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Tag: Enseignement
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Numéros inami: étudiants en colère et soins de santé en péril
Apparus dans la presse depuis plusieurs jours, les chiffres rapportés par les Doyens des Facultés de Médecine francophones selon lesquels 50% des diplômés en médecine et 60% des diplômés en dentisterie ne pourraient pas exercer n’ont pas manqué de faire bondir les étudiants, qui ont été plus de 5300 à manifester mercredi à Bruxelles. Mais cette problématique dépasse la simple aberration administrative dont elle a l’air, et reflète en réalité un débat bien plus large sur les soins de santé dans leur ensemble.
Par Nicolas P. (Bruxelles)
Numéro INAMI, contingentement et besoins de la population
Le n° INAMI est octroyé par l’État au terme des études de médecine ou de dentisterie, et permet d’exercer la médecine. Sans lui, impossible de pratiquer, si ce n’est les spécialités dites « non-curatives » (médecine légale, journalisme médical, médecine d’assurance…). Instauré en 1997, celui-ci visait à empêcher une situation où il y aurait « trop » de médecins par rapport aux besoins de la population.
Depuis plusieurs années, il y a trop peu de numéros INAMI délivrés en fin d’année par rapport au nombre de diplômés. Le nombre de numéros INAMI étant fixe, les universités ont instauré différents mécanismes de limitation. Un examen d’entrée du côté flamand, et un numerus clausus en fin de première du côté francophone. Aucune de ces décisions n’avaient à l’époque fait l’unanimité, ni chez les experts, ni chez les praticiens, et encore moins chez les étudiants et la population en général.
La situation délirante où l’on pouvait (du côté francophone) réussir sa première année et malgré cela ne pas avoir accès à la deuxième, a donné naissance à un très fort mouvement de contestation, qui en 2008 a abouti à la suppression du numerus clausus.
Aggraver la pénurie
Les différentes préoccupations des gouvernements successifs à limiter le nombre de médecins dans notre pays contraste avec une réalité bien différente, tangible pour chacun et chacune d’entre nous. Des mois d’attente pour un rendez-vous, des services surchargés, des campagnes sans généralistes à des kilomètres à la ronde… Même dans les services qui ne recrutent pas, il est évident qu’engager plus de praticiens (et de personnel en général) permettrait un meilleur encadrement des patients et une pratique plus sûre et plus agréable pour les professionnels.
D’après Le Soir, 300 de nos 589 communes sont actuellement en manque de médecins généralistes. Les services d’urgences sont systématiquement débordés et manquent d’urgentistes par centaines. Des constats similaires sont faits dans beaucoup d’autres spécialités, comme la psychiatrie par exemple.
Quand on sait qu’un médecin sur cinq est à risque de faire un burn-out, quand on regarde les temps d’attente pour des rendez-vous et la surcharge de la plupart des services hospitaliers, parler de surplus de médecins et utiliser cela pour instaurer une limitation d’accès à la profession (à l’entrée ou à la sortie) est au mieux une ineptie, au pire un mensonge éhonté.
Qui a voulu en arriver là ?
Le premier élément, et qui semble le plus paradoxal et le plus décevant, est que certains spécialistes, minoritaires mais très influents, préfèrent limiter le nombre de praticiens, afin de maintenir certains privilèges et rester en position de force dans leurs hôpitaux et par rapport à leur patientèle en général.
Mais le plus gros problème est ailleurs. Même si des numéros INAMI étaient accordés sans limitation, la formation après les études de médecine (la spécialisation) requiert des moyens financiers considérables. Rémunérer l’assistant pendant 2 à 6 ans, payer et former un maître de stage etc. a un prix que nos politiciens ne sont pas prêts à payer, quand dans le même temps ils sont prêts à acquérir de nouveaux avions de guerre (les fameux F-35) pour six milliards d’euros ! Cet achat a été voté par tous les partis traditionnels, y compris ceux qui, actuellement dans l’opposition au fédéral, prétendent soutenir les étudiants. Il s’agit donc réellement d’un choix politique, d’un choix de société, dans lequel nos représentants habituels ont clairement choisi leur camp.
Investir massivement dans la santé ainsi que revaloriser la médecine générale devraient être des préoccupations de premier ordre pour notre gouvernement. Pourtant, il préfère chercher le meilleur moyen d’y faire des économies et de sélectionner les diplômés qui auront accès au métier de médecin.
Comment lutter ?
Le débat sur les numéros INAMI est souvent englué dans un débat communautaire. Effectivement, étant donnée la limitation à l’entrée instaurée du côté flamand, les diplômés ne pouvant exercer faute de numéro sont essentiellement francophones. Le combat ne serait donc pas étudiants contre gouvernement mais francophones contre néerlandophones.
Toutefois, se laisser enfermer dans cette logique, en plus d’être factuellement inexact, ne peut mener qu’à une défaite. La pénurie de médecins, le sous-financement de l’enseignement aussi bien que des soins de santé et le mécontentement général face aux incohérences du gouvernement ne s’arrêtent pas à la frontière linguistique.
Dans ce combat, nous, Étudiants de Gauche Actifs (Actief Linkse Studenten), présents dans tout le pays, pensons qu’il est essentiel de s’unir au maximum non seulement au Nord et au Sud du pays, mais également avec tous les travailleurs du secteur de la santé, les associations de patients etc. Les raccourcis erronés de certains journalistes et de beaucoup de politiciens une fois démontés, il est clair qu’il s’agit d’un débat bien plus large, sur tout l’avenir des soins de santé de notre pays.
La manifestation de mercredi, qui a rassemblé plus de 5000 étudiants de toutes les universités francophones, est un bon premier pas, et doit nous encourager à continuer la mobilisation. L’unité la plus grande, avec des groupes d’actions démocratiques et des mobilisations larges et répétées sont nos meilleurs armes aujourd’hui.
Le manque de personnel dans les soins de santé est général et touche les différentes catégories de travailleurs, avec des conséquences que l’on connait : dégradation des soins et des conditions de travail. Entre ces secteurs, l’unité doit être la plus forte possible, aussi bien entre étudiants et patients qu’entre médecins et infirmiers.
Néerlandophone ou francophone chaque étudiant a le même rêve, exercer la médecine ; chaque patient a le même souhait, être soigné au mieux ; et chaque citoyen a la même volonté : une société juste, où les soins de santé sont de qualité et accessibles à tous !
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Comment vaincre l’austérité dans l’enseignement supérieur?

Action du 10 septembre contre l’augmentation du minerval et contre l’austérité dans l’enseignement. En Flandre, la colère contre l’austérité vient de connaître un nouveau tournant lorsque les mesures du gouvernement de Geert Bourgeois (un nom particulièrement prédestiné…) ont été dévoilées. Personne n’est à l’abri : les mesures antisociales en discussion frapperont indistinctement écoliers, étudiants ou travailleurs. Mais la colère et l’indignation ne parviendront à rien arrêter sans être organisée. L’article ci-dessous est consacré à la question décisive de la construction d’un rapport de force favorable au mouvement social. Initialement écrit pour faire face à la nouvelle situation de luttes qui émerge en Flandre, essentiellement autour de l’enseignement, ce texte n’en est pas moins une précieuse source de réflexion pour l’autre côté de la frontière linguistique.
Par Mathias (Anvers)
Pour des comités d’action démocratiques !
Construire une opposition efficace passe obligatoirement par l’implication active des étudiants du secondaire et du supérieur. C’est pourquoi nous pensons crucial d’établir des comités d’action dans chaque université, dans chaque haute école de même que dans les écoles secondaires de Flandre. Ces comités peuvent assurer de libérer l’espace nécessaire à la construction d’un mouvement par la base et non par en haut, en permettant aux étudiants de démocratiquement discuter des revendications à défendre et des actions à organiser. Ces comités d’action auront aussi à élire leurs porte-paroles, leurs responsables des diverses tâches et leurs représentants. Tous les élèves, organisations étudiantes et membres du personnel opposés aux mesures doivent pouvoir s’y exprimer librement.
La puissance potentielle de tels organes démocratiques de lutte a été démontrée lors des manifestations étudiantes de 2011 au Québec. Le gouvernement de droite avait décidé d’augmenter les frais d’inscription à 1.650 dollars canadiens, soit une augmentation de 75% ! La contre-offensive étudiante fut massive.
La majorité des étudiants québécois est affiliée à l’une des quatre grandes fédérations syndicales étudiantes. Après quelques actions d’avertissement, une grève générale illimitée fut lancée. Le succès fut au rendez-vous : environ 100.000 étudiants ont fait grève cinq mois durant. À son apogée, le mouvement comprenait 215.000 étudiants grévistes et des manifestations ont réuni 310.000 étudiants au même moment dans différentes villes!
Les autorités ont tenté de briser le mouvement par une répression brutale. C’est ainsi que fut votée au parlement québécois l’infâme loi 78. Les actions organisées autour des campus universitaires étaient devenues illégales et l’amende atteignait les 1000 à 7000 dollars canadiens. En cas de rôle dirigeant dans un syndicat étudiant, cette somme pouvait même grimper jusqu’à 35 000 dollars canadiens. Les syndicats étudiants ont aussi chacun reçu une amende de 125.000 dollars canadiens.
La loi 78 interdisait à peu près toutes les formes de protestation et la police a été autorisée à utiliser jusqu’aux outils de répression les plus controversés contre les manifestations. Les actions étudiantes ont bien vite été systématiquement accompagnées de nuages de gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc ont même été tirées. Cette répression n’est toutefois pas parvenue à briser l’élan du mouvement. Il était devenu impossible de donner le moindre cours et l’année académique dû finalement être annulée. Le gouvernement subit ensuite une cuisante défaite électorale et l’augmentation des frais d’inscription fut abrogée.
Tout cela n’a été possible que parce qu’un mouvement a été construit à partir de la base, avec la possibilité pour chaque élève d’être impliqué dans la lutte, de manière démocratique. Des assemblées générales étudiantes prenaient place quotidiennement dans toutes les universités et hautes écoles, souvent avec une participation de centaines voire de milliers d’étudiants. Les développements politiques y étaient discutés, de même que les méthodes d’action à utiliser et l’organisation des activités de protestation.
Ces assemblées générales ont aussi veillé à ce que les étudiants soient impliqués dans les négociations avec le gouvernement. Et c’est une excellente chose. Au beau milieu du mouvement, la direction du syndicat étudiant de droite avait essayé de conclure un accord pourri avec le gouvernement selon lequel l’augmentation aurait été étalée non pas sur cinq ans, mais sur sept ans tandis qu’une nouvelle commission devait voir le jour pour discuter, avec participation étudiante, de la manière d’appliquer les mesures d’économie dans l’enseignement ! Toutes les revendications étudiantes avaient été balayées en d’autres termes. Cette proposition a été soumise au vote : 324.000 étudiants ont voté contre et seulement 4.600 pour ! Sans cette capacité à prendre des décisions de manière démocratique, le mouvement se serait probablement fini sur une défaite.
En Flandre, les comités d’action ont été constitués à partir des conseils étudiants du supérieur. Il faut maintenant les développer davantage pour qu’ils deviennent des organes représentatifs combatifs et démocratiques. Une première étape importante en ce sens consiste à convoquer une assemblée générale étudiante ouverte et démocratique dans les différentes villes. Les comités d’action doivent ensuite être élargis vers toutes les hautes-écoles, les universités et les écoles secondaires.
Pour un plan d’action !
Demander simplement au gouvernement de retirer ses mesures ne marchera pas. Nous ne pourrons pas nous passer de descendre dans les rues, et pas qu’une fois ! La lutte devra se baser sur un plan d’action offensif pour forcer le gouvernement à revenir sur ses intentions austéritaires.
La pétition qui a été lancée est un excellent moyen d’entrer en discussion avec les étudiants, de les informer et de les inviter à entrer en action. Des actions ludiques et orientées vers les médias peuvent être une manière de maintenir le mouvement dans le feu des projecteurs, mais nous avons absolument besoin de moments d’action qui permettent à tous les étudiants de participer et de montrer la véritable puissance du mouvement. Nous pouvons commencer par mobiliser pour des actions locales sur les campus, pour ensuite appeler à appeler des manifestations locales dans les différentes villes étudiantes. Ces manifestations peuvent à leur tour être le point de départ d’une campagne pour une manifestation nationale contre l’austérité dans l’enseignement.
Il faut dès aujourd’hui considérer la possibilité que le gouvernement maintienne ses mesures et tienne bon après la tenue d’une telle manifestation nationale. Au Québec, c’est la grève étudiante qui fut l’instrument de combat essentiel. Cela a non seulement permis de mettre à plat toute l’activité universitaire, mais aussi de dégager le temps nécessaire aux étudiants pour qu’ils s’impliquent dans les assemblées générales et les différentes actions.
Une grande manifestation centrale serait le lieu idéal pour appeler à la grève générale étudiante, pour 24 heures. Cela ne pourrait qu’accroître la pression sur le gouvernement, et elle pourrait ensuite facilement être étendue à 48 heures ou même à une semaine.
Contre l’austérité sous toutes ses formes !
Au plus le mouvement est large, au plus il est puissant, cela va de soi. Nous ne devrions donc pas nous limiter à des slogans orientés contre l’augmentation des frais d’inscription. L’austérité va avoir un effet des plus néfastes sur le personnel enseignant et non-enseignant. Le gouvernement fera tout pour diviser étudiants et personnel, nous devons faire l’inverse.
Soyons clairs : on économise dans l’enseignement depuis 30 ans, chaque économie supplémentaire est d’autant plus inacceptable ! L’enseignement a besoin d’investissements publics massifs, et c’est pourquoi il faut défendre l’augmentation du budget de l’enseignement pour qu’il représente au moins 7% du Produit Intérieur Brut, comme cela était le cas dans les années ’80.
Dans les conditions économiques actuelles, il sera très difficile d’arracher cet investissement. Les protestations étudiantes ne seront pas suffisantes pour y parvenir. C’est l’une des leçons négatives du mouvement étudiant au Québec. En considérant l’ampleur des mobilisations, les résultats ont tout de même été limités.
Le problème fondamental était que le mouvement est principalement resté limité aux étudiants. Une grève étudiante ne peut pas frapper le gouvernement et les grands patrons là où cela leur fait le plus mal : au portefeuille. Si les étudiants étaient parvenus à attirer dans leur lutte le mouvement syndical, bien plus aurait pu être obtenu. Le problème est qu’aucun syndicat étudiant n’a élaboré de plan d’action concret pour défendre un appel à une grève générale de 24 heures au Québec. Cette nécessité a pourtant été ressentie parmi les étudiants en lutte, comme cela a été illustré par la revendication du syndicat étudiant le plus à gauche, CLASSE, pour une ‘‘grève sociale’’. Mais les choses en sont restées au niveau du mot d’ordre abstrait.
Nous ne pourrons pas non plus faire l’économie d’une discussion sérieuse sur les autres mesures d’austérité que les divers gouvernements cherchent à instaurer. Les mesures antisociales dans l’enseignement sont scandaleuses, c’est vrai, mais il est tout aussi scandaleux de raboter les budgets des transports en commun ! Allons chercher l’argent là où il est : dans la poche de l’élite capitaliste au sommet de cette société !
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Enseignement flamand : 500 jeunes manifestent à Gand contre l’austérité
Hier après-midi, quelque 500 jeunes ont défilé à Gand contre l’augmentation du minerval et plus globalement contre les mesures d’austérité destinées à frapper l’enseignement supérieur flamand. Ce rassemblement d’étudiants du secondaire et du supérieur illustre très clairement que le potentiel pour la construction d’un large mouvement contre l’austérité dans l’enseignement est grand. A la suite de cette manifestation, l’organisation de nouvelles actions a été décidée.
Cette action de protestation était à l’initiative des comités d’action lancés dans diverses écoles secondaires par les Étudiants de Gauche Actifs (EGA, Actief Linkse Studenten en Scholieren en Flandre). Une première action avait eu lieu le 10 septembre et un sit-in avait aussi été organisé dans une école le 23 septembre. La manifestation d’hier avait aussi reçu le soutien du comité d’action étudiant. Le ton a été donné : élèves et étudiants refusent d’accepter les attaques contre leur avenir et leur enseignement ! Directement après la manifestation, une assemblée générale a eu lieu où de nouvelles actions ont été décidée, dont un sit-in le 22 octobre, le dernier mercredi avant les vacances de Toussaint.
Louis, élève à l’école Sint Lucas :
“Tout autour de moi, je constate que les gens sont en colère. Mais cela seul ne suffit pas. Stopper l’austérité n’est possible que si nous continuons à organiser les élèves, les étudiants, le personnel et les parents dans l’action. Je soutiens par conséquent l’action de sit-in du 22 octobre.”
L’assemblée générale a également décidé de soutenir la manifestation étudiante du 29 octobre.
Koerian, porte-parole des Étudiants de Gauche Actifs (EGA) :
“L’austérité est pour tout le monde, selon le gouvernement fédéral. Mais les riches y échappent. les grands-parents devront maintenant travailler quasiment jusqu’à leur mort tandis que leurs petits-enfants seront au chômage. Les entreprises ont besoin de travailleurs qualifiés et diplômés, mais c’est à nous de payer ! Le gouvernement affirme qu’il économise pour assurer notre avenir, mais ce qu’il nous présente, c’est une société égoïste où seule l’élite peut jouir d’un avenir sans soucis. Nous voulons une société différente, et nous sommes prêts à nous battre pour y parvenir !”
Beaucoup d’étudiants étaient présents durant cette manifestation, mais aussi pas mal d’élèves du secondaire. EGA avait mené une campagne intensive le mois dernier pour construire un mouvement large des élèves et étudiants, de bas-en-haut. A cette action, nous avons été rejoints par des membres du Conseil étudiant et de Comac, le mouvement de jeunes du PTB.
Après la manifestation, les étudiants ont rallié une assemblée générale afin de discuter ensemble des suites de la lutte. Tout le monde a pu avoir l’opportunité de prendre la parole, ce que beaucoup de participant ont effectivement fait. Les nouvelles attaques annoncées par le gouvernement fédéral, notamment sur la question de l’âge de la pension, ont considérablement accru la colère des étudiants.
Les protestations de la jeunesse peuvent donner le ton pour une résistance unie et dynamique contre l’austérité sous toutes ses formes.
Reportage-photo de Geert.
Reportage-photo de Jean-Marie.
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Manifestation contre l’austérité dans l’enseignement flamand : le potentiel est là
Hier, une manifestation a défilé dans les rues de Bruxelles afin de protester contre les mesures austéritaires prévues par le gouvernement flamand dans l’enseignement. Il est notamment question d’augmenter le minerval, une mesure bien évidemment des plus impopulaires. Les organisateurs de la Vlaamse Vereniging van Studenten (VVS, Association flamande des étudiants) et les conseils étudiants avaient lancé un appel pour une manifestation à la dernière minute, en espérant un millier de participants. Beaucoup plus de monde a répondu présent et le chiffre de 4.000 personnes a été annoncé en fin de manif. Ce n’est pas exagéré et c’est une claire indication du potentiel présent pour construire un plus large mouvement contre l’austérité dans l’enseignement.“Bourgeois, Crevits, van ons krijg je niets” (”Bourgeois [ministre président flamand], Crevits [ministre flamande de l’Enseignement], vous ne recevrez rien de nous”), “Bespaar niet op onderwijs, bespaar niet op onze toekomst” (pas d’austérité dans l’enseignement, pas d’austérité pour notre avenir”),… les slogans ne manquaient pas durant cette manifestation, en dépit du fait que cela faisait longtemps que des mobilisations étudiantes flamandes d’une certaine importance n’avaient pas eu lieu.
Le taux de participation a dépassé les attentes des organisateurs et des médias. Il est vrai que le thème de l’augmentation du minerval est particulièrement sensible. Mais au-delà de cette mesure spécifique, nous avons pu constater en discutant avec les étudiants que l’ouverture était grande pour l’idée de résister contre toutes les mesures d’austérité. C’est certain, notre avenir n’est pas seulement menacé par les attaques lancées contre l’enseignement. L’offensive pro-patronale est lancée sur tous les fronts, des réductions de budget aux associations de jeunesse aux économies dans le secteur culturel en passant par les attaques sur les salaires.
Il est plus que possible de parvenir à élargir le mouvement, ce potentiel doit être saisi. Les prochaines étapes de la lutte ne devraient pas être concentrées sur les négociations avec la ministre de l’enseignement ou avec le parlement. Ceux-là n’écouteront rien tant qu’ils n’auront un mouvement de masse pour leur faire face. Il nous faut un large mouvement de résistance, construit de la base, par en bas, avec des discussions collectives démocratiques concernant les prochaines étapes de la lutte, les revendications à défendre et les méthodes d’action à utiliser. C’est ainsi que nous pourrons garantir la plus large implication possible dans le respect des spécificités et positions politiques de chacun.
Ce mouvement peut être renforcer par l’élaboration d’un plan d’action. Une date a été annoncée comme rendez-vous d’une prochaine manifestation, le 17 novembre, ce qui offre l’espace nécessaire pour organiser des actions régionales dans cette perspective.
L’interdiction des tracts et des drapeaux dans le cortège, comme voulaient l’imposer certains organisateurs, fait directement penser à la logique répressive des Sanctions Administratives Communales (SAC). Cette approche est un frein pour le développement d’un mouvement de lutte ouvert et permettant la participation démocratique de chacun.
En revanche, la présence de membres du personnel de la FGTB et de la CSC a constitué un facteur éminemment positif capable de renforcer l’unité entre le personnel et les jeunes. Selon nous, c’est un élément crucial pour remporter une victoire.
Les Étudiants de Gauche Actifs (EGA, Actief Linkse Studenten en Scholieren en Flandre) étaient évidemment présents avec des pancartes et un tract expliquant nos propositions pour construire le meilleur rapport de force dans la lutte. Nous avons également participé à la délégation francophone groupée autour des JOC (Jeunes Organisés et Combattifs) et des Jeunes-FGTB. Parmi les syndicalistes présents se trouvaient également des militants du PSL, dont EGA est le groupe jeunes.
Cette manifestation a donné un aperçu de ce qui était possible, nous allons maintenant tout faire pour exploiter ce potentiel. La prochaine étape est très certainement la manifestation prévue à Gand la semaine prochaine, avec le soutient de comités actifs dans le secondaire et le supérieur.
Ce n’est qu’un début, continuons le combat !
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Namur : Mon corps, mon choix, ma liberté !
Suite à un changement de direction à l’IATA (Institut d’enseignement des arts techniques, sciences et artisanat) à Namur, les élèves se sont organisés pour réclamer le droit de s’habiller et de se coiffer comme ils l’entendent. La nouvelle direction de l’IATA a modifié le règlement de l’école interdisant aux élèves de se teindre les cheveux dans des couleurs jugées « excentriques » et en leurs imposant de s’habiller de façon « décente », le tout décidé de manière arbitraire. Comme si avoir des élèves « uniformes » était un gage de qualité… !Elle rentre ainsi dans la logique de compétition entre les écoles et d’une institution à destination d’une certaine élite. Où vont dés lors aller les élèves qui veulent exprimer leur personnalité à travers leurs tenues et qui ont déjà subi, pour beaucoup, un parcours scolaire chaotique ? Il s’agit ici d’une mesure qui a pour but de sélectionner les élèves, alors que l’enseignement est un droit et doit être accessible à tous !
Face à cela, des élèves ont lancé une pétition pour résister à ce nouveau règlement et l’idée d’organiser une manifestation à abondement circulé sur les réseaux sociaux. Avec les Étudiants de Gauche Actifs, nous avons organisé plusieurs stands devant l’école afin d’apporter notre soutien aux élèves. Nous voulons aussi lier cette question aux pénuries auxquelles fait face l’enseignement dans son ensemble et à la compétition entre les écoles qui en résulte.
Voici le tract que nous avons distribué, accompagné du tract de présentation d’EGA :
Mon corps, mon choix, ma liberté !
– Changement de direction à l’IATA –Nos habits et nos coiffures n’ont rien à voir avec la qualité de notre formation.
Non à la logique de concurrence entre les écoles!Ce que nous voulons ce sont des options accessibles à tous. Ce n’est pas aux élèves et à leurs familles de se ruiner dans du matériel scolaire, comme c’est le cas notamment dans les sections publicité, bijouterie, horlogerie, où les élèves doivent payer tous leurs matériels comme l’or, l’argent, une montre,… pour des sommes qui dépassent facilement les 500€!
Tout cela uniquement pour pouvoir suivre les cours, car cela ne garantit pas notre réussite.
Pour un enseignement gratuit!
Nous voulons également une formation qui nous permette d’exercer un métier dans son entièreté. Nous ne voulons pas être des moutons agiles.
Non à un enseignement orienté vers les besoins des patrons.
Nous voulons avoir notre personnalité et le droit de suivre un enseignement sans nous ruiner.
Pour un enseignement de qualité!Organisons-nous contre les 420 millions d’euros que prévoit d’économiser le gouvernement de la fédération Wallonie-Bruxelles dans l’enseignement.
Non aux coupes budgétaires dans l’enseignement.Construisons la résistance, rejoins-nous!
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Grève des enseignants à l’Athénée Bracops-Lambert – Anderlecht
Ce jeudi matin 25 septembre, une bonne partie du corps enseignant de l’Athénée Bracops-Lambert à Anderlecht était en grève pour dénoncer les dysfonctionnements au sein de l’établissement. L’attitude du chef d’établissement envers le personnel et ses méthodes de gestion posent question. Après plusieurs signaux d’avertissement, sous forme d’arrêts de travail tout au long de l’année scolaire passée, la grève s’est imposée ce jeudi matin.La situation au sein de cette école est emblématique du désinvestissement dans l’enseignement et la gestion chaotique du chef d’établissement exacerbe encore les conséquences des pénuries. Ainsi, certains professeurs de quatrième sont censés donner cours à une classe d’une cinquantaine d’élèves, le manque de locaux est déjà tel qu’une partie des élèves doit suivre les cours dans une autre implantation assez éloignée de l’établissement central, les locaux sont insalubres, certains moyens qui auraient pu servir à l’engagement de professeurs supplémentaires ont été utilisés pour encadrer le chef d’établissement qui dysfonctionne et ce n’est qu’un aperçu de tout ce qui pose problème dans l’école.
La commune d’Anderlecht, pouvoir organisateur de l’établissement, semble tergiverser et malgré les nombreuses interpellations des syndicats, n’a donc laissé d’autre choix aux professeurs que de recourir à la grève. Les professeurs que nous avons rencontré sur le piquet sont déterminés et nous expliquent que plusieurs d’entre eux seraient à bout de nerfs étant donné le manque de respect voire dans certains cas le harcèlement dont ils sont victimes de la part du chef d’établissement.
Les Étudiants de Gauche Actifs (EGA) informés de ce combat depuis l’action syndicale en front commun devant le conseil communal de la semaine dernière se déclarent solidaires avec les professeurs et élèves de l’Athénée Bracops-Lambert.
Photos : PPICS
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Grève étudiante à l’EOS
Ce lundi matin 22 septembre, les étudiants de l’EOS (École Ouvrière Supérieure) ont entamé une grève pour dénoncer les irrégularités dont ils sont victimes de la part d’un professeur soutenu par la direction.
Par Maxime (EGA-Bruxelles)
Ce professeur a annoncé que l’examen de seconde session serait une “punition collective”. Le jour même de l’examen le système de cotation a été modifié pour rendre celle-ci plus dure. Face à cet acte totalement arbitraire et au constat qu’il y a eu finalement plus de 90% d’échec, une poignée d’étudiants ont introduit des recours et ont reçu des pressions de la part de la direction.
En dernière instance, les étudiants ont fait grève. Depuis le début l’Union Syndicale Étudiante les soutient dans leur lutte. Les Étudiants de Gauche Actifs (EGA) ont pris connaissance de ce combat et se déclarent solidaires avec les étudiants de l’EOS.
Photos : Union Syndicale Étudiante
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Les étudiants de Sint-Lucas (Gand) protestent contre l’austérité!
Hier matin, environ 200 jeunes de l’école Sint-Lucas, une école secondaire gantoise, ont fait un sit-in devant leur école avant le commencement de leurs cours pour protester contre les plans d’austérité destinés à frapper l’enseignement. En Flandre, il est notamment prévu d’augmenter les minervals. Cette action a été organisée par le comité d’action lancé dans cette école. Pareils comités existent également dans d’autres écoles, pour organiser la lutte dans leurs écoles, mais aussi pour de plus grosses mobilisations.
Voici quelques photos de Mathias.
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Un bac à la belge ? Quel avenir pour notre enseignement ?
La qualité de notre enseignement se dégrade un peu plus chaque année et avec chaque nouveau programme mis en œuvre par les gouvernements successifs de la Fédération Wallonie-Bruxelles, ex-Communauté française. Les pénuries sont de plus en plus criantes tandis que les réformes organisent toujours davantage l’enseignement à des fins utilitaristes, au profit du patronat.Par Emily (Namur)
Les études PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) démontrent que notre enseignement est extrêmement inégalitaire, mais l’enseignement n’est autre que le reflet de la société. Selon cette étude, il existe un gouffre équivalent à 4 années d’études entre les 25% d’élèves de 15 ans les plus favorisés et les 25% d’élèves de 15 ans les moins favorisés (en moyenne 136 points de différences à ce test entre ces 2 groupes) ! Le décret mission de 1997 – pour une école de la réussite – n’est en rien parvenu à enrayer ce phénomène. Si le redoublement est limité dans le premier degré, des filières de relégation s’y dessinent déjà et les aides accordées aux écoles en discrimination positive sont de très loin insuffisantes au vu des défis de l’enseignement.
L’enseignement orienté vers les besoins du patronat
Depuis 2011, le 3ème degré de l’enseignement qualifiant (technique de qualification et professionnel) est progressivement réformé avec la Certification par unité d’acquis d’apprentissage (CPU) tandis que les épreuves externes se généralisent dans l’ensemble des filières. La Déclaration de Politique Communautaire 2014-2019 (DPC) déclare permettre aux élèves de se projeter dans des perspectives à court, moyen et long terme et les préparer aux exigences du monde professionnel et de l’enseignement supérieur. Mais elle annonce également vouloir lier davantage les politiques régionales de l’emploi et de l’économie aux politiques communautaires de l’enseignement. Il s’agit très clairement de rapprocher l’école du monde de l’entreprise par une formation qui se révèle toujours plus utilitariste.
Certification par unité d’acquis d’apprentissage ou comment détruire l’enseignement qualifiant
L’instauration de la CPU entraîne des changements organisationnels majeurs tels que la concentration des cours généraux sur 2 jours plutôt que répartis sur 5, et ce au détriment du rythme de concentration des élèves. Cela implique également une division dans le corps enseignant entre les profs de cours généraux et les profs d’options. Ceux-ci ne sont plus amenés à se rencontrer et à voir l’élève dans sa globalité.
À cela s’ajoutent de nouveaux référentiels de connaissances générales qui varient selon les secteurs pour correspondre – ou plutôt se limiter – aux compétences nécessaires à la vie professionnelle, tels qu’imaginés par le patronat. Par exemple, une future coiffeuse sera désormais évaluée en français sur sa capacité à mener la conversation, à prendre un rendez-vous, à vendre des produits (etc.). La compréhension critique d’un texte est abandonnée. Dès lors, tout ce qui est formation générale est détruit au profit d’une formation ultra spécialisée. Mais les politiciens pourront se féliciter de limiter l’échec scolaire, via le nivellement par le bas, bien entendu.
La CPU reflète une volonté des dirigeants de former, dans l’enseignement qualifiant, de petites mains capables d’exécuter des mono-tâches et qui n’ont donc, selon cette idéologie, pas besoin d’apprendre à réfléchir. À terme, l’enseignement qualifiant sera vidé de sa substance, probablement au profit de l’enseignement CEFA (Centre d’Education et de formation en Alternance) et IFAPME (Institut wallon de Formation en Alternance et des indépendants et Petites et Moyennes Entreprises) qui coûtent bien moins cher et offrent une main d’œuvre à bas prix pour les entreprises.
Le bac à la belge, épreuve vérifiant les capacités des élèves à être des travailleurs soumis et efficaces
Les épreuves externes dans certains cours généraux sont, depuis plusieurs années, organisées en 2ème, 4ème et 6ème secondaire. Jusqu’à présent, la participation à ces épreuves standardisées restait à la discrétion des directions d’écoles. Cependant, dès juin 2015, ces examens externes deviennent obligatoires et certificatifs pour l’ensemble des élèves de 6ème secondaire. Nous soulevons, à ce propos, différentes inquiétudes.
Tout d’abord, la généralisation des épreuves externes implique une normalisation des pratiques pédagogiques des enseignants. Il s’agit ici d’un renforcement du contrôle sur le contenu des cours des professeurs et une restriction de leur liberté pédagogique.Ensuite, on peut se poser des questions quant au contenu de ces épreuves. Au vu de ce qui a pu être observé ces dernières années, les examens ne portent que sur des tâches « simples » ne nécessitant pas d’esprit critique. Pour l’épreuve de français, par exemple, il s’agit de repérer des informations dans un texte. L’esprit critique et argumentatif n’est ni exercé, ni permis dans la manière dont sont rédigées les questions. L’examen consiste à évaluer la capacité de l’élève à s’aligner aux besoins du patronat.
Puis, quelle est la manière envisagée pour préparer les élèves ? Face à une évaluation, il est normal que le jeune ait pour objectif de réussir. Mais cela devient problématique lorsque les cours s’organisent autour de la réussite d’un examen sans valeur, pensé pour le monde de l’entreprise, plutôt que pour l’apprentissage et le développement d’un esprit critique. Le but de l’enseignement est-il de faire réussir une épreuve ou de permettre aux élèves d’apprendre et de progresser ? Une fois de plus, les cours vont perdre leur sens et leur contenu au profit de la formation d’exécutant docile.
De plus, la réussite de ce type examen va grandement dépendre du temps et de l’argent que les parents y consacreront. Il existe aujourd’hui un véritable marché des cours de remédiation, estimé à 300 millions d’euros par an en Belgique (1) avec des prix pratiqués qui varient entre 20 et 30€ de l’heure. En France, ce marché est évalué à 2,2 milliards d’euros et bénéficie d’incitants fiscaux. Il s’agit de l’individualisation d’une tâche qui devrait être prise en charge par la collectivité.
Enfin, un examen en fin de niveau équivaut nécessairement à un examen d’entrée dans le niveau supérieur. À l’heure où l’on parle de généralisé les tests ‘‘d’orientation’’ ou plutôt de découragement à l’entrée du supérieur, comme c’est actuellement le cas en fac de médecine, le bac à la belge pourrait bien constituer un élément clés dans ce processus.
Pour une lutte unifiée des élèves et du personnel de l’enseignement
La Fédération Wallonie-Bruxelles prétend que ces épreuves vont participer au développement d’une ‘‘école d’excellence’’. Mensonge ! Ce n’est pas en mettant en place ce type d’épreuve que l’on résout les problèmes d’inégalité, de ségrégation et d’inefficacité dans lesquels est plongé l’enseignement. En effet, tous ont une base commune: le sous-financement chronique et majeur du système éducatif !
Nous sommes dans un enseignement à deux vitesses. D’une part, ceux qui composent l’élite capitaliste reçoivent une bonne formation scolaire, complétée par un environnement socioculturel et économique riche. D’autre part, l’école forme de manière utilitariste la main-d’œuvre de demain – de préférence des moutons agiles. En plus de cela, l’idéologie néolibérale transparaît dans l’ensemble du vocabulaire employé dans les écoles et dans une bonne partie des activités qui y sont menées.
Dans le cadre du système capitaliste, toute réforme, même faite de bonnes intentions, ne peut remédier aux inégalités du système scolaire, reflet de la société. Les dernières ont, entre autres, œuvré à rapprocher l’école du monde de l’entreprise et à limiter les coûts de l’enseignement. Notre système scolaire, qui était déjà très boiteux, se retrouve amputé de tout sens au profit de la formation de futurs travailleurs dociles. Dans ce cadre, les conditions d’études des élèves et de travail des enseignants et de l’ensemble du personnel scolaire se dégradent inexorablement.
Ensemble, élèves, étudiants et travailleurs, nous devons nous unir et lutter pour un système scolaire qui ne soit pas organisé au profit de quelques-uns, mais bien de l’ensemble de la société, un enseignement socialiste.* 7% du PIB pour l’enseignement : pour des infrastructures scolaires décentes et une réelle gratuité de l’enseignement, pour tous.
* Pour une gestion démocratique de l’enseignement : ce n’est pas au patronat de dicter sa volonté, mais à la collectivité de gérer démocratiquement l’enseignement.
* Pour un enseignement général-polytechnique et artistique de qualité pour tous : non à la ségrégation et aux filières de relégation, pour des classes plus petites et d’avantage de personnel éducatif.
* Pour un enseignement socialiste !
(1) Centre d’Action Laïque, L’école (in)égale – L’enseignement face au défi de l’inégalité, 2011, p.18.

