Tag: Crise des réfugiés

  • Meeting des Étudiants de Gauche Actifs : «À l’ULB aussi, nous mobiliserons pour le 27 septembre»

    EGA_ULBCe jeudi soir, 17 septembre 2015, la section de l’Université Libre de Bruxelles des Étudiants de Gauche Actifs tenait son meeting de rentrée. Celui-ci avait pour thème : «Crise migratoire, sociale et environnementale, tous unis contre le capitalisme». L’idée, ici, était de présenter les campagnes politiques qui vont nous occuper durant toute la première partie de l’année.

    Pietro Tosi, qui est collaborateur des comités de travailleurs sans-papiers de la CSC, a commencé à introduire sur la crise migratoire que l’Europe connaît actuellement. Il a rappelé que celle-ci : «tirait ses origines des guerres et des politiques menées par l’impérialisme européen et nord-américain. Et que nombreux sont les réfugiés qui se verront refuser ici, en Belgique, leur demande d’asile. Ainsi, ils risquent de devenir des sans-papiers et donc une main-d’œuvre à bas salaires pour le patronat. La classe dirigeante est face à un problème : certains secteurs ne peuvent être délocalisés. Il s’agit notamment de l’horeca, de la construction, du nettoyage, etc. En utilisant les sans-papiers, elle trouve en partie une solution à ce problème. Donc, c’est à nous de créer la solidarité entre les travailleurs belges et étrangers.»

    Le camarade Pietro a rappelé à la fin de son exposé les revendications qu’il faut donc défendre : pour la paix, contre les guerres et les interventions militaires. Pour un droit d’asile respectueux de la condition humaine des personnes qui fuient la guerre et les régimes dictatoriaux. Face à la xénophobie dans les discours de l’extrême-droite et de la droite, construire la solidarité.

    C’est ensuite Maud Willems, militante du Secta Bruxelles, qui a parlé sur la crise politico-sociale qui traverse le pays : «Nous avons pu constater la présence de nombreux jeunes à la manifestation nationale du 6 novembre. […] Il y a une demande de la part des gens de s’organiser (comme l’illustrent Tout Autre Chose, Hart Boven Hard, etc.) et il y a bien assez d’attaques pour se mobiliser. Il suffit de regarder les dernières mesures prises contre les allocations de chômage dites d’insertion ou la flexibilisation du travail étudiant. La précarisation du travail s’institutionnalise. […] Pour toutes ces raisons un seul mot d’ordre : Tous à la manif du 7 octobre ! Faisons plier nos appareils pour obtenir un véritable nouveau plan offensif d’actions!»

    Le dernier intervenant, le président des sections bruxelloises des EGA, Julien Englebert, a souligné que nous allons participer aux luttes écologistes et notamment celle qui s’inscrivent dans l’organisation du sommet de l’O.N.U. sur le réchauffement climatique, la COP21 qui aura lieu à Paris en fin d’année. «Nous questionnons : où se trouve la responsabilité ? Qui pollue ? Culpabiliser la consommation individuelle, ça ne marche plus ! Dire aux gens qu’il suffit de prendre une douche et de fermer le robinet quand on se brosse les dents est une manœuvre, dans le débat sur cette question, pour dédouaner les entreprises et les États. Bien nous ne disons pas qu’il faut consommer à tort et à travers. Deux tiers des gaz à effet de serre émis depuis le début de la révolution industrielle (1750) proviennent de seulement 90 multinationales. C’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre car c’est là que se trouve la responsabilité principale ! Le capitalisme est un système où les actionnaires décident et selon un seul critère : la course aux profits. Ainsi, nous voyons naître des îles de déchets qui flottent sur les océans. Ce sont des grandes entreprises qui sont responsables de la déforestation de l’Amazonie.» Julien a aussi exprimé que nous, avec EGA et le PSL, nous défendons, dans notre programme, un vaste plan de construction de logements sociaux, aux critères écologiques ambitieux et strictes, telle qu’une véritable isolation des bâtiments.

    Ce meeting fut un moment de formation politique utile et dynamisant pour démarrer l’année qui sera riche en mobilisations sociales, politiques et écologiques.

    27 septembre : manifestation “Refugees Welcome”, 14h, Gare du Nord.

  • Niranjan, réfugié tamoul : “Je n’ai pas fui par plaisir”

    Genocide_birmanie

    Niranjan est l’un des chefs de file de la campagne Tamil Solidarity en Belgique. Il est intervenu lors de la première du film ‘Dheepan’ à Bruges, le 23 août dernier (voir notre article sur ce film).

    “Mon père était chauffeur de taxi à Jaffna, au Sri Lanka. En 2005, la LTTE (les Tigres tamouls) a obligé les chauffeurs de voitures à trois roues à suivre une formation à Vanni. Début 2006, l’armée a commencé à prendre les chauffeurs pour cible. Ils ont appris que mon père avait suivi une formation et ont fouillé notre maison. Mon père avait fui, nous ne savions pas où et nous n’avons plus jamais entendu parler de lui. L’armée ne nous croyait pas, ma mère et moi avons été torturés. En 2009, l’armée a menacé ma mère. On lui a dit que je finirais sur la liste des personnes disparues si elle ne disait pas où était mon père. Ma vie était en danger, je devais quitter le pays.

    “Six ans plus tard, la situation au Sri Lanka n’est toujours pas sûre. Le Nord du pays est occupé par l’armée. Il y a encore des dizaines de milliers de disparus en plus des dizaines de milliers de morts. Des enfants ont perdu leurs parents, des femmes leurs mari et enfants. Il y a beaucoup de cas de viols. Des drogues sont sciemment introduites dans le pays pour garder les jeunes sous contrôle. La guerre est officiellement finie mais, pour ses victimes, ce n’est pas le cas.

    ‘‘En Europe, il y a beaucoup de racisme. On parle de flux de réfugiés. Mais personne ne fuit par plaisir. Dans un pays étranger avec de drôles de coutumes, un autre climat, une langue difficile et de nombreux problèmes sociaux, ce n’est pas facile de reconstruire sa vie. De plus, beaucoup de traumatismes liés à ce qui s’est passé pendant la guerre au Sri Lanka subsistent.

    “La seule solution serait que les guerres, la violence et l’exploitation cessent, ainsi personne n’aurait à fuir. Pour cela, nous ne pouvons pas compter sur les institutions internationales, elles se sont tues sur les crimes de guerre au Sri Lanka ou sont même responsables de la situation en Irak et en Syrie. Nous devrons amener le changement nous-mêmes, en Belgique comme sur le plan international.
    ‘‘Avec Tamil Solidarity, nous essayons de faire connaître le sort des Tamouls mais nous ne voulons pas nous limiter à notre communauté. Ainsi, début juillet, nous avons manifesté à Anvers avec des personnes d’origine kurde, cachemire, pakistanaise, … contre la persécution de Rohingya en Birmanie. Ce groupe de population est victime d’un génocide peu connu et contre lequel rien n’est fait.

    “Nos meilleurs alliés dans la lutte contre l’oppression et l’injustice sont les autres victimes d’oppression, en premier lieu dans le mouvement ouvrier. Tamil Solidarity essaie de construire avec le syndicat. Intervenir ensemble ici pour un niveau de vie décent pose la base pour une solidarité internationale plus forte.”

  • Stoppons l’extrême-droite avant qu'elle passe à la violence contre les réfugiés

    Rendez-vous ce 15 septembre à Bruxelles: 19h à Madou

    Affiche_antifa_LePenLes divers courants d’extrême-droite espèrent profiter de la crise des réfugiés. Des éléments plus radicaux espèrent pouvoir passer aux incendies et à la violence contre les centres d’asile, tandis que d’autres vont faire passer ce même message de haine de manière «civilisée» lors d’un colloque au parlement.

    En général, l’extrême-droite parle d’une «invasion», elle maintient toujours le mythe qu’une bonne politique d’accueil crée un «effet d’aspiration». Comme si les gens quittaient leur pays et leur famille dans des zones de guerre parce qu’ils ont entendu parler d’un camp de réfugiés à Sijsele, par exemple! Filip Dewinter, porte-parole du Vlaams Belang, y croit dur comme fer. «Ouvrir des places d’accueil supplémentaires crée un effet d’aspiration croissant», a-t-il défendu au parlement. Et non, la désastreuse politique d’accueil en Belgique est généralement connue des réfugiés. Mais beaucoup ne voient quand-même pas d’autres options que de faire un voyage dangereux pour mener une vie difficile dans un pays inconnu. L’autre «option», c’est une mort certaine dans leur propre pays.

    Pour faciliter sa propagande, l’extrême-droite jette tous les Syriens dans le même sac. Dans ce pays, il y a des combats, et l’Etat Islamique y est impliqué. Donc, parmi les réfugiés, selon le site du Vlaams Belang RechtsActueel, tous des «réfugiés illégaux et non-désirés», il y a surement «un nombre inconnu de terroristes de l’Etat Islamique». La «solution» que proposent Dewinter et le Vlaams Belang est simple : «il faut beaucoup mieux protéger les frontières». L’exemple Hongrois d’une grille à la frontière est loué. Si cela ne dépendait que du Vlaams Belang, il faudrait une «forteresse Flandre» au sein de «l’Europe Forteresse». Cela mettrait-il un terme à la guerre en Syrie ? Pas vraiment.

    Il est d’ailleurs remarquable que Filip Dewinter soit en train de crier ici contre la venue des réfugiés Syriens pendant qu’il s’est chaleureusement fait accueillir par le dictateur syrien Assad. Avec sa visite en Syrie et en se positionnant clairement derrière la dictature syrienne, Dewinter fait lui-même partie des combattants à l’oeuvre en Syrie. Quelqu’un lui bloquera-t-il ses comptes bancaires (et ceux de son parti, qui paye ses petits diners et ses petits voyages) ? Qui lui retirera ses droits civiques? Ou alors cette approche ne vaudrait selon le Vlaams Belang que pour les combattants qui soutiennent un autre camp dans la guerre en Syrie?

    Nous n’avons pas non plus oublié que le Vlaams Belang, au début de la guerre en Irak, menait des actions de protestation contre le mouvement anti-guerre. Ce parti qui a soutenu les guerres en Afganistan, en Irak et aussi en Syrie veut maintenant que les victimes de ces guerres deviennent les responsables! L’hypocrisie est un trait général de l’extrême-droite.

    Un des points les plus bas de cette hypocrisie était une réaction de Pegida-Flandre, le front anti-immigrés du Vlaams Belang et des groupes plus radicaux comme Nation, sur l’image poignante du cadavre d’un enfant de trois ans rejeté sur la plage turque. «Quand un enfant se noie pendant un voyage illégal sur une mer dangereuses les coupable ce sont les parents, ET PAS les Européens», était-il écrit sur une image de Pegida-Flandre qui annonçait au même moment une action au nouveau centre d’asile de Saint-Nicolas.

    Les actions contre les réfugiés, voilà quelque chose que l’extrême-droite fait assez souvent. Même ceux qui prétendent être «anticapitalistes» ne s’orientent pas vers les responsables du système actuel, mais bien vers ses victimes. Ils ne plaident pas pour plus d’égalité en tant que réponse contre l’inégalité grandissante qui conduit à toujours plus de misère, d’exploitation, de guerres et donc aussi à des vagues de réfugiés, dont seulement quelques uns arrivent jusqu’en Europe. Non, l’extrême-droite mène des actions contre les réfugiés. Pegida voulait encore le faire ce 7 septembre à Saint-Nicolas. Un des activistes à la base de cette action était le néonazi néerlandais Ben van der Kooi, également présent aux actions précédentes de Pegida. À l’occasion des photos d’un centre d’asile dévasté par le feu en Hongrie il a fait remarquer sur Facebook : «GENIAL quelles belles photos. Regardez ce bâtiment, c’est bien brûlé… EN-TIE-RE-MENT brûlé jusqu’à terre. Résultat magnifique. Cela donne envie d’encore beaucoup plus!! Les intrus (islamiques) de l’Afrique ne font pas parti de l’Europe fière et libre.» Le fossé qui sépare l’organisation d’actions de protestation devant les centres d’asile d’actions plus radicales est assez petit pour ces gens-là.

    Le Vlaams Belang a également sauté sur l’occasion. Dans les coulisses, le parti soutient l’action de Pegida Flandre. Pour mettre en avant le nom du parti, ses militants tiennent un colloque au parlement flamand, pour lequel ils ont invité Marine Le Pen sous le titre de «Placer des frontières, maintenant!». Il est demandé aux participants de venir en «tenue d’affaires», mais le contenu des prises de parole ne sera pas moins toxique à cause de cela. Avec cette soirée, le Vlaams Belang veut soutenir et développer les sentiments racistes envers les réfugiés. En même temps on met sur pied des actions avec des éléments plus radicaux.

    Avant l’été, il y a déjà eu des tentatives de certains de ces éléments de passer à la violence physique contre les réfugiés. Au Parlement Européen, une action de sans-papiers a subi une action de provocation et, ensuite, une nouvelle tentative de les provoquer a suivi. Les sans-papiers et les antifascistes ayant pu contrer cette tentative de manière disciplinée, les militants du groupuscule néonazi Nation s’en sont alors pris à un sans-abri, tabassé à six.

    Afin de stopper la violence de l’extrême-droite contre les réfugiés, il est nécessaire de se mobiliser. Ce 15 septembre, les Étudiants de Gauche Actifs sont à l’initiative d’une manifestation contre le meeting raciste du Vlaams Belang avec Marine Le Pen à Bruxelles. Nous voulons manifester contre sa venue, mais aussi contre le danger de la violence d’extrême-droite contre les réfugiés, un danger entretenu par le Vlaams Belang. En même temps nous protestons contre l’Europe du capital qui renforce les inégalités, aussi bien en Europe que sur le plan international, et qui porte une très grande responsabilité pour les drames sociaux.

    MANIFESTATION ce mardi 15 septembre, à 19h, Madou, Place Surlet de Chokier, à Bruxelles.

    => Évènement Facebook

    => Tract de mobilisation en version PDF

    =>Affiche en format PDF

    Cette manifestation est à l’initiative des Étudiants de Gauche Actifs et de la campagne antifasciste Blokbuster avec le soutien de : Association Joseph Jacquemotte, CADTM – Belgique, Collectif Antifascisti Bruxelles, FEWLA, FAF (Front AntiFasciste), Initiative Solidarité avec la Grèce qui résiste, Jeunes FGTB-Charleroi, JOC-Bruxelles, Mouvement Anti-FN (France), PSL-LSP, Syndicalisten TEGEN Fascisme/Syndicalistes contre le Fascisme, USE – Jeunes FGTB,…

    Pour signer cet appel, contactez-nous via boris@socialisme.be

  • [DOSSIER] Europe-Forteresse, mondialisation et capitalisme

    Meeting_liege_migrationC’est pas les immigrés qu’il faut virer, c’est le capitalisme qu’il faut éliminer !

    Vous disposez d’un compte en banque avec 1 million d’euros ? Vous souhaitez investir dans une société en Europe? Dans ce cas, les gouvernements européens vous accueillent sans problème comme un immigré de grande valeur. Pas besoin de risquer votre vie en traversant la Méditerranée en bateau de fortune, ou de passer des mois à Calais dans des conditions de famine avant d’embarquer, caché, dans un camion ou un train. L’histoire est bien différente pour la majorité de ceux qui fuient la guerre, la dictature et la misère, au Moyen-Orient et en Afrique par exemple. La plupart se retrouvent sans ressource et affamés dans leur propre pays ou dans une région voisine avant de finir aux mains de passeurs, risquant leur vie pour traverser la Méditerranée.

    Par Pietro (Bruxelles), article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste.

    L’Europe-Forteresse

    Les récents événements observés à Lampedusa ou sur les côtes grecques reflètent l’incapacité du capitalisme à gérer le phénomène de l’immigration. L’année dernière, 219.000 personnes sont arrivées en Europe par ces moyens, un chiffre qui devrait être plus élevé en 2015 (nous en étions à 137.000 à la fin du mois de juin). Il y a eu 900.000 demandes d’asile en 2014, ce qui représente une augmentation de plus de 45% par rapport à 2013. D’innombrables milliers d’autres ont trouvé la mort en tentant de traverser la méditerranée. (1)

    La majorité de ceux qui risquent leur vie sont des réfugiés fuyant des conflits et des guerres. Parmi ceux qui parviennent tout d’abord en Grèce et en Italie, plus de 85% proviennent de Syrie, d’Afghanistan, d’Irak et de Somalie, des pays où l’intervention militaire de l’impérialisme occidental a joué un rôle-clé dans la création de situations cauchemardesques. La crise économique profonde du capitalisme, les politiques néocoloniales et les interventions militaires impérialistes ont créé une instabilité politique, alimenté la violence sectaire et disloqué les économies des pays touchés. Un nombre grandissant ne voit plus d’autre issue que de prendre le risque de tenter une périlleuse traversée de la Méditerranée.

    On entend souvent dire dans les médias que le phénomène migratoire représente une richesse pour les pays en voie de développement, ce que réfutent complètement les études statistiques. Le cas du Malawi est représentatif : la grande majorité des infirmiers a quitté le pays au point qu’il ne reste aujourd’hui que 336 infirmiers pour 12 millions d’habitants ! (2)

    Mais même si l’Europe n’est concernée que par une infime minorité des réfugiés à travers le monde, la politique d’asile de l’Union Européenne repose sur la criminalisation des réfugiés et la militarisation de ses frontières.

    Ce fut tout d’abord Frontex, puis Triton, des opérations visant à augmenter la défense et la sécurité des frontières européennes. A suivi ensuite une opération du gouvernement italien, ‘‘Mos Maiorum’’, dont l’objectif était de renforcer les contrôles en mer, de récupérer les immigrés et de les expulser. 150.000 personnes ont ainsi été sauvées et ramenées aux côtes italiennes. Mais en prétendant agir pour réduire les naufrages et sauver des vies, l’Union Européenne et ses États-membres n’ont fait que verrouiller l’accès à leur territoire via leur politique de visas, l’agence Frontex ou encore le système de surveillance Eurosur.

    Pour résoudre le problème de l’accumulation de réfugiés dans certains pays, l’Union Européenne a largement débattu de l’instauration d’un système de ‘‘quotas’’ visant à répartir les réfugiés dans les différents pays membres. Cette approche a bien évidemment subi les foudres de l’extrême-droite et de la droite populiste pour lesquelles il est impensable de dépenser de l’argent pour sauver des immigrés. Tous les Etats ont commencé à se renvoyer la balle les uns aux autres.

    Immigration et capitalisme

    La faillite des élites européennes illustre l’une des contradictions inhérentes au développement du capitalisme : la tension entre le développement des forces productives et l’État-nation. Alors que le marché pousse les forces productives au-delà des frontières de l’État, la réalité est que le capitalisme a besoin de frontières nationales et des États-nations. Les entreprises ont besoin de l’État pour servir leurs intérêts ainsi que d’un appareil d’Etat – police, armée, tribunaux, prisons, etc. – afin d’empêcher la classe des travailleurs et les opprimés de se soulever et de protéger la propriété privée des moyens de production. Cependant, même s’il est clair que les limites des forces productives ont largement dépassé le cadre des frontières nationales, la majorité de la classe des travailleurs reste captive de ces limitations.

    Alors qu’il y a 250 ans, la différence entre les pays les plus riches et les plus pauvres était de 1 sur 5, nous en sommes actuellement à 1 sur 400. (3) L’objectif principal de la classe dominante capitaliste reste l’accumulation de profits. La montée exponentielle des inégalités – particulièrement ces 30 dernières années – s’est accompagnée d’une énorme augmentation du phénomène migratoire. L’impact politique de ce phénomène est une mise en concurrence accrue de tous les travailleurs.

    Assemblée bruxelloise du PSL consacrée à la migration et à la crise des réfugiés, avec : Said, membre de la La Coordination des Sans-Papiers de Bruxelles – Pietro Tosi, Animateur MOC – groupe migrant CSC Bruxelles – Anja Deschoemacker, porte-parole de Gauches Communes et du PSL // Ce mercredi 16 septembre, Pianofabriek, 35, rue du Fort – Bruxelles.

    La super-exploitation des travailleurs migrants en Europe a un intérêt double: l’exploitation d’une main d’œuvre à bas salaire et l’instauration d’une pression à la baisse sur le coût du travail, notamment dans des secteurs impossibles à délocaliser : la logistique, le nettoyage ou encore l’Horeca. Si le gouvernement ne veut pas régulariser les sans-papiers, c’est essentiellement pour continuer à servir les intérêts des entreprises et du patronat, sur ce domaine comme sur les autres. La criminalisation des sans-papiers n’est pas un hasard, mais une volonté politique destinée à augmenter les profits!

    L’Union Européenne prévoit la libre circulation de ses ressortissants en son sein. Mais il s’agit d’une conception de la ‘‘liberté’’ bien particulière, produite par le capitalisme et soumise à la Loi du marché et au principe de la mise en concurrence des travailleurs. C’est sur cette base que l’on a ainsi pu lire dans le magazine The Economist (avril 2011) un dossier défendant la liberté de circulation totale et l’ouverture des frontières.

    Reste que cette prétendue liberté de circulation ne fonctionne pas dans les faits, comme l’illustrent ces migrants d’Italie qui ont été refoulés aux frontières françaises. Dans la grande majorité des Etats capitalistes, l’ouverture pure et simple des frontières serait bien plus déstabilisante qu’autre chose.

    C’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leurs victimes !

    affiche_liege_meeting
    Débat à Liège, ULg, place du XX Août, Salle A2/5/11

    Si le mouvement des travailleurs est assez fort d’un point de vue idéologique et organisationnel, il est capable d’imposer une toute autre musique reposant sur la solidarité active. Nous devons nous opposer à toute intervention militaire impérialiste, dont les effets sont de déstabiliser ces régions et d’ouvrir grand la porte aux seigneurs de guerre et autres organisations mafieuses pour qui le chaos est synonyme d’opportunité, tout en soutenant les mouvements de masse qui luttent pour de meilleures conditions de vie contre l’impérialisme, les oligarchies locales et les forces réactionnaires. Nous avons bien plus en commun avec les travailleurs d’Asie ou d’Afrique qu’avec les rapaces capitalistes des multinationales.
    Un autre aspect de cette solidarité internationale est de lutter pour accorder le droit d’asile à ceux qui fuient la guerre, les conflits sectaires, la misère ou la dictature et pour que les demandeurs d’asile ne soient plus traités comme des criminels et enfermés dans des centres de détention fort peu différents des prisons.

    Il faut aussi nous assurer de contrer l’extrême droite, dont l’attitude est de jeter de l’huile sur le feu pour stimuler le racisme et présenter les migrants comme les boucs émissaires des échecs économiques du capitalisme. Accroître les tensions et divisions entre divers groupes dans la société est une stratégie bien connue : diviser pour mieux régner. Le mouvement organisé des travailleurs est capable de lier ensemble la cause des migrants à celle des autres couches exploitées dans la société.

    Dire que les moyens manquent pour offrir un bon avenir et de bonnes conditions de vie à la population – quelle que soit son origine – est un mensonge. Ce qui se produit dans les faits, c’est que les gros actionnaires et grands patrons pillent les caisses de la collectivité, la richesse créée à la sueur de notre front, pour ne laisser que des miettes tout en proclamant les poches et la bouche pleines ‘‘attention, les immigrés veulent vous voler ce qui reste !’’ Comme le dit le slogan : ‘‘le problème , c’est le banquier, pas l’immigré’’ !

    La seule issue de sortie réaliste de la crise des réfugiés est une lutte unitaire de tous les travailleurs, indépendamment de leurs origines, genres ou encore orientations sexuelles, pour arracher les leviers de l’économie des mains de l’élite capitaliste. Il sera ainsi possible de disposer des moyens nécessaires pour mettre fin aux guerres, à la misère, à la destruction de l’environnement,… Seule l’instauration d’une nouvelle société, une société socialiste démocratique, sera de nature à voir naître un monde où la liberté de circulation sera réelle et débarrassée de la logique d’exploitation.

    • 14 septembre : Bruxelles. Action : Rassemblement face au conseil européen justice intérieur  (plus d’infos)
    • 15 septembre : Bruxelles. Manifestation contre la venue de Marine Le Pen à Bruxelles (plus d’infos) 
    • 16 septembre : Bruxelles. Débat : Capitalisme et migration : quelle alternative à l’Europe-Forteresse ? (plus d’infos)
    • 26 septembre : Bruxelles. Manifestation nationale de solidarité avec les réfugiés (évènement Facebook)
    • 30 septembre : Liège. Débat : Capitalisme et migration : quelle alternative à l’Europe-Forteresse ? (plus d’infos)

    (1) Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies (HCR).
    (2) Pour le malawi : santé afrique : http://www.ipsinternational.org/
    (3) Rapport OXFAM 2014

  • Tract de rentrée des Étudiants de Gauche Actifs (EGA)

    tract_ega_rentrée2015SAUVONS NOTRE PLANÈTE DU CAPITALISME!

    CONTRÔLE DÉMOCRATIQUE SUR LES RESSOURCES NATURELLES !
    PLANIFICATION SOCIALISTE CONTRE L’AVIDITÉ CAPITALISTE !

    Cette fin d’année, le 21ème Sommet climatique des Nations-Unies prendra place à Paris. Après 20 sommets sans résultats, nous estimons que ce n’est pas le lieu d’où peut provenir un réel changement. Avec la crise écologique, la crise économique et la crise sociale, nous subissons de plein fouetla faillite du système capitaliste.

    Dénonçons l’hypocrisie sans limites de nos dirigeants qui, parallèlement à la mise sur pied du Sommet de Paris, négocient le TTIP, le traité transatlantique de libre-échange, qui portera un coup mortel à toute régulation sociale et environnementale. Ainsi, si une multinationale pense que certaines législations représentent une contrainte au libre-marché, elle peut assigner l’État devant une Cour internationale d’arbitrage privée : tout doit se plier à l’avidité des grandes entreprises! Les politiciens coopèrent dans ce sens et ce même si c’est désastreux pour nos conditions de vie et notre environnement.

    Deux tiers des gaz à effet de serre émis depuis le début de la révolution industrielle (1750) proviennent de seulement 90 multinationales. Ce chiffre illustre très clairement qui est réellement responsable du changement climatique. Et ce sont également ces grandes entreprises qui sont à l’origine des plus grands désastres écologiques: marées noires, pollution des sols liée à l’extraction de minéraux, désastres nucléaires, etc. Si nous ne gérons et ne contrôlons pas démocratiquement ces entreprises, il est impossible d’enrayer le réchauffement climatique.

    Actuellement, seuls 2% des fonds pour la recherche sont investis dans le durable. De plus, ironiquement,une grande partie de la recherche est dans les mains d’entreprises privées qui ne l’orientent clairement pas pour le bénéfice de la collectivité. À cause des brevets et du secret sur la recherche, les multinationales monopolisent les connaissances scientifiques et techniques. Ces dernières disparaissent parfois dans leurs coffres forts pour toujours. Cette manière de procéder est criminelle au vu de l’urgence de la situation et des millions de vies qui pourraient être sauvées. Reprenons dans nos mains ce secteur ! Dans ce cadre,il nous sera possible d’orienter les recherches vers les besoins, plutôt que vers les profits.

    Une société dans laquelle tout doit céder en faveur des profits des plus riches ne peut nous offrir un avenir. Mais une telle société capitaliste n’est pas une fatalité. Ce n’est qu’en mettant ces entreprises dans les mains publiques, en les nationalisant sous contrôle et gestion démocratique des travailleurs et consommateurs avec des réinvestissements publics massifs que l’on pourra rompre avec la logique folle du profit.

    Avec les Étudiants de Gauche Actifs, nous mobilisons pour les grandes manifestations du 29 novembre et 12 décembre à Paris.Nous voulons saisir ces rassemblements dans la construction d’un mouvement et d’un rapport de force pour un changement de système, plutôt qu’un système qui change le climat et nous appauvrit.

    POUR UN 2ÈME PLAN D’ACTION PLUS FORT ET PLUS MASSIF CONTRE LA POLITIQUE ANTISOCIALE ET ANTI-ENVIRONNEMENTALE DU GOUVERNEMENT.

    MANIFESTATION NATIONALE DU 7 OCTOBRE : ÉTUDIANTS – TRAVAILLEURS : SOLIDARITÉ !

    Coupe dans l’enseignement, limitation d’accès et dans le temps des allocations de chômage dites d’insertion, coupe dans les soins de santé, pension à 67ans et des emplois toujours plus rares et précaires : le gouvernement à la botte de l’infime minorité de super-riches multiplie les attaques.Les jeunes dans la galère,les vieux dans la misère… de cette société-là, on n’en veut pas !

    Aujourd’hui, le gouvernement se vante d’avoir mis sur pied un tax shift qui favorise soi-disant l’éco-fiscalité. Vaste blague ! Augmenter la TVA sur l’électricité de 6à 21% et les accises sur le diésel sont des attaques directes contre les jeunes, les travailleurs et les allocataires sociaux. Des transports en commun plus cher et moins fréquents,des taxes sans alternative à la politique énergétique actuelle ne sont en rien des politiques« eco-friendly », juste des mesures d’austérité !

    Les mobilisations de l’automne dernier – avec à son départ la manif des 150.000 – ont montré l’énorme potentiel du mouvement organisé des jeunes et des travailleurs.Malgré que le processus a été arrêté avant son terme, nous avions ébranlé le gouvernement.Depuis, l’austérité a continué à pleuvoir et le mécontentement déborde de tous côtés. De nouveaux mouvements sont inéluctables.

    Nous sommes tous touchés. Avec EGA, nous voulons que la jeunesse soit activement présente dans la lutte contre l’austérité et pour un avenir. Rejoins-nous dans ce combat et faisons en sorte que la prochaine manifestation syndicale nationale du 7 octobre soit un succès et le point de départ pour un nouveau plan d’action fort jusqu’à la chute du gouvernement des riches.

    STOP AU TTIP NON À LA DICTATURE DES MULTINATIONALES !

    Un avenir où on nettoie le poulet au chlore ? Bombardé d’OGM ? Où la moindre protection sociale est une ‘‘atteinte à la liberté d’entreprise’’ ? Bienvenue dans le monde que nous prépare le Traité transatlantique (TTIP) que nous concoctent les chefs d’État européens et les autorités américaines: la plus vaste zone de libre-échange au monde. Les multinationales sont les seules à applaudir…

    EGA participer à l’encerclement du sommet européen du mercredi 15 octobre et à la manifestation européenne du samedi 17 octobre contre l’austérité et le traité de libre-échange.

    (Initiative de l’Alliance D19-20, Tout Autre Chose, Alter Summit et d’autres)

    CAPITALISME ET IMMIGRATION

    «Quelle alternative à l’Europe-Forteresse?»

    Vous disposez d’un compte en banque avec 1 million d’euros ? Vous souhaitez investir dans une société en Europe? Dans ce cas, les gouvernements européens vous accueillent sans problème comme un immigré de grande valeur. Pas besoin de risquer votre vie en traversant la Méditerranée en bateau de fortune, ou de passer des mois à Calais dans des conditions de famine avant d’embarquer, caché, dans un camion ou un train. L’histoire est bien différente pour la majorité de ceux qui fuient la guerre, la dictature et la misère au Moyen-Orient ou encore en Afrique.

    La crise économique profonde du capitalisme, les politiques néocoloniales et les interventions militaires impérialistes ont créé une instabilité politique, ont alimenté la violence religieuse sectaire et ont disloqué les économies des pays touchés. Un nombre grandissant ne voit plus d’autre issue que de prendre le risque de tenter une périlleuse traversée de la Méditerranée. Mais même si l’Europe n’est concernée que par une infime minorité des réfugiés à travers le monde, la politique d’asile de l’Union Européenne repose sur la criminalisation des réfugiés et la militarisation de ses frontières.

    Nous avons bien plus en commun avec les travailleurs d’Asie ou d’Afrique qu’avec les rapaces capitalistes des multinationales. Dire que les moyens manquent pour offrir un bon avenir et de bonnes conditions de vie à la population – quelle que soit son origine – est un mensonge. Ce qui se produit dans les faits, c’est que les gros actionnaires et grands patrons pillent les caisses de la collectivité, la richesse créée par notre travail à la sueur de notre front, pour ne laisser que des miettes tout en proclamant les poches et la bouche pleines ‘‘attention, les immigrés veulent vous voler ce qui reste !’’ Comme le dit le slogan : ‘‘le problème, c’est le banquier, pas l’immigré’’ !

    La seule issue de sortie réaliste de la crise des réfugiés est une lutte unitaire de tous les travailleurs, indépendamment de leurs origines, genres ou encore orientations sexuelles, pour arracher les leviers de l’économie des mains de l’élite capitaliste et disposer ainsi des moyens nécessaires pour mettre fin aux guerres, à la misère, à la destruction de l’environnement,…

    REJOINS LES ÉTUDIANTS DE GAUCHE ACTIFS !

    EGA_gand01-620x330Le capitalisme – confronté a une crise économique,sociale et écologique – n’a aucune réponse à nous apporter. Une autre société est donc nécessaire !Mais c’est plus facile à dire qu’à faire! Se baser sur le sentiment d’indignation et de frustration n’est pas suffisant. Si on veut changer la société, on doit la comprendre et analyser. Pour cela, nous nous basons sur le marxisme. Ce n’est pas un dogme rigide, mais une méthode d’analyse flexible dans le but de changer le monde.

    Il faut aussi tirer les leçons du passé pour mieux renforcer les luttes d’aujourd’hui. Le combat contre l’exploitation capitaliste a déjà une riche histoire en termes de programme, de stratégie et de tactiques nécessaires pour aller vers une société débarrassée de la guerre, des atteintes graves à l’environnement, de la misère et de l’oppression.

    La tragédie grecque nous démontre que tous ceux qui restent dans la logique du capitalisme finissent par être obligés de défendre les intérêts des plus riches. Ainsi, le gouvernement de gauche de Syriza n’a pas marqué de rupture anticapitaliste. Il a, dès lors, été mis sous pression par l’Union européenne et les institutions de la Troïka. Syriza a fini par accepter un troisième programme de mesures d’austérité.Cet exemple illustre qu’il n’y a pas de compromis possible! Ce n’est qu’en rompant avec ce système que nous serons capables de donner une réponse à la crise. Mais pour faire cela, il nous faut une organisation anticapitaliste avec programme socialiste conséquent.

    EGA, Étudiants de Gauche Actifs (ALS, Actief LinkseStudenten en Flandre) est l’organisation de jeunesse du Parti Socialiste de Lutte (PSL). Nous nous revendiquons du marxisme. Nous défendons une alternative anticapitaliste basée sur le contrôle démocratique de l’économie par la collectivité. Nous voulons une société orientée vers les besoins de la majorité de la population plutôt que vers les profits des super-riches. C’est ce que nous appelons le socialisme démocratique.Rejoins-nous et construisons ensemble cette société !

    CLIMATE EXPRESS avec 10.000 activistes à Paris le 29 novembre

    Participe à ce moment historique avec les Étudiants de Gauche Actifs. Les places sur le train sont limitées et majoritairement réservées aux organisations participantes.

    Inscris-toi aussi vite que possible à nos stands ou via les coordonnées ci-dessous.

    29 novembre: €45 (ticket aller-retour)
    11 au 13 décembre: €65 (ticket aller-retour + séjour)

    Pour que tout le monde puisse participer, nous avons ouvert un compte de solidarité – BE09 0688 9864 0157 – sur lequel chacun peut verser une contribution. Ainsi nous pourrons tous partir.

    CONTACTE-NOUS

    Pour être tenu au courant de nos activités ou pour prendre rendez-vous avec un militant pour en savoir plus sur EGA et si tu le souhaites, devenir membre.

    Carte de membre à 5 euros avec abonnement d’essai à Lutte Socialiste de 3 numéros offert.

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  • Dheepan : un film choquant sur les réfugiés tamouls

    dheepan_afficheDheepan, de Jacques Audiard est un film touchant dont la réalisation a été saluée, notamment par une Palme d’Or au festival de Cannes. L’histoire, qui débute par les horreurs de la guerre civile au Sri Lanka, est remarquable et peut être sujette à plusieurs lectures. Le film commence quand 10.000 Tamouls sont poursuivis et massacrés par le régime. Un homme décide de s’enfuir après avoir perdu sa famille. Il reçoit le conseil de prendre une autre identité, celle de l’activiste Dheepan qui vient de mourir et, comme ce dernier avait une femme et une fille, il cherche au hasard une femme et un enfant parmi les nombreuses victimes de la guerre. Ensemble, ils émigrent en Inde en bateau et gagnent ensuite la France.

    Par Geert Cool

    Le film aborde surtout la confrontation entre les réfugiés et leur nouvel environnement, mais de vagues références touchent à la tragédie au Sri Lanka. On montre par exemple de courts fragments du documentaire britannique ‘‘Sri Lanka’s Killing Fields’’ consacré aux horribles crimes perpétrés par le régime en 2009. Si le contexte de ces événements n’est pas élaboré, il est toujours possible au spectateur intéressé de retrouver ce documentaire et de chercher du matériel sur l’oppression de la minorité tamoule au Sri Lanka, ce dont nous avons régulièrement fait écho dans les pages de Lutte Socialiste et sur socialisme.be. Nous disposons également d’un blog de campagne (en néerlandais) spécifiquement consacré à la question : tamilsolidariteit.wordpress.com.

    La famille ‘‘recomposée’’ de Dheepan ne doit pas seulement gérer les traumatismes et le désespoir du passé, mais également la misère qui la frappe en Europe. Cela entraine des crises d’angoisse, mais aussi l’alcoolisme et la violence. Dheepan et sa famille arrivent dans la banlieue parisienne, là où la drogue et la violence sont monnaie courante. L’espoir d’avoir une vie meilleure reste au rang de perspective. Le simple fait de se rendre à l’école n’est pas évident pour la jeune fille qui doit entretemps s’attacher à de nouveaux parents qui font seulement connaissance l’un de l’autre. Lorsqu’un responsable lui demande pourquoi elle n’allait pas à l’école au Sri Lanka, elle répond : “Parce que les écoles ont été réduites en cendres par le gouvernement.” Dheepan et sa femme ne comprennent pas que le responsable de l’école trouve cela étrange : “Mais tout le monde réduit quand même les écoles en cendres?”.

    Notre campagne ‘‘Tamil Solidariteit / Tamil Solidarity’’ a été invitée à la projection du film réservée à la presse en Belgique. Nous nous y sommes rendus avec notre camarade Niranjan qui, après coup, réagissait en disant : “Oui, le film est dur. Mais c’est ça notre vie.” Un tas d’éléments de ce film lui sont très familiers. “Ma tante a réglé ma fuite en Europe, elle me disait que la Belgique était un bon pays. J’ai dû chercher le pays sur une carte du monde et dans l’avion, le nom de Bruxelles ne me disait que vaguement quelque chose. Quand je suis arrivé ici, il y a deux ans, je ne suis pas sorti pendant deux mois. Tout était étrange et j’avais peur. Commencer une nouvelle vie dans un pays lointain en ayant 18 ans et avec l’incertitude quant à la régularisation de mes papiers, c’était difficile. J’ai vu comment d’autres Tamouls ont couru à leur perte en raison de troubles d’angoisse dus aux traumatismes de guerre. Moi, j’ai toujours peur, j’espère recevoir mes papiers après mon troisième entretien fin août afin de pouvoir quitter le centre d’asile de Kapellen pour commencer ma vie.’’

    Quand un militant de ‘‘Tamil Solidariteit / Tamil Solidarity’’ a risqué d’être expulsé de Belgique, tout récemment, Antonythasan Jesuthasan, l’acteur qui joue le rôle de Dheepan, a appuyé notre campagne de soutien. Au vu de la répression permanente qui règne au Sri Lanka, la plupart des Tamouls reçoivent momentanément asile en Belgique, où sont réfugiés quelques milliers de Tamouls du Sri Lanka, essentiellement à Anvers. Cette communauté est bien petite en comparaison des 300.000 Tamouls qui vivent en Grande Bretagne ou des 150.000 qui vivent en France. Notre campagne de solidarité organise une dizaine de militants tamouls qui veulent poursuivre en Belgique leur lutte pour la justice et contre la discrimination permanente et la violence au Sri Lanka. Cette campagne est également active contre l’austérité et participe aux luttes du mouvement des travailleurs dans notre pays. Avec le soutien actif de la FGTB-Horval (Horeca-Alimentation) à Anvers, des militants de Tamil Solidariteit essayent ainsi de développer la présence syndicale, notamment parmi le personnel du secteur Horeca.

    Pour les politiciens néolibéraux, la thématique du droit d’asile est une question de chiffre qui porte surtout sur la manière de refouler les réfugiés. Pour ces politiciens établis, ce sont les réfugiés le problème, pas les raisons pour lesquelles ces gens décident d’entreprendre une aventure si désespérée. Simultanément, les victimes de l’austérité en Belgique sont montées contre les victimes de la catastrophique politique étrangère occidentale.

    Le film Dheepan a comme avantage qu’il aborde la question du point de vue des réfugiés eux-mêmes, sans en donner une image romantique et sans tomber dans la simple succession de malheurs. Nous laissons au spectateur le choix d’interpréter la fin comme ils l’entendent bien entendu mais, pour atteindre une véritable amélioration dans la réalité, il faudra encore durement lutter, tant ici qu’à l’échelle internationale. Nous tentons d’y livrer une modeste contribution avec la campagne Tamil Solidariteit.

  • Aylan, mort en essayant d’échapper à la barbarie – plus qu’un «drame», un assassinat

    Syrian_migranBoyLes images terribles d’enfants morts noyés sur les côtes turques après l’échouage du canot pneumatique qui n’a pu les emmener en Europe font le tour du monde, et entraînent tristesse, colère et révolte. Dans ce monde si développé, des enfants meurent ainsi pour échapper à la guerre, à la misère et à l’oppression, tandis que d’autres travaillent à s’en tuer dans des mines, des fabriques ou des champs.

    Gauche Révolutionnaire (CIO-France)

    L’Europe, si prompte à sauver les banques du naufrage en déversant des milliards d’euros ne pourrait pas accueillir ces hommes, femmes et enfants qui fuient la barbarie ? L’Europe est plus prompte à écraser des pays comme la Grèce, à mener des politiques d’austérité créant des millions de chômeurs ou à soutenir des régimes dictatoriaux et corrompus au Moyen Orient et en Afrique.

    Et quand les camps de réfugiés au Liban, en Turquie (presque 3 millions de réfugiés pour ces deux seuls pays) et ailleurs demandent qu’on augmente l’aide dont ils ont besoin, c’est silence radio.

    Les guerres menées à travers le monde pour s’accaparer gaz, pétrole et autres richesses ont plongé des pays entiers dans le chaos chassant des millions de personnes de leur maison et de leurs terres.

    Les vrais responsables : les capitalistes et les gouvernements à leur service

    Non ce ne sont pas les « passeurs » qui ont tué Aylan, les autres enfants et quelques 3000 autres réfugiés cette année. Les passeurs ne sont que les vautours qui viennent se servir des dépouilles des pays que les USA et l’Europe ont bombardé ces 25 dernières années. Aylan venait de Kobanê, la petite ville du Nord de la Syrie qui a résisté à Daesh (l’Etat Islamique) et vaincu Daesh le 24 janvier dernier. Pendant ce temps, Hollande soutenait Erdogan, le président turc, qui soutenait Daesh et empêchait l’aide de passer la frontière turque vers Kobanê. Et Fabius et l’administration Obama parlent désormais de collaborer avec le Front Al Nosrah en Syrie. Et s’ils en parlent maintenant, c’est en fait qu’ils collaborent déjà avec cette branche d’Al Qaïda – qui est en gros du Daesh un peu moins salé – et qu’ils préparent le terrain pour rendre cela public. Et dans cette valse sur le dos des peuples, il y a la vente de Rafale au Qatar (le premier soutien de Daesh), les invitations au roi Saoudien (soutien de Daesh lui aussi) et le soutien aux dictateurs et aux états guerriers de la région, à commencer par l’Etat israélien.

    C’est de cela que cet enfant et 3000 autres personnes avec lui cette année sont morts, de ces politiques impérialistes qui sèment la mort et la destruction pour le profit des grosses firmes capitalistes. L’image est insoutenable, insupportable, car elle est l’expression la plus terriblement nue de la réalité du capitalisme et de la révolte qui doit nous envahir et nous animer pour mettre fin à ce système barbare.


     

    Bruxelles. Manifestation “Refugees Welcome”

    Organisée par la Plateforme citoyenne de solidarités avec les réfugiés

    “Plus de 35.000 personnes disparues depuis janvier 2015. Une Europe-forteresse qui se dresse face aux parcours de milliers migrants et ce depuis trop de trop longues années. Ne les laissons pas parler en notre nom. La solidarité avec les migrants n’a jamais été aussi importante chez les citoyens. Maintenant, allons faire plus de bruit que ces discours haineux.”

    Les modalités d’actions et les revendications de ce rassemblement seront débattues et validées lors d’une assemblée générale qui aura lieu ce dimanche 6 septembre, 16h, Parc Maximilien à Bruxelles.

    => Page Facebook de l’évènement

     

  • La DH, taire la vérité et crier les préjugés: quand attiser le racisme est un métier

    dh_demerdeJeudi dernier, la Dernière Heure titrait en grands caractères «les Belges ne veulent pas des migrants!» Sur base d’un «sondage exclusif», le journal renvoyait avec sa «Une» racoleuse vers un maigre dossier de trois pages. Dans un climat de montée de la xénophobie et des idées d’extrême droite, le rôle des médias est fondamental, et des titres comme celui-ci ne sont pas anodins.

    Par Nicolas P. (Bruxelles)

    Article sensationnel, vide journalistique

    À côté de la photo d’une femme en bikini et des «visages de charme de la rentrée», un titre accrocheur comme celui-là n’aurait pas pu être mieux accompagné. L’article se composait en tout et pour tout des résultats en graphiques d’un sondage effectués sur 2000 personnes à propos des migrants et des conséquences pour notre pays de leur arrivée. Mais il ne faut pas être linguiste pour savoir que les mots et la manière de poser les questions ont un poids.

    Parler de «migrant» plutôt que de réfugié, ça a un poids. En plus d’être inexact il substitue la réalité d’une personne qui fuit la guerre ou la persécution à celle d’un simple voyageur (1).

    Demander combien coûte un migrant, c’est nier les chiffres qui prouvent le contraire (2). Interroger sur la somme que chacun serait prêt à donner pour un réfugié, c’est ne pas demander combien il donne en réalité déjà pour financer l’achat d’avions de chasse, compenser l’évasion fiscale des familles les plus riches de notre pays, ou encore payer des parachutes dorés de centaines de milliers d’euros accordés aux patrons d’entreprises publiques (3). Ainsi le patron de la SNCB avec un salaire de 290 000 euros/an ou les diamantaires anversois coupables (4) d’une fraude de plus de deux milliards d’euros ne font l’objet d’aucun sondage d’opinion et très rarement de la «Une» d’un quotidien.

    Faire croire que les réfugiés coûtent à l’Etat c’est oublier de dire que ces coûts couvrent essentiellement le salaire d’employés (ASBL, centres Fedasil, administration…) et que le gain pour les finances de l’Etat est en moyenne de 3500€ par individu (les cotisations sociales des réfugiés étant supérieures aux allocations versées). Imposer l’idée d’un afflux d’immigrés, d’une « invasion » c’est oublier de rappeler que nos grand-parents étaient bien heureux de pouvoir se réfugier en France en 1940 et que la situation actuelle de la Belgique en terme d’accueil n’a rien d’exceptionnel cette année et n’atteint que 2 demandeurs d’asile pour 1000 habitants. Enfin focaliser la politique sur l’immigration c’est taire le fait qu’en Europe ce ne sont pas les réfugiés mais bien les politiciens traditionnels et le grand patronat qui sabotent d’arrache-pied nos services publics, saquent nos emplois et détruisent notre sécurité sociale.

    Le rôle d’un média n’est pas de crier haut et fort les préjugés qui circulent dans un pays. Effectivement un sentiment anti-immigration domine actuellement dans l’opinion publique. Mais comment s’en étonner ? La crise détruit des milliers d’emplois, les politiciens se lavent les mains de toute responsabilité de leurs politiques antisociales en accusant tour à tour les immigrés de « profiter des allocations » ou de « voler les emplois » et le mouvement social peine à apporter une réponse cohérente et audible.

    Les journaux hurlent avec les loups en faisant les gros titres du moindre soupçon d’attentat terroriste, focalisent les débats de société sur la question des immigrés, et nient systématiquement l’évidence des injustices bien réelles dues au capitalisme et à l’austérité.

    Même si certains journaux sont particulièrement immondes et malhonnêtes, la majorité des médias privés comme publics participent à la banalisation de la xénophobie et au climat anti-immigration par leurs choix éditoriaux, leur façon de traiter les sujets, le choix des images comme des termes utilisés etc. A l’occasion un journaliste ou l’autre peut se montrer plus honnête et publier des informations correctes qui peuvent être utiles pour démonter les arguments habituels.

    Mais corriger des chiffres à coups d’études scientifiques ne suffit pas. Pour réellement répondre à la montée du racisme, il ne suffit pas, comme certains « progressistes » intellectuels le font, de mépriser les gens souvent plus précarisés qui pointent du doigt les réfugiés comme cause du nombre de sans-abris, du taux de chômage ou de l’insécurité. Plus que jamais il est nécessaire de mettre à jour le rôle honteux des Etats européens dans le déclenchement de conflits au Moyen-Orient et ailleurs, dans le pillage des ressources du monde néocolonial, dans le maintien en place de dictatures brutales et meurtrières.

    Il faut crier plus que jamais que ce ne sont pas des immigrés qui ont fermé presque toutes les usines de Wallonie ces vingt dernières années. Que ce ne sont pas les immigrés qui se font élire sur de fausses promesses. Que ce ne sont pas les immigrés qui demandent des milliards d’euros pour sauver leurs banques. Pas plus que ce ne sont les immigrés qui obligent tous les gouvernements d’Europe à raboter les pensions, diminuer les allocations et vendre les services publics à des entreprises privées. Tout cela doit être le rôle du mouvement social, via les syndicats, les associations et les partis de gauche et leurs médias.

    Que face à tant de violence sociale et de misère une couche importante de la population cherche un responsable, c’est naturel. Mais à l’heure ou l’annonce de la mort en mer de dizaines de réfugiés devient quotidienne, continuer à taire les vraies causes des injustices et à concentrer l’attention sur les réfugiés ainsi qu’à recouvrir de légitimité journalistique les mensonges racistes omniprésents, ce n’est pas seulement médiocre, c’est criminel.

    (1) http://www.rtbf.be/info/dossier/drames-de-la-migration-les-candidats-refugies-meurent-aux-portes-de-l-europe/detail_migrant-demandeur-d-asile-ou-refugie-debat-sur-la-terminologie?id=9063772
    (2) http://www.rtbf.be/info/belgique/detail_la-belgique-face-a-un-afflux-massif-de-refugies-reponse-en-chiffres?id=9050959
    (3) http://www.lalibre.be/economie/actualite/les-salaires-et-les-parachutes-dores-polemiques-dans-le-secteur-public-524a55db35703eef3a0b54a3
    (4) http://www.rtbf.be/info/belgique/detail_la-belgique-demissionnaire-face-a-la-fraude-de-certains-diamantaires?id=8984142

  • Autriche. Solidarité massive avec les réfugiés

    Il y a quelques jours, 71 réfugiés ont été retrouvés morts dans un camion au sud de l'Autriche. Hier, environ 25.000 personnes ont manifesté à Viennes et ailleurs en solidarité avec les réfugiés et pour contester l'Europe-Forteresse. Au même moment, environ 1000 réfugiés sont arrivés en Autriche via la Hongrie pour essayer de traverser le pays afin d'arriver en Allemagne. Spontanément, des centaines de personnes ont accueilli les réfugiés à la gare, en achetant notamment tout ce que contenait le supermarché local afin de leur offrir nourriture, eau, médicaments et jouets pour les enfants. Les cheminots ont organisé un train pour les réfugiés, un grand restaurant a ouvert ses portes et offert des places où dormir à ceux qui étaient trop fatigués pour continuer leur route directement. Des frontières ont été franchies et des lois ont été brisées sous la pression de la solidarité.

    Nos camarades du SLP, Sozialistische LinksPartei (section autrichienne du Comité pour une Internationale Ouvrière et parti-frère du PSL) étaient présents à la manifestation de Viennes avec une délégation combattive qui avait notamment pour slogan : "Que les réfugiés restent, exproprions les riches!"

    L'énorme sentiment de solidarité qui existe parmi la population ordinaire s'est reflété dans l'assistance immédiate qui a été fournie aux réfugiés lors de ces évènements et d'autres. La politique du gouvernement ou la rhétorique raciste de l'extrême droite, notamment, ne font visiblement pas l’unanimité dans la population. Il ne faut pas bien entendu nier l'impact de la politique de division semée par l'extrême droite, mais en organisant concrètement la solidarité avec les réfugiés, une image différente est clairement montrée : celle de l'unité entre les opprimés et de la solidarité avec ceux qui en ont besoin. Il est d'ailleurs à noter qu'alors que le gouvernement ne parvient pas à aider les réfugiés – il ne reste de moyens que pour les banquiers – la population ordinaire refuse de rester inactive face à la catastrophe humanitaire et s'engage dans le soutien des autres être humains.

    Le 3 octobre, une nouvelle grande manifestation est prévue en Autriche. Pour faire de cette manifestation un succès, il faut bien sûr mobiliser parmi les réfugiés mais aussi dans les écoles, particulièrement là où de jeunes réfugiés sont scolarisés, de même que dans les quartiers et sur les lieux de travail. Assurer que la mobilisation soit la plus large possible est d'une aide cruciale pour permettre de limiter l'espace pour la rhétorique de droite.

    A notre avis, il faut insister sur le lien à faire entre la crise des réfugiés et la résistance nécessaire contre le capitalisme, dont le fonctionnement même conduit directement tant à l'austérité qu'au drame qu'endurent les réfugiés.slp01

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  • La droite surfe sur le racisme pour mener plus durement sa politique asociale

    Bart De Wever est de retour de vacances et on l'a tout de suite remarqué. Il a déjà lancé une nouvelle guerre contre les stupéfiants en annonçant que quiconque se ferait pincer à Anvers en train de fumer un joint serait accompagné par la ville. Le même jour, il a annoncé qu'il veut des règles plus strictes envers les victimes d'autres guerres, des vraies celles-là, comme en Syrie ou en Afghanistan. L'option idéale pour De Wever serait un grand mur autour d'Anvers. L'ancienne ceinture de forts qui n'a pu arrêter les Allemands pendant la guerre mondiale pourrait donc stopper les victimes de guerres, d'exploitation, de violence sectaire et de misère ?

    La rhétorique à propos des flux de migrants prend des proportions hallucinantes. Les morts en mer Méditerranée, le camp de réfugiés à Calais ou la terrible traversée des Balkans font beaucoup parler d'eux. La droite essaie de surfer sur la peur de voir arriver les réfugiés. Pensons à la une du quotidien flamand Standaard du 27 août : “33.000 étrangers piquent des emplois dans la construction”. Apparemment, selon le Standaard, les étrangers seraient responsables de l’exploitation et du dumping social ? Le verbe “piquer” n’est pas très subtil non plus. Mais le racisme fait vendre.

    Nous savons naturellement que la rédaction du Standaard n’est pas forcément raciste. Mais on entre avec une grande aisance dans la logique dominante également utilisée par la N-VA, à savoir la logique selon laquelle les victimes de la politique intérieure asociale sont montés, sans scrupules, contre les victimes de la désastreuse politique étrangère. Les étrangers viennent ici pour profiter et voler des emplois, dit-on. Comme si les demandeurs d’asile étaient responsables de la fermeture de Ford Genk! Comme si les coupes d’austérité dans le secteur public qui ont provoqué la perte de nombreux emplois n’avaient pas été menées par des Flamands “pure souche” de conviction N-VA ! Les mesures d’austérité dans le secteur public assurent d’ailleurs que le nombre de projets de construction diminue et, par conséquent, l’emploi dans le secteur aussi. Qui donc fait vraiment disparaître les emplois ?

    De Wever ne pouvait évidemment rester en retrait de la discussion sur la politique d’asile. Il a fait savoir que pour lui, il ne faut pas seulement des règles européennes mais aussi la possibilité de règles nationales plus strictes. La suggestion était claire : dans la forteresse-Europe, De Wever veut en plus ériger une mini forteresse-Anvers. Pas d’étrangers qui y entrent. De Wever aussi semble souligner que notre système social ne peut répondre à l’arrivée d’un grand nombre de réfugiés. C’est exact. Plus encore, les mesures d’austérité font que le système social ne suffit pas à compenser les problèmes provoqués par la politique asociale actuelle. Ça ne vient pas des réfugiés mais de la politique asociale. Il y a naturellement le contexte de la crise économique mais qui en est responsable ? Les réfugiés ou les banquiers et les spéculateurs servis par la politique actuelle ?

    La droite essaye de profiter de la crise en matière d’asile pour détourner l’attention de la politique asociale et semer la division. Cela fonctionne dans une certaine mesure mais les nombreux témoignages de solidarité montrent que d’autres points de vue existent. Comme en Italie et en Grèce, ce sont surtout de simples citoyens qui offrent une aide et une solidarité concrète aux réfugiés en détresse. Tandis que les politiciens abreuvent tous les médias de leur division visant à amener de nouvelles mesures d’austérité asociales, la solidarité et l’unité grandissent entre les victimes de cette politique. C’est d’ailleurs surtout le cas dans les pays où le plus grand nombre de réfugiés sont recueillis, généralement des pays voisins des zones de conflit.

    La crise des réfugiés ne peut être résolue sans l’arrêt des guerres, de l’exploitation et de la misère. Ce ne sont pas les Syriens, Afghans ou Somaliens qui en sont responsables mais bien les instigateurs de la guerre et ceux qui y interviennent activement. Nous pensons ainsi au gouvernement belge qui a pris part aux conflits en Afghanistan, en Irak et en Libye. Il y aurait des moyens pour aller en guerre mais pas pour en supporter les conséquences ?

    Affiche_antifa_LePenLa rhétorique de droite offre directement de l’espace à l’extrême-droite pour aller un pas plus loin. En Allemagne, on a déjà vu des incendies volontaires de centres d’asile. Cela fait penser à la violence du début des années 1990. Les partisans de Pegida admirent l’exemple allemand, un militant d’extrême-droite comme Ben Van der koo, condamné pour incendie criminel, n’a pu cacher sa joie en voyant les images de centres d’asile en feu en Allemagne. Pegida veut encore organiser une protestation anti-immigrés dans notre pays en espérant tirer un peu profit du contexte. Le Vlaams Belang veut faire de même, mais avec un meeting auquel est conviée Marine Le Pen en tant qu’oratrice.

    Les réfugiés ne quittent pas leur pays par plaisir, ils fuient les conséquences d’une politique internationale désastreuse. Les populations sont les “dégâts collatéraux” des tensions inter-impérialistes. Nous nous opposons au racisme et aux diktats du capital qui aggravent tous les problèmes sociaux. Le racisme n’apporte aucune solution, il confirme la logique de la classe dominante. Il participe à la politique du diviser pour régner. Nous offrons une véritable réponse : la solidarité et l’unité d’en bas reposant sur la lutte pour un autre système dans lequel les besoins de la majorité de la population sont centraux de sorte que plus personne n’ait à fuir.

    Manifestation contre le meeting du Vlaams Belang avec Marine Le Pen à Bruxelles : mardi 15 septembre à 19h place Madou (en savoir plusévénement Facebook).

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