Tag: Bruxelles

  • Bologne: Cheval de Troie de la privatisation

    Ces dernières semaines, plusieurs manifestations se sont déroulées contre le décret Dupuis, du nom de la ministre PS de l’Enseignement supérieur. Mercredi 12 novembre, 12.000 grévistes (personnel et étudiants des Hautes Ecoles flamandes) se sont rassemblés à Bruxelles.

    Nicolas Croes

    Le jeudi 11 décembre, 15.000 étudiants des hautes écoles francophones ont manifesté à Bruxelles. Peu avant, des milliers d’étudiants ont manifesté à Liège et à Mons pour exprimer leur colère, entre autres devant les bureaux du PS. Le décret de Dupuis vise l’application en Communauté française des accords internationaux de Bologne.

    Les principaux mots d’ordre des étudiants des hautes écoles mettaient en avant la différence de niveau probable, à l’avenir, entre écoles supérieures et universités. En effet, si le décret prévoit de porter le nombre d’années d’études universitaires à 5 ans au lieu de 4, rien n’est prévu pour les hautes écoles, qui garderaient des cycles de 3 ou 4 ans. Ces étudiants craignent donc que leurs diplômes ne soient dévalorisés sur le marché de l’emploi, et font de l’augmentation du temps d’études leur principal slogan. Cependant s’ils se prononcent contre le décret Dupuis, ils ne remettent aucunement en cause les accords de Bologne. Et pourtant…

    Par exemple, un des grands axes de Bologne est la mobilité, prévoyant d’encourager les études à l’étranger, valorisées par un système de points additionnels sur le diplôme (ECTS). Mais rien n’est prévu pour financer ces voyages. Tout favorisera donc les étudiants aisés… De plus, outre la disparité entre les différentes institutions d’enseignement, l’harmonisation prévoit surtout un enseignement orienté aux besoins du marché, donc dans lequel le patronat aurait beaucoup plus à dire.

    La législation européenne prévoit que nul secteur ne peut être privatisé s’il ne répond pas à deux critères: fournir la preuve que ce secteur peut être fonctionnel sans une intervention de l’Etat et s’assurer que ce secteur produit des marchandises exportables. En ce qui concerne l’enseignement sans aide de l’Etat, les écoles supérieures privées anglaises, très élitistes, montrent qu’elles peuvent très bien se passer d’une intervention de la communauté, leurs étudiants étant issus de milieux (très) aisés. Par contre, l’enseignement supérieur ne produira pas de diplômes exportables, tant que Bologne ne sera pas mise en application. Bologne signifie augmentation du minerval, diminution de la qualité des études, disparition de certains secteurs "non rentables", diminution de crédits pour d’autres "moins rentables",… Cette longue liste nous rappelle la situation dans d’autres secteurs privatisés. C’est pourquoi nous devons lutter tous ensemble.

  • Couvre-feu. Après Dinant et Seneffe,… bientôt Bruxelles?

    Richard Fournaux, le bourgmestre (CDH) de Dinant est à l’initiative d’une ordonnance de police interdisant le rassemblement à plus de 5 personnes entre 22 heures et 6 heures du matin.

    Céline Moulin

    Le conseil communal se justifie en invoquant que des personnes "perturbent la tranquillité publique par leurs jeux, leurs cris, la consommation de boissons alcoolisées, etc…". Les personnes risquent une peine de prison d’un jour minimum! Dans un article intitulé "Dinant ne sera jamais Chicago!", le bourgemestre déclare "qu’à l’heure où la violence gratuite éclôt chez les adolescents qui se disent incompris et qui, au nom de la liberté d’expression et d’action, se révoltent contre les usages ancrés dans le passé, il convient de redéfinir les bonnes et justes limites". C’est donc sur cette fine analyse de la situation qu’il s’attaque à la liberté de réunion pacifique. D’autre part, le Bourgmestre PS de Seneffe va dans le sens d’un couvre-feux pour les moins de 14 ans en expliquant qu’il doit tenir compte du sentiment d’insécurité de ses concitoyens (c’est bien une mesure populiste!). Ducarme déclare à son tour être intéressé par la formule à Bruxelles…

    Ce sont toujours les enfants des familles les plus pauvres qui sont visés. Il est bien plus facile de criminaliser le désoeuvrement et la pauvreté plutôt que d’agir sur les causes économiques qui les génèrent.

  • Campagne contre la Bin tax : la lutte de masse s’amplifie et secoue le pouvoir

    Le Socialist Party a mené dans les années 1990 une campagne victorieuse qui obligea le gouvernement irlandais à annuler une taxe sur l’eau. De la même manière, il lutte depuis plusieurs années pour construire, avec d’autres organisations mais surtout avec les habitants des quartiers une campagne similaire sur la Bin Tax (taxe supplémentaire sur les déchets ménagers).

    Marie-José Douet

    "Fiers, sans regrets, combatifs , et encore plus déterminés à continuer la lutte."

    Ce sont les premières paroles de nos camarades, élus du Socialist Party, Clare Daly conseillère municipale de Dublin et Joe Higgins, député à l’assemblée irlandaise (Dail) à leur sortie de prison le 18 octobre.

    Ils avaient été condamnés à 1 mois de prison. Leur crime ? Défendre les pauvres et les travailleurs dans leur combat contre la taxe spéciale sur les ordures ménagères (BinTax). Comme l’a dit Clare avant d’entrer en prison (refusant la proposition de faire des excuses pour échapper à cette sentence) : "C’est notre mandat, nous avons été élus pour défendre les travailleurs qui refusent cette taxe ! "

    Nos camarades ont été rejoints en prison par plus d’une dizaine de militants de la campagne, très souvent des habitants des quartiers, grands-mères, jeunes, chômeurs. Tous avaient refusé de payer la taxe, donc de voir leur poubelle non ramassées. Tous ont refusé à leur procès de s’incliner devant l’injonction qui leur était faite de s’excuser et de jurer de ne pas reprendre toute activité liée à la campagne. Lisa, une jeune femme a été enfermée avec son bébé qu’elle allaitait !

    Pas une taxe écologique mais une double taxe !

    Le gouvernement justifie cette deuxième taxe sur les déchets pour des motifs écologiques mais 98% de la pollution ne provient pas des déchets ménagers !

    Pendant les années 1990, l’économie irlandaise a connu un boom important mais la crise économique mondiale touche aussi le capitalisme irlandais. L’écart entre les riches et les pauvres en Irlande du Sud est le deuxième plus élevé dans les pays de l’OCDE juste derrière les Etats-Unis. Alors tout est bon pour faire payer aux pauvres la crise qui s’accentue dans le pays. Et la Bin Tax est une mesure transitoire avant de privatiser les services communaux, restrictions budgétaires publiques obligent !

    La solidarité s’organise et la mobilisation grandit.

    Dès l’arrestation de nos camarades et des militants de la campagne, la solidarité a grandi. Une manifestation de 5000 personnes a eu lieu à Dublin le 11 octobre du centre de la ville jusqu’à la prison de Mountjoy. De nombreux syndicalistes y participaient. Car en décembre, des coupes budgétaires vont être votées à Dublin avec des licenciements à la clé. Les 14 et 15 octobre, les militants ont bloqué 7 dépôts de camions poubelles malgré l’intimidation des conseils municipaux et la répression policière. 90% du service poubelle de Dublin était fermé. En même temps, la solidarité internationale s’organise. De nombreux syndicalistes et élus d’Irlande et du monde entier (Suède, Écosse, France, Sri Lanka…) envoient des messages de soutien et demandent l’abolition de la Bin Tax. Des rassemblements devant les ambassades ont ainsi eu lieu à Bruxelles, à Londres, Lagos…

    Alliance des comités et des éboueurs

    Le pouvoir ignore cette mobilisation et multiplie les provocations. Il se moque du problème d’hygiène posé par le tri sélectif des déchets et envoie une entreprise privée ramasser les poubelles à Dublin sud si les habitants paient 100 euros ! La colère est immense chez les résidents. Le 27 octobre, 5 nouveaux blocages de dépôts ont lieu. Malgré plusieurs charges policières, les piquets tiennent, des éboueurs refusent de sortir les camions et quand les piquets sont levés, ils applaudissent les militants anti-BinTax ! En même temps, un tract à leur adresse est distribué expliquant ce que seraient leurs conditions de travail sous contrat privé, l’absence de droit syndicaux. Le soutien actif des éboueurs est de plus en plus important.

    La campagne a obligé les conseils municipaux à faire ramasser toutes les poubelles. Mais 20 personnes peuvent aller en procès dans les jours qui viennent. Si la détermination des militants et des éboueurs est grande, il est temps que les centrales syndicales se mobilisent. Ce mouvement peut être le début d’un mouvement social qui comprend les luttes contre la privatisation de la Poste, des transports en commun, de la compagnie aérienne et ouvrir une crise politique majeure. Joe et Clare ont été emprisonnés, alors que les élus les plus impliqués dans les affaires de corruption l’an dernier ne sont toujours pas passés devant le tribunal.

    Nos camarades élus, toujours dans les luttes de Dublin, maintiennent aussi la pression dans les conseils municipaux ou au parlement. Nous construisons cette lutte pour qu’elle soit victorieuse, avec d’autres militants organisés ou non bien sûr, tout en avançant toujours notre analyse du capitalisme et notre combat pour le socialisme.

  • Seulement 33% de confiance pour le gouvernement

    L’opposition officielle n’en profite pas pour autant…

    LORSQUE VERHOFSTADT a annoncé il y a quelques mois que "Le pays est reparti du bon pied", il n’imaginait sans doute pas sur quel pied il allait danser. La Conférence pour l’Emploi qui devait créer 200.000 jobs avait à peine entamé ses travaux que la direction de Ford annonçait déjà 3.000 licenciements. Depuis lors, les faillites et les restructurations pleuvent. Le chômage croît à un rythme accéléré. On voit mal comment Verhofstadt peut inverser la tendance avec des chèques-services et un cadeau supplémentaire de 850 millions d’euros au patronat.

    Eric Byl

    Confiance en baisse

    D’après un sondage commandé par La Libre Belgique, Het Laatste Nieuws, VTM et RTL, la confiance dans le gouvernement fédéral a baissé de 7% depuis les élections, passant de 40% à 33%. Seule consolation pour Verhofstadt, les gouvernements des entités fédérées font encore moins bien…

    L’impact de la réforme fiscale sur l’économie a déjà épuisé ses effets. Il pouvait difficilement en être autrement. Verhofstadt et Reynders (MR) en ont fait reporter le coût sur les entités fédérées qui ont à leur tour présenté la note aux contribuables. Le gouvernement s’est fait tancer par les instances internationales. La Belgique est un des rares pays où la pression fiscale a augmenté ces dernières années.

    Pour les libéraux, qui ne cessent de dénoncer la "rage taxatoire", c’est plutôt fâcheux. Pour ne rien arranger, le Conseil d’Etat a descendu en flammes les dispositions sur l’amnistie fiscale.

    Le panier de crabes des partis libéraux élargi

    La famille libérale était très homogène jusqu’à la création du VLD et du Mouvement Réformateur. Depuis lors, Verhofstadt et Michel ont attiré dans leur giron des débris du CD&V (ex-CVP) et de la Volksunie pour le premier, des débris du CDH (ex-PSC) et le FDF tout entier pour le second. Pour ce faire, ils n’ont pas hésité à bousculer la vieille garde libérale.

    Résultat: Verhofstadt et Michel maintiennent plus facilement la cohésion au sein du gouvernement qu’au sein de leurs partis respectifs. Michel s’est appuyé sur le FDF pour imposer le droit de vote aux immigrés non européens à la vieille garde du PRL, ce qui a engendré nombre de frustrations. Michel s’est ensuite heurté au président du FDF Maingain sur la question du survol de Bruxelles. Maingain a dû retirer sa motion de défiance contre le ministre Anciaux après une discussion "cordiale mais virile" avec Michel. Le ralliement probable des chrétiens fondamentalistes du CDF, une scission de droite du CDH, avivera les tensions avec le FDF et l’aile laïque du PRL.

    Faiblesse de l’opposition

    Le principal parti d’opposition, le CD&V, ne parvient pas à tirer parti des difficultés du gouvernement. Il se profile de plus en plus à droite jusqu’à remettre en question le cordon sanitaire autour du Vlaams Blok. Son pendant francophone, le CDH, est prêt à faire l’appoint d’une coalition "alternative" (PS/Ecolo/CDH).

    PS/SP.a: un pôle "de gauche" pour le patronat

    En dehors du Vlaams Blok, le PS et le SP.A sont les seuls partis qui ont peu de soucis à se faire pour les prochaines élections. La social-démocratie est en passe de devenir la première formation politique des deux côtés de la frontière linguistique, devant les libéraux.

    Puisque Groen! (ex-Agalev) a décidé d’aller seul aux élections, le cartel SP.a/Spirit pourra plumer l’électorat vert sans devoir s’encombrer de l’appareil écologiste.

    C’est cependant au sein de l’ACW (le MOC flamand) que le SP.a trouve son plus gros potentiel de croissance. L’opposition du CD&V est tellement à droite, tellement faible aussi, que l’ACW n’aura bientôt plus d’autre option que de chercher un rapprochement avec le SP.a. Seul le lien entre le SP.a et la FGTB y fait provisoirement obstacle. Il n’est pas exclu que le SP.a relâche ses liens avec la FGTB pour faciliter un rapprochement avec l’ACW. Le parti pourrait alors jouer des rivalités entre les deux syndicats pour pouvoir leur faire avaler sa politique de droite.

    Le gouvernement va gagner les prochaines élections, à moins d’une crise imprévue. Non pas grâce à sa "politique sociale", mais à cause de la faiblesse de l’opposition et pour "faire barrage à la droite". Beaucoup voteront pour la social-démocratie comme un moindre mal.

    L’espace à la gauche de la social-démocratie sera marginal lors des prochaines élections. Il faudra des événements de grande ampleur et des luttes sur le terrain industriel pour changer cela. Nous voulons pourtant présenter des listes LSP en Flandre, l’une pour les élections européennes, l’autre pour les élections régionales dans la province de Flandre orientale.

    Du côté francophone, nous allons tenter de présenter une liste MAS pour les élections européennes, même si nous ne sommes pas certains d’obtenir les 5.000 signatures requises en Wallonie et à Bruxelles. La signification de notre participation? Renforcer et mieux faire connaître le MAS/LSP.

  • Non marchand en action. Interview de Marieke, déléguée et militante de la LBC

    Non marchand en action

    Ces derniers temps on a assisté aux différentes mobilisations du secteur social. Quelles en sont les raisons?

    Marieke: Suite à la décision de la Communauté flamande de ne payer que la moitié des subsides du mois de décembre au secteur des handicapés, seulement 60% de nos salaires devaient être payés en décembre. On nous promettait de payer le reste et la prime de fin d’année en janvier. Nous avons donc organisé deux mobilisations à Bruxelles. Après la première, les ministres ne voulaient même pas se mettre autour de la table de négociations. Lorsqu’on a mené la deuxième, une semaine plus tard, le gouvernement a cédé: le salaire de décembre et la prime de fin d’année seront payés à temps.

    Le 11 décembre, les militants de votre secteur se sont réunis pour discuter d’un nouvel cahier de revendications. Quelles sont celles que vous mettez en avant?

    Cette année, les militants se sont réunis pour la première fois dans des groupes d’intérêt régionaux et nationaux. Depuis, on a établi un questionnaire qu’on a distribué aux collègues pour savoir qu’elles revendications ils considéraient comme essentielles. Plus de 10.000 travailleurs ont répondu. Comme premier point, nous remarquons que les salaires dans le secteur social sont de 17% inférieurs aux salaires en moyenne des autres secteurs. Et ceci parce que l’on s’est battu pour plus de congés, de pré-retraites et des conditions de fin de carrière convenables.

    Aujourd’hui, notre objectif principal c’est d’atteindre le même niveau de salaire entre le secteur social et les autres secteurs. C’est notre première revendication. La convention collective de travail 45+ accordant plus de congés à partir de 45 ans et celle sur la prépension à 57 ans arrivent à échéance. Nous voulons qu’elles soient reconduites. A part cela, nous voulons également la transformation de la prime de fin d’année (un pourcentage du salaire mensuel) vers un treizième mois à part entière. Nous exigeons une semaine de travail de 36 heures avec maintien du salaire comme premier pas vers une semaine de 32 heures.

    Grâce aux luttes du passé nous avons conquis le droit à plus de congés à partir d’un certain âge et le droit à la prépension à un âge plus bas que dans d’autres secteurs. Si les embauches compensatoires ne sont pas réalisées cela crée une surcharge de travail pour les jeunes travailleurs. L’embauche compensatoire est notre revendication finale.

    Chez nous, ils veulent passer à un système de financement par enveloppes pour les supports logistiques, comme la cuisine et l’entretien. Le danger consiste en ce que la direction décide de faire sous-traiter l’entretien par une société privée. C’est une menace vis-à-vis de la qualité de la nourriture, mais surtout sur les emplois et le statut d’un milliers de travailleurs.

    Votre cahier de revendications reflète une combativité magnifique. Comment pensez-vous pouvoir transformer ces revendications en victoires?

    A partir de la mi-janvier nous allons passer à l’action: d’abord des actions ponctuelles, mais aussi des grèves et des manifestations. Parce qu’on a pu réunir des dizaines de milliers de travailleurs dans la rédaction du cahier de revendications, je pense qu’on sera capable de faire participer beaucoup de travailleurs du secteur social aux actions. Dans le passé, nous avons réussi à arracher la plupart de nos revendications. Nous allons faire en sorte que cela continue!

    Propos recueillis par Koenraad Depauw


    (*) LBC: centrale CSC des employés en Flandre.

  • La coalition violette tourne à l’aigre

    Entre 1992 et 2002 le nombre d’habitants qui ont du faire appel à la banque alimentaire a doublé. En 2002 le nombre de minimexés a grimpé de 15%. Dans la période de 1998/2002, 23% de la population a dû vivre occasionnellement sous le seuil de pauvreté.

    Bart Vandersteene

    A part cela tout va bien en Belgique! Du moins s’il faut en croire Verhofstadt! Car le gouvernement a de nouveau un budget en équilibre et la dette publique baisse. Mais elle diminue par un tour de passe-passe budgétaire. Les magiciens ont du talent mais tout cela n’est que du trompe-l’oeil. Vande Lanotte a peut-être des talents de manager d’équipe de basket, mais il ne gère pas le budget en "bon père de famille".

    Le gouvernement précédent – arc-en-ciel – avait déjà commencé avec la vente au rabais des biens de l’état. En 2001, la vente publique des licences UMTS (réseau GSM) pour 440 millions d’euros, des bâtiments publics pour une valeur de 320 millions d’euros, Shanghai Bell pour 89 millions d’euros. En 2002: vente des terrains de BIAC pour 200 millions d’euros, de la cité administrative de l’État à Bruxelles pour 27 millions d’euros,…

    Tout cela n’était qu’un signe précurseur des spectaculaires interventions en 2003 dans la comptabilité publique. Le grand tour de magie est le fonds de pension de Belgacom, d’une valeur totale de 5 milliards d’euros. C’est plus que la valeur totale en 2000 de tous les bâtiments publics (entre-temps bon nombre de ces bâtiments ont été vendus).

    En fait Vande Lanotte a de nouveau fait un emprunt. Celui-là va devoir être repayé sous la forme de pensions des travailleurs de Belgacom. Pas de diminution de la dette publique donc.

    Le FMI a compris cela. Il a fait savoir au gouvernement belge qu’il était "inquiet" pour le budget et les finances publiques. Selon le FMI, afin de rectifier cette situation, il faut en finir avec les prépensions, il faut une limite dans le temps aux allocations de chômage et il faut d’urgence un plan d’austérité pour les entreprises publiques.

    Le FMI ne doit naturellement pas prendre en compte les élections. Il peut laisser tourner sans obstacle sa machine de propagande.

    Il n’y a aucun doute sur le fait que le gouvernement va essayer – après les élections de juin – d’appliquer ce programme néo-libéral. Entre-temps il essaye de toute ses forces de camoufler le manque de moyens financiers. Des factures ne seront plus payées avant le 1er janvier 2004, les autorités régionales et locales doivent éponger les problèmes financiers. Et les travailleurs du secteur des handicapés ont été renvoyés à la maison sous la menace des autopompes avec la promesse qu’ils recevront enfin leur salaire.

    La sacro-sainte position concurrentielle de la Belgique va être utilisée après les élections pour justifier les attaques contre nos acquis. SP.a et PS vont à ce moment jeter les masques et jouer leur rôle comme d’instruments le plus efficace pour la bourgeoisie. Ils montreront alors qu’ils sont des loups déguisés en agneaux et que la majorité de la population ne doit rien attendre d’eux.

    Mais même à ce moment-là, le magicien Vande Lanotte continuera d’essayer de faire croire qu’il est encore un agneau. La question d’une alternative politique pour le mouvement ouvrier sera plus que jamais à l’ordre du jour.

  • Disparitions

    Elie Gross (1947-2003)

    Elie nous a quitté fin novembre. Fils d’un père émigré juif polonais qui avait pour ami d’enfance Isaac Deutscher, et d’une mère juive séfarade, Elie est né à Casablanca. Il arrive en Belgique en 1956 et adhère, à dix ans, à la branche jeunes de l’Union des Progressistes juifs de Belgique (UPJB). Il sera un des piliers de l’UPJB pendant des dizaines d’années. Militant de la Ligue révolutionnaire des Travailleurs (LRT) dans les années 70 et 80, délégué syndical dans l’enseignement, fondateur (à la fin des années 70) du Comité du 1er Mai pour les Libertés démocratiques et ouvrières en Europe de l’Est, Elie aura été de tous les combats contre le racisme, le sionisme, l’impérialisme et la bureaucratie stalinienne. Il n’appartenait plus à un parti depuis plusieurs années, mais continuait de suivre avec attention toute tentative de créer une alternative gauche. C’est ainsi qu’il était abonné à notre mensuel depuis le n°1.

    Serge Cols (1932-2003)

    Serge a commencé à militer dès l’âge de 15 ans. Son vécu d’enfant juif caché, pendant la guerre, a fortement marqué sa personnalité et a fait de lui à la fois un militant antiraciste et anticapitaliste infatigable, mais aussi un anticonformiste qui n’hésitait pas à aller seul à contre-courant. C’est ainsi qu’il a été exclu du Parti communiste dans les années 50, puis du groupe Grippa (pro chinois) dans les années 60. Condamné et emprisonné pour avoir aidé des révolutionnaires portugais sous la dictature de Caetano, il est devenu dans les années 90 un des piliers du mouvement antimondialiste en Belgique. Leader naturel d’Attac Bruxelles, il a joué un rôle clé dans la mise sur pied de D14, la coordination qui a mis sur pied la manifestation contre le sommet de Laeken en décembre 2001.

    Nous saluons la mémoire de ce deux camarades qui viennent de disparaître et nous adressons nos salutations fraternelles à tous leurs amis.

    Guy Van Sinoy

  • 31 décembre 2003: Fêtez l’an neuf avec nous

    Pour la huitième année consécutive, la régionale de Bruxelles du MAS-LSP organise un repas et une veillée de réveillon le 31 décembre. C’est l’occasion, après une année de travail et d’activités politiques intenses, de se retrouver entre camarades, dans une ambiance chaleureuse, autour d’un succulent repas et d’une bonne bouteille. Comme les années précédentes, les camarades Gert et François mettront tout leur talent pour nous concocter un menu à la hauteur.

    Cette année il y aura au menu :

    • Velouté Palais d’Hiver
    • Scampis à la Diable
    • Magret de Canard sauce Gertrude ou Quiches et garniture (pour les végétariens)
    • Table de fromages avec fruits
    • Mousse au Chocolat
    • Café et TruffeEt tout cela pour le prix de 14,00 euros. Les boissons sont en sus, mais elles sont comptées à des prix très démocratiques. Eau minérale gratuite. Possibilité de petit menu pour les enfants. Une condition indispensable est de réserver (et de payer) avant le 20 décembre. Comment réserver? Par téléphone ou fax (02/534.97.38) ou par courrier (BP 41, 1060 St-Gilles 2) ou par e-mail (loisirsetcultures@yahoo.fr). Paiement au compte 001-1427930-69 de Francine Dekoninck.

      Important! N’attendez pas la dernière minute pour vous inscrire. L’an dernier nous avons dû refuser des inscriptions de dernière minute car tout était complet.

  • Après une fermeture… Quelle reconversion?

    un témoignage d’André Fontaine, ouvrier chez Renault Vilvorde pendant 25 ans, licencié lors de la fermeture en 1997

    Pour faire avaler plus facilement la fermeture, Renault avait organisé un certain show. D’abord en installant dans les locaux de l’usine de Vilvorde un show-room avec des fauteuils, des téléphones et des piles de journaux à la disposition des travailleurs cherchant un nouvel emploi. De nombreux panneaux reprenaient des offres d’emplois… mais beaucoup d’annonces étaient périmées.

    Renault s’était aussi engagé à reprendre sur le site de Vilvorde 400 travailleurs (au départ c’était même 1.500!): 200 la première année, 100 la suivante, puis encore 100. A l’heure actuelle il n’y en a jamais eu 400. Ces travailleurs font de petits travaux annexes: petits travaux de tôlerie, montage d’échappements ou de pneus sur jantes. Ils ont subi une diminution de salaire, plus de flexibilité et perdu leurs primes.

    Enfin, il y avait la promesse d’aider les travailleurs à retrouver un emploi grâce à une formation. Il faut essayer d’imaginer le choc psychologique subi par des travailleurs occupés chez Renault depuis de nombreuses années et qui doivent tout d’un coup apprendre un nouveau métier. Dans quelle branche? Quel métier? Avec quel salaire? Dans quelles conditions? La plupart n’étaient pas préparés à cela.

    La sélection s’est faite sur base du dossier au service du personnel. Avec un certain arbitraire. Je ne dis pas que n’importe qui peut faire n’importe quoi. Mais ce n’est pas, par exemple, parce qu’on a été soudeur pendant des années que l’on n’est pas capable de faire autre chose. Ensuite certains ont été écartés de certaines formations en raison de critères physiques ou psychologiques. Certains ont été tout de suite orientés, sans la moindre formation, vers des emplois mal payés (plongeurs dans l’Horeca, par exemple) afin de les faire vite disparaître des statistiques et de "prouver" ainsi qu’on pouvait rapidement trouver un autre emploi.

    Avant d’entrer chez Renault, j’avais travaillé comme photograveur dans les arts graphiques. J’ai donc demandé à suivre une formation d’infographiste (mise en page sur ordinateur). J’ai passé une sélection. Puis on nous a envoyés suivre pendant quatre mois une formation dans le privé. Du côté francophone, nous étions une trentaine. On nous a alors dit que cela coûtait trop cher et on nous a incité à poursuivre cette formation au FOREm. Nous avons donc été dispersés: chacun a dû aller s’inscrire au FOREm près de son lieu de domicile. Certains, découragés, ont abandonné. Je me suis en fin de compte retrouvé le seul à poursuivre cette formation pendant deux ans.

    Aux cours organisés par le FOREm, j’ai été étonné de constater que j’étais le seul demandeur d’emploi. Les autres étaient des infographistes qui avaient un emploi et qui étaient envoyés au FOREm par leur employeur pour parfaire, à moindre frais, leur formation sur l’un ou l’autre point. Et en fait le programme de formation était organisé en fonction de leurs besoins. J’ai trouvé cela choquant. Ces travailleurs ont bien sûr droit à des compléments de formation mais leur employeur a les moyens de s’adresser à une firme privée. Le FOREm devrait s’adresser en priorité aux sans emplois. D’autant plus que la formation est aussi financée avec l’argent des chômeurs qui paient des impôts.

    Il était prévu, en fin de formation, de faire un stage de trois mois en entreprise. Mais le FOREm m’a signifié que j’étais trop âgé (plus de 50 ans), que le marché était saturé et que cela n’avait plus de sens de continuer ma formation. Je suppose que depuis le début ils avaient quand même dû lire ma date de naissance dans mon dossier!

    J’ai tenté en vain de terminer les cours à l’ORBEm (Bruxelles) mais le transfert de mon dossier du FOREm vers l’ORBEm (j’habite dans le Brabant wallon) a été refusé. On m’a donc traîné en longueur pendant des années pour finalement me laisser sur une voie de garage.

    Propos recueillis par Guy Van Sinoy

  • Luttons pour un enseignement de qualité!

    Tous nos acquis en matière d’enseignement – comme les restaurants sociaux, les kots bon marché, la démocratie étudiante (il fut un temps où les étudiants avaient leur mot à dire sur le contenu des cours!) – proviennent de la période de la fin des années soixante.

    Simon Van Haeren

    En 1968, lorsque les étudiants de la faculté de Nanterre à Paris ont complètement paralysé l’université parce qu’ils ne voulaient pas devenir les futurs «cadres du capitalisme», le recteur a réagi en appelant la police. C’est l’étincelle qui mit le feu aux poudres. La lutte des classes a embrasé toute la société. Le résultat fut une grève générale phénoménale à laquelle participèrent 10 millions de travailleurs. La voie était libre pour une révolution socialiste, mais les staliniens et les sociaux-démocrates ont commis une trahison scandaleuse qui a permis à la bourgeoisie de reprendre le contrôle de la situation.

    S’il ne devait y avoir qu’une seule leçon à retenir de cette période, c’est que nous ne pouvons compter que sur nos propres forces pour défendre le droit à un enseignement pour tous.

    A certains endroits, les étudiants de gauche ont continué à défendre leurs droits avec succès jusque dans les années septante. Mais depuis la défaite de 1968, depuis qu’on a laissé passer la chance d’en finir définitivement avec le capitalisme, la politique a viré vers la droite et le vent a commencé à tourner en faveur de la bourgeoisie. La séparation rapide du PS et du SP d’avec leur base ouvrière après la chute du Mur en est une illustration. Aujourd’hui, ils luttent côte à côte avec les libéraux… pour les intérêts des patrons! Qu’est-ce qui nous attend à présent?

    L’Union européenne (UE) a inscrit depuis des années l’objectif de privatiser complètement le secteur public dans l’Accord Général sur le Commerce et les Services (AGCS). La privatisation de la SNCB, de La Poste, de Belgacom,… démontre que le gouvernement est effectivement en train de mettre en oeuvre les préceptes de l’AGCS.

    L’enseignement n’est rien d’autre qu’une marchandise pour l’Union européenne. Le financement public doit par conséquent être limité, car l’Union économique y voit une «distorsion de concurrence»! La fameuse Déclaration de Bologne y ajoute que «l’enseignement doit être davantage orienté vers le marché». Merci d’éclairer ainsi notre lanterne. La ministre Françoise Dupuis, qui prépare un décret pour appliquer les préceptes de Bologne en Communauté française, n’en continue pas moins de nier l’évidence.

    Les Pays-Bas ont été l’un des premiers pays à jeter le masque. On y a modifié la loi pour autoriser l’instauration de minervals astronomiques (jusqu’à 7000 euros). En Belgique, il y a une proposition de doubler les droits d’entrée dans les hautes écoles: cette mesure est suspendue jusqu’à présent car la loi ne le permet pas encore! Entre-temps, l’enseignement en général doit constamment faire face à un manque de moyens. Dans les hautes écoles, plus de la moitié des professeurs sont au bout du rouleau à cause du manque chronique de support matériel pour leur travail. C’est pourquoi ils vont descendre dans la rue le 19 novembre à Bruxelles. Les universités ont privatisé leurs restaurants et/ou augmenté le prix des repas. A la VUB, les loyers des kots ont été relevés, les infrastructures sportives vendues, etc.

    Pour pouvoir résister aux attaques du gouvernement, les étudiants doivent construire un rapport de force vis-à-vis des autorités universitaires.

    Rejoignez Résistance Internationale, Etudiants de Gauche Actifs et Actief Linkse Studenten!

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