Tag: Belgique

  • Quelle alternative aux plans d’austérité ?

    Pour pouvoir couvrir les dépenses faites pour sauver les banques et les patrons, tous les gouvernements européens se préparent à des plans d’austérité. On nous dit que c’est la seule solution, que chacun va devoir y mettre du sien. Mais ce sont toujours les mêmes qui paient et toujours les mêmes qui encaissent. Contre les plans d’austérité, le PSL défend un plan favorable aux travailleurs et à leurs familles, un plan qui pourrait véritablement offrir une issue à cette crise.

    Par Aisha Paulis

    Une solution dans le système capitaliste ?

    La crise a ses racines au cœur même du fonctionnement du capitalisme. Les travailleurs ne reçoivent jamais un salaire correspondant à la valeur des biens et des services qu’ils produisent. Si c’était le cas, il n’y aurait pas de profit. Et en plus, ces vingt dernières années, les salaires ont continuellement baissé par rapport à la valeur des richesses produites.

    En même temps, le développement des sciences et des techniques exige des investissements de plus en plus importants, pas toujours rentables à court terme. Cela exige une planification à plus long terme et la mobilisation de constamment plus de moyens. Les capitalistes ne veulent pas le faire, ils veulent du rendement à court terme. Ils spéculent, mettent les salaires sous pression, veulent de plus en plus de flexibilité ou délocalisent vers les pays à bas salaires.

    Le capitalisme est dépassé, il n’est plus à la hauteur des impératifs scientifiques et techniques. Il tend constamment à la surproduction et entrave le progrès de la société. Au lieu de développer les capacités de production de l’homme en harmonie avec son environnement, il tend à les détruire.

    Un plan de relance socialiste

    Il faut lutter contre les coupes budgétaires et l’austérité et au contraire défendre des services publics et les pensions. Logements sociaux, travaux d’infrastructure, enseignement, soins de santé… ce ne sont pas les tâches qui manquent pour les nombreux sans emplois. Selon nous, il faut redistribuer le travail disponible entre tous, sans perte de salaire et lancer de vastes programmes de travaux publics. C’est la seule manière de lutter contre le chômage et pas contre les chômeurs.

    Les richesses existent pour réaliser de telles choses (en Belgique, les fortunes sans les biens immobiliers équivalent à 920 milliards d’euros, soit 3 fois le PIB du pays), mais pour cela, nous ne devons pas accepter de payer la dette des capitalistes et retirer de leurs mains le contrôle des richesses. Comment accepter que des secteurs de l’économie aussi cruciaux pour notre bien être et notre environnement que celui de l’énergie, de la grande industrie ou des banques soient dans les mains du privé et soumis à leur soif de profit sans fin ? Ces secteurs doivent être nationalisés et placés sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs afin de planifier la production et mettre la science et la technique au service des besoins de toute la population.

    Une telle société ne tombera pas du ciel. Ces dernières décennies d’offensives idéologiques néolibérales ont certes laissé des traces, mais sur base de leur expérience dans les luttes contre les plans d’austérité, de nombreux travailleurs seront à la recherche d’une alternative, se qui les conduira à étudier les traditions les plus combatives du mouvement ouvrier, comme les grèves générales. Le PSL veut s’orienter vers ces combats et systématiquement tenter de les orienter vers la lutte pour une alternative socialiste.

  • Belgique : blocage de dépôts pétroliers en solidarité avec les grévistes français !

    Plus aucun camion n’ira ravitailler les pompes française avec du carburant venu de Belgique. C’est le mot d’ordre des syndicalistes de la FGTB qui ont bloqué ce mardi 26 dès 7h30 du matin les deux dépôts pétroliers de Feluy et de Tertre à quelques dizaines de kilomètres de Valenciennes.

    Par Raymond Adams (France)

    A Feluy, ils avaient constaté que depuis quelques jours, au-delà du flux habituel de 450 camions par jour qui venaient se ravitailler au dépôt pétrolier Total Belgium, c’est une cinquantaine de camions supplémentaires qui venaient s’approvisionner pour livrer les stations françaises à sec. La direction étant restée sourde à leur ultimatum de cesser immédiatement de casser la grève par le biais de ravitaillement en Belgique, c’est à une soixantaine, aux cris de « Sarkozy au poteau ! », qu’ils ont bloqué l’accès au dépôt, totalement pendant une heure durant, puis en ne laissant passer que les camions ne ravitaillant pas la France. La présence de quelques militants syndicaux français a été chaleureusement accueillie.

    Ces derniers jours, les actions de soutien se multiplient en Belgique. En Flandre, le syndicat socialiste de la fonction publique annonce qu’il appellera à la grève des éclusiers en cas de transport de carburant vers la France via les voies navigables. Un comité belge de soutien aux travailleurs et aux jeunes en lutte contre le gouvernement Sarkozy (Belgique-France-solidarité) envisage de multiplier les actions de solidarité, à commencer par un rassemblement de protestation devant l’ambassade française de Bruxelles lors de la journée de grève et manifestation du 28 octobre.

    Au-delà de la solidarité de classe qui s’exprime au travers de ces iniatiatives, la lutte menée en France est perçue avec l’espoir qu’elle soit un point d’appui à la résistance contre l’offensive capitaliste en Europe.


    Une action réussie!

    Cet après midi, les blocages au site de Total à Feluy et au dépôt pétrolier Martens à Tertre ont été levés. Dans les deux cas, les syndicats ont reçu un accord de leur direction s’engageant à ne plus alimenter les camions supplémentaires vers la France.


    Mobilisations en France: Plus d’infos

  • [DOSSIER] Les grèves générales à nouveau à l’ordre du jour

    Ces dernières années ont véritablement été explosives pour le capitalisme mondial. On aurait bien peine maintenant à trouver un pays ou une région que l’on pourrait considérer comme stable, sous l’onde de choc de la crise et de ses répercussions : licenciements, développement d’un chômage de masse, coupes budgétaires,… mais aussi riposte des travailleurs. Et dans ce contexte réapparait aujourd’hui une des plus formidables armes de la classe des travailleurs : la grève générale.

    Dossier tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste

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    La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960-61

    Dans les médias, quand on parle de mai ’68, on remarque régulièrement que cette révolte est réduite à un mouvement d’étudiants contestataires, plus intéressés par l’accès au dortoir du sexe opposé qu’à une réelle transformation de la société. Cette propagande cherche en fait à masquer la grève générale numériquement la plus grande de toute l’Histoire de l’humanité, avec quelques 10 millions de grévistes dans tout le pays (sur une population totale de 42 millions). Pourtant, quand on parle de la "grève du siècle", on se réfère à quelque chose d’autre ; la grève de l’hiver 1960-61 qui s’est déroulée en Belgique et a bloqué le pays entier cinq semaines durant.

    Laissons ici la parole à Gustave Dache, militant ouvrier qui a connu cette grève et y a récemment consacré un livre que nous publions et sur lequel nous reviendrons :

    "Ce combat, pour tous ceux qui y ont participé, est inoubliable. C’est la grève générale du ‘siècle’, la plus gigantesque qui ait été menée par les travailleurs de tout le pays. Cinq semaines de grève générale totale dans tous les secteurs, en plein hiver; il n’y a pas de précédent dans l’histoire du pays."

    "[Cette grève générale a été] l’extraordinaire démonstration de la puissante force de combat déployée par la classe ouvrière, renouant avec les traditions révolutionnaires capables de renverser la société capitaliste. Le fait qu’en 1960 et 1961, les travailleurs furent si proches de réussir dans leur tentative doit inciter tous les marxistes révolutionnaires à continuer la lutte et à répéter inlassablement ce qu’ils disent depuis longtemps que: les conditions historiques sont mûres pour la révolution socialiste. Ce qui manque cruellement aujourd’hui comme hier, c’est une direction véritablement marxiste révolutionnaire, audacieuse, prenant exemple et s’appuyant sur l’audace et la volonté de combat des masses en action dans les grands conflits de classe."

    ‘‘La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960-61’’, par Gustave Dache, éditions marxisme.be, 354 pages, 15 euros Passez commande au 02/345.61.81 ou par mail à redaction@socialisme.be.

    L’année 2009 a notamment été marquée par la grève générale dans les Antilles françaises, initiée en Guadeloupe et, en Grèce, uniquement au cours de la première partie de cette année, 6 grèves générales se sont déroulées. On peut encore parler de la grève générale espagnole du 29 septembre et, dans les pays où il n’est pas encore question d’en organiser une dans l’immédiat, les discussions se développent avec plus ou moins d’ampleur autour de ce fantastique instrument de lutte.

    Pour l’instant, parmi la classe des travailleurs, il n’existe pas encore de conscience large de la nécessité de se diriger vers une société socialiste, où la production est orientée vers les besoins de la majorité de la population et non vers l’avidité d’une élite de parasites. Elle n’existe même pas encore dans un sens plus vague et plus large tel que rencontré dans les années 1970 et 1980. Si la colère est grandissante et que se développe le désir d’aller vers ‘autre chose’, les gens ne savent en général pas encore vraiment ce à quoi cette ‘autre chose’ peut se rapporter. Cela a bien entendu un impact sur la signification des grèves générales qui sont aujourd’hui plutôt vues comme une forme de protestation, de pression ou de menace, mais pas encore comme un moyen de renverser le capitalisme.

    Evolution de la conscience des masses et grève générale

    Mais il ne faut pas perdre de vue que l’Histoire n’évolue pas toujours au même rythme, de façon linéaire. Elle est au contraire parcourue de soubresauts. Parfois, le mouvement des travailleurs semble ne pas évoluer des décennies durant jusqu’à ce que, poussé par des luttes et l’intervention consciente des militants marxistes, il peut bien vite – en quelques semaines, parfois même en quelques jours – rattraper le retard sur la situation politique réelle. Actuellement, en Grèce, 41% de la population est en faveur de la nationalisation des banques et 32% défendent l’annulation des dettes. Mais, à côté des quelques centaines de membres du Comité pour une Internationale Ouvrière sur place, aucune force ou parti n’est partisan de ces revendications, pas même Syriza (un parti plus large dans lequel la section grecque du CIO est active). Nous devons bien entendu tenir compte de la conscience existante parmi les masses, mais cela ne signifie en aucun cas que nous devons tout simplement refléter cette conscience. Nous devons trouver les moyens de faire graduellement émerger – pas à pas et en partant des besoins actuels – l’idée de la transformation socialiste de la société comme étant la seule issue possible.

    Les grèves générales ne sont pas partout à l’ordre du jour. Parfois, il est nécessaire de d’abord promouvoir l’idée d’une manifestation nationale en tant qu’étape vers une grève générale. Telle est la situation actuelle en Grande-Bretagne, en Belgique et dans un certain nombre de pays de l’Europe du Nord. En Grèce, les six grèves générales de la première partie de cette année ont illustré l’énorme colère présente dans le pays, mais également l’attitude des dirigeants syndicaux, qui ne vont pas assez loin. L’idée de comités de grève pour organiser la grève ne trouve pas encore d’écho. Au vu de la conscience existante actuellement parmi les masses, appeler à une grève à durée indéterminée serait prématuré, un tel appel serait erroné. Comme Friedrich Engels le disait : une grève générale est une arme très puissante avec laquelle il faut être prudent. Léon Trotsky, lui, remarquait que l’improvisation était inacceptable dans l’organisation d’une grève générale, surtout dans une grève à durée indéterminée qui, par définition, soulève la question de la gestion de la société. Pour l’instant, en Grèce, nous défendons la nécessité de grèves successives, par secteur ou par région, combinée avec des grèves générales de 48 heures. Cela pourrait stopper la société grecque sans perte de salaires des travailleurs.

    En Belgique, lors de la grande grève générale de l’hiver 1960-1961, des comités de lutte avaient paralysé la vie de la société civile. Ces comités sont le début d’une nouvelle organisation, avec des éléments qui font émerger une autre gestion de la société. En 60-61, ces comités avaient pris en charge l’organisation des permis de transport, l’organisation de la distribution alimentaire ou médicale,… Dans une telle situation, la bourgeoisie perd progressivement son contrôle et se pose alors la question de savoir qui contrôle la société. C’était un phénomène régulièrement présent dans les grèves générales du passé. La bourgeoisie et les dirigeants syndicaux étaient très inquiets de tels développements. Pendant la grève générale de 1926 en Grande Bretagne, un politicien conservateur (les Tories) avait ainsi déclaré aux dirigeants syndicaux que, s’ils continuaient la grève, ils deviendraient plus puissants que l’État lui-même. Il leur posait donc la question : "Est-ce que vous-êtes prêts à cela ?"

    Le rôle crucial d’une direction

    Le capitalisme est un système trop brutal pour que le mouvement des travailleurs et leurs partis soient découragés de prendre le pouvoir. En mai de cette année, au Népal, les maoïstes ont organisé une grève générale de six jours avec des manifestations de masse rassemblant jusqu’à 500.000 participants. La revendication centrale était la démission du premier ministre. Après six jours, la grève a été stoppée, sans résultat. Une grève générale ne peut pas être allumée et éteinte sans que cela ne conduise à la démoralisation. Une grève générale à durée indéterminée pose la question du pouvoir mais, en soi, elle est insuffisante pour prendre le pouvoir. Pour cela, il faut un parti révolutionnaire prêt à jouer ce rôle, et construire cet instrument exige du temps et des sacrifices. A plusieurs reprises au cours du 20e siècle, la classe ouvrière a dû faire face à ce problème, comme lors de la grève générale de 1909 en Suède, où pas moins de 500.000 comités de grève ont été constitués, jusque dans l’armée elle-même. Mais la trahison de la direction a conduit la grève à la défaite, après quoi les salaires et le taux de syndicalisation ont baissé tandis que des assainissements sévères étaient appliqués.

    Cela ne signifie nullement que nous voulons appeler à la grève générale uniquement si nous sommes certains de son issue et de sa victoire, nous ne pourrons en fait jamais l’être. En outre, si le mouvement ouvrier ne se met pas en lutte quand la situation l’exige, les défaites sont encore plus graves. Mais un parti capable d’expliquer d’où provient la défaite peut limiter les dégâts et poser la base de futurs succès. La révolution russe de 1905 a forcé le Tsar à faire des concessions, mais elle a été suivie d’une longue vague de répression. Les bolcheviks et la majorité des militants du mouvement ouvrier ont été forgés dans cette répression et ont acquis une expérience cruciale avec la formation des conseils des travailleurs (ou soviets en russe), à la base de la révolution réussie qui s’est déroulée dans la période de février à octobre 1917.

    Une grève générale n’est cependant pas un outil approprié en toutes circonstances pour le mouvement ouvrier. En Allemagne, en mars 1920, la tentative de coup d’Etat des monarchistes (le putsch de Kapp) a été bloquée par une grève générale de quatre jours. Mais lorsqu’en Russie le général Kornilov s’est lui-aussi hasardé dans une tentative de coup d’Etat militaire en août 1917, personne n’a appelé à la grève générale. Les troupes de Kornilov s’étaient progressivement affaiblies jusqu’à s’effondrer avant même de parvenir aux portes de Petrograd, la capitale du pays et le centre de la révolution. Cela n’a été rendu possible que par les nombreux actes de sabotage, par la propagande révolutionnaire et par la perspective d’une confrontation avec les milices des soviets qui organisaient la défense de Petrograd sous l’impulsion des bolcheviks.

    Lors de la grève générale grecque la plus récente, le taux de participation aux manifestations était plus bas à cause de la grève des transports publics ce qui illustre que, parfois, il vaut mieux organiser du transport gratuit pour les grandes concentrations des travailleurs. Mais en ce moment, les dirigeants syndicaux recourent aux grèves générales comme un moyen de se défouler, sans plus. Cela est particulièrement le cas en Europe du sud, comme avec les grèves générales de 4 heures en Italie par exemple. En 1972, les dockers britanniques ont été arrêtés pour avoir participé à une grève. La pression sur la direction syndicale du TUC (Trade Union Congress) pour organiser une grève générale en réponse était très forte et cet appel est finalement venu, mais seulement après un accord entre la direction syndicale et le gouvernement pour libérer les dockers.

    Construire la grève générale

    Grève générale et socialisme

    Chaque grève recèle en elle la contestation d’une parcelle du pouvoir capitaliste. Un piquet de grève, par exemple, peut contester au patron le pouvoir de faire entrer qui il veut dans “son” entreprise, de même qu’il remet en question l’idée que seuls le fait de travailler pour un patron et l’acceptation quotidienne de l’exploitation permettent de vivre. Qu’une grève prenne de l’ampleur (d’une grève démarrant dans une entreprise vers une grève locale ou nationale, durant plusieurs jours,…) et la force de cette contestation augmente d’autant, jusqu’à poser la question cruciale : qui est le maître à l’usine, dans l’économie et dans l’Etat : les travailleurs ou les patrons et actionnaires ?

    Il ne s’agit pas seulement ici de préparer l’affrontement contre la société capitaliste, une nouvelle société est en germe dans ces luttes. Au fur et à mesure de l’approfondissement d’un tel conflit social, les tâches des comités de grève se développent pour arriver véritablement à une situation de double pouvoir, une situation où, à côté de l’Etat capitaliste, surgit un embryon de nouvel Etat basé sur la coordination des assemblées de travailleurs et leur action. C’est de ce dernier que pourra naître une société enfin débarrassée de l’exploitation et de l’oppression, une société socialiste démocratiquement planifiée et basée sur l’auto-organisation des travailleurs et de la population.

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    Les grèves générales sont aujourd’hui plus à l’ordre du jour que durant les 20 dernières années, mais nous portons encore beaucoup d’éléments typiques de la période précédente. La classe ouvrière ne considère pas encore que la grève générale est un moyen de prendre le pouvoir, mais plutôt un outil pour stopper les attaques contre les acquis sociaux. Mais, de l’autre côté, la bourgeoisie ne peut pas se permettre d’arrêter les attaques. Vu le niveau de conscience actuel, dans un certain nombre de pays et notamment en Grande-Bretagne, en Suède, en Allemagne et, jusqu’à un certain point, en Belgique également, il nous faut faire quelques pas intermédiaires. Une grève générale dans les services publics peut par exemple renforcer la confiance de toute la classe ouvrière et l’idée d’une grève générale européenne est un point crucial dans notre propagande depuis le mois de septembre. Dans le sud de l’Europe, cette grève européenne va déjà se manifester le 29 septembre, avec une grève générale en Espagne et des grèves dans d’autres pays. Au nord, surtout dans le cadre de la manifestation européenne contre les assainissements du 29 septembre à Bruxelles, cette revendication fait partie de notre propagande générale. A ces occasions, il est essentiel de lier cette demande à la nécessité d’une transformation socialiste de la société.

    La situation en Grèce conduit inévitablement à l’escalade. Nous ne pouvons pas encore déterminer quand, mais la crise du capitalisme va obliger le patronat à lancer une attaque généralisée contre tous les acquis des travailleurs. Au fil du temps, des grèves générales prendront un caractère révolutionnaire. Cela exige quatre conditions. La classe ouvrière doit se révolter contre le capitalisme, les couches moyennes dans la société doivent douter et – partiellement au moins – choisir le camp des travailleurs et la bourgeoisie doit être divisée au vu du manque de moyens pour sortir de la crise. Ces trois conditions ont commencé à mûrir en Grèce. Mais à cette étape la conscience des masses est encore essentiellement au niveau d’une colère contre les banques, le Fond Monétaire International et l’Europe, et pas encore contre le capitalisme lui-même. Malheureusement, la quatrième condition n’est pas encore présente : l’existence d’un parti révolutionnaire de masse capable de canaliser la colère dans une lutte organisée pour le socialisme. Construire cette force pour la phase suivante de la lutte des classes est la tâche principale pour le CIO, tant en Grèce qu’en Belgique et ailleurs.

    Dans sa lutte, la classe des travailleurs a besoin de mots d’ordres qui correspondent aux besoins objectifs du moment. Même un petit groupe peut surmonter sa faiblesse numérique et devenir un facteur dans le mouvement, à condition qu’il lance les mots d’ordre appropriés au bon moment.

  • 5e journée d’action en France: Rapport de Lille et Valenciennes

    Ce samedi 16 octobre avait lieu en France une nouvelle journée de mobilisation afin de contester la réforme des retraites du gouvernement Sarkozy. Ce fut de nouveau un succès, l’ensemble des manifestations regroupait 3 millions de jeunes, travailleurs et retraités. Ceux-ci ont tout à fait conscience que seul un plan d’action conséquent pourra faire plier l’intransigeance de Sarkozy et consorts, d’ailleurs nombreux sont les travailleurs qui exigent une grève générale afin d’obtenir le retrait de la réforme.

    Par Michael (Bruxelles)

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    En effet, seule la construction d’un mouvement aboutissant à une grève générale reconductible pourra stopper les mesures d’austérité antisociales que les gouvernants et patrons tentent d’imposer sous couvert de la crise. Face à la faiblesse des directions syndicales, les travailleurs doivent s’organiser en comités de grèves dans leur entreprises et en comités de lutte locaux afin de propager le mouvement. C’est pour aider nos camarades de la Gauche Révolutionnaire, notre section-soeur en France, à diffuser ses idées que le PSL a envoyé des délégations à Paris, Lille et Valenciennes. Voici le rapport de notre intervention à Valenciennes et à Lille.

    La manifestation de Valenciennes regroupait environ 4500 personnes, ce qui est moins que le mardi 12 octobre. En effet, contrairement à ce qu’avançaient les directions syndicales, il est plus difficile de mobiliser un jour de week-end, les travailleurs préférant passer celui-ci avec leurs enfants. Néanmoins, de nombreuses familles étaient présentes, ainsi que des lycéens. Ceux-ci s’intègrent de plus en plus nombreux dans le mouvement et c’était eux, ainsi que les délégations d’usine, qui étaient les plus combatifs, mettant en avant dans leurs slogans la nécessité d’une grève générale.

    Les travailleurs du secteur privé étaient bien plus nombreux que ceux du public. Hormis les cheminots et les pompiers, nous avons pu voir des délégations des entreprises L.M.E. (laminoirs), Toyota, P.S.A. Peugeot, ALSTOM ainsi que de l’entreprise Wattiez qui se battent également afin de sauver leurs emplois. En effet, ils ont été rachetés par un grand groupe, S.P.I.E. Batignolles, qui laisse couler leur boite afin de justifier un plan de licenciement qui ramènerait le personnel de 58 à 14 travailleurs.

    Il est intéressant de noter également la présence d’une importante délégation de l’association C.A.P.E.R. qui regroupe d’anciens travailleurs du secteur de l’amiante. Ceux-ci savent bien que de nombreux ouvriers ne peuvent déjà pas profiter de leurs retraites à cause de la pénibilité de leur travail. Si l’âge de la retraite est repoussé, cette situation s’aggravera encore et l’espérance de vie des ouvriers se verra encore diminuée, alors qu’elle est déjà inférieure au reste de la population.

    L’état d’esprit des manifestants était très combatif, appelant de leurs voeux une grève générale. Les plus anciens, voyant le mouvement se développer, se rappellent mai 68…

    La Gauche Révolutionnaire était la seule organisation politique à militer activement et les militants présents, dont les camarades du PSL, ont reçu beaucoup de soutien pour leurs propositions de construction du mouvement de lutte.

    Notre délégation s’est ensuite rendue à Lille, mais elle est malheureusement arrivée en retard et n’a pas pu être présente pendant toute la durée de la manifestation. Là aussi les manifestants étaient moins nombreux que le mardi 12 octobre: 14.000 personnes, dont un important et combatif bloc lycéen. L’état d’esprit des manifestants montre que le mot d’ordre de grève et de manifestation pour ce mardi 19 octobre sera massivement suivi.

    Nous enverrons de nouveau des délégations du PSL dans ces villes et nous publierons sur ce site de nouveaux rapports sur ce mouvement qui, espérons-le aussi pour nos retraites en Belgique, se développera jusqu’à la victoire.

  • France: 3,5 millions de manifestants dans les rues pour la défense des retraites! (rapport)

    C’est environ 500.000 personnes de plus que lors de la journée d’actions et de grèves du 23 septembre, et environ 700.000 en plus que le 7 septembre. A Paris quelques 330.000 manifestants ont protesté. Cette quatrième journée de mobilisation en un mois a donc connu un record de participation, tandis que de plus en plus de jeunes rejoignent le mouvement (selon le syndicat lycéen FIDL, entre 30 et 40% des lycées ont connu une action concernant la réforme des retraites). D’autre part, des grèves reconductibles touchent des secteurs clés comme les raffineries et les transports en commun. Une délégation du PSL était présente à Paris et une autre à Valenciennes afin de soutenir nos camarades français de la Gauche Révolutionnaire, courant construisant le NPA (Nouveau parti Anticapitaliste).

    La mobilisation ne faiblit pas

    Les trois journées d’action précédentes avaient déjà atteint des sommets de mobilisation, dans un contexte de large soutien parmi la population : 71% des sondés soutenant les manifestants contre cette gigantesque attaque portée au monde du travail. Il y aurait eu ce mardi pas moins de 244 manifestations dans le pays ! Pour la journée d’hier, la CGT-Paris a parlé de 200 appels à la grève (60% dans le secteur public et 40% dans le secteur privé) et, dans de nombreuses entreprises, la question des grèves reconductibles est à l’ordre du jour. Ainsi, ce mercredi matin, à la SNCF, les assemblées générales de travailleurs ont massivement reconduit la grève pour la journée de ce jeudi. Dans les raffineries, des assemblées générales doivent décider de la suite du mouvement. Onze des douze raffineries françaises avaient été touchées par la grève hier. Cette situation concerne aussi différentes entreprises des secteurs de l’énergie, de l’agro-alimentaire et la fonction publique.

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    Dans de nombreuses villes, les manifestants ont applaudi la participation des jeunes, aux cris de «Sarkozy, t’es foutu, la jeunesse est dans la rue» ou encore de «Des retraites pour les vieux, du boulot pour les jeunes ». Un million d’emplois seraient perdus par l’augmentation de l’âge du départ à la retraite, et l’on comprend que ce thème concerne les jeunes… Le Monde d’hier parodiait avec humour la réaction du gouvernement dans une caricature où un responsable déclarait aux jeunes «Retournez en cours, les retraites, ça ne vous concerne pas… D’ailleurs, ça ne vous concernera jamais.»

    Humour et comptage des manifestants

    Concernant la journée d’hier, les syndicats ont donc avancé le chiffre de 3,5 millions de manifestants. Pour la police, il ne s’agirait que de 1,23 million. Le plus ridicule étant atteint par l’évaluation de la manifestation de Marseille : 230.000 manifestants selon les syndicats, 24.500 selon la police ! Un écart d’un à dix… Au cours des précédentes journées de protestation un fossé comparable avait déjà été constaté.

    Pour le syndicat Unité SGP police, la raison est claire : la direction départementale de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône "s’épuise à dévaloriser le nombre des manifestants alors même que la mobilisation s’amplifie." Selon ce syndicat, majoritaire dans la police, ces pratiques risquent surtout de "ridiculiser la police."

    Et pour la suite ?

    Un sondage BVA réalisé pour la chaîne M6 parle de 66 % de Français favorables à un durcissement des actions (et même 72% chez les 15-24 ans). Selon un sondage CSA pour Le Parisien, 61 % des sondés se disent favorables à une grève durable. Face à l’attitude du gouvernement, la situation est explosive mais, comme le disent nos camarades de la Gauche révolutionnaire : «les perspectives restent confuses et l’absence de réelle volonté des directions syndicales de construire une véritable grève générale pèse négativement. La colère sociale, le sentiment anti-Sarkozy ont une tendance à se généraliser mais sans pour l’instant trouver de voie nette pour s’exprimer sur le terrain social et politique.» Les appareils bureaucratiques des syndicats tentent de freiner l’organisation de la colère, mais cette dernière est telle qu’elle a assuré une augmentation constante des mobilisations, ce que la journée d’hier a encore confirmé.

    Un plan d’action fait cruellement défaut en France, tout comme en Belgique et ailleurs. Une stratégie claire discutée entre les grévistes et tous ceux qui veulent lutter aurait un potentiel énorme. Comme le disent encore nos camarades français : «Pour l’instant, seule une généralisation de la grève après le 12 Octobre (y compris en utilisant la nouvelle date annoncée par les syndicats d’une journée de manifestation… le samedi 16 octobre) peut permettre d’avancer. La multiplication des assemblées générales, des comités de lutte doit permettre d’aller dans ce sens et de se diriger vers les entreprises qui ne sont pas encore en grève mais qui pourraient y entrer. C’est à cela qu’il faut travailler tous ensemble : dans les entreprises, les universités, les lycées… Il faut également créer des instruments pour coordonner les luttes au niveau local et plus tard à l’échelle régionale et nationale.» Il faut construisons une grève générale pour bloquer l’économie du pays et gagner !

    Bien entendu, ce qui se passe actuellement en France est à placer dans le contexte plus large des politiques d’austérités à l’échelle européenne qui visent à faire payer la crise capitaliste aux travailleurs et à leurs familles. Pour le gouvernement Sarkozy, tout recul sur cette attaque contre les intérêts des travailleurs aurait pour effet de montrer aux travailleurs d’Europe qu’il est possible de gagner.

    Lors de la journée d’action européenne du 29 septembre dernier, le Comité pour une Internationale Ouvrière, dont le PSL est la section belge et la Gauche révolutionnaire la section française, est intervenu pour défendre l’idée d’une grève générale de 24 heures à l’échelle européenne. C’est dans cette direction qu’il faut aller, pour que les luttes dans les différents pays se renforcent les unes les autres.

    Plus fondamentalement se pose également la question de l’alternative politique à offrir face aux partis traditionnels, aux partis patronaux. Il faut construire de nouveaux partis des travailleurs, démocratiques et combattifs, et aider les nouvelles formations à se développer dans cette direction. Cela doit permettre aux travailleurs non seulement de stopper les attaques contre leurs acquis, mais aussi d’offrir une alternative socialiste au chaos capitaliste.

  • [DOSSIER] Nigéria : La Présidence de Goodluck Jonathan

    Un développement positif et une amélioration des conditions de vie au Nigéria sont-elles possibles ?

    Après beaucoup de raffut, c’est le Dr Goodluck Jonathan qui est devenu Président du Nigéria ce 6 mai 2010, à la suite du décès du Président Musa Yar’Adua, mort en plein mandat des suites d’une longue d’une maladie. Comme d’habitude, plusieurs commentateurs bourgeois et autres crabes, qui soutiennent toujours le gouvernement en place quel qu’il soit, ont intensifié leurs pirouettes. A en croire ces éléments, Goodluck Jonathan est doté d’une aura divine ; ils insistent sur la manière dont il est devenu gouverneur et maintenant Président sans jamais s’être présenté à aucune élection en son nom propre !

    De l’édition d’octobre de Socialist Democracy, journal du Democratic Socialist Movement (CIO-Nigéria)

    Et maintenant, ces diseurs de bonne aventure veulent que les Nigérians aient foi dans le fait que Goodluck Jonathan va utiliser sa soi-disant « chance » providentielle pour apporter un bouleversement positif à l’économie et aux conditions de vie de la population. Nous demandons donc : le Nigéria et les Nigérians connaîtront-ils un développement positif et une amélioration de leur niveau de vie sous la dispense du Président Jonathan ?

    Il est très important de constater que les principaux porte-parole gouvernementaux sont récemment apparus porteurs de statistiques et de données hautement optimistes qui toutes tendant à la conclusion que les beaux jours sont déjà arrivés dans le secteur économique. Pour ces éléments bouffis de leurs propres illusions, tout ce qui est maintenant requis pour soutenir ces supposés lendemains qui chantent est une détermination gouvernementale afin d’accomplir certaines réformes économiques généralement appréciées par le capital financier mondial et ses politiciens antisociaux locaux.

    Prenant récemment la parole devant une conférence de presse avec Mme Aruna Oteh, Directrice Générale de la Commission pour la Sécurité et pour l’Echange, et le Commissaire aux Assurances M. Fola Daniel, le Ministre des Finances M. Olusegun Aganga a joyeusement affirmé que «notre économie se porte bien». Ils ont entre autres déclaré que le PIB a augmenté de +7,2% au cours du premier trimestre de 2010, comparé à un plongeon de -8,8% au premier trimestre 2009 et de -6,6% en 2008. Ils ont également affirmé que le secteur non-pétrolier s’est accru de +8,15% comparé au premier trimestre de 2009, contre +7,9% entre 2009 et 2008. Mais malgré tout, le chômage est toujours officiellement estimé à 19,47%.

    Quelques jours plus tard, le 28 juillet 2010, lors d’une réunion du Conseil Exécutif Fédéral, le Gouverneur de la Banque Centrale M. Sanusi Lamido Sanusi a lui aussi déclaré que «il n’y a aucune raison de s’alarmer» si l’on considère les perspectives économiques globales du pays. Selon lui, le PIB a augmenté de +7,63%, l’inflation est maintenant modérée, les marchés d’échange avec l’étranger sont stables, de même que le taux inter-banques et le taux du marché, et il a conclu en disant que les banques travaillent très bien. Et, apparemment pour soutenir les bons développements dont il a parlé, il a allégrement annoncé que la Banque Centrale du Nigéria, la Banque de l’Industrie et les banques commerciales au Nigéria se sont mises d’accord pour signer un contrat de 500 milliards de naïra (2,4 milliards d’euros) afin de financer les secteurs de l’énergie et de la manufacture.

    Selon les termes de M. Sanusi, «Il faut que ça change. Nous croyons que l’industrie bancaire peut servir de catalyseur pour le secteur. Chaque banque qui a participé aux 130 milliards de naïra (600 millions d’euros) que nous avons déboursés doit contribuer à hauteur de 65 milliards de naïra avec ses propres fonds. Au-delà du soutien financier, nous fournissons aussi des conseils et des analyses d’impact afin de soutenir la croissance du secteur manufacturier». S’adressant aux Correspondants de la Chambre d’Etat après la réunion, le Ministre d’Etat pour l’Information et la Communication, M. Labaran Maku, a débordé de remerciements à M. Sanusi pour sa «franchise et son cœur» sans pareils, en particulier pour sa «détermination à pousser de l’avant avec des réformes critiques, malgré les pressions de groupes aux intérêts contraires qui cherchent à renverser les réformes qui ont sauvé de la crise profonde les secteurs financiers de la nation». M. Maku a conclu en déclarant que «le Gouvernement est confiant dans le fait qu’avec tout ce qui se passe en termes de réformes et de convergence politique, l’économie de la nation connaîtra une croissance durable dans les années à venir».

    Entre propagande et réalité

    Il y a deux leçons basiques que les couches conscientes du mouvement ouvrier et de la jeunesse doivent tirer de toutes ces fausses affirmations et performances, telles que le renouveau de l’économie nationale, qui sont aujourd’hui publiées par les hauts sommets du Gouvernement. Tout d’abord cela démontre que sous la Présidence de Jonathan, la gestion économique et la gouvernance en général sont toujours largement considérées par l’élite bourgeoise comme n’étant rien de plus qu’un art de propagande qui n’a rien ou pas grand’chose à voir avec la réalité. Deuxièmement, cela démontre également l’incapacité totale des mesures préférées des élites capitalistes à garantir un développement suffisant et un niveau de vie décent malgré les ressources naturelles et humaines abondantes de la nation. Tout en se donnant des tapes dans le dos les uns aux autres pour se féliciter des soi-disant merveilleuses réalisations qui sont aujourd’hui en train d’être enregistrées grâce à la combinaison de leur politique macro et micro-économique, et en même temps qu’ils éructent de fausses promesses quant à la croissance durable et la hausse des niveaux de vie, chaque secteur-clé de l’économie et les conditions de vie de l’écrasante majorité de la population ont continué à aller de mal en pis.

    «Entre 1985 et 2004, l’inégalité au Nigéria a empiré de 0,43 à 0,49%, ce qui place le pays parmi ceux qui ont les plus haut taux d’inégalité au monde. De nombreuses études ont démontré que malgré ses vastes ressources, le Nigéria se classe parmi les pays les plus inégaux du monde. Le problème de la pauvreté dans le pays est en partie une conséquence de la forte inégalité qui se manifeste par une distribution du revenu fortement inégale, et par des différences d’accès à l’infrastructure de base, à l’éducation, aux formations et aux opportunités d’emploi» (Rapports de Développement Humain du PNUD – Programme des Nations Unies pour le Développement – pour les années 2008-9).

    En dépit de ses abondantes ressources humaines et naturelles, le Nigéria est classé 158ème sur 182 pays en terme d’Indice de Développement Humain. Bien que la population nigériane compte pour près de 2% de la population mondiale, le pays compte pour 11% des décès maternels et 12% du taux de mortalité des enfants âgés de moins de 5 ans du monde entier. Selon un autre rapport des Nations Unies, 92% des Nigérians vivent avec moins de 2$ par jour. Il n’est dès lors guère surprenant que l’espérance de vie de la plupart des Nigérians ait fortement décliné, s’élevant à 49 ans pour les hommes et 59 ans pour les femmes.

    Un accès stable et abordable à l’électricité, ce qui est perçu partout comme étant un élément inévitable de la croissance économique moderne et du développement social, demeure largement non-existant pour une écrasante majorité de Nigérians ; tandis que les services pour la minorité d’individus et d’entreprises qui y ont accès restent épileptiques. L’Afrique du Sud, qui ne comporte qu’environ un tiers de la population du Nigéria, génère 45.000 mégawatts d’électricité par an. En revanche, le Nigéria ne génère à peine que la quantité lamentable de 3000 mégawatts par an. En fait, au moment où l’ancien Président Obasanjo a quitté le pouvoir en mai 2007, le Nigéria ne générait plus que 2500 mégawatts, qui ont aujourd’hui encore décliné à environ 2000 mégawatts en 2009.Il faut ajouter ici que cette situation pathétique se poursuit malgré le fait que le pays est censé avoir investi près de 16 milliards de dollars pour la production d’électricité sous la Présidence d’Obasanjo !

    L’éducation, que tout un chacun considère comme un pré-requis essentiel pour le développement global de la société et des individus, demeure dans les conditions les plus débilitantes. Par exemple, le journal The Nation du 17 mars 2010 rapporte que « Seuls 4223 des 236 613 candidats (c.à.d. 1,7% d’entre eux) à concourir pour l’Examen Senior d’Ecole Secondaire du Conseil National des Examens (NECO) de novembre/décembre de l’an passé ont réussi dans cinq sujets incluant l’anglais et les mathématiques ». Dans son édition du 15 avril 2010, The Nation rapportait de même que dans tout le pays, seuls 25,99% et 10% respectivement ont réussi dans au moins cinq sujets y compris l’anglais et les mathématiques lors des examens du Conseil des Examens de l’Afrique de l’Ouest de mai/juin 2009 et du NECO de juillet 2009.

    Ces résultats pathétiques et inquiétants ont été condamnés sans ambages par le gouvernement, les cadres non-gouvernementaux et les individus privés. Selon le même journal du 15 avril 2010, « Les pauvres résultats des candidats ont forcé le Gouvernement Fédéral à convoquer les chefs des deux commissions d’évaluation afin d’expliquer cet échec de masse et de fournir des solutions. Ceci a été suivi en janvier par une réunion du Ministre de l’Education de l’époque, Dr Sam Egwu, avec les directeurs des Collèges du Gouvernement Fédéral de Minna, capital de l’Etat du Niger (une province du Nigéria de 2 fois la taille de la Belgique et 4 millions d’habitants, à ne pas confondre avec le Niger qui est le pays voisin). Même M. Segun Oni, le gouverneur de l’Etat d’Ekiti – qui s’enorgueillit d’être une ‘‘Fontaine de la Connaissance’’ -, à la suite de ces résultats lamentables, a lu le décret émeutes aux directeurs des écoles secondaires, selon lequel ils devaient soit relever la tête, soit démissionner. Le Forum des Gouverneurs du Nord via son Président le Dr Mu’azu Babangida Aliyu, a dû organiser une réunion des 19 gouverneurs de la région afin de se pencher sur ce problème. Dans la région de l’Est, le résultat des examens est devenu extrêmement préoccupant pour les organisations gouvernementales et non-gouvernementales ».

    De la part de ces mêmes éléments qui ont été et sont toujours responsables de l’effondrement et de la déchéance continue du secteur de l’éducation, les réponses qui ont été faites par divers cadres gouvernementaux et que nous avons citées ci-dessus, sont à la fois cyniques et hypocrites. Cette réponse est on ne peut plus cynique, parce que ce sont justement ces divers cadres gouvernementaux à travers leur politique de sous-financement de l’éducation et la corruption dans toutes les sphères de la vie qui ont créé les conditions responsables de l’échec sans fond à l’école et lors des examens.

    En 2005, le PNUD, dans son rapport sur le Développement Humain, avait déjà dépeint un tableau extrêmement sinistre du secteur de l’éducation au Nigéria. Ce rapport disait ceci : « Du au maigre financement de l’éducation, l’enseignement à tous les niveaux souffre de faibles niveaux académiques ; il manque de personnel enseignant suffisant, à la fois en quantité et en qualité. Même les quelques enseignants qualifiés qui sont disponibles ne sont pas suffisamment motivés en terme de rémunération ou d’environnement de travail pour maximiser la qualité de leur apport dans le système éducationnel. Les écoles et les classes sont surpeuplées, les bâtiments sont inadéquats et sur-utilisés, les étagères des bibliothèques sont vides et recouvertes de toiles d’araignées, tandis que les laboratoires sont dépourvus d’équipement mis à jour ». Face à un tel constat, on ne peut que s’époustoufler de l’hypocrisie de nos dirigeants lorsqu’ils s’étonnent des résultats de nos élèves aux examens.

    Malgré l’impression trompeuse qui est donnée par les porte-parole du gouvernement au sujet de la situation économique actuelle du Nigéria, les routes étatiques et nationales, tout comme les rues, demeurent dans les conditions les plus déplorables, ce qui mène constamment à des pertes de vie massives à cause des accidents fréquents qui se produisent sur ses pièges mortels qu’on appelle « routes ». En même temps, les Nigérians et l’industrie continuent à perdre d’innombrables heures de travail simplement pour pouvoir se frayer un chemin sur ces mauvaises routes. En fait, un rapide survol de chaque aspect basique de la vie et de l’économie du pays révèle un tableau d’échec et de décrépitude colossaux.

    Les mesures qui sont mises en avant par Jonathan et par les responsables du gouvernement

    Il n’y a pas longtemps, le Ministre des Finances M. Olusegun Aganga, s’est adressé aux médias quant à l’état actuel de l’économie et à ses perspectives pour la période à venir. Il a crié sous tous les toits que « Notre économie se porte bien ; nos banques sont sûres ». En plus de ces déclarations fantaisistes quand aux soi-disant merveilleux indicateurs économiques, le Ministre a déclaré : « Nous allons créer un environnement de qualité afin d’attirer les investisseurs locaux et étrangers. La création d’infrastructure est une autre priorité du gouvernement. L’énergie en est la clé. Si on demande à qui que ce soit ce dont ils ont réellement besoin, je suis certain que cette personne répondra : énergie,énergie, énergie ». Dès le moment où il est devenu Président au début du mois de mai 2010, Jonathan n’a laissé aucun doute sur le fait qu’il trouve qu’un accès à l’électricité stable et ininterrompu est un facteur indispensable pour le développement socio-économique. De fait, il s’est même octroyé le poste de Ministre de l’Energie en plus de ses fonctions présidentielles.

    Etant donné l’ « heureux bilan » établi par le Ministre des Finances, et l’engagement apparent de Jonathan de résoudre une fois pour toutes le problème de l’approvisionnement en électricité, les Nigérians peuvent-ils s’attendre à avoir accès à des logements, à des soins de santé, à une éducation et à des emplois ? Les industries et la population en général peuvent-elles espérer bénéficier d’infrastructures fonctionnelles, tels que des routes, une source d’électricité ininterrompue et accessible ? Dès lors, les grandes industries tout comme les petits commerces peuvent-ils maintenant avoir accès à des prêts bancaires à des taux favorables pour les producteurs autant que pour les consommateurs ?

    Il est certain que c’est là l’impression que cherchent à faire le Président Jonathan, le Ministre des Finances Olusegun Aganga, et ceux comme le Gouverneur de la Banque Centrale du Nigéria, Mallam Sanusi Lamido Sanusi. Mais malheureusement, si on se fie à une évaluation scientifique de la stratégie économique centrale du gouvernement, de ses mesures-clés et de leur mise en oeuvre, c’est tout le contraire de ces promesses, voire pire, qui risque bien de se produire.

    Malgré sa surenchère de promesses, la stratégie économique du Président Jonathan est entièrement basée sur le même paradigme néolibéral, anti-pauvres, pro-riches qui a déjà tant échoué, et qui est poussé par le monde des affaires et par les éléments capitalistes sur les plans international et local. Ecoutons seulement M. Aganga : « Nous allons supprimer les barrières douanières aifn d’attirer les investissements dans notre zone. De la sorte, nous voulons que le secteur privé vienne en tant que partenaire au gouvernement pour financer l’infrastructure. Le gouvernement ne peut pas faire cela de lui-même. Nous savons que nous ne pouvons pas nous permettre de financer le déficit de l’infrastructure en comptant uniquement sur notre budget. Nous savons que nous n’avons que très peu de moyens, et nous savons qu’il est très important de remplir ce trou, et c’est pourquoi nous appelons le secteur privé à mener le développement de l’infrastructure ». (Avant-Garde du 24 juillet 2010)

    Dans un récent discours face au Conseil Communal (une institution établie à la manière américaine) à la Loge du Gouverneur à Uyo dans l’Etat de Cross River, le Président Jonathan a profité de l’occasion pour faire des déclarations explicites et approfondies sur la stratégie économique du gouvernement. Parmi d’autres points, il a abordé le problème crucial et délicat de l’accès et de la disponibilité des produits dérivés du pétrole à des usages industriels et domestiques. Voyez plutôt : « Ce n’est pas le rôle du gouvernement d’être directement impliqué, mais plutôt d’encourager le secteur privé à investir. Ce qui limite en ce moment l’établissement de ces raffineries est le mode de fixation des prix des produits pétroliers, un problème que le gouvernement veut résoudre. Si le gouvernement devait être impliqué, ce serait sous la forme d’un partenariat public-privé, mais pas directement comme par exemple par la construction de raffineries d’Etat ».

    Le « partenariat public-privé » en action

    Contrairement à toutes ces vantardises, la paralysie économique actuelle au sien du pays et à l’échelle internationale est essentiellement une conséquence de la stratégie du « profit d’abord » suivie par l’élite capitaliste dirigeante partout dans le monde. Nous allons ici donner deux exemples de comment fonctionne cette politique. Selon le principe de « partenariat public-privé » (PPP), les aéroports du pays sont cédés aux marchands de profit sous le nom de « concession ». L’idée qui est vendue au public est que grâce à cet arrangement, l’emprise de la machine étatique corrompue sera brisée et qu’ainsi plus de revenus seront générés, ce qui garantirait les développements nécessaires de l’infrastructure et de la logistique aéroportuaire. Cependant, selon le magazine ThisDay du 10 juin 2010, c’est en réalité uniquement le contraire de ce qui avait été promis qui s’est produit : « L’accord de concession était censé redresser le revenu de la Federal Airports Authority in Nigeria. On croyait que les partenaires privées renforceraient l’innovation et la transparence, et assureraient que les ressources aéronautiques comme non-aéronautiques seraient gérées de telle manière à accroître les revenus […] Mais au lieu de rehausser le revenu de l’Agence, les concessionnaires ont quitté l’organisation en la laissant dans un état financier critique. [Selon une source de la FAAN :] « Dans le passé, la FAAN n’a jamais été en retard de payement de salaires, mais depuis que ces concessionnaires sont arrivés à sa tête, il est devenu difficile de payer le personnel. Regardez les aéroports, on ne les entretient même plus, parce que les fonds ont disparu. On avait prévu d’obtenir plus que ce que nous générions avant que les sources de revenus ne soient concédées. Mais il est aujourd’hui évident que les travailleurs de la FAAN s’en tiraient mieux avant » ». 

    Le Président Jonathan et ses conseillers économiques ont donné au secteur privé la responsabilité du développement nécessaire des infrastructures et des services via leur agenda de soi-disant partenariat public-privé. Cependant, c’est l’Etat de Lagos, gouverné par un parti d’opposition, l’Action Congress (AC), qui a déjà fourni une excellente illustration de pourquoi l’idéologie du « profit d’abord » ne mènera jamais à un développement nécessaire et suffisant pour l’économie et pour l’amélioration des conditions de vie du peuple en général. Depuis 2003 ou à peu près, l’ex-Gouverneur de l’Etat de Lagos, Bola Ahmed Tinubu, a conclu un accord avec un groupe d’entreprises privées pour construire une route de 49 kilomètres afin de relier Victoria Island à la ville d’Epe, dans l’Etat de Lagos. Huit ans plus tard, seuls 6 km de route ont été construits. Mais les entreprises privées en charge du projet n’ont par contre pas eu honte de déjà installer trois péages afin de prélever l’argent sur les utilisateurs de la route en chantier (pour la plupart des membres des classes moyennes ou de l’élite riche) ! Cette situation risque de durer encore trente ans ! Entretemps, plus des trois-quarts des routes et rues de l’Etat de Lagos demeurent dans des conditions déplorables.

    Le renflouement des banques et des industries

    Toutefois, rien n’illustre mieux l’incapacité totale du capitalisme de répondre aux nécessités sociales pour le développement économique et l’amélioration du mode de vie du peuple, que la pauvreté de masse et la dépression qui domine actuellement tous les secteurs économiques et sociaux, malgré les ressources naturelles et humaines surabondantes dont est doté le Nigéria. La manifestation la plus provocante de l’impasse capitaliste est l’octroi de centaines de milliards de naïras provenant des fonds publics en cadeau aux mêmes vampires capitalistes qui ont mené à ses conditions actuelles de désolation ce pays qui autrement serait énormément riche de ses immenses ressources et de sa population courageuse.

    A la fin de l’année passée, le gouvernement de feu le Président Musa Yar’Adua a donné via sa Banque Centrale la somme de 620 milliards de naïra (3 milliards d’euro) à huit banques qui se tenaient au bord de la faillite, en conséquence de leurs nombreuses transactions financières irresponsables et du pillage en bonne et due forme exercé par leurs propriétaires privés. Yar’Adua et son successeur le Président Jonathan ont de même unilatéralement décidé d’octroyer la somme scandaleuse de respectivement 150 milliards et 500 milliards de naïra (700 millions et 2 milliards d’euro) pour renflouer des industries en faillite tant en les laissant entre les mains des capitalistes. Bien entendu, ce qui était autrefois le secteur industriel nigérian a été maintenant complètement dévasté au fil des années par la combinaison de mesures politiques « profit d’abord » qui ont été imposées au pays par les multinationales des pays capitalistes avancés.

    A cet égard, l’industrie textile exemplifie bien le genre de désertification industrielle qui a étranglé le pays au fur et à mesure que le capitalisme mondial a renforcé son emprise sur les économies des pays néocoloniaux et sous-développés tels que le Nigéria. A la fin des années 80, il y avait 250 entreprises textiles qui ensemble employaient directement 800 000 travailleurs, avec plus d’un million d’autres personnes qui gagnaient leur vie par la vente et autres commerces liés à ce secteur. Malheureusement, en 2007, il ne restait que 30 de ces entreprises, opérant pour la plupart en-dessous de leur capacité, et qui employaient moins de 30 000 travailleurs. Il faut ajouter aussi que c’est le même genre de dévastation économique qui a vu le jour dans d’autres secteurs industriels et agricoles autrefois florissants.

    Toutefois, au-delà même des conditions lamentables qui prévalent aujourd’hui, il est économiquement contre-productif et socialement scandaleux pour un gouvernement de verser des centaines de milliards aux mêmes marchants de profit qui ont mené le pays à son impasse actuelle malgré son abondance de ressources humaines et naturelles, alors que cet argent aurait pu être utilisé pour développer les infrastructures publiques et les services sociaux. C’est un véritable scandale que d’énormes fonds publics soient octroyés à des individus et à des entreprises non-redevables et dont les seuls intérêts sont ceux de leurs profits et qui pendant des années ont mené une véritable croisade pour que le gouvernement cesse de financer les infrastructures socialement nécessaires que sont les routes, les services, l’éducation, les soins de santé, l’emploi, etc. soi-disant parce que ce sont là des mesures socialisantes qui n’engendreraient que l’inefficacité et la stagnation économique. Si les industries qui sont essentielles au développement du pays et du niveau de vie sont au bord de la faillite, alors au lieu d’en renflouer les propriétaires, elles devraient être nationalisées (avec compensation uniquement sur base de besoins prouvés) et gérées démocratiquement dans les intérêts des travailleurs et des pauvres.

    Hélas, plutôt que de se battre pour une réelle appropriation publique des secteurs-clés de l’économie, y compris des secteurs bancaire et financier, sous le contrôle et la gestion démocratique par les travailleurs, en tant que base d’un grand plan démocratique par lequel les abondantes ressources humaines et naturelles du Nigéria pourraient être utilisées afin de garantir une vie décente et une réelle liberté démocratique pour le peuple, les sommets de la hiérarchie syndicale du NLC (Nigerian Labour Congress) et de la TUC (Trade Union Confederation) sont occupés à placer de faux espoirs dans l’illusions selon laquelle ce système criminel pourrait être réformé afin de satisfaire aux besoins des masses laborieuses. Ils ferment leurs yeux devant l’échec du capitalisme à développer le Nigéria et devant la grave crise qui a frappé le système capitaliste mondial au cours des trois dernières années. En fait, les dirigeants syndicaux ne font que baser leurs campagnes sur ce qu’ils pensent que les capitalistes voudront bien donner, c’est pourquoi aucune campagne sérieuse n’a été menée pour le salaire minimum à 52 000 naïra (240€) que l’Exécutif National du NLC avait revendiqué pour la première fois lors de son assemblée du 18 décembre 2008 à Kano.

    La guerre contre la corruption et contre l’insécurité de la vie et de la propriété

    La corruption et l’insécurité de la vie et de la propriété sont toujours considérées par tous les commentateurs sérieux comme étant des facteurs cruciaux lorsqu’on parle d’assurer une véritable croissance économique et la stabilité sociale. Malheureusement, le gouvernement pro-capitaliste dirigé par Jonathan a également démontré son incapacité à répondre de manière efficace au défi qui est posé par ces deux enjeux. Presque chaque jour, le Président Jonathan et ses cadres professent le même discours quant à leur détermination à combattre la corruption, qui est perçue comme un cancer qui empêche la croissance économique.

    Pourtant, la Commission pour les Crimes Economiques et Financiers (EFCC) a fermé les yeux devant toute une série de scandales à échelle internationale impliquant plusieurs cadres gouvernementaux haut placés, certains étant déjà à la retraite, d’autres non, et sans le moindre murmure non plus de Jonathan ou de son administration. Cependant, la même EFCC qui n’a pas bronché au sujet des accusations de corruption envers des hauts responsables gouvernementaux au sujet de contrats obtenus avec Halliburton, Daimler, et autres requins multinationaux, a tout d’un coup regagné toute sa puissance lorsqu’elle a forcé le Président Goodluck à annuler son interdiction autocratique de toute participation des équipes de football nigérianes à des compétitions internationales.

    Afin de couvrir la retraite humiliante qui a été imposée au Président quant à son interdiction digne d’un dictateur militaire, mais complètement hypocrite et entièrement déplacée, des équipes de football nationales, la EFCC a été lâchée sur les chefs de la Fédération Nigériane de Football (NFF). De la même manière que dans les derniers jours de la Présidence d’Obasanjo, la EFCC est essentiellement devenue un instrument de harcèlement des opposants ou de ceux qui étaient tombés en disgrâce par rapport au PDP au pouvoir, la EFCC serait maintenant en train de mener une enquête sur la mauvaise gestion de 2 milliards de naïra par la NFF. Tout ceci sur ordre de personnes qui gèrent un budget de dizaines de milliers de milliards de naïra, sans en être redevables à qui que ce soit ! Au vu des dernières gesticulations de la EFCC, on peut dire que sous le règne de Jonathan, comme d’habitude, la guerre contre la corruption ne demeurera qu’une mauvaise plaisanterie, qui revient à tenter d’éteindre un feu de brousse en crachant dessus, ou à ce que des hors-la-loi armés s’octroient le droit de juger des voleurs à la tire.

    La résolution du Gouvernement à combattre les crimes de droit commun tels que les rapts révèle également la même vision bourgeoise à court-terme, ce que feu Fela Anikulapo-Kuti appelait « l’aveuglement ikoyi ». Comment le gouvernement compte-t-il endiguer la vague croissante de criminalité, en particulier les rapts qui ont pris un caractère de plus en plus répandu, et surtout au moment même où le gouvernement cherche à attirer des investisseurs étrangers ? Le Président Jonathan nous répond : « Nous prenons cet enjeu très au sérieux, et nous ne manquerons pas de poursuivre les auteurs de ces crimes. On trouve même certaines communautés dans le pays qui ont fait de la criminalité un vrai business, et des gens croulant sous les diplômes et qui aident et soutiennent cette activité […] Certaines personnes haut-placées sont impliquées […] Lorsque quelqu’un est enlevé, ce sont ces mêmes gens qui vont négocier la rançon […] Nous ne dormons pas ; nous sommes en train de trouver des méthodes pour traquer les enleveurs, nous cherchons à mettre en oeuvre des méthodes informatiques pour ce faire ».

    Aveuglés par leur propre mode de vie d’opulence non mérité et injuste, lorsque l’immense majorité se morfond dans la misère et l’indigence, Jonathan et les élites capitalistes ne peuvent réaliser que c’est la combinaison de leur système injuste et de la corruption des dirigeants capitalistes qui est responsable de la hausse des crimes sociaux tels que les enlèvements, le banditisme armé, le siphonage des oléoducs, etc. Par conséquent, pour que les masses laborieuses puissent bénéficier de conditions de vie décentes et permanentes, et d’une société libre du fléau de la criminalité, la société capitaliste actuelle, faite d’injustices, et qui ne bénéficie qu’aux intérêts des quelques riches, doit être économiquement et socialement remplacée par un nouvel ordre social dans lequel les ressources de la nature et les hauts sommets de l’économie – y compris les banques et la finance – seraient collectivement appropriées et placées sous le contrôle et la gestion démocratiques des travailleurs eux-mêmes, de sorte que les ressources humaines et naturelles infiniment abondantes de notre planète puissent être réellement planifiées et utilisées afin de satisfaire aux besoins économiques et sociaux du peuple.

    Vers où aller ?

    Sur base de mesures et stratégies pro-capitalistes, aucun des problèmes sociaux et économiques auxquels sont en ce moment confrontés le pays et la vaste majorité de sa population de plus en plus miséreuse ne peuvent être résolus de manière satisfaisante afin d’assurer une croissance économique énergique et un mode de vie décent pour le peuple. Bien sûr, au lieu d’accepter la faillite totale de la stratégie capitaliste et de la politique menée sur une base individuelle, les élites dirigeantes parasitaires et kleptomanes du Nigéria voudront toujours donner l’impression que le fait de gérer l’économie nigérienne est un e mission impossible. Devant le Conseil Communal cité plus haut, le Président Jonathan a une fois de plus renié son engagement gouvernemental de départ selon lequel il oeuvrerait en faveur d’un approvisionnement complet en électricité pour les industries et pour les ménages, avec comme point de départ la génération de 11 000 mégawatts avant 2011. Effectuant un virage à 180° par rapport à ses promesses initiales, le Président demande maintenant aux Nigérians de ne pas s’attendre à avoir un accès adéquat à l’électricité avant longtemps. Citant son expérience en tant que Gouverneur de l’Etat de Bayelsa, il a expliqué que « J’ai réalisé que lorsqu’on arrive par exemple avec 10 000 mégawatts, plus de gens vont immédiatement réclamer de nouvelles lignes électriques pour chez eux, et peu après, l’approvisionnement en électricité redevient inadéquat ». Cet argument bidon ridicule est taillé sur mesures pour justifier pourquoi le Nigéria n’a pas pu générer assez d’électricité pour alimenter de manière satisfaisante sa consommation industrielle et ménagère.

    L’Afrique du Sud, qui ne comporte qu’un tiers de la population du Nigéria, génère actuellement 45 000 mégawatts d’électricité par an, tandis que le Nigéria n’en génère en ce moment que 3000. Par conséquent, la tâche centrale est non pas de donner l’excuse que c’est le comportement des gens qui rend cet objectif inatteignable, mais bien de générer assez d’électricité que ce dont en ont besoin les industries et les gens. A un moment l’an dernier, la Ministre de l’Information nigérianne, Mme Dora Akunyili, a rendu visite à l’Ambassadeur vénézuélien au Nigéria, pour y rééditer auprès de lui son appel habituel à des investissements étrangers dans le secteur pétrolier. En guise de réponse, l’Ambassadeur du Venezuela a demandé au Nigéria de plutôt se tourner vers ses propres forces et de gérer ses propres ressources afin d’améliorer le bien-être de son peuple et de son économie en général, plutôt que de sans cesse frappeer à la porte des étrangers. Il a ainsi expliqué que depuis l’an 2000, au Venezuela, le prix du barril de pétrole est resté le même et le coût du plein pour une voiture moyenne n’a pas excédé la somme de 160 naïra (0,75€), et que le gouvernement vénézuélien possédait et gérait plus de 40 raffineries de dérivés pétroliers destinés à la consommation locale comme à l’exportation. Bien que les masses laborieuses vénézuéliennes soient toujours confrontées à de grands problèmes dus au caractère incomplet des réformes anticapitalistes qui ont été jusqu’ici accomplies dans leur pays, elles ne sont pas confrontées au même désastre absolu qui sévit au Nigéria. Tandis que le Nigéria, qui est le quatrième plus grand producteur de pétrole brut au sein de l’OPEP, dépend toujours fortement de l’importation de produits pétrolier, aucune de ses quatre raffineries ne tournant à pleine capacité.

    Le NLC comme la TUC, avec leurs affiliés, ont toujours critiqué le caractère anti-populaire de la plupart des politiques gouvernementales. Ces dirigeants syndicaux adorent faire des critiques correctes du caractère anti-pauvres des mesures de privatisation et de concession des raffineries, de l’électricité, des aéroports et des routes. Récemment, les directions du NLC et de la TUC ont condamné la proposition du gouvernement de dépenser des milliards de naïra pour la célébration du cinquantième anniversaire de l’indépendance du Nigéria qui, du point de vue des masses opprimées, n’est jamais que 50 ans d’échec. La direction du NLC a aussi récemment dénoncé de manière très correcte les propositions pro-riches et anti-pauvres en faveur de la dérégulation et de la privatisation du secteur pétrolier, du retrait des soi-disant subsides sur les produits pétroliers, et d’une hausse de +200% du prix de l’électricité qui sont défendues par le Gouverneur de la Banque Centrale du Nigéria, Mallam Sanusi Lamido Sanusi. Dans une déclaration intitulée : « Assez des singeries anti-populaires de Sanusi ! » publié le 29 juillet 2010, on peut lire ceci : « Au sujet du tarif de l’électricité en particulier, le National Labour Congress est convaincu que le premier pas qui doit être fait par le gouvernement est d’avant toutes choses améliorer la capacité de génération et de distribution d’électricité, avant de parler de la question du prix à payer. Ce serait illogique et entièrement irraisonné de faire payer plus chers les Nigérians qui en ce moment payent déjà pour des services dont ils ne profitent pas, à part pour les ressources énormes qu’ils dépensent quotidiennement pour faire fonctionner leur générateur électrique domestique ». Au sujet d’un plan de renflouement à hauteur de 30 milliards de naïra (140 millions €) pour un redressement de l’industrie textile moribonde du Nigéria, Isa Aremu, Secrétaire Général du Syndicat des Travailleurs du Textile du Nigéria, a comparé la situation du pays de manière très adéquate avec la situation paradoxale d’un homme qui mourrait de soif alors qu’il est serait entouré d’eau. Ainsi, « Le Nigéria ne manque pas de Présidents ni de Gouverneurs. Ce qui fait défaut aujourd’hui, c’est la bonne gouvernance, l’industrialisation et le développement ».

    Malheureusement, en dépit de ces critiques très correctes, les hauts dirigeants syndicaux ont en général toujours échoué à se concentrer sur la conception et la défense d’une alternative politique et économique pro-ouvrière, qui pourrait être capable de mettre un terme à la misère perpétuelle de la majorité du peuple nigérian en plein milieu d’une abondance inépuisable. Par conséquent, plutôt que de donner leur soutien à telle ou telle mesure capitaliste destinée à accroître la profitabilité, le mouvement ouvrier devrait mener une campagne consistante afin de placer les immenses ressources économiques du pays, y compris les banques et les institutions financières, sous le contrôle et la gestion démocratiques par les travailleurs, avec comme objectif direct d’assurer un mode de vie décent pour tous les Nigérians partout dans le pays, et non pas à la poignée d’éléments capitalistes qui maintiennent à présent leur emprise sur les perspectives économiques de la nation.

    Afin de parachever ce but, le mouvement ouvrier doit de même se mettre en branle pour créer son propre parti politique indépendant, qui sera préparé à mettre en oeuvre ce genre de mesures socialistes pro-masses, qui sont nécessaires si l’on veut libérer le Nigéria de la servitude socio-politique des élements capitalistes locaux et de leurs mécènes et maîtres à l’étranger. En particulier, il faut que le mouvement ouvrier crée un parti des travailleurs réellement démocratique, ou se battre pour récupérer le Labour Party qui a maintenant été largement récupéré par des éléments pro-capitalistes. Il ne suffit pas de simplement mener campagne pour des élections libres et justes lorsqu’il semble clair aujourd’hui que la campagne électorale de 2011 sera de toutes manières dominée par des partis pro-capitalistes, anti-populaires tels que le PDP, l’ANPP, l’AC, etc. Le mouvement ouvrier doit commencer dès aujourd’hui à édifier une plate-forme politique qui fasse écho aux longues souffrances du peuple du Nigéria lors de la campagne de 2011. A moins que l’agitation syndicale ne se poursuive selon ce genre de perspectives, le cauchemar socio-économique que nous connaissons aujourd’hui ne pourra pas être surmonté, et ne fera qu’empirer sous la Présidence de Jonathan, ou de n’importe quel autre politicien bourgeois.

  • Répression policière lors de l’euro-manifestation du 29 septembre

    On se souviendra de la journée du 29 septembre pour son énorme mobilisation, mais aussi pour la répression policière brutale qui a touché certains manifestants. Dans cet article, Jalil, de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne et du PSL, revient sur ces évènements.

    Par Jalil (Bruxelles)

    Lors de l’euro-manifestation du 29 septembre, la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC)a décidé de faire partie du bloc ‘‘jeunes en lutte pour l’emploi’’. Les marches des jeunes pour l’emploi sont une initiative qui est prise dans plusieurs villes de Belgique et la JOC y participe, il nous a donc semblé approprié de nous joindre aux autres organisations signataires.

    Certains permanents et militants de la JOC actifs sur la question des sans-papiers ont décidé de rejoindre la manifestation avec les ‘‘militants No Border’’. Le camp No Border est un camp où se sont réunis des militants qui luttent pour la libre-circulation des personnes et qui a été mis en place fin septembre. Dès le début du camp, lors d’une manifestation devant le centre fermé de Vottem, les militants avaient déjà fait l’objet d’une répression assez forte de la police, celle-ci n’hésitant pas à charger avec des chevaux dans la foule des manifestants.

    Lors de la manifestation du 29 septembre, la police avait déjà commencé son harcèlement en bloquant toutes les sorties du camp No Border situé à Tour & taxis. De nombreux de ces militants, alors qu’ils n’avaient rien fait, se sont fait arrêter avant même d’arriver au lieu de rendez-vous de l’euro-manifestation. Ceux qui ont réussi à se joindre au cortège ont directement été entourés par un dispositif policier impressionnant, notamment de par le nombre important de policiers en civils. Ce groupe s’est fait violemment arrêter alors qu’il manifestait pacifiquement. Parmi les manifestants arrêtés se trouvaient également quelques syndicalistes ainsi que notre permanent de Namur qui a subi lui aussi les violences de la police alors qu’il était tout à fait pacifique.

    De nombreux témoignages ont été récoltés, notamment des images qui nous montrent la violence des arrestations, des témoignages de militants de la JOC qui ont dû passer leur soirée au commissariat. Tous les témoignages confirment que les manifestants ont subi la violence policière dans les rues, mais aussi dans les cachots. L’un de nos permanents s’est fait déshabiller et a subi des violences, comme c’est relaté dans le communiqué de presse ci-joint.

    Les arrestations n’ont pas été limitées à la manifestation du 29 septembre. En effet, une manifestation était prévue par le No Border camp le vendredi 1er octobre. À cette occasion, la police a arrêté « préventivement » toute personne qui « semblait » se rendre à la manifestation, qui « semblait » avoir une tête de militant… Ces arrestations, à nouveau très violentes, ont exacerbé les tensions et ont provoqué des actes de vandalisme de la part de manifestants en colère.

    De nombreuses vidéos de la manifestation du 29 septembre circulent sur le net, dans lesquelles on peut voir des syndicalistes de la FGTB, de SUD, de la CNT solidaires des manifestants en train de se faire arrêter. Certains de ces syndicalistes ont été gazés, violentés et arrêtés. Mais on peut également voir sur ces vidéos que certaines personnes du service d’ordre des syndicats ont appelé à continuer la manifestation comme s’il ne se passait rien. On peut alors se poser la question de savoir s’il y a eu un mot d’ordre des instances syndicales? Des témoignages de délégués syndicaux et de manifestants affirment que ce service d’ordre aurait menti aux syndicalistes, déclarant que des anarchistes auraient mis le feu ou les faisant passer pour des partisans d’extrême-droite, légitimant ainsi les arrestations qui avaient lieu.

    Les violences qui ont lieu lors de manifestations sont connues depuis des années. La JOC les a toujours condamnées. Nous ne pensons pas qu’occuper un lieu ou le bloquer est un acte de vandalisme ou de violence. L’histoire du mouvement ouvrier dont on se revendique est fait d’occupations d’usines, de blocages du système économique qui permettent de revendiquer nos droits, de mener les luttes. Il est cependant clair que certains groupes profitent des grands rassemblements pour mener des actions violentes de manière isolée et sans concertation avec les autres organisations. Cela a souvent pour conséquence le désaveu de certains manifestants et d’une partie de la population qui se détournent alors de la lutte que nous menons.

    Nous pensons qu’il est tout de même dangereux d’assimiler tout manifestant à un groupe très minoritaire et isolé qui commet des actes de violence. On a entendu, après la manifestation du 29 septembre, des gens dire que des anarchistes auraient détruit des biens publics. Il est évident qu’utiliser une telle façon de parler revient à englober tous les manifestants sans vraiment distinguer de responsables. Si demain des manifestants avec des chasubles de la JOC ou du PSL menaient de telles actions, seraient-ils forcément membres de cette organisation? 100.000 personnes se sont rassemblées pour manifester. On ne peut pas contrôler les agissements de 100.000 personnes. De plus, nous avons connu beaucoup de cas où la police elle-même se déguise en manifestants pour provoquer des actions de violence et ainsi légitimer une réaction de la police. C’est arrivé à de nombreuses reprises. Ainsi, en mars dernier, lors d’une manifestation contre le NSV, l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang, à Anvers, des policiers avaient pris des chasubes du PSL et de Blokbuster et avaient même arrêté des manifestants en les portant!

    Nous condamnons fermement les violences menées contre les manifestants, ainsi que l’arbitraire qui a régi les arrestations lors de la manifestation du 29 septembre et des jours qui ont suivi. Nous avons décidé de réagir à ces événements avec un communiqué de presse et en appelant à manifester ce samedi 16 octobre…

  • Nous avons besoin d’une réponse politique à la logique d’austérité

    «Encore heureux que vous êtes encore là.» Cela, nos militants ont pu l’entendre plus d’une fois ces dernières semaines lors de nos campagnes pour activement mobiliser pour la manifestation syndicale du 29 septembre, pour les marches locales de jeunes pour l’emploi ou encore pour la proposition du PSL/LSP de lancer une campagne anti-guerre à l’occasion du sommet européen des ministres de la Défense à Gand. Mais marquer son soutien était parfois une manière d’exprimer un désespoir face à la menace de la crise et à la faiblesse de la gauche non traditionnelle.

    Par Bart Vandersteene

    Le Parlement reflète-t-il nos angoisses?

    Qui va soutenir les revendications des travailleurs du non-marchand pour plus de personnel, de meilleurs salaires et des conditions de travail plus humaines ? Qui va représenter au Parlement la revendication de la suppression de la Déduction des Intérêts Notionnels ? Qui va soutenir les travailleurs du secteur privé qui seront aux prises avec les extrémistes du patronat fin de cette année (lors des négociations sur l’AIP) et qui ne veulent pas payer pour la crise ? Les nuancent actuellement présentes au Parlement portent sur ceux qui veulent une austérité sévère et ceux qui veulent une austérité un peu moins dure. Mais aucune loi de la nature ne précise que c’est seulement à ça que doit ressembler le paysage politique.

    Malheureusement, les dirigeants syndicaux actuels défendent le statu quo politique. Dans l’hebdomadaire flamand de la FGTB, De Nieuwe Werker, le président national de la FGTB Rudy De Leeuw a répondu concernant l’avenir: «Je fais confiance à tout égard au président du SP.a et aux gens de Groen! Et d’autre part, j’admire la patience d’ange du préformateur [Elio Di Rupo].»

    Il est naïf, très certainement de la bouche d’un dirigeant syndical national, de croire que le PS, le SP.a ou les verts vont rompre avec la logique d’austérité qui veut nous faire payer la crise pour épargner les profits qui sont “intouchables”. Plus de vingt ans de participation gouvernementale des sociaux-démocrates ont rendu ce point plus que clair. Mais cette déclaration n’est peut-être pas si naïve. Les directions syndicales sont pieds et poings liés aux partis traditionnels et c’est pour cela qu’ils adoptent une position aussi peu combative quand “leur” partenaire fait partie du gouvernement, même si ce gouvernement mène une politique directement à l’opposé des revendications syndicales.

    Pour un nouveau parti des travailleurs!

    Beaucoup de militants de base sont fatigués de cette attitude. Partout en Europe, dans les années ’90 et 2000, l’absence d’une voix politique pour les travailleurs a ouvert la voie à l’extrême-droite et à différentes variantes du populisme de droite. C’est également ce à quoi nous avons assisté en Flandre. Mais dans différents pays européens, de nouvelles forces de gauche ont émergé. Dans ce processus, l’implication de parties combatives des syndicats est cruciale pour lancer une nouvelle initiative politique de gauche, comme avec le lancement en Allemagne du WASG qui a conduit à la fondation de Die Linke.

    Les premières expériences avec ces partis, comme le SP aux Pays-Bas, Syriza en Grèce ou encore le Bloc de Gauche au Portugal, illustrent qu’il est important de ne pas entrer dans la logique d’une politique d’assainissement. Dans le contexte actuel, une participation au pouvoir signifie accepter la logique capitaliste et ainsi galvauder des forces politiques soigneusement construites. D’autre part, les nouvelles formations doivent accorder une grande attention pour susciter l’implication politique de nombreuses personnes actuellement inorganisées, mais qui veulent lutter. En Belgique aussi, cet espace est présent. Les forces politiques existantes ont la tâche de pousser à la création d’un tel parti, mais la véritable clé se trouve parmi les militants syndicaux et d’autres activistes qui doivent constituer la force motrice de la nouvelle formation. C’est pour défendre cette nécessité que le PSL/LSP s’était engagé aux dernières élections dans le Front des Gauches, un cartel de six organisations de la gauche radicale (PC, PSL/LSP, LCR, CAP et Vélorution) qui poursuit aujourd’hui sa réflexion sur la création d’une nouvelle formation de gauche en Belgique.

    Dans la recherche d’une alternative politique face à la crise actuelle, les expériences staliniennes du passé ne constituent clairement plus de pôle d’attraction. C’est également pour cette raison que la liberté de débat démocratique et le droit d’avoir des idées propres et des courants distincts à l’intérieur de la nouvelle formation est une condition essentielle pour qu’un tel nouveau parti des travailleurs se développe.

    Suite à la manifestation européenne du 29 septembre à Bruxelles, nous répétons notre appel à la FGTB/ABVV et à la CSC/ACV de rompre leurs liens avec le PS/SP.a et avec le CDH/CD&V ou Ecolo. L’énergie nécessaire à la création d’un nouveau parti large des travailleurs sera alors dégagée dans ce pays.

  • Cette crise politique finira-t-elle un jour ?

    Un moment, il semblait bien que cela allait réussir. Les deux vainqueurs des élections – PS et N-VA – avaient ‘‘compris’’ qu’ils étaient condamnés l’un à l’autre et qu’un compromis devait être trouvé. Entretemps, la montagne a accouché d’une souris, les déclarations venimeuses s’échangent à nouveau dans la presse et toutes sortes d’alternatives possibles (et impossibles) sont passées au cribles. Du côté francophone, on parle du fameux ‘‘Plan B’’ (qui est bien plus un exercice intellectuel qu’un ‘‘plan’’) tandis que du côté flamand, la N-VA continue d’imaginer un gouvernement avec les libéraux, histoire ne pas être le seul parti de droite dans un gouvernement qui serait dit de ‘‘centre-gauche’’. L’impasse paraît être totale.

    Par Anja Deschoemacker, article tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste

    La majorité de la population dans la tourmente

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    A propos de la crise communautaire, quelques articles

    La Question Nationale en Belgique: Une réponse des travailleurs est nécessaire

    En novembre 2005, le PSL (qui s’appelait encore alors le Mouvement pour une Alternative Socialiste) avait consacré une Conférence Nationale à la question communautaire. Depuis lors, plusieurs évènements ont confirmé l’analyse qui y avait été faite et qui est à la base de cette brochure. A travers différents chapitres abordant le marxisme et la question nationale, l’histoire de la Belgique et le développement de la question nationale, etc., nous arrivons à un programme consacré à cette question et basé sur la nécessité de l’unité des travailleurs contre la politique de "diviser pour mieux régner" de la classe dirigeante.

    • Préface
    • Le marxisme et la question nationale
    • Un mot sur l’historiographie belge
    • Développement de la question nationale en Belgique
    • La question nationale à Bruxelles
    • La Communauté germanophone
    • Les réformes d’Etats
    • Quel est le programme défendu par PSL/LSP ?

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    Depuis le milieu des années 1970, l’économie est aux prises avec des caractéristiques de dépression. Les illusions crées dans la période de croissance d’après-guerre (chaque génération vivrait mieux que la précédente,…) se sont effondrées et tous les éléments conduisant à des divisions ont commencé à prendre de l’ampleur. Concernant la question communautaire, cela a surtout signifié que les tensions ne pouvaient plus être achetées en jetant à l’un protagoniste où l’autre un os savoureux. D’une période de quasi plein-emploi fin des années ’60, où la norme était un emploi à temps plein avec un contrat fixe, nous sommes arrivés à une période de chômage structurel, où constamment plus d’emplois ne sont qu’à temps partiel et temporaires. Le professeur Pacolet du HIVA (Institut supérieur du Travail, de l’université catholique de Louvain) a déjà prouvé qu’entre le milieu des années ’70 et aujourd’hui, strictement aucun emploi n’a été créé si le calcul est effectué en équivalents temps plein.

    Des partis traditionnels en perte d’autorité

    La classe dirigeante et ses instruments politiques n’ont apporté aucune réponse face à cette situation. Dans les années ’80, on a demandé à la population de se serrer la ceinture et de d’attendre patiemment la sortie du tunnel. Mais à chaque fois, le bout du tunnel s’est révélé n’être qu’un bref intermède avant de replonger à nouveau dans un autre tunnel.

    Les partis traditionnels ont été impliqués jusqu’au cou dans l’organisation de la casse sociale et la responsabilité ne tombe pas seulement sur les épaules des partis de droite et de centre-droit (libéraux et chrétiens-démocrates) mais aussi, et dans une large mesure, par la famille social-démocrate, même si le PS s’est bien mieux caché derrière ‘‘la droite’’ ou ‘‘les partis flamands’’.

    Dans une telle situation, où les deux classes fondamentales de la société n’offrent aucune issue (la bourgeoisie et la classe des travailleurs) et où tous les instruments traditionnels de la bourgeoisie sont discrédités, la voie est libre pour la montée de partis populistes offrant des ‘‘solutions’’ semblant plus évidentes en jouant sur toutes les divisions possibles et imaginables. Dans les années ’80, le Vlaams Belang a commencé à percer en jouant la carte du racisme, qui pouvait croître sur base de la concurrence toujours plus grande pour les emplois, les logements sociaux,…

    Aujourd’hui, en Flandre, c’est la N-VA qui réussit le mieux à attirer les votes anti-establishment. Leur histoire à eux, c’est que ‘‘les flamands’’ seraient bien mieux s’ils ne devaient pas ‘‘payer pour la Wallonie et Bruxelles’’. Le programme de la N-VA ne défend cependant que les intérêts des petits patrons flamands, qui souhaitent contribuer encore moins qu’aujourd’hui à la sécurité sociale et aux impôts.

    Est-ce qu’on peut encore sortir de l’impasse?

    Dès le début de la Belgique, des différences existaient entre la Flandre, la Wallonie et Bruxelles. La discrimination fait partie intégrante de notre histoire nationale, aussi avec la petite communauté germanophone. Les modifications des relations de force entre régions ont régulièrement conduit à des crises nationales. La montée de la Flandre a été récupérée dans l’Etat belge par le développement d’un système de division de pouvoir, systématiquement adapté et affiné avec une nouvelle réforme d’Etat. Nous sommes de nouveau devant une telle adaptation. Mais la marge de manœuvre budgétaire, extrêmement réduite après plus de trente années de dépression et de politique néolibérale, rend cet exercice encore plus difficile à réaliser.

    Le PS ou la N-VA vont-ils réussir à réaliser une réforme d’Etat et à constituer un gouvernement ? La question est en fait celle-ci : la bourgeoisie belge réussira-t-elle encore une fois à trouver un nouvel équilibre ? Cela dépend de la volonté de la N-VA à servir la bourgeoisie belge avec à la clé des carrières, de hautes fonctions et encore plus de pouvoir pour les autorités locales. D’un côté, nous avons tendance à répondre par l’affirmative au vu du caractère de droite de la N-VA. La dernière chose qu’elle souhaite, c’est la mobilisation de ce ‘‘peuple flamand’’ qui risque bien, une fois mobilisé, de rester mobilisé pour de plus hauts salaires et de meilleures conditions de vie et de travail, pour des allocations sociales plus élevées et pour une meilleure sécurité sociale, pour des services publics de bonne qualité et pour toutes sortes d’autres revendications qui vivent parmi la classe ouvrière flamande (et qu’elle a en commun avec ses collègues bruxellois, wallons, germanophones ou encore français, allemands,…).

    D’un autre côté, le parti de De Wever reste un projectile sans tête chercheuse. Mais si la N-VA refuse de conclure un accord, la riposte de la bourgeoisie va arriver de toutes parts. Finis donc les bons articles dans la presse ou les invitations pour des émissions comme ‘‘De Slimste Mens’’ (une émission télévisée dans laquelle Bart De Wever a fait sensation), finies les tentatives de charme. Mais le problème est que la bourgeoisie, en Flandre, ne dispose plus d’instruments capables de récupérer les votes qui quitteraient la N-VA. Le risque serait grand de voir le Vlaams Belang en reprendre une bonne partie, malgré leurs problèmes rencontrés ces dernières années.

    La seule manière de sortir de l’impasse est qu’une des deux classes fondamentales composant la société offre une issue: soit par la création d’un nouveau parti des travailleurs apte à canaliser la force de la classe ouvrière, soit parce que la bourgeoisie réussit à faire payer la crise au reste de la population et à donner le coup de grâce à ce qui reste de ‘‘l’Etat providence’’.

    Et maintenant on fait quoi?

    Le nombre de discriminations au sein de la structure belge grandit sans cesse, tout comme les harcèlements envers les minorités nationales (ex. les minorités francophones et néerlandophones dans les communes à facilités). C’est la base matérielle – avec les partis traditionnels séparés, l’enseignement séparé, les médias séparés,… – pour la résurgence de sentiments nationalistes. Ainsi, le climat est tendu dans tout un nombre de communes à Hal-Vilvorde.

    La bourgeoisie ne veut pas la scission de la Belgique, mais elle ne dispose plus d’instrument en Flandre pour essayer de stopper la montée électorale des forces petite-bourgeoises et flamingantes. A long terme, il est exclu que la Belgique reste unifiée sous le capitalisme, un système où un développement socio-économique harmonieux de toutes les régions n’est pas possible. Mais la scission de la Belgique n’offrirait aucune solution pour les problèmes de la majorité de la population, seule la chute du système capitaliste pourrait le faire.

    Le PSL pense qu’à court terme, le scénario le plus probable est toujours la formation d’un gouvernement ‘calque’ (reproduisant les coalitions régionales), où le PS aurait la tâche de brider la N-VA et de lui brûler les ailes au pouvoir. D’un autre côté, il y a toujours plus d’éléments qui semblent démontrer que la N-VA ne se laisse pas entraîner dans ce jeu. Dans ce cas, l’attente risque d’être longue et la pression d’une nouvelle crise financière, les pressions économiques internationales,… causeraient bien des dégâts à la N-VA et forcerait à parvenir d’urgence à un gouvernement d’unité nationale.

  • Tout le monde y pense mais personne n’en parle… Face à l’austérité : vigilance et résistance

    Le feuilleton de cet été, c’était le suivi des hauts et des bas des négociations gouvernementales. Le vocabulaire était choisi, il n’était pas question d’emploi, des pensions, de sécurité sociale ou encore de logement, toutes ces choses importantes pour notre quotidien. A la place, les politiciens ont parlé des semaines durant de loi de financement, de paquets de compétences, de bourgmestres non-nommés, de facilités,…

    Par Bart Vandersteene

    Entretemps, pas un mot sur la manière dont ils comptent trouver 25 milliards d’euros à assainir dans les finances publiques pour les quatre années à venir et sur ceux qui en recevront la facture. Ces 25 milliards ne représentent ‘que’ 25 à 30% du budget total des gouvernements fédéraux et régionaux… Après des semaines de négociations, c’est toujours le flou, ce qui peut donner l’impression qu’en Belgique, la crise économique la plus profonde depuis 80 ans n’est qu’une petite brise. Quelques médias s’obstinent même à nous expliquer que la crise était finie avant qu’on puisse véritablement la remarquer.

    Les caisses sont vides

    Mais ce n’est qu’une illusion. L’hebdomadaire flamand Knack a récemment calculé que le gouvernement fédéral n’avait qu’une enveloppe de 2,8 milliards d’euros cette année pour des dépenses de… 20 milliards d’euros ! En bref : la caisse fédérale est vide. Les revenus fédéraux s’élèvent à 92,7 milliards d’euros. Après en avoir soustrait les donations aux régions, aux communautés, à l’UE, à la sécurité sociale, à la SNCB, aux pensions publiques, après avoir déduit les charges d’intérêt,… il n’y reste plus que 2,8 milliards d’euros.

    C’est le contexte dans lequel se place la discussion sur la réforme de l’Etat. Est-ce qu’une nouvelle loi de financement obligera les régions et les communautés à reprendre une partie de l’effort budgétaire, et en quelles proportions ? Comment les nouvelles compétences pour les régions seront-elles financées ?

    Tout le monde s’accorde à dire qu’il faut assainir les dépenses publiques, ce qui se négocie c’est la façon de couper, et les endroits où le faire. La fraude fiscale est aujourd’hui estimée à 20 milliards d’euros par an et, ces dix dernières années, les patrons ont reçu presque 9 milliards d’euros de diminutions de charges par an. D’autre part, la déduction des intérêts notionnels coûte 4 milliards d’euros par an et on pourrait encore continuer. Mais tout cela n’est pas remis en question car les ‘‘employeurs’’ pourraient oser s’en aller…

    Entretemps, les requins de la finance continuent joyeusement leur rôle de parasite. Une nouvelle crise dans le secteur financier va probablement bientôt se produire et la collectivité devra à nouveaux éponger les pertes. Les grandes entreprises ne sont intéressées par l’emploi que si cela leur procure suffisamment de profits. Dans le cas contraire, on ferme et la collectivité peut en supporter les frais sociaux.

    Les propriétaires et les actionnaires des grandes entreprises et des banques ne remplissent aucune fonction utile et sociale et font tourner la société entière autour de leur soif de profits. Les véritables socialistes ne doivent pas seulement dire non à l’austérité, mais aussi remettre en question le système capitaliste lui-même.

    Les marxistes seront en première ligne de la résistance contre chaque assainissement possible à nos dépens, mais nous allons également mettre honnêtement en avant la nécessité d’une société socialiste démocratique, la seule solution fondamentale pour sortir de la crise du capitalisme.

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