Tag: Enseignement

  • Vu de Flandre : L’enseignement fait la charité

    Présenter un recul comme si c’était un progrès. C’est un travail quotidien pour des politiciens néolibéraux. En décembre 2016, la ministre flamande de l’Enseignement Hilde Crevits en a encore donné un exemple. Sous couvert de financement nécessaire de l’enseignement, elle proposait d’élargir la possibilité de déduction fiscale des dons aux écoles. Au même moment, elle imposait un saut d’index des moyens pour les écoles primaires et secondaires en Flandre. Ce saut d’index inclut le coût du personnel. On cherche à compenser les baisses de moyens publics par l’appel à ‘‘la charité’’ d’investisseurs privés.

    Ce système existe déjà aujourd’hui pour les universités et, depuis 2016, également pour les hautes écoles. En Flandre, cette méthode reste pour le moment encore limitée avec des revenus des fonds externes pour universités. Celles-ci ont augmenté de 14,2 millions d’euros en 2013 à 23,3 millions d’euros en 2014, dont 18 millions pour la KUL, l’université de Louvain en Brabant flamand.
    Dans le monde anglo-saxon, où l’apport des moyens privés dans l’enseignement supérieur est largement diffusé, de tels dons ne se font certainement pas par charité. Les investisseurs cherchent des profits en devenant un partenaire privilégié de l’université, à l’aide de dons. Ainsi, ils créent des liens entre les entreprises et les options d’études et la recherche scientifique. Et cela remet en question l’indépendance de la recherche scientifique universitaire.

    Il est clair que l’appel à davantage de dons est, pour Crevits et le gouvernement flamand, une manière d’adoucir les conséquences négatives du manque d’investissements publics depuis des années. Combien de millions d’économies a-t-on fait ces dernières années en ne prévoyant pas les moyens publics nécessaires et en dépensant moins pour l’enseignement (en pourcentage du PIB) ?

    Si la ministre Crevits reconnait qu’il faut des moyens supplémentaires, elle ferait mieux d’annuler ses mesures d’austérité et celles de ses prédécesseurs. Mais nous n’avons pas d’illusions quant à ses intentions. Ces gouvernements et leurs ministres ont déjà montré qu’ils continueront à chercher l’argent auprès de la majorité pour que la minorité puisse continuer à s’enrichir. Les 10% de personnes les plus riches en Belgique possèdent une fortune de plus de 1.000 milliards d’euros. L’un des belges les plus riches, Albert Frère, possède à lui tout seul 6,2 milliards d’euros, autant que les 2,2 millions de belges les plus pauvres. Entretemps, des bénéfices gigantesques sont envoyés dans les paradis fiscaux et les multinationales ne payent pas leurs impôts. Les moyens existent ; ils peuvent contribuer à l’organisation d’un enseignement démocratique, gratuit et de qualité. Nous avons besoin d’un programme qui défend un réel réinvestissement dans l’enseignement et qui unit dans la lutte les écoliers, les étudiants, les enseignants et le personnel.

  • Le Pacte d’Excellence, un Pacte McKinsey ?

    Notre enseignement est malade. Les inégalités scolaires sont catastrophiques en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). Les études PISA révèlent que l’écart entre les 25% d’élèves les plus favorisés et les 25% les plus défavorisés équivaut à 3 années d’étude (PISA 2015). Le nombre de burn-out (épuisements professionnels) parmi les enseignants est en augmentation, avec 36% des absences dues au stress au travail (RTBF, 16/01/2016). Les pénuries dans l’enseignement sont également criantes : les 20.000 places manquantes d’ici 2022 n’en sont qu’un exemple (Le Soir 10/9/2016). Une réforme de l’enseignement peut dès lors sembler nécessaire. Le Pacte d’Excellence en discussion depuis deux ans est-il à la hauteur des défis ? Nous oriente-t-il vers un enseignement de qualité pour tous ?

    Par Emily (Namur)

    Co-construit ou téléguidé ?

    Le pacte est présenté par la ministre de l’Enseignement, Marie-Martine Schyns (cdH), comme une large réforme de l’enseignement obligatoire dont les mesures seraient ‘‘co-construites entre les différents acteurs du monde éducatif’’ (Résumé introductif du Pacte d’Excellence (1)).

    Un intrus s’est pourtant discrètement invité à la table: l’entreprise McKinsey. Cette multinationale de la consultance semble être à la manœuvre depuis le début. Après une réunion confidentielle 6 mois avant le début du processus avec Joëlle Milquet (ex-ministre de l’Enseignement, cdH) aboutissant à une note confidentielle ressemblant étrangement au Pacte, McKinsey a remporté l’appel d’offres pour établir le diagnostic. Elle s’est ensuite retrouvée à la manœuvre durant la phase de ‘‘co-construction’’ où elle fut chargée, au fur et à mesure des réunions, de synthétiser les propositions des acteurs de terrains et d’en calculer le rapport coût/efficacité à la manière du privé. Le vocabulaire et les méthodes managériales du privé – ainsi que l’idéologie que cela implique – ont pris une place de premier plan, comme expliqué dans l’enquête de la journaliste Laurence Van Ruymbeke (émission Vox Pop, Arte (2)). Le pacte prévoit, par exemple, la mise sur pied de plans d’évaluation des enseignants à la manière du privé, dont les critères restent encore très flous.

    Mais ce n’est pas le contrat de consultance en tant que tel qui intéresse McKinsey. Recruté pour un premier rapport à hauteur de 38.000 euros, le gouvernement a ensuite été informé que ce montant ne couvrait pas la totalité des prestations à effectuer par McKinsey mais que le reste des prestations serait couvert par un mécénat de McKinsey Belgique et d’autres acteurs. Le journal L’Echo parle d’un montant de 8 millions d’euros… (L’Echo, 18/5/2016).

    Comme elle le fait dans d’autres pays, cette entreprise veut se rendre indispensable dans le secteur en étant seule à détenir certaines données et en élaborant des modèles d’enseignement utilitaristes favorables à leurs autres clients. L’idée est de mettre en place les premiers jalons d’une privatisation de l’enseignement, ce dont son directeur belge, Étienne Denoël, est ouvertement favorable.

    A combien revient ce pacte ?

    À ce sujet, le Pacte d’Excellence a le mérite d’être clair : ‘‘Nous avons eu à cœur d’inscrire nos propositions dans les réalités budgétaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles en tenant compte du fait que globalement notre enseignement est suffisamment financé si on le compare aux pays qui nous entourent. Les réformes que nous proposons impliquent des dépenses nouvelles de l’ordre de 300 millions d’euros, dont 230 à 250 millions seront financés en rythme de croisière par des réorientations au sein du budget actuel de l’enseignement.’’ (Résumé introductif du pacte)

    Une série de mesures semblent plutôt intéressantes comme un tronc commun plus long ou la limitation du redoublement. Mais lorsque l’on se penche sur la manière d’envisager leurs mises en œuvre naissent diverses inquiétudes. Le socle du projet parait bien plus déterminé par des ‘‘impératifs’’ budgétaires plutôt que par l’émancipation des jeunes et la réduction des inégalités.

    Ainsi, le tronc commun jusqu’à 15 ans permettrait, entre autres, aux jeunes de savoir plus précisément ce qui les intéresse avant de s’orienter vers une filière. Mais encore faut-il, durant ce tronc commun, donner un avant-goût des différentes orientations à travers un enseignement général – polytechnique et artistique (avec les investissements en matériel que cela suppose) – et non pas prolonger l’enseignement général d’un an – avec ses plus grosses classes et moins de matériel. De manière globale, le pacte va par ailleurs diminuer l’encadrement par élève, en termes d’équivalents temps pleins.

    Le redoublement, principal outil de remédiations en FWB, est peu efficace aux dires des pédagogues. Il a également un coût exorbitant (320 millions d’euros) que le gouvernement compte réduire de moitié. Toutefois, le pacte manque d’outil pour pallier les difficultés scolaires : il ne prévoit pas de plus petites classes pour permettre aux enseignants de donner plus d’attention à chaque élève et la remédiation semble organisée sur le dos des enseignants.

    Non à un enseignement au service du privé

    On peut difficilement être contre les bonnes intentions mises en avant dans le plan. Cependant, les méthodes du nouveau management sont dangereuses pour notre enseignement. Un plan massif de rénovation des bâtiments scolaires (isolation, remplacement des chaudières trop vétustes,…) est indispensable pour de bonnes conditions d’étude et de travail. Cela permettra à terme de faire des économies, mais cela nécessite aujourd’hui de réinvestir dans l’enseignement. Sans de plus petites classes et un réel plan de remédiassions pour lutter contre le redoublement et le décrochage scolaire (ce qui permettra également des économies), les jeunes enseignants continueront de fuir ce métier après quelques années et la réussite scolaire des jeunes continuera de dépendre largement de leur milieu familial. Un édito de L’Echo (3/12/2016) a d’ailleurs récemment souligné que si les parents ne jouent pas un rôle plus important dans l’enseignement, le pacte restera lettre morte.

    Luttons pour un réinvestissement public dans l’enseignement pour qu’il soit de qualité, pour tous !

    Notes:
    1) http://www.pactedexcellence.be/
    2) http://www.skolo.org/spip.php?article1897&lang=fr

  • Etat espagnol : Une grève générale étudiante historique !

    2610madrid02

    Plus de 200.000 étudiants ont occupé les rues contre les “revalidations” franquistes

    Nous publions ci-dessous la traduction du premier rapport du (Sindicato de Estudiantes au sujet de la grève générale étudiante historique qui a frappé l’Etat espagnol ce 26 octobre. Le Comité pour une Internationale Ouvrières (dont le PSL est la section belge) a activement soutenu cet appel à la grève et a organisé des actions de solidarité dans une vingtaine de pays à travers le monde (dont en Belgique).

    Par des correspondants du Sindicato de Estudiantes (Syndicat des Etudiants)

    Ce fut un véritable tsunami. La grève générale étudiante appelée par le Sindicato de Estudiantes (SE) fut un succès d’ampleur historique. Près de deux millions d’élèves ne se sont pas rendus dans leurs salles de classe. Il était ne s’agissait toutefois pas seulement d’une énorme grève, soutenue à plus 90%. Plus de 60 manifestations organisées par le Sindicato de Estudiantes ont rencontré un succès massif. Plus de 200.000 étudiants ont défilé dans tout le pays. Les chiffres sont extraordinaires.

    2610_madrid03
    Le secrétaire générale du SE parle à la presse aux côtés de Claire, des Socialists Students (équivalent britannique d’EGA).

    Au Pays basque, plus de 10.000 personnes ont défilé à Bilbao, 5000 à Donostia et des milliers d’autres à Vitoria / Gasteiz et Iruña. En Catalogne, plus de 50.000 manifestants ont rempli les rues de Barcelone, pendant que des milliers d’autres manifestaient à Tarragone, Gérone et des dizaines d’autres villes. Presque 10.000 jeunes ont défilé à Valence, des milliers d’autres à Alicante. La manifestation de Madrid – forte de 60.000 personnes – a représenté la plus grande manifestation étudiante depuis des années. En Galice: 5000 personnes ont manifesté à La Corogne, 3.000 à Ferrol et des milliers d’autres dans d’autres villes. Il y eut encore 5000 personnes à Saragosse. En Andalousie, 15.000 personnes ont manifesté à Grenade, 10.000 à Séville, 7000 à Malaga, 2000 à Cadix et plus de 1000 à Almeria et Huelva… Des milliers de manifestants ont également marché ensemble en Estrémadure, aux îles Canaries et aux îles Baléares, à Murcie, à Castille et León , à Castilla La Mancha, à Cantabria,…

    Cliquez ici pour accéder à une galerie photo des différentes manifestations.

    Cette grève a été un véritable succès et une puissante démonstration de force qui a brutalement exposé au grand jour le caractère du gouvernement du PP et du ministère de l’Éducation. Les jeunes ont clairement exigé la suppression immédiate des “revalidations” franquistes et de la LOMCE (la précédente mesure d’austérité anti-démocratique instaurée dans l’enseignement). Ces deux mesures sont totalement inacceptables. Le Sindicato de Estudiantes exige la démission immédiate du ministre de l’Éducation, Iñigo Méndez de Vigo. Mais nous allons plus loin: nous exigeons la suppression de la LOMCE et de tous les autres décrets d’austérité, l’annulation de toutes les coupes budgétaires, l’augmentation drastique du budget de l’éducation publique ainsi que la réadmission des milliers d’enseignants licenciés ces dernières années.

    2610_barceloneLe gouvernement de droite du PP a déclaré la guerre à l’éducation publique. Dans ce contexte, nous considérons qu’il est tout à fait honteux que la direction du PSOE (le parti prétendument “socialiste”) ait capitulé devant lui qu’il se soit lâchement abstenu au Parlement pour laisser le pouvoir à Rajoy et au PP. Ces dirigeants ont tourné le dos à leur base sociale, à leurs électeurs, aux millions de travailleurs et de jeunes, au mouvement de l’éducation et à tous ceux qui luttent pour la défense de l’éducation publique. Nous ne pourrons jamais oublier ce vote qui sera responsable de nouvelles années d’un gouvernement du parti de la corruption et des coupes budgétaires.

    La grève a également reçu le soutien de la CEAPA (l’association nationale des parents), ce qui est très important. Malheureusement, l’attitude de la direction des syndicats CCOO, UGT et STE n’a pas été la même. Ce n’est qu’à Madrid qu’ils ont fait ce qu’ils appellent une grève totale des enseignants, ainsi qu’en Andalousie dans le cas de la STE. Cette attitude des dirigeants syndicaux n’a aucune justification. Pourquoi ne pas appeler les enseignants à la grève aux côtés des étudiants et des parents? Les enseignants ne souffrent-ils pas également des mêmes attaques antisociales? Les dirigeants syndicaux doivent corriger leur attitude de toute urgence et écouter la clameur de leurs rangs. Ils doivent se battre de toutes leurs forces et non se contenter de simples déclarations.

    Nous voulons affirmer haut et fort que la lutte n’est pas finie. La journée du 26 octobre fut un grand succès, mais nous ne nous arrêterons que lorsque la LOMCE et les “revalidations” seront de l’ordre du passé. Notre comité de grève de toute l’Espagne va immédiatement se réunir. Si le gouvernement intérimaire n’abandonne pas ces attaques pour le 31 octobre, nous appellerons à une autre grève – plus grande et plus forte – dans les semaines à venir, en appelant tous les syndicats d’enseignants et les parents organisés à la CEAPA à nous rejoindre.

    Enfin, nous tenons à remercier les milliers de militants du Sindicato de Estudientes de tout l’État qui ont fait de cette grande grève une réussite. Plus de 100.000 tracts ont été distribués et des dizaines de milliers d’affiches ont été collées. Nous voulons aussi saluer les plus de 2.000 nouveaux membres du syndicat qui nous ont rejoints ces dernières semaines. Ensemble, nous construisons une organisation étudiante plus grande et plus déterminée qui ne fuira aucune grève et ne cherchera pas à diviser le mouvement étudiant selon des lignes nationales ou sectaires. Nous croyons en notre propre force et en la capacité de la jeunesse de lutter contre le PP et ses coupes budgétaires ainsi que contre le système qui génère l’injustice sociale: le capitalisme.

    madrid11

  • ULB. La fin de l’université publique

    ulb_01

    L’ULB souhaite depuis des années construire un nouveau bâtiment sur le Campus de la Plaine. Pour mener à bien ce projet, le CA envisage de s’allier à une entreprise privée, le géant de la consultance McKinsey. Ce partenariat serait nocif et doit être empêché. Bien plus, c’est le financement de l’enseignement qui doit être complètement revu.

    Par Louis, étudiant à l’ULB

    McKinsey est la plus grande entreprise de « consultance » au monde. Elle dispense ses conseils aux PDG du monde entier, et est tristement célèbre pour avoir régulièrement orchestré d’importantes vagues de licenciements, notamment dans la sidérurgie. Elle dispose actuellement de bureaux sur l’avenue Louise, mais jugeant sans doute ceux-ci trop exigus, souhaite déménager.

    L’ULB, l’Université Libre de Bruxelles, possède pour sa part de vastes terrains à bâtir concédés par l’État dans les années 1970. Elle veut depuis longtemps y ériger des locaux, mais n’avait jusqu’ici jamais trouvé les moyens nécessaires.

    Et voilà que McKinsey propose de financer une partie des travaux, en échange de quoi elle pourrait installer ses bureaux dans les nouvelles constructions. À première vue, il semble que les deux parties y gagnent. Sauf que la situation est plus compliquée…

    Un puissant lobby

    McKinsey ne se contente pas de donner des conseils à ceux qui le lui demandent, elle en susurre aussi à l’oreille de nos dirigeants. C’est sans doute pour cette raison qu’elle a des bureaux à moins d’un kilomètre de la Maison blanche, et qu’elle souhaite agrandir ceux de Bruxelles – le siège de l’Union européenne.

    En plus d’influencer les gouvernements, McKinsey garde un œil sur nombre d’entreprises : c’est le plus grand fournisseur au monde de PDG. En pratique, si vous avez pour ambition de vous retrouver à la tête d’un grand groupe pétrochimique, faites-vous d’abord engager par McKinsey : vous aurez plus de chances. Même si n’importe qui ne peut l’espérer.

    L’ULB elle-même est victime de cette machine infernale : l’actuel président du conseil d’administration vient tout droit de chez McKinsey, où il a notamment publié des articles sur la meilleure manière de former les employés. On ne peut s’empêcher de penser qu’il est peut-être derrière ce subit rapprochement. On peut aussi s’inquiéter de l’évolution de la formation universitaire qui doit, entre autres, être celle de l’esprit critique et non celle du formatage d’employés.

    Du rôle des universités

    Dans un rapport publié en ligne[1], McKinsey se targue d’être la première institution de recherche en gestion, avec un budget d’un demi-milliard de dollars (plus que trois grandes universités américaines réunies). Avec de tels moyens, la société est en mesure d’influencer la direction prise par la recherche. Les études qui ne lui conviennent pas sont ainsi noyées sous un flot continu de publications favorables.

    D’autre part, McKinsey publie régulièrement des « rapports » qui, en matière d’enseignement, recommandent invariablement de modifier les programmes des cours pour mieux correspondre aux besoins des patrons. Un tel changement se ferait évidemment au détriment de matières jugées moins importantes, entendez par là moins rentable, comme peut-être le décryptage des manuscrits mérovingiens ou encore les méthodes d’étude de l’évolution du climat.

    L’arrivée de McKinsey sur nos campus pose ainsi la question du rôle de notre enseignement : s’agit-il de transmettre des savoirs, de développer l’esprit critique et des méthodes d’études scientifiques ou de formater de bons futurs employés, livrés prêts à prendre place sur leur lieu de travail et le moins revendicatif possible ? S’il est certain que les étudiants doivent pouvoir trouver un emploi après les études, l’université doit avant tout être le lieu du développement du savoir pour le plus grand nombre.

    Un choix politique

    L’arrivée de McKinsey à l’ULB n’est décidément pas le fruit du hasard. L’université a depuis des années des difficultés à boucler son budget. Pour garder la tête hors de l’eau, elle a déjà vendu une grande partie de ses propriétés foncières. La source de ces difficultés est aisée à établir : alors que le nombre d’étudiants ne cesse d’augmenter, les subsides n’ont pas évolué de la même manière avec 10 ans de financement par enveloppe fermée.

    En conséquence, quand l’université entreprend de grands travaux, elle doit recourir à des sources de financement externes. Les décisions des gouvernements de ces dernières années ont forcé l’enseignement supérieur à se rapprocher du privé, via des décrets ou en le privant de moyens ; nous récoltons les fruits de ces politiques désastreuses.

    Nous réclamons depuis des années une hausse du financement public de l’enseignement, pour dépasser les 7 % du PIB (nous sommes aujourd’hui à 6 %). Une telle hausse des moyens permettrait d’entretenir correctement les locaux existants, mais éviterait également le recours au privé pour les nouvelles constructions – bien nécessaires, au vu de la hausse du nombre d’étudiants.

    Bâtir la résistance

    Nous ne pouvons pas laisser les puissants démanteler notre enseignement à leur guise. Nous devons dès à présent clamer haut et fort notre désaccord. Mais ce ne sera pas suffisant. Il nous faut nous inspirer de luttes passées, et en particulier de celles qui se sont terminées par une victoire.

    À ce titre, la lutte des étudiants en médecine pour l’accès automatique à un numéro INAMI est un exemple intéressant. Si ceux-ci ont réussi à devenir une épine dans le pied de ministres, c’est en attirant la sympathie d’une large part de la population et en organisant de nombreuses actions collectives. Nous devons absolument éviter l’image d’étudiants luttant pour préserver leurs privilèges. Les étudiants doivent lutter au côté du personnel enseignant, de recherche, administratif et technique, des anciens et futures étudiants, des parents, etc. pour un système éducatif indépendant, accessible et de qualité.

    De plus, l’austérité ne se limite pas à ce secteur. Elle a des conséquences partout, des écoles aux CPAS, des transports en commun à la police. Comme le montrent les importantes manifestations de ces dernières années, la mobilisation touche tous les secteurs. En fédérant les luttes, nous aurions la force de bouleverser la société de fond en comble pour l’orienter vers les besoins de la population.
    La mobilisation ne fait que commencer, et le chemin est long jusqu’à la victoire finale. Mais quand on part en voyage, le plus dur n’est-il pas de passer la porte ?

    Première étape franchie : rapport de l’action du lundi 17 octobre

    Par Emmanuelle, étudiante à l’ULB

    ulb_02McKinsey veut s’installer au sein même de notre université en échange du financement d’un nouveau bâtiment sur le Campus de la Plaine à l’ULB. Pour faire face à cette multinationale, nous avons décidé de nous rassembler devant le CA avec plusieurs autres organisations. En effet, en comptant le BEA, plusieurs cercles et syndicats, nous étions 70 ce lundi matin devant les portes du CA dans lequel les membres étaient en train de discuter l’affaire McKinsey. Les étudiants n’ayant pas été consultés, nous sommes entrés pour lire une déclaration d’opposition et scander quelques slogans tels que « McKinsey – No way ».

    Ensuite, nous nous sommes réunis en assemblée pour planifier une AG mardi 25 octobre afin de décider de la suite des actions. Si vous voulez nous rejoindre, n’hésitez pas à nous contacter pour participer à la campagne, venir à l’AG ou encore lire le tract que nous avons distribué aujourd’hui et qui explique cette affaire (en savoir plus) ou même faire les trois !

    En espérant vous voir nombreux pour soutenir ce mouvement à l’ULB face à la marchandisation de l’enseignement !

     

    ulb_04

    ulb_03
    ________________________________________
    [1]McKinsey&co, McKinsey fact sheet, 2016 (?), consulté en ligne le 15/10/2016 à l’adresse http://www.mckinsey.com/~/media/McKinsey/About%20Us/Media%20Center/McKinseymediafactsheet_29-Aug-2016.ashx.

  • Rassemblements: Solidarité avec la grève des étudiants en Espagne!

    espagne26

    Appel à la jeunesse à travers le monde : soutenez la grève étudiante espagnole en défense de l’enseignement public !

    Le 26 octobre, nous, les étudiants de l’État espagnol quitteront nos classes pour protester contre les politiques qui détruisent l’enseignement public. A l’instar de nombreux autres pays, notre gouvernement de droite a instauré des coupes budgétaires massives et a mis en place diverses contre-réformes qui visent à rendre l’enseignement uniquement accessible à ceux qui peuvent se permettre d’en payer le prix.

    Cet été, le gouvernement a adopté l’une de ses plus sauvages attaques: les «re-validations» franquistes. Il s’agit d’une série d’examens à passer à la fin de l’enseignement primaire, secondaire et post-secondaire. Nos parents ont dû les subir sous la dictature de Franco. Elles étaient utilisées comme une sorte de filtre pour tenter de bloquer l’accès à l’université aux jeunes de la classe des travailleurs. L’objectif est de détruire l’enseignement public pour le soumettre au marché.

    Pour cette raison, le syndicat des étudiants appelle à une grève dans l’enseignement le 26 octobre. Plus de 70 manifestations sont déjà prévues. La grève a déjà gagné le soutien de la Confédération des associations de parents (CEAPA) et de nombreux syndicats d’enseignants. Nous appelons la jeunesse du monde à nous soutenir ce jour-là en organisant des rassemblements devant les ambassades espagnoles.

    La lutte de la jeunesse pour ses droits est une seule et même lutte à travers le monde !
    Non au système franquiste des re-validations!
    Pour l’accès à un enseignement gratuit et de qualité pour tous!

    • BRUXELLES : 26 octobre. 14h. Rassemblement devant l’ambassade d’Espagne à Bruxelles. Rue de la Science 19, 1000 Bruxelles (près d’Arts-Loi). 
    • LIEGE : 26 octobre, 17h, Rassemblement au Consulat honoraire d’Espagne à Liège, Avenue du Luxembourg n°11, 4020 Liège

    Pour signer l’appel: marisaz84@gmail.com.

    1er signataires:

    • Etudiants de Gauche Actifs
    • Parti Socialiste de Lutte
    mario01
    Photo de solidarité prise lors d’un meeting à Bruxelles
    mons_espagne_01
    Photo de solidarité prise lors d’un meeting à Mons

     

  • [TÉMOIGNAGES] Enseignant, le plus beau métier du monde?


    p7enseignementfr

    Une rentrée ordinaire ? Pas vraiment.

    Cette année pour nombre d’enseignants, septembre a rimé davantage avec incertitude que les années précédentes. Pourtant, de toute évidence, les rentrées sont pour beaucoup d’entre nous toujours sous forme de gros points d’interrogation. Chaque fois, la question est de savoir si cette on pourra encore rempiler dans la même école et ce jusqu’en juin.

    Par Laure (Bruxelles)

    C’est le lot annuel de la plupart des profs : un contrat de septembre à juin chaque année, sans savoir si l’établissement nous comptera encore parmi ses dévoués travailleurs l’année d’après, sans pouvoir se projeter, ni s’investir, malgré les beaux projets que nous voudrions mettre en place …
    Mais cette rentrée est particulière. Certains d’entre nous (c’est mon cas et celui de plusieurs collègues) n’ont toujours pas signé de contrat. Nous continuons pourtant de prester nos heures. On nous a déjà signifié que le salaire ne tomberait pas cette fin de mois. Cela implique que lorsque nous serons censés percevoir notre dû, et que nous pourrons prouver que nous n’avons pas été payés, là seulement nous pourrons faire une demande à la direction de l’école pour une avance…

    La ‘‘réforme des titres et fonctions’’

    Mais ce n’est pas tout. Aujourd’hui, beaucoup d’entre nous ne savent toujours pas ce qu’ils enseigneront comme matière le mois prochain. En attendant, on fait ce qu’on peut, c’est à dire ce qu’on a toujours fait. On donne des matières qui, peut-être, ne nous seront plus attribuées le mois prochain. Allez savoir… C’est la “grande” réorganisation!… Disons plutôt, la grande désorganisation!
    C’est ce qui s’appelle la ‘‘réforme des titres et fonctions’’ : une réforme pondue de toute évidence par des ‘‘experts’’ qui ne connaissent rien aux réalités de terrain et qui essaient sans doute de prouver qu’ils ne sont pas payés à ne rien faire (peut-être vaudrait-il mieux)… Ça c’est la version la plus naïve de cet inquiétant bordel.

    En réalité, il s’agit surtout de justifier la baisse de salaire d’un grand nombre d’enseignants qui exercent depuis des années sans avoir ‘‘le titre requis’’, le papier qui permettrait de justifier que l’on soit payé le même salaire que son collègue pour un même job. Autrement dit sans ce papier, on coûte 300 euros de moins à l’État que son collègue qui fait le même boulot.

    Ainsi nombre d’entre nous verront leur salaire amputé pour un temps plein s’ils continuent à donner les cours qu’ils enseignent depuis des années. De plus, jamais ils ne seront nommés et ils resteront donc sous contrat précaire toute leur carrière. Et pendant ce temps-là, nous sommes rentrés en classe depuis près d’un mois et nous ne savons toujours pas à quelle sauce on va être mangé. Enseigner dans de telles conditions ne peut avoir qu’un effet extrêmement néfaste sur la qualité de notre travail et les premiers à en pâtir sont les jeunes, bien évidemment.

    Un enseignement à deux vitesses

    À cela s’ajoute ma réalité en tant qu’enseignante dans un CEFA, une école professionnelle en alternance dans laquelle les ados travaillent la plupart du temps en entreprise et n’ont qu’un jour par semaine de cours généraux.

    Alors que nous sommes considérés au plus bas de l’échelle des établissements scolaires et que notre public se compose essentiellement de jeunes en décrochage, avec de grandes difficultés scolaires et/ou sociales, nous assistons à une élitisation de notre filière, une élitisation de l’enseignement considéré de dernière zone.

    Les programmes changent et les exigences dans les cours généraux sont pour beaucoup de nos jeunes bien trop élevées et totalement déconnectées, une fois de plus, de la pertinence, de la faisabilité, bref de la réalité de terrain que nous connaissons.

    Ainsi, le sens que je voyais à mon travail qui se trouvait surtout dans l’avancée de mes élèves, leur progression dans le parcours sinueux de l’école, leur émancipation, la courbe progressive de leur estime de soi, leur permettre de sortir de là avec un CDI, avec d’autres perspectives,… Tout cela est menacé, bientôt ces jeunes n’auront plus de possibilités de sortir avec un diplôme secondaire et un métier en poche.

    L’école qui ne voulait pas d’eux les rejette une seconde fois. Ils ne seront que de la chaire à patron. De la main-d’œuvre extrêmement précaire et bon marché.

    L’enseignement dans son ensemble est menacé, usé par les économies souhaitées dans les budgets alloués à l’enseignement d’une part, et d’autre part à la production de programmes et d’organisations totalement déconnectées de nos besoins et de la réalité du terrain.

    Il est grand temps que les enseignants se mobilisent pour arrêter cette machine de destruction massive des services publics. Je pense qu’on peut juger une société à la façon dont elle considère ses jeunes et leur avenir. Aujourd’hui, notre société en est à la phase terminale. Bref, j’étais motivée, puis j’ai fait ma rentrée.

    [divider]

    “Les enseignants sont toujours en vacances…”

    Combien de fois n’a-t-on pas entendu cette rengaine? Pourtant, les chiffres sont éloquents : un enseignant sur trois quitte le métier au bout de 5 ans. Dans le même temps, dans certaines zones, on parle d’absentéisme sévère ou encore de pénurie de professeurs dans certains cours. Le métier d’enseignant ne semble pas avoir la cote et une partie importante de ceux qui s’y engagent prennent vite la poudre d’escampette. Pour quelles raisons?

    Par Sandra (Bruxelles)

    Une journée dans la peau d’une enseignante

    Lundi, 8h du matin. 25 paires d’yeux adorables me fixent avec attention et je sais que j’ai tout intérêt à les passionner dès la première minute….car sinon le chahut ne se fait pas attendre. J’arrive à le faire aujourd’hui, puisque la veille au soir, j’ai commencé à préparer mes cours vers 20h. Pleine d’enthousiasme, j’ai trouvé des textes magnifiques dans les livres que j’ai achetés moi-même, et j’ai imprimé le tout avec mon imprimante, à domicile.

    50 minutes plus tard, il sonne. Voilà 25 autres paires d’yeux devant ma classe, au taquet. Mais cette fois, c’est une classe du degré supérieur, donc c’est aussi un autre cours, d’autres préparations, d’autres recherches… Certains jours, j’ai 7 h de cours d’affilée. Parfois, entre deux cours, j’ai une heure de fourche… C’est une heure sans élève durant laquelle j’essaye de gagner du temps: faire des photocopies, préparer mon journal de classe, préparer et remettre la planification de l’année, préparer des interrogations, corriger des interrogations,…

    À midi-trente, c’est la pause, la pause caféine. Si je n’ai pas de réunion prévue durant mon temps de midi, je sors de l’école, à la recherche d’un peu de calme. Et puis ça recommence, je dois être à nouveau pleine d’entrain et de motivation jusqu’à 16h.

    Si je n’ai pas de soirée informative pour les parents, de conseil de classes ou de photocopies à faire pour le lendemain, je rentre directement à la maison. Les corrections attendront. Là, je suis fatiguée de ma journée intense…

    Oui mais voilà, je m’interroge. Étant donnés les conditions de travail actuelles, le nombre croissant d’élèves dans les classes – dans certaines écoles, parfois on flirte avec les 30 élèves à entasser dans un local, le manque de budget alloué à l’enseignement (en constante baisse), le manque de stabilité à l’emploi (renforcé par la réformes des titres et fonctions), les réformes concernant notamment les diplômes et les fonctions des professeurs, le grignotage dans les pensions,… je me demande : que deviendra l’enseignement ? Les enseignants? Les futurs enseignants ? Et, bien entendu, ceux qui sont au cœur de l’apprentissage, les élèves ?

    Un secteur sous pression constante

    Un professeur preste de 20 à 26 heures en classe, mais il va de soi que le nombre d’heures de travail réel est de loin supérieur. Selon la CSC, lorsqu’on prend en compte les préparations, les corrections, les conseils de classes, les réunions de parents, etc., un professeur travaille en moyenne 45 heures par semaine !

    En 2011, sous le gouvernement Di Rupo, plusieurs mesures avaient déjà été prises à l’encontre des pensions des travailleurs du service public, enseignants compris. Ces mesures réduisaient – voire dans certains cas supprimaient – le montant de la pension légale et reculaient l’âge de la pension, prématurée ou non. En 2016, le gouvernement Michel a annoncé à son tour une salve de nouvelles mesures touchant de plein fouet les travailleurs du secteur public. Un enseignant devra travailler plus, pour au final toucher moins !

    À l’heure actuelle, des questions demeurent : le métier de professeur sera-t-il reconnu comme métier “lourd” ou “pénible” pour pouvoir prétendre à une pension anticipée à la retraite? Est-il illogique de penser qu’un enseignant à l’âge de 60 ans n’est plus capable de s’impliquer autant qu’il le voudrait dans son métier?

    Le combat continue…

    La liste d’attaques à l’égard des enseignants et de questions que soulève l’enseignement est encore longue: suppression de la bonification du diplôme dans le calcul de la pension, pseudo-gratuité de l’enseignement, Pacte d’excellence,…

    Une chose est sûre: je continuerai à défendre mon métier, parce qu’il est, à mes yeux, encore et toujours, le plus beau du monde. Mais c’est un métier très exigeant et lourd qui implique une vision politique ambitieuse et à long terme, tant pour les enseignants que pour les élèves, adultes de demain.

  • Soutenez la grève générale étudiante espagnole du 26 octobre !

    Appel à la solidarité lancé par le Sindicato de Estudiantes (syndicat étudiant) soutenu par le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO)

    espagne_enseignementNous publions ci-dessous un appel à la solidarité du syndicat des étudiants espagnols (Sindicato de Estudiantes) qui a appelé à la tenue d’une grève générale étudiante le 26 octobre. Cet appel a déjà gagné le soutien des associations de parents et des syndicats enseignants. Le Comité pour une Internationale Ouvrière souscrit pleinement à cet appel et l’étend à toutes ses sections, ses camarades et ses sympathisants. Nous voulons organiser la solidarité internationale et faire appel à tous les socialistes, les syndicalistes et les jeunes du monde entier à faire de même.

    Envoyez vos messages, vidéos et photos de soutien de la part d’organisations étudiantes, de syndicalistes (en particulier du secteur de l’enseignement) et d’autres organisations à sindicato@sindicatodeestudiantes.net avec des copies au CIO via dannybyrnesp@gmail.com.

    [divider]

    Appel à la jeunesse à travers le monde : soutenez la grève étudiante espagnole en défense de l’enseignement public !

    Le 26 octobre, les étudiants de l’État espagnol quitteront leurs salles de classe pour protester contre les politiques qui détruisent l’enseignement public. A l’instar de nombreux autres pays, notre gouvernement de droite a instauré des coupes budgétaires massives dans l’enseignement public et a mis en place diverses contre-réformes qui visent à rendre l’enseignement uniquement accessible à ceux qui peuvent se permettre d’en payer le prix.

    Nous – étudiants issus de familles ouvrières, la grande majorité des étudiants, avons souffert de la dégradation de nos écoles et de nos universités, de la pénurie d’enseignants et de moyens, de l’élimination de la bourse d’étude gouvernementale aux étudiants de plus humbles origines et de l’augmentation des frais universitaires (jusqu’à + 66 %). Ces réformes ont entraîné l’exclusion de dizaines de milliers d’étudiants des universités, un surpeuplement des salles de classe et l’imposition de l’étude de la religion catholique… Pendant ce temps, les gouvernements du PSOE (ancien parti social-démocrate) et le PP (droite traditionnelle) ont consacré des quantités incalculables d’argent public au sauvetage des banques et au remboursement d’une dette publique dont nous ne sommes pas responsables (plus de 250 milliards € ont été versés au cours des 6 dernières années).

    Comme si tout cela ne suffisait pas, cet été, le gouvernement a adopté l’une de ses plus sauvages attaques contre l’enseignement public: les «re-validation» franquistes. Il s’agit d’une série d’examens à passer à la fin de l’enseignement primaire, secondaire et post-secondaire («bachillerato»). Réussir ces examens sera essentiel pour continuer à étudier et à recevoir la qualification correspondant à ce niveau d’éducation. Ces «re-validation» ne sont pas neuves. Nos parents ont dû les subir sous la dictature de Franco. Elles étaient utilisées comme une sorte de filtre pour tenter de bloquer l’accès à l’université aux jeunes de la classe des travailleurs.

    Les autorités veulent à nouveau imposer ce filtre qui pourrait voir des centaines de milliers de jeunes entre 14 et 16 ans prématurément expulsés des études sans qualifications académiques. Les motivations du gouvernement sont simples: si les jeunes issus des familles ouvrières n’ont face à eux qu’un avenir de précarité et d’exploitation au travail, pourquoi donc dépenser de l’argent pour leur enseignement? La situation est différente pour les familles disposant de plus de moyens. Elles ne souffrent pas de la même manière de l’impact des coupes budgétaires car elles ont accès aux cours particuliers, aux écoles privées et à tout le reste. Pour elles, passer ces nouveaux examens ne constituera pas un problème.

    Si cette attaque est couronnée de succès, nous allons revenir à une époque où l’enseignement était réservé à une minorité privilégiée. L’objectif de la contre-réforme est de détruire l’enseignement public pour le soumettre au marché et permettre ainsi aux patrons de l’enseignement privé de réaliser de gros profits. Le droit à chacun de bénéficier de l’enseignement a été remporté au prix de gros efforts et d’une lutte implacable. Nos parents et grands-parents se sont battus pour y parvenir et nous ne pouvons pas laisser cette conquête nous être retirée.

    Pour cette raison, le syndicat des étudiants appelle tous les jeunes de l’État espagnol à participer à une grève générale dans l’enseignement le 26 octobre, à vider les salles de classe et à remplir les rues. Plus de 70 manifestations sont déjà prévues dans tout l’État espagnol. La grève a déjà gagné le soutien de la Confédération des associations de parents (CEAPA) et de nombreux syndicats d’enseignants avec qui nous organiserons des manifestations conjointes dans l’après-midi du 26 octobre.

    Nous appelons la jeunesse du monde, qui souffre partout d’attaques antisociales et de coupes budgétaires causées par les gouvernements pro-capitalistes, à nous soutenir ce jour-là en organisant des manifestations devant les ambassades espagnoles, en envoyant des messages et des vidéos de solidarité, en montrant des expressions de ce soutien sur les médias sociaux, etc.

    • La lutte de la jeunesse pour ses droits est une seule et même lutte à travers le globe !
    • Non au système franquiste des re-validations!
    • Pour l’accès aux universités des fils et filles de la classe ouvrière !
  • Economiser jusqu’au moment où les universités ne sauront plus garder la tête hors de l’eau?

    DSC_0255

    [VU DE FLANDRE] L’infrastructure de l’enseignement supérieur coûte 123 millions d’euros, le gouvernement en prévoit 28,6.

    Cet été il a été révélé que différentes universités flamandes doivent contracter des emprunts pour le maintien de leurs bâtiments. Après des années de manque de moyens, les réserves des universités ont complètement fondu. Le seul moyen de garder la tête hors de l’eau, c’est de faire usage des taux d’intérêt historiquement bas et d’emprunter. Un pis-aller, aucunement une solution à long terme.

    Article d’un syndicaliste de l’université de Gand

    Les universités de Bruxelles (VUB), Gand et Hasselt ont déjà emprunté pour l’entretien de l’infrastructure. La rénovation et la construction de bâtiments sont nécessaires au vu de la croissance du nombre d’étudiants. Le gouvernement flamand ne prévoit pourtant que 28,6 millions d’euros pour l’infrastructure des universités. En 2011, les cinq universités flamandes avaient besoin de 123 millions d’euros pour leur équipement et leurs bâtiments. Ils reçoivent cinq fois moins.

    De plus en plus d’économies

    Auparavant, ce fossé était comblé par des transferts de moyens initialement prévus ailleurs. Mais les mesures d’austérité sont passées par là et les universités trouvent de moins en moins de moyens à réallouer. Le gouvernement précédent avait économisé 120 millions d’euros dans l’enseignement supérieur. En deux ans le gouvernement actuel a brisé ce record : 50 millions en 2015 et 80 millions en 2016 (avec l’objectif de 400 millions en tout pour 2019). C’est prometteur pour le budget 2017 qui sera décidé cet automne. Les responsables des universités et hautes écoles continuent à espérer que les économies s’arrêtent. Entretemps, les emprunts servent à limiter la casse.

    La ministre de l’enseignement Hilde Crevits (CD&V) continue à nier le problème : ‘‘Les budgets des universités sont encore en équilibre, donc il n’y a pas de problème’’, a-t-elle affirmé après la discussion sur le budget régional en 2015. Le 18 mars 2016, les syndicats de l’enseignement supérieur flamand ont mené une action contre l’austérité. La ministre disait : ‘‘Je fais de mon mieux, mais nous vivons dans une période d’austérité.’’ Les efforts de la ‘‘ministre qui faisait de son mieux’’ livraient leur résultat un mois plus tard : des 130 millions d’euros économisés en deux ans, le gouvernement a rendu 2,5 millions d’euros. La ministre parlait de ‘‘revenir sur les économies’’. Elle pense vraiment que nous allons avaler cela ?

    Emprunts et moyens privés ne sont pas de solutions à long terme

    Il y a quand même au moins un ‘fou’ qui s’est fait tromper par le ministre: le recteur de l’université d’Anvers Alain Verschoren. Pendant que les autres recteurs ont expliqué la situation financière difficile de leur université pour expliquer qu’ils doivent faire des emprunts pour l’infrastructure, le recteur Verschoren déclarait que les moyens prévus par le gouvernement sont suffisants et que les universités doivent aller chercher des moyens privés. Est-ce que le recteur Anversois se réjouit déjà tellement de la fin de son mandat qu’il ne se soucie plus de ce que vit le personnel de son université ? N’est-il pas au courant de l’augmentation de la charge de travail, des conditions de travail toujours plus flexibles et de l’insuffisance de l’infrastructure ? Est-il aveugle aux chiffres ?

    Entre 1995 et 2000, le nombre d’étudiants est passé de 146.344 à 207.954, soit une augmentation de 42%. Au cours de la même période, le nombre d’employés avec des tâches d’enseignement (donc sans les chercheurs) est passé de 12.413 à 12.390. Le nombre de nouveaux doctorats à des universités Flamands a augmenté entre 1995 et 2012 de 600 à 1.650 par an, le nombre de publications a triplé entre 1992 et 2009. Entretemps, le gouvernement a continué à faire des économies. Pendant les élections pour un nouveau recteur à Anvers, le poulain de Verschoren, son vice-recteur Meeusen, a perdu d’une façon surprenante face à son challenger Herman Van Goethem. Un signe que la vision de Verschoren sur l’austérité n’était pas très populaire parmi le personnel et les étudiants ?

    Il nous faut une position nuancée sur la question des emprunts et des moyens de financement privés. Les économies de ce gouvernement imposent un lourd fardeau sur l’avenir de l’enseignement supérieur. En empruntant maintenant, les universités peuvent remettre les plus grands problèmes à dans quelques années. Sans les emprunts, il sera impossible de faire les investissements urgents et nécessaires. Il faut tenir compte de ce dilemme.

    Mais en même temps, il faut souligner que les emprunts ne sont pas une solution à long terme. Dans les années à venir, les emprunts devront être remboursés. A moyen terme, les universités risquent de ne plus avoir assez de moyens pour payer les échéances et faire de nouveaux investissements qui seront nécessaires. Sans refinancement public, les universités seront obligées de prendre des mesures d’austérité sans issue dans l’enseignement supérieur. Les problèmes actuels de la charge de travail, l’insuffisance de l’infrastructure et les hausses des minervaux ne vont faire que s’aggraver d’une façon drastique.

    Déjà organiser la résistance

    Les syndicats dans l’enseignement supérieur et un nombre d’organisations étudiantes comme les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) commencent déjà à préparer la résistance. Ces dernières années, nous avons vu des actions contre l’augmentation du minerval. EGA a organisé des actions de lycéens à Gand. Toute une génération de lycéens a eu une expérience importante de résistance et de lutte contre l’austérité. Ils vont profiter de cette expérience dans les luttes à venir.

    Au début de l’année scolaire en 2015, les syndicats ont mené des actions. Ils avaient fait le bilan de la performance de l’enseignement supérieur et des moyens financiers prévus par le gouvernement flamand. L’enseignement peut présenter des chiffres de croissance spectaculaires, tant en nombre d’étudiants qu’en résultats de recherche. Toutefois, le financement public a continué de baisser. Le gouvernement reste en défaut sur ses propres engagements de 2000 avec les accords de Lisbonne. Ces accords stipulaient que le nombre d’étudiants devrait augmenter et que les résultats de la recherche devraient croître. Le personnel dans l’enseignement a fait sa part. Le gouvernement avait promis de passer à 2% du Produit Régional Brut pour l’enseignement supérieur. Pour 2015, cela signifiait une augmentation du budget de l’actuel 1,7 milliards d’euro à 3,8 milliards ! Ces chiffres montrent le sous-financement de l’enseignement supérieur.

    Il faut donc continuer la lutte : nous devons organiser les étudiants et les membres du personnel contre l’austérité. Nous ne pouvons pas compter sur le bon esprit des gouvernements, il faut lutter. Des moyens, il y en a, l’austérité n’est qu’une expression de la réticence politique pour chercher des financements chez les multinationales, les spéculateurs ou les très riches au lieu de faire payer les travailleurs et leurs familles. Luttons pour utiliser les moyens pour les besoins réels de la société : enseignement et recherche de qualité, mais aussi des transports publics, des soins de santé, le logement,… En bref : une vie décente pour tout le monde.

  • Des études hors de prix bientôt réservées à l’élite?

    Notre avenir mérite des moyens !

    p15_enseignementEn Flandre, en 2014, des économies ont été opérées à hauteur de 400 millions d’euros dans l’enseignement supérieur et d’autant encore dans le primaire et le secondaire. Cela s’ajoute à de nombreuses années de sous-investissement chronique, quel qu’ait été le gouvernement. Le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a approuvé en juin un projet de décret assurant un refinancement progressif de l’Enseignement supérieur pour un montant global de 107,5 millions d’euros entre 2016 et 2019. Au vu du financement par enveloppe fermée depuis 1997 (une diminution des subventions de 21 % par étudiant dans les universités et de 7 % dans les hautes écoles), c’est loin de compenser l’arriéré de sous-financement. La politique de sous-financement se poursuivra donc, juste un peu moins fortement.

    Selon Test-Achats et la Ligue des familles, en Flandre, la politique de la ministre Crevits revient à 117 € supplémentaires par étudiant. Une année scolaire dans le secondaire flamand revient à 1.287 € par enfant. Dans la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Ligue des familles avance qu’il est question de 1.225 € en primaire et de 1.550 € en secondaire. Soit l’équivalent d’un mois de salaire – dans un pays où près d’un enfant sur cinq grandit dans une famille sous le seuil de pauvreté – le tout pour avoir cours dans des bâtiments vétustes et pour 40.000 élèves dans des classes conteneurs. Aux dires de l’UNICEF, notre enseignement est champion en termes de reproduction des inégalités par rapport aux autres pays membres de l’OCDE (l’Organisation de coopération et de développement économiques, qui regroupe les pays capitalistes développés). Le contexte socio-économique des parents détermine dans de nombreux cas le niveau d’éducation des enfants. Par exemple, un enfant issu d’une famille plus aisée sera, selon le dernier rapport PISA, environ 60 % plus susceptible de suivre un enseignement général (hors technique, artistique et professionnel) que celui issu d’un milieu plus précarisé. Selon l’indice ECM (prenant en considération le statut social, économique et culturel), parmi les 10 % d’élèves les plus précarisés, 65 % sont en retard scolaire à l’âge de 15 ans, contre 18 % ‘‘seulement’’ des élèves du dixième le plus favorisé.

    Pour les profs, l’enseignement est également un parcours du combattant pour jongler entre les prépas et les corrections et pour les jeunes profs aussi entre les différents remplacements. La précarité et les conditions de travail sont tel qu’un tiers des profs abandonnent le métier dans les 5 ans en Fédération Wallonie-Bruxelles.

    Dans l’enseignement universitaire, les choses ne sont guère meilleures. Là aussi le taux de réussite diffère généralement beaucoup en fonction du milieu socio-économique. Par exemple, seuls 10 % des étudiants sont issus d’un milieu ouvrier. Les moyens ont drastiquement baissé ses dernières années dans tout le pays, tant dans les hautes-écoles que dans les universités, alors que les situations difficiles sont en augmentation. De plus en plus d’étudiants demandent de l’aide pour mener à bien leurs études supérieures.

    Pour certains, c’est une aubaine : une banque en ligne propose désormais un crédit “études”. Si rien ne change, nous connaîtrons une ‘‘américanisation’’ de l’enseignement belge avec des étudiants qui sortiront de leurs études profondément endettés. C’est ce qu’ont dénoncé dans la presse les vice-recteurs de l’ULB et de l’UCL : ‘‘En tant que Vice-recteur aux affaires sociales de l’ULB, je reçois chaque année des centaines d’étudiants (…) Je peux vraiment témoigner combien d’étudiants connaissent des situations dramatiques dont on n’a pas idée. Il y a certains étudiants qui ont des vies telles que, si vous en faisiez un film, vous vous diriez que le réalisateur a exagéré. (…) essayer de gagner de l’argent de ce groupe d’étudiants-là, je trouve que c’est vraiment obscène et très dangereux.’’(RTBF.be, 19 août 2016).

    L’argent ne manque pourtant pas pour résoudre les multiples problèmes dont est victime notre enseignement. Les scandales d’évasion fiscale des LuxLeaks et des Panama Papers nous ont révélés que de riches Belges planquent leur argent sur des milliers de comptes clandestins dans des paradis fiscaux. S’en prendre à ces fraudeurs permettrait de faire un grand pas vers un enseignement complètement gratuit et de qualité et même de soulever la nécessité d’un salaire étudiant pour réellement permettre un accès identique aux études indépendamment de son origine sociale. Cette approche n’est bien entendu pas celle du gouvernement fédéral. Ce dernier s’apprête à dépenser des milliards d’euros dans l’achat de nouveaux avions de chasse alors que le prix d’un seul de ces nouveaux F-35 permettrait d’engager… 3.750 enseignants supplémentaires en Belgique pendant un an ! Quant aux partis au pouvoir en Fédération Wallonie-Bruxelles, ils ont démontré par le passé qu’ils ne différaient que sur le rythme et l’ampleur de l’austérité et de la politique de cadeaux aux patrons.

    Nous dirigeons-nous vers un modèle d’enseignement à l’anglo-saxonne où l’enseignement est devenu un terrain de jeu pour la soif de profits du privé? En Grande-Bretagne, les frais d’inscription dans le supérieur atteignent les 14.000 euros. L’Université de Gand voulait essayer cette année de mettre en place un projet pilote en ce sens en augmentant les frais d’inscription pour les cours de maîtrise à 5730 euros, mais elle a dû reculer suite à la résistance des étudiants.

    Les étudiants du secondaire et du supérieur doivent contre-attaquer et lutter en solidarité avec le personnel enseignant ou non et leurs syndicats contre toutes les mesures antisociales et pour un enseignement gratuit et de qualité.

    Les Étudiants de Gauche Actifs appellent donc la jeunesse à s’impliquer dans la manifestation syndicale du 29 septembre (10h, gare de Bruxelles-Nord) et dans la grève générale nationale du 7 octobre en allant soutenir les piquets de grève. Contactez-nous pour le faire à nos côtés !

  • Athénée d'Evere: des problèmes avec la direction surviennent durant la grève

    evereAvec cinq camarades, nous avons le piquet de l’Athénée Royal d’Evere ce vendredi 24 juin vers 9h du matin. À la demande de CGSP Enseignement, les directions des écoles secondaires de Bruxelles avaient déplacé tous les conseils de classe programmés pour ce vendredi à une date ultérieure. Il n’y a qu’à l’Athénée d’Evere que cela n’a pas été le cas. Etant donné que cette décision avait clairement pour but de briser la grève, les représentants syndicaux et les syndicalistes s’étaient donnés rendez-vous à 8h pour tenir piquet devant le parking de l’école. Ce piquet comprenait notamment la participation d’enseignants d’une école à proximité.

    Au cours des discussions entretenues avec les participants, il a vite été clair que la direction est connue pour régner par la terreur à l’école. Les enseignants de cette école qui se plaignent à leurs collègues d’autres écoles de la situation difficile qui prévaut à l’Athénée insistent systématiquement pour que leur nom ne soit pas mentionné par la suite. Les représentants syndicaux présents ont précisé que leur relation avec la direction est très difficile. Le piquet de grève d’hier matin a permis d’empêcher la tenue des conseils de classe à cette date, comme c’était le cas partout à Bruxelles. Les syndicalistes ont également pu avoir une conversation avec la direction.

    Comme l’a commenté un représentant syndical, cela est révélateur de la manière dont des actions nationales permettent souvent de faire émerger les problèmes internes à une école.

    Rapport: Sofie. Photo: Mario.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop