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  • [FILM] “Inside Job” révèle la corruption du petit monde du capitalisme financier

    La réalisation de ce film ‘‘a couté 20.000.000.000.000 dollars’’, en référence aux pertes économiques qui ont jusqu’ici découlé de la crise mondiale. “Inside Job”, le documentaire primé au Festival de Cannes 2010 et qui sort maintenant en DVD, aurait aussi bien pu s’appeler “Demolition Job”, vu la manière dont il démolit totalement la réputation de toute une série d’institutions financières majeures et d’individus qui les protègent et les servent dans les gouvernements.

    Vincent Kolo, chinaworker.info

    Cette implosion du marché immobilier a à son tour déclenché la pire récession depuis les années ’30, et n’a évité que de très près un effondrement financier sur le plan mondial, une menace toujours bien réelle aujourd’hui puisque, comme le montre le film, rien n’a fondamentalement changé depuis. La récession a couté des millions d’emplois partout dans le monde – près de 10 millions en Chine, par exemple -, en plus des 6 millions d’Américains expulsés de leur logement, et d’innombrables autres misères dont le prix est supporté par les travailleurs et leurs familles tandis que les banquiers qui ont créé la crise sont en réalité devenus encore plus riches !

    Le film montre, grâce à une documentation méticuleuse et à de nombreuses interviews, comment les grandes banques et les institutions financières façonnent à leur avantage la politique des gouvernements, démantelant les organes de contrôle, s’octroyant à elles-mêmes la liberté de créer et de spéculer sur de nouveaux produits financiers, tels que les “credit default swaps”, dont le fonctionnement n’est compris par personne – ou alors, que par un vraiment très petit nombre de gens dans le monde.

    Malheureusement, le film n’utilise pas une seule fois le mot “capitalisme”, ce qui laisse un gouffre béant au milieu de toute son argumentation. Il cite l’“industrie financière” comme responsable de tous ces maux, et bien que ceci ne puisse être remis en question, la financiarisation du capitalisme mondiale n’est en réalité qu’un symptôme et non pas la cause de la maladie qui affecte ce système de profit tout entier.

    C’est la même crise de la profitabilité qui pousse les entreprises capitalistes à relocaliser leur production dans des pays à bas salaires, tout en vendant la plupart de leurs marchandises à des pays à hauts salaires ; c’est la même cause qui explique aussi la dépendance croissante aux “stéroïdes” financiers de Wall Street afin de maximaliser les profits. Une statistique bien connue, qui n’est pas mentionnée dans le film, est qu’avant le krach bancaire, le secteur financier comptait pour 40% du total des bénéfices des entreprises aux Etats-Unis…

    Le film démarre avec le krach bancaire en Islande. Tandis que défilent des images de l’époustouflant paysage volcanique islandais, nous entendons le narrateur, l’acteur Matt Damon, nous expliquer comment un pays avec un PIB d’à peine 13 milliards de dollars s’est retrouvé confronté à des pertes bancaires d’un montant de 100 milliards de dollars, après que son gouvernement ait privatisé les banques il y a dix ans à peine. ‘‘La finance a pris le pouvoir, et a dévasté le pays’’, affirme un professeur islandais. Les banques mondiales et les gouvernements d’autres pays ont encouragé la politique de prêts forcenée des banques islandaises, qui avaient reçu la mention “AAA” par les agences américaines de notation de crédit comme Moody et Standard & Poor. Quelques jours seulement avant que je ne regarde ce film, le peuple islandais avait défié son gouvernement et l’establishment politique pour la deuxième fois consécutive en rejetant l’accord pourri conclu avec l’UE et le FMI qui voudrait les contraindre – eux, de simples citoyens – à rembourser la dette de 420 millions de dollars dus par une des banques islandaises en faillite, Icesave.

    Une des forces du film est la manière simple, sans chichis avec laquelle il explique la nature des produits dérivés tels que les obligations de dette collatérales et autre soi-disant emprunts garantis. On ne laisse aucun doute aux spectateurs, même à ceux qui ne sont pas de fins connaisseurs des dernières tendances économiques, que l’ensemble de ce “marché” des dérivés boursiers (qui vaut la somme de 700 trillions de dollars) est complètement dément. Toute une armée de “conseillers” gouvernementaux et de cadres de Wall Street sont amenés devant la caméra pour s’y sentir très mal à l’aise tandis qu’on les interroge sur leur rôle dans l’élaboration des mesures politiques qui ont menées à la crise. Les principaux responsables et partisans de la dérégulation financière, tels qu’Alan Greenspan (l’ancien chef de la banque centrale américaine), Larry Summers (le secrétaire au Trésor de Bill Clinton, et ex-conseiller économique en chef d’Obama) ou Timothy Geithner (l’actuel secrétaire au Trésor, et ex-président de la New York Federal Reserve Bank) ont tous refusé d’être interviewés pour ce film. Plusieurs autres doivent certainement aujourd’hui regretter de l’avoir accepté.

    La grande vedette est certainement le Professeur Frederic Mishkin, un de ces “experts”, qui est aussi l’ancien gouverneur de la Federal Reserve Board (la banque centrale américaine), avec sa tentative maladroite de justifier la politique capitaliste néolibérale qui a mené à la crise par plusieurs pirouettes de pure beauté. Il est complètement grillé sur sa participation à un rapport rédigé en 2006 et intitulé “La stabilité financière en Islande”, dans lequel il chantait de long en large les louanges retentissantes de l’économie spéculative islandaise. Lorsqu’on lui demande dans le film pourquoi il s’est tellement planté, tout ce qu’il trouve à dire, c’est qu’il avait cru ce que la banque centrale islandaise lui avait dit, puisque les banques centrales sont des “institutions crédibles”. On apprend également que l’industrie financière islandaise a payé Mishkin 124.000 dollars pour son rapport. L’embarras de Mishkin s’accroit encore un peu lorsqu’on lui demande aussi pourquoi sur son CV, le titre de ce rapport est étrangement devenu “L’instabilité financière en Islande”. Il s’excuse en affirmant qu’il s’agit très certainement d’une “faute de frappe”.

    “Inside Job” dénonce aussi la culture criminelle de Wall Street, une culture de mensonges, de tricheries, de corruption et de consommation large de cocaïne et de prostituées. Un conseiller psychologique auprès des banquiers de Wall Street nous dit que ce genre de pratique ‘‘s’étend jusqu’aux plus hauts sommets’’. Il montre les relations incestueuses entre les grandes banques et les gouvernements des deux principaux partis politiques américains. Des institutions telles que Goldman Sachs et Morgan Stanley exercent une énorme influence sur les gouvernements et l’utilisent pour protéger leurs intérêts et tuer dans l’œuf toute initiative politique capable de menacer leurs profits. Goldman Sachs a fourni les secrétaires au Trésor des trois derniers gouvernements américains (Timothy Geithner, Hank Paulson, Robert Rubin). Paulson et Geithner, qui sont d’anciens hauts responsables de Goldman Sachs, ont aussi tous les deux joué un rôle crucial dans la décision de renflouer AIG en 2008 (l’agence AIG s’était effondrée quelques jours après Lehman Brothers ; elle était menacée par l’effacement d’une valeur catastrophique de 500 milliards de dollars provenant de “credit default swaps” annulés et pour lesquels elle n’avait aucune provision) ; Goldman Sachs a été le principal bénéficiaire de ce plan de renflouement, recevant 40 milliards de dollars des 130 milliards versés par le contribuable grâce aux clauses généreuses envers les actionnaires d’AIG qui avaient été insérées par Geithner et Paulson. Il est clair que l’establishment politique américain est aussi un leader mondial en ce qui concerne la corruption.

    Dans son accusation de Wall Street, l’auteur et réalisateur du film, Charles Ferguson, se base sur des économistes bourgeois tels que Nouriel Roubini et Martin Wolf du Financial Times. Ces deux personnes font quelques très justes analyses, mais à aucun moment, au cours des 100 minutes de film, une solution n’est proposée. Tout un nombre d’analystes et de personnalités “clé” de l’establishment s’en tirent aussi à fort bon compte, alors qu’ils auraient pu être aussi bien grillés que Mishkin.

    Le président du FMI Dominique Strauss-Kahn est un bon exemple de ceci. Il fait quelques critiques du secteur financier américain comme on en entend souvent, comme quoi celui-ci était “hors de contrôle” – ceci qui est somme toute incontestable –, mais il n’est pas questionné sur le rôle de son organisation avant la crise, ou par exemple dans le cas de l’Islande, où le FMI utilise le chantage financier pour forcer le gouvernement et le peuple islandais à avaler l’accord “Icesave”. Le FMI joue un rôle similaire partout en Europe, après des décennies de pratique dans le monde néocolonial, avec des conditions de prêts qui sont conçues pour protéger les banques et faire payer les pots cassés par les simples citoyens.

    De même, Christine Lagarde, l’affreusement droitière ministre des Finances de la république française, est l’invitée d’honneur du film en tant que représentante du camp de l’“accusation”, qui se permet de juger les méfaits des banques et des politiciens américains, sans aucune analyse de son propre CV fait d’attaques sur les droits des travailleurs, sur les pensions et sur les emplois dans le secteur public, non seulement en France, mais à travers toute l’Europe, via son rôle central dans les structures financières de l’Union européenne et ses plans de renflouement empoisonnés en Grèce, en Irlande, et au Portugal (et lancés en conjonction avec Strauss-Kahn et le FMI). Lagarde est aussi connue pour avoir annoncé que la crise était “terminée” fin 2008 – cette seule affirmation aurait dû suffire à la disqualifier de toute apparition en tant qu’“experte” dans ce film.

    L’équipe de recherche de Ferguson aurait dû accorder plus de temps et d’attention aux développements en Europe à la base plutôt qu’au sommet, afin de contrebalancer le point de vue excessivement optimiste – ou plutôt, naïf – des politiciens et banquiers de ce continent. “Inside Job” montre très clairement qu’Obama est en train de poursuivre la même politique que ces prédécesseurs, et a résisté à toute tentative de limer les griffes du secteur bancaire. L’économiste Robert Gnaizda se moque gentiment des mesures prises par l’administration Obama-Geithner : ‘‘Comment ce gouvernement pourrait-il réformer quoi que ce soit – c’est un gouvernement Wall Street !’’

    Mais le film applaudit ensuite une initiative essentiellement cosmétique des gouvernements d’Italie, de Suède et d’autres pays européens afin de mettre en place une régulation plus stricte des banques en Europe. Comme l’a démontré la crise de la dette en Irlande, au Portugal et dans d’autres pays européens de la “périphérie”, et comme le démontre le programme de coupes budgétaires cinglantes et la vague de chômage que celui-ci a suscitée, de part et d’autre de l’Atlantique, les gouvernements capitalistes sont tout aussi serviles envers les capitalistes financiers et tout aussi incapables de fournir des solutions.

    La conclusion du film est qu’aucune des “réformes” mises en œuvre depuis 2008 n’empêchera une répétition du krach financier. Les institutions qui ont causé la crise sont devenues encore plus puissantes grâce aux gigantesques plans de renflouement qui leur ont été accordés, sans aucune condition en échange. Les socialistes de lutte sont d’accord avec cette conclusion, à ceci près qu’au lieu d’attendre sans rien faire le prochain épisode de la crise, nous savons que nous devons préparer, organiser et construire une alternative socialiste crédible.

  • Ken Loach revient avec ‘‘Route Irish’’

    Ken Loach est revenu avec, une nouvelle fois, un sujet fort, celui de la guerre en Irak, et plus particulièrement de sa privatisation avec les ‘‘contractuels’’, ces mercenaires privés qui, l’an dernier, étaient aussi nombreux en Irak que les troupes régulières! Ces derniers cumulent les crimes de guerre dans une impunité scandaleuse. Mais, hélas, on se souviendra bien plus des différents articles parus à ce sujet à l’occasion de la sortie du film que du film lui-même…

    Par Nicolas Croes

    Le développement d’armées privées a aujourd’hui atteint des proportions gigantesques. La plus grande, Xe Services (anciennement Blakwater), forme plus de 30.000 policiers et militaires par an et dispose d’une armada de véhicules blindés, d’hélicoptères de combat,… Actuellement, on trouve même plus de mercenaires en Afghanistan que de militaires réguliers (130.000 contre 120.000)! Les avantages sont nombreux pour les gouvernements : privatiser la guerre est une manière de la cacher à l’opinion.

    En Irak, en Afghanistan ou ailleurs, ces mercenaires jouissent d’une très large impunité alors que leur implication dans des bavures extrêmement sanglantes ne fait aucun doute. ‘‘Route Irish’’ rappelle entre autres qu’entre 2003 et 2009, l’Autorité provisoire de la Coalition a fait passer un décret (l’ordonnance 17) qui donnait l’immunité à tous les agents officiants dans le pays. Le scénariste du film, Paul Laverty, a ainsi déclaré dans une interview : ‘‘Personne n’est intéressé de savoir combien de civils irakiens ont été tués ou blessés par les contractuels privés, mais de nombreuses preuves suggèrent que les abus sont largement répandus. Le massacre de 17 civils au centre de Bagdad par Blakwater est l’incident le plus célèbre, mais bien d’autres n’ont tout simplement pas été rapportés…’’

    Le sujet est traité dans le film sous l’angle d’un ancien mercenaire dont le meilleur ami est mort en Irak au service d’une de ces fameuses agences privées. A coup de petites touches, un peu trop faibles hélas, on comprend l’attrait de l’argent de la guerre pour quitter les petits boulots misérables de Liverpool, on voit la détresse des soldats au retour des combats et, bien entendu, les horreurs des bavures en Irak.

    Mais la guerre n’est pas véritablement dénoncée en elle-même, seuls les abus sont abordés. Ken Loach nous avait pourtant habitué à aller bien plus en profondeur dans un sujet, jusqu’aux racines à chercher dans la nature même du système capitaliste. De plus, l’angle très personnalisé choisi pour le film donne parfois ici un triste et dérangeant air de ressemblance avec des films parmi les plus réactionnaires du registre hollywoodien, sur le thème du bon-soldatau- coeur-d’or-à-qui-l’on-a-menti. Le malaise est entretenu par un côté franchement ‘‘revenge-movie’’ légitimant la justice personnelle et le meurtre pour la bonne cause.

    Au final, on ressort déçu, très certainement après avoir vu comment Ken Loach pouvait aborder avec subtilité des thèmes comme l’indépendance irlandaise sans tomber dans le nationalisme. Là, le récit est assez pauvre et vire au thriller mélodramatique sans grande envergure. Reste le grand mérite d’avoir attiré l’attention sur une facette trop méconnue de l’impérialisme moderne.

  • FILM : ‘‘Même la pluie’’

    Réalisé par le scénariste habituel de Ken Loach, pail Laverty, ‘‘Même la pluie’’ raconte l’histoire de Sebastian, un réalisateur passionné, et de Costa, son producteur, qui s’embarquent pour la Bolivie afin d’y tourner un film sur Christophe Colomb. Le film vise en réalité à montrer que la ‘‘découverte’’ de l’Amérique par Colomb fut surtout l’occasion de gigantesques massacres, et systématiquement synonyme d’esclavages, de pillages et de crimes en tous genres et non le mythe du génie explorateur apportant la civilisation aux indigènes.

    Par Nicolas P. (Bruxelles)

    Au moment de sélectionner les figurants, Sebastian remarque un jeune indien, Daniel, qu’il engage immédiatement pour jouer le rôle de Hatuey, leader indien contre la colonisation du ‘‘nouveau monde’’. Mais bien vite, le film se heurte à la réalité. Le gouvernement bolivien (dirigé à l’époque d’une main de fer par Gonzalo Sánchez de Lozada) décide la privatisation et la vente à la multinationale Bechtel de la société municipale de gestion des eaux. Dès lors, les habitants doivent payer plusieurs centaines de dollars par an pour continuer à utiliser l’eau !

    La résistance s’organise vite, et Daniel devient le leader de la résistance populaire. Les manifestations sont réprimées, Daniel emprisonné à plusieurs reprises, le blocage de Cochabamba (3ème plus importante ville du pays) est décidé par les manifestants. Des dizaines, peut-être même des centaines de personnes sont tuées, et la ville prend un air de guerre civile.

    Sebastian et son producteur se trouvent empêchés de continuer leur film, et tiraillés entre réaliser un film exposant les cruautés de la colonisation et soutenir la révolte locale des travailleurs boliviens.

    Au bout de plusieurs semaines de lutte (entre janvier et avril 2000), ce qu’on a appelé par la suite la ‘‘Guerre de l’eau’’ prend fin, et le gouvernement recule (l’info valait la peine de casser le suspens) !

    Le film permet de mieux comprendre la situation passée de la Bolivie et de mieux appréhender les tâches des révolutionnaires boliviens actuels. A ne pas manquer, ‘‘Même la pluie’’ est donc un film passionnant, interprété par des acteurs fantastiques et qui, probablement le plus important de tout, incite à la révolte !

  • “Marx Reloaded” : la pilule bleue ou la pilule rouge ?

    Le 11 avril 2011, la chaîne culturelle ARTE a diffusé le documentaire “Marx Reloaded”, réalisé par Jason Barker. Il s’agit d’un film anticapitaliste qui tente d’analyser les causes de la crise, et de façon assez originale.

    Par Bart (Alost)

    Des interviews d’éminents critiques marxistes (avec lesquels nous ne sommes pas toujours d’accord) alternent avec toutes sortes d’images d’archives et de courts dessins animés humoristiques avec Karl Marx et Trotsky dans un style ‘Matrix’. Trotsky, avec des lunettes de soleil très cool, en uniforme de l’Armée Rouge, est le Morpheus de service…

    Le talon d’Achille du documentaire, sa faiblesse, est qu’il se limite à des interviews d’intellectuels officiels, c.à.d. des gens qui commentent les évènements de leur tour d’ivoire académique et confortable. La majorité d’entre eux sont très éloignés du principe marxiste d’unité de la théorie et de la pratique. Aussi longtemps que le documentaire aborde l’analyse du capitalisme, il y peu à redire, mais dès qu’il s’agit de parler de l’alternative à mettre en avant contre le système… Quelques entretiens avec des militants et des syndicalistes marxistes – avec des gens qui sont eux-mêmes au cœur de la lutte de classe – auraient pu aider à maintenir le film les pieds sur terre. Un délégué syndical combatif ne se serait pas embarrassé de phrases creuses…

    Malgré cette remarque, ce documentaire a réussi son pari de constituer une première initiation à l’univers du marxisme. La fin, un peu troublante, ne peut être considérée que comme une incitation à aller soi-même à la recherche de réponses après avoir vu le documentaire.

    Site officiel: www.marxreloaded.com

  • Après le livre, maintenant le film : ‘‘La stratégie du choc’’ de Naomi Klein

    Le livre de Naomi Klein “La stratégie du Choc” avait déjà fait pas mal de bruit, sa version cinéma est sortie ce 2 juin en Belgique. Naomi Klein est loin d’en être à son coup d’essai, son livre “No Logo” avait eu un succès tel qu’il avait fait d’elle l’une des porte-paroles du mouvement antimondialisation.

    Tout comme le livre, le documentaire livre une analyse acerbe et bien argumentée de l’histoire du néolibéralisme et de ses effets sur les masses d’Amérique Latine, d’Asie et d’Europe de l’Est. L’idée de base est que la phase actuelle du capitalisme recourt à des “chocs” afin d’imposer les contre-réformes procapitalistes du FMI et de la Banque Mondiale. Elle compare cette stratégie à l’usage désastreux d’électrochocs dans les années ‘40 et ‘50.

    Aujourd’hui, les chocs sont utilisés par le capitalisme pour imposer l’agenda néolibéral sur les plans social et politique. Ces chocs peuvent prendre la forme d’écroulements économiques (comme avec la chute de l’URSS), de catastrophes naturelles (l’ouragan Katrina, le tsunami d’Asie du sud-est), de changements de régime (Pinochet), etc. En bref, de tout ce qui cause assez de désorientation publique pour que les dirigeants du pays aient le champ libre de faire ce que bon leur semble.

    Naomi Klein détaille clairement les méfaits du capitalisme. Son exposé sur le Chili des années ‘70 et le passage au néolibéralisme après qu’Allende ait été renversé par le coup d’Etat de Pinochet soutenu par la CIA a beaucoup de mordant et est très bien rendu. Le rôle des soi-disant “conseillers économiques” qui avaient profité de leur formation à Chicago sous la supervision de Milton Friedman est parfaitement décrit. Ces “conseillers” ont été placés au Chili mais aussi dans d’autres parties d’Amérique Latine. Aujourd’hui encore, ils continuent leurs méfaits en Chine. Naomi Klein dresse encore un tableau des conséquences de la restauration capitaliste en Europe de l’Est et en Asie, mais également des conflits pour l’occupation des terres au Sri Lanka et dans d’autres pays asiatiques après le tsunami.

    Hélas, après un brillant exposé, les conclusions politiques sont très limitées et se bornent à appeler à un “retour” à un “meilleur capitalisme”, avec une plus forte sécurité sociale et un Etat-providence. Naomi Klein n’est pas marxiste, son livre illustre tout de même une confiance envers le pouvoir des travailleurs et pauvres dans leur lutte contre le néolibéralisme et le capitalisme.

  • CAPITALISM A LOVE STORY NOTRE ALTERNATIVE: LE SOCIALISME!

    Après s’être attaqué à la violence dans la société avec Bowling for Columbine, à George W Bush dans Farenheit 9/11, au système (ou plutôt à l’absence de système) de soins de santé aux Etats-Unis dans Sicko, Michael Moore revient avec un film-documentaire qui traite cette fois du cœur de ces questions: le capitalisme lui-même.

    Comme il le dit lui-même « J’en ai marre de tourner autour du pot et de m’occuper des symptômes du problème ou des calamités causées par le capitalisme. (…) [Je] propose que nous nous occupions de ce système économique et essayions de le restructurer d’une manière qui profite aux gens et non pas au 1% le plus riche.» En effet, nous le disons avec Moore, la misère et l’exploitation, toutes les injustices, sont enfants d’un même père nommé capitalisme. Pour les éliminer, il faut en finir celui qui les a enfantés.

    Et quand il s’agit de s’occuper du capita-lisme, Michael Moore est clair: «le capitalisme c’est le mal». Message simpliste diront certains, mais qui devient très concret quand le réalisateur apporte mille preuves de cette affirmation en montrant la misère que ce système provoque mais aussi l’absurdité et le cynisme qui le caractérisent.

    On voit ainsi une prison privée pour adolescents dont l’un des actionnaires est le juge local, une entreprise – Bank of America – qui souscrit des assurances-vie sur ses employés jugés proches de la mort, ou encore les collusions et les conflits d’intérêts entre économie et politique qui nous font nous poser avec Moore la question : “Qui dirige vraiment le monde? Le parlement ou un Conseil d’Administration?”

    «Le capitalisme c’est le mal, et on ne peut réguler le mal», merveilleuse conclusion du réalisateur anti-Bush. Mais quant il s’agit de proposer autre chose pour remplacer ce capitalisme qu’il faut détruire, la réponse sonne moins juste. En effet, pour Moore, il s’agit de remplacer le capitalisme, qui est un système anti-démocratique puisqu’il substitue la Bourse aux parlements, par… la démocratie.

    Mais si l’économie ne fonctionne qu’au profit d’une minorité, la démocratie, n’est-ce pas de la mettre sous le contrôle de la majorité ?

    La démocratie en politique c’est que tous ceux qui vivent dans un pays participent aux décisions de ce pays dans l’intérêt collectif (en théorie). Pourquoi tous ceux qui produisent des richesses ne pourraient-ils pas décider de ce qui est produit et de comment répartir les richesses produites, dans l’intérêt collectif?

    Si Moore appelle cela démocratie alors, nous sommes d’accord, mais il aurait été mieux de le préciser. Nous, nous appelons cela le socialisme.

    Après avoir dénoncé les «dérives» du capitalisme, puis le capitalisme lui-même, espérons que le prochain pas soit la mise en avant du seul système cohérent pour succéder au capitalisme : le socialisme démocratique.

  • FILM – Avatar: Quand les actionnaires deviennent des dévoreurs de monde

    Avatar n’est pas du tout un film à caractère politique. Cependant, comme toute réalisation, il porte les marques de son époque. Nous voilà donc avec un (bon) film de science-fiction et d’aventure sorti dans un contexte de crise économique et de crise écologique. Cela se ressent…

    Des troupes et des scientifiques sont envoyés sur Pandora, une planète fort éloignée qui a l’avantage de posséder une minerai rarissime qui se monnaie sur Terre à 20 millions de dollars le Kilo. Le problème, c’est que la planète est habitée, et que les Na’vi n’ont pas l’intention de céder aux diktats des responsables des mines.

    C’est afin de les infiltrer que les Avatars ont été conçus, des hybrides combinant de l’ADN humain et Na’vi. Le héros, Jake Sully, est le ‘pilote’ de l’un deux et il parvient à se faire accepter (une bonne partie du film rappelle “Danse avec les loups”). Bien entendu, sa vision des choses évoluera peu à peu jusqu’à ce qu’il s’oppose au massacre des Na’vis.

    Quand le massacre de ce peuple est mentionné, le directeur de l’exploitation minière sur Pandora répond: «les actionnaires détestent la mauvaise publicité, mais ce qu’ils détestent encore plus, ce sont de mauvais résultats trimestriels.» Ce genre de réflexion, on peut en trouver à plusieurs moments dans le film. Et dans le contexte de l’échec du sommet de Copenhague, ce film prend une certaine dimension en abordant la destruction d’une autre planète, toujours dans le but de continuer à servir les seuls intérêts des actionnaires. Le réalisateur, James Cameron, n’a pas voulu expliquer à quoi servait le minerai. Pour lui, “ce sont les diamants en Afrique du Sud” ou encore “le pétrole au Moyen-orient”.

    D’autres parallèles intéressants parsèment Avatar. A mot couvert, des militaires parlent ainsi d’une précédente intervention des marines au Vénézuela, et le fait que les marines soient utilisés comme mercenaires pour une compagnie minière n’est pas non plus sans rappeler l’aventure irakienne. La référence au sanglant massacre des Indiens d’Amérique est encore abondamment entretenue. Bien entendu, il est aussi question d’environnement et des conséquences de l’exploitation effrénées des ressources. Si le capitalisme n’est pas explicitement nommé comme responsable, on évite toutefois heureusement les discours moralisateurs consacrés à la nature humaine soi-disant profondément destructrice.

    Ces aspects, même s’ils sont loin d’être les éléments centraux du film, sont tout de même caractéristiques de l’atmosphère qui se développe dans le contexte actuel de crise économique. Mais quand on parle de crise, elle ne touche pas tout le monde de la même manière. Pour la majorité des spectateurs, ce seront surtout les effets spéciaux qui resteront en mémoire, ce film étant tout de même le plus cher de l’histoire du cinéma… avec la bagatelle de 300 millions de dollars. En rajoutant les coûts de publicité, on atteint même les 500 millions! Mais les producteurs, et James Cameron, n’ont pas à s’en faire, il rentreront largement dans leurs frais. On estime qu’il y aura 250 millions de dollars de bénéfices uniquement sur le sol américain. A ce niveau également, Avatar illustre où sont placées les priorités dans le système capitaliste.

  • FILM: «Le Syndrome du Titanic»: Dur, dur d’éviter un iceberg quand on le confond avec un palmier…

    L’arrivée du film de Nicolas Hulot a été saluée par une salve d’avis favorables. Etonnamment, ceux-ci viennent moins des fans d’Ushuaïa que de ceux qui reprochent d’habitude le ton «Ah, que la nature est belle!» de cette émission et le côté narcissique et faussement aventurier de Hulot. Il faut dire que, ces derniers temps, celui-ci s’est montré de plus en plus critique face aux multiples crises auquel le monde est confronté et surtout face à la faiblesse des réactions des puissants de ce même monde. Et il annonçait à tous vents que son film avait pour but d’ouvrir les yeux sur le lien entre toutes ces crises. Qu’en est-il à l’arrivée?

    La première chose qui frappe, ce sont les images. Elles sont belles, parfois étonnantes, souvent surprenantes et elles font régulièrement mouche. La confrontation permanente entre l’hyper-consommation vantée par la publicité et les dures réalités de la vie quotidienne, la plus grande richesse et la pauvreté la plus sordide, le développement monstrueux des villes et la vie des sacrifiés dans les bidonvilles et les égouts, les immenses installations industrielles et les paysages qui se désertifient, tout cela conduit régulièrement à des chocs qui remuent les tripes et font réfléchir (même si le défilé syncopé d’images à un rythme parfois frénétique finit par laisser sur le flanc le spectateur qui ne biberonne pas toute la journée aux clips de rap et de r’n’b).

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    Détruire le capitalisme… avant qu’il ne détruise la planète!

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    L’autre aspect, c’est le commentaire. Malheureusement, dans la forme, c’est du pur Hulot. Des interrogations existentielles profondes au «plus concerné que moi, tu meurs», de l’émotion à fleur de peau au pessimisme à tout crin, on passe par toutes les gammes. Mais, quel que soit le registre du moment, le commentaire est prononcé avec la lenteur et la compassion d’un curé sorti d’une grande école de jésuites.

    Et, sur le fond, ce n’est pas tellement mieux. Certes, ne n’est pas un film «sur la nature», ni une pure réflexion écologique. A différentes reprises, Hulot évoque les liens qui soudent entre elles les différentes crises – économique, écologique, sociale, morale – mais sans jamais chercher à vraiment expliquer. A un moment, pris d’audace, il dénonce au détour d’une phrase le «capitalisme sauvage» qui «transforme tout en marchandises». Mais le reste du temps, ce sont «le progrès», «un système pris de folie», «une évolution qui nous a échappé» qui se retrouvent dans le collimateur. Une belle collection de poncifs dont l’imprécision permet de satisfaire un peu tout le monde… sans froisser personne. Et surtout sans chercher à débusquer le ou les vrais responsables de tout ce gâchis.

    Et quand, à la fin du film, Hulot aborde les solutions possibles, plus de trace du «capitalisme sauvage» – et encore moins du capitalisme tout court. Ce n’est plus qu’appels à consommer «moins» et «autrement», à réapprendre à «partager» et à «économiser», à «ralentir le rythme» et à «prendre le temps», à «se fixer à nouveau des limites»,… et autres bondieuseries individualisantes et passablement culpabilisantes pour ceux qui n’ont pas beaucoup d’autres solutions aujourd’hui que de «perdre leur vie pour la gagner».

    Hulot commence ainsi par expliquer que le monde est au bord de la catastrophe et que toutes les crises sont liées et il termine en suggérant qu’en achetant moins de GSM et en compostant ses restes de repas, on peut arriver à sauver la planète. Mais, il ne semble pas réaliser que si chaque citoyen du monde était sensibilisé aux problèmes de l’environnement, triait, compostait, utilisait moins de produits chimiques, achetait et mangeait bio, la planète ne s’en porterait guère mieux parce que les grosses entreprises pollueuses (industries chimiques, centrales thermiques…) continueraient de préférer payer une amende plutôt que de réduire leur pollution. Et que, si elles se comportent de la sorte, avec la bénédiction de leurs Etats, ce n’est pas parce que leurs dirigeants sont «mal informés» ou «égoïstes» mais parce que la logique de la concurrence et du profit maximum qui est au cœur du capitalisme (et pas seulement du «capitalisme sauvage» qu’il est de bon ton de critiquer de nos jours) ne laisse pas d’autre choix.

    En sortant de la salle, on se dit que Nicolas Hulot – dont les productions télé sont abondamment sponsorisées par TF1, EDF, Orange, L’Oréal et autres multinationales triomphantes – ne compte pas scier la branche sur laquelle il est confortablement assis. Au fond, «crise de civilisation ou pas», son horizon reste celui d’un capitalisme «vert» et «raisonnable»… mais parfaitement chimérique.

    «Le Syndrome du Titanic» est à voir parce que ses images sonnent souvent comme un appel à la révolte contre le système qui mène le Titanic à sa perte. Mais, s’il faut remplacer l’urgence le capitaine du bateau, je ne voterais pas pour mettre Nicolas Hulot à la barre.

  • “Agitate, educate, organize!”

    Avant première de Looking for Eric en présence de Ken Loach

    Ce lundi, à Liège, Looking for Eric, le dernier film de Ken Loach, était projeté au Cinéma Sauvenière. Au-delà du film, la discussion qui a suivi a été très intéressante : il n’a pas fallu longtemps avant que Ken Loach mette en avant l’importance de la lutte politique. A cet effet, il a repris un slogan du vieux syndicat américain IWW: “Agitate, educate, organize!”, en précisant encore que le plus important pour lui était de s’organiser. En aparté, il a aussi salué la victoire de notre camarade irlandais Joe Higgins au scrutin européen.

    Beaucoup auront pu être surpris en découvrant le sujet de Looking for Eric. Après des films comme Le Vent se lève, Land and Freedom ou encore The navigators, un sujet autour du football et des relations entre Eric Cantona et ses fans, il est vrai, c’est inattendu. Et pourtant, encore une fois, c’est de social qu’il s’agit. Ken Loach l’explique ainsi : “C’est un film contre l’individualisme : on est plus fort en groupe que seul. Certains éprouveront peut-être une certaine condescendance envers cette idée, mais ce film parle de la solidarité entre amis, en prenant pour exemple un groupe de supporters de foot. Il est aussi question de l’endroit où vous travaillez et de vos collègues.”

    Derrière l’histoire de ce postier de Manchester, Eric Bishop (joué par Steve Evets, tout simplement brillant), on retrouve les conflits de classes et une société marquée par des années de politique néolibérale. Looking for Eric est une comédie sociale, où les rires francs se joignent à la colère contre le système: des jeunes dont les perspectives d’avenir bloquées ouvrent la voie à la criminalité, une police musclée, des travailleurs exclus de leur sport favori faute de moyens pour assister aux matchs,…

    Et le foot? “Pendant quelques heures, on oublie ses problèmes avec une victoire” affirme Eric Bishop. Mais pour les résoudre, pour sorir de l’impasse dans laquelle se trouve sa famille, la force collective (de façon très originale…) démontre toute sa puissance…

    Après la projection, le réalisateur Ken Loach a répondu à quelques questions, et très vite est arrivé le thème de la politique et de la nécessité de s’engager. A l’inverse de beaucoup d’artistes qui estiment que l’art doit être séparé de la politque, Ken Loach envisage son travail comme partie intégrante de la lutte politique en faveur des travailleurs. Il avait ainsi appelé à voter pour Olivier Besancenot et le NPA en France et pour notre liste commune LCR-PSL ici, en Belgique.

    Nous avons eu l’occasion de lui parler directement, et après lui avoir précisé à qui nous étions lié en Angleterre, le Socialist Party, Ken Loach a directement salué la victoire de notre camarade irlandais Joe Higgins, nouvel élu européen: “Joe Higgins won, that’s great!”. Cela nous a bien entendu fort touché, de même que sa dédicace fraternelle sur l’un des rares numéros restant de l’édition de l’Alternative Socialiste qui a été utilisée dans la campagne électorale. Nous avions fait une vente juste avant les séances sur le thème: “Les élections sont finies, la lutte continue”, cette rencontre n’a pu que nous encourager dans cette voie.

  • Cinéma et contestation

    Le vingtième siècle a connu l’essor du cinéma jusqu’aux superproductions actuelles. Bien que les inégalités entre classes sociales ne sont pas apparues seulement au cours du vingtième siècle, le cinéma ne pouvait passer à côté des nombreux conflits sociaux qui ont marqué les décenies de son développement.

    Par Nicolas Menoux

    Elaboré pour toucher les masses, le cinéma a revêtu différentes formes et fonctions. Avant d’être divertissant, le cinéma était didactique, puis très vite il a été intégré comme outil de propagande. Il faut comprendre que le cinéma est un média parmi d’autres (journaux, télévision, radios,…) et qu’il peut donc être utilisé ou manipulé pour faire passer les valeurs d’une idéologie, qu’elle soit capitaliste, fasciste, communiste, … (notamment en période de guerre). En fait il s’agit d’une pratique générale qui touche différentes formes d’expression, et pas uniquement le cinéma.

    Cependant, comme c’est le cas pour de nombreuses formes d’expression, le cinéma a été utilisé aussi comme moyen d’exprimer une contestation. Les documentaires, genre qui s’oppose à la fiction, ont par exemple permis d’illustrer, en filmant la réalité sans modification, des inégalités, des injustices sociales. Certains cinéastes ont utilisé leur caméra pour dénoncer et montrer à tous des problèmes inaccessibles à la majorité (distance, manque d’information, désinformation…). Dans cette lignée, de nombreux films ont été tournés sur les grèves et les différents mouvements ouvriers, reflétant ainsi les conditions de vie des travailleurs (Borinage, mai 68 pour ne citer qu’eux). Mais le pouvoir en place a aussi ses armes, telle que la censure, pour éviter ces débordements qui nuisent à leur autorité. Par exemple, le système holywoodien, sous le McCarthysme, a multiplié les pressions pour empêcher certains travailleurs d’exercer leur activité sur base de leur proximité avec l’idéologie communiste.

    En fait, si on regarde de manière générale les thèmes traités au cinéma, on peut voir que ceux-ci transcrivent les idées qui se développent dans la société. Par exemple, après la chute du mur de Berlin, l’idée était qu’aucune alternative au capitalisme ne semblait réalisable. La mondialisation et l’impérialisme des puissances occidentales se sont renforcés et cette période a vu une plus grande diffusion des films sur le modèle américain, surtout tournés vers le divertissement. De même, les mouvements de contestations contre la guerre du Vietnam avaient généré plusieurs superproductions visant à dénoncer différents aspects du conflits (Platoon, Full Metal Jaquet, The Deer Hunter,…)

    Plus de films et de documentaires critiques

    ces dernières années, les nombreuses abérrations engendrées par le capitalisme ont provoqué la montée d’une vision contestataire monte dans la population. Si on regarde alors les grands circuits de diffusion cinématographique, on peut remarquer une montée de films qui traitent des problèmes engendrés par le système. Aux Etats Unis, ceci est très clair. Micheal Moore sort chaque année un nouveau documentaire qui s’attaque et dénonce l’administration américaine. Ceci a toujours existé, mais ici ses films sont largement diffusés. Plus marquants encore sont les films récents autour de Georges Clooney (figure du starsystem américain) qui abordent des perverssions du système capitaliste : les malversations politiques, diplomatiques, économiques des multinationales pétrolières américaines dans Syriana, le McCarthysme dans Good Night, and Good Luck (film réalisé par Clooney).

    Il faut savoir en fait que l’industrie cinématographique est vouée au rendement et au profit. Si plusieurs films critiquent la société, c’est que le public est prêt à payer pour voir cette critique. Ces différentes sorties témoignent donc d’une prise de conscience de plus en plus large de la population des problèmes sociaux, politiques, … soulevés. Le souci principal reste qu’aucune alternative n’est réellement proposée et qu’un film ne change pas fondamentalement la situation objective. Le cinéma a cet avantage de toucher un large public, mais le travail reste à faire dans la réalité concrète de notre société. Nous devons rester attentifs à ces manifestations artistiques, mais nous devons surtout en tirer les conclusions correctes. A côté de ces témoignages, nous devons nous organiser et construire un large mouvement uni et actif contre les différentes dérives libérales et anti-sociales et proposer une alternative concrète : une société socialiste.

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