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  • Mouvement de grève aux TEC

    Depuis le 29 avril, les Transports En Commun (région wallonne) sont en grève, des arrêts de travail ont eu lieu suite aux négociations pour le Contrat de Gestion 2004-2009 et les augmentations salariales.

    Vincent Devaux

    Alors que la SRWT (Société régionale wallonne des transports) estime qu’il faudrait 15.667.000 d’euros pour la sécurité et les ‘ressources humaines’ pour les cinq prochaines années, elle n’est prête à mettre que 500.000 euros. Or elle n’accepte de concéder qu’une augmentation de 6% sur 2 ans, index et augmentation barémique comprise. Donc une augmentation de 1.1 % pour les chauffeurs, dont il faut déduire les cotisations sociales, les impôts et l’augmentation du coût de la vie non intégralement compris dans l’index: en conséquence, une perte du pouvoir d’achat. Les chauffeurs réclament 3 % d’augmentation hors index et une augmentation barémique. Le 9 mai, la grève en front commun (CGSP-CCSP) a été suivie à près de 100 % en ce qui concerne les firmes publiques ; du côté des firmes privées, desservant plutôt les zones rurales et la province du Luxembourg, la grève était suivie à 30-40 %. Le mercredi 11, plus d’une centaine de bus ont bloqué les artères de Jambes où siège la SRWT. Pour la première fois, alors que les syndicats avaient déposé un préavis pour le mercredi 18 afin de couvrir les chauffeurs en grève, la direction des TEC a fait un lock-out, demandant aux centres régionaux de bloquer l’accès des bus aux chauffeurs.

    André Antoine, ministre CDH des transports, a annoncé que les chauffeurs gagnent entre 1.500 et 2.200 euros. Ces chiffres ne sont valables que dans le cas d’un grand nombre d’heures supplémentaires par mois et en y intégrant les titres-repas, primes de fin d’année, chèques vacances. Selon Charly Covaert, porte-parole de la CCSP (CSC), le salaire moyen des chauffeurs se situe entre 1.200 et 1.300 euros. Un argument utilisé contre les travailleurs est le budget à enveloppe fermée, mais lorsque les syndicats s’adressent à André Antoine, celui-ci répond que l’interlocuteur est la SRWT et qu’il n’est pas question de l’augmenter car cela se ferait au détriment du non-marchand ou de la fonction publique. Diviser les travailleurs pour mieux rêgner ! Malgré les mots d’ordre des syndicats de suspendre les actions durant les négociations, celles-ci ont eu lieu spontanément, notamment dans le Hainaut. Vu la détermination des travailleurs, il n’est pas exclu que le mouvement prenne de l’ampleur si la SRWT ne fait pas de concessions.

    Les mécontentements dans les TEC sont une facette de l’insuffisance de moyens qui touche tous les transports publics. Quelques exemples : De Lijn, dans le Brabant flamand a débrayé le 6 mai afin de protester contre le mauvais entretien des bus ; dans la région d’Alost et en Flandre Orientale, des actions ont eu lieu pour exiger de nouveaux engagements et de meilleures conditions de travail; à Bruxelles, la STIB a eu 6 jours de grève entre octobre et janvier derniers,… Seul un syndicalisme de combat et un élargissement de la grève peut obtenir des concessions et préserver les transports publics mis à mal par la politique néo-libérale.

  • STIB. Convention collective 2005-2006: ne vous laissez pas rouler!

    Travailleurs de la STIB. Comme vous l’avez certainement appris par les journaux ou la TV, une série de conflits sociaux se sont déroulés (ou vont se dérouler) dans plusieurs secteurs à propos du renouvellement des conventions collectives (industrie alimentaire, assurances, non-marchand,…). En Wallonie, les travailleurs des TEC ont fait grève les 9 et 11 mai. A la STIB, où en est-on avec le renouvellement de la convention pour 2005/2006?

    La Planchette. Bulletin d’information aux travailleurs de la STIB, diffusé par le Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS) – n°2 – mai 2005

    Quels sont les pièges à éviter?

    Les patrons auraient voulu un accord interprofessionnel et une norme salariale de 4,5%

    Fin 2004, la FGTB, la CSC et la CGSLB ont négocié avec la Fédération des Entreprises de Belgique (la FEB, qui est en quelque sorte le syndicat des patrons) un projet d’accord interprofessionnel pour 2005 et 2006.

    Les patrons auraient voulu que, pour les années 2005 et 2006, la hausse du coût salarial soit limitée à 4,5%, y compris l’index. Les patrons auraient voulu inclure dans les «hausses salariales» l’index, c’est-à-dire l’adaptation des salaires au coût de la vie.

    Pour bien comprendre, prenons un exemple. Selon la Banque nationale, l’index a été de 1,6% en 2002, de 1,5% en 2003 et de 1,9% en 2004. Pour les trois ans, cela fait donc une moyenne de 1,7% par an. Si la situation économique reste pareille (ce qui est loin d’être le cas: elle risque de s’aggraver), cela ferait donc 3,4% en deux ans (1,7% en 2005 + 1,7% en 2006). C’est-à-dire qu’avec une norme salariale de 4,5% il n’aurait plus resté que 1,1% d’augmentation de salaire (4,5% – 3,4% d’index = 1,1%).

    Attention! Ces 1,1% d’augmentation de salaire en 2 ans, c’était BRUT! Il faut encore retirer les cotisations sociales et les impôts pour avoir le net. Autrement dit, la FEB proposait comme augmentation de salaire des cacahuètes!

    Pas d’accord interprofessionnel = pas de norme salariale

    La FGTB a finalement rejeté ce mauvais projet d’accord interprofessionnel et aucun syndicat ne l’a signé. Comme il n’y a donc pas d’accord, le gouvernement a alors décidé de l’imposer.

    Mais les 4,5% ne sont qu’indicatifs. Dans le projet d’accord interprofessionnel entre patrons et syndicats, les 4,5% avaient aussi ce caractère indicatif. Mais dans ce cas-là, les syndicats qui auraient signé l’accord auraient donné leur parole de ne pas revendiquer plus de 4,5% (index compris). Comme ils n’ont pas signé, ils ne se sont engagés à rien. Autrement dit, il n’y pas de norme salariale obligatoire.

    Index santé = index truqué

    Il faut rappeler que l’indexation des salaires, ce n’est pas une augmentation: c’est l’adaptation des salaires au coût de la vie. Ou plutôt «ce devrait être» l’adaptation au cout de la vie. Car depuis des années, l’index est truqué: il s’appelle «index santé»: l’alcool, le tabac et les produits pétroliers ont été retirés de l’index. En attendant, ces produits augmentent très fort et ne comptent plus dans l’adaptation des salaires et des pensions au coût de la vie.

    Mazout de chauffage, essence: les prix s’envolent

    Selon le journal La Libre Belgique (14 avril 2005), le prix du carburant a été multiplié par 6 en 35 ans! Il y a 2 ans, le litre d’essence super (sans plomb 98) côutait 1,01 euro, aujourd’hui 1,29 euro. Soit une augmentation de 28 eurocents le litre (plus de 11 anciens francs belges!). D’ailleurs on le voit tout de suite quand on passe à la pompe! Comment faire si on habite loin de son travail, que l’on commence tôt le matin et que l’on a absolument besoin de sa voiture pour arriver à l’heure?

    Le mazout de chauffage coûtait en mai 2003: 0,28 euro le litre. Aujourd’hui: 0,50 euro le litre. Il a presque doublé! Comment les familles doivent-elles se débrouiller pour chauffer leur logement si le prix du mazout de chauffage n’est plus repris dans l’index.

    La réponse est simple: dans les deux cas il faut une solide augmentation de salaire. Une partie de cette augmentation ne servira d’ailleurs qu’à rattraper ce qui a été perdu à cause de l’index truqué.

    Se loger à Bruxelles est devenu hors de prix

    Dans un dossier réalisé par le journal Le Soir (23 février 2005) sur le prix des logements à Bruxelles, on peut lire qu’il y a une disproportion totale entre la hausse des revenus et l’augmentation des loyers. De 1998 à 2003, le prix des maisons augmenté de 59% à Bruxelles et celui des appartements de 56%. Evidemment les propriétaires répercutent cette hausse sur les loyers.

    Aujourd’hui, la moyenne des ménages bruxellois doit consacrer 30% de son budget aux frais de logement. Pour les plus pauvres (chômeurs, minimexés, prépensionnés, petits pensionnés) cela grimpe jusqu’à 60% du revenu!

    Mais le plus scandaleux dans tout cela, c’est que dans l’index santé, on considère que les frais de logement ne représentent que 5,5% du budget d’un ménage!Autrement dit, chaque fois que les loyers montent, ce n’est presque pas répercuté dans l’indice santé.

    La aussi il faudrait une solide augmentation de salaire pour rattraper ce qui a été perdu!

    Unir le personnel derrière le cahier de revendications

    A la STIB, la présentation, devant la commission paritaire, du cahier de revendications a eu lieu le 18 avril. Ce cahier de revendications reprend plus d’une douzaine de points.

    Une première remarque: il faut en général éviter qu’il y ait trop de points différents, sans quoi le patron a beau jeu de dire: «Je ne peux pas tout satisfaire!»… et il choisit dans le cahier de revendications les points qui l’arrangent. Il fait donc donner un ordre d’importance aux différents points du cahier en donnant la priorité aux points qui concernent tous les travailleurs, de façon à unir le personnel derrière le cahier de revendications et à passer à l’action tous ensemble, si nécessaire.

    Et nous pensons que le point qui intéresse, en premier lieu, tous les travailleurs c’est les salaires.Augmenter les salaires et rattraper ce qui a été perdu

    Le cahier de revendications dit: «Augmentation salariale significative». Oui, mais que veut dire «significative»? 4,5% index compris? Si c’est ça, il faut dire non, car on ne voit pas pourquoi il faudrait accepter dans une convention ce qui a été refusé dans l’accord interprofessionnel.

    Selon nous, si on compte l’index dans la négociation, il faudrait au moins une hausse de salaire à deux chiffres (minimum 10%) si on veut avoir une véritable augmentation du pouvoir d’achat et si on veut rattraper une partie de ce qui a été perdu à cause de l’index truqué.

    Bas les pattes des prépensions!

    Depuis des mois, les patrons mènent une campagne de presse pour nous convaincre de travailler plus longtemps. Ils voudraient notamment supprimer les prépensions.

    Halte là! Quand on a, pendant des années et des années, travaillé matin, midi et soir, y compris les week-ends et jours fériés, on a bien mérité de partir plus tôt. D’autant plus qu’un prépensionné libère un emploi pour un jeune.

    Maintien des prépensions, mais pas à n’importe quelles conditions. Quand on voit le coût de la vie (loyers, essence,…), on ne doit pas se retrouver à devoir se serrer la ceinture après une vie de labeur. Prépension à 75% pour l’ensemble du personnel, même pour ceux qui n’ont pas 25 ans d’ancienneté car ils ont travaillé ailleurs.

    Ne vous laisser plus prendre comme la dernière fois!

    Tout le monde se souvient que, lors de la dernière convention, on vous a finalement imposé une assurance privée pour les soins de santé. Ne vous laissez plus prendre comme la dernière fois!

    De plus, certains points de la convention passée ne sont pas encore finalisés: chèques repas, règles de reconversion, réglement des conflits (voir La Planchette n°1).

    Démocratie syndicale

    Qui décide de ce qu’il faut accepter ou refuser? Travailleurs de la STIB, il s’agit de VOS salaires, de VOS prépensions et de VOS conditions de travail. C’est à VOUS de décider, et pas à des responsables syndicaux qui négocient discrètement. Les responsables syndicaux ne sont que vos représentants.

    C’est pourquoi vous devez exiger non seulement d’être informé correctement des les revendications et de l’évolution des négociations. Il faut la démocratie syndicale, notamment par des assemblées de tout le personnel dans chaque dépôt.

    NON à la division

    Faites bien attention, car il existe pas mal de trucs pour vous rouler. N’acceptez pas que les syndicats lancent une guerre de concurrence entre-eux. Que vous soyez Rouge, Vert ou Bleu, les salaires et les conditions de travail sont les mêmes pour tous. Il faut l’UNITÉ des travailleurs pour arracher les revendications. Ne vous laissez pas diviser par des prétextes futiles qui ne visent qu’à affaiblir votre résistance!

    Attention aux mois d’été!

    Les négociations commencent tard. Attention à ce que la direction ne traîne les choses en longueur, qu’on se retrouve en été, quand beaucoup de travailleurs sont en congé, et qu’une mauvaise convention soit présentée en vitesse à une assemblée non représentative! C’est un procédé auquel pas mal de patrons ont recours pour faire passer en douce une mauvaise convention.

    Si les discussions traînent jusqu’à l’été, il faut mieux attendre le mois de septembre pour décider, avec des assemblées massives dans tous les dépôts.

    Faut-il espérer que les secrétaires syndicaux (qui lisent d’ailleurs avec une grande attention La Planchette) respecteront la démocratie syndicale en organisant des assemblées massives de tout le personnel dans tous les dépôts en dehors des mois d’été? L’avenir nous le dira. Mais c’est à vous, travailleurs, d’aller secouer gentiment vos délégués pour imposer de telles assemblées et faire jouer la démocratie syndicale.

    Le MAS et les conventions collectives

    Le Mouvement pour une Alternative Socialiste est pour des syndicats forts, démocratiques et totalement indépendants du patron et de l’État.

    – UNITÉ: Non aux querelles de chapelle! Les travailleurs ont besoin d’unité.

    – DÉMOCRATIE SYNDICALE: Dans une entreprise la direction décide. Dans un syndicat cela doit être l’inverse: la base décide et les secrétaires ne doivent être là que pour appliquer ce que la base décide. Les secrétaires syndicaux et les délégués doivent être au service des travailleurs.

    – ASSEMBLÉES GÉNÉRALES dans les dépôts: La loi permet d’organiser des assemblées sur le lieu de travail pendant les heures de travail (donc payées!). Le renouvellement de la convention est une excellente occasion d’organiser de telles assemblées. D’abord pour que chacun soit bien au courant de ce qui se discute, et ensuite pour DÉCIDER: accepter, refuser ou passer à l’action.

    – PAIX SOCIALE: Attention aussi à bien lire ce qui figure à la fin de la convention. Bien souvent les patrons mettent en fin de convention une clause de paix sociale où les syndicats s’engagent à ne pas faire grève pendant deux ans.

    Il faut bien préciser deux choses:

    – cette clause ne vaut que pour les points de la convention (on peut faire grève pour d’autres motifs);

    – prévoir la mention «sauf imprévu» (il se pourrait que, par exemple, si la guerre s’aggrave encore en Irak, le prix de l’essence dépasse 2,50 euros le litre).

  • Il y a 120 ans naissait le Parti Ouvrier Belge. De l’espoir à la résignation

    "LA BelgiQUe est le confortable paradis et la chasse gardée des propriétaires fonciers, des capitalistes et des curés» résume de manière saisissante Karl Marx en 1865. «Le prolétariat européen doit apprendre à parler belge» affirme en 1902 la révolutionnaire allemande Rosa Luxembourg, impressionnée par les grèves générales successives menées par les travailleurs belges pour l’obtention du suffrage universel.

    Jean Peltier

    C’est qu’en moins de quarante ans, la combativité et l’organisation de la classe ouvrière belge ont fortement changé, et la création du Parti Ouvrier Belge en 1885 y est pour beaucoup. Qui peut douter en 1865 que la Belgique est un paradis pour les capitalistes et un enfer pour les ouvriers? Si la Belgique est alors la deuxième puissance industrielle du monde derrière la Grande-Bretagne, c’est à l’exploitation sauvage des ouvriers que les patrons belges doivent leur prospérité. La journée moyenne de travail d’un ouvrier est de douze heures, femmes et enfants peinent à l’usine ou à la mine, les accidents de travail sont quotidiens. Le logement est insalubre et plus de la moitié de la population est complètement illettrée. L’alcool fait des ravages et la religion fait le reste, ce qui permet à un industriel de déclarer en 1886 «Donnez Dieu au peuple et il n’y aura plus de révoltes contre le capital».

    Vers le suffrage universel

    Et pourtant, face au refus des patrons et de leurs politiciens catholiques et libéraux de toute concession qui améliorerait le sort des travailleurs, des grèves éclatent, spontanées et locales, quasiment chaque année à partir de 1866 dans le textile gantois, les mines du Borinage ou les usines métallurgiques liégeoises. Chaque fois, les forces de l’ordre tirent et tuent tandis que les dirigeants de ces grèves sont emprisonnés et lourdement condamnés. Dans ce monde ouvrier qui reste complètement inorganisé naissent dès 1875 les premiers groupes socialistes à Gand puis à Bruxelles.

    Il faut pourtant attendre les 5 et 6 avril 1885 pour que naisse le Parti Ouvrier Belge représentant 59 groupes locaux. L’espoir est en marche, celui d’une organisation de l’ensemble de la classe ouvrière pour revendiquer ses droits, et en particulier les droits politiques par le suffrage universel. Celui-ci semble aux dirigeants du POB le meilleur moyen d’imposer des réformes favorables à la classe ouvrière dans un pays où il y a seulement 1 électeur pour 50 habitants! Tout au long des années qui suivent, le POB multiplie meetings et manifestations et prend même l’initiative d’organiser une grève générale en 1893 pour cette revendication. Les avancées conquises suite à cette grève permettent au POB d’envoyer 28 députés socialistes à la Chambre. Ce résultat est d’autant plus impressionnant que le parti ne dispose que de moyens financiers dérisoires, est à peine toléré et que toute sa campagne repose sur le dévouement de militants encore peu nombreux, mais en qui des centaines de milliers de travailleurs se reconnaissent. Il faudra encore deux autres grèves générales, en 1902 et 1913, et surtout la peur de la contagion de la révolution russe au lendemain de la première guerre mondiale pour que la bourgeoisie cède enfin et accorde le suffrage universel – pour les hommes uniquement ! – en 1919 ainsi que la limitation de la journée de travail à 8 heures.

    Réformisme et légalisme

    Mais si la création du POB a permis à la classe ouvrière de marquer son indépendance politique face à la bourgeoisie, la politique suivie par ce parti a imposé de sévères limites à cette indépendance. Quand éclate la première grève générale belge en 1886, le POB s’en tient prudemment à l’écart. Il dénonce la répression sanglante (24 morts) mais il considère que ce mouvement spontané est un gaspillage d’énergie qui éloigne de la lutte pour le suffrage universel. La composition du parti aide à comprendre cette orientation: les coopératives et les caisses d’assistance mutuelle y ont une forte influence, les groupes purement politiques sont minoritaires et, même au sein de ceux-ci, l’orientation est à la réforme du capitalisme plutôt qu’à la préparation de la révolution.

    La direction du parti voit dans la grève générale non pas une expression de la puissance revendicative de la classe ouvrière qui renforce sa confiance pour préparer de nouvelles luttes mais un simple moyen de pression sur la bourgeoisie pour forcer celle-ci à concéder des réformes. Quand les dirigeants du POB se résignent à appeler les travailleurs à la grève pour le droit de grève pour tous, c’est après s’être assuré que ceux-ci seront bien encadrés et qu’il n’y aura pas de poussée insurrectionnelle. Avec cette politique qui a pour but de ne pas effrayer les alliés possibles parmi les libéraux, il ne faut pas s ‘étonner non plus que le POB ne sera jamais en pointe des luttes politiques ni pour les revendications d’égalité des femmes, ni pour la reconnaissance des droits du peuple flamand, ni contre le colonialisme belge en Afrique. Cette politique légaliste et réformiste conduira rapidement le POB à participer au gouvernement, à s’intégrer dans les institutions puis à accepter le capitalisme comme horizon indépassable.

    L’histoire du POB et du PS qui lui a succédé montre que la formation d’un parti représentant les intérêts des travailleurs peut être un levier formidable pour la libération de ceux-ci mais que, sans un programme vraiment socialiste et une indépendance totale vis-à-vis de la bourgeoisie, ce parti risque de finir par devenir un frein dans cette lutte.

  • STIB. Un projet d’accord qui en dit long…

    Début avril, un envoi postal anonyme arrive dans la boîte postale du MAS. L’enveloppe contient un projet d’accord entre la direction de la STIB et les secrétaires des trois syndicats (CGSP, CCSP, CGSLB).Le document n’est pas récent (17 décembre 2004), mais trois points attirent l’attention : c’est un projet de convention sur le «mode de règlement des conflits» ; à la mi-décembre les affiliés de la CGSP étaient en plein conflit social ; personne parmi les travailleurs de la STIB n’a entendu parler de ce projet d’accord resté secret. Plus pour longtemps cependant car le MAS a décidé de le rendre public en le publiant sur son site et en diffusant un bulletin d’information aux travailleurs de la STIB (La Planchette).

    Guy Van Sinoy

    Une mise sous tutelle du droit de grève

    Ce projet constitue une mise sous tutelle du droit de grève et de l’autonomie syndicale. Il prévoit la création d’un bureau paritaire de conciliation chargé d’intervenir lorsqu’une partie dénonce une convention, lors de l’application du statut de la délégation syndicale et des crédits d’heures syndicaux, lors du dépôt d’un préavis de grève ou d’action. Pourquoi créer un tel bureau alors qu’il est possible d’avoir recours à un conciliateur social du ministère? Pourquoi soumettre à cet organe paritaire l’application du statut syndical alors que celui-ci est bétonné dans la convention nationale n°5 («le temps et les facilités nécessaires pour les délégués syndicaux») ?

    Avant le dépôt d’un préavis, le bureau devra impérativement se réunir. Si le préavis est déposé (car le but est évidemment d’empêcher ou de retarder au maximum le dépôt du préavis) celui-ci doit être adressé à l’employeur, mais aussi au bureau (sans doute pour permettre à celui-ci de juger du bien fondé du préavis).

    Le projet prévoit que si UN des éléments n’est pas respecté, la grève sera considérée comme «sauvage», non reconnue et non indemnisée par les syndicats et ceux-ci doivent «appeler leurs affiliés à reprendre le travail sur le champ».

    Une telle convention signifierait que les syndicats perdent leur autonomie pour reconnaître ou non un mouvement de grève (puisque le non respect de la procédure dicte le tout). Par la même occasion, cela transformerait automatiquement les responsables syndicaux en hommes de main du patron chargés de casser la grève.

    Sanctions contre les délégués et contre les travailleurs

    Le projet prévoit des sanctions contre les délégués syndicaux (diminution du nombre de crédits d’heures syndicaux) si la procédure n’est pas respectée.

    L’article 12 mérite qu’on le cite en entier : «Tout jour de grève, reconnue ou non, ne fait pas l’objet de paiement, sous réserve d’autres sanctions que l’employeur pourrait prendre, allant jusqu’au licenciement.» Au moment où, partout dans le mouvement syndical, on proteste contre les atteintes au droit de grève (notamment contre les astreintes décidées par les tribunaux), on trouve à la STIB un patron et des secrétaires syndicaux qui préparent en cachette un projet de convention avec des sanctions contre les grévistes (même si la grève est reconnue!)… pouvant aller jusqu’au licenciement!

    Grâce à de tels irresponsables syndicaux, la direction de la STIB n’aurait même plus besoin d’aller au tribunal pour imposer des astreintes puisque la convention admet le principe de sanctions contre les grévistes. Comment un travailleur, licencié pour fait de grève, pourra-t-il faire admettre par le tribunal du travail que son licenciement est abusif si une convention prévoit en cas de grève «des sanctions pouvant aller jusqu’au licenciement»?

    Il faut nettoyer les écuries

    Nous avons déjà écrit que lors des 6 jours de grève à la STIB, entre octobre et janvier derniers, les secrétaires de la CCSP et de la CGSLB avaient ouvertement trahi la lutte en s’opposant à la grève. Nous avons aussi écrit que le secrétaire de la CGSP aurait sans doute souhaité faire de même, mais n’était pas de taille à affronter le mouvement de révolte de sa base et avait préféré laisser pourrir le mouvement pour l’étouffer. Nous en avons maintenant la confirmation. En pleine grève, ces briseurs de grève préparaient une convention en cachette pour empêcher de futures actions..

    Ce projet en dit long sur l’intégration des secrétaires syndicaux de la STIB, complètement inféodés à l’employeur. Il appelle d’autres questions. Dans quelle mesure sont-ils encore indépendants du patron ? Quelle est leur salaire? Touchent-ils des jetons de présence au conseil d’administration et au conseil de gestion ? Combien ? C’est une question de démocratie syndicale.

    Mais cela va au-delà de la STIB. Car si un tel projet d’accord venait à être signé, cela ferait un précédent. Les secrétaires syndicaux de la STIB resteraient sans doute discrets sur ce qu’ils ont signé, mais pas mal de bureaux d’avocats patronaux y verraient matière à jurisprudence à faire appliquer dans d’autres secteurs. Il faut une réponse ferme. On ne peut pas brader le droit de grève conquis de haute lutte. Interpellez les secrétaires syndicaux concernés pour leur demander des comptes ! (*)


    (*) CGSP : Alex Vonck, rue du Congrès 17, 1000 Bruxelles / CCSP : Jean-Pierre Naniot, rue Plétinckx 19, 1000 Bruxelles / CGSLB : Chris Dreesen, Boulevard Baudouin 11 – 1000 Bruxelles

  • Partis et syndicats

    Le Premier Mai, fête internationale des travailleurs est l’occasion de revenir sur les relations entre partis et syndicats. En Belgique, le premier mouvement syndical a été créé par le Parti Ouvrier Belge (POB). Tout membre du syndicat était automatiquement membre du POB. C’est notamment à travers cette dépendance que les dirigeants réformistes du POB (Vandervelde & Cie) sont parvenus à canaliser, puis à contrôler les grèves générales. Le syndicalisme chrétien a été érigé, dans un premier temps, comme syndicat antisocialiste. Mais la lutte de classes en a fait progressivement un syndicat ouvrier.

    Guy Van Sinoy

    La création de la FGTB, après la Deuxième Guerre mondiale, a rassemblé plusieurs courants : socialistes, communistes, renardistes. Formellement la FGTB est devenue indépendante du PSB. Mais progessivement, la social-démocrate a repris le contrôle de l’appareil de la FGTB, totalement en Flandre. L’arrivée de Mia Devits à la tête de la FGTB a marqué un tournant à droite de la direction de la FGTB. L’élimination brutale d’Albert Faust de la FGTB de Bruxelles en a été une des conséquences. Mia Devits aurait voulu donner plus de poids aux régionales, au détriment des centrales, en vue de transformer le syndicat en organe de service. Cependant elle s’est heurtée aux appareils des centrales, jaloux de leur autonomie. Elle est donc partie faire carrière au parlement européen pour le compte du SP.a.

    La transformation progressive du SP.a et du PS en purs instruments de la bourgeoisie, leur adhésion à la politique néo-libérale, dont le soutien à la constitution européenne ne constitue que le dernier avatar, va tendre de plus en plus les relations entre la social-démocratie et la FGTB. La CSC de son côté, historiquement liée aux partis bourgeois chrétiens, est en train de rompre ses amarres historiques, surtout en Flandre. La combativité de la LBC lors de la grève du non marchand en témoigne. La question du débouché politique pour les travailleurs de la CSC va se poser de plus en plus. Le MAS défend l’idée d’un nouveau parti des travailleurs, qui soit le prolongement politique de l’action syndicale, et qui défende les intérêts des travailleurs avec le même acharnement que les partis bourgeois défendent les intérêts patronaux.

    Face aux contrôle bureaucratique des partis traditionnels sur le syndicat, le MAS est partisan de la démocratie syndicale la plus large: la parole à la base et aux assemblées, le droit de défendre une plate-forme de syndicalisme de lutte. Nous défendons l’in-dépendance syndicale par rapport à l’Etat. Mais cette indépendance ne peut être comprise dans le sens « d’apolitisme ». Pour défendre les intérêts des travailleurs, les syndicats ne peuvent se limiter aux problèmes économiques s’ils se heurtent systématiquement au cadre politique.

  • 1er Mai à Bruxelles. L’an prochain… avec les majorettes?

    La FGTB de Bruxelles a décidé cette année de ne pas organiser de fête de Premier Mai à la place Rouppe. C’était pourtant un rendez-vous annuel important pour toute la gauche à Bruxelles. Dès le début de l’après-midi, une foule d’organisations et d’associations politiques de gauche installaient leur stand, plusieurs milliers de personnes se rassemblaient autour du podium central où se succédaient une multitude de groupes musicaux tandis que les discussions allaient bon train autour des stands.

    Guy Van Sinoy

    Albert Faust, à l’époque président de la FGTB de Bruxelles et secrétaire général du SETCa, avait pris l’initiative en 1995 d’organiser la première fête du Premier Mai. Bernard Lavilliers y avait donné un concert. Cette initiative allait faire école puisque quelques années plus tard la FGTB de Liège décida de faire de même à la Place St-Paul. L’enterrement de cette fête de Premier Mai est un peu comme si on enterrait Albert Faust une seconde fois. Le motif officiel avancé pour annuler la fête est d’ordre financier (180.000 euros). Les communiqués aux journaux avancent que cette somme permettra d’organiser des formations (les syndicats reçoivent pourtant des subsides pour cela) et… d’envoyer des e-mail de solidarité aux travailleurs en lutte dans d’autres pays. Cela fait cher l’e-mail !

    Nous savons de bonne source que les responsables du SETCa bruxellois ont mis leur veto à l’organisation de cette fête en prétextant des difficultés financières. Or l’argent nécessaire à l’organisation de la fête était provisionné sur le plan interprofessionnel. Plus crûment, certains responsables du SETCa ont avancé «qu’ils en avaient marre de voir des tracts de soutien à Albert Faust». En sabordant la fête du Premier Mai, que Faust avait initiée il y a 10 ans, les responsables syndicaux actuels donnent la mesure du gouffre qui sépare le syndicalisme d’épicier du syndicalisme de panache. Car au-delà des gros sous, la fête du Premier Mai avait le mérite de placer la FGTB de Bruxelles au centre de tout ce qui gravite à gauche à Bruxelles. La social-démocratie n’était pas mise à l’écart, mais toutes les forces de gauche avaient droit à faire entendre leur voix.

    Dans les années 80, avant l’instauration de cette fête, après avoir écouté le discours de Philippe Moureaux, un maigre cortège de syndicaliste FGTB défilait, avec les mutuelles socialistes, derrière un groupe de majorettes. L’élimination de Faust a permis au PS de remettre la main sur l’appareil de la FGTB. Reverra-t-on bientôt les majorettes ?

  • Non-marchand: Bilan d’un mouvement social historique

    Non-marchand: Bilan d’un mouvement social historique

    Après une grève historique de 12 jours, les syndicats du non-marchand ont approuvé le 7 mars le pré-accord pour le secteur des soins de santé fédéraux. Bien que cet accord soit bien en-deça du cahier de revendications initial, c’est la première fois depuis longtemps qu’une lutte débouche sur une extension plutôt que sur la préservation d’acquis. Les effets n’ont pas tardé à se faire sentir. Depuis lors, le secteur de l’alimentation est passé à l’offensive, les ministères flamands sont entrés en action contre le gel des recrutements et même les syndicats de l’enseignement se sont réveillés.

    Eric Byl

    Les syndicats du non-marchand ont mené des actions pendant 14 mois. En décembre 2003, ils rédigaient un cahier de revendications commun à tout le secteur après avoir consulté 15.000 travailleurs. On y réclamait notamment 25.000 emplois supplémentaires, la semaine des 36 heures, un 13ème mois complet, une prolongation de la convention 45+ et la prépension à 57 ans. La facture se montait à 3,7 milliards d’euros. Ces revendications n’avaient rien d’excessif. 25.000 emplois supplémentaires dans un secteur qui compte 460.000 travailleurs, ça ne représente qu’une augmentation d’à peine 5% du personnel. Le gouvernement n’a que le mot vieillissement à la bouche pour nous convaincre de travailler plus longtemps. Mais il n’en tient pas compte dès lors que le secteur revendique des moyens supplémentaires.

    Les profits des entreprises ont fortement augmenté sur base de la hausse de la flexibilité et de la généralisation de conditions de travail malsaines. Cela entraîne une hausse des frais médicaux. Les patrons et le gouvernement sont d’accord d’encaisser les profits, mais pas qu’on leur présente la facture des soins de santé qui va de pair. Un groupe de plus en plus restreint doit abattre un volume de travail de plus en plus imposant. Le personnel est au bout du rouleau. Le gouvernement en est bien conscient, d’où le système de fin de carrière qui prévoit des jours de congés supplémentaires à partir de 45 ans. La prépension à 57 ans et l’extension du système de fin de carrière à tous les membres du personnel n’ont donc rien d’un luxe superflu.

    Une étude du HIVA (haute école du travail liée à la CSC flamande) a démontré que les salaires du non-marchand sont inférieurs de 10,5% en moyenne à ceux des fonctions similaires dans d’autres secteurs. Un 13ème mois complet ne ferait que compenser partiellement ce retard.

    Après 13 mois d’actions, le gouvernement était prêt à négocier. Entre-temps, les syndicats avaient fortement réduit leurs revendications. Il n’était ainsi plus question des 36 heures. Le cahier de revendications n’était plus que de 520 millions d’euros au moment où les négociations ont commencé. A titre de comparaison, c’est moins que les 700 millions d’euros que Belgacom veut verser cette année à ses actionnaires ou autant que ce que le gouvernement fédéral a mis sur la table pour soustraire le capital à risque au fisc.

    Mais c’était encore de trop pour le gouvernement qui ne voulait pas lâcher plus de 375 millions d’euros en 5 ans. Ceci a été rejeté le 22 février par les syndicats. Au Setca/BBTK, les militants ont à peine été consultés. Dans les comités professionnels les secrétaires ont déclaré après coup que la LBC accepterait l’accord et que ça n’avait donc plus de sens de continuer la grève. Par ailleurs, la fraction sociale-démocrate au sein du Setca/BBTK prétendait que la LBC ne faisait grève que parce que le CD&V et le CDh ne siégeaient pas au gouvernement fédéral. Pourtant la LBC faisait aussi grève dans les secteurs flamands malgré que la ministre CD&V de la santé provenait de ses propres rangs. Résultat: 66% du Setca/BBTK a voté pour la reprise du travail. Même le secteur non-marchand de la CGSLB libérale a voté à 75% contre l’accord. La LBC a consulté 350 militants et délégués à ses Etats-Généraux. Seuls 2 présents ont voté pour ce préaccord.

    “Grève au finish”

    Après le rejet de la proposition du gouvernement par la LBC, Walter Cornelis a déclaré que la coupe était pleine. Il a appelé à la " grève au finish " à partir du 24 février. Non seulement les militants syndicaux, mais pratiquement tout le personnel était enthousiaste à l’idée de participer à une lutte que les dirigeants syndicaux n’allaient cette fois pas stopper à mi-chemin. Au début des actions, dont le coup d’envoi fut donné par la concentration de militants en front commun à la salle de la Madeleine en décembre 2003, la mobilisation se limitait le plus souvent à des délégués renforcés par un groupe stable de manifestants.

    Cela a changé à partir du 24 février. Pour la première fois, des couches plus larges du personnel étaient impliquées. Dans plusieurs hôpitaux, des assemblées du personnel ont eu lieu, y compris pour les réquisitionnés. Ailleurs, des comités de grève ont été mis sur pied. Les travailleurs ne se sentent vraiment impliqués que s’ils peuvent participer aux décisions.

    La ministre de l’emploi, Freya Vanden Bossche (Spa), ne voulait pas négocier sous la pression d’une grève, mais son extension rapide l’a vite ramenée à la raison. Alors que les actions et les grèves s’élargissaient, que la conscience et la combativité croissaient et que les travailleurs étaient de plus en plus nombreux à rejoindre la lutte, … le gouvernement négociait un nouveau préaccord avec les syndicats pour un montant de 471 millions d’euros. Y figuraient notamment : la conversion de contrats ouvriers en contrats d’employés, une extension considérable du système de fin de carrière, une légère augmentation de la prime "d’attractivité" de 300 à 400 euros, une hausse dérisoire de 50% à 56% de la prime de compensation pour les prestations irrégulières et un supplément pour le cadre moyen. Concernant l’emploi: une augmentation des normes pour les soins et l’infirmerie, valable pour 3.432 emplois à temps plein (ETP) dans les hôpitaux. Dans le ROB/RVT 2.613 ETP, soit 80 dans les soins à domicile, 205 dans les soins psychiatriques et 900 pour compenser le système de fin de carrière. Total: 7230 ETP.

    Le gouvernement était manifestement pressé d’arriver à un accord. A tel point qu’il a fait des concessions qui doivent encore être avalisées par les employeurs pour être valables. Becoprivé, une organisation patronale en Wallonie et à Bruxelles, a déjà déclaré avoir des problèmes avec 5 points du préaccord et non des moindres. A l’heure où ces lignes sont écrites, l’accord des employeurs n’était pas encore acquis.

    Le "finish" était plus proche des attentes

    Beaucoup de travailleurs, motivés par la position dure de la LBC, ont été déçus de voir les actions s’arrêter soudainement sans qu’on prenne la peine de consulter ces couches larges qui s’étaient mises en branle. Beaucoup considéraient l’acceptation quasi unanime de l’accord par la LBC comme "incompréhensible" voire comme une "trahison". Les infirmières, surtout, se sentaient abandonnées. Il est manifeste que, sous pression de la base, la direction de la LBC avait suscité des attentes qu’il n’avait nullement l’intention d’honorer. La désillusion dans la direction du Setca était déjà un fait depuis le 22 février, ce qui se traduisait par une combativité accrue et une attitude plus critique des affiliés envers leur propre direction syndicale.

    Paradoxalement, Walter Cornelis a pu faire accepter cet accord en s’appuyant sur l’autorité qu’il avait acquise par sa fermeté lors du préaccord précédent du 22 février. A la LBC, l’accord (du 7 mars) a été voté lors d’Etats-Généraux: un grand meeting de 500 délégués et militants avec micro ouvert où chacun a une voix. Au Setca/BBTK, l’accord a été approuvé par le comité fédéral, composé principalement de secrétaires et de permanents, à l’exception de quelques sections dont Bruxelles-Hal-Vilvorde qui a d’ailleurs voté contre. Le vote se fait par section et n’est pas reporté à la proportionnelle, mais selon le principe "the winner takes it all" (le vainqueur gagne tout). Sous la pression du gouvernement, il fallait que l’accord soit approuvé à tout prix le lundi 7 mars. Le vote a donc fait l’objet de manipulation subtiles et moins subtiles. Au Setca/BBTK, le texte (qui est relativement long et détaillé) n’a été donné aux délégués qu’au début de la réunion. Il était donc impossible de le discuter de manière sérieuse.

    La LBC à fait encore mieux: les militants n’ont reçu le texte qu’après le vote (l’excuse étant que l’on était encore en train de le copier). Nous dépendions donc de la présentation powerpoint et du commentaire de la direction syndicale.

    En comparaison avec beaucoup d’autres secteurs, cet accord du non-marchand est un pas en avant important. Si on regarde les besoins du secteur et la rapidité avec laquelle le gouvernement – dès que la grève s’est corsée – à du céder, on voit non seulement qu’il fallait mais qu’on pouvait obtenir davantage. Les sympathisants du MAS dans le non-marchand publient un journal pour le secteur sous le nom "Hypertension". Nous sommes actifs à la LBC, à la CNE, au Setca/BBTK et à la CGSP. Vous voulez lutter pour des syndicats démocratiques et combatifs? Contactez-nous.

  • SETCa/BHV : de plus en plus glauque

    Au SETCa de Bruxelles-Hal-Vilvorde, la purge de tous les militants contestataires, entamée lors de l’élimination d’Albert Faust en juillet 2002, continue. On ne compte plus les militants éjectés de leur délégation syndicale ou du comité exécutif (dernier en date : Polo Marcus, compagnon de route de Faust). Au comité exécutif du 22 février, deux secrétaires qui pèsent lourd, Van der Smissen et Frissen (inculpé de détournement de primes syndicales, mais néanmoins candidat au poste de secrétaire général du SETCa-BHV) ont proposé une modification des statuts qui donne encore plus de pouvoir aux secrétaires et dépouille le comité exécutif de beaucoup de ses compétences (notamment fixer le salaire des secrétaires).

    Au passage, les secrétaires s’octroient une indemnité mensuelle de 1.000 euros de frais généraux (en plus des frais de voiture). Malgré les protestations des opposants, les ¾ des délégués présents ont voté pour le projet (Van der Smissen avait interdit de déposer des amendements !). En fin de séance, quand tout le monde se lève pour sortir, un secrétaire annonce que les règles de désignation des mandats au congrès qui doit avaliser les nouveaux statuts sont changées.

    Ecœuré par le comportement dictatorial de Van der Smissen et de Frissen, Fabien Pierre, un délégué oppositionnel qui avait annoncé sa candidature contre celle de Frissen, se lève et fait le salut nazi à leur encontre. Il est immédiatement accusé d’être fasciste et fait l’objet d’une procédure d’exclusion du syndicat. Cerise sur le gâteau : Frissen a abreuvé d’injures sexistes une déléguée (pensionnée) des grands magasins.

  • Enseignement Flamand. Stop à la destruction!

    Le 20 avril, les trois syndicats organisent un rassemblement devant le ministère de l’Enseignement flamand à Bruxelles. Il est question d’une action symbolique, mais la colère du personnel enseignant montre que la réalité est plus profonde. Malgré la précédente ratification d’une convention collective, la direction syndicale est très vite débordée par ses propres militants qui veulent passer à l’action contre les mesures prévues.

    Militant CGSP-enseignement

    Cela fait 20 ans que les mesures d’austérités sont menées, notamment dans l’enseignement secondaire. Cela a laissé des traces: 1/3 des bâtiments scolaires sont déficients en matière d’hygiène et de sécurité, et des classes supérieures à 30 élèves sont monnaie courante. De plus, les professeurs se plaignent de l’énorme pression exercée sur leur emploi. On attend d’eux qu’ils enseignent, mais aussi d’être assistant social, psychologue, employé administratif,…

    Le ministre de l’Enseignement Vandenbroucke était conscient que ses mesures d’austérité n’arrivaient absolument pas au bon moment et qu’il devait les encadrer. C’est pourquoi il a réalisé une étude de marché sur l’enseignement via la Fondation Roi Baudouin. Les résultats de cette enquête sont mieux connus sous le nom de "Accent op talent". Un certain nombre de priorités sont établies pour l’enseignement dans la période qui vient. "L’accent" n’est pas mis sur plus de moyens, mais sur des projets précis qui doivent changer l’aspect "ringard" de l’enseignement. Donc le ministre ne veut pas investir dans l’enseignement professionnel pour atteindre l’égalité des chances, mais les écoles doivent s’acquitter de leur financement en prenant des initiatives qui vont dans le sens voulu par les entreprises.

    La tendance actuelle poussant les écoles à aller chercher des investisseurs privés est renforcée par les mesures d’austérité prévues par Vandenbroucke.

    Tout d’abord, à partir de septembre 2005, il y aura moins d’enseignants embauchés parce que les moyens ad hoc sont calculés sur base d’un chiffre datant d’un an et demi. Néanmoins, il est prouvé qu’une des plus importantes causes de la diminution qualitative de l’enseignement repose sur la dimension "problématique" des classes. Cette mesure va amplifier fortement l’évolution négative de l’enseignement.

    De plus, 5% d’économies vont être faits sur le personnel administratif. Dans certains secrétariats, des emplois vont de toute façon disparaître et la flexibilité actuelle du personnel administratif va s’accroître. La paperasserie sera prise en charge par les enseignants euxmêmes…

    Il est également prévu d’économiser 2% sur les CLB (centre pour l’accompagnement des élèves, anciennement PMS), ce qui équivaut à un montant de 284.000 euros. Le CLB est responsable de l’accompagnement des élèves dans le sens large du terme; de l’assistance médicale à la résolution de conflits entre le personnel et les élèves. Dans une période où les problèmes sociaux s’accumulent dans les écoles, cette mesure d’austérité est tout bonnement crapuleuse.

    Toutes ces mesures d’austérité s’élèvent déjà à un montant de 51 millions d’euros, bien plus donc que les 38 millions annoncés à l’origine. L’argent supplémentaire va servir à soutenir les initiatives du ministre Vandenbroucke comme "Accent op talent". Et c’est le personnel de l’enseignement qui va évidemment payer la note des initiatives du ministre!

    Le MAS/LSP sera présent au rassemblement du 20 avril. Nous interviendrons avec un tract qui condamne ces mesures d’austérité et qui propose un plan d’action. Il est très important d’être présent à cette action, mais pas seulement avec des enseignants. Des délégations étudiantes combatives peuvent montrer que la lutte contre les économie dans l’enseignement doit se faire de façon unifiée. Seul un programme avançant la nécessité d’étendre la lutte à d’autres secteurs pourra signifier une rupture avec la politique antisociale du gouvernement.

    Rendez-vous : mercredi 20 avril. 15h / Ministère de l’Enseignement flamand / Bâtiment Hendrik Conscience, boulevard Roi Albert II, n°15 / Bruxelles (près de la gare du Nord)

  • Demandeurs d’asile: vive la répression!

    Le ministre VLD Dewael s’est rendu au Danemark afin d’y puiser l’inspiration pour la politique d’asile en Belgique. Ce choix n’était pas innocent: le Danemark est un exemple de politique répressive et asociale en matière de droit d’asile. Les étrangers n’y ont pas accès à la sécurité sociale et ne peuvent guère choisir avec qui se marier.

    Geert Cool

    Au Danemark, en dessous de 24 ans, il est interdit pour un citoyen non-UE de cohabiter avec un citoyen danois. Au-delà de cet âge, les couples doivent payer une garantie de presque 5.500 euros s’ils veulent cohabiter ensemble et cela ne peut se faire qu’après une interview et en acceptant une évaluation tous les deux ans. Pendant sept ans le partenaire étranger n’a pas accès à la sécurité sociale.

    Evidemment, aucune attention n’est portée aux problèmes qui causent des vagues de réfugiés au niveau mondial. Ce sont les pillages des multinationales et des grandes entreprises qui sont responsables de l’énorme fossé entre riches et pauvres à cause duquel 2,2 millions de gens meurent chaque année par manque d’eau potable. Et que doit-on penser des livraisons d’armes de la Belgique au Népal ou la possibilité de livraisons d’armes en Tanzanie ? Ce ne sont en tout cas pas des mesures qui vont faire baisser le nombre de réfugiés. Mais au lieu de faire quelque chose contre les raisons qui poussent les gens à fuir, l’option du gouvernement belge est de s’en prendre aux victimes par une politique d’asile répressive.

    Le nombre de demandes d’asile dans notre pays a fortement baissé ces dernières années: de 42.690 en 2000 à 15.360 en 2004, baisse surtout due au fait qu’il est connu qu’une demande n’a quasi aucune chance d’aboutir. Le nombre de sans-papiers augmente sans doute, mais là il n’y a évidemment pas de chiffres exacts. Ces sans-papiers peuvent être abusé et utilisés comme des esclaves sous-payés, comme l’a récemment démontré le scandale de ces riches eurocrates à Bruxelles et alentour qui faisaient travailler des sans-papiers comme des esclaves. Cette sorte d’exploitation brutale ne fleurit pas qu’à Bruxelles. Miner les conditions de travail de tous est plus facile s’il y a une couche de travailleurs sans aucune protection.

    Les demandeurs d’asile et les sans-papiers doivent de plus subir une politique extrêmement dure. Ce mardi 8 mars, la police a organisé avec l’Office des Etrangers un contrôle à grande échelle dans la gare d’Anvers-Central. Tous ceux qui avaient un air « étranger » étaient soumis à un contrôle d’identité et les sans-papiers étaient arrêtés. Quant aux autochtones, un de nos camarades a bien été contrôlé … mais seulement après s’être plaint de ce contrôle arbitraire ne touchant que des immigrés.

    Ce climat répressif n’existe pas uniquement en Belgique. Dès que le capitalisme entre en crise, les politiciens de l’establishment essaient de jouer sur l’insécurité. Avec un discours éthique, conservateur et quasi-raciste ils essaient de dévier l’attention de la politique néo-libérale qui mine les conditions de travail et la sécurité sociale, premières causes de l’insécurité. C’est l’optique des néo-conservateurs américains, suivis par presque tous les gouvernements européens.

    Contre cette politique il faut une opposition active qui résiste aux attaques contre les conditions de travail, les salaires, la sécurité sociale,… Pour une telle opposition il faut tendre à la plus grande unité possible des victimes du système actuel. Arrêter le démantèlement des conditions de travail et les salaires passe par l’implication dans ces luttes des travailleurs sans-papiers. Il faudra unir les habitants des quartiers pauvres dans la lutte pour plus de logements sociaux de qualité.

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