Tag: Crise des réfugiés

  • L’esclavage existe toujours au 21e siècle

    Image: fers d’esclaves, Wikipedia.

    Un reportage tourné fin octobre 2017 et diffusé sur CNN à la mi-novembre mettait au-devant de la scène l’existence de marchés aux esclaves en Libye. Le trafic d’êtres humains ne se limite pas à ce pays plongé dans le chaos, en raison notamment de l’intervention militaire de forces armées occidentales en 2011. On parle d’une industrie planétaire qui fait des millions de victimes sur la planète, essentiellement des femmes. Selon l’ONU, 71% des victimes identifiées sont des femmes.

    La traite des êtres humains représente le troisième trafic le plus lucratif au monde, derrière la drogue et la contrefaçon. L’Organisation des Nations unies estime ces profits à plus de 27 milliards d’euros par an. Les réseaux de trafiquants alimentent le travail forcé, l’exploitation sexuelle, le trafic d’organes… Des victimes venues de 137 pays ont été identifiées dans au moins 69 Etats différents. Les régions les plus touchées par ces trafics sont l’Asie du Sud-Est, l’Afrique subsaharienne, l’Amérique latine, l’Europe de l’Est, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient.

    La responsabilité de l’Union européenne dans le cas Libyen

    Les premières négociations entre l’Italie et la Libye de Kadhafi concernant la manière de bloquer les réfugiés en Libye remontent à 2000. Accords et aides financières pour des camps de réfugiés et pour des opérations de garde-côtes se sont succédé depuis lors. Mais depuis l’éclatement de la guerre civile, le blocage est devenu un immense piège.

    La Libye est progressivement devenue un enfer pour les migrants, un enfer alimenté par les financements de l’Union européenne qui a accordé plusieurs millions d’euros aux garde-côtes libyens et aux ‘‘autorités’’ du pays, dont les exactions sont pourtant dénoncées par les grandes organisations des droits humains. La politique migratoire européenne participe sciemment à la torture, au viol et désormais à la mise en esclavage d’individus.

  • Des communes hospitalières contre le racisme d’État ?

    Liège pourrait-elle bientôt devenir la première ‘‘ville hospitalière’’ pour les migrants ? Un groupe de travail sera en tout cas constitué pour analyser la question de l’accueil des migrants sur le territoire de la Ville de Liège. Cette annonce fait suite à une interpellation citoyenne au conseil communal du 2 octobre dernier, une initiative prise dans le cadre de la campagne des ‘‘communes hospitalières’’ initiée par le CNCD-11.11.11.

    Ce soir -là, il y avait du monde aux portes de l’Hôtel de Ville. Des dizaines de personnes étaient venues soutenir plusieurs interpellations communales : ‘‘commune hospitalière’’, celle de la Voix des sans-papiers (VSP) concernant l’avenir de leur occupation, celle visant à supprimer le règlement communal sur la mendicité ou encore celle du collectif de riverains opposés au projet immobilier dans la zone du Ry-poney. Cette belle mobilisation n’est bien entendu pas étrangère à la décision du bourgmestre Willy Demeyer (PS) de créer un groupe de travail sur la question migratoire à Liège. Il y a également fort à parier que les récents sondages – très favorables au PTB et à Ecolo en Cité ardente – poussent les autorités à être plus sensibles aux mobilisations sociales.

    Qu’est qu’une commune hospitalière ?

    La campagne revendique notamment que la Ville de Liège mette à disposition ‘‘des logements adaptés et abordables’’ pour les familles migrantes, mais aussi ‘‘pour toutes les personnes dans le besoin’’. Elle réclame également le soutien de la ville aux occupations de bâtiments par les sans-papiers ou encore que la police opérant sur Liège ne procède pas à l’arrestation de familles en situation illégale et, entre autres, ‘‘qu’aucune personne en séjour irrégulier venant déposer plainte, car elle a été victime d’un abus ou de violence’’ ne reçoive l’ordre de quitter le territoire.

    Toute une série d’autres mesures sont aussi réclamées visant à garantir les droits des personnes sans-papiers en termes d’aide au CPAS, d’information quant à leurs droits et à la manière de les défendre, d’accès aux soins de santé, de cours de français-langue étrangère ou encore à l’éducation de manière générale (surtout pour les mineurs étrangers non accompagnés).

    Cette campagne ne se limite d’ailleurs pas à Liège. En septembre, des actions ont eu lieu le même jour dans 53 communes, ce qui représente tout de même une commune francophone sur cinq !

    Quelles perspectives pour la suite ?

    La première chose est de rester vigilant et de maintenir la pression sur le conseil communal afin que le groupe de travail n’accouche pas de miettes symboliques. Dans le tract distribué par le PSL au rassemblement du 2 octobre, nous écrivions notamment : ‘‘Une pression efficace sur une autorité s’exerce par le nombre (…) les différentes mobilisations devraient être attentives à leurs revendications respectives et y faire échos, mais devraient également tenter davantage de lier leurs causes avec les intérêts de la population liégeoise dans son ensemble. (…) les personnes migrantes doivent recevoir un accès au logement, mais l’ensemble des Liégeois a intérêt à ce que la ville investisse dans un programme massif de construction de logements de qualité à prix abordable ou applique la loi sur la réquisition des logements inoccupés. De même, demander à la police communale de ne procéder à aucune arrestation pour irrégularité sur le territoire n’a aucun sens si dans le même temps, on criminalise les SDF et les mendiants.’’

    Nous terminions en expliquant que ‘‘lier les revendications, unifier les luttes, c’est donc tisser les liens de solidarité et accroître la mobilisation qui permettra à toutes et à tous de l’emporter. Et c’est du même coup inciter d’autres localités à entrer en lutte pour imposer un agenda de progrès social. Loin d’être isolée, Liège pourrait alors être un tremplin pour étendre la mobilisation à d’autres localités.’’

    La meilleure manière d’en finir avec la politique raciste de ce gouvernement serait de le faire chuter. Une occasion s’était présentée avec le plan d’action syndical de l’automne 2014 qui avait culminé avec la grève générale du 15 décembre 2014. Mais cette opportunité n’a pas été saisie. La campagne des ‘‘communes hospitalières’’ offre le potentiel d’une politique locale de rupture avec celle du fédéral. À moins d’un an maintenant des élections communales de 2018, cela aura le mérite de participer au débat sur le type de politique progressiste dont nous avons besoin et sur la manière de construire un éventuel réseau de communes progressistes qui pourraient accompagner la lutte sociale contre le gouvernement fédéral et le gouvernement wallon.

  • Une déléguée se préoccupant du sort des réfugiés licenciée par la Croix-Rouge

    La Croix-Rouge de Flandre a annoncé le 20 juin dernier avoir l’intention de renvoyer Melissa, une déléguée du SETCa. Le 4 juillet, son contrat de travail a été suspendu dans le cadre de la procédure de licenciement. L’affaire est portée au tribunal du travail d’Anvers le 5 septembre. Melissa a travaillé huit années durant dans un centre pour demandeurs d’asile, dont 5 en tant que déléguée syndicale.
    La raison officielle de ce renvoi est un appel au personnel de Fedasil et de la Croix-Rouge pour participer aux actions de la Journée mondiale des réfugiés (20 juin). Les procédures de demande d’asile sont longues et éreintantes, pour les demandeurs d’asile bien entendu, mais tout n’est pas rose pour le personnel des centres.

    Sur le texte de l’appel figuraient les logos de la Croix-Rouge et de Fedasil. Suite à une demande effectuée le 14 juin, ceux-ci ont été retirés par la déléguée. Cela n’en a pas moins constitué un motif de renvoi une semaine plus tard sous le prétexte qu’une action menée lors de la Journée mondiale des réfugiés est un acte qui critique Fedasil alors que la Croix-Rouge travaille pour Fedasil.

    Visiblement, se préoccuper du sort des demandeurs d’asile est une cause de licenciement pour la Croix-Rouge. Se sentir concerné par ceux-ci n’est pas une approche correcte pour le gouvernement. Défendre un accueil humain des demandeurs d’asile, dans des centres décents est pourtant chose logique, tant pour les personnes concernées que pour le personnel qui travaille dans ces centres.

    De toute évidence, la Croix-Rouge a cherché une excuse pour se débarrasser d’une déléguée encombrante. Fin du mois d’avril, Melissa avait défendu des collègues sévèrement punis dans un centre en raison d’une négligence qui n’était pas de leur ressort. Ce n’est du reste pas la première fois que la Croix-Rouge licencie des délégués syndicaux gênants.

    Le 5 septembre, une action de soutien à Melissa et en défense des droits des délégués a lieu à Anvers. Les syndicats doivent prendre cette problématique en main : une attaque contre l’un d’entre nous est une attaque contre nous tous. Si cela passe, d’autres délégués subiront le même sort à la Croix-Rouge.

    5 septembre, 14h30, Palais de Justice d’Anvers

  • Faisons de Liège une “ville refuge” !

    20 AVRIL – 19H00- CAFET’COLLECTIVE KALI (rue St Thomas n°32, 4000 Liège)

    Débat avec
    – François Grenade, chargé de la campagne “justice migratoire” au cncd
    Amélie Faye, travailleuse de l’asbl d’aide aux sans-papiers Point d’appuis
    Pietro Tosi, permanent au MOC pour le comité des travailleurs sans-papiers

    Sans-papiers, Sans droits?

    Alors que dans la majeure partie du globe les migrants séjournant un territoire national sans autorisation préalable ( ceux que l’on nomme communément les sans-papiers) constituent une partie
    de la population privée de tout accès aux services publics, aux mécanisme de sécurité sociale, au marché du travail. Alors qu’ils sont constamment l’objet de traques policières, alors même qu’ils sont privés de tout droit, des villes se constituent en “villes refuges” et s’emploient à élargir les droits dont bénéficient les sans-papiers, à rebours de leurs législations nationales. Loin d’être tombée du ciel, cette situation est le fruit de la mobilisation des organisations de sans-papiers et du mouvement de solidarité qui les soutient.

    Comment faire de Liège, à l’instar de Montréal ou Barcelone, une commune hospitalière? Quelle stratégie pour contraindre les autorités de laisser les sans-papiers accéder aux services de base, aux soins de santé, à l’aide alimentaire ou au logement?

    Une initiative sections liégeoises des Etudiants de Gauche Actifs (EGA) et des Jeunes Organisés et Combatifs (JOC).

    => Evénement Facebook

  • Manifestation contre Theo Francken à Gand

    Hier soir, quelque 300 manifestants ont occupé le centre-ville de Gand avec une vibrante marche de la solidarité. Ils entendaient de cette manière exprimer leur opposition aux ignobles propos de Theo Francken de même qu’à sa politique. Le Secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration membre de la N-VA était en visite dans cette ville à l’invitation de la Vlaams RechtsGenootschap (l’association des étudiants en droit de l’université de Gand). Francken a pas mal fait parler de lui ces derniers jours en déclarant que les opérations de sauvetage de Médecins Sans Frontières (MSF) en Méditerranée ne faisaient que “causer indirectement plus de morts”.

    Par Bart Vandersteene

    Pour cet apprenti-Trump, MSF contribue à la traite des êtres humains et encourager l’immigration illégale! Rien de bien surprenant de la part de la droite, selon laquelle les allocations de chômage encouragent à rester au chômage. Peut-être ces politiciens antisociaux soupçonnent-ils également que l’assurance maladie incite à être malade ?

    Les politiciens tels que Francken et Trump instrumentalisent la crise des réfugiés (qui découle notamment de leur politique impérialiste) pour stimuler la peur et le rejet de l’autre dans la population. La manœuvre est bien pratique pour détourner l’attention des dégâts de leurs politiques antisociales favorables aux riches.

    Le PSL et les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) ont bien entendu participé à cette manifestation et y ont crié divers slogans en défense de la cause des réfugiés. Nous nous sommes adressés aux autres participants en parlant de l’impérialisme et de l’exploitation capitaliste ainsi qu’en les encourageant à s’impliquer dans notre combat pour une autre société, une société socialiste.

    Après une courte manifestation, nous avons rejoint un groupe qui voulait mener une action là où Francken devait prendre la parole. Hélas, les organisateurs de la marche de la solidarité avaient choisi de ne pas prendre cet endroit comme destination de la manifestation. Si le cortège s’était dirigé vers les quartiers étudiants, il aurait certainement été possible d’atteindre les 500 participants. Plusieurs centaines de personnes auraient ainsi pu participer à l’action de protestation dans les bâtiments de l’université. Au final, une cinquantaine de militants ont déclaré haut et fort à Theo Francken qu’ils refusaient ces propos scandaleux et qu’ils s’opposaient à la normalisation de ce type de discours à l’université.

    Betoging tegen Francken in Gent // Jean-Marie Versyp

  • Favoriser un climat raciste sert à dévier l’attention des nouvelles mesures antisociales

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    Il y a moins d’un an, s’exprimait en Belgique une grande solidarité spontanée envers les réfugiés fuyant la guerre. La N-VA était alors la première à vouloir contrarier cet élan d’entraide en semant la méfiance et la confusion.

    Par Els Deschoemacker, édito de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

    Liesbeth Homans, notamment ministre (N-VA) du Logement au gouvernement flamand, avait suggéré : ‘‘Nous avons en Flandre 140.000 logements sociaux et une liste d’attente de 70.000 personnes (…) au sein de laquelle des gens aux situations financières difficiles se trouvent depuis déjà très longtemps. Je ne vais bien entendu pas leur [les réfugiés] donner la priorité.’’ (Deredactie.be, 10 septembre 2015). Le parti champion des politiques antisociales se présentait tout à coup comme le grand défenseur des défavorisés ! La liste d’attente en Flandre pour un logement social compte aujourd’hui 105.370 personnes, soit 13 % de plus qu’en 2013.

    L’objectif ? Monter les différents groupes de la population les uns contre les autres en espérant éviter ainsi qu’une lutte commune les réunisse afin de mettre un terme à des années d’austérité et d’arracher plus de moyens pour les logements sociaux et la politique sociale.

    Ce n’est pas un hasard si ces provocations perdurent, du ‘‘pushbacks des réfugiés en mer’’ (Francken) aux musulmans qui auraient ‘‘dansé après les attentats’’ (Jambon), en passant par les propos désobligeants de De Wever qui a comparé le burkini à une tente. Le soi-disant ‘‘féministe’’ Bart De Wever se prononce prétendument pour l’émancipation des musulmanes : un cadeau empoisonné.

    Ce n’est pas de l’émancipation des musulmanes dont il est question. Si c’était le cas, les budgets de l’enseignement, des soins de santé, des crèches, de l’aide aux seniors,… ne seraient pas au régime. Davantage de moyens dans tous ces secteurs, voilà en quoi consisterait une politique réellement émancipatrice qui offrirait à chaque femme de pouvoir faire les choix de vie qui lui conviennent afin de prendre place dans cette société, qu’importe son origine ou sa religion.

    Partout à travers l’Europe, un discours islamophobe et raciste est utilisé pour détourner l’attention des politiques anti-sociales. L’establishment capitaliste veut affaiblir l’opposition face à sa politique d’austérité, pro-riches en semant la méfiance et la division parmi les travailleurs et la jeunesse. L’exemple le plus récent est l’interdiction du burkini sur certaines plages françaises. Il n’a pas fallu bien longtemps pour que ce débat traverse la frontière.

    Pas besoin d’être un partisan du burkini pour voir que cette politique vise à jouer sur les émotions pour repousser les tensions sociales. Dans un contexte d’expansion des guerres au Moyen-Orient – avec l’implication de diverses forces impérialistes occidentales qui défendent uniquement leurs propres intérêts au prix de millions de morts, de familles disloquées et de réfugiés – combiné ici à une politique d’exclusion sociale et de croissance de la pauvreté, il ne s’agit pas d’une recette pour moins, mais bien pour plus de radicalisme, de terrorisme et de désespoir. La droite saisira ensuite cela comme prétexte pour restreindre les libertés démocratiques et renforcé sa gestion musclée et répressive de la société.

    Cette rhétorique de diviser pour mieux régner n’est pas innocente et ne se limite pas en Belgique aux islamophobes et aux racistes. Le spectre communautaire menace lui aussi de mettre des bâtons dans les roues de la résistance sociale cet automne. Pour assurer l’unité des travailleurs, il nous faut un programme qui relie la défense des droits démocratiques les plus larges possible à la nécessité d’une transformation socialiste de la société afin de répondre aux besoins de la majorité de la population. Cette approche est cruciale dans la lutte contre le gouvernement et, par extension, contre le système capitaliste tout entier. Ce système ne nous offre que racisme, guerre, pauvreté et exploitation.

    Saisissons la manifestation nationale du front commun syndical du 29 septembre contre la politique gouvernementale comme moyen de construire cette unité. Le mécontentement et le manque de moyens croissant dans tous les domaines exigent une action résolue ainsi qu’une stratégie pour vaincre.

  • L’accord conclu avec la Turquie aggrave la situation des réfugiés

    stopfortresseLe nombre de réfugiés syriens qui atteint l’Europe diminue fortement. Pour l’establishment, c’est le signe que la crise des réfugiés est résolue. Ils se moquent du fait que nombreux sont ceux qui fuient des pays comme la Syrie. La seule chose qui leur importe, c’est qu’ils n’arrivent pas jusqu’ici. La Belgique n’est pas en reste.

    Le gouvernement était presque fier de pouvoir annoncer sa participation aux interventions aériennes en Syrie, comme si ces guerres n’avaient pas de conséquences. C’est l’intervention impérialiste en Irak qui a ouvert la voie au développement d’un groupe aussi terriblement réactionnaire et sanguinaire que Daesh. Le triste bilan des 15 ans de ‘‘guerre contre le terrorisme’’ nous enseigne pourtant que bombarder un pays ou une région, cela ne conduit pas à la paix, au contraire ça alimente la barbarie.

    L’accord conclu entre l’Union européenne et la Turquie vise à stopper l’afflux de réfugiés en Turquie. Pour amadouer le président-dictateur turc Erdogan à cette fin, l’Union européenne a mis plusieurs milliards d’euros sur table. Tout à coup, les ‘‘valeurs occidentales’’ telles que la démocratie ne comptent plus ! À l’heure actuelle, 2,5 millions de réfugiés syriens s’entassent en Turquie. La promesse de l’UE d’en recueillir 20.000 en plus sur deux ans fera peu de différence. Au total, 160.000 réfugiés en provenance de Turquie, de Grèce, d’Italie,… devraient être répartis dans toute l’UE. Au moment d’imprimer ce journal, le compteur n’en était encore qu’à 1500.

    Cette stratégie visant à bloquer les réfugiés en Turquie est vouée à l’échec. Cet accord a immédiatement été critiqué par des organisations de défense des droits humains comme Amnesty International et Human Rights Watch. La Turquie est loin de constituer un pays sûr… Des preuves existent concernant l’exploitation d’enfants syriens dans des usines turques. La Turquie a fermé ses frontières avec la Syrie à plusieurs reprises, laissant des camps de réfugiés en Syrie sans moyen et sous la menace constante de la guerre. Sur le plan intérieur, Erdogan mène une véritable guerre contre la population kurde et réprime tous ses opposants. Que faire si la Turquie glisse davantage vers une guerre civile incontrôlable ? Que faire si la Turquie devient une nouvelle Syrie ou un nouveau Pakistan ? Où iront les 2,5 millions de réfugiés syriens qui sont déjà en Turquie ?

    Ailleurs, les problèmes demeurent énormes. La guerre civile en Afghanistan a connu un nouvel essor ces derniers mois. Le nombre de personnes déplacées dépasse désormais le million. D’autres points chauds existent encore : l’Irak, la Libye, la Somalie,… La fin de la crise des réfugiés n’est pas à l’horizon.

    Le sort des réfugiés en Europe n’est pas rose non plus. Un grand nombre d’enfants (mineur étranger non accompagné – MENA) a tout simplement disparu. Au cours des quatre premiers mois de cette année, Child Focus a ouvert 32 dossiers en Belgique uniquement. Ce n’est là que la ‘‘pointe de l’iceberg’’, selon les dires de l’organisation. Ces enfants atterrissent souvent dans l’esclavage sexuel ou domestique.

    La situation des réfugiés est encore aggravée par les pénuries sociales en termes d’emploi, de logement, de services publics,… Le rêve d’un avenir meilleur est devenu cauchemar pour beaucoup. Cela ne vaut pas pour tout le monde, les passeurs font des affaires en or. Europol estime que ce “business” équivaut à un chiffre d’affaires de 5 à 6 milliards de dollars en 2015.

    Ce système sans avenir permet à des criminels de faire des profits au détriment de la majorité de la population. Nous devons nous soulever contre le capitalisme et défendre un système débarrassé des guerres, de la pauvreté et de la misère.

  • La crise des réfugiés illustre la faillite du système

    ref_bandLe mouvement des travailleurs doit prendre en charge la défense de toute la classe sociale!

    La longue crise de réfugiés et ses tragédies humaines quotidiennes révèlent au grand jour l’inefficacité et le caractère inhumain de la politique européenne. La Méditerranée et la mer Égée deviennent une fosse commune tandis que la politique de ‘‘push back’’ de l’Union européenne ou de ses États membres détruit les derniers vestiges de l’image d’une Union Européenne phare des prétendues ‘‘valeurs occidentales’’.

    Par Fabian (Gand)

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    Manifestation contre le centre fermé de Vottem, Liège, avril 2016. Photo: Julie.

    Durant le troisième week-end d’avril uniquement, plus de 400 réfugiés ont trouvé la mort par noyade aux frontières de l’Europe-Forteresse. En 2015, au moins 3.770 personnes ont été tuées en tentant d’atteindre les côtés grecques ou italiennes. En Grèce, 54.000 réfugiés sont bloqués dans des conditions désastreuses depuis la fermeture de la ‘‘route des Balkans’’. Ceux qui cherchent à poursuivre leur périple en direction de l’Europe occidentale font face aux ‘‘vigiles’’ d’extrême droite et ensuite aux abris insalubres ou tout simplement aux expulsions. Après l’évacuation massive du camp de tentes à Calais, 129 enfants non accompagnés ont disparu.

    L’hypocrisie européenne

    L’Union européenne semble totalement incapable d’obtenir l’exécution des mesures qu’elle préconise. Après avoir remplacé les opérations humanitaires en Méditerranée par l’opération Frontex plus – une opération militaire contre les bateaux de réfugiés – l’UE est rapidement venue à la conclusion que les frontières maritimes de l’Europe étaient impossibles à surveiller. Le plan européen de répartition des réfugiés a sombré : seules quelques centaines des 160.000 réfugiés qui devaient être répartis l’ont effectivement été. De nombreux pays européens ont déjà fermé leurs frontières. La libre circulation des personnes au sein de l’UE – l’accord de Schengen – n’existe plus que sur papier.

    L’accord conclu entre l’Union européenne et la Turquie qui vise au retour des réfugiés qui essayent de se rendre en Grèce craquèle déjà. Non pas à cause de la violence meurtrière des gardes-frontières turcs contre les réfugiés. Non pas parce que la Turquie renvoie des réfugiés en pleine zone de guerre ou viole les droits de l’homme. La Turquie est toujours considérée comme un pays ‘‘sûr’’. Selon Amnesty International pourtant, les autorités turques renvoient tous les jours une centaine de personnes en Syrie depuis la mi-janvier. Non, c’est parce qu’Erdogan exige l’abolition des visas pour les Turcs qui souhaitent voyager dans l’UE. C’est cela qui pose problème aux politiciens européens.

    Il faut la solidarité de toute la classe des travailleurs

    L’échec logique de cette politique inhumaine de répression et de criminalisation des réfugiés est symptomatique d’un système qui se heurte à ses propres limites. Les intérêts géopolitiques et la course au profit dégénèrent en conflits militaires au Moyen-Orient et en Afrique. Pendant ce temps, la droite et l’extrême droite instrumentalisent la crise des réfugiés en affirmant que notre sécurité sociale et les ‘‘valeurs occidentales’’ seront mises sous pression. Les médias sociaux se font le relais d’un nombre grandissant de propos racistes.

    Notre sécurité sociale et ce que les élites entendent par ‘‘valeurs occidentales’’ comme la démocratie ou la liberté d’expression sont des réalisations historiques du mouvement ouvrier. Cela, l’establishment oublie de le préciser. Ce sont précisément les gouvernements austéritaires de ces dernières décennies qui ont mis ces acquis sous pression dans leur empressement à servir les banquiers et les patrons. Le mouvement des travailleurs doit ré-assumer son rôle de défense de la classe ouvrière dans sa totalité, ici et ailleurs. Les réfugiés et les sans-papiers devraient être impliqués dans la lutte contre l’austérité, en y défendant leurs revendications comme la régularisation de tous, des investissements massifs dans les services sociaux tels que les centres d’accueil et l’emploi, en liant par exemple ce dernier point à la réduction collective des heures de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires. L’argent dont nous avons besoin pour cela, nous savons où il se trouve : nous pourrons le mobiliser par la collectivisation démocratique des secteurs-clés de l’économie au service des nécessités sociales.

  • Crise des réfugiés : aucune solution n’existe sans en finir avec l’impérialisme

    europe_forteresseUne réponse socialiste à la guerre et à la crise des réfugiés

    Les articles et reportages au sujet de la tragédie humanitaire des réfugiés issus de Syrie, de Libye, d’Irak, d’Afghanistan ou encore de Somalie n’ont pas manqué dans les médias de masse. Le traitement qui leur est réservé par les divers pays européens a également été largement couvert. Par contre, le traitement des raisons de cet exode désespéré fut extraordinairement pauvre. La réalité des chiffres est pourtant implacable : parmi les demandeurs d’asile qui arrivent en Europe par la Grèce (actuellement plus de la moitié du total), plus de 85 % sont issus de Syrie, d’Afghanistan, d’Irak et de Somalie. Dans tous ces pays, les interventions militaires occidentales ont fortement contribué à créer les situations de cauchemar, contraignant une partie de la population à prendre la fuite. En Belgique, plus de 70 % des demandeurs d’asile proviennent de pays en guerre.

    Dossier, par Nicolas Croes

    Les interventions impérialistes menées en Afghanistan (depuis 2001) et en Irak (depuis 2003) au nom de la ‘‘guerre contre le terrorisme’’ ont conduit à une situation explosive au Moyen-Orient. En avril 2015, un rapport intitulé ‘‘Body Count : Casualty Figures after 10 Years of the ’War on Terror’’’ a été publié par les organisations de médecins Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire, Physicians for Social Responsibility et Physicians for Global Survival. Ce rapport fait état de la mort d’au moins 1,3 million de personnes en Irak, en Afghanistan et au Pakistan (essentiellement victimes de drones américains) entre 2001 et 2013. Ce ne serait du reste qu’une ‘‘estimation basse’’ ne tenant pas compte d’autres pays en conflit comme le Yémen, la Somalie, la Libye et la Syrie. Les trois associations évoquent un ‘‘crime contre l’humanité proche du génocide’’. Ce rapport, qui n’a pas été contesté, a été quasiment ignoré par la suite dans toute l’agitation autour de la situation au Moyen-Orient.

    Couplées à l’échec partiel des soulèvements de masse contre les régimes dictatoriaux de la région qui avaient notamment mis fin aux règnes de Ben Ali en Tunisie et de Moubarak en Égypte en 2011, ces destructions ont ouvert la voie à la violence sectaire et au développement de forces réactionnaires telles que l’État Islamique. En Syrie, avec le soutien indirect et ‘‘stratégique’’ de puissances occidentales à des factions ne menaçant pas leurs intérêts, le mouvement de masse contre Bachar al-Assad a dégénéré en une sanglante guerre civile. Plus de 250 000 syriens ont perdu la vie, pendant que plus de 11 millions de personnes devaient fuir le pays. Les attentats terroristes sont devenus une réalité quotidienne au Moyen-Orient : en 2015, 78 % des décès liés au terrorisme ont eu lieu en Irak, au Pakistan, en Afghanistan, en Syrie et au Nigeria.

    Les bombardements actuellement effectués par les USA en Syrie aux côtés de la France et d’autres pays ne feront rien pour ramener la paix, ils ne feront qu’augmenter le nombre de morts, la misère et le flot de réfugiés contraints de fuir pour sauver leur vie. Quant à la Belgique, les États-Unis viennent de formellement demander qu’elle étende à la Syrie ses missions de bombardement menées jusqu’ici en Irak.

    Une sanglante tradition

    La responsabilité de l’impérialisme occidental dans les massacres et l’oppression de la région a déjà une longue histoire derrière elle. À la suite du dépeçage de l’Empire Ottoman et du processus de décolonisation, chaque force qui a menacé les intérêts des différentes puissances occidentales a dû faire face à des interventions de différentes formes.

    Quand, en 1956, le dirigeant nationaliste égyptien Nasser a annoncé la nationalisation du canal de Suez, les gouvernements français et britannique se sont associés au gouvernement israélien pour lancer une invasion – désastreuse – de l’Égypte. Peu avant, en 1953, le nationaliste iranien Mohammad Mossadegh a subi la colère des puissances occidentales après avoir nationalisé l’industrie pétrolière du pays, jusqu’alors sous contrôle britannique. Il fut renversé par le coup d’État du général Fazlollah Zahedi avec l’aide occidentale, puis placé en résidence forcée jusqu’à sa mort. Les exemples de ce type sont légion.

    Diverses forces réactionnaires ont parallèlement bénéficié des largesses de l’impérialisme. La doctrine wahhabite de l’islam politique (partagée par l’élite dirigeante d’Arabie saoudite et du Qatar ainsi que par l’État Islamique) a été soutenue par les autorités britanniques après la première guerre mondiale, puis par les Etats-Unis après la deuxième. Le régime saoudien a ainsi été autorisé à commettre des actes barbares sans que cela ne pose le moindre problème pour peu que l’accès au pétrole soit garanti. Cela a aussi permis aux États-Unis de disposer d’un accès facile à des alliés tels que les moudjahidines (dont sont issus les talibans), en lutte contre l’invasion soviétique de l’Afghanistan après 1979. Ce n’est qu’après les attentats du 11 septembre 2001 que l’impérialisme américain s’est retourné contre son ancien allié.

    Quelle approche défendre ?

    En Libye, en 2011, les révoltes à Benghazi et à Tripoli n’avaient pas au début un caractère réactionnaire, mais faisaient partie de ce que l’on a appelé le “Printemps arabe”. Les jeunes qui avaient commencé la révolution disaient explicitement ‘‘ceci est notre révolution, nous ne voulons aucune intervention de l’impérialisme’’ à l’aide de banderoles, etc.

    Mais des forces réactionnaires ont utilisé la brutalité du régime Kadhafi et la peur de ses chars qui marchaient sur la ville pour s’emparer de la direction du mouvement à Benghazi. Pour Kadhafi, cela a constitué une excuse parfaite. Il ne s’attaquait plus maintenant à une révolution, mais à des réactionnaires. Pour l’Otan, c’est cela qui a ouvert la voie aux bombardements et qui a permis à l’impérialisme occidental d’à nouveau affirmer son rôle dans la région.

    Si un parti révolutionnaire avait défendu la réorganisation du mouvement des jeunes révolutionnaires, des travailleurs et des pauvres par l’instauration de comités de défense démocratiques tout en lançant un appel à la solidarité envers les troupes de Kadhafi et les masses de Tripoli, qui elles aussi étaient descendues en masse dans les rues au commencement, les choses auraient été complètement différentes.

    En Syrie, nous nous opposons aux interventions des impérialistes et de leurs alliés et sommes favorables au retrait de toutes les troupes étrangères ainsi qu’à la mise en place de comités de résistance unitaires et non sectaires afin de défendre contre les attaques religieuses sectaires les travailleurs, les pauvres ainsi que les autres couches opprimées. Nous défendons la garantie de droits démocratiques pour tous – quelle que soit l’ethnie, la religion et la nationalité – ainsi que la tenue d’élections démocratiques honnêtes pour une assemblée constituante révolutionnaire et pour une confédération socialiste libre du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.

    Dans une situation qui entre-temps a dégénéré en guerre civile, tout cela peut sembler improbable et lointain. Une situation difficile et sans issue ne nous dispense cependant pas de montrer et de défendre des éléments de sortie de crise pour le mouvement des travailleurs. Mettre “en pause” la lutte de classes signifie de laisser l’initiative aux forces réactionnaires. Il est correct de s’opposer à une intervention impérialiste, mais l’alternative à l’intervention n’est certainement pas une “solution politique” entre les forces impérialistes et les régimes dictatoriaux de la région. Nous ne devrions alors compter que sur ceux qui ont justement déclenché la guerre civile, le régime d’Assad et les rebelles armés par l’impérialisme, l’Arabie saoudite et le Qatar.

    Aucun conflit armé, où que ce soit dans le monde, n’a jamais pu être réglé de cette manière. La seule “solution politique” qui peut permettre de mettre un terme à un conflit armé entre ces forces, est soit lorsqu’un de ces camps est si affaibli qu’il ne peut plus s’en sortir autrement, soit lorsque les deux camps sont totalement épuisés. Nous ne pouvons hélas pas exclure le fait que c’est ce dernier scénario qui attend la population syrienne. Même alors, toute trêve créera un espace pour une restauration graduelle du mouvement des travailleurs. Mais nous ne proposons pas d’attendre cette trêve sans que le mouvement social ne prenne la moindre initiative indépendante afin de hâter la fin du conflit.

    Et en Europe ?

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    Manifestation anti-guerre ce dimanche 24 avril, à 14h, Gare Centrale à Bruxelles.

    Le mouvement qui s’est opposé à la guerre en Irak en 2003 a marqué les mémoires par son caractère massif. Des centaines de milliers de personnes avaient défilé à plusieurs reprises à travers le monde contre cette intervention. Toute une génération de jeunes militants est entrée dans l’activité politique par ce biais. Aujourd’hui, les différents mouvements de solidarité avec les réfugiés – des manifestations aux collectes de vivres – ont illustré le potentiel qui existe pour un mouvement large. Cependant, les revendications doivent impérativement sortir de l’approche uniquement humanitaire pour aborder des thèmes politiques, comme l’opposition aux aventures impérialistes. On proposera aussi d’aller chercher chez les plus riches les ressources nécessaires à un accueil digne pour les réfugiés. Ceci peut assurer à chacun, réfugié ou non, de bénéficier d’un véritable avenir, avec une sécurité sociale renforcée, un emploi de qualité, un accès gratuit à un meilleur enseignement,…

    Il faut saisir cette richesse dans les caisses de la classe capitaliste en Europe comme à l’étranger. Les régimes du Moyen-Orient ne font rien non plus pour aider les réfugiés, pas même reconnaître le droit d’asile dans leur pays. De vastes sommes détenues par les élites milliardaires d’Arabie saoudite et d’autres régimes du Moyen-Orient sont placées au loin dans les pays européens. Plus de 80 % des propriétés d’une valeur de plus de 2 millions de £ à Londres sont par exemple propriété de personnes issues des milieux d’affaires de l’étranger, dont beaucoup du Moyen-Orient. Les richesses des élites du Moyen-Orient en Europe devraient être elles aussi saisies pour s’occuper des réfugiés qui fuient leurs régimes et leurs guerres.

    L’accueil des réfugiés et la faillite du projet européen capitaliste

    La discussion portant sur les réfugiés menace de déchirer l’Union européenne et met en évidence à quel point les politiciens capitalistes – européens ou non – sont incapables d’offrir une solution à la crise des réfugiés. Ils tentent tous de se décharger du problème sur d’autres pays que le leur, tout en laissant les réfugiés vivre dans des conditions inhumaines effroyables.

    L’UE n’est pas connue sous le nom d’Europe-forteresse pour rien. La tragédie des réfugiés qui se noient dans la Méditerranée a précisément été causée par la politique de l’Union au cours de ces dernières années.

    La construction de murs énormes, gardés par des soldats armés, a stoppé les gens qui traversent l’Europe par voie terrestre. Ceux-ci ont donc pris la mer. Les politiciens capitalistes ont réagi en réduisant le nombre de navires de sauvetage, pour tenter de rendre le trajet plus dangereux encore que les pays d’origine des réfugiés – et donc décourager les candidats à l’exil. Le nombre de noyés a donc augmenté. En avril 2015, on estime que 1 308 migrants sont morts en mer, contre 42 en avril 2014, quand les bateaux de l’opération Mare Nostrum étaient encore en activité.

    L’été dernier, les politiciens capitalistes ont temporairement changé leur fusil d’épaule et un certain nombre de pays – en particulier l’Allemagne – ont ouvert leurs frontières, permettant à plus de réfugiés d’entrer. Cette phase n’a cependant pas duré longtemps. Rapidement, les différents pays de l’UE ont commencé à se chamailler en essayant de se refiler des réfugiés. L’accord de Schengen censé permettre la libre circulation dans de grandes parties de l’UE a été suspendu dans les faits, divers pays réintroduisant les uns après les autres des contrôles à leurs frontières.

    L’accord avec l’État turc

    La dernière ruse qui a émergé d’un sommet de l’UE est d’essayer de payer le gouvernement turc pour qu’il agisse comme une police des frontières, en retenant les réfugiés qui tentent d’atteindre l’Europe.

    Dans son désespoir de se décharger de la crise des réfugiés sur la Turquie, l’UE a fermé les yeux sur le caractère antidémocratique du régime turc et la guerre qu’il mène contre le peuple kurde. Le gouvernement turc est encore récemment intervenu pour reprendre en main le plus grand journal du pays, qui avait osé le critiquer. Le président Erdogan pense même à étendre la définition de terroriste aux journalistes !

    Le gouvernement turc mène une guerre civile brutale contre le peuple kurde dans le sud-est du pays, faisant des centaines de morts. Il a également bombardé des villages contrôlés par les Kurdes en Syrie, ce qui a efficacement aidé l’Etat Islamique. Les puissances européennes n’ont rien fait de plus que de doucement réprimander Erdogan pour ce crime.

    Tout ce qui nous divise nous affaiblit

    Les propositions de l’UE visent aussi à transformer la Grèce en un enclos géant – un camp de prisonniers en réalité – pour les réfugiés. Suite à la fermeture de la frontière entre la Grèce et la Macédoine, il y aura bientôt environ 70.000 réfugiés bloqués en Grèce. Cette décision n’a pas été prise par le gouvernement macédonien à lui seul, elle provient d’un ‘‘mini-sommet’’ qui a réuni les autorités autrichiennes et les États d’Europe centrale et orientale. La Grèce n’a même pas été invitée.

    La grande majorité des réfugiés n’a pas pour objectif de rester en Grèce mais de traverser le pays pour se rendre en Europe du Nord. Ils se retrouvent maintenant affamés et sans abri dans les rues. La Grèce souffre déjà des conséquences d’une vicieuse politique d’austérité imposée par l’UE, avec plus de 50 % de taux de chômage parmi les jeunes, et un salaire moyen qui a chuté de plus d’un tiers depuis le début de la crise. Le pays est maintenant censé se débrouiller avec les réfugiés qui parviennent à atteindre l’Europe.

    Le contrôle des décisions d’accorder ou non l’asile ne peut pas être laissé entre les mains des conservateurs ou des gouvernements tout aussi impitoyables du reste de l’UE. Le mouvement des travailleurs à travers l’Europe devrait exiger que des comités élus des travailleurs, avec des représentants des organisations de migrants, disposent du droit d’examiner les demandes d’asile et d’accorder l’asile.

    Beaucoup de travailleurs et de pauvres – en Grèce et ailleurs – estiment qu’alors qu’ils compatissent avec les souffrances des réfugiés, les services publics de leur pays et l’offre de logements ne peuvent pas faire face au nombre de personnes à la recherche d’un abri. Cette idée est martelée par les politiciens de droite, qui racontent constamment que si les travailleurs ne sont pas assez payés ou ne peuvent pas trouver de logement ou d’emploi décent, c’est à cause des migrants.

    Les politiciens capitalistes à l’échelle continentale se présentent comme des ‘‘durs sur la migration” en jouant sur les craintes des travailleurs, alors que ce sont ces mêmes politiciens capitalistes qui ont orchestré la dégradation sociale et le saccage des services publics.

    Les réfugiés et les migrants ne sont pas responsables de l’austérité sans fin que nous avons endurée dans toute l’UE. Si nous laissons les gouvernements européens rejeter – à tort – la responsabilité de l’austérité sur les migrants, au lieu de pointer du doigt le système capitaliste en crise et les banquiers et milliardaires qui en bénéficient, les capitalistes vont réussir à broyer nos conditions de vie. Il est vital que le mouvement des travailleurs offre une issue, faute de quoi l’extrême droite pourra en profiter.

    NON à l’Europe capitaliste, pour une Europe des travailleurs !

    Le fait que l’UE soit en pleine crise existentielle devant son incapacité d’accueillir environ un million de réfugiés sur une population totale de 500 millions est une vibrante condamnation du projet capitaliste européen. Pourtant, selon le journal britannique The Guardian, il y a onze millions de foyers inoccupés dans l’UE, alors même que le nombre de sans-abris est estimé à 4,1 millions. En Belgique, les chiffres sur l’inoccupation des logements s’obtiennent difficilement. Mais dans la Région bruxelloise, la Cellule logements inoccupés de la Région estime que 48.000 logements ne seraient pas habités, sur un parc bruxellois total de 300.000 adresses privées. S’en prendre à ce gaspillage permettrait de résoudre la crise du logement de la population et d’abriter les réfugiés.

    L’UE n’est pas un projet internationaliste. C’est en substance un rassemblement de grandes entreprises à travers l’Europe, avec pour but la maximisation des profits. Loin d’aboutir à l’harmonie européenne, comme l’illustre la crise actuelle des réfugiés, tout problème grave conduit à une augmentation des tensions nationalistes, alors que les différentes classes capitalistes d’Europe tentent d’assurer qu’elles ne doivent pas supporter le fardeau.

    Les lois et les traités de l’UE sont conçus pour aider les classes capitalistes d’Europe au détriment de la classe ouvrière et des pauvres. En conséquence de quoi, les plus modestes propositions visant à faire payer le 1 % le plus riche de la société pour la crise seraient déclarées illégales en vertu du droit de l’UE. Bien sûr, cela ne suffirait pas pour empêcher un gouvernement socialiste déterminé à mettre en œuvre de telles politiques, mais cela représenterait une difficulté supplémentaire à surmonter.

    Un gouvernement qui instaurerait une politique véritablement socialiste ne serait pas isolé. Il serait même extrêmement populaire, non seulement dans son pays mais aussi à l’échelle internationale. Il serait en mesure de lancer un appel international pour mobiliser le soutien des travailleurs à travers l’Europe et le monde.

    La seule manière de mettre définitivement fin à la crise des réfugiés est de se battre pour un monde socialiste démocratique basé sur la reprise en main collective et démocratique des secteurs clés de l’économie tels que la finance, la chimie, l’énergie,… Une société socialiste pourrait exploiter les richesses, la science et la technique créées par le capitalisme pour satisfaire les besoins de la majorité de la population à travers le monde. Ce n’est que sur cette base qu’il serait possible de disposer d’un monde où les gens seront libres de se déplacer s’ils le souhaitent et non pas pour fuir un cauchemar.

  • Manifestation "Vottem, camp de la honte. 17 ans, je ne l’accepte toujours pas!"

    vottem_2016C’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leurs victimes !

    Samedi 16 avril 2016,  14h, Espace Tivoli, Place Saint Lambert 

    Marche jusqu’au  centre fermé pour étrangers de Vottem (à l’appel du CRACPE)

    Ce samedi 16 avril se tiendra la manifestation contre le centre fermé pour étrangers de Vottem, comme chaque année depuis maintenant 17 ans. Les centres fermés sont des prisons qui cachent leur nom. Ils exercent une violence quotidienne à l’égard des personnes qui y sont détenues pour le seul crime d’avoir voulu fuir la misère, la guerre ou la dictature dans leur pays d’origine. La détention vise à casser la volonté de résistance pour préparer l’expulsion du pays. Cette violence atteint son paroxysme au moment de l’expulsion lorsque la personne est emmenée à l’avion: menottes, corps sanglé et entravé, coups, insultes,…

    Tract des Étudiants de Gauche Actifs // Tract en version PDF

    Dans le contexte de crise des réfugiés qui se développe en Europe depuis 2015, les centres fermés restent une expression frappante de l’approche anti-migratoire adoptée par les gouvernements successifs depuis plus de 20 ans, transformant lentement mais sûrement l’Europe en une véritable forteresse.

    Les moyens ne manquent pourtant pas pour accueillir dignement les réfugiés et d’assurer un bon avenir à tous, migrant ou pas. Jamais nous n’avons produit autant de richesses qu’aujourd’hui, jamais nous n’avons disposé d’autant de possibilités technologiques. Mais le fruit de ce travail est accaparé par l’élite capitaliste. Le récent scandale des “Panama papers” a une fois de plus illustré l’absurdité de ce système où, selon Oxfam, 62 personnes à peine à travers le monde possèdent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de l’Humanité. L’avenir de chacun peut être garanti, mais pour s’acquitter de cette tâche, nous ne pouvons en aucun cas faire confiance à des gouvernements qui, tout en offrant de généreux cadeaux au patronat (exonérations fiscales, privatisations, etc.) attaquent d’une main les conditions de vie et de travail de la population en pointant de l’autre les réfugiés et leur prétendu coût pour la société comme boucs émissaires.

    Non à l’impérialisme !

    vottem_2016_cracpeLa politique étrangère des gouvernements européens et plus largement des puissances impérialistes n’est de plus étrangère ni au développement du terrorisme, ni à celui des conflits régionaux qui poussent les populations locales à fuir leur pays. Depuis 2001, les 15 années de “guerre contre le terrorisme” on conduit à une situation explosive et cauchemardesque au Moyen Orient : plus d’un million de personnes y ont perdu la vie, les structures sociales ont été balayées par les bombes. Le monde est-il devenu plus sûr suite à ce désastre? Les seules à avoir bénéficié de ces aventures guerrières sont les multinationales pétrolières ou encore de l’armement.

    Outre les interventions directes, le soutien de circonstance des pays occidentaux à des alliés ultra-réactionnaires (qu’il s’agisse des précurseurs des talibans, d’Al-Qaïda dans les années ’80 ou de ceux de Daesh plus récemment, ou encore de régimes alliés des puissances occidentales comme l’Arabie Saoudite) a largement favorisé le développement de monstres de Frankenstein qui oppriment les populations des régions qu’ils contrôlent, sèment la terreur et finissent par mordre la main qui les a nourris.

    Les réfugiés sont-ils responsables des guerres en Syrie, en Irak ou en Somalie ? Personne ne part comme ça pour son plaisir. Le problème n’est pas que des gens veulent venir en Europe pour profiter. C’est au contraire un problème collectif pour ceux qui veulent échapper à la guerre, à la misère, etc. Et le gouvernement belge y contribue en participant à la guerre en Libye, en Irak, en Afghanistan et demain en Syrie.

    Nous devons lutter contre les politiques impérialistes de nos gouvernements et contre les causes qui poussent tant de millions de personens à fuir ou à se tourner par désespoir vers des alternatives aussi monstrueuses que l’Etat Islamique et d’autres forces réactionnaires. Une première occasion se présentera le 24 avril à Bruxelles lors de la manifestation contre la guerre et l’achat d’avions de chasse (voir au verso).

    Non au racisme !

    Les attaques terroristes ont créé un climat d’angoisse bien compréhensible dans la population. Les politiques vont, comme au lendemain des attentats de Paris, essayer de surfer sur ce climat pour imposer des mesures sécuritaires et répressives notamment en direction des migrants et des demandeurs d’asile qui bien souvent fuient précisément le type d’horreurs que nous avons connues à Bruxelles. Tout comme la présence de militaires en rue n’a pas empêché ces attentats d’avoir lieu, la fermeture des frontières ou toute autre forme de durcissement de la politique envers les migrants ne feront pas progresser notre sécurité d’un millimètre.

    Les racines du terrorisme se trouvent dans la politique étrangère et dans la politique antisociale de nos gouvernements. Ce sont ces politiques et les intérêts qu’elles servent (ceux des grandes entreprises) qu’il faut combattre, pas les droits des immigrés qui sont souvent les 1ères victimes du terrorisme. La meilleure manière d’isoler les terroristes et de combattre les conditions qui leurs permettent de disposer d’un soutien, c’est de lutter ensemble pour de meilleures conditions de vie pour tous. Parler de sécurité tout en appliquant une politique d’austérité qui transforme notre pays en cimetière social, c’est de la poudre aux yeux!

    Les réfugiés d’aujourd’hui sont les sans-papiers de demain

    Environ 40% des réfugiés se verront refuser leur droit à l’asile. Que feront-ils ? Ils deviendront sans-papiers. Et pour les sans-papiers, il n’y a que l’exploitation, une exploitation qui, de plus, instaure une pression à la baisse sur les conditions de travail de chacun. C’est pourquoi nous soutenons la revendication de la régularisation des sans-papiers.

    Une autre société est nécessaire !

    Mais, fondamentalement, aucun de ces problèmes ne pourra être résolu sans sortir de la logique d’exploitation et de discrimination du capitalisme. Luttons pour une société où l’économie sera enfin au service de la population et non des actionnaires !

    => Événement Facebook

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    • Samedi 16/04 :: Liège. Manifestation contre le centre fermé de Vottem. 14h, Espace Tivoli place Saint Lambert
    • Dimanche 24/04 :: Bruxelles. Manifestation anti-guerre “Pas d’avions de chasse” contre l’achat de nouveaux chasseurs par l’armée belge. 14h, Gare de Bruxelles-Central. (plus d’infos)
    • Du 1er au 6 juillet :: Genk. Camp d’été des Étudiants de Gauche Actifs (plus d’infos)

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    Rejoins les Étudiants de Gauche Actifs !

    Le capitalisme – confronté à une crise économique, sociale, écologique et migratoire – n’a aucune réponse à nous apporter. Il n’engendre que guerre et misère. Une autre société est donc nécessaire, mais c’est plus facile à dire qu’à faire ! Se baser sur le sentiment d’indignation et de frustration n’est pas suffisant. Pour changer la société, nous devons la comprendre et l’analyser. Pour cela, nous nous basons sur le marxisme. Ce n’est pas un dogme rigide, mais une méthode d’analyse flexible dans le but de changer le monde.

    Il faut aussi tirer les leçons du passé pour mieux renforcer les luttes d’aujourd’hui. Le combat contre l’exploitation capitaliste a déjà une riche histoire en matière de programme, de stratégie et de tactiques nécessaires pour aller vers une société débarrassée de la guerre, des atteintes graves à l’environnement, de la misère et de l’oppression.

    Étudiants de Gauche Actifs (ALS,Actief Linkse Studenten en Flandre) est l’organisation de jeunesse du Parti Socialiste de Lutte (PSL). Nous défendons une alternative anticapitaliste basée sur le contrôle démocratique de l’économie parla collectivité. Nous voulons une société orientée vers les besoins de la majorité de la population plutôt que vers les profits des super-riches. C’est ce que nous appelons le socialisme démocratique.

    Rejoins-nous et construisons ensemble cette société !

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