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Tag: Comité pour une Internationale Ouvrière
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Ecole d’été du CIO : Le rôle révolutionnaire des médias
Lors de l’édition 2012 de l’école d’été du Comité pour une Internationale ouvrière s’est tenue une discussion sur le rôle des médias et la manière de les utiliser pour les militants marxistes afin de diffuser nos idées le plus possible. Voici ci-dessous un bref rapport de cette commission.
Par Tiphaine, Gauche révolutionnaire (CIO-France)
Il nous faut utiliser toutes les méthodes pour entrer en dialogue avec la classe des travailleurs, comme avec les nouvelles méthodes que sont internet, facebook et tweeter. Les réseaux sociaux comme facebook permettent de populariser nos évènements et de contourner la presse bourgeoise. Des débats publics se mènent à petite échelle,… Parfois, certains journaux peuvent d’ailleurs reprendre des informations sur les comptes de nos sections car, à cause des coupes budgétaires, les journalistes des journaux bourgeois utilisent de plus en plus souvent facebook et tweeter pour obtenir des infos. En Grande Bretagne, il existe plusieurs exemples de prise de contact avec l’organisation par l’intermédiaire de facebook et tweeter. Bien entendu, tout cela ne peut en aucun cas remplacer le rôle d’une discussion face à face, mais ce sont des aides utiles.
On peut aussi utiliser des vidéos sur youtube et appeler à rejoindre à la fin de la vidéo. Mais les vidéos ne sont pas un support pour les analyses, à moins de mettre des vidéos de discours.
Contourner la presse bourgeoise a été utile dans les révolutions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, où facebook permettait de faire circuler l’info plus directement et à l’étranger en contournant la censure. Les réseaux sociaux ont été mis en avant par les journalistes bourgeois presque comme une cause de ces révolutions ; mais ces réseaux ne changent pas la conscience, ce n’est qu’un instrument pour la révolution.
Les sites internet ont l’avantage de la rapidité, de pouvoir mettre beaucoup de contenu, de ne pas être cher et de permettre de cliquer pour nous rejoindre ou être en contact avec nous. Ils permettent aussi de diffuser la théorie marxiste parce que les vieux stocks de classiques disparaissent. Nos camarades belges par exemple ont un site spécial pour la théorie marxiste et ils traduisent chaque mois environ la moitié de socialism today (revue théorique des camarades Anglais et Gallois) en français et en flamand. Mais il faut faire attention aussi à ce que le site ne devienne pas qu’un site international.
Dans l’internationale, il y a des sites des sections des pays mais aussi des sites des sections locales. Le site socialistworld.net a à un certain degré un rôle organisateur, par exemple pour les campagnes de solidarité.
On peut faire des liens entre le journal et le site internet, par exemple les camarades Russes mettent dans le journal des versions courtes des articles de leur site avec l’adresse de l’article sur le site internet, ce qui permet d’avoir plus d’articles dans leur journal. Les moyens de communication électroniques ne s’opposent pas à la presse papier, et surtout ne remplacent pas les meetings, les discussions etc. La vente de la presse permet de rester en contact physique avec les jeunes et les travailleurs en leur proposant notre journal. Cela est non seulement extrêmement formatif pour els camarades, mais cela permet aussi de tâter le pouls de la société en quelques sortes. Souvent, nous devons convaincre de la nécessité d’acheter notre journal. Un des principaux arguments à mettre en avant est que nos publications ne sont pas que des analyses de gauche, ils comportent également des propositions concrètes pour faire avancer la lutte, des propositions de plans d’actions, de méthodes destinées à construire un rapport de force favorable à la classe des travailleurs,…
Les journaux capitalistes sont différents des journaux révolutionnaires en ce que les journaux sont pour les capitalistes une production privée qui permet de faire du profit. Ces journaux connaissent un certain déclin, les coupes budgétaires sont nombreuses (avec un impact sur la qualité de l’information) et le manque d’investissements est important. Même dans la presse de qualité, 60% des articles sont de simples reprises de communiqués de presse. Un des rôles parmi les plus fondamentaux de a presse bourgeoise est d’attaquer le mouvement des travailleurs, de critiquer les grèves, les luttes sociales,…
Les journaux révolutionnaires ont un but complètement différent. Par exemple en Angleterre et au Pays de Galles, notre journal (qui est un hebdomadaire) a été un élément important pour diffuser largement l’idée d’une grève générale de 24h, avec les principaux arguments à reprendre pour en parler autour de soi. En Irlande, notre journal a été crucial dans le cadre de la lutte contre la household tax afin de parler en profondeur de la stratégie et des tactiques de la lutte. Les ventes ont explosé pendant ces mouvements. Dans cette période de crise sociale, le potentiel pour le développement de notre presse révolutionnaire est véritablement gigantesque. Mais il est important de maintenir les ventes militantes également dans les périodes creuses, au risque de ne plsu être préparés aux périodes de lutte.
Chaque camarade doit lire, s’abonner au journal et le vendre, mais également s’impliquer dans l’écriture. Il est important de discuter en section du contenu du dernier journal, de faire des remarques pour améliorer nos publications, de discuter de ce qu’il faut développer dans de nouvelles éditions,… En Suède, malgré le fait qu’un nouveau journal sort chaque semaine, cela est systématiquement discuté dans les réunions de section.
La rédaction d’un article ne s’effectue pas de la même manière si on s’adresse à une personne lambda que l’on rencontrera lors d’une activité en rue, à un syndicaliste qui cherche à s’opposer de la meilleur manière à sa bureaucratie syndicale coincée dans un syndicalisme de conciliation ou encore à un membre du parti, ancien ou nouveau. Quand on écrit un article, il faut se poser les questions cruciales suivantes : que veut on dire et à destination de qui ? Nous devons varier les approches.
Notre presse peut donner confiance aux travailleurs en lutte en reprenant leurs propos afin de diffuser leur combat, parce qu’ils n’ont pas leur mot à dire dans la presse bourgeoise, parce que leurs bureaucrates ne les écoutent pas, etc. Lénine disait aussi ‘‘si une lutte est victorieuse mais n’est pas rapportée, elle perd 90% de sa valeur parce que les masses n’en tirent pas de leçons.’’ Ce travail doit être au centre de notre attention.
Les endroits où effectuer les ventes militantes n’ont rien d’automatique. Il faut discuter avec soin, collectivement, en section, où vendre, quand et à qui. Au lieu de se dire simplement ‘‘on va faire une vente tel jour à tel endroit’’, on peut plutôt se dire ‘‘tel jour, on va faire campagne sur tel sujet à tel endroit’’ en utilisant plus spécifiquement un article du journal.
Nous devons défendre la tradition de la vente militante et d’une presse payante, car le prix du journal représente une petite contribution politique. L’argent de la vente des publications sert à produire d’autres publications, et toujours dans le but de répandre nos analyses, news etc., mais cela permet aussi de concrétiser l’intérêt politique de la personne à qui on parle.
De petites forces, avec de grandes idées, peuvent faire de grandes choses en touchant les masses. C’est le défi auquel est confronté notre travail sur les publications.
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Ecole d’été du CIO : Discussion sur les USA
Les élections présidentielles de 2012 prennent place dans un contexte de crise économique et sociale. Le mouvement Occupy a illustré la colère présente dans la société américaine et le potentiel qui existe pour la gauche. Bien évidemment, les réactionnaires et la droite sont à l’offensive également, notamment avec le Tea Party. L’approfondissement de la crise s’accompagne de poussées réactionnaires racistes, mais aussi contre les droits des femmes.
Nous nous regardons du côté des travailleurs. Le chômage atteint un niveau record. Avec ceux qui sont sans emploi ou dans des situations très précaires, on arrive autour des 20%, bien qu’il ne s’agisse que d’estimations, aucune donnée précise n’existe. Un chômage structurel de masse est en augmentation. La pauvreté augmente aussi. Les nouveaux emplois sont moins bien payés, plus précaires,… 46 millions de personnes, soit 15%, vit officiellement sous le seuil de pauvreté, soit 3 millions de personnes de plus qu’en 2009 et 7 millions de plus qu’en 2008. La moitié des Américains surfent avec la limite du taux de pauvreté. Les Afro-américains et latino-américains sont particulièrement touchés (26%), de même que les femmes (34%). Pendant ce temps, 1% de la population aurait empoché 93% des richesses produites en 2010. La grande majorité de la population n’a aucunement profité de la relative restauration de l’économie.
Les attaques massives contre les droits des femmes aux USA, elles augmentent depuis un moment, avec notamment la volonté de contrôler les femmes en contrôlant leur corps. Les restrictions sur le droit à l’avortement sont véritablement nombreuses, et très choquantes dans le cas du Texas. Dans l’Etat du Mississipi, il y a une seule clinique qui pratique l’avortement, et elle va fermer. La question de l’avortement n’est pas morale, elle est politique en première instance. Il est particulièrement remarquable de voir que les conservateurs qui sont contre l’avortement n’accordent aucune attention aux enfants une fois qu’ils sont nés. Se soucient-ils des pauvres? De leur enseignement? Non. Tout ce qui les intéresse, c’est de contrôler les femmes.
Voilà le contexte dans lequel s’est développé le mouvement de lutte de 2011. C’est véritablement une année charnière dans l’histoire sociale des USA. Occupy Wall Street, durant des semaines, a recentré le débat politique national sur des réalités sociales que l’on cherchait à nier dans les médias. Avant cela, le Tea Party, un mouvement populiste de droite, était considéré comme la seule expression de la colère anti-Wall Street, anti-establishment,… En 2011, ce mouvement a été balayé par un autre, qui réagissait également face aux banquiers, spéculateurs,… mais sur une base de classe.
En 2010, quand les républicains ont conquis le Congrès, certains imaginaient qu’on allait traverser un long et sombre tunnel. Le discours était que les travailleurs étaient abrutis, que le discours des conservateurs avait gagné les esprits,… Les partisans du CIO aux USA ont affirmé que ce virage à droite apparent n’était pas le seul processus à l’œuvre parmi les masses, que le vote républicain illustrait une colère et un rejet de la politique menée par l’administration Obama, pas un vote d’adhésion aux républicains. La ”gauche” américaine a eu une attitude arrogante envers les travailleurs en disant : vous n’avez pas soutenu Obama, comment fait-on maintenant ? A l’époque de ces élections, une bonne partie de la base qui avait élu et milité pour Obama ne s’est simplement pas rendue aux urnes. Pour le CIO, il était clair que l’éléphant républicain allait en réalité droit dans le mur. Fort de cette analyse, Socialist Alternative, les partisans du CIO aux USA, étaient préparés à l’année 2011.
Quand Scott Walker, le gouverneur du Tea Party du Wisconsin, a lancé ses attaques antisociales contre les droits syndicaux, l’alarme a été sonnée. Nous sommes intervenus, avant n’importe quel autre mouvement de gauche, et avons développé le mot d’ordre de grève générale du secteur public, mot d’ordre qui avait déjà été très populaire lors de récentes attaques contre les enseignants dans la région. L’influence de nos camarades a été largement plus grande que ce que leur nombre pouvait signifier, grâce à notre approche, à nos perspectives, à notre analyse, à notre rapidité d’intervention. Nous avons reçu une bonne écoute dans le mouvement, mais les bureaucraties syndicales liées aux démocrates ont tout fait pour abaisser le niveau des discussions et freiner le mouvement. La lutte a été un échec à cause de la direction inféodée aux démocrates, mais nous avons pu largement nous construire et faire la différence avec les autres organisations.
Il y a eu un réel éveil politique de la jeunesse, une radicalisation des travailleurs. Quand le mouvement Occupy a surgi à l’automne, le soutien passif parmi la population était énorme, avec également des manifestations de dizaines de milliers de personnes. En janvier, la majorité de la population américaine soutenait le mouvement Occupy. Ce soutien est apparu après une gigantesque répression qui a soudé la population derrière le mouvement et ce malgré le rôle des médias traditionnels. Le fait que des changements sont nécessaires, mais aussi possibles, a été saisi par les gens. Mais il reste une grande confusion sur ce que cela signifie. Quelle alternative ? Comment faire pour y parvenir ? Quelle est la nature profonde du capitalisme ? Notre tâche dans le mouvement est de le construire, mais aussi de faire de même avec nos propres forces. Ce mouvement a représenté une grande opportunité.
L’élection d’Obama a rehaussé l’image du capitalisme américain par rapport aux années Bush. Il y a eu un grand enthousiasme envers ce que l’administration démocrate pouvait faire, de grandes illusions existaient envers les changements possibles uniquement sur base électorale. Mais les contradictions du capitalisme américain ont éclaté au grand jour. Déjà en 2008, les soutiens financiers pour la campagne d’Obama étaient énormes, mais il y avait eu aussi de nombreuses petites contributions de gens ordinaire. Ce soutien de particuliers a baissé, il aura même moins de soutien de petits particuliers pour Obama que pour Romney.
Cette campagne électorale dépasse tous les records en termes d’argent engagé. Il y a aussi les supers-pacs. Durant la procédure de rappel de Scott Walker au Wisconsin, il a bénéficié de 70 fois plus d’argent que son opposant démocrate. Il y a de grandes réactions contre cela. Le système électoral américain est critiqué et ridiculisé, y compris sur des émissions d’audience nationale.
L’establishment capitaliste ne sait pas trop comment faire pour affronter la situation actuelle, avec de grandes divisions internes. La corruption et les collusions avec des grosses entreprises sont massives. La colère des masses en réaction est proprement gigantesque. L’écrasante majorité des gens critiquent le Congrès ou pensent qu’il faut le changer.
Dans ce cadre, le mouvement Occupy a offert l’opportunité aux militants de gauche de pouvoir enfin affronter le système des deux partis. Là où nos camarades le peuvent, ils opposent des candidats contre les deux candidats traditionnels. Mais il y a deux tendances à combattre: le côté du ”moindre mal” et le côté ”tous pourris, fuck the elections”. Certains démocrates tentent de profiter de ce sentiment et essayent de se profiler comme ”des 99%”, alors qu’ils ont eux aussi voté pour les diminutions de taxes pour les riches de Bush.
Obama a été le président qui a reconduit le plus d’immigrés à la frontière: il a fait plus en deux ans que Bush en huit ans. Sa méthode est toutefois différente. Il est pour le ”dream act”, dit qu’il veut plus d’intégration, que les immigrés peuvent être naturalisés s’ils vont à l’armée,… Obama est pour la politique néolibérale, mais avec un minimum de posture ”sociale”. Obama peut facilement détruire Romney en l’attaquant sur la manière dont il a fait sa fortune, sur son programme social,… mais c’est une arme à double tranchant. Dans son camp, Romney est haï, mais il n’y avait que de pires candidats à côté de lui, avec un paquet de fous. Il y a eu une guerre au sein du parti républicain car le Grand Capital avait peur de perdre son contrôle sur le parti. Le Parti républicain n’est plus l’organe sur lequel la bourgeoisie peut se reposer, mais Romney est tout de même le candidat qui a le soutien de Wall Street.
La bataille du Wisconsin est un avertissement pour tous les candidats, mais aussi pour tous les travailleurs. Le candidat démocrate contre Walker ne s’est pas opposé au programme antisyndical,… Il a juste dit qu’il était moins pour l’austérité, moins antisyndical,… Et Walker l’a emporté. A un moment, 125.000 personnes étaient dans la rue. Comment Walker a-t-il pu être réélu avec plus de voix que la première fois ? Les démocrates ont en fait présenté le candidat le moins à gauche qu’ils avaient, celui qui avait déjà perdu contre Walker la première fois. Il faisait partie du team de campagne de John Kerry, est maire de Milwaukee et son principal argument était de ne pas être Walker. Il était ennuyant, sans position constructive sur les syndicats, sans se prononcer contre les coupes,… Les démocrates n’ont quasiment rien mis dans la campagne, alors que la campagne de Walker était considérée comme un enjeu national par les républicains. Dans les médias, il y avait 5 fois plus de couverture pour Walker que pour l’autre. Ce résultat n’est pas illustratif d’un virage à droite dans la population. Différentes études montrent que la majorité de la population veut plus de taxes pour les riches, un enseignement gratuit,… Mais ce résultat est tout de même d’une défaite, et il y a une démoralisation parmi les activistes.
Vers où va le mouvement Occupy ?
Il est peu probable que des luttes de masse se développent avant les élections. Mais la couche la plus radicalisée par le mouvement n’a pas fini de militer. 2013 sera une année de lutte aux USA. La confusion idéologique se résorbera sur base de l’expérience pratique. L’orientation à Oakland et à d’autres endroits vers la classe ouvrière est très importante. Dans un premier temps, le mouvement Occupy a eu tendance à passer à côté des syndicats, en associant base et direction. Dans certains endroits, cela a pu être brisé.
Le mot d’ordre emblématique d’Occupy a été celui d’une grève générale nationale pour le premier mai. Cela n’a pas été le cas, mais il y a eu des endroits où cela a été très bien suivi. Une énorme opportunité a été gaspillée faute de direction, mais cela n’est que temporaire. Pour 66% de la population, le principal clivage dans la société est entre les riches et les pauvres. On ne parle pas encore d’une claire conscience de classe, mais la colère de classe est très certainement présente. 49% des jeunes ont une image positive du socialisme, même si ce que cela signifie pour eux est flou, 43% de la population est favorable au capitalisme.
Le mouvement Occupy illustre à quel point la conscience peut se développer rapidement. On était très loin avant Occupy. On en reste toutefois à une colère de classe, et le plus probable est qu’un vent de populisme de gauche souffle sur le pays, ce que l’on a déjà connu dans l’histoire américaine, comme avec Eugène Debs avant qu’il ne rejoigne le Socialist Party des USA.
Lors de nos interventions dans le mouvement Occupy, à certains moments, il y avait une petite foule de gens autour de la table, qui demandaient ce qu’était le socialisme, ce que nous avions comme revendications,… A Minneapolis, nous avons été à la pointe du mouvement OccupyHome, contre les expulsions de maisons. Ce 21 juin, il y a eu des manifestations de solidarité dans 18 villes avec ce mouvement OccupyHome. En 5 jours, 200.000 signatures ont été récoltées et envoyées aux banques pour protester. A Ménnéapolis, environ 50% des maisons ont déjà été saisies. C’est une des villes les plus à gauche. Les démocrates y sont au pouvoir, et le mouvement de défense des foyers a démasqué leur rôle à partir de ce domaine particulier. Plusieurs maisons ont été sauvées grâce à cette campagne.
Quelle attitude aux prochaines élections ?

Jill Stein sera la candidate du parti vert (bien différent des partis ‘écologistes’ européens rompus à la gestion du capitalisme), c’est elle qui recevra le plus de voix protestataires. Elle est connue comme une personnalité de gauche, favorable à des soins de santé gratuits pour tous, et est soutenue par une bonne partie de la classe ouvrière dans son Etat. Nationalement, cette campagne devrait réaliser un score assez faible, mais cela permet de mener campagne contre le système des deux partis. Nos camarades ont ce slogan ”Wall Street a deux partis, nous avons besoin du nôtre”. Cette campagne de soutien à cette candidate permettra de développer concrètement cet élément de propagande.
Jil Stein n’est pas une militante socialiste révolutionnaire, c’est certain, mais c’est une réformiste de gauche honnête, de l’aile gauche des Verts, et nous pouvons travailler avec elle tant que nous avons notre indépendance garantie au niveau des points de programme que nous voulons défendre, que nous pouvons parler des faiblesse que nous voyons, etc. Une bonne partie des éléments parmi les plus sains du mouvement Occupy se tournera vers le Green Party. Le Green Party, avec le mouvement Occupy, peut constituer l’embryon d’une formation qui peut se développer en direction d’un nouveau parti des travailleurs. Le Green Party aux USA est fondamentalement différent des partis écologistes européens ou du Green Party australiens, qui ont trahis leurs promesses sociales, ont appliqué la politique néolibérale,… Le Green Party a un gigantesque boulevard devant lui aux USA, en l’absence de formation comme les partis sociaux-démocrates que l’on peut trouver dans d’autres pays. La base du parti est plus à gauche, plus radicale et plus sociale.
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Ecole d'été du CIO : Le globe tout entier frappé par l'instabilité et la crise
Existe-t-il encore aujourd’hui un pays à travers le monde qui est épargné par l’instabilité et la crise économique ? La crise capitaliste actuelle est réellement globale, et les troubles économiques se combinent à une crise sociale et politique. Tout récemment, de nombreux commentateurs capitalistes ont reconnu que nous sommes entrés en dépression. Il ne s’agit pas à ce stade d’une dépression comparable à celle qui a frappé les années ’30, mais la stagnation des forces productives est bien réelle. L’économie de bulles spéculatives basée sur une accumulation de dettes a littéralement explosé et a entraîné dans sa chute l’ensemble de l’économie mondiale. L’Italie, par exemple, produit maintenant 5% de moins qu’avant 2007, et il s’agit carrément de 16% de moins dans le cas de la Grèce.
Rapport de la discussion portant sur les perspectives internationales et l’économie mondiale de l’école d’été 2012 du Comité pour une Internationale Ouvrière
A la chute du Mur, nous avons subi toute une propagande centrée sur l’arrivée d’un nouvel ordre mondial stable basé sur la domination des USA et la victoire d’un capitalisme capable d’assurer une prospérité pour chacun. Rien n’est plus éloigné de cette illusion que la situation mondiale actuelle, à peine plus de vingt ans après.
Où est la stabilité irakienne ou afghane promise avant l’intervention impérialiste ? La politique de l’impérialisme en Afghanistan est un échec flagrant. La corruption est aussi monumentale que l’instabilité, alors que le conflit déborde des frontières jusqu’au Pakistan voisin. En Irak également, la situation reste très instable et peut rapidement évoluer vers une guerre civile, particulièrement concernant la région kurde où le gouvernement régional conclut des accords de vente du pétrole sans passer par le gouvernement national comme il le devrait. Toute l’idée selon laquelle les USA étaient devenus les ”gendarmes du monde”, une idée qui a même touché une certaine partie de la gauche, a dorénavant disparu. Totalement.
Où est l’avenir radieux auquel était censé conduire la constitution de la zone euro ? Même entre grandes puissances, les rivalités sont en plein essors, notamment entre les États-Unis, la Chine et la Russie. Ainsi, le président Obama vient d’annoncer que les forces armées américaines dans le Pacifique allaient être renforcées, ce qui exprime les inquiétudes de l’impérialisme américain face à la montée de la Chine.
Cette situation de rivalités croissantes peut encore se constater avec l’échec du sommet de l’Organisation Mondiale du Commerce à Doha, ou avec la faillite du sommet de Rio, 20 ans après le premier sommet, sur la question de l’environnement. N’est sorti de ce sommet qu’une liste de déclarations de bonnes intentions qui ne seront aucunement suivies d’actes concrets. En fait, aucune région au monde n’est exempte de problèmes d’instabilité et de crise pour l’impérialisme. En Afrique du Nord et au Moyen Orient, ce sont les luttes de masse qui constituent un problème, mais la remontée des luttes est partout significative.
Il y a encore la question de l’Iran et des possibilités d’une attaque contre ce pays. De nombreux stratèges et commentateurs sont convaincus que cela constituerait un véritable désastre pour les Etats-Unis et Israël en terme de déstabilisation de la région toute entière. Les répercussions internationales seraient catastrophiques. Il n’est toutefois pas impossible que le gouvernement israélien se lance dans de telles attaques, notamment afin de compenser la situation de faiblesse du gouvernement Netanyahou au sein même de l’Etat d’Israël.
2011 est l’année qui a connu le plus de guerres depuis la fin de la seconde guerre mondiale : une vingtaine de guerres civiles ou entre Etats, en plus de 18 conflits décrits comme particulièrement violents. Parallèlement, les dépenses militaires ont continué de croître de façon importante. L’an dernier, les dépenses militaires ont augmenté de 60% à travers le monde par rapport à l’année précédente. Parmi les pays qui dépensent le plus en budget militaire, il y a l’Arabie Saoudite (en 8e position, avant l’Allemagne par exemple). Cela est révélateur du poids que prends ce pays dans la région, comme cela a pu être vu au Bahreïn, mais aussi dans le rôle joué par l’Arabie Saoudite avec d’autres pays comme le Quatar dans le conflit libyen à l’époque et aujourd’hui en Syrie.
De gigantesques frustrations s’accumulent face au scandale de la gestion des affaires publiques. Au Japon, de récents rapports font états de conspirations entre le gouvernement japonais et les grandes entreprises énergétiques destinées à masquer le danger du nucléaire, avant et après la catastrophe de Fukushima tandis que le gouvernement a décidé de relancer en activité des centrales fermées depuis la catastrophe. L’emprise de la dictature des marchés et de son impact sur nos vies – en termes d’emploi, de salaires, de destruction de l’environnement,… – sont rejetés par des masses sans cesse plus nombreuses. Le marché financier n’est pas simplement un ensemble d’opérateurs, il s’agit d’un ramassis de spéculateurs assoiffés de profits, et cette réalité éclate au grand jour à mesure que des millions de personnes à travers le monde voient leur niveau de vie baisser malgré les sacrifices qu’ils ont dû avaler des années durant.
En conséquence, les politiciens capitalistes perdent de leur légitimité et nombreux sont les gouvernements qui n’ont pas survécu à la crise. En France, quelques semaines seulement après que Sarkozy ait perdu les présidentielles, on a vu des policiers débarquer chez lui dans le cadre d’enquêtes sur des affaires de corruptions. En Angleterre, on a vu éclater le scandale de Murdoch, qui a dévoilé les collusions entretenues entre ce groupe de presse, les politiciens, la police,… Mais au-delà de la corruption et des ”petites affaires”, c’est la politique d’austérité adoptée par les gouvernements capitalistes qui est massivement rejetée et qui conduit à des mouvements de masse. Aux USA, dans l’antre de la bête, nous avons vu se développer la Bataille du Wisconsin contre le gouverneur Scott Walker et ses attaques antisyndicales, puis le mouvement Occupy.
Quelle voie de sortie ?
Si le capitalisme était capable de garantir la croissance économique et un certain partage des richesses vers la classe ouvrière, même limité, il serait alors possible de connaître une relative période de stabilité. Mais ce n’est très clairement pas le cas aujourd’hui, aucune économie capitaliste n’ayant durablement réussi à se stabiliser après le crash de 2007. L’Europe est en pleine récession, mais l’économie chinoise commence elle aussi à s’essouffler, ce qui aura d’importantes répercussions sur les économies malaisienne, brésilienne, australienne,… qui dépendent fortement de leurs exportations à destination de la Chine. Ces dernières années, un processus de désindustrialisation a eu lieu au Brésil, qui a mis l’accent sur l’extraction de matières premières et l’achat de produits finis chinois. Cela illustre la dépendance de ce pays, et il n’est pas le seul, par rapport à la Chine.
Ce pays joue aujourd’hui un rôle clé dans l’économie mondiale. Avant la crise, sa croissance économique tournait autour des 10%. La Chine finançait la dette américaine. La demande en matières premières constituait une énorme source d’investissement pour les pays exportateurs tels que la Chine. Au plus fort de la crise, le régime a lancé un énorme plan de stimulus correspondant à 12% du PIB chinois, avec un certain nombre de projets dans l’infrastructure. La taille et la rapidité de ce paquet de stimulus illustre le rôle de l’Etat chinois dans cette économie hybride. L’Etat continue à jouer un grand rôle dans l’économie chinoise, et l’a d’ailleurs renforcé au cours de la dernière période. Mais maintenant, les perspectives de croissance tombent sous les 8%. Il se pourrait bien que le ralentissement économique soit bien plus profond, comme semblent l’indiquer les données concernant la consommation d’électricité dans le pays, en chute libre pour la première fois (7% de moins en 2011 par rapport à 2010). De plus, la Chine a des liens très forts avec la zone euro, et n’est pas immunisée aux répercussions de la crise de cette zone. L’an dernier, les échanges entre la Chine et l’Union Européenne ont été les plus élevés jamais connus. La Chine est déjà aux prises avec une crise de surproduction, particulièrement dans le secteur de l’acier. Les stocks s’accumulent dans les entreprises, car il n’est pas possible de tout écouler. Le FMI a rapporté qu’il est possible que la croissance ne soit que de 4 à 5% pour cette année.
Quelques commentateurs bourgeois s’imaginent régulièrement avoir trouvé un miracle économique. On entend ainsi parler de l’Australie ou du Canada. Mais la prospérité de ces pays est très fragile car avant tout basée sur l’augmentation des prix des matières premières destinées à l’exportation. De plus, aucun de ces pays ne peut se vanter d’avoir pu faire profiter sa population du revenu des richesses naturelles.
Le développement d’un chômage de masse historique est un véritable scandale alors que les entreprises accumulent de gigantesques montagnes de liquidités qu’ils refusent d’investir. Ainsi, environ 5.000 milliards de dollars dorment sur les comptes des USA et d’Europe. Les capitalistes refusent d’investir cet argent de peur de ne pas avoir suffisamment de retours sur investissements.
C’est cette peur des capitalistes de ne pas trouver assez de profits dans les investissements dans la production qui a ouvert la voie à ce que ce capital soit disponible pour le secteur financier. Ce secteur s’est développé de façon absolument extraordinaire après les années ’70. En fait, depuis les années ’80, le principal élément de croissance économique a été la croissance du crédit. La classe capitaliste a reporté son problème de surproduction, elle est incapable pas mettre en avant une solution claire afin de sortir de la crise. Il n’existe toutefois pas de crise finale du capitalisme. Les vautours capitalistes seront toujours capables de retrouver les moyens de rebondir, quelque puisse en être le prix pour la population, à moins que la classe ouvrière ne trouve les moyens de renverser ce système pourri. Cependant, le mouvement ouvrier est lui aussi aux prises avec une crise très importante, celle de sa direction.
Aux USA, la politique de stimulants économiques a représenté quelque 6% du Produit Intérieur Brut américain. L’économie américaine a connu une faible relance. Depuis lors, un certain nombre de mesures de stimulants du président Obama ont été bloquées par le Congrès, actuellement dominé par les Républicains. Les chiffres de croissance d’emplois parlent de 80.000 emplois créés en juin, un déclin remarquable vis-à-vis des années précédentes, ce qui reflète les faiblesses de la politique de croissance d’Obama.
En Europe également, dans un premier temps, les gouvernements capitalistes ont engagé de grandes sommes dans des politiques de stimulus, mais cela est fini. Pour adoucir l’impact de l’austérité, les capitalistes ont notamment recouru à l’assouplissement quantitatif, les banques centrales faisant l’acquisition d’actifs tels que diverses dettes. Il s’agit dans les faits de faire tourner la planche à billets, ce que nous appelons du keynésianisme pour les riches : une intervention de l’Etat dans l’économie uniquement à destination des plus aisés.
Certains dirigeants capitalistes parlent dorénavant de la nécessité d’une politique de croissance à côté de l’austérité. Il y a deux manières de considérer cette politique de croissance : soit en soutenant les patrons (avec des subsides, des attaques sur les droits syndicaux,…), soit avec la voie keynésienne classique, avec une augmentation des dépenses publiques pour relancer la demande avec les salaires, l’emploi,… ce qui nécessite d’accepter pour un temps l’augmentation des dettes publiques. Mais la classe capitaliste s’y oppose résolument, surtout les marchés financiers.
En France, ne nouveau président François Hollande propose certaines mesures qui s’inspirent d’un keynésianisme très limité, avec une légère augmentation du SMIC ou des taxes sur les riches. La levée de boucliers chez les capitalistes a été immédiate, avec des menaces d’une grève du capital ou d’une fuite de capitaux. Jusqu’à quel point est-il possible d’aller dans cette direction ? Nous rejetons l’idée que le keynésianisme ou d’autres mesures soient capables de stabiliser le capitalisme. C’est d’ailleurs tout autant impossible de garantir une augmentation des conditions de vie à plus long terme sur base de politiques keynésiennes. Cela n’exclut toutefois pas qu’un Etat puisse avoir un certain effet avec de telles politiques durant une période donnée. Cela dépend en premier lieu du mouvement ouvrier et de sa capacité à instaurer un rapport de force qui lui soit favorable. Particulièrement dans des périodes révolutionnaires, on a déjà constaté que la classe dirigeante est capable de prendre certaines mesures qu’elle aurait refusées auparavant en tant que concession pour s’accrocher au pouvoir.
Ce que nous proposons, c’est un programme massif d’investissements publics et de travaux publics. Mais pour être effectives, conséquentes et durables, ces mesures doivent être liées à la question du contrôle des secteurs clés de l’économie (finance, énergie, sidérurgie, transport,…) et à leur nationalisation sous le contrôle démocratique des travailleurs. La marge de manœuvre dont peuvent disposer des politiques keynésiennes est très restreinte dans le système capitaliste. Le système se heurte rapidement à ses limites, et il nous faut le dépasser.
Les masses contre attaquent
Les mobilisations de masses frappent les quatre coins du globe. En Chine, les protestations sociales se comptent par dizaines de milliers, et sont mieux organisées, plus de nature à constituer des exemples pour d’autres mouvements. La classe ouvrière chinoise commence à rentrer sérieusement en action. Le premier juillet, une manifestation a réuni 400.000 personnes dans les rues de Hong Kong. Le New York Times a récemment expliqué à quel point le régime de Pékin prend de très nombreuses mesures pour se prémunir de mouvements sociaux de grande ampleur. Le régime dépenserait 100 milliards de dollars uniquement pour sa sécurité intérieure. Une aile du régime tente d’ailleurs d’instrumentaliser ces luttes sociales dans le cadre de sa lutte pour le pouvoir. Les divisions ouvertes au sein de l’élite du régime sont également une caractéristique de cette époque.
Aux USA, Obama a cherché à ne pas fondamentalement affronter la classe ouvrière. Il s’est toutefois bien gardé d’apporter son soutien aux luttes du Wisconsin en février-mars 2011 par exemple. Dans cette bataille, qui a préfiguré le large mouvement Occupy, la question de la grève générale a été mise au devant de l’agenda, mais les directions syndicales inféodées au parti démocrate ont tout fait pour dévier le combat vers une procédure de rappel du gouverneur, que Walker a failli perdre. Les illusions envers Obama s’effondrent. Sa victoire aux prochaines élections présidentielle permettrait que sa politique puisse être testée jusqu’au bout, et ainsi clairement démasquée aux yeux des masses. Dans le cas contraire, le parti démocrate aurait encore une marge de manœuvre relative pour essayer de se profiler comme étant plus à gauche.
En Israël / Palestine, le régime israélien n’a pas bougé d’un pouce sur ses positions malgré les nombreuses concessions d’Abbas et de l’autorité palestinienne. Les possibilités d’une nouvelle Intifada et de protestations de masses grandissent dans la région. Mais même en Israël, nous avons vu se développer des protestations sociales de masse tout à fait historiques.
En Tunisie et en Egypte, la classe ouvrière a joué un grand rôle dans la chute des dictateurs. Hélas, en général, le mouvement ouvrier n’a pas joué de rôle indépendant dans les protestations de masse d’Afrique du Nord et du Moyen Orient. En Libye, par exemple, le mouvement avait un caractère populaire mais s’est rapidement développé sur des bases nationalistes et tribales. Nous n’avons jamais soutenu le régime de Kadhafi, mais nous avions cependant clairement prévenu que l’intervention impérialiste ne résoudrait rien. Différentes forces se combattent, critiquent la manière dont les élections ont été organisées et n’accepteront pas le résultat. La réalité est que les diverses régions du pays sont contrôlées par des seigneurs de guerre locaux qui veulent accroître leur pouvoir.
En Syrie, la survie même du régime de Bachar El Assad est posée. Une intervention similaire à l’opération libyenne est toutefois impossible pour l’impérialisme, en raison des forces armées du pays, de sa taille,… Par contre, différents pays soutiennent les forces d’opposition syriennes, mais il s’agit d’une opposition basée sur le maintien du système capitaliste. Parler du mouvement ouvrier aujourd’hui dans le cas de ces pays peut sembler assez lointain, mais une couche de travailleurs et de jeunes va tirer la conclusion que seule la classe ouvrière organisée peut sortir le pays de la crise.
En Egypte, le régime a été capable de sacrifier Moubarak pour se sauvegarder. Les élections présidentielles ont opposé dans le second tour le candidat Morsi, des Frères Musulmans, et Chafiq, général et ancien premier ministre de Moubarak. Pour les travailleurs, aucun d’entre eux ne constituait une alternative. Une certaine forme de contre-révolution a pris place en Egypte, comme dans d’autres pays de la région, un processus rendu possible par l’absence d’une classe ouvrière suffisamment organisée que pour mener une politique propre. La comme ailleurs, le mouvement ouvrier souffre de l’absence d’une direction audacieuse et clairement orientée vers le renversement du système d’exploitation capitaliste. Mais il faut garder en tête que la phase actuelle n’est pas la fin du processus, il ne s’agit que d’une étape temporaire. L’actuel tournant vers la droite dans la situation sera à l’avenir accompagné d’un tournant vers la gauche et du renforcement de la révolution. La pièce n’est pas encore jouée. Depuis décembre dernier, le mouvement révolutionnaire a eu son attention détournée par les élections, avec pas moins de 6 échéances électorales. Les luttes industrielles vont maintenant pouvoir s’épanouir, alors que 2,5 millions de personnes sont actuellement organisées dans des syndicats indépendants, un chiffre toujours en pleine croissance (contre 50.000 avant la révolution).
Il faudrait encore parler de l’Afrique du Sud et du puissant mouvement des travailleurs des services publics contre le gouvernement de l’ANC, ou encore de la grève générale de janvier qui a littéralement paralysé le Nigeria suite à la suppression des subsides sur le pétrole. D’autres pays devraient connaître des suppressions de subsides de l’Etat pour des denrées de base, et le Nigeria illustre quel est le potentiel d’une résistance de masse dans un tel contexte. Au Sri Lanka, en Inde et au Pakistan, d’importantes luttes ont pris place contre l’augmentation des prix, notamment du pétrole, et des victoires ont été obtenues. Au Kazakhstan, la lutte contre le régime de Nazerbayev comprend certaines caractéristiques révolutionnaires qui vont s’accentuer dans la prochaine période, dans le pays qui connaît la classe ouvrière la plus avancée de toute l’ex-URSS. La liste est longue (lutte étudiante au Québec, mouvements de masse au Sénégal, en Amérique latine,…).
Pour une société socialiste démocratique
Les capitalistes n’ont pas de voie de sortie. Tout juste peuvent-ils être capables de créer les bases d’une croissance très faible pour une ou deux années, mais l’approfondissement de la crise est inévitable. Dans ce contexte, l’aliénation et le rejet du système augmentent, nous devons prendre garde à ne pas sous-estimer cela. Nous allons être confrontés à des luttes acharnées, nous pouvons en être certains, avec des caractéristiques de révolutions suivies par des caractéristiques de contre-révolution, et puis l’inverse.
De nombreux jeunes et travailleurs tirent la conclusion que ce système n’offre aucun avenir et qu’il faut une alternative. Mais laquelle? Personne ne met en avant une claire alternative socialiste basée sur la collectivisation des moyens de production. Nous verrons se développer une plus large audience pour les idées que nous défendons sur base du marxisme révolutionnaire. A nous de saisir correctement toutes les opportunités qui se présenteront pour défendre et expliquer nos perspectives, ce qu’est une réelle direction de lutte pour le mouvement ouvrier, pourquoi celle-ci doit nécessairement s’orienter vers le renversement du système, ce que signifie la construction d’une organisation réellement socialiste internationale,…
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Ecole d’été du CIO : comment construire les forces du marxisme révolutionnaire durant cette période de crise du capitalisme ?
Durant une pleine semaine, quelque 395 marxistes issus de pas moins de 31 pays différents se sont réunis en Belgique afin de tenir d’intenses discussions politiques et de partager les diverses expériences militantes qui ont pris place durant l’année écoulée. Cette école d’été du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) était la plus grande depuis des années, et les discussions y furent particulièrement instructives et formatives. Les points forts n’ont pas manqué au cours de toutes ces journées, mais le débat central fut sans aucun doute celui consacré aux tâches du mouvement ouvrier dans cette période de crise durable du capitalisme allant de paire avec une croissance des luttes et la possibilité de fondamentalement renverser ce système pourri.
Le Comité pour une Internationale Ouvrière organise tous les ans une école d’été, depuis de nombreuses années déjà. Ces derniers temps, cet évènement a progressivement quitté son caractère exclusivement européen pour devenir un véritable évènement mondial. Ainsi, cette année, des représentants de 31 pays étaient présents (le Comité pour une Internationale Ouvrière est actif dans 44 pays), parmi lesquels divers militants du Sri Lanka, de Malaisie, du Nigeria, du Kazakhstan, du Liban, du Brésil, des Etats-Unis, du Québec, d’Australie, de Hong Kong, etc. Nous avons également accueilli deux représentants du Frontline Socialist Party du Sri Lanka, un nouveau parti large de gauche qui a récemment rompu avec son passé marqué par le nationalisme cinghalais et désire maintenant discuter et entretenir des relations avec d’autres forces de gauche.
Il est bien entendu impossible dans un rapport aussi court que celui-ci de livrer une idée précise de la teneur des discussions, nous ne pouvons qu’effleurer les principaux thèmes à avoir été abordés. Des rapports plus détaillés seront toutefois publiés sous peu sur ce site.
L’un des premiers éléments soulevés à cette école de formation a été le fait que la crise profonde du capitalisme se poursuit et se dirige même vers une nouvelle chute. En conséquence, peu à peu, les illusions basées sur l’idée que cette crise ne serait qu’un bref orage économique vont disparaître. En Europe, la crise s’approfondit tandis que la menace de la désintégration de la zone euro devient une discussion sans cesse plus ouverte, un évènement inévitable dans le cadre du système capitaliste. Aux Etats-Unis, la reprise est bien plus faible qu’initialement espéré et l’économie chinoise connaît également un essoufflement. Les capitalistes eux-mêmes ne savent plus où ils en sont et n’ont aucune solution sérieuse sur laquelle se baser pour répondre à la crise.
Le contexte international actuel est aussi puissamment marqué par le développement des luttes de masse, avec la vague révolutionnaire du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord suivie par des mouvements à la fois aux États-Unis (avec la bataille du Wisconsin, puis l’irruption fantastique du mouvement Occupy) et en Europe (notamment au travers de grèves générales historiques en Grèce et au Portugal). Le potentiel de ces mouvements a été illustré par la chute des dictateurs Ben Ali (en Tunisie) et Moubarak (en Egypte). La suite de ces évènements a cependant clairement indiqué qu’une vague révolutionnaire ne se développe pas de façon linéaire. Sans instruments politiques propres aux travailleurs et aux pauvres, l’espace laissé vacant peut être (temporairement) investi par d’autres forces. La rapide croissance du soutien à la coalition de la gauche radicale grecque Syriza exprime que les développements peuvent être soudains et que la question d’un gouvernement réellement de gauche et de la politique qui devrait être la sienne (y compris face à la question de la monnaie unique) se pose jusqu’au sein de l’Europe.
La situation grecque et les perspectives pour les luttes dans ce pays ont pris une place prépondérante durant l’école d’été, avec des discussions très instructives et enrichissantes concernant notamment les propositions et revendications les plus correctes à mettre en avant aujourd’hui pour renforcer le mouvement. Certains points méritent encore certainement d’être approfondis mais toute cette discussion sur le programme concret que devrait adopter un gouvernement des travailleurs au sein de l’Union Européenne est neuve et est une expression de la radicalisation à l’œuvre en Europe.
L’école d’été n’a pas comporté que des sessions de discussion en plénière sur la situation internationale et l’Europe, mais aussi tout un nombre de commissions sur des sujets variés. Des discussions en comités plus restreints ont ainsi pris place sur les luttes étudiantes au Québec, le développement de la lutte des classes aux USA, la situation au Nigeria, au Brésil, au Sri Lanka,… A chaque fois, l’idée était d’expliquer quelles leçons tirer de situations spécifiques pour la formation des militants marxistes. Des commissions plus pratiques ont également eu lieu, au sujet du rôle de nos publications, de la manière d’organiser nos sections,… A côté de cela, de l’espace a été laissé pour des commissions consacrées aux leçons à tirer de thèmes historiques pour les luttes d’aujourd’hui. Une commission a été consacrée au 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie et un camarade grec a parlé des traditions révolutionnaires de son pays. Nous publierons des rapports d’un grand nombre de ces commissions.
Il est clair que nos sections à travers le monde ont pu se renforcer dans la période écoulée et peuvent dorénavant jouer un plus grand rôle dans les luttes. Cette situation est source de grandes expériences et toute une série d’analyses portant sur notre compréhension de la situation objective actuelle et de nos tâches au sein de celle-ci peuvent être affinées. Dès lors, l’enthousiasme parmi les participants n’était pas surprenant. Cet enthousiasme s’est notamment traduit par un appel financier très réussi pour notre internationale et par l’intérêt porté sur le matériel politique des différentes sections.
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[PHOTOS] Meeting électoral de Syriza à Athènes
Ce 14 juin, entre 10.000 et 15.000 personnes ont assisté à Athènes à un meeting électoral de la coalition de la gauche radicale Syriza. La place sur laquelle se déroulait l’évènement était bien trop petite que pour accueillir la foule. Nos camarades grecs de Xekinima, section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière, étaient également présents, de même que Paul Murphy, député européen du Socialist Party (CIO-Irlande).
De Frederik, correspondant de socialisme.be à Athènes
Ce 20 juin, 3 jours après la tenue des élections en Grèce, Nikos Chountis (eurodéputé de Syriza) sera présent à un meeting européen contre l’austérité, où il prendra la parole en présence de Paul Murphy (député européen du Socialist Party, Irlande), de Charlotte Balavoine (candidate du Front de Gauche aux législatives pour la circonscription du Bénélux), de Tony Mulhearn (Trade Union and Socialist Coalition, Angleterre), d’un représentant d’Izquierda Unida (Espagne), de Stephen Bouquin (Rood!) et d’Anja Deschoemacker (‘Gauches Communes’). PLUS D’INFOS
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Russie : La police relâche les membres du CIO
Les protestations internationales ont mis les autorités de Moscou sous pression
La police de Moscou a relâché nos camarades du CIO, Dmitri Ierokhine et Kostia Zamourenko après qu’ils aient été arrêtés sur le camp de l’opposition dans le centre ville. La police avait clairement ciblé les camarades du CIO qui étaient à ce moment en train d’organiser le “centre d’information” du camp, lequel était une structure cruciale dans l’organisation de ce camp.
Tous deux avaient été arrêtés, et tout le matériel ainsi que tout l’équipement du centre d’information avait été confisqué. Ils ont été détenus pour quelques heures puis relâchés, bien que la nouvelle ait mis du temps à parvenir aux membres du CIO en Russie et à l’échelle internationale, qui ont poursuivi les actions de protestations contre cette arrestation.
Dmitri et Kostia ont été jugés lundi dernier. On ne connait pas encore le montant de l’amende qu’ils devront payer. Pendant ce temps, la police a poursuivi ses tentatives de démontage du camp, ce à quoi elle est finalement parvenue vendredi soir.
Le Komitiét za rabotchi internatsional (CIO-Russie) envoie tous ses remerciements aux membres et sympathisants du CIO partout dans le monde pour la réponse rapide qui a été donnée à notre appel, qui ont eu un effet immédiat sur les autorités qui avaient arrêtés nos camarades.
Suède : Action de protestation au consulat de Russie
Par Stefan Berg et Kristofer Lundberg, Rättvisepartiet Socialisterna (CIO-Suède)
Après deux jours de protestations devant la porte du consulat général de Russie à Göteborg, le consulat s’est finalement vu contraint à accepter la lettre de protestation que voulait lui remettre le Rättvisepartiet Socialisterna, même si leur première réaction avait été d’appeler la police.
Sitôt apprise la nouvelle que deux membres de la section russe du CIO avaient été arrêtés, vendredi 18 mai, les membres du Rättvisepartiet Socialisterna se sont organisés pour aller remettre une lettre de protestation au consulat, exigeant la relâche des prisonniers politiques. Le personnel du consulat a refusé, maintenant la porte fermée pendant la durée de l’action, qui s’est déroulée pendant les deux heures d’ouverture du bureau pour les demandes de visa.
Quand nous sommes revenus lundi, le personnel du consulat a tenté d’utiliser la police pour mettre fin à notre action, mais en vain. Leur argument était que ‘‘À Moscou, cela ne serait pas toléré’’, mais la police suédoise ne pouvait rien faire d’autre que rester là et surveiller que les membres de RS ne commettent aucun acte criminel pendant l’action. RS a contacté le consulat pour leur annoncer que nous continuerions notre action jusqu’à ce qu’ils acceptent de recevoir notre lettre. À 10 heures mardi matin, les membres du CIO étaient déjà là, avec slogans et pancartes à la main, au moment de l’ouverture des portes. Après trois quarts d’heure, le consulat a finalement réalisé que nous étions prêts à continuer ainsi tous les jours jusqu’à ce qu’ils acceptent notre lettre. Cela faisait déjà trois jours que personne ne pouvait rentrer ni sortir du consulat pour y recevoir un visa, et que nos slogans de ‘‘Justice pour les travailleurs russes – Justice maintenant !’’ et de ‘‘Libérez les prisonniers politiques – Libérez-les maintenant !’’ résonnaient dans les rues du riche quartier d’Örgryte.
Après avoir constaté que la police n’allait pas les aider, le personnel du consulat a tenté d’intimider les participants en prenant des photos des plaques d’immatriculation de nos voitures et en filmant l’action.
Nos deux camarades russes, Dmitri Ierokhine et Kostia Zamourenko, ont été arrêtés vendredi dernier et étaient menacés d’une peine de 15 jours de prison, simplement pour avoir organisé un camping pacifique en guise de protestation contre le régime Poutine corrompu. Le fait que la police antiémeute ait confisqué tout le matériel politique suggère que les autorités sont inquiètes de la hausse des critiques contre le régime parmi les jeunes et les travailleurs. Des camarades du CIO ont déjà été battus et arrêtés par la police dans le cadre de la Gay Pride à Moscou.
RS continuera à suivre le développement des événements en Russie et est prêt à de nouvelles actions de protestation devant le consulat général s’il le faut.
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Russie : Des partisans du CIO arrêtés à Moscou
Ce 18 mai, deux membres du CIO à Moscou ont été arrêtés dans le cadre du mouvement permanent d’opposition contre le règne de Poutine, et qui dure à Moscou depuis le 6 mai maintenant. Un camp s’était tout d’abord installé aux “Clairs Étangs” (Tchistye Proudi) dans le centre de Moscou, jusqu’à ce qu’un juge décide de donner l’ordre d’évacuer le camp avant mercredi dernier midi. La police anti-émeute a cependant attaqué dès les 5 heures du matin, forçant les manifestants à décamper à un autre endroit, situé près du métro “Barricades” (Barrikadnaïa), sur le périphérique central.
- Moscou : Quand la manifestation vire à la bataille rangée
Le camp est de plus en plus organisé, une assemblée se réunissant chaque soir afin de prendre les décisions nécessaires. Il devient aussi de plus en plus politique, avec un centre d’information central qui organise des discussions et produit des tracts et autres littératures d’agitation.
Les camarades du CIO se trouvent au centre de ce travail, ce qui n’est pas passé inaperçu aux yeux des autorités. Ce vendredi 18 mai au soir, la police est entrée dans le camp et s’est dirigée droit sur le centre d’information. Elle y a arrêté deux membres du CIO : Dmitrii (Dima) Iérokhine et Konstantin (Kostia) Zamourenko ; elle a aussi confisqué l’ensemble du matériel et de l’équipement du centre d’infos.
Personne ne sait encore ce qui arrivera à nos deux camarades détenus. Beaucoup des manifestants arrêtés cette semaine ont été relâchés par la police aussitôt que leurs papiers d’identité avaient été vérifiés. Mais ceux qui sont considérés comme “meneurs” ont reçu des sentences de 5 à 15 jours de prison. Nous nous inquiétons dès lors du traitement qui sera réservé à nos camarades.
Nous appelons tous les sympathisants du CIO et tous nos lecteurs à téléphoner dès que police au commissariat de police où sont détenus Dima et Kostia, afin d’exiger leur libération immédiate.
Numéros de téléphone :
- +7 499 256 7575
- +7 499 256 7511
- +7 499 259 0075
Envoyez également des mails de protestation à l’ambassade de Russie dans votre pays. Pour la Belgique : 1180, Bruxelles, avenue de Fre, 66. Téléphone 02/374.34.00, 02/374.57.38, mailamrusbel@skynet.be
Quelques éléments de contexte
Article datant du 9 mai 2012
Début mai, la manifestation place du Marais s’est terminée dans une brutale répression. De cette manière, le régime a définitivement déclaré quelle sera son attitude par rapport à l’opposition : il n’y aura pas la moindre démocratisation. Du torrent incessant de promesses qui a servi à masquer la moindre aggravation du niveau de vie pour la majorité, l’élite dirigeante est passée au dernier “argument” politique : la matraque.
Les autorités tentent d’écraser le mécontentement par la brutalité policière. Jusqu’ici, les journalistes sont toujours autorisés à photographier les détails les plus révoltants : même ceux qui ne sont pas encore descendus dans la rue doivent savoir qu’il vaut mieux rester à la maison. Mais le mécontentement est déjà tellement présent que le déchainement policier ne fait en réalité qu’encore plus enflammer l’opposition.
Les 7 et 8 mai, des gens se sont rassemblés à Kitaï-Gorod, aux Clairs Étangs et sur la place Pouchkine : sitôt que l’OMON (police anti-émeute) les chassait d’un point, ils se rendaient directement à un autre. Ces manifestations spontanées rassemblent à présent près de 2000 personnes. Des arrestations de masse ont commencé : les gens sont embarqués même pour le fait de porter un ruban blanc, sous prétexte d’enquête autour des événements du Marais. Certaines personnes arrêtées nous ont dit s’être vus accusés pour des faits de violation du régime de situation de crise, alors qu’aucune situation de crise n’a été déclarée.
Après deux jours, la nouvelle tactique de l’OMON – encercler les manifestants, puis les attraper un par un – a permis de remplir les commissariats de police avec plusieurs centaines de gens. On plaisante désormais sur le fait que le “combi” serait devenu un nouveau moyen de transport en commun. Cependant, au soir du 8 mai, cette tactique a montré ses failles, lorsque deux agents ont refusé de poursuivre les arrestations : ‘‘Ce sont juste des citoyens pacifiques’’. Et les autres agents ont refusé d’arrêter ces deux-là – et le commandement s’est vu contraint de laisser les manifestants retourner au métro.
Les opposants ne sont pas encore très bien organisés, ils passent d’un endroit à l’autre et ne peuvent offrir aucune véritable résistance à la police, mais ils accomplissent déjà des tentatives – assez fructueuses d’ailleurs – d’organiser la nourriture, la collecte des déchets, etc.
Le mouvement ne dispose pas encore de ses propres slogans et revendications, mais on discute à présent des prochaines étapes de la lutte, et tout ce que peuvent leur dire les Navalny et les Oudaltsov est – « Nous courrons devant l’OMON jusqu’au triomphe complet de la démocratie ». Certes, mais en aucun cas de tels mots d’ordre ne sont à même de satisfaire les opposants. Il faut à présent des propositions concrètes : comment lutter, et une organisation concrète des tâches.
L’expérience de la lutte en Égypte montre que les opposants au régime n’ont pu faire dégager Moubarak – le Poutine égyptien – que lorsqu’ils ont obtenu le soutien des masses des simples travailleurs, qui ont spontanément déclaré la grève générale qui a paralysé les grands centres : Le Caire, Alexandrie. Toutefois, l’action spontanée et inorganisée des travailleurs n’a pas destitué l’ensemble du régime, qui a laissé au pouvoir les dirigeants militaires. Pour une mobilisation capable d’en finir avec le régime, il faut des structures à la base – des comités de lutte dans les quartiers, sur les lieux de travail, dans les universités, qui prennent sur eux l’initiative : diffuser l’information, mener l’agitation et la propagande, élaborer les slogans et les revendications, unifier les travailleurs aux étudiants, soulever les masses dans la lutte contre le régime et sa politique, préparer la grève politique. Le régime qui nous a privé de notre droit à manifester, s’est mis à anéantir l’enseignement et les soins de santé gratuits, à faire baisser le niveau de vie de la majorité, en réduisant le budget social au profit de l’appareil militaire et répressif – et nous, les 99 %, devons dire : « Ça suffit ! »
N’attends pas les changements : Organise-toi et agis dès aujourd’hui !
La dispersion brutale des manifestants dans le centre de Moscou à la veille du couronnement de Poutine a démontré sans le moindre doute possible, qu’il n’y aura pas la moindre démocratisation du régime. La classe dirigeante diminue le niveau de vie de la majorité, et emploie la matraque contre les mécontents.
Malgré la crise économique, la quantité de milliardaires en Russie s’est accrue comme jamais. Les grands propriétaires se remplissent les poches, et l’État qui se trouve sous leur contrôle réduit le budget social : il commercialise l’enseignement et les soins de santé, prévoit d’augmenter l’âge du départ à la pension. Une hausse des tarifs des transports – elle a été reportée à l’été, afin de ne pas gâcher le tableau d’avant élections.
Le pouvoir a très bien compris que sa politique néolibérale suscite le mécontentement parmi les simples travailleurs, parmi tous ceux qui vivotent d’un salaire à l’autre. C’est pourquoi le financement de la police ces derniers temps n’a fait qu’augmenter – le régime est prêt à la lutte de classe. Après la fameuse réforme du ministère de l’Intérieur, le nombre de bavures policières n’a pas diminué. Mais grâce à elle, le pouvoir a rassemblé une meute de flics loyaux qui sont prêts à disperser la moindre action de protestation pour une hausse de salaire. La répression sanglante sur la place du Marais a encore une fois démontré que la police est là non pas pour protéger l’ordre et la loi, mais bien le pouvoir et la propriété de l’élite face aux assauts des plébéiens.
Mais quelle que soit la détermination du régime à serrer la vis, les gens sont partis pour protester jusqu’à ce que disparaisse la cause du mécontentement. Au même moment, les “leaders” autoproclamés de l’opposition ont démontré leur complète inconsistance. Les partis de l’establishment que sont le KPRF, SR et le LDPR ont refusé de remettre leurs mandats après les élections, comme cela leur avait été demandé de la part des manifestants sur les places – les petits postes confortables et bien au chaud qui leur permette de manger dans la main du pouvoir étaient plus importants à leurs yeux. L’opposition “hors-système” répète encore et encore ses lamentations sur le fait que les élections ne se sont pas déroulées de manière honnête, mais se tait quant aux raisons sociales et économiques qui ont poussé les gens à descendre sur les places. Et comment ! Leur propre programme ne diffère nullement de celui que mènent déjà aujourd’hui Poutine et Medvedev.
Il n’existe aujourd’hui pas la moindre force politique qui exprime nos intérêts de manière conséquente, les intérêts des 99 % – c’est à nous-mêmes et à personne d’autre qu’il revient de créer une telle force. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons arrêter les réformes néolibérales et que nous pourrons liquider l’ensemble du régime et pas uniquement changer le visage qui se trouve au sommet, ce à quoi veulent se limiter les libéraux, les nationalistes et une partie de la gauche qui parle de “révolution bourgeoise”.
La seule chose que nous pouvons opposer à la politique du pouvoir est la solidarité et la lutte organisée des travailleurs contre les fauteurs de crise : les grands propriétaires, les banquiers, les bureaucrates et leur État. Dans diverses villes, les simples gens sont déjà passés à la vitesse supérieure, au-delà des revendications “démocratiques”, et apprennent à mener leur propre politique par-dessus la tête des leaders et guides du sommet. Les travailleurs du pétrole du Bachkortostan, les ouvriers de Benteler et de Perekrestka, sont en train de créer des syndicats de la base pour la lutte pour leurs droits au travail. Les étudiants de l’Université d’État de Moscou (MGU) et d’autres universités s’unissent en groupes d’initiatives pour s’opposer aux réformes dans l’enseignement. Les habitants de Joukovski et d’autres villes organisent des actions contre l’abattage des parcs et des forêts.
Il nous faut suivre le même chemin : organiser des foyers d’opposition dans nos cours d’immeubles, sur notre travail, dans notre université – créer des comités de lutte qui prennent sur eux l’initiative de la lutte contre le régime et contre la politique de coupes dans le budget social. En se propageant et en tirant à soi de plus en plus de travailleurs et d’étudiants, ces groupes pourront poser la question d’une grève générale politique. C’est comme cela que ça s’est passé en Égypte : ce n’est qu’après avoir paralysé économiquement tout le Caire et en sortant massivement dans les rues que les travailleurs ont pu obtenir la démission du détesté Moubarak.
La section russe du Comité pour une internationale ouvrière (KRI) appelle tous les travailleurs à se joindre à la lutte contre la politique de la classe dirigeante ; nous disons :
- À bas l’ensemble du régime ! Non aux coupes dans le budget social, non à la commercialisation de l’enseignement et des soins de santé ! Pour la collectivisation de l’industrie et des banques – des ressources pour les allocations et pour la construction de logements sociaux !
- Contrôle complet sur la police de la part de comités de résidents locaux, des syndicats et d’organisation citoyennes.
- Créez des comités de lutte dans les quartiers, sur les lieux de travail, dans les écoles, dans les universités, pour la lutte contre le régime. Organisez des syndicats !
- Fondons un parti de masse des travailleurs et des étudiants pour la lutte pour une société démocratique et socialiste, qui mettra un terme à la crise économique et qui relèvera le niveau de vie de la majorité !
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1984 : quand Liverpool a tenu tête à Thatcher

Dès le printemps 1984, le conseil communal de la ville de Liverpool a entamé une bataille contre le gouvernement conservateur de Margaret Thatcher. Un mouvement de masse est apparu dans la cinquième plus grande ville du Royaume-Uni contre le plan d’austérité et de privatisation. Cette lutte était menée par les membres de notre parti-frère anglais, qui étaient alors organisés au sein de l’ancien Labour Party autour du journal “Militant”. À Liverpool, leur tendance était même la force dirigeante au sein du parti travailliste.
Par Bart Vandersteene
Cette lutte historique montre ce qui est possible lorsqu’un parti est prêt à donner une direction qui place en son centre les intérêts des travailleurs. À ce moment-là, les administrations locales se voyaient contraintes par le gouvernement central d’exécuter d’importantes coupes budgétaires impliquant entre autres des privatisations, la hausse des taxes locales, etc.
Mais il n’en a pas été ainsi à Liverpool. Il y avait là un conseil communal dont la direction, le programme et surtout les tactiques avaient été élaborées au cours de la lutte par la puissante organisation Militant. Le groupe Labour dans le conseil communal de Liverpool était également composé d’autres membres Labour de gauche, et même de quelques éléments de la droite du parti. Les membres de Militant étaient en minorité, mais dans la plupart des cas, ce sont leurs propositions d’actions et idées qui étaient acceptées.
Aujourd’hui, les partis de soi-disant “gauche” sont des fondamentalistes budgétaires. Ils insistent sur le fait que le budget doit être en équilibre. Mais dans le contexte d’une administration locale, Liverpool a défendu la nécessité d’un budget basé sur des pertes, dont les rentrées seraient insuffisantes pour les dépenses prévues. Sur cette base, une campagne massive a été menée afin de contraindre le gouvernement à accorder plus de ressources aux communes.
Le Labour a gagné les élections communales à Liverpool en mai 1983 à l’encontre de la tendance nationale et ce, grâce à un programme complètement différent de celui que présentait le Labour dans le reste du pays. La majorité Labour à Liverpool a cependant tenu ses promesses électorales. Elle avait promis de revenir sur les licenciements des 2000 membres du personnel communal qui avaient été effectués par la précédente administration Labour. Les libéraux avaient géré la ville pendant dix ans et avaient gelé tous les projets de construction de logement sociaux. Le nouveau conseil communal a au contraire décidé de lancer un plan ambitieux de 5000 nouveaux logements à construire en quatre ans. En quatre ans, plus de nouveaux logements sociaux ont été construits à Liverpool que dans toutes les autres communes du pays prises ensemble. 12 000 emplois ont été créés dans le secteur du bâtiment à un moment où le taux de chômage de la ville se tenait à plus de 25 %, voire 90 % parmi la jeunesse dans certains quartiers de la ville !
Le salaire minimum des employés communaux a été relevé de 100 livres par semaine, et le temps de travail est passé de 39 à 35 heures par semaine, sans perte de salaire. Le conseil communal employait 30 000 personnes, faisant de lui le plus grand employeur de la région.
Militant a démontré dans la pratique que les révolutionnaires étaient en réalité les seuls capables d’accomplir des “réformes”, sur base de la lutte.
Si Liverpool s’était abaissé à la logique d’austérité dure que voulait lui imposer le gouvernement, alors le budget de la ville pour 1984 aurait dû être de 11 % inférieur à celui de 1980-81. 6000 emplois auraient dû être perdus afin de faire passer le budget à l’équilibre.
Les administrations locales pouvaient être condamnées à payer une amende ou être congédiées au cas où elles établissaient un budget dans lequel ils dépensaient plus que ce qu’ils recevaient. Les conseillers communaux de Liverpool ont cependant proclamé que ce n’étaient pas eux qui enfreignaient la loi, vu qu’il vaut mieux aller à l’encontre d’une mauvaise loi que d’appauvrir la population de toute une ville. Selon un sondage d’opinion dans le Daily Post (24 septembre 1985), 60 % de la population – dans une ville de 500.000 habitants – était d’accord avec l’idée d’exiger plus d’argent de la part du gouvernement national. Seuls 24 % étaient contre. 74 % de la population disaient qu’en cas d’une grève des employés communaux, ils accepteraient l’interruption des services comme les écoles, la collecte des déchets, etc. afin de soutenir le conseil communal.
Le gouvernement a lancé une campagne complètement folle dans les médias à l’encontre de Liverpool – campagne qui serait poursuivie plus tard par la direction nationale du Labour. Plus d’une fois, Thatcher a menacé d’envoyer l’armée pour expulser les élus locaux ! Dans un courrier, un lecteur d’un journal local avait répondu : ‘‘Je ne sais pas qui était Léon Trotski, mais à en juger par le nombre de maisons qui ont été construites à Liverpool, il doit avoir été un fameux maçon !’’
La lutte n’a pas été limitée à la salle de réunion du conseil communal, elle s’est aussi déroulée dans les rues, sur les entreprises et dans les quartiers. Face à la mobilisation de la population, Thatcher a été contrainte de lâcher des concessions. Le 29 mars 1984, jour où devait être voté le budget d’austérité du gouvernement, une grève générale locale de 24 heures a été déclarée. Celle-ci a été une des plus grandes grèves jamais vues à l’échelle d’une ville. 50.000 personnes ont manifesté en direction de l’hôtel de ville pour exprimer leur soutien au conseil communal.
Le 9 juin 1984, le gouvernement a fait toute une série de concessions d’une valeur totale de 16 millions de livres, entre autres parce que les mineurs étaient eux aussi partis en grève. Thatcher savait qu’elle ne pouvait obtenir aucune victoire en se battant sur deux fronts à la fois, et a décidé de tout d’abord se concentrer sur les mineurs.
Thatcher n’a pas pu vaincre Liverpool sur une base démocratique. Le Labour a gagné quelques voix dans cette période. Lors des élections nationales de 1983, 47% de la ville (128 467 voix) a voté pour le Labour. Cela s’est accru à 57 % des 155 083 voix de la ville lors des élections de 1987. Les “47” de Liverpool (les 47 conseillers communaux Labour qui ont mené la lutte jusqu’au bout) ont été démis de leurs fonctions par un tour de passe-passe juridique à la chambre des Lords, un organe non-élu hérité du féodalisme! Cela n’a été possible qu’après qu’une alliance ait été conclue entre Thatcher et la direction nationale du Labour. Une somme de plus d’un-demi million de livres a été dépensée en frais judiciaires dans le cadre du procès des “47”, une somme qui aurait tout aussi bien pu être dépensée pour satisfaire aux besoins des travailleurs.
La section du parti à Liverpool a été dissoute puis placée sous un contrôle très strict d’en-haut. Les membres de Militant ont été exclus du parti et n’ont plus pu se présenter sous le nom de “Labour”. Il en a été de même avec la grande campagne de diffamation qui a suivi. Les actions contre Militant à Liverpool n’étaient que le début d’une sorte de contre-révolution politique au sein du Labour Party, qui est arrivée à sa conclusion logique sous Tony Blair, avec la reformation complète du parti en tant que parti entièrement bourgeois.
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Le premier mai à travers le monde – quelques photos et petits rapports
Aux quatre coins du globe, le premier mai est une journée de lutte, et les militants socialistes authentiques y interviennent bien entendu pour y défendre les positions du marxisme révolutionnaire. Voici ici quelques petits rapports et photos d’interventions de militants du Comité pour une Internationale Ouvrière à l’occasion des activités de premier mai.
Allemagne : Résistance contre l’austérité et les néonazis
Le premier mai à été marqué par diverses activités, et ce n’est pas prêt de s’arrêter. Le 17 mai, il y aura à Francfort une journée d’action à l’initiative d’organisations de gauche contre la politique d’austérité de l’Union Européenne. Le jour-même, environ 25.000 personnes ont participé à un premier mai révolutionnaire à Berlin. A Bonn, il y a eu une manifestation antifasciste contre des néonazis qui voulaient défiler dans la ville. Les 200 néonazis ont dû faire face à environ 6.000 antifascistes.
Nigéria: Le Socialist Party Nigeria est lancé !
Nos camarades du Democratic Socialist Movement (DSM) sont, depuis ce premier mai, le Socialist Party Nigeria. Le SPN se présentera seul aux prochaines élections et ne croit pas que le Labour Party récemment lancé constitue une alternative pour les masses.
Hong Kong: immigrés et pompiers à la pointe de la lutte
A Hong Kong, 3.000 manifestants ont défilé, avec de larges délégations d’immigrés issus de divers pays asiatiques. Les pompiers étaient aussi particulièrement visibles afin de revendiquer une semaine de travail plus courte (de 54 vers 48 heures). Nos camarades de Socialist Action étaient présents eux aussi.
Sri Lanka: unité de gauche
Le premier mai, une manifestation unitaire a eu lien, qui a rassemblé diverses formations de gauche. Le United Socialist Party était aussi présent, et Siritunga Jayasuriya était l’un des orateurs au meeting.
Israël
La solidarité internationale est un des points centraux du programme des marxistes en Israël.
Suède
Dans toutes les grandes villes, il y a eu des manifestations de premier mai. Nos camarades suédois sont aussi intervenus dans des manifestations de pays voisins. A Göteborg (photo ci-dessous), ils ont constitué une délégation particulièrement forte.
Pakistan: manifestation socialiste à Sindh
Nous terminons ce petit rapport avec quelques photos du Pakistan. Dans la province de Sindh, le Socialist Movement Pakistan a organisé avec d’autres, notamment des syndicats, une manifestation à Mirpur Khas. La manifestation s’est rendue aux bureaux de la Progressive Workers Federation et a pu compter sur une bonne présence de militantes.
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Réunion internationale du CIO – Le capitalisme mondial en crise: à mesure que la crise économique s'approfondit, les relations inter-imperialistes se détériorent
Le Comité Exécutif International (CEI) du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) s’est réuni du 17 au 22 janvier 2012, en Belgique, juste après une année 2011 qui fut la plus importante pour la classe ouvrière depuis quelques temps. Plus d’une trentaine de pays étaient représentés à cette réunion, avec environ 85 camarades d’Europe, d’Asie, des Amériques et d’Afrique. L’an dernier, nous avons été témoins de révolutions et de mouvements de masse en Afrique du Nord et au Moyen Orient, de la crise de la zone euro, de la contre-attaque de la classe ouvrière partout en Europe contre l’austérité et du développement du mouvement ”Occupy” à travers le monde. Un bilan de l’année écoulée et les grandes lignes des perspectives les plus probables pour 2012 ont été introduites par Peter Taaffe (secrétaire général du Socialist Party d’Angleterre et du Pays de Galles), avec une conclusion après discussion de la part de Lynn Walsh, du Secrétariat International du CIO. Voici un rapport de cette discussion.
Kevin Parslow, Socialist Party (CIO Angleterre et Pays de Galles)
L’Organisation Internationale du Travail (OIT) s’attend à des ”troubles sociaux” dans au moins un tiers des pays du monde cette année, a expliqué Peter, et cela indique l’échelle des bouleversements dus à la crise économique. Alors même que le CEI se réunissait, le Nigeria a connu le mouvement de classe le plus important depuis longtemps dans le pays : la grève générale contre la suppression des subventions sur le pris du pétrole et l’augmentation des prix qui en a découlé. Pendant ce temps, le Pakistan était confronté à une forte agitation politique.
Début 2011, la classe capitaliste espérait mondialement que le pire de la crise économique commencée avec la crise bancaire de 2008-2009 était passé. Ils entretenaient le faible espoir d’une croissance pour relancer l’économie. Au lieu de cela, la crise de la dette souveraine dans les pays européens a eu des conséquences mondiales, avec l’austérité imposée à la Grèce et aux autre pays endettés qui a démoli les prévisions de croissance, et forcé la classe ouvrière européenne à faire grève et à descendre dans la rue contre l’imposition de coupes budgétaires et d’emplois par les banques, l’Union Européenne et le Fonds Monétaire International.
Les programmes d’austérité ont exacerbé le ralentissement économique mondial. Ils ont atteint les taux de croissance déjà bas, et la récession voire même l’effondrement économique menace. Tout ce que la classe capitaliste pouvait faire, selon les mots de Gillian Tett du Financial Times, c’était ”gérer la douleur”. Ce journal a récemment lancé une série intitulée ”le capitalisme en crise” pour discuter des problèmes auxquels les grandes entreprises font face dans le monde entier, les options disponibles et l’opposition qu’elles rencontrent.
Le ralentissement économique en cours dure depuis plus longtemps que la récession des années ’30, bien que l’ampleur de la destruction des ressources économiques ne soit pas encore aussi importante. En fait, les grandes entreprises disposent d’énormément de liquidités mais refusent d’investir dans la production parce que les opportunités rentables manquent. L’absence d’une croissance réelle aux USA et la persistance d’un chômage élevé ont des effets politiques menaçants pour les possibilités de Barack Obama de gagner les élections présidentielles de novembre.
Pendant la discussion, un camarade a expliqué que les capitalistes ont suggéré que les pays capitalistes avancés étaient confrontés à une ”Japanisation” – une longue période de stagnation et une croissance faible ou inexistante. La dette nationale du Japon a enflé jusqu’à 200% du PIB, sans qu’aucune solution ne soit trouvée face aux problèmes économiques du pays. Le Japon n’a pas été secoué par des conflits sociaux mais pourrait l’être dans l’avenir si son économie, étayée par l’essor de l’économie chinoise depuis des années, est contrainte à encore plus de récession et que plus de coupes dans les dépenses publiques sont faites, ce qui conduirait à des protestations. Le Japon ferait ainsi face au même scenario d’instabilité et de contestation que récemment aux USA et en Europe.
Chine et USA
La Chine a subi l’onde de choc de la crise en Europe, avec la baisse de la demande d’une partie de son principal marché d’exportation. Les prévisions économiques sont revues à la baisse à cause de la croissance chinoise, notamment à la perspective de l’éclatement de la bulle du marché immobilier. Les commentateurs capitalistes alertaient sur les effets sociaux possibles d’un ralentissement de l’économie chinoise. Dans la discussion, les camarades décrivaient quelques unes des protestations des masses chinoises, dont des grèves considérables, ainsi que le mouvement du village Wukan, à la fin de l’année, contre les ventes forcées des terrains par les fonctionnaires locaux.
La contestation s’est étendue au monde entier en 2011. Les grands patrons et les commentateurs pro-capitalistes craignent les révoltes et les mouvements de masse des travailleurs et des jeunes.
Les révolutions et soulèvements au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ont été suivi du mouvement Occupy (qui aux USA suivait le début d’un réveil de la classe ouvrière avec le mouvement de masse rencontré au Wisconsin un peu plus tôt). Le mouvement Occupy a vu une génération de jeunes monter sur la scène politique et s’opposer aux effets du capitalisme effréné. Aux USA en particulier, une partie des occupations s’est tournée vers le mouvement ouvrier.
Lynn Walsh, en résumant la discussion, a souligné que la majorité de la population des USA était en faveur du mouvement Occupy, et que 59% des Afro-Américains et 49% des jeunes ont une opinion favorable du socialisme ! Mais, en général, les mouvements Occupy n’ont pas mis en avant des idées claires sur la façon d’abolir le capitalisme ; ils se sont plutôt limités à des mesures pour ”faire mieux fonctionner le capitalisme”.
Le Comité pour une Internationale Ouvrière continue à participer au mouvement Occupy, en mettant en avant un programme pour changer la société au bénéfice des 99%, plutôt que pour les 1%, comme sous le capitalisme.
La crise Européenne
L’Europe a été l’épicentre de la crise économique mondiale en 2011 (les perspectives pour l’Europe seront détaillées séparément dans un prochain rapport sur ce site, NDLR). La menace de défaut de paiement et d’expulsion de la zone euro pèse sur plusieurs pays. Le sommet d’urgence de l’Union Européenne a seulement abouti à des mesures pour essayer d’empêcher de nouvelles crises, sans résoudre les problèmes actuels, et l’euphorie initiale des marchés s’est évaporée en quelques jours. Lynn disait que l’Europe était comme ”une maison en flammes” dont les habitants ne savent pas se décider d’appeler les pompiers, ni d’ailleurs quels pompiers appeler et quand le faire, mais par contre, pendant ce temps, ils appellent différents architectes pour construire une nouvelle maison !
Les capitalistes européens, menés par l’Allemagne, rejettent l’idée d’euro-obligations pour financer le renflouement mais, pendant la discussion, les camarades ont soulevé la possibilité que dans le futur cette alternative soit considérée. Le plus récent accord tenté par l’Europe, le Pacte de stabilité, exclut à l’avenir les plans de stimulus économiques. Mais si l’économie de la zone euro s’effondre, ils pourraient être forcés de déployer d’autres plans de dépenses pour essayer d’échapper temporairement à la récession et empêcher la radicalisation de la société et la révolution.
L’Union Européenne a imposé des gouvernements de “technocrates” en Grèce et en Italie, et des politiques d’austérité ont aussi été imposées par en haut. L’augmentation de l’utilisation de méthodes anti-démocratiques par la classe dominante en Europe a ajouté à la colère des travailleurs et des jeunes. Dans la prochaine période, la classe ouvrière va de plus en plus défier ces gouvernements et leurs mesures.
Les états de la zone euro ont d’énormes engagements de remboursements dans la première moitié de 2012, ce qui va tester les fonds de renflouements et les politiques de l’UE encore une fois. Le moment critique pourrait arriver bientôt pour beaucoup de pays. La perte du triple-A par la France met l’accent sur la profondeur de la crise.
L’introduction de l’euro a bénéficié principalement aux grandes entreprises allemandes, qui ont pu faire de gros profits sur la vente de produits manufacturés. Elles utilisent cette justification pour dicter les politiques d’austérité des ”fautifs” économiques de la zone euro ; leurs représentants politiques disent que l’Europe doit devenir ”plus allemande” ! Menée par la Chancelière Merkel, l’Allemagne a décidé du niveau des coupes à imposer à ces pays qui demandent un renflouement. La contrainte à des coupes féroces depuis l’extérieur exacerbe le ressentiment. Peter Taafe a expliqué que la classe ouvrière était la véritable force qui peut s’opposer à ces dictats. Dans des endroits comme l’Ecosse ou la Catalogne, les politiques déflationnistes acceptées centralement ont attisé la question nationale.
Chômage massif
En Europe, la jeunesse en particulier est frappée par le chômage de masse. Le phénomène d’émigration massive est réapparu, comme montait le désespoir de la jeunesse face au manque d’opportunités. Des jeunes de pays européens, comme le Portugal, sont même forcés d’immigrer vers les anciennes colonies, comme l’Angola, pour chercher du travail.
Cependant, la classe ouvrière européenne est revenue à une étape de luttes de masse. La série de grèves générales en Grèce, celles au Portugal, en Espagne, en Italie, et la grève générale du secteur public en Grande Bretagne en novembre dernier ont démontré la combattivité des travailleurs face aux attaques contre leur niveau de vie. Malheureusement, la plupart des dirigeants syndicaux ne remplissent pas leur tâche de défendre leurs membres contre les ravages des programmes d’austérité.
En résultat de la profonde crise économique et des coupes d’austérité énormément impopulaires, en 2011, en Europe, cinq premiers ministres ont été évincés. Les politiques pro-capitalistes des anciens partis sociaux-démocrates les ont conduits à la défaite électorale en Espagne et au Portugal au profit des partis de droite. Dans beaucoup de pays, il y a un vide à gauche.
Certaines des formations politiques de gauche qui ont surgi dans la dernière période, comme Syriza en Grèce, n’ont pas répondu aux attentes de leurs partisans parce que leur direction se droitisait. Leur manque de succès pour construire de grands mouvements ne signifie toutefois pas qu’ils ne pouvaient pas obtenir de succès électoraux ; mais cela n’exclut pas non plus que de nouveaux mouvements et partis soient créés. Là où de nouvelles formations viables à gauche sont créées, le CIO défend qu’elles doivent adopter un programme socialiste contre les coupes et pour un réel changement de système.
Mouvements en Russie
La crise frappe aussi la Russie et l’Europe de l’Est. Les protestations contre les élections frauduleuses en Russie ont secoué la classe dirigeante et ses principaux représentants politiques, Poutine et Medvedev. En réaction, le Financial Times a titré : ”Une possible révolution russe !”
La contestation des coupes a aussi récemment secoué la Roumanie. Cependant, la question du danger de l’extrême droite en Europe a été posée par la situation en Hongrie, où le gouvernement de droite a introduit des mesures d’austérité, ce dont le parti néo-fasciste Jobbik a été le principal bénéficiaire. Cela dit, l’introduction récente d’une nouvelle constitution avec des mesures anti-démocratiques a provoqué des manifestations massives dans les rues de Budapest.
Les magnifiques révolutions et mouvements du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord en 2011 seront abordées dans un prochain rapport. Ici, il est nécessaire de dire que les nouveaux régimes installés en Egypte et en Tunisie ne sont pas stables. Dans ces deux pays en particulier, il y a le sentiment que les révolutions n’ont pas été achevées, et les travailleurs et les jeunes continuent de lutter pour leurs revendications économiques, sociales et politiques. Cela va conduire à plus de conflits.
Ces révolutions n’ont pas non plus amené la paix dans la région : il y a des menaces de guerre si Israël ou les USA entreprennent une action militaire contre les installations nucléaires en Iran. Seules davantage de luttes victorieuses de la classe ouvrière et des jeunes, qui ont accompli les révolutions de l’année dernière, peuvent empêcher les horreurs de la guerre de ravager la région.
Le Moyen-Orient n’est pas le seul point chand pour l’impérialisme. Les USA ont retiré leurs troupes d’Irak en 2011, mais sont toujours profondément impliqués en Afghanistan. Illustrant l’impasse dans ce pays, les Talibans ont récemment été autorisés à établir un bureau au Qatar dans le but explicite de négocier avec les USA et d’introduire des membres des Talibans dans le gouvernement de Kaboul.
Asie-Pacifique
Une autre poudrière potentielle pourrait être la région Asie-Pacifique. Récemment, le gouvernement américain a produit un nouveau document stratégique qui change l’orientation majeure de sa politique étrangère envers cette région du monde, dicté par la peur que la Chine utilise son pouvoir économique grandissant pour dominer la région. Elle pourrait éventuellement devenir la plus grande économie du monde, alors que ses conditions de vie moyennes sont loin en dessous de celles des USA. Cependant, le potentiel pour un conflit pourrait être coupé par l’irruption d’un mouvement de masse en Chine.
Dans sa conclusion, Lynn disait que 2011 était une année exceptionnelle pour les mouvements massifs et donnait d’énormes tâches et défis aux socialistes. Comme a dit Peter, il n’y a jamais eu un meilleur moment pour le CIO qu’aujourd’hui et ses partisans doivent partout expliquer nos idées marxistes aux travailleurs et aux jeunes en lutte, pour construire nos forces socialistes afin renforcer la lutte pour mettre fin au capitalisme et aller vers un changement authentiquement socialiste de la société.