Tag: Crise des réfugiés

  • Contre le racisme et le terrorisme: l’unité des travailleurs et de la jeunesse !

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    L’amalgame entre Islam et terrorisme n’a pas traîné. Quelques heures à peine après les attentats de Bruxelles, un groupe d’extrême droite espagnol a lancé des cocktails Molotov en direction d’une mosquée de Madrid tout en déployant une banderole ayant pour message : ‘‘Aujourd’hui Bruxelles, demain Madrid ?’’ Le jour-même des attentats de Bruxelles, le Vlaams Belang a publié une image avec pour slogan ‘‘Fermez les frontières’’ partagée 63.000 fois sur Facebook en 4 jours. Le fait que les terroristes ne venaient pas de l’étranger n’était visiblement pas un argument. Le 27 mars, des fauteurs de trouble d’extrême droite ont entrainé d’autres supporters de foot dans une marche vers l’hommage aux victimes à la Bourse. Un appel a été lancé par ‘‘Génération Identitaire’’ pour manifester à Molenbeek le 2 avril. Ce sont des avertissements à prendre au sérieux.

    Par Nicolas Croes, article tiré du supplément à l’édition d’avril de Lutte Socialiste consacré aux attentats de Bruxelles // Edition spéciale de Lutte Socialiste en version PDF

    L’extrême droite essaye de profiter de la crise des réfugiés et de la menace terroriste pour trouver un plus large écho, sans pointer les véritables responsables. Si le mouvement des travailleurs ne s’y attaque pas en organisant des discussions et des actions contre le terrorisme et la haine, alors l’espace pour le racisme continuera de croitre.

    Sans réponse de ce côté-là, d’autres saisiront l’occasion. Comme le bourgmestre de Knokke qui exigeait la création d’un ‘‘Guantanamo belge’’ pour les migrants. Comme les médias, à l’exemple des ‘unes’ des quotidiens de Sudpresse (La Capitale, La Meuse,…) avec pour titre ‘‘Invasion de migrants – la côte belge menacée’’.

    Jamais nous n’avons produits autant de richesses ni disposé d’autant de possibilités technologiques. Mais cela ne sert pas à donner à chacun une vie épanouissante. La concentration de richesses au sommet de la pyramide capitaliste plonge la base la tête sous l’eau. Qui menace qui ? Qui est responsable de la crise économique ? Du manque de logements sociaux ?

    Organisons la riposte

    Personne ne peut mieux que les délégations syndicales organiser les discussions et les actions, en milieu de travail et en dehors, pour assurer de ne laisser aucun espace au racisme ou à la logique sécuritaire et néolibérale des autorités.

    Des assemblées générales du personnel offre l’opportunité de discuter des attentats, du contexte qui les a permis et des actions à entreprendre. En janvier, la CGSP a par exemple dénoncé le rôle joué néfaste de la privatisation de l’aéroport de Zaventem pour notre sécurité. De tels éléments ne seront défendus par personne si ce n’est le mouvement organisé des travailleurs.

    La gauche et les syndicats doivent être présents en tant que tels lors des hommages aux victimes et organiser eux-mêmes des actions de solidarité et des débats collectifs. C’est la politique néolibérale en faveur des multinationales qui détruit nos conquêtes sociales et plonge la population dans la pauvreté. Si la gauche n’offre pas d’issue sous la forme de luttes collectives, à l’instar du plan d’action phénoménal de 2014 qui a culminé avec la grève générale nationale du 15 décembre, ce seront des réactionnaires de toutes sortes, fondamentalistes religieux ou racistes, qui rempliront le vide. Ce plan avait unifié les travailleurs et la jeunesse derrière un objectif commun et le gouvernement n’a pu tenir le coup qu’en raison du recul des directions syndicales.

    Le mouvement des travailleurs doit réagir et mobiliser toute sa force. Dans diverses communautés immigrées, des intégristes ont profité de l’absence de la gauche dans les quartiers pauvres pour entrainer des jeunes dans de désastreux actes de désespoir. Nous devons reconquérir nos quartiers en offrant ensemble une solution par la lutte collective contre le manque de moyens dans l’enseignement, contre chômage, contre l’insalubrité dans les quartiers et contre toutes les tentatives de nous diviser, notamment par le racisme et l’islamophobie, dans le but d’assurer le règne de l’élite dominante.

    Pas d’argent pour la guerre mais pour combattre la misère ! 24 avril : manifestation ‘‘Pas d’avions de chasse’’

    avionsdechasseCe 24 avril aura lieu une manifestation nationale contre l’achat d’avions de chasse par le gouvernement belge. Alors qu’il faudrait économiser sur les budgets publics, on voit que l’Etat ne manque pas de moyens pour investir des milliards dans l’armement ! Des milliards pour la guerre, ça, il y en a, mais les victimes des interventions occidentales comme les réfugiés bénéficient de moins d’aide et les budgets sociaux sont eux aussi rabotés. Investir dans la guerre ne conduira pas à la paix, la majorité de la population ne pourra pas en bénéficier.

    Cette mobilisation revêt une importance accrue aujourd’hui alors que Charles Michel a annoncé que la Belgique étendrait à la Syrie ses opérations de bombardements qui prennent place en Irak. Reproduire les méthodes qui ont conduit à l’émergence de l’Etat Islamique pour le combattre est une illusion. Nous nous opposons à la guerre, à la course aux armements et aux instruments impérialistes que sont l’OTAN et les institutions européennes. C’est leur politique qui a fait du Moyen-Orient un cauchemar !
    En 2003, des mobilisations antiguerre massives ont eu lieu contre la guerre en Irak, avant même que l’intervention ne commence. Des millions de personnes avaient ainsi défilé dans des centaines de villes à travers le monde le 15 février.

    Nous avions activement participé aux protestations sous le slogan ‘‘Résistance internationale contre les guerres du capital’’ en prenant notamment l’initiative d’organiser des rassemblements, des grèves dans les écoles et des manifestations le ‘‘Jour X’’, lors du déclenchement de l’invasion (le 20 mars). Nous avions notamment expliqué alors que cette guerre aurait pour conséquence de créer ‘‘plusieurs Saddam Hussein’’ dans le pays en le plongeant dans le chaos.

    24 avril, 14 h, devant la gare de Bruxelles-Central, à l’appel de la plateforme ‘‘Pas d’avions de chasse’’.

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    Soc_tractNotre journée “Socialisme 2016” accordera un large espace à la discussion sur la sécurité et à la situation au Moyen Orient (voir le programme complet).

    11h00 – 12h00 MEETING D’OUVERTURE : Ne laissons pas le débat sur la sécurité à la droite !

    • Tina Degreef Secrétaire LBC (équivalent flamand de la CNE/CSC, parlant en son propre nom)
    • Eric Byl Secrétaire général du PSL/LSP
    • Cédric Gerome Représentant du CIO (Comité pour une Internationale Ouvrière)

    13h00-15h00 Divers ateliers dont un intitulé : “Guerre et terreur au Moyen-Orient: Comment en sortir?” Avec Cédric Gerome CIO

  • Louvain: une marche de la solidarité éclipse la mobilisation de l’extrême droite

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    Au football, on parle d’un coup du chapeau lorsqu’un joueur marque trois fois au cours de la même rencontre. Ce fut le cas ces dernières semaines pour la résistance antifasciste et l’opposition au message de haine, de division et de violence que l’extrême droite voulait exprimer dans la rue. Hier, à Louvain, la mobilisation antiraciste fut plus importante que celle de l’extrême droite pour la troisième fois d’affilée, après celle de Gand le 21 février et celle de Zeebrugge le 6 mars. Le danger n’a pas disparu bien entendu, mais la construction d’un mouvement de solidarité représente un sérieux pas posé dans la bonne direction.

    Hier soir, Louvain ressemblait à une ville assiégée. Quelques-uns se sont certainement demandé si le niveau de sécurité n’avait pas soudainement été relevé au niveau 4. Il était interdit de se garer dans plusieurs rues, différentes parties de la ville avaient carrément été barrées, les forces de police étaient impressionnantes, un hélicoptère de la police survolait les environs,… Tout avait été fait pour faire craindre l’imminence d’un affrontement entre l’extrême droite et l’extrême gauche. Mais la réalité fut toute différente.

    Alors que quelque 100 à 150 militants d’extrême-droite ont cherché à faire entendre leurs slogans haineux dans la rue – sous les huées régulières des passants et des habitants à leurs fenêtres – une vibrante marche de la solidarité combative et diversifiée défilait à un autre endroit de la ville avec 400 participants. Les troubles qui permettent aux médias de masquer le contenu politique d’une mobilisation par des “images sensationnelles” n’ont pas eu lieu.

    Pourquoi était-il important de descendre dans la rue? Parce que nous ne pouvons pas laisser l’espace public à l’extrême droite pour qu’elle se renforce, gagne en confiance et passe à d’autres formes actions. En Allemagne, le nombre d’attaques contre des centres d’accueil pour demandeurs d’asile a récemment fortement augmenté. A Calais, des militants d’extrême droite se sont déguisés en agents de police pour agresser des réfugiés. Ceci dit, à Anvers, certains policiers se sont eux-mêmes chargés de violenter des migrants pour leur extorquer de l’argent… Cette violence ne s’arrêtera pas en nous limitant aux paroles, la mobilisation active est cruciale pour assurer que l’extrême droite aie plus de difficultés à s’organiser et pour isoler son message de haine et de division.

    L’extrême droite se sent encouragée par le contexte actuel, notamment par le fait que les partis de l’establishment font tout reporter la responsabilité de la crise sur le dos des réfugiés, faute de réponses sociales aux problèmes sociaux. Des problèmes tels que la guerre, la pauvreté, les pénuries d’emplois ou de logements,… sont amplifiés par la politique austéritaire. Les moyens manquent pour faire face aux nécessités sociales mais, bizarrement, pas pour aller bombarder l’Irak et bientôt peut-être la Syrie. Le gouvernement belge participerait ainsi aux trois guerres qui constituent les plus grandes sources de réfugiés, en Afghanistan, en Irak et en Syrie. Le gouvernement a décidé de consacrer 9 milliards d’euros à la Défense, notamment avec l’achat de nouveaux avions de chasse F-35. Non, ce ne sont pas les réfugiés qui minent nos conditions de vie : c’est la politique d’austérité et de cadeaux aux riches et aux grandes entreprises.

    Face à la menace de l’extrême droite, la mobilisation unitaire et la solidarité sont nécessaires. La manifestation de Louvain fut une belle étape dans cette direction, avec une participation supérieure à nos attentes et une foule bigarrée comprenant des jeunes et des moins jeunes dans une atmosphère positive de coopération entre Comac, Solidarity for all, Blokbuster et les Etudiants de Gauche Actifs,… mais aussi Steunpunt Antifascisme et un bon groupe de militants kurdes. Comme c’est la tradition, un groupe de syndicalistes a pris le service d’ordre en main. A la fin, un micro ouvert a permis à ceux qui le souhaitaient de s’exprimer.

    Nous pouvons dorénavant construire sur base de cette mobilisation. L’extrême droite a déjà annoncé vouloir tenir une nouvelle action le 16 avril à Lommel (Limbourg). Nous voulons regarder s’il sera possible d’y organiser une action de solidarité. D’autre part, il y a la manifestation contre l’achat de nouveaux avions de chasse le 24 avril prochain à Bruxelles, une mobilisation qui a gagné en importance avec la possible extension des opérations militaires belges en Irak vers la Syrie et qui nous offrira l’opportunité de dénoncer la politique guerrière à la base de la crise des réfugiés.

    Ces actions nous permettrons de nous renforcer et d’engager la discussion sur l’alternative à défendre contre ce système en crise. L’extrême droite et son discours anti-réfugiés représente un obstacle à la lutte que nous devons mener ensemble pour un meilleur avenir pour tous. Dans ce combat, notre nombre est notre meilleure arme. La logique de division qui monte différentes couches des travailleurs et des pauvres les uns contre les autres nous déforce. Quelle est alors l’alternative? Nous défendons la construction d’une société où personne ne devrait fuir à cause des guerres, de la pauvreté et de la misère. Pour cela, il faut jeter le capitalisme dans les poubelles de l’Histoire. Les moyens existent pour assurer l’épanouissement de chacun, mais ils doivent être placés sous le contrôle et la gestion démocratiques de la collectivité. Organisons nous et relevons le défi! Les actions antifascistes et la construction de la solidarité active est partie intégrante du combat pour une société socialiste.

    Photos : PPICS

    Solidariteitsmars Leuven // PPICS
    Photos : Solidarity for all

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  • Crise des réfugiés: ‘blame the system, not its victims’

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    Non à la politique de diviser pour régner de l’establishment et de l’extrême droite !

    L’Union européenne connaît actuellement la pire crise de son existence. La crise des réfugiés met les accords de Schengen sous pression. A l’heure où la Turquie a déclenché une guerre civile contre sa propre population kurde, nos politiciens ne dépassent pas les limites de leur rhétorique au racisme à peine voilé. Ils défendent toujours l’austérité alors que les possibilités d’accueil ont déjà fortement été affaiblies par cette politique. Ces dernières semaines, de nombreux politiciens flamands y sont allés de leur petite phrase assassine, sans grande indignation du côté francophone.

    Par Jarmo (Anvers), article tiré de l’édition de mars Lutte Socialiste 

    Le nombre de personnes qui quittent leur pays pour échapper au désespoir, à la guerre et à la misère ne va pas diminuer. Tant que le Moyen-Orient restera un foyer d’incendies (par ailleurs allumés par l’impérialisme occidental), aucune perspective réaliste n’existe quant à une réduction du nombre de demandeurs d’asile.

    Il est vrai que ‘‘seulement’’ 4.241 demandes ont été comptabilisés en janvier, soit moins que les 5.000 d’octobre. Mais l’hiver rigoureux a probablement beaucoup à voir avec cette différence. Les choses seront différentes une fois que les conditions climatiques seront plus favorables pour entreprendre un voyage déjà suffisamment périlleux. De plus, la baisse fut relativement limitée en dépit du mauvais temps. Que connaîtrons-nous comme situation au printemps et en été?

    La composition des groupes de réfugiés laisse planer peu de doutes concernant l’impact des interventions impérialistes occidentales : 50% des demandeurs d’asile proviennent d’Afghanistan, 17% de Syrie et 8% d’Irak. Plus de 70% de tous les réfugiés sont donc issus de pays en décombres où sévit une misère directement créée par l’Occident aux portes de l’Europe-Forteresse.

    Un racisme à peine voilé

    L’establishment est saisi de panique. De nombreux réfugiés chassés de leurs camps de fortune au nord de la France se dirigent vers la Flandre occidentale. La première préoccupation des dirigeants politique locaux n’est pas de leur porter assistance, mais de se demander quel sera l’effet sur la saison touristique. La presse nationale s’est fait l’écho des propos scandaleux tenus par certains politiciens locaux. Le maire de Koksijde, Vanden Bussche (Open VLD), a bien vite saisi l’occasion d’un incident avec un réfugié dans une piscine pour publiquement appeler à l’apartheid. Une interdiction générale de natation pour tous les réfugiés lui semblait être la seule mesure à adopter. Cela s’oppose purement et simplement aux droits de l’homme, la mesure ne sera probablement jamais appliquée. Mais il s’en fout, il était surtout désireux d’attirer l’attention des médias. Quand il est apparu qu’aucun réfugié n’avait été impliqué dans cet incident, le mal était déjà fait.

    Le gouverneur de la province de Flandre Orientale Decaluwé (CD&V lui aussi) l’avait appelé à être plus raisonnable dans ses propos, mais il est quand même parvenu à aller plus loin lui-même en expliquant qu’il ne fallait pas donner à manger aux réfugiés. Il est tout à fait consternant de voir qu’un homme politique arrive encore à dire ce genre d’insanité en 2016. A partir d’un élan de solidarité spontané, pas mal de gens essayent de pallier aux déficiences des autorités en offrant gîte et couvert à ces personnes qui fuient des souffrances innommables. Decaluwé dédaigne ces démonstrations de solidarité, mais ce n’est bien entendu pas pour autant qu’il va réévaluer les mesures d’austérité prises ces dernières années, celles-là mêmes qui ont conduit à une pénurie de places d’accueil. Les valeurs chrétiennes du CD&V s’expriment visiblement mieux aujourd’hui en demandant de ne pas nourrir les nécessiteux…

    Même le président du SP.a John Crombez (originaire d’Ostende) a pris le train en marche, peut-être avec un peu trop d’enthousiasme. Même de la part de la ‘‘gauche’’ officielle flamande, nous n’avons pas entendu de condamnation des vagues successives d’économies dans les budgets publics de ces dernières années (notamment parce que ce parti s’est retrouvé aux commandes de cette politique antisociale). Crombez a déclaré que nous ‘‘devons adopter une approche plus dures’’ face à la crise des réfugiés. Il a été remis à sa place par le bureau du parti, mais ses propos étaient extrêmement révélateurs de la manière dont le débat est mené parmi les politiciens de l’establishment.

    Comment verser de l’eau au moulin de l’extrême droite

    Le discours de plus en plus raciste adopté par des politiciens du ‘‘centre’’ politique est un cadeau pour l’extrême droite. Filip Dewinter (Vlaams Belang) a ainsi expliqué dans une interview au magazine Humo que son parti n’avait pas besoin de faire de déclaration autour de la crise des réfugiés puisque les autres politiciens flamands lui emboitent le pas, tout en se disant heureux que le débat soit mené de cette façon. Les attaques contre nos conditions de vie n’en finissent pas et les réfugiés sont montrés du doigt comme boucs émissaires. La tactique est ancienne, c’est ce sur quoi s’appuie l’extrême droite pour servir les intérêts de la classe capitaliste : taper vers le bas et détourner la colère vers des canaux qui divisent la population et rendent la résistance sociale plus difficile. Les partis politiques traditionnels recourent eux aussi à cette politique du diviser pour régner.

    Sécuriser les profits des plus riches est la mission historique la plus importante des politiciens néolibéraux aujourd’hui. Pour l’Open VLD, la crise des réfugiés est aussi une belle opportunité: cela ouvre non seulement de nouvelles possibilités pour accroitre le degré d’exploitation en instaurant une pression sur les conditions de travail et de salaire mais cela ouvre également la voie à une plus grande privatisation de l’accueil aux demandeurs d’asile! C’est une pratique typique du néolibéralisme : désinvestir des années durant, désorganiser le service et ensuite défendre que tout fonctionne mieux sous le contrôle du secteur privé.

    ‘‘Les normes et les valeurs’’

    Les médias traditionnels masquent les véritables raisons derrière la crise des réfugiés, qui ne provient ni de frontières trop ouvertes ni d’une approche trop laxiste, mais bien des conséquences des conflits au Moyen-Orient suscités par les multiples interventions impérialistes, militaires ou non. Voilà ce sur quoi devrait porter le débat.

    Au lieu de cela, il n’est question que de la manière de réexpédier les réfugiés en pleine zone de guerre ou, comme l’aurait déclaré Francken lors d’une réunion européenne, de les repousser en pleine mer. Les demandeurs d’asile ne seraient pas adaptés à nos ‘‘valeurs’’. Mais de quelles valeurs parle-t-on ? Celles d’une société qui maintient ses portes fermées pour les victimes de sa propre politique impérialiste? Celles de partis fondés sur la morale chrétienne et qui appellent à ne pas nourrir des gens dans le besoin ? Celles de ce juge à Gand qui estime que les viols ne doivent pas être systématiquement punis et qui a récemment acquitté un présentateur-radio parce que le cas de viol était ‘‘amical’’?

    On pourrait en dire autant de la démocratie. Soyons réaliste: chaque droit démocratique des habitants de l’Occident ne tombe pas du ciel, il s’agit du produit d’une lutte féroce menée pour arracher ces droits démocratiques contre ceux-là mêmes qui, aujourd’hui, se retranchent derrière les ‘‘valeurs’’ occidentales.

    La solidarité

    Nous devons riposter, de manière unitaire, contre la tactique de diviser pour régner de l’extrême droite et des partis traditionnels. La classe des travailleurs n’a aucun intérêt à entrer en conflit avec des couches de sa propre classe sociale. Les demandeurs d’asile aujourd’hui diabolisés et discriminés seront employés demain par l’establishment pour briser les salaires et les conditions de travail de tout le monde. Le mouvement des travailleurs ne connait qu’une seule manière d’y faire face, celle qui lui a permis de connaitre des avancées sociales : la solidarité de tous les travailleurs et leur action commune dans la lutte pour une société capable de prendre le pouvoir des mains d’une petite élite qui exploite les richesses produites par toute l’humanité. Cette société, c’est le socialisme.

  • Le cruel système capitaliste est responsable de la crise des réfugiés

    La campagne référendaire pour le maintien ou nom de la Grande-Bretagne dans l'Union Européenne se prépare et la question des migrations a été placée au centre du débat par les campagnes pro-big business tant du côté du maintien que de celui de la sortie. Certains de ceux qui sont – à juste titre – repoussés par le nationalisme de la campagne capitaliste pour quitter l'UE seront tentés de voter pour rester en son sein dans l'espoir que cela puisse être synonyme d'une attitude plus humaine envers les réfugiés fuyant la guerre.

    Éditorial de l’hebdomadaire The Socialist, journal du Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles) 

    Mais la vérité est toute différente. La discussion portant sur les réfugiés menace de déchirer l’UE, elle met en évidence à quel point les politiciens capitalistes – européens ou non – sont incapables d’offrir une solution à la crise des réfugiés. Ils tentent tous de se décharger du problème sur d’autres pays que le leur, tout en laissant les réfugiés vivre dans des conditions inhumaines effroyables.

    Les politiciens capitalistes à l’échelle continentale se présentent comme des «durs sur la migration» en jouant sur les craintes des travailleurs quant à la capacité des services publics à faire face à une augmentation du nombre de réfugiés, services publics dont les budgets été coupés jusqu’à l’os par ces mêmes politiciens capitalistes.

    Contrairement à la propagande des gouvernements capitalistes, la plupart de ceux qui tentent d’atteindre l’Europe n’ont entamé un tel périple qu’en conséquence d’une situation véritablement désespérée. Parmi ceux qui arrivent d’abord en Grèce (actuellement plus de la moitié du total) plus de 85% sont issus de Syrie, d’Afghanistan, d’Irak et de Somalie. Dans tous ces pays, l’intervention militaire occidentale a contribué à créer les situations de cauchemar qui contraignent maintenant la population à prendre la fuite. La plupart n’atteindront jamais l’Europe. Autour de six millions et demi de réfugiés syriens sont par exemple déplacés à l’intérieur même du pays.

    La guerre d’Irak

    Le gouvernement travailliste de Grande-Bretagne dirigé par Tony Blair a pris part à l’invasion de l’Irak en 2003 malgré l’opposition massive de la population, intervention qui a marqué le début de l’enfer sur terre qui a depuis lors englouti une bonne partie du Moyen-Orient – surtout la Syrie. L’actuel gouvernement britannique conservateur de David Cameron a rejoint les bombardements effectués par les USA en Syrie aux côtés de la France et d’autres pays. Cela ne fera rien pour ramener la paix en Syrie, cela ne fera qu’augmenter la mort, la misère et le nombre de réfugiés contraints de fuir pour sauver leur vie.

    Et cela coûte une fortune – 438.000 £ (environ 556.000 euros) par raid aérien selon le journal Metro. Alors qu’une fortune est dépensée pour faire pleuvoir la mort sur les Syriens, peu d’entre eux se voient accorder l’asile. Au cours du dernier trimestre de 2015, après que Cameron ait été forcé de promettre d’aider les demandeurs d’asiles syriens sous la pression publique, seuls 339 d’entre eux ont reçu le statut de réfugié par le gouvernement britannique.

    Mais l’UE n’est pas non plus un havre pour les réfugiés: elle n’est pas connue sous le nom d’Europe-Forteresse pour rien. La tragédie des réfugiés qui se noient dans la Méditerranée a précisément été causée par la politique de l’UE au cours de ces dernières années.

    La construction de murs énormes, gardés par des soldats armés, a stoppé les gens qui traversent l’Europe par voie terrestre, ils ont donc pris la mer. Les politiciens capitalistes d’Europe, y compris le gouvernement britannique, ont réagi en réduisant le nombre de navires de sauvetage. La logique barbare de l’argument était que si plus de réfugiés se noient, cela convaincra les autres de ne pas venir.

    Cette incroyable cruauté n’a bien entendu pas fonctionné. Le nombre de noyés a augmenté de façon exponentielle. En avril 2015, 1.308 migrants sont soupçonnés d’être décédés de cette façon, contre 42 dans le mois d’avril précédent, quand les bateaux de l’opération Mare Nostrum étaient encore en activité.

    L’été dernier, les politiciens capitalistes ont temporairement changé leur fusil d’épaule face à la clameur publique qui a suivi les photographies d’un enfant en bas âge syrien noyé, Aylan Kurdi. Un certain nombre de pays – en particulier l’Allemagne – ont assoupli leurs frontières et ont permis à plus de réfugiés d’entrer. Cette phase n’a cependant pas duré longtemps.

    Rapidement les différents pays de l’UE ont commencé à se chamailler en essayant de se décharger des réfugiés. L’accord de Schengen censé permettre la libre circulation dans de grandes parties de l’UE (sans la Grande-Bretagne) a été suspendu dans les faits alors que divers pays ont réintroduit des contrôles à leurs frontières nationales les uns après les autres.

    L’Etat turc

    La dernière ruse qui a émergé d’un sommet de l’UE est d’essayer de payer le gouvernement turc pour qu’il agisse comme une police des frontières en retenant les réfugiés qui tentent d’atteindre l’Europe. En retour, les dirigeants européens ont promis 6 milliards € d’aide à l’Etat turc (bien que l’engagement précédent de 3 milliards € n’a toujours pas été effectivement payé) et d’accélérer les négociations d’adhésion à l’UE.

    En outre, pour chaque individu renvoyé dans l’Etat turc, l’UE a accepté de prendre un réfugié syrien de ce pays (où il y en a actuellement plus de 600.000). Ce plan désespéré sera un cauchemar logistique quand il faudra le mettre en oeuvre.

    Cela n’incitera pas non plus le gouvernement Erdogan à essayer d’arrêter les bateaux de réfugiés qui partaient pour la Grèce. Au contraire, l’Etat turc peut conclure que permettre aux bateaux de partir forcera l’UE à accepter plus de Syriens.

    Dans leur désespoir pour se décharger de la crise des réfugiés sur l’Etat turc, l’UE a fermé les yeux sur le caractère antidémocratique du régime turc et la guerre qu’il mène contre le peuple kurde. Le gouvernement turc est encore récemment intervenu pour reprendre en main le plus grand journal du pays parce qu’il avait osé le critiquer.

    Le gouvernement turc mène une guerre civile brutale contre le peuple kurde dans le sud-est du pays qui a fait des centaines de morts. Il a également été bombarder des villages contrôlés par les Kurdes en Syrie, ce qui a efficacement aidé l’Etat Islamique (Daesh). Les puissances européennes n’ont rien fait de plus que de doucement réprimander le président Erdogan pour ce crime.

    Les propositions de l’UE visent aussi à transformer la Grèce en un enclos géant – un camp de prisonniers en réalité – pour les réfugiés. Il y aura bientôt environ 70.000 réfugiés bloqués en Grèce suite à la fermeture de la frontière de la Grèce avec la Macédoine. Cette décision n’a pas été prise par le gouvernement macédonien à lui seul, elle provient d’un «mini-sommet» qui a réuni les autorités autrichiennes et les Etats d’Europe centrale et orientale. La Grèce n’a même pas été invitée.

    La grande majorité des réfugiés n’a pas pour objectif de rester en Grèce mais de traverser le pays pour se rendre en Europe du Nord. Ils se retrouvent maintenant affamés et sans abri dans les rues de Grèce. La Grèce souffre déjà des conséquences d’une vicieuse politique d’austérité imposée par l’UE, avec plus de 50% de taux de chômage parmi les jeunes et le salaire moyen qui a chuté de plus d’un tiers. Le pays est maintenant censé se débrouiller avec les réfugiés qui parviennent à atteindre l’Europe .

    Le contrôle des décisions d’accorder ou non l’asile ne peut pas être laissé entre les mains des conservateurs ou des gouvernements tout aussi impitoyables du reste de l’UE. Le mouvement des travailleurs à travers l’Europe devrait exiger que des comités élus des travailleurs, avec des représentants des organisations de migrants, disposent du droit d’examiner les demandes d’asile et d’accorder l’asile.

    Beaucoup de gens de la classe ouvrière – en Grèce, mais aussi en Grande-Bretagne et dans d’autres pays – estiment qu’alors qu’ils sympathisent avec les souffrances des réfugiés les services publics de leur pays et l’offre de logements ne peuvent pas faire face au nombre de personnes à la recherche d’un abri. Cette idée est martelée par les politiciens de droite qui racontent constamment que si les travailleurs ne sont pas assez payés ou ne peuvent pas trouver de logement ou d’emploi décent, c’est à cause des migrants.

    Les plus pauvres

    Parallèlement, ce sont généralement les communautés les plus pauvres de la société qui doivent accueillir les réfugiés. En Grande-Bretagne, par exemple, les entreprises privées sur lesquelles le gouvernement s’est déchargé de la responsabilité des réfugiés en matière de logement ont un «modèle d’affaires» pour loger les réfugiés dans des logements compris dans les endroits de Grande-Bretagne où les loyers sont les plus bas.

    Pendant ce temps, dans les arrondissements les plus riches de Londres, il y a environ 75.000 propriétés résidentielles inoccupées, la plupart appartenant à des spéculateurs uniquement intéressés par les profits qu’ils peuvent réaliser. Si les maisons appartenant aux spéculateurs étaient réquisitionnées par le gouvernement, cela permettrait de fournir des logements tant pour les 68.000 ménages actuellement enregistrés comme sans-abri en Grande-Bretagne que pour les réfugiés.

    Les réfugiés et les migrants ne sont pas responsables de l’austérité sans fin que nous avons enduré en Grande-Bretagne et dans toute l’UE. En Grande-Bretagne 80 milliards £ (environ 100 milliards d’euros) ont été coupés des dépenses publiques sous le précédent gouvernement de David Cameron (où les conservateurs étaient en coalition avec les Libéraux-Démocrates). Ce montant est identique à celui des bonus reçus par les banquiers depuis que la crise économique a commencé.

    Si nous laissons les gouvernements européens rejeter à tort la responsabilité de l’austérité sur les migrants au lieu de pointer du doigt le système capitaliste en crise et les banquiers et milliardaires qui en bénéficient, les capitalistes vont réussir à broyer nos conditions de vie. Il est vital que le mouvement des travailleurs offre une issue faute de quoi l’extrême droite pourra en profiter.

    Le fait que l’UE soit en pleine crise existentielle devant son incapacité d’accueillir environ un million de réfugiés sur une population totale de 500 millions est une vibrante condamnation du projet capitaliste européen. Pourtant, selon le journal The Guardian, il y a onze millions de foyers inoccupés dans l’UE, soit assez pour résoudre la crise du logement de la population et abriter les réfugiés.

    La richesse existe pour fournir une aide aux réfugiés – mais elle ne doit pas être recherchée dans les poches de ceux qui souffrent déjà d’austérité. Cette richesse, il faut la saisir dans les caisses du pourcent le plus riche de la société, à la fois en Grande-Bretagne et à l’étranger. Abdullah Kurdi, le père des tout-petits qui se sont noyés dans l’été, a ainsi souligné que les régimes du Moyen-Orient ne font rien non plus pour aider les réfugiés, pas même reconnaître le droit d’asile dans leur pays.

    Le référendum sur l’appartenance à l’Union Européenne

    De vastes sommes détenues par les élites milliardaires d’Arabie Saoudite et d’autres régimes du Moyen-Orient sont placées au loin en Grande-Bretagne et dans d’autres pays européens. Plus de 80% des propriétés d’une valeur de plus de 2 millions de £ à Londres sont propriétés de personnes issues des milieux d’affaires de l’étranger, dont beaucoup du Moyen-Orient. Les richesses des élites du Moyen-Orient en Europe devraient être elles aussi saisies pour s’occuper des réfugiés qui fuient leurs régimes et leurs guerres.

    The Socialist (hebdomadaire de la section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles) exhorte ses lecteurs à voter en faveur de la sortie de l’UE lors du prochain référendum sur cette question, sur une base socialiste et internationaliste. L’UE, comme le démontre le traitement réservé aux réfugiés, n’est pas internationaliste.

    C’est en substance un rassemblement de grandes entreprises à travers l’Europe afin de maximiser les marchés et les profits. Loin d’aboutir à l’harmonie européenne, comme l’illustre la crise actuelle des réfugiés, tout problème grave conduit à une augmentation des tensions nationalistes alors que les différentes classes capitalistes d’Europe tentent d’assurer qu’elles ne doivent pas supporter le fardeau.

    Les lois et les traités de l’UE sont conçus pour aider les classes capitalistes d’Europe au détriment de la classe ouvrière et des pauvres. En conséquence de quoi les plus modestes propositions visant à faire payer le 1% le plus plus riche de la société pour la crise seraient déclarées illégales en vertu du droit de l’UE. Bien sûr, cela ne suffirait pas pour empêcher un gouvernement socialiste déterminé à mettre en oeuvre de telles politiques, mais cela représenterait une difficulté supplémentaire à surmonter.

    Un gouvernement qui instaurerait une politique véritablement socialiste ne serait pas isolé. Il serait même extrêmement populaire, non seulement dans son pays mais aussi à l’échelle internationale. Il serait en mesure de lancer un appel international pour mobiliser le soutien des travailleurs à travers l’Europe et le monde.

    La seule manière de mettre définitivement fin à la crise des réfugiés est de se battre pour un monde socialiste démocratique. Il y aura toujours des gens contraints de fuir leur pays, non pas par choix, mais en désespoir de cause à la suite de guerres, d’une catastrophe environnementale et de famines en restant dans le cadre du système capitaliste.

    Une société socialiste pourrait exploiter les richesses, la science et la technique créées par le capitalisme pour satisfaire les besoins de la majorité de la population à travers le monde. Ce n’est que sur cette base qu’il serait possible de disposer d’un monde où les gens seront libres de se déplacer s’ils le souhaitent et non pas pour fuir un cauchemar.

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  • Marche de solidarité avec les réfugiés le 17 mars à Louvain

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    Ce jeudi 17 mars, à 19h30, gare de Louvain

    Pourquoi ?

    Le 17 mars, l’association étudiante d’extrême droite NSV (organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang) organise une marche de la haine raciste dans les rues de Louvain. Ses militants appellent à la fermeture des frontières et à bloquer ces gens qui recherchent désespérément à échapper à leur sort. L’extrême droite pointe du doigt les réfugiés comme responsables de tous les problèmes de la société. Ils font de ces victimes les responsables de la situation actuelle et cherchent à monter les différentes couches de la population les unes contre les autres. A Gand, le 21 février dernier, une manifestation similaire avait été organisée par le Voorpost (qui sert régulièrement de service d’ordre au Vlaams Belang). Plus d’un millier de personnes avaient répondu à l’appel de Gastvrij Gent (Gand Accueillante) pour répondre par la solidarité contre la guerre, le racisme et le sexisme.

    jmvklein-300x200Pendant ce temps, le racisme institutionnel ne fait que se développer : le gouvernement et les autorités locales prennent de plus en plus fréquemment des mesures stigmatisantes contre les réfugiés jusqu’à les marquer à l’encre indélébile. GastvrijLeuven est une plate-forme de diverses organisations qui appelle tous les habitants à se réunir à Louvain ce jeudi 17 mars au soir pour participer à une marche locale et célébrant la solidarité et la diversité.

    Pourquoi occuper la rue ?

    Les marches de solidarité ainsi que les campagnes de collecte de particuliers pour livrer des soins et des vêtements aux réfugiés ont démontré à quel point la solidarité est grande dans la société. Mais cela ne ressort pas du discours politique dominant que nous entendons quotidiennement dans les médias. Il est donc des plus importants de clairement afficher sa solidarité lorsque l’extrême droite veut occuper les rues pour y faire entendre sa propagande haineuse, faute de quoi son message et ses méthodes violentes auront de plus en plus le champ libre. En Allemagne, cela a conduit à l’incendie volontaire de centres d’asile et, en France, à des attaques physiques contre des camps de réfugiés! Notre marche vise au contraire à faire entendre un message de solidarité et une alternative au discours de l’extrême droite.

    Qui sont les réfugiés?

    35.000 demandeurs d’asile se sont réfugiés en Belgique en 2015, des individus ou des familles qui ont fui la guerre, le terrorisme et la misère à la recherche d’un meilleur avenir. Leurs terres et leurs maisons ont été détruites par des conflits dont ils ne sont pas responsables. Mais ils sont représentés comme des profiteurs ou des terroristes et criminels potentiels, alors que ce sont des victimes d’une sale guerre à laquelle notre gouvernement participe.

    D’où provient le racisme?

    Dans cette société, la vie devient de plus en plus dure. Les services sociaux sont détruits. L’austérité et les coupes budgétaires agissent en rouleau-compresseur sur notre sécurité sociale, nos soins santé, nos services publics et l’enseignement. Pendant ce temps, les multinationales bénéficient de nombreux avantages fiscaux et notre gouvernement trouve de l’argent pour investir dans l’armement. La pénurie de logements sociaux met en concurrence les nouveaux venus avec le reste de la population sur le marché du logement. Un tel climat de crise et de déficits sociaux crée un terrain fertile pour la propagande raciste et même les tendances néo-fascistes. Cela commence avec les réfugiés, puis c’est au tour des malades, des handicapés et des chômeurs. Nous avons tous à y perdre.

    Le sexisme est un problème persistant qui concerne la société toute entière et pas seulement les migrants ou les réfugiés. Le racisme n’a pas sa place dans la lutte contre le sexisme et pour les droits des femmes.

    Quelle alternative?

    GastvrijLeuven défend une alternative sociale contre la guerre et l’austérité. La crise des réfugiés est instrumentalisée pour masquer l’échec de la politique dominante. Nous ne marchons pas là-dedans. Ce ne sont pas les réfugiés mais bien les coupes budgétaires qui sont responsables des déficits sociaux. Suffisamment de richesses existent dans le monde pour offrir à chacun une vie décente. Nous défendons une société ouverte et un avenir décent pour tous!

    => Sur Facebook.

    CROWDFUNDING: Soutenez GastvrijLeuven via: http://www.worldofcrowdfunding.com/1-euro-solidariteit-meter-onverdraagzaamheid. L’argent récolté sera reversé à l’aide aux réfugiés.

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  • Crise des réfugiés : la misère pour les uns, les profits pour les autres…

    asielboot-1024x683Qui sont les profiteurs ?

    “Si cela se termine dans un an, nous n’aurons pas encore récupéré notre mise. Nous espérons que cela durera un peu plus longtemps.’ Van Avermaet de G4S “Si la crise des réfugiés se termine demain et que nos centres sont démontés en premier, le rendement financier sera maigre. Mais nous espérons que la crise des réfugiés va durer trois à cinq ans.” Luc Kluppels, directeur van Senior Assist.

    Par Michael Bouchez

    Des citations parmi d’autres qui ressemblent plutôt à un mélange de tragicomédie et de programme satirique. Mais c’est hélas la triste réalité. Pour certains entrepreneurs, la crise des réfugiés est l’opportunité d’amasser encore plus d’argent. Voir disparaître cette souffrance humaine est la dernière chose qu’ils souhaitent.

    ‘‘Si certains peuvent devenir riches grâce à la terreur et à la guerre, pourquoi ne pas les aider ?’’ doit s’être probablement demandé Theo Francken. Il a lancé un appel d’offres public pour l’ouverture de 10.000 nouvelles places d’accueil sur base de pratiques en vigueur en Irlande ou en Grande-Bretagne en matière d’asile. L’entreprise britannique de services de sécurité G4S y est charge de l’hébergement de réfugiés, mais divers scandales ont éclaté. Il était question de maisons peuplées de cafards, de rats et d’intimidations de femmes célibataires par des marchands de sommeil.

    La recette n’est pas neuve. En 1999 et 2000, plus de réfugiés ont été accueillis qu’aujourd’hui, mais l’austérité et le désinvestissement sont passés par l’Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile Fedasil. Les autorités peuvent dire aujourd’hui que les capacités d’accueil sont insuffisantes et qu’il faut faire appel aux investissements privés. On nous explique que cela reviendra moins cher à l’Etat et au contribuable. La réalité est toute autre : les entreprises reçoivent de 40 € à 46 € par demandeur d’asile adulte et c’est déjà plus que les places d’accueil publiques (40 € pp). Ensuite, ces entreprises font des économies sur le personnel et les moyens afin de maximaliser leurs profits. Qu’en est-il des conditions de travail du personnel ? Qu’en est-il de l’accompagnement et de l’intégration sociale des réfugiés ?

    De cette manière, certaines entreprises en Irlande ont réalisé jusqu’à 5,4 millions d’euros de bénéfices. Bridgestock, une entreprise irlandaise qui a ouvert un site en Belgique en 2016, a réalisé 1,54 millions d’euros de bénéfices en 2008. Ce sont des bénéfices qui ne rapportent rien à l’Etat: Bridgestock a placé ses bénéfices sur un compte offshore sur les îles vierges britanniques, un paradis fiscal. Cela ne coûte pas moins cher à l’Etat, c’est tout simplement un subside aux actionnaires privés.

    La ville de Gand – dirigée par le SP.a et Groen – a autorisé l’arrivée d’un tel projet. Les demandeurs d’asile y seront reçus sur un ponton qui servait autrefois de bateau prison. Corsendonk Hotels et G4S doivent exploiter le centre d’accueil. Ce bateau devait entrer en service fin février, mais un premier contrôle a déjà mis en lumière qu’il ne répondait pas aux normes de sécurité.

    Les réfugiés seront-ils abandonnés à leur sort la journée et le soir ? Quelle pression sociale cela représentera dans les quartiers populaires autour du port ? Y a-t-il des projets d’accompagnement pour les suivre en petits groupes afin de les intégrer? Une entreprise privée ne se préoccupe pas de ça. Il est clair que la privatisation n’est bénéfique à personne : ni aux réfugiés, ni aux conditions de travail et salariales, ni à la possibilité pour les nouveaux arrivants de s’intégrer dans les quartiers où ils habiteront. De réels centres d’asile aux mains du public fourniraient des infrastructures de qualité et du personnel suffisant pour assurer les soins de santé, l’enseignement et les cours de langue intensifs dont les réfugiés ont besoin.

  • Aucune solution n’existe sans toucher à la course aux profits

    ls209_rectoPouvoir d’achat en baisse, crise des réfugiés, tunnels en ruine…

    Les problèmes s’accumulent. Tout semble dérailler. Des routes aux musées dont les toits fuient en passant par la crise des réfugiés ou encore par les fissures aux centrales nucléaires. Les gouvernements et les partis établis n’ont pas de solution à offrir et rejettent la faute sur les chômeurs, les réfugiés, les actifs qui gagneraient trop,… Alors que les grandes entreprises et les super riches restent hors de portée. Pas question de toucher à leurs bénéfices, cela nuirait à “notre” position concurrentielle.

    Par Geert Cool

    Le nombre de pauvres dans notre pays est passé à 1,7 million. En Flandre, les 20% des familles les plus pauvres vont perdre 44 euros par mois à cause des mesures du gouvernement fédéral et du flamand. Le nombre de pauvres peut donc encore augmenter. Parallèlement, le gouvernement entend épargner sur ce qui freine encore quelque peu les inégalités : la sécurité sociale. Selon Bart De Wever, on ne peut trouver encore de l’argent que dans la sécurité sociale. Même les travailleurs ont de plus en plus de mal : depuis l’introduction de l’euro, les familles n’ont jamais aussi peu épargné que maintenant. Le saut d’index et toutes sortes de nouvelles taxes y sont pour quelque chose.

    L’austérité “douce” du passé a laissé des traces. Le manque d’investissements dans les infrastructures a conduit aux routes en mauvais état, aux tunnels peu sûrs à Bruxelles, aux musées dont les toits fuient, aux bâtiments défectueux dans l’enseignement,… Le manque de places d’accueil s’ajoute à cette liste. Alors que moins de demandeurs d’asile arrivent en Belgique aujourd’hui qu’au cours de la période de 1999-2001, la crise de l’accueil est beaucoup plus importante. Cela s’explique par le démantèlement des possibilités d’accueil. Et pour compenser, les autorités se tournent vers le privé. C’est une parfaite illustration de la façon dont on vide un service public de sa substance pour ensuite le laisser au secteur privé. Qui peut ensuite réaliser de beaux profits sur la misère. Quant aux coûts de tout ce processus, ils peuvent servir de prétexte pour monter la population contre les “réfugiés qui coûtent cher”.

    C’est toujours comme ça. Les chômeurs sont tenus pour responsables du chômage, les réfugiés de la crise des réfugiés, les pauvres de la pauvreté et les travailleurs qui osent exiger un salaire décent et une protection sociale seraient eux aussi des profiteurs. Ce ne sont pourtant pas les moyens qui manquent. Les partis de droite se chamaillent pour voir comment répartir aux mieux les cadeaux aux entreprises, notamment au sujet de la part dévolue aux grandes et aux plus petites entreprises. Mais on parle peu des 40 milliards d’euros qui sont passés de la collectivité aux entreprises ces dix dernières années avec le mécanisme de la Déduction des intérêts notionnels. Quant au mécanisme de ‘‘l’excess profit rulings’’ (un système d’évasion fiscale légal pour les multinationales octroyés à tort selon l’Union européenne), hors de question d’y toucher! Les moyens ne manquent pas non plus pour partir en guerre : le gouvernement vient encore de décider d’investir 9 milliards dans la défense, notamment pour l’achat de nouveaux avions de combat.

    Il y a donc de l’argent pour la guerre, mais pas pour ses victimes. Il y en a encore pour les cadeaux fiscaux et autres aux grandes entreprises, mais pas pour nos routes, nos musées ou notre pouvoir d’achat. Pour les entreprises, seuls les bénéfices comptent. Des centrales nucléaires dangereuses et délabrées restent en activité pour ne pas nuire aux plantureux bénéfices. Les profits iront au secteur privé, les dangers et les risques à la collectivité. L’appât du gain engendre des problèmes toujours plus importants pour la sociale. Ce n’est pas une conséquence inattendue, c’est le propre du capitalisme.

    En finir avec la politique d’austérité et investir les moyens disponibles dans les besoins de la majorité de la population, cela ne peut devenir une réalité qu’en nous en prenant à la course aux profits. Nous n’obtiendrons pas de redistribution des richesses en le demandant gentiment. Organisons nous pour complètement briser ce système et prendre en mains le contrôle démocratique des secteurs clés de l’économie, collectivement. Construisons ensemble une alternative socialiste à la misère du capitalisme!

  • Gand: “La lutte antiraciste est une lutte sociale”

    gent21-1024x683La mobilisation antifasciste et antiraciste qui a pris place hier à Gand était une réponse des plus fortes à la haine de l’extrême droite. Avec plus de 1000 manifestants, la manifestation de GastvrijGent (Gand Accueillante, une plateforme large qui comprenait notamment le PSL et les Étudiants de Gauche Actifs) a connu une participation largement supérieure au cortège d’extrême-droite qui défilait ailleurs en ville. Le Voorpost, le service d’ordre du Vlaams Belang à l’initiative de la mobilisation néofasciste, avait mobilisé nationalement sous le slogan de “marre du terrorisme,, fermons les frontières” et avait même reçu le soutien de délégations de militants d’extrême droite des Pays-Bas. Une douzaine de manifestants d’extrême droite a été arrêtée. Certains dirigeants du Vlaams Belang étaient également de la partie, comme Dewinter et le président du parti Tom Van Grieken.

    La manifestation antifasciste était colorée avec des gens de tous âges, en contraste évident avec la marche de la haine de l’extrême droite. La population locale a démontré sa sympathie tout au long du parcours de la manifestation de GastvrijGent, jusqu’au bateau qui doit bientôt ouvrir ses portes pour servir de centre d’accueil pour demandeurs d’asile. Ce centre sera exploité par des entreprises privées (G4S et Corsendonck). Laisser de telles entreprises réaliser des profits au détriment de la misère humaine est une honte ! Le nombre de place d’accueil a diminué ces dernières années en conséquence des coupes budgétaires. Cette pratique de dégrader un service public pour ensuite ouvrir la porte au secteur privé, nous l’avons déjà vue à l’œuvre en de nombreux endroits.

    Comme l’a expliqué le porte-parole du PSL Bart Vandersteene: “Plus de 1000 personnes ont manifesté hier en faveur d’une approche solidaire vis-à-vis des réfugiés fuyant la guerre. Le président du Voorpost a déclaré à la télévision que notre système de sécurité sociale est incapable de gérer cette arrivée de demandeurs d’asile. Il espère ainsi semer la peur parmi la population quant à leur avenir et à celui de notre système social afin de développer l’audience pour les idées racistes. Tous les partis traditionnels ont contribué aux attaques contre la sécurité sociale et on nous harcèle depuis de très nombreuses années avec cette idée que la sécurité sociale ne serait tout simplement plus gérable. Mais bien sûr, il y a toujours assez d’argent pour la guerre et pour les cadeaux aux grandes entreprises. C’est une question de priorité politique. C’est pourquoi la lutte contre le racisme est aussi et avant tout une lutte sociale et non une lutte morale.”

    jmvklein-300x200Détail remarquable: quand les syndicats protestent contre l’austérité et en défense de la sécurité sociale, on ne peut voir l’extrême droite nulle part. Le Vlaams Belang lui-même défend un programme néolibéral très dur. Son programme économique a été annoncé il y a dix ans lors d’un congrès du parti qui s’est tenu à Gand. Le Vlaams Belang y défend une réduction de la sécurité sociale et se montre favorable aux cadeaux fiscaux aux grandes entreprises. L’extrême droite est bien mal placée pour parler de la défense de notre sécurité sociale. Tout ce qui lui importe, c’est de pouvoir trouver un écho pour les idées racistes.

    Manifester contre l’extrême droite reste important. La crise des réfugiés et l’absence de réponse des partis établis entrainera une croissance des positions racistes, même au sein des partis établis. Cela renforcera l’extrême droite et cela a déjà donné lieu dans plusieurs pays voisins à diverses agressions violentes contre les réfugiés. Cette violence, nous voulons immédiatement la tuer dans l’œuf en ne lui laissant pas d’espace pour se développer. Avec une mobilisation active, nous voulons défendre une alternative à la fois: contre les coupes dans les services sociaux, contre la guerre au Moyen-Orient et pour que chacun puisse disposer d’un emploi décent et d’un logement abordable. Les problèmes sociaux doivent recevoir une réponse sociale ce qui, au final, signifie de lutter contre le système capitaliste lui-même.

    Reportage photos de Jean-Marie:

    GastvrijGent // foto's door Jean-MarieReportage-photos de PPICS GastvrijGent // Tweede reeks van PPICS

  • Plus de 1000 personnes manifestent contre l'extrême droite à Gand

    banderole_BB_gandL’extrême droite est à l’offensive contre les réfugiés. Le Voorpost (qui sert de service d’ordre au Vlaams Belang) avait prévu de manifester aujourd’hui à Gand sous le slogan : “Marre du terrorisme ? Fermons les frontières.” Il s’agissait d’une mobilisation nationale pour ce groupe d’extrême droite, mais qui n’a réuni qu’environ 300 participants. Parallèlement a pris place une manifestation antifasciste qui a rassemblé environ 1.000 personnes à l’appel de GastvrijGent (Gand Accueillante). Notre campagne antifasciste flamande Blokbuster ainsi que les Etudiants de Gauche Actifs ont, avec d’autres, réalisé un intense travail de mobilisation pour cette manifestation. Cette journée a démontré que la résistance contre la haine et le racisme dispose d’un large soutien, tel que nous avons également pu le constater durant la campagne de mobilisation.

    Nous vous invitons à prendre connaissance d’un précédent article qui explique l’approche que nous avons défendue pour cette action antifasciste.

    Photos: PPICS

    GastvrijGent // Foto's: PPICS

  • Schengen: l’establishment européen à nouveau confronté à une crise institutionnelle

    Avec les 12 mois de drames et de chaos humanitaire qui ont jalonné l’année 2015, tous les observateurs s’accordent à dire que nous traversons la pire crise migratoire depuis la Seconde Guerre mondiale. Les dirigeants européens semblent plus incapables que jamais à y trouver une issue basée sur la coopération entre États. Les ingrédients qui ont fait de 2015 un chaos seront encore bien présents pour les mois qui viennent…

    Par Baptiste (Hainaut)

    Il y a encore quelques mois, la Hongrie passait pour un marginal pestiféré au sein de l’Europe, en prenant la décision de fermer ses frontières et d’y établir des murs de barbelés. Mais ces dernières semaines, de nombreux autres gouvernements européens ont également procédé à un durcissement de leurs politiques d’asile, avec des renforcements des contrôles aux frontières en France et en Allemagne (qui s’était jusque-là revendiquée de manière opportuniste être une terre d’accueil, essentiellement pour des raisons économiques), et une fermeture des frontières, à des degrés divers, pour l’Autriche, la République tchèque, la Norvège, le Danemark et la Suède (historiquement « le bon élève » européen en matière d’asile).

    Ces fermetures et contrôles aux frontières s’accompagnent d’une criminalisation des demandeurs d’asile et d’un accroissement de la répression à leur égard. En Autriche et en Allemagne, des contrôles accrus sont réalisés pour « refouler et expulser des réfugiés » si ceux-ci ne sont pas en ordre dans leur démarche administrative. Au Danemark et en Suisse, une mesure contraint à présent les réfugiés à monnayer leurs « séjours » en mettant en gage leurs maigres bijoux, peu importe qu’il s’agisse du peu de valeurs qu’ils aient pu sauver au cours de leur exil. Chaque gouvernement a opéré un véritable virage à droite, y compris dans le chef des gouvernements composés de sociaux-démocrates ! Et la dernière vague d’attentat en Europe et en Turquie ainsi que les évènements du Nouvel An à Cologne n’ont fait que renforcer cette tendance. Comme si confrontés à la décrépitude du capitalisme, ses dirigeants n’étaient plus capables que de faire une fuite en avant dans la répression et l’austérité à défaut de pouvoir proposer un avenir à la population.

    Bye-bye Schengen ?

    Quelques citations en disent long sur l’atmosphère des dernières semaines. Selon Charles Michel : « Nous devons peut-être adapter Schengen ». Si l’on en croit Sarkozy : « Schengen est mort ». Et quand on prend la peine d’écouter le roi des grossiers merles, Bart De Wever, à l’occasion d’une conférence patronale : « La citoyenneté a été gratuite trop longtemps. Seulement un réfugié syrien sur dix a les compétences pour s’introduire sur le marché du travail (…) Arrêtons la naïveté, il faut durcir la politique migratoire ». Il est aussi intéressant de noter le contraste entre la facilité avec laquelle ces politiciens sont prêts à revoir les « sacro-saintes » règles de Schengen, alors que ceux-là mêmes n’admettaient aucune flexibilité lorsqu’il s’agissait des règles du traité d’austérité ! Leur logique est la suivante : tout pour la défense et la protection des intérêts d’une classe sociale précise, le patronat et les nantis. À partir de là, les règles sont soit malléables à souhait, soit à couler dans le béton.

    Les accords de Schengen ont été initiés il y a 20 ans entre les États européens souhaitant faciliter la libre circulation des biens et des personnes entre eux. Ces accords sont devenus une pierre angulaire de la construction de l’Europe en tant que bloc commercial armé d’une monnaie unique. Toutes les mesures restrictives mises en place ces dernières semaines sont des entorses formelles à Schengen ! Après les menaces de Grexit d’il y a quelques mois, l’establishment capitaliste européen n’a pas eu beaucoup de répit et fait face un nouveau risque d’effondrement d’une de ses institutions clés. C’est l’inévitable supplice de Sisyphe d’un système de production dont les fondations sont pourries.

    De plus en plus, les contradictions d’intérêts entre États membres de l’UE prennent le dessus sur la coopération. Un seul chiffre suffit à l’illustrer : sur les 160.000 réfugiés à répartir au sein de l’UE, un accord de répartition n’a encore été trouvé que pour …184 personnes ! Comme lors de la crise de la zone euro, les capitalistes chercheront à sauvegarder le plus possible pour éviter une défaite de prestige sur le plan politique, qui aurait également des conséquences sur le plan économique. Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, a d’ailleurs exprimé clairement le danger que représenterait la mort de Schengen : « un démantèlement de Schengen aurait un effet néfaste sur l’emploi et pourrait même remettre en cause l’union monétaire ».

    Les dérogations à Schengen autorisées par la législation européenne permettent la mise en place de mesures extraordinaire pour une durée totale de 6 mois cumulés, ce qui implique une échéance en mai 2016 des mesures actuelles. Ceci dit, les capacités de l’establishment à réaliser des bricolages institutionnels à rallonge allant dans le sens de ses propres intérêts ne sont pas à négliger. Ainsi, depuis 2013, le délai autorisé pour des mesures extraordinaires peut atteindre 2ans « en cas de défaillance d’un État ou de manquements graves liés aux contrôles aux frontières extérieures ». Dans le cas où de telles clauses devraient être activées, nul doute que la Grèce et l’Italie seraient tenues responsables de l’arrivée des réfugiés traversant la Méditerranée.

    Parallèlement aux astuces institutionnelles, l’establishment européen épuisera également toutes ses cartouches dans ses filons actuels. Il renforce notamment des dispositifs Frontex et accroit la militarisation aux frontières extérieures de Schengen. Il a également signé un accord pour 3 milliards € avec le gouvernement turc d’Erdogan, qui a pour charge « d’endiguer les flux migratoires vers l’Europe ». Reste à savoir avec quelles méthodes macabres Erdogan tentera de remplir ses objectifs…
    Bref, autant de recettes qui permettent à l’Europe de gagner du temps, mais qui n’ont jamais rien résolu, que ce soit vis-à-vis des motifs d’émigration ou concernant la qualité de l’asile.

    Les impérialistes sont pieds et poings liés au chaos, nous avons besoin d’une alternative !

    L’ampleur de la crise humanitaire que subissent les réfugiés est inestimable. De nombreux pays se sont enfoncés dans les guerres sectaires et l’anarchie : Irak, Lybie, Yémen, Afghanistan, Somalie, … poussant chaque jour des dizaines de milliers de pauvres sur les routes de l’exil. Dans le seul cas de la Syrie, après plus de 4 ans de conflits sectaires, on dénombre 11 millions de personnes qui se sont vues contraintes de prendre la voie de la migration, dans le but de trouver un refuge où survivre. Il est illusoire de croire que les mouvements migratoires se soient terminés avec l’année 2015. Tant que le capitalisme et son escadron de misères, de guerres et d’horreurs existeront, des millions de personnes seront contraintes à l’exil au risque de leurs vies. Les politiques impérialistes – depuis la guerre par milices interposées, à l’exploitation économique, en passant par la militarisation des frontières – portent une lourde responsabilité.

    L’Europe n’est en soi confrontée qu’à une moindre proportion des migrations. Néanmoins, dans le contexte de pénuries, d’austérité à tous les niveaux, de précarité et de chômage de masse, cette immigration est un sujet sensible pour de nombreux jeunes et travailleurs et des tensions peuvent apparaitre. Il est indispensable que le mouvement ouvrier organisé s’empare de la scène politique pour exiger des meilleures conditions de vie pour tous. C’est la condition indispensable pour empêcher les populistes et l’extrême droite d’occuper l’espace politique laissé libre et d’instrumentaliser les frustrations et la pauvreté contre des boucs émissaires, pour encore plus diviser les travailleurs entre eux sur des critères secondaires comme la nationalité, la religion, l’ethnie…

    Les gouvernements prétendent lutter contre le terrorisme en accentuant la répression et en bloquant les frontières. Mais ils ne font que criminaliser les réfugiés, toujours aussi nombreux à fuir le chaos nourri par les impérialistes. Les capitalistes ne sont plus à même de gérer les complications consécutives au fonctionnement de leur système de production, ce qui est symptomatique d’un système épuisé et en déclin. Organisons-nous autour d’un programme qui défende nos intérêts et pour une société socialiste, une société où les richesses sont profitables à tous et non à 1 % de privilégiés.

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