droits civiques. Nous espérons bien entendu que les deux autres volets pourront être produits.

    Mais, à l’instar des réalisateurs, nous espérons surtout que ce travail suscitera l’envie de lire « Une histoire populaire des Etats-Unis », un ouvrage militant qui appelle à prendre sa place dans le combat social – un aspect crucial qui manquait hélas à ce premier volet documentaire – et à tirer les leçons des luttes du passé. Dans un dernier chapitre ajouté après le 11 septembre 2001, Howard Zinn expliquait ainsi dans son livre que dans « les années ’20 [la] désaffection (…) des classes moyennes vis-à-vis du politique (…) aurait pu s’exprimer de différentes manières – rappelons que le Klu Klux Klan comptait à l’époque des millions de membres – mais, dans les années ’30, le travail d’une gauche dynamique dirigea ce sentiment de désarroi vers les syndicats et vers les mouvements socialistes. »

    Howard Zinn est hélas décédé en 2010, il n’a pas pu voir de ses yeux le mouvement Occupy qui a déferlé aux Etats-Unis à la suite du processus de révolution et de contre-révolution au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Il n’a pas non plus pu voir l’essor du mouvement pour l’augmentation du salaire minimum ou encore le mouvement #Black Lives Matter. De ces luttes peuvent sortir considérablement grandies des forces qui, tels qu’il le souhaitait, peuvent retirer les leviers du pouvoir des mains des grandes entreprises.

  • House of Cards : Dans les coulisses du pouvoir

    housecards-300x169En mars, la série House of Cards est revenue pour sa troisième saison. Pour nos camarades américains de Socialist Alternative, les nouveaux épisodes ont livré deux fois plus de qualité artistique, mais la moitié à peine de la critique politique des deux premières saisons. C’est l’occasion de revenir sur cette oeuvre qui dépeint les hautes sphères politiques des Etats-Unis autour du personnage fictif du Démocrate Franck Underwood (Kevin Spacey). A la base de ce projet, on retrouve notamment David Fincher (réalisateur de Fight Club, Gone Girl). A voir…

    House of Cards fait partie de ce style de série particulièrement développé depuis 2008 qui tourne autour d’anti- héros sociopathes présentés avec nuance et complexité (Walter White dans Breaking Bad, Don Draper dans Mad Men et Tony Soprano dans Les Soprano par exemple). La plus grande partie de l’intrigue qui a rendu la série populaire dans ses deux premières saisons – la lutte acharnée pour le pouvoir du machiavélique Franck Underwood – n’existe plus. L’univers est beaucoup moins développé et tourne essentiellement autour de Franck Underwood, devenu président Démocrate des Etats- Unis à la fin de la deuxième saison, et de sa femme Claire (Robin Wright). Les scénaristes se sont concentrés sur la vie à la Maison Blanche, sans la lutte d’influence quasiment barbare qui prévalait dans les saisons précédentes et qui livrait un portrait acide de la vie politique américaine dominée par les Démocrates et les Républicains. Le couple présidentiel a été humanisé au point de quasiment parvenir à faire oublier le marathon d’homicide, d’actes de vengeance, de subterfuges, de chantage et de manipulation qui a conduit Franck au Bureau Ovale.

    La série a commencé en 2013, peu de temps après la réélection d’Obama. Le cynisme inhérent à la série trahit la déconvenue de l’optimisme et de l’espoir de changement qui avaient caractérisé la première victoire présidentielle d’Obama. Le succès de cette série qui aborde de front le monde politique provient aussi des tourments de l’économie mondiale et américaine ainsi que des critiques de plus en plus vives contre le système politique, ce qu’avait illustré le mouvement “Occupy Wall Street” en 2011.

    Le cri de ralliement du mouvement “Occupy Wall Street” renvoie toujours à un présent préoccupant : celui d’un système politique américain dominé par les lobbys et les politiques corrompues. C’est ce monde dont il est question dans House of Cards.

    Franck Underwood débute la série comme le Whip de la majorité à la Chambre des représentants des États- Unis (le député chargé de veiller à ce que les élus de son parti soient présents et votent en fonction des consignes du parti), une institution décrite comme corrompue et parcourue d’une multitude de scandales. Une fois parvenu à être président du pays, Franck se voit incapable de renverser la trajectoire d’un système économique en faillite. Son incapacité à travailler avec efficacité est accompagnée d’une vision obstinément néolibérale pour faire face au grand problème du moment : la création d’emplois (en utilisant les taxes pour créer des emplois dans le secteur privé). Cette approche offre un parallèle intéressant avec d’autres présidents démocrates tels que Bill Clinton ou Barack Obama, qui parlaient d’une politique progressiste pour n’appliquer que des recettes unilatéralement favorables aux entreprises.

    L’approche de Franck dans la politique est profondément opposée au débat, il utilise son autorité de président pour faire plier ses détracteurs de force à sa volonté. Ce type de scénario reflète assez bien la réalité de la politique américaine.

    Il serait facile de se méprendre et de considérer tout ceci comme une critique radicale des structures de pouvoir de Washington. House of Cards traite bien plus de la brutalité et de l’ambition viscérale d’individus. Franck et Claire font juste ce qui leur bénéficiera. Les problèmes sociaux sont autant d’occasions de manoeuvrer pour s’attirer plus de pouvoir. Le message défendu est clair: de mauvaises personnes sont au pouvoir dans la Grande Démocratie. Les valeurs sacrées de la démocratie et du contrat social sont subordonnées au seul intérêt d’une minorité de personnes puissantes, mais ce n’est pas une question de société. Il s’agit donc d’une série très divertissante à regarder, à couper le souffle à certains moments. Ce n’est juste pas une série progressiste.

  • [DVD] ‘‘Dexia. Démocratie confisquée’’

    DEXIA_AFFICHEHQVivons-nous réellement en démocratie ? Le doute a gagné des couches larges de la population, singulièrement depuis l’éclatement de cette dernière crise économique. L’histoire de la banque Dexia, de sa faillite, de ses sauvetages répétés et de la manière dont ‘‘nos’’ représentants ont cédés à tous les caprices du secteur financier n’est pas de nature à balayer ces interrogations, que du contraire. C’est le sujet de ce film, maintenant disponible en DVD.

    En décembre 2011, ATTAC et le CADTM (Comité pour l’annulation de la dette du Tiers-monde) ont introduit un recours en justice contre l’État Belge au sujet de Dexia. Le gouvernement – alors en affaires courantes – avait accordé à la banque une garantie de plus de 50 milliards d’euros, et ce sans le moindre débat parlementaire et sans contreparties, par arrêté royal et en contradiction avec la Constitution belge. Malheureusement, cette procédure judiciaire n’aura pas eu comme conséquence de susciter un large débat public, notamment à cause d’une lourde censure médiatique. Finalement, au printemps 2013, une loi avalisant rétroactivement l’octroi de ces garanties a été votée au Parlement, le recours en justice est donc balayé.

    Cette histoire terriblement illustrative du monde dans lequel nous vivons est relatée dans ce documentaire monté par Valentin Fayet (ZinTV) avec des images d’archives et des interviews.

    Un cas emblématique

    L’affaire Dexia est symptomatique d’un mal bien plus large. Partout, la crise économique a été l’occasion de franchir un pas supplémentaire dans le déni de démocratie. Cela a également été illustré par le transfert de pouvoirs des gouvernements – issus de consultations électorales – vers la Commission européenne – non élue et n’ayant aucun compte à rendre de ses décisions. Un autre exemple est celui du remplacement des gouvernements italien et grec – issus des urnes – par des autorités ‘‘technocratiques’’ désignées par les banquiers afin de servir leurs intérêts. On pourrait encore parler du pacte budgétaire européen (officiellement traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance, TSCG), un pas supplémentaire dans la voie visant à rendre illégal le droit des peuples à élire des gouvernements opposés au néo-libéralisme et à l’austérité.

    En Belgique comme ailleurs, le temps passant, médias, politiciens établis et commentateurs capitalistes ont voulu réécrire l’Histoire. On parle dorénavant de ‘‘crise des dettes souveraines’’ et non plus de ‘‘crise financière’’. La faute a été rejetée sur les dépenses publiques prétendument ‘‘excessives’’ ce qui a permis de dédouaner le système capitaliste et le libéralisme. De plus, la crise devient le prétexte d’un assaut brutal contre le secteur public et les droits des travailleurs.

    Mais, au contraire, l’augmentation des dettes souveraines est une conséquence plus qu’une cause de la crise. Elles ont notamment pour origine l’absorption de dettes privées par les États. Cette crise puise ses racines dans le système capitaliste lui-même et pas dans de soi-disant largesses du secteur public.
    Ce documentaire lève un coin du voile de cette histoire et représente un outil utile pour déconstruire le récit dominant qui vise à justifier la politique d’austérité actuelle.

    Dexia. Démocratie Confisquée.
    * Prix de vente : 12 euros + 3€ de frais de port si envoi postal (rajouter 1€ par DVD supplémentaire)
    * CADTM, 345 Avenue de l’Observatoire, 4000 Liège. Tél : 04/226.62.85. info@cadtm.org

  • De Disney à Milley Cyrus : 50 nuances de sexisme

    stop_sexismeLe sexisme est véhiculé partout et nous le subissons toutes et tous sous différentes formes. La position économique en moyenne ‘‘inférieure’’ des femmes dans la société (salaire annuel moyen inférieur de plus de 20% à celui des hommes, surreprésentation dans les groupes ‘‘pauvres’’ de la société comme les parents célibataires, etc.) a comme corollaire une moindre considération vis-à-vis d’elles. Le sexisme est tellement omniprésent qu’on ne le remarque parfois même plus. Mais il nous conditionne bel et bien.

    Par Emily (Namur)

    Les héroïnes, grandes absentes de la culture de masse

    Les tâches traditionnellement attribuées aux femmes ne le restent que tant que cette fonction n’entraîne aucun prestige. Si les cuisiniers sont souvent des cuisinières, un chef étoilé au féminin est une exception. L’industrie textile reste un secteur très féminin, mais qui peut citer le nom de femmes ‘‘grandes couturières’’ ? L’univers du cinéma n’est bien sûr pas en reste. Le pourcentage de réalisatrices reste extrêmement ténu, tout comme les personnages principaux attribués à des femmes. En 2014, le pourcentage de personnages féminins dans les plus gros films américains (les blockbusters) était de 12%… (1)

    Les héroïnes sont rares dans la littérature comme à l’écran. Et lorsque le héros est une femme, ses attributs physiques sont mis en exergue suivant le modèle du personnage de jeu vidéo Lara Croft. Une femme ne peut être au centre d’une histoire qu’en correspondant à ce que la société capitaliste de consommation met en avant comme critères de beauté.

    Les dessins animés Walt Disney constituent un excellent exemple de la manière dont le sexisme est véhiculé dans la société et s’immisce dans nos têtes dès le plus jeune âge. L’entreprise se targue d’avoir fait des efforts ces dernières années concernant la représentation des femmes. Dans le film d’animation ‘‘La reine des neiges’’ sorti en 2013, on pourrait se féliciter qu’il y ait 2 héroïnes, liées d’amitié qui plus est (fait exceptionnel chez Disney). Cela se justifie toutefois essentiellement par un public de niche (des fillettes) et l’opportunité de doubler les ventes de poupées. Et le sexisme est toujours bien présent. Le responsable de l’animation a ainsi expliqué qu’il est très compliqué d’animer le visage d’un personnage féminin du fait que les femmes passeraient par un nombre plus important d’émotions puisqu’elles seraient plus sensibles et qu’elles doivent en tous temps rester belle. Il est donc difficile de différencier deux héroïnes passant par les mêmes émotions puisqu’elles correspondent aux mêmes canons esthétiques : peau blanche, taille fine, longs cheveux et petit nez. Heureusement, Disney a trouvé la parade : la couleur des cheveux…

    La violence vis-à-vis des femmes est banalisée sur nos écrans. La célèbre série ‘‘Game of Thrones’’ dispose de personnages féminins atypiques et indépendants, mais les viols y sont banalisés à tel point qu’ils ne choquent même plus le téléspectateur. Le récent film ‘‘Cinquante nuances de Grey’’ va plus loin encore. Un homme riche fait signer à une jeune étudiante un contrat qui l’assure de relations sexuelles sadomasochistes quand bon lui semble, sans plus devoir demander l’avis de sa ‘‘partenaire’’. En contrepartie, il lui offre des cadeaux. N’est-ce pas là une forme de prostitution dont on refuse de dire le nom? Ce film ne va-t-il pas jusqu’à mettre sur un piédestal ce type de relation, telle une aventure excitante?

    Le secteur de l’industrie musicale est tout aussi touché. Pourquoi tant de chanteuses starifiées se mettent-elles à moitié nues dans leurs clips vidéo ? Chacun devrait évidemment pouvoir s’habiller comme il le souhaite. Mais le phénomène ‘‘Milley Cyrus’’ suggère fortement qu’afin d’être considérée comme une femme et non plus comme une enfant ainsi que pour être reconnu, il faudrait laisser ses vêtements au placard. Dans tous les domaines, les femmes sont perpétuellement dans l’ambivalence de devoir être sexy pour être prises en considération tout en ne pouvant l’être de trop sous peine d’être harcelées et tenues pour responsables de cette situation.

    À qui profite le sexisme ?

    Le sexisme n’est pas le fait des hommes contre les femmes. Nous sommes toutes et tous aliénés par ce phénomène, même si ces dernières sont bien entendu les plus grandes victimes de cette tyrannie de la minceur ou encore de cette sommation plus ou moins ouverte à ne pas prendre trop d’espace, à ‘‘rester à sa place’’. Le manque de considération pour les femmes est clairement à mettre en lien avec sa position économique défavorable. A qui cela profite-t-il ? Les préjugés véhiculés par des pans entiers de la culture dominante (les plus financés) favorisent la mise en concurrence des travailleurs. Les petits salaires et les emplois précaires qui en découlent – amplement occupés par des femmes – profitent au patronat.

    De plus, la libération sexuelle sans libération de l’exploitation capitaliste a permis à la classe dominante d’ouvrir de nouveaux secteurs de marché pour encore plus de profit : l’industrie cosmétique n’a ainsi jamais été aussi importante. Pousser à ressembler à des canons de beauté inaccessibles (à tel point qu’il s’agit souvent de manipulations d’images), cela rapporte gros. Et si Milley Cyrus et Rihanna profitent des coups de pub de leurs corps dénudés, c’est l’industrie musicale qui en retire la plus grande part du gâteau.

    Quelle solution défendre ?

    L’éducation des jeunes ne peut suffire à lutter contre le sexisme, dont les racines ne sont pas culturelles mais bien premièrement économiques. Le sexisme est un outil consciemment utilisé par les capitalistes pour maximiser leurs profits et diviser pour régner, à l’instar du racisme ou de l’homophobie. Pour les capitalistes, la violence vis-à-vis des femmes est un dommage collatéral négligeable. Le sexisme n’est en rien une affaire culturelle, il est intrinsèquement lié à la société de classe. Si nous voulons l’abattre, nous devrons – femmes et hommes – abattre le capitalisme et construire une société qui réponde aux besoins de chacun et qui pose les bases d’une égalité économique. C’est seulement dans ce cadre que nous pourrons mettre le coup de massue fatal au sexisme.

    (1) Sofilm n°28, mars 2015.

  • [FILM] SELMA : Portrait hollywoodien d’une bataille-clé pour les droits civiques

    selma_movieSouvent, les films hollywoodiens nous piègent entre l’Histoire sans contexte ou le contexte sans les évènements historiques. Le réalisateur de ‘‘Selma’’ a fait un bon boulot en abordant la lutte pour les droits civiques et la libération des Noirs aux Etats-Unis à partir une bataille cruciale menée pour l’obtention du droit de vote dans le Sud.

    Les évènements recréés dans le film livrent un bon aperçu des débats au sein de ce mouvement et du racisme des plus extrêmes de cette période. La scène la plus marquante est sans aucun doute celle de la marche de Selma le 7 mars 1965. Les manifestants pacifiques ont été attaqués et l’évènement a été transmis en direct à des millions de téléspectateurs de l’époque. Ce ‘‘Dimanche Sanglant’’, où 58 personnes ont été blessées, a joué un rôle-clé dans l’adoption du Voting Rights Act la même année, une victoire cruciale pour le mouvement des droits civiques. La brutalité policière de l’époque évoquera aux spectateurs de nombreux parallèles avec la manière dont la police américaine traite les manifestants aujourd’hui. Les gens de couleur se font toujours gazer, tabasser et arrêter en 2015 pour avoir manifestés contre le racisme.

    La représentation des femmes dans le mouvement est une faiblesse du film. Le rôle essentiel joué par Diane Nash, co-fondatrice du Comité de Coordination Etudiant Non-violent (SNCC), est totalement ignoré. Le film montre beaucoup d’actes courageux de la part de femmes, mais elles sont reléguées au second plan. Certaines scènes tordent la réalité jusqu’à pouvoir faire croire qu’elles n’ont fait que le ménage et la cuisine des militants, en s’occupant de leurs enfants.

    Martin Luther King est présenté comme un ‘‘sauveur’’ agissant seul et prenant toutes les décisions. Le présenter comme la seule personne responsable des avancées obtenues par les Afro-Américains est une vision tronquée de l’Histoire. Cela minimise le pouvoir de l’organisation de la communauté et l’impact des revendications du Mouvement à une échelle de masse.

    Ces évènements doivent être regardés de près, sans compter sur Hollywood pour nous les relater correctement. Nous faisons nous-mêmes face à une période agitée de l’Histoire, la meilleure chose à tirer de ‘‘Selma’’ est l’importance de s’organiser démocratiquement, que cela soit pour une manifestation, un boycott militant ou une grève.

  • Critique de Film : “Pride”

    The real thing: LGSM members march in support of the miners

    prideQuand la solidarité balaye les préjugés.

    Un nouveau film Pride, qui sortira en salle chez nous le 5 novembre prochain, porte à l’écran la naissance à Londres d’un groupe d’activistes homosexuels, le Lesbian and Gays Support the Miners (LGSM), et montre leur activité pendant la grève des mineurs qui a ébranlé la Grande-Bretagne en 1984-85.

    Michael Johnson

    La section londonienne du LGSM a réalisé un énorme effort de récolte de fonds pour soutenir la grève des mineurs. Les activistes gays et lesbiennes ont récolté presque 20.000 livres sterling pour les familles des mineurs gallois en plus de rendre plusieurs visites auprès des communautés qu’ils supportaient. D’autres groupes similaires au LGSM émergèrent à travers le pays.

    Difficultés

    Le film explore dès le début comment les luttes du LGSM se sont engagées dans la grève, en y amenant les problèmes de la communauté LGBT elle-même. Les personnages discutent de l’homophobie qu’ils ont vécue dans la classe ouvrière. Mais aussi le Syndicat National des Mineurs (le NUM, National Union of Mineworkers) était inquiet de ce que pouvait signifier le fait d’avoir des gens ouvertement LGBT à leurs côtés vu les injures et le mépris que la police, la presse et les briseurs de grève leur témoignaient.

    LGSM south wales miners strike 1Cependant ces difficultés commencent à s’estomper quand les groupes réalisent que leurs luttes sont similaires. Pride se concentre à juste titre sur le rôle de la police et des médias dans la grève et sur les luttes de la communauté LGBT par l’insertion d’images d’archives qui montrent comment la police attaquait les mineurs sur les piquets de grève.

    Il y a une attention très grande sur la répression policière contre les deux communautés. James Anderton, le responsable en chef de la police de Manchester à l’époque, décrivait les personnes atteintes du SIDA comme vivant dans « un cloaque humain de leur propre fabrication » et qualifiait le syndicalisme de « mafia industrielle ».

    Le gros titre du Sun « Les pervers supportent les fosses » est un moment clé qui comme dans la réalité a mené à la plus grande récolte de fonds réalisée par le LGSM.

    Le désespoir

    Tout en étant un film comique, Pride ne cache pas les difficultés partagées par les deux communautés durant les années quatre-vingt. L’homophobie et la crise du SIDA en pleine croissance apparait à travers le film. Mark Ashton, un des leaders du LGSM, socialiste et membre du Parti Communiste de Grande-Bretagne, est mort quelques années après la grève des suites du HIV. La communauté des mineurs est devenue plus désespérée quand les mineurs n’ont plus été capables de payer le chauffage.

    Le film met l’accent sur l’importance de la solidarité. Mark Ashton du LGSM disait à propos du travail du groupe : « Une communauté devrait être solidaire d’une autre. C’est vraiment pas logique de dire : ‘Je suis gay et impliqué dans la défense de la communauté gay mais je me fiche des autres choses.’ »

    Le film montre aussi le grand impact que les communautés de la classe ouvrière peuvent avoir quand elles s’unissent. Bien que la grève des mineurs ait échoué, nous avons vu des mineurs participant en masse au défilé de la Pride en 1985 pour soutenir les communautés qui les avaient supportés. Le NUM (le Syndicat national des mineurs) a joué un rôle vital dans les années 80 en forçant le Labour Party à s’engager à soutenir la lutte pour les droits des LGBT.

    En travaillant ensemble, la communauté LGBT et les syndicats ont fait des grands pas en avant pour l’égalité. Comme le représentant du NUM dit quand il remercie le LGSM pour leur récolte de fonds : « quand tu combats un ennemi si énorme, découvrir que tu as un ami que tu ne savais même pas que tu avais ; c’est le meilleur sentiment dans le monde. »

  • Film : Hiver ’60

    “Hiver 60” est un film réalisé en 1982 par Thierry Michel et qui est consacré à la grande grève générale de l’hiver 1960-1961. Bien qu’il aborde ces 5 semaines de grève quasi unilatéralement sous l’angle wallon, ce film relate assez bien les événements, et notamment le rôle de frein de l’appareil syndical.

    Afin d’accompagner le film, vous trouverez ci-dessous un dossier consacré à cette grande épreuve de force paru dans les pages de Lutte Socialiste fin 2010.

    Retour sur la “Grève du siècle”
    50 ans après la grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61

    Ces cinq semaines d’un combat implacable, mené en plein hiver, constituent rien de moins que l’évènement le plus grandiose à ce jour de l’histoire des luttes de la classe ouvrière belge. A la base de ce conflit qui a puissamment ébranlé les fondations du système capitaliste, se trouvait un plan d’austérité particulièrement brutal, la Loi Unique. A l’heure où les plans d’austérité pleuvent sur les travailleurs partout en Europe et ailleurs, à l’heure où reviennent à l’avant-plan les grèves générales (voir notre dossier du mois dernier), les leçons à tirer de ce conflit sont inestimables.

    Par Nicolas Croes, sur base du livre de Gustave Dache, La Grège générale révolutionnaire et insurrectionnelle de l’hiver 1960-61

    LE CONTEXTE

    A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l’appareil de production de la bourgeoisie belge était quasiment intact, un énorme avantage pour une économie belge basée sur l’exportation face à des économies voisines à reconstruire. La machine économique belge tournait donc à plein rendement mais, face au développement progressif de nouvelles industries à l’étranger, cet avantage a progressivement disparu.

    De plus, la bourgeoisie belge avait délibérément négligé des branches industrielles qui s’étaient récemment développées, comme la chimie ou encore l’électronique, pour conserver une structure industrielle basée sur l’industrie lourde (sidérurgie, extraction de charbon,…). Plutôt que d’investir dans leur appareil de production, les capitalistes belges investissaient leurs profits en banque. Disposant d’un très puissant capital financier, la Belgique était alors qualifiée de ‘‘banquier de l’Europe’’. Cette fonction de banquier a toutefois été fondamentalement remise en question par la crise de l’industrie. A cela s’ajoutait encore le coût de la perte du Congo, devenu indépendant le 30 juin 1960.

    Pour assurer ses profits, la classe capitaliste belge devait donc prendre des mesures radicales. Comme toujours, c’est aux travailleurs et à leurs familles que l’on a voulu faire payer la crise avec les mesures d’austérité de la Loi Unique. Mais la prudence s’imposait. Un certain climat de lutte régnait à ce moment, et la grève générale insurrectionnelle de 1950 concernant la Question Royale (le retour du roi Léopold III) n’était pas encore oubliée… C’est pour cette raison que le gouvernement avait choisi de commencer la discussion au Parlement sur la Loi Unique le 20 décembre, en comptant sur les préparatifs des fêtes de fin d’année afin d’affaiblir la mobilisation des travailleurs.

    De leur côté, la direction du Parti Socialiste Belge et de la FGTB comptaient également sur cette période pour éviter de prendre l’initiative et déclencher les hostilités. Les bureaucrates du PSB et de la FGTB étaient pris entre deux feux. Une défaite significative des travailleurs aurait signifié que la bourgeoisie aurait sérieusement commencé à s’en prendre à ses positions et à ses privilèges, mais une victoire de la classe ouvrière était tout aussi menaçante pour ces mêmes privilèges.

    La direction du PSB avait déjà démontré à plusieurs reprises sa servilité à la ‘raison d’Etat’. Quand s’était déroulée la grève des métallurgistes de 1957, le ‘socialiste’ Achille Van Acker, alors premier ministre, n’avait pas hésité à la réprimer. Cependant, la très forte base ouvrière active en son sein forçait la direction du PSB à imprimer des accents plus radicaux à sa politique. Début octobre 1960, le PSB a donc pris l’initiative de mener campagne dans tout le pays au sujet de la Loi Unique. C’était l’Opération Vérité, dont le but était d’assurer qu’une fois la Loi votée et appliquée, la colère et le mécontentement des travailleurs se traduisent en soutien électoral. Partout, l’assistance était nombreuse et les salles souvent trop petites. Ce n’était pas son objectif premier, mais cette campagne aura joué un effet non négligeable dans la préparation de la bataille de l’hiver 60-61.

    Au niveau syndical, les directions voulaient elles aussi éviter la grève générale et une lutte dont elles pouvaient perdre le contrôle. La Centrale Syndicale Chrétienne, proche du PSC au pouvoir, a dès le début freiné la contestation de tout son poids. Au cours de la grève générale pourtant, de très nombreux militants de la CSC, tant au nord qu’au sud du pays, ont rejoint la lutte.

    Au syndicat socialiste, différentes ailes s’affrontaient, ce qui s’est exprimé lors du Comité National Elargi du 16 décembre 1960. La gauche syndicale groupée autour d’André Renard y avait proposé de voter pour un plan comprenant une série de manifestations allant vers une grève générale de 24 heures le 15 janvier 1961 (soit après le vote de la Loi Unique, beaucoup trop tard). De son côté, la droite proposait de simplement organiser une journée nationale d’action quelque part en janvier 1961. Au final, la gauche syndicale a reçu 475.823 voix, la droite 496.487. Mais, en moins de quatre jours, ces deux positions ont complètement été dépassées par l’action de la base.

    LA BATAILLE COMMENCE – L’APPAREIL SYNDICAL EST DÉBORDÉ

    Les services publics étaient particulièrement touchés par la Loi Unique et, le 12 décembre, la Centrale Générale des Services Publics de la FGTB avait appelé au déclenchement d’une grève générale illimitée pour le matin du 20 décembre.

    Dans tout le pays, la grève des services publics a très bien été suivie. A Gand, par exemple, les ouvriers communaux ont bloqué la régie de l’électricité, privant de courant le port et toute la région. Des milliers de syndiqués chrétiens ont rejoint le mouvement, contre l’avis de leurs dirigeants. Dès ses premières heures, le mouvement n’est pas resté limité au service public, de nombreuses grosses entreprises ont été mises à l’arrêt. Souvent, les travailleurs ont dû menacer leurs délégués, qui tentaient d’appliquer les consignes des sommets syndicaux.

    En quelques heures, l’action spontanée des travailleurs a ébranlé tout le système capitaliste et surpris ses agents dans le mouvement ouvrier. Le lendemain, désolé, le secrétaire général de la FGTB Louis Major (également député socialiste) s’est lamentablement excusé à la Chambre en disant : ‘‘Nous avons essayé, Monsieur le premier ministre, par tous les moyens, même avec l’aide des patrons, de limiter la grève à un secteur professionnel.’’

    Le 21 décembre, tout le pays était paralysé. Ce jour-là, on pouvait lire dans La Cité: ‘‘on signale qu’en plusieurs endroits, les dirigeants de la FGTB eux-mêmes auraient été pris de court (…) Il semble bien qu’en certains endroits du moins, le contrôle du mouvement échappe à la direction de la FGTB.’’ Pour pallier au manque de direction, les travailleurs se sont petit à petit organisés avec des comités de grève, qui ont commencé à se coordonner. Voilà très précisément ce que craignait le plus la direction syndicale : qu’une nouvelle direction réellement basée sur la lutte collective des travailleurs se substitue à elle. La droite de la FGTB nationale, qui s’était opposée par tous les moyens à la grève générale, s’est déchargée de ses responsabilités sur les régionales en leur laissant le choix de partir ou non en grève.

    Ainsi, ce n’est qu’après que la grève générale ait été effective dans tout le pays que les régionales ont lancé un mot d’ordre de grève générale et tenté de dissoudre ou de récupérer les comités de grève (qui contrôlaient 40% de la région de Charleroi par exemple).

    TRAVAILLEURS FRANCOPHONES ET FLAMANDS UNIS DANS LA LUTTE

    La grève s’est étendue partout, les débrayages spontanés surgissant dans tout le pays. Les métallurgistes, les verriers, les mineurs, les cheminots, les dockers, etc. étaient tous en grève, toute la Wallonie était paralysée. En Flandre, le développement de la grève était plus lent et plus dur, mais bien réel. Des secteurs entiers y étaient en grève. D’ailleurs c’est en Flandre que s’est trouvée la seule entreprise à avoir été occupée par les grévistes lors de cette grève générale (la régie de l’électricité de Gand, du 20 au 30 décembre).

    Contrairement à ce que certains affirmeront par la suite, les travailleurs flamands ont largement démontré qu’ils étaient fermement engagés dans la lutte, malgré toutes les difficultés supplémentaires rencontrées dans une région où n’existaient pas de bassins industriels comparables à ceux de Charleroi ou de Liège, où le poids réactionnaire du clergé était plus important, où la CSC était dominante et où la direction de la FGTB était plus à droite.

    Dans ce cadre, la constitution sous la direction d’André Renard du Comité de coordination des régionales wallonnes de la FGTB, le 23 décembre, a représenté une véritable trahison. En plus d’être une manoeuvre destinée à assurer que la direction de la lutte n’échappe pas à l’appareil de la FGTB en faveur des comités de grève, la formation de ce Comité a divisé les forces de la classe ouvrière face à un gouvernement, des forces de répression et une bourgeoisie unie nationalement. Toujours à l’initiative d’André Renard, cette politique de division des travailleurs a été encore plus loin quand, au moment le plus critique de la lutte, la gauche syndicale a introduit la revendication du fédéralisme.

    LE DANGER DE LA RÉVOLUTION

    Au départ, il ne s’agissait que de la Loi Unique mais, très rapidement, c’est la question de la prise du pouvoir qui s’est posée. Il n’a pas fallu attendre longtemps avant que n’apparaissent dans les nombreux et massifs cortèges de manifestants des slogans revendiquant une Marche sur Bruxelles. Ce que les travailleurs entendaient avec cet appel, ce n’est pas une simple manifestation à Bruxelles, mais un rassemblement ouvrier massif dans la capitale pour une confrontation ouverte avec le régime.

    Ce mot d’ordre avait été décisif en 1950 lors de la grève générale sur la Question Royale. Le roi Léopold III avait abdiqué la veille de la tenue de cette Marche afin de désamorcer un mouvement qui n’aurait pas seulement fait basculer la monarchie, mais aurait également fait courir un grand péril au régime capitaliste lui-même. En 60-61, si les bureaucrates ont refusé d’organiser la Marche sur Bruxelles, c’est qu’ils comprenaient fort bien que ce mot d’ordre signifiait l’affrontement révolutionnaire des masses ouvrières et de l’Etat bourgeois.

    Face à l’ampleur du mouvement de grève, le gouvernement a réagi par l’intimidation, par de nombreuses arrestations arbitraires et par la violence des forces de l’ordre. Le gouvernement craignait que les grévistes ne parviennent spontanément à s’emparer des stocks d’armes et de munitions entreposées à la Fabrique Nationale, occupée militairement. L’armée a été envoyée renforcer la gendarmerie afin de surveiller les chemins de fer, les ponts, les grands centres, etc. Des troupes ont été rappelées d’Allemagne.

    Mais les forces de répression se déplaçaient lentement à cause des routes parsemées de clous, des rues dépavées ou encore des barrages. De plus, les troupes n’étaient pas sûres et subissaient la propagande des comités de grève les appelant à rejoindre la lutte. A certains endroits, les femmes de grévistes apportaient de la soupe et de la nourriture aux soldats. Le pouvoir bourgeois avait grand peur de cette fraternisation avec les grévistes.

    Les dirigeants syndicaux étaient systématiquement plus fortement hués lors des meetings de masse, car ils ne faisaient qu’inlassablement répéter en quoi la Loi Unique était néfaste alors que les travailleurs criaient ‘‘A Bruxelles ! A Bruxelles !’’ C’est dans ce cadre qu’il faut considérer les très nombreux actes de sabotage de cette grève générale. Ces actes ne sont que la conséquence de la frustration, de la colère et de l’impatience des travailleurs suite au refus des responsables de donner une perspective au mouvement.

    André Renard, le leader de l’aile gauche de la FGTB, a partout été réclamé pour prendre la parole. Sa rhétorique plus radicale correspondait mieux à l’état d’esprit des grévistes mais derrière son discours se cachait la volonté de ne faire qu’utiliser la force des travailleurs pour forcer la bourgeoisie à faire des concessions et non pour renverser le régime capitaliste. En cela, il a surestimé la marge de manœuvre dont disposaient les capitalistes et a été forcé de trouver une voie de sortie honorable.

    LE FÉDÉRALISME : L’ÉNERGIE DES MASSES DÉTOURNÉE

    Le mouvement était placé devant un choix : la confrontation directe avec le régime capitaliste ou la retraite derrière un prétexte capable de sauver la face à une partie au moins de l’appareil syndical. C’est dans ce cadre qu’il faut voir l’appel au fédéralisme lancé par André Renard, un appel fatal à la grève générale. Le 31 décembre, le Comité de coordination des régionales wallonnes de la FGTB publiait un communiqué déclarant que la grève était essentiellement localisée en Wallonie, ce qui est faux. Alors que, partout, les travailleurs réclamaient des actions plus dures, le Comité a répondu en semblant prétendre que seule la Wallonie luttait.

    Le 3 janvier, André Renard s’est ouvertement prononcé contre une Marche sur Bruxelles. Le même jour, il a déclaré « Le peuple Wallon est mûr pour la bataille. Nous ne voulons plus que les cléricaux flamands nous imposent la loi. Le corps électoral socialiste représente 60 % des électeurs en Wallonie. Si demain le fédéralisme était instauré, nous pourrions avoir un gouvernement du peuple et pour le peuple. » (Le Soir du 4 janvier 1961) Le 5 janvier paraissait le premier numéro de l’hebdomadaire dirigé par André Renard, Combat. Son slogan de première page était : « La Wallonie en a assez. »

    Peu à peu, et sans consultation de la base, c’est ce mot d’ordre, une rupture de l’unité de front entre les travailleurs du pays, qui a été diffusé par l’appareil syndical. A ce moment, des dizaines de milliers de travailleurs flamands étaient encore en grève à Gand et Anvers, mais aussi dans des villes plus petites comme Bruges, Courtrai, Alost, Furnes,…
    Finalement, faute de mots d’ordre et de perspective, le mouvement s’est essoufflé. La grève s’est terminée le 23 janvier 1961.

    Cette défaite ne doit rien au génie ni à la force du patronat et de son gouvernement, mais tout à la trahison des dirigeants du PSB et de la FGTB, de droite comme de gauche, qui ont préféré la défaite à la poursuite de la lutte contre le capitalisme et pour une autre société.


     

    Comment la défaite aurait-elle pu être évitée ?

    Ce combat historique a été caractérisé par la gigantesque volonté d’en découdre de la part du mouvement ouvrier. Il n’a manqué qu’une chose pour que le mouvement aboutisse à sa conclusion logique, c’est-à- dire le renversement du régime capitaliste, il aurait fallu une direction réellement révolutionnaire aux masses en mouvement. Dans son Histoire de la révolution russe, Léon Trotsky (l’un des dirigeants de cette révolution avec Lénine) a expliqué que “Sans organisation dirigeante, l’énergie des masses se volatiliserait comme de la vapeur non enfermée dans un cylindre à piston. Cependant le mouvement ne vient ni du cylindre ni du piston, mais de la vapeur.” C’est exactement ce qui s’est produit ici, l’énergie des masses s’est volatilisée. Une organisation, même petite, aurait pu réaliser de grandes choses si elle était décidée à prendre ses responsabilités.

    Concrètement, cela aurait signifié d’appuyer sans réserve la constitution des comités de grève et d’appeler à un Congrès national des comités de grève – premier pas vers l’instauration d’un gouvernement ouvrier basé sur les comités de grève – tout en défendant un programme socialiste et révolutionnaire. Cela aurait signifié de vigoureusement dénoncer le refus des directions syndicales d’offrir une voie en avant et les manoeuvres telles que le fédéralisme. Cela aurait aussi signifié d’appuyer concrètement l’appel à la Marche sur Bruxelles. Hélas, cela, personne ne l’a fait. Le Parti Communiste Belge est ainsi essentiellement resté à la remorque du PSB et de la FGTB (il faut toutefois préciser que bon nombre de ses militants ont joué un rôle important dans les entreprises pour déclencher la grève).

    Un autre groupe de gauche radicale existait, au sein du PSB, groupé autour du journal La Gauche (Links en Flandre). Ce groupe était essentiellement dirigé par des militants se réclamant du trotskysme et dont la principale figure était Ernest Mandel. Ils prétendaient défendre une politique révolutionnaire, mais ses dirigeants étaient très fortement influencés par la pratique réformiste de la direction du PSB et des appareils bureaucratiques de la FGTB. Dans les faits, ce groupe a suivi la tendance d’André Renard, n’a pas dénoncé la création du Comité de coordination des régionale wallonnes, n’a pas appelé à la convocation d’un Congrès national des comité de grève et a limité son soutien à la Marche sur Bruxelles à de vagues propositions irréalistes. Concernant les propositions fédéralistes de Renard, La Gauche aurait dû réagir en opposant le renversement du gouvernement et de l’Etat bourgeois. A la place ne s’est manifesté qu’un silence complice.

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