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  • Brink’s: La grève continue

    Depuis 27 octobre, les employés de BRINK’S sont en grève. Dès le début, le conflit est caractérisé par une arrogance énorme de la part de la direction. Ce vendredi, la direction de Brink’s a officiellement fait aveu de faillite : 430 employés, qui pendant plusieurs années ont risqué leur vie pour la société, perdent leur emploi.

    PSL-Hainaut

    Brink’s est le dirigeant mondial dans le marché des convoyeurs de fonds. La société, qui a sa base aux États-Unis, compte 60.000 employés dans plus de 100 pays, dont 430 travailleurs en Belgique. Fin octobre Brink’s a annoncé la fermeture de son site à Strépy (le seul site en Wallonie), qui compte une soixantaine de travailleurs, la vente des activités (hautement rentable) de Brink’s Diamond & Jewelry Service à une autre société du groupe, et a exigé le passage du statut d’employé au statut d’ouvrier.

    Les employés ont refusé clairement ces manœuvres. Surtout que le passage au statut d’ouvrier était uniquement une préparation pour pouvoir les licencier à bon marché. Dans le secteur, un ouvrier avec 20 ans d’ancienneté a droit à une indemnité de 16 semaines, pour un employé, c’est 18 mois. Donc une sérieuse économie pour la direction. Cette mesure formerait en outre un précédent, et aurait des conséquences pour tous les employés dans d’autres secteurs.

    La direction avait très bien préparé son plan. Il y a environ un an, trois employés ont été licenciés sur chaque site : « Notre collègue rentrait à l’entreprise à la fin de son itinéraire, et on lui refusait l’accès. Dans le couloir il a dû donner son arme et ses affaires de travail. Il a été licencié sur place. » La direction l’a fait uniquement pour tester les réactions. Peu après, les délégués sur place se sont vus offrir une double indemnité, pour partir. De cette façon, Brink’s pensait pouvoir faire passer sa restructuration sans résistance. Mais elle s’est clairement trompée. Au lieu d’être face à des travailleurs divisés et à une représentation syndicale décapitée, comme elle l’espérait, elle se trouve confronté à un bloc uni et combatif des employés. Aujourd’hui, les employés de Brink’s ont mené une lutte exemplaire, en front commun syndical. Ils ont refusé de rendre leurs armes et l’argent dans les coffres-forts. Ils ont refusé de changer de statut, parce que ce aurait été une défaite pour tous les travailleurs belges avec un statut d’employé. Ils ont toujours compris la stratégie de la direction, et ils ont décidé de continuer le piquet de grève, même après que la faillite a été officiellement déclarée.

    La direction pointe maintenant les travailleurs du doigt comme cause de la faillite. Elle met en avant qu’elle n’a jamais été confrontée à une telle résistance de la part de ses travailleurs, depuis sa création et dans aucun autre pays. Les statuts d’employé seraient la cause des pertes de l’entreprise. C’est n’importe quoi ! L’activité hautement rentable qui s’occupe du transport des diamants entre Anvers et le Zaventem, a été vendue à une autre société du groupe, et a ainsi mis les comptes virtuellement dans le rouge. Au cours des négociations, les syndicats ont même proposé d’accepter les changements de statuts, sous condition que l’on ne touchait pas aux indemnités de licenciement. Ceci a été refusé. Il s’agissait donc uniquement d’une préparation des licenciements. Car un changement de statut signifiait de moins grandes indemnités. Le syndicat essayera maintenant de poursuivre l’entreprise pour faillite frauduleuse. Ceci signifie que le combat sera partiellement mené sur le plan juridique maintenant. Ceci peut avoir comme conséquence que les travailleurs ont l’impression que « ce n’est plus dans leurs mains maintenant », que les choses dépendent du juge, qui leur sera oui ou non bien intentionné. Si ce procès s’étale sur une longue période, la lutte pourrait s’éteindre.

    Mais les employés de Brink’s ont décidé justement de continuer le piquet de grève. « Ce n’est qu’un début », disaient-ils vendredi sur le piquet à Strépy, juste après la déclaration de la faillite. Il est important que le syndicat essaie d’élargir la lutte. Les méthodes que la direction de Brink’s utilise ne sont pas nouveaux. Une faillite mise en place par une division fictive des sections lucratives et déficitaire, nous l’avons déjà vu, notamment en Mai 2009 chez FIAT à Bruxelles. Cela avait permis à la direction de FIAT de licencier 24 travailleurs dans la partie déficitaire. Nous avons vu un mouvement de solidarité suite à ce conflit, il nous faut la même chose maintenant.

    La direction de Brink’s a visé la faillite dès le début. Elle a hébergé ses activités rentables (le transport de diamants et d’or entre Anvers et Zaventem) sous une autre filiale. Elle avait d’ailleurs déjà demandé une licence pour cette filiale dès le début du conflit. Elle a voulu se débarrasser de Brink’s Belgique, afin de reprendre ses activités rentables sous un autre nom. Le patronat est prêt à tout pour augmenter ses profits. Les employés sont jetés comme des vieux mouchoirs, pour contenter les actionnaires parasitaires. Pour certains travailleurs, ce n’est pas leur première restructuration. Un travailleur de Strépy a déjà du vivre la même chose à VW Bruxelles, maintenant Audi Bruxelles. Le patronat essaye partout de faire payer les conséquences de la crise aux travailleurs. Le jour où la faillite à Brink’s a été annoncée, nous lisons dans le journal que le groupe français La Redoute va licencier 78 employés à Dottignies, pour diminuer ses frais. Le nombre de licenciements et attaques sur les statuts, les salaires, … ne va qu’augmenter dans la prochaine période. Nous avons besoin d’un syndicat combatif qui unifie les différentes luttes.

    Nous ne devons pas attendre beaucoup soutien de la part des partis traditionnels : les politiciens comme Milquet, Di Rupo,… disent maintenant être ‘indignés’ de l’attitude de la direction de Brink’s, mais ils n’ont pas de réponse. Au contraire, tous les partis traditionnels soutiennent depuis des années une politique de réductions de charges patronales pour les grandes sociétés. Aujourd’hui, ceci coûte jusque 9 milliards d’euros par an à la caisse de notre sécurité sociale.

    Le patronat se trouve servi comme un prince, et quand les travailleurs doivent payer le prix pour des années de mauvaise gestion, il y n’a pas de réponse. Les politiciens permettent au secteur privé de se faire encore un peu plus de profits sur le dos des travailleurs, de leur sécurité, leurs salaires, leurs conditions de travail, … Les partis traditionnels ne se trouvent pas de notre côté. Nous avons besoin de notre propre parti, un parti qui défend les intérêts des travailleurs et qui s’oppose à la logique de profit. Chez Brink’s, la sécurité du personnel est en jeu chaque jour. Ce secteur ne peut pas être laissé à la faim des profits du secteur privé. Avec la nationalisation de l’ensemble du secteur financier, sous contrôle et gestion ouvrière, le secteur des convoyeurs de fonds doit être mis aux mains publiques, pour mettre centrale la sécurité des travailleurs et la service à la population, au lieu de la chasse aux profits.

    Visite le groupe facebook du piquet de grève de Strépy: Brink’s-Strépy

  • [DOSSIER] Libéralisation et privatisation du rail: une voie sans issue

    Ces dernières semaines, les cheminots ont fait grève à plusieurs reprises. Les causes du mécontentement sont diverses, mais tout particulièrement liées à B-Logistics (transport de marchandises, anciennement B-Cargo), ainsi qu’au transport de voyageurs. Le malaise augmente. La direction et le gouvernement ont lancé une véritable offensive vers la libéralisation et la privatisation en s’en prenant à la prestation de service et au statut du personnel. Résultat : moins de services, plus de retards de train, moins de sécurité et de mauvaises conditions de travail et de salaire.

    Dossier tiré de l’édition de novembre de Lutte Socialiste

    D’ABORD LIBÉRALISER, PUIS PRIVATISER

    L’idée est de regrouper le transport de marchandises dans une succursale de droit privé, Logistics S.A. Pour le personnel, à court terme, cela signifie la fin de leur statut actuel. Une fois opérationnelle, la Société Anonyme pourra alors être privatisée en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

    L’aide publique a déjà disparu dans le transport de marchandises, suite à la libéralisation, mais tous les transports ne sont pas commercialement intéressants. Ainsi, le trafic diffus (qui consiste à rassembler en un convoi des wagons de différentes entreprises raccordées au réseau ferré, ce qui demande plus de main d’oeuvre) et les petits clients vont être redirigés vers le transport routier, et vont donc renforcer la pollution et les embouteillages.

    Début de cette année, le trafic international de voyageurs a aussi été libéralisé. Désormais, B-Europe est une activité purement commerciale. Et, simplement pour prendre un ticket au guichet, la direction a imposé un “supplément pour assistance personnelle” de 7 euros pour les TGV et de 3,5 euros pour les autres trains internationaux. Voilà ce qui remplace ce qui autrefois était un service public. Le trafic national sera lui aussi bientôt libéralisé et, là aussi, la direction aspire à remplacer les guichets par des ventes de tickets via internet ou des distributeurs automatiques. La libéralisation du rail signifie très clairement moins de services (avec la fermeture de guichets et moins de personnel) et des tarifs plus élevés.

    RÉSISTANCE DU PERSONNEL

    Les emplois de guichetiers et de signaleurs disparaissent, les statuts sont remplacés par des contrats et la SNCB recours de plus en plus à des contrats de consultance externe. Les guichets, les chefs de gare et les gares de triage seront à l’avenir retirés de la gestion de la SNCB, qui ne sera qu’un des opérateurs sur le marché belge du rail. Procéder à une filialisation pour ensuite revendre la filiale au privé n’est pas à exclure.

    En septembre, des actions spontanées ont eu lieu dans le transport de marchandises, suivies par une action générale dans le transport de marchandises le 11 octobre et par une grève générale de la SCNB le 18. La combativité était grande, y compris chez les membres de syndicats qui n’avaient pas appelé à l’action : les divisions présentes au sommet ne sont pas présentes à la base. A plusieurs endroits, les piquets de grève étaient plus importants que lors de grèves précédentes.

    Les médias et les politiciens traditionnels se sont empressés d’attaquer les cheminots avec l’éternel argument que ‘‘les voyageurs sont pris en otage’’. Il nous faut des actions unifiées sur base d’un plan d’action discuté et élaboré à la base et comprenant une campagne d’information et de mobilisation vers les voyageurs. Les tarifs des voyages, la fermeture de guichets ainsi que le manque de ponctualité et de sécurité illustrent à quel point le personnel et les voyageurs ont des intérêts identiques. Ils doivent résister ensemble.

    La libéralisation est néfaste au personnel et à la sécurité

    La libéralisation signifie concrètement une réduction du temps de formation. Le personnel est formé en 18 jours, à la place de la formation de plusieurs mois qui est la norme de la SCNB.

    Les nouveaux conducteurs doivent apprendre plus vite les réseaux étrangers, même s’il y a de grandes différences dans la signalisation et la réglementation. Un signal rouge clignotant en France signifie que le conducteur peut continuer à une faible vitesse mais sans arrêter tandis qu’en Belgique, c’est un signe d’arrêt. Plusieurs conducteurs français sur notre réseau ont déjà continué après un tel signal, c’est un danger immédiat de collisions frontales ou de déraillements.

    La SNCB veut assainir sur le dos des conducteurs. Mais le conducteur ne constitue que 5% des frais d’un train. Par contre, le conducteur et ses collègues restent le principal instrument de sécurité sur les voies. Même après l’installation du système de sécurité ECTS (le successeur du TBL1+ qui n’est pas encore installé…), la compétence et la vigilance du conducteur restent cruciales.

    Il est absurde de demander au personnel d’être toujours plus flexible. La productivité d’un train complet avec 40 wagons ne peut pas être comparée à la productivité d’un même transport par camions. La libéralisation stimule le transport routier pour le trafic diffus et mine le statut du personnel, ce qui met en péril la sécurité.

    LES EXPERTS: ‘‘IL MANQUE UNE CULTURE DE LA SÉCURITÉ AU SEIN DE LA SNCB’’

    Après l’accident de Buizingen, une commission parlementaire a été mise sur pieds. La conclusion du rapport intermédiaire des experts est que la sécurité n’est pas considérée comme une priorité et qu’il manque une culture de la sécurité à la SNCB.

    La SNCB et les ACEC (Ateliers de Constructions Electriques de Charleroi, aujourd’hui majoritairement rachetés par Alstom) ont développé leur propre système de sécurité, TBL1. Les experts disent que, fin des années 1980, les gouvernements ont réduit les dépenses dévolues à ce système. En plus, le système ne fonctionne pas vraiment. Pour les lignes à grande vitesse, un autre système a été développé, TBL2.

    Aujourd’hui, la SCNB essaie de rattraper le retard avec un système intermédiaire, TBL1+, qui sera adapté plus tard à la norme européenne, ETCS. Mais entretemps, disent les experts, les critères évoluent. La vitesse moyenne des trains, le nombre de voyageurs et le réseau deviennent plus complexes. Les facteurs de risques ont été multipliés par trois entre 1999 en 2014. La conclusion intermédiaire des experts: il nous faut au plus vite un ‘‘masterplan sécurité’’.

  • 27 novembre: Conférence nationale d’EGA / 28 novembre: Manifestation pour l’environnement

    Ce 27 novembre se déroulera une conférence nationale des Etudiants de gauche Actifs Secondaire et Supérieur. Nous voulons y discuter des campagnes d’EGA, tant au niveau de leur contenu que du point de vue pratique. C’est une bonne manière pour rencontre des militants d’EGA issus de tout le pays. Le jour suivant, nous participerons à la manifestation pour l’environnement qui se tiendra à Bruxelles.

    Tract d’EGA

    Tract en format PDF

    Manifeste avec Etudiants de Gauche Actifs le 28 novembre à Bruxelles

    Manifestation pour l’environnement, 14h Place de la Monnaie

    Marée Noire dans le golfe du Mexique, coulée de boues toxiques en Hongrie, incendies gigantesques en Russie, désastre climatique au Pakistan,… la succession actuelle de dramatiques désastres environnementaux est impressionnante.

    Aujourd’hui déjà, 300.000 personnes meurent chaque année en raison directe ou indirecte des effets du changement climatique. Les récents drames ont clairement illustré la responsabilité des actionnaires des grandes entreprises dans la crise environnementale. Leur soif de profit et leur avidité est sans limite. C’est ce qui a conduit BP à forer à des profondeurs où aucune technologie n’était prévue pour réparer un accident comme l’explosion du conduit de forage et à minimiser la sécurité. Résultat : la pire marée noire de l’Histoire. Les raisons de la fuite du réservoir de l’usine d’aluminium en Hongrie sont identiques.

    Les capitalistes ne veulent pas de normes environnementales contre le réchauffement climatique, car celles-ci diminuent leurs profits. Et la crise économique inhérente au chaos du marché libre accentue la concurrence entre capitalistes et aggrave le problème. Au contraire, ils coupent dans les dépenses au détriment des conditions du travail, des sa- Manifeste avec Etudiants de Gauche Actifs , le 28 novembre à Bruxelles, laires et de la possibilité de vivre dans un environnement sain pour les travailleurs et leurs familles.

    Ce 28 novembre se tiendra à Bruxelles une manifestation nationale à l’initiative de la coalition climat, à laquelle EGA participera. Cette manifestation se déroule dans le cadre du Sommet sur le réchauffement climatique de Cancun, au Mexique, qui suit l’échec de celui Copenhague l’an dernier.

    Les dirigeants politiques traditionnels qui se réunissent dans ce type de sommets coûteux n’ont aucune solution à proposer car ils représentent les intérêts des capitalistes. Partout, ils mènent une politique de coupes budgétaires pour faire payer aux travailleurs et aux jeunes le sauvetage des actionnaires des banques et des grandes entreprises. Tout comme l’enseignement et les soins de santé, l’environnement ne sera pas épargné par les conséquences de la vague d’austérité.

    Seule la mobilisation de masse des jeunes et des travailleurs peut changer les choses en faveur d’une société organisée pour satisfaire les besoins de tous et le respect de l’environnement, une société socialiste.

    Par tic ipe à la conférence nationale d ’EGA 2010 !

    Élaborons notre programme et préparons la résistance !

    La crise du capitalisme frappe les jeunes de plein fouet et un chômage de masse nous attend. Les jeunes, surreprésentés dans les emplois précaires, les intérims, les CDD,… ont été jetés à la porte des entreprises. Pour la première fois depuis longtemps, notre génération – celle qui est aux études ou sur le marché du travail depuis peu – éprouvera plus de difficultés à s’en sortir que la précédente.

    Le patronat et ses politiciens veulent nous faire payer leur crise une deuxième fois en orchestrant l’austérité sur nos écoles, nos unifs, nos soins de santé,… parce qu’ils ont sauvé les profits des banques à coups de milliards. Pour avoir un avenir, il faudra s’organiser pour lutter contre ce système basé sur la course aux profits au bénéfice d’une petite minorité. Au-delà de remettre en cause le capitalisme, nous avançons la nécessité d’une alternative socialiste.

    Nous avons lancé EGA dans les écoles secondaires depuis un an. Dans l’enseignement supérieur, EGA a déjà construit de nombreuses campagnes: pour le droit de vivre dans un environnement sain; avec les Jeunes en lutte pour l’emploi; contre le racisme et les néofascistes avec la campagne Blokbuster pour les mobilisations anti-NSV (l’organisation étudiante du Vlaams Belang) et avec les JAF (Jeunes Antifascistes) du côté francophone; contre les assainissent dans l’enseignement,… Nous avons aussi participé aux élections étudiantes à Gand et à Bruxelles cette année.

    La conférence nationale d’EGA secondaire et supérieur de cette année, ce samedi 27 novembre de 13h à 21h, portera sur l’élaboration du programme d’EGA sur ces 4 thèmes et l’élaboration de nos futures campagnes. Des dizaines d’étudiants de toutes la Belgique s’y retrouveront. Participe aussi à la résistance ! Inscris-toi pour la conférence nationale d’EGA 2010 !

    PROGRAMME? LIEU? PRIX?

    À 13h, 3 commissions auront lieu sur le programme d’EGA: Enseignement / Contre le Racisme et l’extrême droite / Emplois des Jeunes

    A 16h, il y aura un débat en plénière portant sur ‘‘notre avenir ne tombera pas du ciel : ORGANISONS NOUS DANS LA LUTTE !’’

    A 19h, il y aura un meeting ‘‘Détruire le capitalisme avant qu’il ne détruise la planète’’ Avec: Mirre Vercauteren EGA-ALS Gand, un syndicaliste de la SNCB de “libre parcours” et Nicolas Croes, auteur de la brochure sur l’environnement du PSL

    La Conférence se déroulera de 13h à 21h à Bruxelles, “Randstaat”, 45-47 rue du jardinier 1030 Molenbeek (Métro Comte de Flandre)

    Prix: 3 euros pour les lycéens / 2€ en prévente, 5 euros pour les étudiants et jeunes travailleurs /3€ en prévente travailleurs

    Logement possible à bruxelles le soir (il faut amener son matelas et son sac de couchage)

  • Aux travailleurs de BRINK’S de Strépy

    Les Jeunes en Lutte pour l’Emploi du Hainaut apportent leur solidarité avec la lutte des travailleurs de BRINK’S contre les attaques scandaleuses de la direction. La direction veut répercuter les années de mauvaise gestion sur les travailleurs qui ont travaillé et risqué leur vie quotidiennement pour la boite. Le patronat ne vise qu’une seule chose, c’est d’augmenter ses profits. Pour ce faire, ils ne tiennent compte de personne. Les Jeunes en Lutte pour l’Emploi comprennent la colère des travailleurs suite à ce plan de la direction.

    Lettre des Jeunes en lutte pour l’emploi – Hainaut

    Il est clair qu’avec le passage du statut d’employé au statut d’ouvrier, la direction prépare un grand plan de restructuration. Elle veut s’assurer de pouvoir se débarrasser des travailleurs sans devoir payer les indemnités auxquelles ils ont droit. Les travailleurs seront jetés comme des kleenex, pour faire bénéficier les actionnaires parasitaires.

    Mais aujourd’hui, il n’y a pas que chez BRINK’S que les statuts, ou d’autres acquis du passé, sont menacés. Le patronat veut lier l’harmonisation des statuts à un recul des conditions de travail et de salaire. C’est inacceptable, d’autant plus que la Belgique a déjà une économie très productive et très flexible, avec les travailleurs parmi les plus productifs au monde.

    Aujourd’hui, les jeunes qui entrent sur le marché du travail se retrouvent au chômage ou avec les contrats les plus précaires (intérim, plan win-win,…). Avec le Comité Jeunes en lutte, nous voulons dénoncer la précarité de l’emploi, mais aussi construire un instrument pour défendre nos conditions de travail et nos acquis sociaux. Nous pensons que la solidarité entre les générations est très importante. La force des travailleurs réside dans son nombre, et ce n’est qu’en utilisant ce nombre que nous pouvons arriver à des résultats. Nous voulons exprimer la solidarité avec votre lutte partout où c’est possible. Une victoire de votre lutte donnera la confiance aux autres travailleurs d’oser dire non aux attaques sur nos conditions de travail. Il est important de soutenir activement chaque initiative prise par les travailleurs pour faire connaitre leur lutte.

    Nous pensons qu’une campagne de solidarité peut aujourd’hui avoir une influence dans la société. Des milliers de gens ont été confrontés à des licenciements ou des assainissements depuis le début de la crise. Une énorme colère existe à la base de la société, mais sans trouver son expression. Votre lutte peut en être un exemple.

    Jeunes en Lutte pour l’emploi – Hainaut

    jeunesenlutte@hotmail.com

    www.jeunesenlutte.wordpress.com

  • Jeunes en lutte pour l’emploi : Interview d’Aisha Paulis

    Après la Marche des jeunes pour l’emploi de Bruxelles, nous avons discuté avec Aisha Paulis, membre du PSL et du Comité Jeunes en lutte pour l’emploi de Bruxelles. Inutile toutefois de revenir sur la nécessité d’une telle campagne, aujourd’hui, à Bruxelles, 1 jeune sur 3 est au chômage. Dans certains quartiers, comme celui de ‘‘Maritime’’ à Molenbeek, ce chiffre atteint même les 70% pour les moins de 26 ans !

    Article tiré de l’édition de novembre de Lutte Socialiste

    Lutte Socialiste : Quel est ton bilan de la Marche des Jeunes à Bruxelles ?

    Aisha Paulis : ‘‘Je pense que c’était une bonne première action. Des étudiants du secondaire et du supérieur étaient présents mais aussi des jeunes travailleurs, quelques délégués syndicaux et des chômeurs. Cela démontre clairement que l’unité nécessaire à ces jeunes est possible. Ils ont manifesté dans les rues de Bruxelles avec des slogans tels que ‘‘les vieux dans la misère, les jeunes dans la galère, de cette société là, on n’en veut pas’’ ou ‘‘contre le chômage et les emplois précaires, 32 heures sans perte de salaire.’’’’

    ‘‘Nous sommes passés dans des quartiers populaires où ces questions d’emploi précaire, de chômage et de discriminations vivent très fortement. C’était bien sûr l’opportunité de faire connaître notre campagne. Des gens s’arrêtaient autour du cortège et soutenaient notre initiative : des passants ont donné directement 5 euros de soutien, en disant que c’était une bonne chose que les jeunes se bougent. En général, l’écho dans le quartier des Marolles était très bon, mais certains pensent encore qu’une telle action ne sert à rien. Pourtant on n’aura de cadeaux ni des patrons ni des politiciens. Si nous voulons un avenir, nous devons commencer à nous organiser et lutter. Pour moi, cette action est une réussite si elle est vue comme une étape dans la construction de la campagne. Nous ne pouvons pas nous arrêter maintenant. Il y avait une centaine de participants et, pour un début, c’est déjà très bien.’’

    LS : Justement, quelle est la dynamique de construction du comité?

    AP : ‘‘La campagne est commencée depuis plusieurs mois maintenant. Nous nous sommes réunis avec les Jeunes-FGTB, ABVV-Jongeren et la Jeunesse Ouvrière Chrétienne pour développer un programme commun : un emploi décent pour tous, l’arrêt de la chasse aux chômeurs et la lutte contre toutes les formes de discrimination. Nous n’avons, bien sûr, pas fait que discuter du programme, nous sommes aussi intervenus en rue. Au fur-et-à-mesure du développement de la campagne, d’autres associations et quelques jeunes non organisés se sont également impliqués.’

    ‘‘Je me rappelle d’une intervention que nous avions faite avec le PSL, alors que nous étions encore en discussion avec les premières organisations signataires de la plateforme. C’était à l’European Jobs Day, où des milliers de chômeurs étaient présents. Les files étaient véritablement impressionnantes. C’est un exemple concret qui dément toute la rhétorique selon laquelle les jeunes se complaisent au chômage.’’

    ‘‘Ensuite, nous avons mené des actions en commun avec les Jeunes FGTB et la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, dans l’idée de ne pas seulement impliquer des organisations mais aussi toute cette couche de jeunes qui sont à la recherche de solutions contre la précarité, le coût des études, le chômage,… Cet été, nous sommes intervenus à différents festivals pour mobiliser pour une réunion en septembre et pour la marche du 14 octobre. Nous nous sommes aussi rendus devant les agences intérims, dans les marchés, etc. Lors de la manifestation de la Confédération Européenne des Syndicats du 29 septembre dernier, une délégation de Jeunes en Lutte pour l’Emploi était présente avec les jeunesses syndicales pour construire la campagne bien sûr, mais aussi pour mettre en avant la nécessité d’une résistance internationale contre tous les plans d’austérité qui arrivent en Europe.’’ ‘‘Toutes ces interventions nous ont permis d’impliquer quelques jeunes non-organisés dans la campagne même si aujourd’hui le nombre de jeunes qui voient l’utilité de s’organiser pour un emploi décent reste encore limité.’’

    ‘‘Beaucoup de jeunes croient encore aux solutions individuelles, à la débrouille, aux formations,… pour se tirer d’affaire. Mais c’est un élément qui commence à tourner avec la crise économique. On voit bien en France que dans le mouvement contre la réforme des retraites, les travailleurs ont été massivement rejoints par les jeunes, étudiants et lycéens. Toute une série de jeunes se rendent bien compte que ces attaques les concernent aussi directement. Si les travailleurs plus âgés restent au boulot plus longtemps, ça fait moins de place pour eux. Seule l’unité des jeunes et des travailleurs permet de lutter contre ces plans.’’

    ‘‘Pour nous, en Belgique, cette campagne des Jeunes en lutte pour l’emploi sert à construire un outil de lutte pour les jeunes et les travailleurs dans la perspective des futurs plans d’austérité. Mais même aujourd’hui, le soutien passif pour cette campagne est très large, tant parmi la jeunesse que chez des travailleurs plus âgés.’’

    LS : Et pour la suite?

    AP : ‘‘Le défi est de réellement construire des comités dans les quartiers, les entreprises, les universités et les écoles. C’est le meilleur moyen pour élargir cette campagne et commencer à construire un rapport de force. Pour l’instant, il y a des comités à Anneessens, Flagey, Schaerbeek, à l’ULB et à la VUB. Nous allons avoir des réunions de ces comités dans les semaines à venir afin de discuter et de proposer de nouvelles actions pour poursuivre la construction de cette campagne.’

    LS : Et toi, en tant que membre du PSL?

    ‘‘Au niveau très pratique, comme nous sommes une organisation nationale, c’est plus évident de faire le lien avec les différentes initiatives dans le Hainaut, à Liège, mais aussi en Flandre où le PSL a récemment organisé une action à la Millionaire Fair pour dénoncer le fossé entre riches et pauvres. Le PSL a entretenu une tradition militante et combative en étant systématiquement en rue pour vendre son journal, distribuer des tracts,… C’est évidemment un grand atout dans ce type de campagne.’’

    ‘‘Le PSL-LSP propose l’unité des travailleurs contre le communautarisme, le racisme, le sexisme pour lutter contre l’austérité. Nous nous battons contre le système qui est à la base de tous ces problèmes : le capitalisme. Pour moi, la question fondamentale est de savoir pour quelle alternative on se bat. On nous a matraqué durant des années que le capitalisme était le seul système viable, pourtant ce n’est clairement pas le cas. Le capitalisme a fait faillite, nous avons besoin d’une société qui pourra répondre aux besoins de chacun, une société socialiste.’’

  • [DOSSIER] Retour sur la “grève du siècle”

    50 ans après la grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61

    Ces cinq semaines d’un combat implacable, mené en plein hiver, constituent rien de moins que l’évènement le plus grandiose à ce jour de l’histoire des luttes de la classe ouvrière belge. A la base de ce conflit qui a puissamment ébranlé les fondations du système capitaliste, se trouvait un plan d’austérité particulièrement brutal, la Loi Unique. A l’heure où les plans d’austérité pleuvent sur les travailleurs partout en Europe et ailleurs, à l’heure où reviennent à l’avant-plan les grèves générales (voir notre dossier du mois dernier), les leçons à tirer de ce conflit sont inestimables.

    Par Nicolas Croes, sur base du livre de Gustave Dache

    LE CONTEXTE

    A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l’appareil de production de la bourgeoisie belge était quasiment intact, un énorme avantage pour une économie belge basée sur l’exportation face à des économies voisines à reconstruire. La machine économique belge tournait donc à plein rendement mais, face au développement progressif de nouvelles industries à l’étranger, cet avantage a progressivement disparu.

    De plus, la bourgeoisie belge avait délibérément négligé des branches industrielles qui s’étaient récemment développées, comme la chimie ou encore l’électronique, pour conserver une structure industrielle basée sur l’industrie lourde (sidérurgie, extraction de charbon,…). Plutôt que d’investir dans leur appareil de production, les capitalistes belges investissaient leurs profits en banque. Disposant d’un très puissant capital financier, la Belgique était alors qualifiée de ‘‘banquier de l’Europe’’. Cette fonction de banquier a toutefois été fondamentalement remise en question par la crise de l’industrie. A cela s’ajoutait encore le coût de la perte du Congo, devenu indépendant le 30 juin 1960.

    Pour assurer ses profits, la classe capitaliste belge devait donc prendre des mesures radicales. Comme toujours, c’est aux travailleurs et à leurs familles que l’on a voulu faire payer la crise avec les mesures d’austérité de la Loi Unique. Mais la prudence s’imposait. Un certain climat de lutte régnait à ce moment, et la grève générale insurrectionnelle de 1950 concernant la Question Royale (le retour du roi Léopold III) n’était pas encore oubliée… C’est pour cette raison que le gouvernement avait choisi de commencer la discussion au Parlement sur la Loi Unique le 20 décembre, en comptant sur les préparatifs des fêtes de fin d’année afin d’affaiblir la mobilisation des travailleurs.

    De leur côté, la direction du Parti Socialiste Belge et de la FGTB comptaient également sur cette période pour éviter de prendre l’initiative et déclencher les hostilités. Les bureaucrates du PSB et de la FGTB étaient pris entre deux feux. Une défaite significative des travailleurs aurait signifié que la bourgeoisie aurait sérieusement commencé à s’en prendre à ses positions et à ses privilèges, mais une victoire de la classe ouvrière était tout aussi menaçante pour ces mêmes privilèges.

    La direction du PSB avait déjà démontré à plusieurs reprises sa servilité à la ‘raison d’Etat’. Quand s’était déroulée la grève des métallurgistes de 1957, le ‘socialiste’ Achille Van Acker, alors premier ministre, n’avait pas hésité à la réprimer. Cependant, la très forte base ouvrière active en son sein forçait la direction du PSB à imprimer des accents plus radicaux à sa politique. Début octobre 1960, le PSB a donc pris l’initiative de mener campagne dans tout le pays au sujet de la Loi Unique. C’était l’Opération Vérité, dont le but était d’assurer qu’une fois la Loi votée et appliquée, la colère et le mécontentement des travailleurs se traduisent en soutien électoral. Partout, l’assistance était nombreuse et les salles souvent trop petites. Ce n’était pas son objectif premier, mais cette campagne aura joué un effet non négligeable dans la préparation de la bataille de l’hiver 60-61.

    Au niveau syndical, les directions voulaient elles aussi éviter la grève générale et une lutte dont elles pouvaient perdre le contrôle. La Centrale Syndicale Chrétienne, proche du PSC au pouvoir, a dès le début freiné la contestation de tout son poids. Au cours de la grève générale pourtant, de très nombreux militants de la CSC, tant au nord qu’au sud du pays, ont rejoint la lutte.

    Au syndicat socialiste, différentes ailes s’affrontaient, ce qui s’est exprimé lors du Comité National Elargi du 16 décembre 1960. La gauche syndicale groupée autour d’André Renard y avait proposé de voter pour un plan comprenant une série de manifestations allant vers une grève générale de 24 heures le 15 janvier 1961 (soit après le vote de la Loi Unique, beaucoup trop tard). De son côté, la droite proposait de simplement organiser une journée nationale d’action quelque part en janvier 1961. Au final, la gauche syndicale a reçu 475.823 voix, la droite 496.487. Mais, en moins de quatre jours, ces deux positions ont complètement été dépassées par l’action de la base.

    LA BATAILLE COMMENCE – L’APPAREIL SYNDICAL EST DÉBORDÉ

    Les services publics étaient particulièrement touchés par la Loi Unique et, le 12 décembre, la Centrale Générale des Services Publics de la FGTB avait appelé au déclenchement d’une grève générale illimitée pour le matin du 20 décembre.

    Dans tout le pays, la grève des services publics a très bien été suivie. A Gand, par exemple, les ouvriers communaux ont bloqué la régie de l’électricité, privant de courant le port et toute la région. Des milliers de syndiqués chrétiens ont rejoint le mouvement, contre l’avis de leurs dirigeants. Dès ses premières heures, le mouvement n’est pas resté limité au service public, de nombreuses grosses entreprises ont été mises à l’arrêt. Souvent, les travailleurs ont dû menacer leurs délégués, qui tentaient d’appliquer les consignes des sommets syndicaux.

    En quelques heures, l’action spontanée des travailleurs a ébranlé tout le système capitaliste et surpris ses agents dans le mouvement ouvrier. Le lendemain, désolé, le secrétaire général de la FGTB Louis Major (également député socialiste) s’est lamentablement excusé à la Chambre en disant : ‘‘Nous avons essayé, Monsieur le premier ministre, par tous les moyens, même avec l’aide des patrons, de limiter la grève à un secteur professionnel.’’

    Le 21 décembre, tout le pays était paralysé. Ce jour-là, on pouvait lire dans La Cité: ‘‘on signale qu’en plusieurs endroits, les dirigeants de la FGTB euxmêmes auraient été pris de court (…) Il semble bien qu’en certains endroits du moins, le contrôle du mouvement échappe à la direction de la FGTB.’’ Pour pallier au manque de direction, les travailleurs se sont petit à petit organisés avec des comités de grève, qui ont commencé à se coordonner. Voilà très précisément ce que craignait le plus la direction syndicale : qu’une nouvelle direction réellement basée sur la lutte collective des travailleurs se substitue à elle. La droite de la FGT B nationale, qui s’était opposée par tous les moyens à la grève générale, s’est déchargée de ses responsabilités sur les régionales en leur laissant le choix de partir ou non en grève.

    Ainsi, ce n’est qu’après que la grève générale ait été effective dans tout le pays que les régionales ont lancé un mot d’ordre de grève générale et tenté de dissoudre ou de récupérer les comités de grève (qui contrôlaient 40% de la région de Charleroi par exemple).

    TRAVAILLEURS FRANCOPHONES ET FLAMANDS UNIS DANS LA LUTTE

    La grève s’est étendue partout, les débrayages spontanés surgissant dans tout le pays. Les métallurgistes, les verriers, les mineurs, les cheminots, les dockers, etc. étaient tous en grève, toute la Wallonie était paralysée. En Flandre, le développement de la grève était plus lent et plus dur, mais bien réel. Des secteurs entiers y étaient en grève. D’ailleurs c’est en Flandre que s’est trouvée la seule entreprise à avoir été occupée par les grévistes lors de cette grève générale (la régie de l’électricité de Gand, du 20 au 30 décembre).

    Contrairement à ce que certains affirmeront par la suite, les travailleurs flamands ont largement démontré qu’ils étaient fermement engagés dans la lutte, malgré toutes les difficultés supplémentaires rencontrées dans une région où n’existaient pas de bassins industriels comparables à ceux de Charleroi ou de Liège, où le poids réactionnaire du clergé était plus important, où la CSC était dominante et où la direction de la FGTB était plus à droite.

    Dans ce cadre, la constitution sous la direction d’André Renard du Comité de coordination des régionales wallonnes de la FGTB, le 23 décembre, a représenté une véritable trahison. En plus d’être une manoeuvre destinée à assurer que la direction de la lutte n’échappe pas à l’appareil de la FGTB en faveur des comités de grève, la formation de ce Comité a divisé les forces de la classe ouvrière face à un gouvernement, des forces de répression et une bourgeoisie unie nationalement. Toujours à l’initiative d’André Renard, cette politique de division des travailleurs a été encore plus loin quand, au moment le plus critique de la lutte, la gauche syndicale a introduit la revendication du fédéralisme.

    LE DANGER DE LA RÉVOLUTION

    Au départ, il ne s’agissait que de la Loi Unique mais, très rapidement, c’est la question de la prise du pouvoir qui s’est posée. Il n’a pas fallu attendre longtemps avant que n’apparaissent dans les nombreux et massifs cortèges de manifestants des slogans revendiquant une Marche sur Bruxelles. Ce que les travailleurs entendaient avec cet appel, ce n’est pas une simple manifestation à Bruxelles, mais un rassemblement ouvrier massif dans la capitale pour une confrontation ouverte avec le régime.

    Ce mot d’ordre avait été décisif en 1950 lors de la grève générale sur la Question Royale. Le roi Léopold III avait abdiqué la veille de la tenue de cette Marche afin de désamorcer un mouvement qui n’aurait pas seulement fait basculer la monarchie, mais aurait également fait courir un grand péril au régime capitaliste lui-même. En 60-61, si les bureaucrates ont refusé d’organiser la Marche sur Bruxelles, c’est qu’ils comprenaient fort bien que ce mot d’ordre signifiait l’affrontement révolutionnaire des masses ouvrières et de l’Etat bourgeois.

    Face à l’ampleur du mouvement de grève, le gouvernement a réagi par l’intimidation, par de nombreuses arrestations arbitraires et par la violence des forces de l’ordre. Le gouvernement craignait que les grévistes ne parviennent spontanément à s’emparer des stocks d’armes et de munitions entreposées à la Fabrique Nationale, occupée militairement. L’armée a été envoyée renforcer la gendarmerie afin de surveiller les chemins de fer, les ponts, les grands centres, etc. Des troupes ont été rappelées d’Allemagne.

    Mais les forces de répression se déplaçaient lentement à cause des routes parsemées de clous, des rues dépavées ou encore des barrages. De plus, les troupes n’étaient pas sûres et subissaient la propagande des comités de grève les appelant à rejoindre la lutte. A certains endroits, les femmes de grévistes apportaient de la soupe et de la nourriture aux soldats. Le pouvoir bourgeois avait grand peur de cette fraternisation avec les grévistes.

    Les dirigeants syndicaux étaient systématiquement plus fortement hués lors des meetings de masse, car ils ne faisaient qu’inlassablement répéter en quoi la Loi Unique était néfaste alors que les travailleurs criaient ‘‘A Bruxelles ! A Bruxelles !’’ C’est dans ce cadre qu’il faut considérer les très nombreux actes de sabotage de cette grève générale. Ces actes ne sont que la conséquence de la frustration, de la colère et de l’impatience des travailleurs suite au refus des responsables de donner une perspective au mouvement.

    André Renard, le leader de l’aile gauche de la FGTB, a partout été réclamé pour prendre la parole. Sa rhétorique plus radicale correspondait mieux à l’état d’esprit des grévistes mais derrière son discours se cachait la volonté de ne faire qu’utiliser la force des travailleurs pour forcer la bourgeoisie à faire des concessions et non pour renverser le régime capitaliste. En cela, il a surestimé la marge de manoeuvre dont disposaient les capitalistes et a été forcé de trouver une voie de sortie honorable.

    LE FÉDÉRALISME : L’ÉNERGIE DES MASSES DÉTOURNÉE

    Le mouvement était placé devant un choix : la confrontation directe avec le régime capitaliste ou la retraite derrière un prétexte capable de sauver la face à une partie au moins de l’appareil syndical. C’est dans ce cadre qu’il faut voir l’appel au fédéralisme lancé par André Renard, un appel fatal à la grève générale. Le 31 décembre, le Comité de coordination des régionales wallonnes de la FGTB publiait un communiqué déclarant que la grève était essentiellement localisée en Wallonie, ce qui est faux. Alors que, partout, les travailleurs réclamaient des actions plus dures, le Comité a répondu en semblant prétendre que seule la Wallonie luttait.

    Le 3 janvier, André Renard s’est ouvertement prononcé contre une Marche sur Bruxelles. Le même jour, il a déclaré « Le peuple Wallon est mûr pour la bataille. Nous ne voulons plus que les cléricaux flamands nous imposent la loi. Le corps électoral socialiste représente 60 % des électeurs en Wallonie. Si demain le fédéralisme était instauré, nous pourrions avoir un gouvernement du peuple et pour le peuple. » (Le Soir du 4 janvier 1961) Le 5 janvier paraissait le premier numéro de l’hebdomadaire dirigé par André Renard, Combat. Son slogan de première page était : « La Wallonie en a assez. »

    Peu à peu, et sans consultation de la base, c’est ce mot d’ordre, une rupture de l’unité de front entre les travailleurs du pays, qui a été diffusé par l’appareil syndical. A ce moment, des dizaines de milliers de travailleurs flamands étaient encore en grève à Gand et Anvers, mais aussi dans des villes plus petites comme Bruges, Courtrai, Alost, Furnes,…

    Finalement, faute de mots d’ordre et de perspective, le mouvement s’est essoufflé. La grève s’est terminée le 23 janvier 1961.

    Cette défaite ne doit rien au génie ni à la force du patronat et de son gouvernement, mais tout à la trahison des dirigeants du PSB et de la FGTB, de droite comme de gauche, qui ont préféré la défaite à la poursuite de la lutte contre le capitalisme et pour une autre société.


    Comment la défaite aurait-elle pu être évitée ?

    Ce combat historique a été caractérisé par la gigantesque volonté d’en découdre de la part du mouvement ouvrier. Il n’a manqué qu’une chose pour que le mouvement aboutisse à sa conclusion logique, c’est-à- dire le renversement du régime capitaliste, il aurait fallu une direction réellement révolutionnaire aux masses en mouvement. Dans son Histoire de la révolution russe, Léon Trotsky (l’un des dirigeants de cette révolution avec Lénine) a expliqué que “Sans organisation dirigeante, l’énergie des masses se volatiliserait comme de la vapeur non enfermée dans un cylindre à piston. Cependant le mouvement ne vient ni du cylindre ni du piston, mais de la vapeur.” C’est exactement ce qui s’est produit ici, l’énergie des masses s’est volatilisée. Une organisation, même petite, aurait pu réaliser de grandes choses si elle était décidée à prendre ses responsabilités.

    Concrètement, cela aurait signifié d’appuyer sans réserve la constitution des comités de grève et d’appeler à un Congrès national des comités de grève – premier pas vers l’instauration d’un gouvernement ouvrier basé sur les comités de grève – tout en défendant un programme socialiste et révolutionnaire. Cela aurait signifié de vigoureusement dénoncer le refus des directions syndicales d’offrir une voie en avant et les manoeuvres telles que le fédéralisme. Cela aurait aussi signifié d’appuyer concrètement l’appel à la Marche sur Bruxelles. Hélas, cela, personne ne l’a fait. Le Parti Communiste Belge est ainsi essentiellement resté à la remorque du PSB et de la FGTB (il faut toutefois préciser que bon nombre de ses militants ont joué un rôle important dans les entreprises pour déclencher la grève).

    Un autre groupe de gauche radicale existait, au sein du PSB, groupé autour du journal La Gauche (Links en Flandre). Ce groupe était essentiellement dirigé par des militants se réclamant du trotskysme et dont la principale figure était Ernest Mandel. Ils prétendaient défendre une politique révolutionnaire, mais ses dirigeants étaient très fortement influencés par la pratique réformiste de la direction du PSB et des appareils bureaucratiques de la FGTB. Dans les faits, ce groupe a suivi la tendance d’André Renard, n’a pas dénoncé la création du Comité de coordination des régionale wallonnes, n’a pas appelé à la convocation d’un Congrès national des comité de grève et a limité son soutien à la Marche sur Bruxelles à de vagues propositions irréalistes. Concernant les propositions fédéralistes de Renard, La Gauche aurait dû réagir en opposant le renversement du gouvernement et de l’Etat bourgeois. A la place ne s’est manifesté qu’un silence complice.


    TÉMOIGNAGE D’UN OUVRIER DU RANG

    “La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960-61”

    A l’occasion des commémorations du 50e anniversaire de la grève générale de 60-61, le PSL a décidé de publier ce livre, dans lequel l’auteur s’est efforcé de tirer les leçons du conflit dans la perspective de préparer les générations actuelles de jeunes et de travailleurs aux luttes de masse à venir. Ce dossier est intégralement basé sur ces quelques 350 passionnantes pages d’expériences et d’enseignements, richement documentées. N’hésitez pas et passez commande à la rédaction de socialisme.be.

    ==> Rubrique “60-61” de ce site

     

    ‘‘La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960-61’’, par Gustave Dache, éditions marxisme.be, 354 pages, 15 euros Passez commande au 02/345.61.81 ou par mail à redaction@socialisme.be.

     

  • “La paix soit avec vous ma sœur”, ou le récit d’un terroriste occidental

    Le livre de Chris De Stoop «Elles sont si gentilles monsieur» concernant la traite des être humains était bouleversant. Son dernier livre, «La paix soit avec vous ma sœur» (Vrede zij met u zuster, non encore traduit), l’est tout autant. Le récit raconte le road trip de Muriel Degauque, une jeune fille du Hainaut qui part pour Fallujah, en Irak, afin de commettre un attentat suicide.

    Muriel a grandi dans la détresse du Hainaut et, après quelques pérégrinations, elle trouve «l’islam» comme alternative, et se donne entièrement à cette religion, ou du moins à l’interprétation spécifique qu’elle lui a donnée. Dans le petit cercle des islamistes radicaux de Saint-Josse (à Bruxelles), après les attentats du 11 septembre 2001 et les guerres en Afghanistan et en Irak, elle est touchée par cette radicalisation. Le livre de Chris De Stoop donne parle aussi de jeunes bruxellois qui partent vers la Syrie afin d’aller lutter en Iraq. Ils arrivent dans le réseau d’Aboe Mazen, surtout intéressé par une femme. Alors qu’en Syrie les hommes doivent attendre un mort de martyre, leurs amis en Belgique doivent leur verser de l’argent et aller au chômage pour la plupart. Ici, toutes les personnes d’origine étrangère sont mises dans le même sac par les autorités. De Stoop ne fait que constater, il laisse au lecteur d’être choqué par l’abus, par le racisme sous-jacent ou par les deux.

    Muriel et son homme, Issam, prennent leur voiture, une Mercedes blanche, et partent vers l’Irak. Ils traversent l’Italie, prennent le bateau vers la Turquie et se dirigent ensuite vers la Syrie. De là, ils partent vers l’Irak. Ils espèrent y mourir et pouvoir ensuite atteindre le paradis. Muriel meurt finalement, dans un attentat suicide avec la Mercedes dont elle est l’unique victime.

    Ce livre est peu politique mais avec ce récit d’une terroriste belge, il donne une meilleure image d’un petit groupe qui se radicalise et est totalement séparé d’une société qui n’a pas pu lui offrir d’avenir. La traduction de ce livre en français devrait arriver sous peu.

  • Le capitalisme nuit à l’environnement

    Ce 4 octobre, dans l’Ouest de la Hongrie, le côté nord d’un réservoir à déchets d’une fabrique d’aluminium se brise et un million de mètres cubes de boue toxique recouvre les villages et les champs les plus proches. Conséquences: 9 morts, 122 blessés, des familles qui ont tout perdu, des champs détruits. Pourtant, des photographies aériennes prises le 11 juin montraient déjà clairement qu’il y avait une fuite au réservoir. Cette catastrophe écologique et humaine s’ajoute à la longue liste des drames qui auraient pu être évités.

    Par Irina (Gand)

    En Hongrie comme dans le reste des anciens états staliniens, la chute du Mur a ouvert la voie à l’exploitation capitaliste des matières premières. Les anciennes bureaucraties staliniennes du Bloc de l’Est étaient déjà loin d’être championnes de l’environnement, mais les problèmes sont plus graves encore avec la façon dont l’économie capitaliste privilégie le profit à court terme au détriment de la sécurité à longe terme. L’euphorie et l’arrogance patronales qui ont suivi la ‘victoire’ de la chute du Mur en 1989 ont entraîné d’énormes ravages sur les plans social, économique et écologique.

    L’extraction de pétrole, de charbon et de métaux fait partie des industries les plus polluantes au monde. La récente catastrophe de Deepwater Horizon dans le Golfe du Mexique a récemment très clairement illustré quels étaient les dangers de fuite dans le secteur pétrolier, et le raffinage de pétrole produit aussi des gaz toxiques en grande quantité.

    L’extraction de charbon et de métaux consomme une gigantesque quantité d’eau, altérant la qualité de l’eau environnante. La désagrégation des pierres libère des acides dans la nappe phréatique, ce qui attaque la fertilité des champs, tandis que le stockage de la soupe chimique (utilisée pour débarrasser les métaux de leurs impuretés) dans de grands bassins ouverts est loin d’être sans danger de fuites. L’extraction de métaux pollue aussi l’environnement de métaux très toxiques. Un nouveau scandale a éclaté cette année au Nigéria, après que l’on ait découvert que l’extraction d’or à partir de minerais riches en plomb était responsable du décès de dizaines d’enfants, plus vulnérables à la concentration excessive de mercure dans l’air et à la saturation en plomb des sols.

    La pollution dont nous parlons ici est destinée à durer des milliers d’années, ce qui prive les générations à venir de réserves conséquentes d’eau potable et de terrains agricoles. Comment en est-on arrivés à ce point ? Nous vivons dans un système économique dont la priorité est l’accumulation et l’expansion des profits. L’industrie minière n’est pas seulement polluante, elle est aussi extrêmement lucrative : ce secteur a augmenté ses profits de 5 à 45 milliards de dollars par an entre 2002 et 2006. Même après l’impact de la crise économique, les profits restent énormes mais ce n’est toujours pas assez au goût des capitalistes. Les entreprises minières ont les moyens d’assurer une production (plus) écologique et plus sécurisée, mais entre l’augmentation de leurs profits et le péril causé à des écosystèmes entiers pour des milliers d’années, leur choix est vite fait.

    Les politiciens traditionnels, en Belgique comme ailleurs, sont du côté des capitalistes. Les partis traditionnels et les diverses institutions défendent les intérêts du capital, et donc aussi de l’industrie minière. Quand des lois environnementales existent, elles le doivent avant tout à la pression de la population et non à la bonne volonté des politiciens. Il faut encore voir de quelle façon ces lois sont appliquées… Au Chili, pour le contrôle de la sécurité dans l’industrie minière, il y a en tout et pour… 18 inspecteurs ! Et ce n’est pas une exception isolée.

    Obtenir une industrie minière écologique, c’est possible, mais cela nécessite de lutter. Le capitalisme a illustré sa totale incompétence avec les crises financières, écologiques,… elles sont inévitables en son sein. L’anarchie totale du marché libre conduit à un énorme gaspillage d’énergie et de matières premières sur une planète déjà surexploitée. Il est absolument nécessaire d’instaurer par la lutte une économie démocratiquement planifiée, au service de l’humanité, qui ne met pas en danger les générations futures. Seul un système socialiste permettra un développement de l’humanité dans le respect de l’environnement.

    Rejoignez-nous dans cette lutte!

  • Assainir jusqu’à tous devenir pauvres?

    Les données révélées par le nouveau rapport annuel sur la pauvreté sont déconcertantes : 1,5 million de Belges vivent sous le seuil de pauvreté ou pile dessus(1). Bruxelles, bien que faisant partie du top trois des régions les plus riches d’Europe, compte plus de 100.000 chômeurs et plus d’un quart de sa population connaît la pauvreté. Le tiers des enfants bruxellois vit dans une famille où personne ne travaille.

    Par Els Deschoemacker

    Mais ceux qui travaillent ne sont pas non plus à l’abri de la pauvreté : le nombre de travailleurs pauvres a augmenté de 4,2% en 2006 à 4,8% en 2008 et est passé de 180.000 à 220.000 ! Et encore ces chiffres ne tiennent-ils pas compte de tous les pauvres (sans-papiers ou personnes fortement endettées ne sont pas repris). Enfin, ils ne tiennent pas non plus compte des conséquences de la crise. Le prochain rapport sera assombri par les pertes d’emplois et les pertes d’heures de travail et de salaire dues au chômage économique en 2009 et 2010. Les statistiques de pauvreté sont dramatiques, mais nos politiciens et nos patrons ne perdent pas leur aplomb pour autant et continuent à dire qu’il faut une modération salariale plus dure et une diminution plus brutale des dépenses de l’Etat. La politique menée en Allemagne nous est présentée par les organisations patronales comme le modèle à suivre. Et c’est vrai que les patrons y font de très bonnes affaires.

    En Allemagne, la limitation des allocations de chômage dans le temps impose aux gens d’accepter n’importe quel boulot à n’importe quel salaire et à n’importe quelles conditions. En Belgique, 40% des chômeurs connaissent la pauvreté, contre 50% en Allemagne. Le nombre de travailleurs pauvres y augmente aussi. Une délégation de la CSC en visite en Allemagne pour y regarder de près ce ‘‘modèle’’ est revenue choquée : ‘‘Evidemment que l’Allemagne est plus compétitive que la Belgique’’, a dit la CSC, ‘‘mais prend on aussi en compte le dumping social ?’’

    Quant aux politiciens, ceux-là même qui avaient la bouche pleine de bonnes intentions à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre la pauvreté – qu’ils aient parlé d’un plan d’action contre la pauvreté ou soient même restés une nuit dans un centre pour sans-abri – négocient actuellement sur la façon d’imposer encore plus d’austérité à la classe des travailleurs. Même si les désaccords existent sur la méthode, tous les politiciens au nord comme au sud du pays sont d’accord pour dire qu’une réforme d’Etat doit permettre à la Belgique de ‘‘vivre selon ses moyens’’. Ils veulent ‘‘régionaliser pour responsabiliser’’, mais il serait plus honnête de dire ‘‘régionaliser pour imposer l’austérité’’.

    La pauvreté ne va pas diminuer avec toutes les pressions sur les autorités afin de couper dans leurs budgets. Bien au contraire, cela ne va qu’approfondir les conséquences des pertes d’emploi et de salaire. Les plans d’austérité qui, en ce moment même, se heurtent à la résistance massive de la classe ouvrière dans d’autres pays sont en pleine préparation ici aussi. Chez nous aussi, il faudra une résistance massive pour stopper ces plans.

    Sur base capitaliste, la pauvreté ne va qu’augmenter. Nous ne pouvons pas permettre que les travailleurs doivent payer la crise avec une explosion de la pauvreté. Nos directions syndicales doivent briser les liens entretenus avec leurs ‘‘amis politiques’’ pro-capitalistes, préparer un plan d’action qui refuse tout assainissement opéré sur le dos des travailleurs et faire des pas en avant en direction de la construction d’un nouveau parti des travailleurs, pour ainsi unifier les travailleurs de tout le pays dans la lutte.


    (1) Soit 878 euros nets par mois pour un isolé et 1844 euros nets pour un ménage de deux adultes et deux enfants. Ce rapport est basé sur des chiffres de 2008.

  • Une réponse aux mensonges du patronat : Handicap salarial ou théorie du cercle vicieux?

    Aujourd’hui, les organisations patronales préparent déjà les négociations salariales prévues pour l’automne et c’est le ‘modèle allemand’ qu’ils mettent en avant. L’argument central du patronat est le prétendu ‘‘handicap salarial’’, les salaires des travailleurs belges seraient trop élevés en comparaison de ceux des pays voisins. Qu’il y a-t-il de vrai là-dedans?

    Par Thomas B (Gand)

    Selon le Conseil Central de l’Economie, le handicap salarial belge comparé aux voisins français, allemand et hollandais, depuis 1996, est de 3,3%. Si on compte également les subventions fiscales pour les salaires, ce handicap est réduit à 1,65%. Les fédérations patronales flamandes, Unizo et Voka, tiennent compte du niveau salarial absolu pour parvenir à un handicap salarial de 11% tandis que la Fédération des Entreprises Belges parlait en 2008 de 12%.

    Par contre, aucune organisation patronale ne tient compte de la productivité des travailleurs belges. Comparés aux travailleurs allemands, les travailleurs belges sont devenus 18% plus productifs entre 1996 et 2009. Il n’y a qu’au Luxembourg (avec le secteur financier) et en Norvège (avec le pétrole) où l’on fait plus de profit par travailleur et par heure (dans notre pays, c’est déjà 58,5 dollars par heure en moyenne). Cela signifie que les capitalistes réalisent de meilleurs profits dans notre pays par rapport à l’Allemagne. Mais ce n’est toujours pas suffisant, la maximalisation des profits est et reste le moteur fondamental du capitalisme.

    Il n’est pas juste non plus de dire que ce soi-disant handicap salarial aurait conduit à plus de pertes d’emploi que dans les pays voisins. Entre 1996 et 2008, l’emploi dans le secteur privé est monté de 10,4% dans notre pays par rapport à une moyenne de 4,5% chez nos voisins, une croissance même sept fois plus rapide que chez ‘‘l’élève modèle’’ allemand. Là bas, les coûts salariaux représentent d’ailleurs 49% du coût de production en moyenne, contre seulement 38% en Belgique et seulement 27% spécifiquement dans l’industrie. Mais les diminutions de charges patronales ont conduit à bien plus de profits que d’emploi…

    La crise pousse la bourgeoisie à lancer des appels pour s’attaquer encore plus durement et plus rapidement aux acquis de la classe ouvrière. Ces dernières trente années, de grands pas ont déjà été faits avec la politique néolibérale, et les prochains à venir concernent la limitation des allocations de chômage dans le temps ou l’augmentation de l’âge de la pension.

    Pour le patronat, la responsabilité de la crise est à chercher du côté des travailleurs, ou au moins chez les syndicats ‘‘conservateurs’’ qui osent défendre de meilleurs salaires ou les pensions alors que nous devons ‘‘tous’’ participer à l’austérité. Mais quand on dit ‘‘tous’’, le patronat entend surtout ‘‘nous tous’’, et pas eux-mêmes… Ils invoquent la crise pour venir les aider à accentuer la spirale des salaires vers le bas.

    Le SPF-Economie a calculé que 10% de tous les travailleurs de notre pays gagnent au maximum 1.807 euros bruts par mois, soit entre 1.200 et 1.300 nets selon la situation familiale. La moitié se situe sous les 2.486 euros bruts, ce qui signifie 1.400 à maximum 1.700 euros nets (pour un employé isolé avec trois enfants à charge). On ne peut donc pas vraiment dire que les salaires soient élevés. L’objectif du patronat est de parvenir à instaurer un vaste secteur à bas salaires, comme en Allemagne, où 20% des travailleurs gagnent mois de 10 euros bruts par heure.

    Chez nous aussi, le nombre de salaires compris sous les 10 euros par heure a augmenté. Cela concerne par exemple le salaire des nouveaux auxiliaires-postiers ou des nouveaux jeunes travailleurs des Carrefours franchisés après le dernier plan de restructuration.

    Avec l’arrivée des négociations collectives sur les salaires à l’automne, il est très important de contrer les arguments du patronat. Ce n’est pas à eux de déterminer l’ordre du jour des négociations ! Ce prétendu ‘‘handicap salarial’’ est une vaste blague destinée à éviter que les travailleurs ne revendiquent des compensations pour l’augmentation de la productivité.

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