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  • C’était il y a tout juste 50 ans: Le samedi 24 décembre : Un Noël de combat

    ‘‘Les grèves continent à faire tâche d’huile même en Flandre’’ peut on lire dans titre l’Indépendance du 24 décembre 1960. Et ‘‘quelques actes de sabotages ont été commis sur les lignes du chemin de fer’’. Encore une fois, le constat est que la grève générale s’amplifie, elle atteint même les endroits les plus reculés de Flandre.

    Cet article, ainsi que les prochains rapports quotidiens sur la ”Grève du Siècle”, sont basés sur le livre de Gustave Dache ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61”

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    – Rubrique "60-61" de ce site

    19 décembre 1960

    20 décembre 1960

    – 21 décembre 1960

    22 décembre 1960

    23 décembre 1960

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    Au Limbourg, les débrayages se succèdent et se renforcent, à Anvers, à Furnes, à Dixmude et à Louvain, où les grévistes ont bloqué le trafic ferroviaire, il en va de même. A la gare de Bruges, seulement trois trains ont quitté la gare. Les postiers sont dans la rue, le courrier n’est plus distribué. 15.000 travailleurs manifestent dans les rues de Gand. Les grévistes se rendent en nombre au local de la CSC pour réclamer un mot d’ordre de grève.

    Les militaires stationnés en Allemagne en permission en Belgique doivent rejoindre leur unité par leurs propres moyens. Face aux nouvelles intensifications de la grève générale, la réponse du gouvernement est faite de manœuvres d’intimidations. Partout dans le pays, pour un oui, pour un non, des dizaines et des dizaines de grévistes sont arrêtés et incarcérés.

    La position de la CSC nationale contre la grève ainsi que le refus de la FGTB nationale de lancer le mot d’ordre de grève générale ont pour conséquence d’instaurer la division d’une partie des travailleurs, dans ces circonstances toutes particulières où faire le jaune est dédouané par la direction nationale de la CSC. Les grévistes recourent de plus en plus à certains actes de sabotage, dont le principal objectif est d’empêcher les jaunes de se rendre au travail. La responsabilité de ces actes de sabotage commis par les grévistes incombe entièrement aux directions nationales de la CSC et de la FGTB.

    Etant donné que la grève générale progresse toujours partout dans le pays, le gouvernement se prépare à l’affrontement et à la répression contre les grévistes. Plusieurs mesures sont prises telles que le renforcement de la surveillance des passages à niveau, des ponts de chemin de fer et des gares par les gendarmes et la troupe. Des concentrations de forces de répressions sont placées dans les grands centres où la grève est totale. Mais les forces de gendarmeries et la troupe ne peuvent se déplacer que très lentement : les routes sont parsemées de clous, les rues sont dépavées, des barricades avec des bois et des poteaux de signalisations sont mêmes installés à certains endroits stratégiques.

    Le pouvoir bourgeois est paralysé, des gendarmes supplétifs ont été rappelés, les soldats ne peuvent en aucun cas être mis en contact avec les grévistes. A Liège, la police saisit un tract destiné aux soldats. Le journal « La Wallonie », dont André Renard est le directeur, est également saisi pour avoir publié l’appel aux soldats dont voici le texte :

    ‘‘Soldats, la classe ouvrière belge est entrée dans une lutte décisive pour son droit à l’existence. Le gouvernement va utiliser la troupe, aux côtés de la gendarmerie, pour tenter de briser les grèves et de réprimer le mouvement social en cours.

    ‘‘Nous vous demandons de comprendre et de faire votre devoir. Si on vous commande de travailler à la place des ouvriers dans des entreprises ou des services immobilisés par la grève, croisez-vous les bras!

    ‘‘Si l’ on vous met en face de grévistes ou de manifestants, souvenez-vous qu’ ils sont vos parents, vos frères, vos amis. Fraternisez avec eux. Vous êtes mobilisés pour défendre le pays, et non pour l’ étrangler. Ne craignez rien. Tout le mouvement ouvrier socialiste est là pour vous défendre.

    ‘‘Soldats, ne soyez pas traîtres à votre classe. Nous comptons sur vous. L’Action Commune’’

    En plus des saisies, des perquisitions ont lieu le dimanche matin au domicile de plusieurs militants socialistes et syndicalistes FGTB, dont André Renard lui-même, ainsi que dans la plupart des locaux du PSB et de la FGTB. A la suite de ces perquisitions, une information est ouverte par le Parquet pour : ‘‘excitation de militaires à la désobéissance.’’

    Dans cette phase de la grève générale, l’appel aux soldats est le slogan le plus dangereux pour le pouvoir bourgeois. Celui-ci le sait mieux que quiconque. C’est aussi la démonstration claire qu’elle n’est pas absolument sûre de ses troupes et que la situation peut lui échapper à tout moment face à l’attraction que la grève générale exerce sur l’armée et sur la population. Cet important mot d’ordre n’est venu ni du PC, ni de La Gauche, mais de la tendance Renard.

    La bourgeoisie belge garde le souvenir de la désagrégation de son appareil répressif mobilisé contre les grévistes en 1950 et de nombreuses précautions sont prises, la discipline a été renforcée. Cependant, en bien des endroits, des tentatives de fraternisation ont lieu entre les grévistes et la troupe, les grévistes rentrent en contact avec les soldats.

    Ce samedi 24 décembre, c’est la nuit d’un Noël de combat, dans les quartiers ouvriers, aux portes des usines, les piquets de grève sont à leur poste de combat. Les grévistes FGTB et CSC sont au coude à coude. On chante l’Internationale, la Marseillaise, le Chant des Partisans,…

    Le centre de Bruxelles capitale est en état de siège. Des convois militaires prennent position, des patrouilles circulent l’arme au poing. L’E tat n’a pas trop de toute sa police et de toute son armée pour tenter de faire croire qu’il est resté maître de la situation. Le gouvernement comptait sur une démobilisation des mouvements de grève, mais c’est bien le contraire qui se passe. Les travailleurs chrétiens participent même toujours plus nombreux à la grève.

    Les éditoriaux de la presse de droite qui soutiennent le gouvernement font tous preuve d’inquiétude et de désarroi : ils ont compris que c’est le régime lui-même qui est en danger. La Libre Belgique appelle le gouvernement à la solution de force : ‘‘Le gouvernement semble avoir commencé à comprendre qu’il ne pouvait tout de même pas tolérer qu’une infecte anarchie d’origine communiste continue à s’installer dans le pays et qu’ il est totalement inadmissible que les dirigeants des syndicats socialistes se substituent aux autorités régulières pour contrôler la circulation dans les rues, le travail dans les ateliers, l’ ouverture et la fermeture dans les magasins. Il convient de mettre fin immédiatement à cette anarchie. C’est un domaine où toute capitulation de l’autorité est un crime contre la nation. Tout de même l’ordre est indivisible. Toute reculade en entraîne d’autres.’’

    L’effroi de la bourgeoisie est porté à son comble par l’ordre ouvrier qui s’établit spontanément partout dans le pays. Les grévistes sont maîtres de la rue… Au cours de sa montée, aucune force réactionnaire n’est capable d’arrêter la lutte.

    Du côté des journaux ouvriers, Le Drapeau Rouge, l’organe du Parti Communiste, publiera le 26 décembre un long éditorial qui affirme: ‘‘La grève est puissante, puissante par ses objectifs, qui mettent en cause toute la politique des monopoles, et, par conséquent, du moins sous certains aspects, le régime lui-même. Il est bien certain que M. Eyskens aurait déjà abandonné une partie qu’ il sait perdue d’ avance pour lui et pour ses associés, si les banques, la Cour et Malines (où réside Van Roy) ne pesaient pas de tout leur poids sur ses épaules pour le clouer à son inconfortable siège ministériel. Si le mouvement se développait sans entraves, on pourrait prévoir que, ce prochain mercredi, la Chambre serait convoquée d’ urgence pour s’ entendre dire sans doute que le gouvernement abandonne son projet de loi de malheur, et s’ en va.’’

    Ainsi pour les dirigeants du Parti Communiste stalinien, cette grève met en cause le régime lui-même, mais ce n’est pas pour eux le régime qu’il faut abattre, mais plutôt la seule personne du premier ministre G. Eyskens. Pour les dirigeants du PC, il ne s’agit pas de se battre comme les grévistes contre les banques, les monopoles, la Cour ou le Cardinal qui interviennent pour entraver le mouvement de grève. D’ ailleurs, pour la direction du PC, les grèves doivent se dérouler dans ‘‘l’ordre, le calme et la discipline’’ – comme le préconise la bureaucratie de la FGTB. Arrêter les frais : après une semaine de grève générale, c’est le désir de toute la droite du pays ; mais aussi et surtout des directions réformistes du PSB et de la FGTB qui, depuis le début, se posent la question : où cette grève générale va-t-elle nous conduire, qu’allons-nous encore bien pouvoir faire pour empêcher qu’elle ne débouche sur un affrontement révolutionnaire, alors que nous n’avons déjà pas réussi à empêcher le déclenchement de celle-ci ?

    Le journal La Gauche, organe de la tendance de gauche du PSB, titre le 24 décembre: ‘‘Tous dans la grève, jusqu’au retrait pur et simple du projet capitaliste de la loi unique’’ Jusque-là rien à redire. C’est un objectif correct, voulu par l’écrasante majorité des grévistes, mais il est limité. La Gauche le comprend très bien, et c’ est pourquoi elle poursuit en ajoutant ‘‘A sa place, les travailleurs imposeront des solutions socialistes.’’

    Mais là où cela se complique, c’est quand il fait référence au programme des ‘‘réformes de structures’’, qui n’est d’ ailleurs autre que le programme officiel du PSB et de la FGTB. Les ‘‘réformes de structures’’ sont certes des mesures de fond (comme le service national de soins de santé, la nationalisation de l’énergie, la planification de l’économie), mais la réalisation de ces mesures ne ferait qu’aligner le capitalisme belge sur certains autres capitalismes voisins plus évolués que lui et qui ont déjà réalisé une partie ou l’ensemble de ces réformes, tout en étant toujours sous le joug du régime capitaliste d’ exploitation effrénée. Par exemple, le service national de santé existe en Angleterre.

    Les capitalistes anglais ont cédé cette réforme en vue d’apaiser, avec la complicité des dirigeants travaillistes, les objectifs socialistes révolutionnaires du prolétariat britannique. De même, les capitalistes français, craignant de tout perdre, avaient dû accepter la nationalisation de l’énergie en 1945 pour contenir, avec l’aide des staliniens et des réformistes, la montée révolutionnaire des masses afin qu’elle reste dans le cadre de l’ordre bourgeois.

    En fait, ces revendications ne peuvent être considérées comme « socialistes » que dans la mesure où les travailleurs imposent par leur action le contrôle ouvrier sur les nationalisations, contrôle réalisé par les travailleurs eux-mêmes, par le biais de comités élus et sous contrôle de la base ouvrière.

    Ce n’est pas par hasard que dans le programme de La Gauche, aucune référence ne soit faite au contrôle ouvrier, qui se place au-delà de ce que la bourgeoisie peut accepter sous la pression de la grève générale tout en préservant son système de profit. Le programme de La Gauche se situe non pas dans la perspective révolutionnaire, mais bien dans le cadre d’ une politique réformiste de pression exercée sur la classe dominante qui ne va donc pas au-delà de ce que la bourgeoisie peut accepter, comme ce fut le cas en Angleterre et en France notamment.

    En évitant de mettre le contrôle ouvrier comme condition indispensable à la nationalisation de l’énergie ainsi que l’expropriation sans rachat ni indemnité, les dirigeants de La Gauche se refusent à poser le problème du renversement de l’ E tat bourgeois. De ce fait, ils vident le mot d’ordre de la nationalisation de tout son contenu révolutionnaire, et transforment une revendication transitoire en un mot d’ordre réformiste.

    Il suffisait de parcourir la Belgique durant la grève générale pour constater à quel point les travailleurs étaient conscients du « complot » des banques, de la S.G.B. (l’ancienne Société Générale) contre leur niveau de vie. Il n’était pas trop tôt non plus, loin de là, pour lancer aussi le mot d’ordre transitoire de l’expropriation des banques privées. Une telle agitation aurait très exactement répondu à la portée révolutionnaire de la grève générale, mais La Gauche y a substitué des mots d’ordre lamentables par leur timidité, en se plaçant derrière les appareils réformistes. L’étude approfondie de la collection de La Gauche durant cette période est riche en enseignements sur la politique défendue par la tendance Mandel, dirigeant de La Gauche. Nous y voyons s’affirmer le caractère profondément capitulard, réformistes et liquidationniste, totalement étranger au marxisme, qui explique les positions prises durant cette grève générale par les représentants de La Gauche de Mandel.

  • C’était il y a tout juste 50 ans: le 22 décembre 1960

    Le gouvernement et les milieux patronaux sont inquiets de la tournure que prend le conflit, sa rapidité et son ampleur rappellent de mauvais souvenirs, la grève générale insurrectionnelle de 1950 n’étant pas très loin dans les esprits. Les industriels demandent au gouvernement de ‘‘prendre d’urgence les mesures pour maintenir l’ordre dans le pays.’’ Très clairement, le développement foudroyant de la grève générale a surpris le gouvernement et la bourgeoisie, qui ne s’attendaient pas du tout à devoir faire face à un mouvement général d’une telle ampleur.

    Cet article, ainsi que les prochains rapports quotidiens sur la ”Grève du Siècle”, sont basés sur le livre de Gustave Dache ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61”

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    – Rubrique "60-61" de ce site

    19 décembre 1960

    20 décembre 1960

    – 21 décembre 1960

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    Ce gouvernement réactionnaire rempli de haine envers les grévistes déclare que : ‘‘La plupart des arrêts de travail constatés depuis mardi paraît révéler une agitation sociale désordonnée, déclenchée par des meneurs en marge de leurs organisations syndicales et au mépris de toutes les règles librement fixées par les employeurs et les travailleurs.’’

    La décision de partir en grève prise par la CGSP a provoqué les conditions favorables à l’extension de la grève au secteur du privé, mais elle devait encore être déclenchée par une avant-garde qu’on peut qualifier de petite minorité de syndicalistes en marge de leurs directions syndicales, car ces dernières restaient au balcon. Tous les journaux de la droite réactionnaire ont dénoncé le mouvement de grève comme étant l’œuvre d’une minorité d’agitateurs. Mais il est certain que les militants minoritaires au départ collaient à la volonté d’action de la base ouvrière. Sans profond malaise social, sans grande inquiétude parmi les travailleurs qui craignent une régression sociale certaine, il n’est pas possible à une minorité de déclencher un mouvement général d’une telle ampleur.

    Le gouvernement, pris au dépourvu dans les premiers jours par l’ampleur de la grève générale, tarde à réagir et pendant ce temps, la grève s’étend partout, les débrayages spontanés surgissent dans tout le pays. Les métallurgistes, les verriers, les mineurs, les cheminots, les dockers, etc. sont tous en grève, toute la Wallonie est paralysée. En Flandre, le développement de la grève est plus lent et plus dur, mais il est bien réel également, des secteurs entiers de Flandre sont en grève. Encore une fois, les travailleurs flamands démontrent qu’ils sont bien comme les travailleurs wallons dans la lutte, malgré toutes les difficultés qu’ils doivent supporter, les menaces, les vexations ainsi que la chape de plomb du clergé ancestrale et réactionnaire qui pèse sur la Flandre. Cela n’empêche pas les affiliés CSC d’être également en grève, au coude à coude avec les affiliés FGT B. Ils sont peut-être verts dans leur tête, mais rouges dans leur cœur.

    Le PSB veut surtout voulu porter toutes ses forces sur la voie parlementaire, en sachant pourtant pertinemment bien que cette voie ne pouvait pas éviter le vote de la Loi Unique, le rapport de force au Parlement était nettement défavorable aux travailleurs.

    A la suite d’un débat tumultueux qui dure depuis deux jours, le président de la Chambre M. Kronacker annonce qu’il suspend la discussion et met les Chambres en vacances jusqu’ au 3 janvier 1961. La bourgeoisie, en mettant le Parlement en congé, reconnaît dans les faits que ce n’est plus là qu’il lui faut se défendre, mais dans la rue. C’est là que les grévistes ont spontanément placé le débat, c’est là, dans la rue, que se déroule la lutte pour le pouvoir. Le gouvernement a compris qu’il ne sert à rien de discuter au Parlement pendant que tout le pays est paralysé par la grève générale. Cependant, il hésite encore entre un compromis ou la répression ouverte.

    Pendant que les dirigeants nationaux de la FGTB, membres du Parlement pour le PSB, se plaignent en palabres interminables de leur absence aux négociations avec le gouvernement, qui n’entretient de contacts qu’avec la seule CSC, dans tout le pays, la grève générale prend chaque jour de plus en plus d’ampleur. Dans la région de Charleroi, comme dans les autres régions, la grève s’est étendue comme une traînée de poudre.

    Ainsi, ce 22 au matin, une grande partie des 8.000 travailleurs des ACEC se rendent en cortège dans le centre ville de Charleroi pour empêcher les magasins d’ouvrir leurs portes en dehors des heures prévues. C’est en fait un imposant piquet de grève qui se répand dans les rues principales de Charleroi et qui va ensuite contrôler toute la circulation. Les points névralgiques de la circulation sont contrôlés par des grévistes motorisés. Il y a des heurts entre les piquets et les gendarmes pour se rendre maître de la rue. Finalement, les grévistes parviennent à paralyser complètement la circulation, les trams et les trains sont à l’arrêt.

    Plus aucun train n’arrive ni ne quitte Liège-Guillemins ou Charleroi. A Verviers, la grève est là aussi totale. A Anvers, des arrestations ont été opérées parmi les piquets de grève, on apprend qu’un ancien député communiste a subi le même sort. A Gand, la grève générale continue de s’étendre malgré qu’aucun mot d’ordre n’ait été donné. La grève atteint surtout la régie électrique, ce qui prive les entreprises d’électricité, mettant au chômage technique plus de 35.000 travailleurs. A Bruxelles, des renforts de police et de gendarmerie prennent position avec matériel dans « la zone neutre », le Parlement et le Palais Royal.

    C’est que la bourgeoisie connaît parfaitement l’objectif de la grève générale, les dirigeants du mouvement ouvrier aussi. Mais ces derniers se refusent à tout prix à engager la bataille pour le pouvoir. Tous ceux que les évènements ont contraint à se placer à la tête de la grève générale vont dans les faits tout mettre en œuvre pour la combattre de toutes leurs forces.

  • C’était il y a tout juste 50 ans: le 21 décembre 1960

    Le 21 décembre, les journaux soulignent la puissante extension de la grève générale dans tout le pays. Les directions ouvrières, incapable de faire barrage plus longtemps, décident de reprendre la direction du mouvement en marche avant que celui-ci ne leur échappe définitivement.

    Cet article, ainsi que les prochains rapports quotidiens sur la ”Grève du Siècle”, sont basés sur le livre de Gustave Dache ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61”

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    – Rubrique "60-61" de ce site

    19 décembre 1960

    20 décembre 1960

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    Dans la matinée, les enseignants – qui s’ étaient déjà lancés dans la grève la veille – augmentent massivement leur participation, ils manifestent dans la même effervescence. Dès midi, les grévistes des différentes entreprises se rassemblent et décident de manifester dans le centre des villes, les travailleurs FGTB et CSC sont ensemble, au coude à coude dans la rue.

    Dans les petites usines, là où le travail n’ est pas encore complètement arrêté, des équipes de grévistes se répandent partout pour convaincre les autres entreprises de débrayer à leur tour. Au soir de cette seconde journée de grève, il est clair que le mouvement s’est partout étendu avec une rapidité extraordinaire, dans tous les bassins industriels de Wallonie et dans les grandes cités ouvrières flamandes. De nombreux piquets de grève motorisés sillonnent les régions du pays ; ce sont ceux-ci qui sont le moteur de la grève générale. Celle-ci est présente et s’organise partout.

    Dès midi, les directions syndicales FGTB de différentes régionales décident de se mettre à la tête du mouvement. Dans certaines régionales, les comités de grève qui avaient été constitués et élus par les ouvriers eux-mêmes en assemblée générale sont dissous par les bureaucrates syndicaux. Ceux-ci préconisent que, pour que le mouvement de grève soit efficace, ce doit être au syndicat de s’occuper de tout.

    C’est ainsi que la régionale FGTB de Liège décide : «l’ élargissement au maximum du mouvement de grève engagé par la classe ouvrière liégeoise, propose de donner le mot d’ ordre de grève générale à outrance ; (la régionale) rappelle aux travailleurs qu’ils doivent suivre les seuls mots d’ ordre de l’ organisation syndicale. Les seuls comités responsables sont ceux qui ont été librement choisis au sein de l’ organisation par les affiliés. La régionale FGTB de Liège, fidèle a ses principes d’ indépendance syndicale, rejette toute intrusion politique ou autre dans la conduite du conflit.»

    Partout, le climat se dégrade entre les grévistes et les dirigeants du PSB et de la FGTB. A Charleroi les dirigeants socialistes qui se rendaient à une réunion au Palais du Peuple sont hués par les grévistes. Toujours ce 21 décembre, Louis Major, qui était Secrétaire Général de la FGTB déclare que «La FGTB n’ est pas pour la grève générale. Elle n’ a donné aucun mot d’ ordre en ce sens.»

    En de nombreux endroits ce jour là, on signale que les travailleurs chrétiens participent activement au mouvement. C’ est le signe de l’ ampleur extraordinaire de la grève, qu’elle emporte aussi les travailleurs chrétiens, malgré l’ hostilité des dirigeants de la CSC qui publient un communiqué affirmant: «que les grèves actuelles sont inutiles et prématurées pour obtenir les satisfactions que les travailleurs attendaient. Elle invite ses membres à ne pas participer à des grèves qui, visiblement, ont un caractère politique.» Mais les travailleurs de la base ne l’entendent pas de cette oreille…

    C’est ainsi que la centrale chrétienne des services publics d’ Anvers a dû se résoudre, après plusieurs refus, à finalement convoquer une assemblée générale. Lors de celle-ci, les débats entre la base et le sommet de la CSC sont tumultueux et violents. Finalement, les travailleurs flamands de la CSC finissent par l’emporter. Cette décision de rejoindre les travailleurs de la FGTB dans la lutte sera fatale au port d’ Anvers, où 100 navires seront bloqués au port. Les dockers y constituent spontanément un comité d’ action, comme dans la partie wallonne du pays. Ils parcourent également les grands centres et incitent les autres entreprises à débrayer immédiatement, contre la volonté des appareils syndicaux de la FGTB et de la CSC.

    Le port de Bruxelles est lui aussi immobilisé par les débrayages spontanés. Tout comme les dockers d’ Anvers, les travailleurs bruxellois sont conscients que les ports sont des endroits stratégiques dans la lutte des classes.

    Tous ensemble, les grévistes de la FGTB, de la CSC et les non syndiqués s’ organisent dans les piquets de grève devant les entreprises, mais aussi sur la voie publique où ils installent en permanence des barrages et contrôlent la circulation, vérifient les laissez-passer.

  • C’était il y a tout juste 50 ans… 20 décembre 1960: Spontanéité et débordement des appareils

    Le mot d’ordre de grève n’avait été lancé que par la Centrale Générale des Services Publics de la FGTB mais, ce matin du 20 décembre 1960, la colère ouvrière brise toutes les digues installées par toute la bureaucratie pour empêcher l’éclatement de la grève générale dans le secteur privé. Elle rassemble aussi, bien au-delà des seuls membres de la FGTB.

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    Rubrique "60-61" de ce site

    19 décembre 1960, la veille d’un grand combat
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    Le 20 décembre, c’est la date que le gouvernement avait choisi pour commencer la discussion sur la Loi Unique au Parlement: en pleine période des préparatifs pour les fêtes de fin d’année, un moment plus difficile pour la mobilisation ouvrière. La direction du PSB et de la FGTB comptait également sur cette période pour éviter de prendre l’ initiative de déclencher la bataille.

    Les ACEC et les verreries de Charleroi, Cokerill à Liège et les dockers anversois sont les premiers à cesser le travail spontanément, sans attendre de mots d’ ordre. Cette avant-garde se dirige ensuite vers les autres entreprises afin de généraliser le mouvement de grève à l’ensemble de la classe ouvrière du pays, rejoignant ainsi la CGSP et indépendamment de la hiérarchie de la FGTB qui n’ avait jusque là pris aucune décision d’ action. La direction de la CSC nationale s’ était, quant à elle, prononcée contre toute grève.

    La grande presse dévoile que le PSB n’ a plus ses troupes en main, qu’il y a divorce entre les sommets et la base. On n’insistera jamais trop sur le caractère spontané du démarrage de la grève générale, sur les initiatives des ouvriers à la base, qui ont pris eux-mêmes à bras le corps la décision d’étendre le mouvement de grève à toutes les entreprises. Ce sont les travailleurs eux-mêmes qui ont pris cette décision spontanément, sans attendre les consignes des appareils bureaucratiques.

    Quand on tire les enseignements des grands combats que la classe ouvrière belge a mené dans le passé, on s’ aperçoit très vite qu’il y avait dans cette grève des indices qui ne trompaient pas. La volonté, la spontanéité dans l’ action, la virulence, l’ initiative collective,… sont autant de signes de luttes, montrant que la spontanéité révolutionnaire du prolétariat était capable de bousculer et de renverser l’ ordre établi ; la lutte posait de fait la question du pouvoir…

    Si, avant le 20 décembre 1960, il y avait du côté des travailleurs wallons une certaine effervescence contre la Loi Unique, les travailleurs flamands n’étaient pas restés sans réaction. Le 8 octobre déjà, une première manifestation contre la Loi Unique s’ était déroulée à Anvers, en front commun, et les représentants chrétiens, socialistes et libéraux y avaient violemment attaqué le projet du gouvernement Eyskens et avaient décidé de poursuivre la lutte par une action de grève pour le 17 octobre 60. A la veille du mariage du Roi, le 13 décembre 60, les travailleurs gantois avaient spontanément arrêté le travail pendant deux heures en guise de protestation contre la Loi Unique.

    Dès le premier jour de la grève, le 20 décembre, la Flandre n’ est pas en reste pour se lancer dans la lutte. A Anvers et à Gand, les débrayages spontanés se multiplient et s’étendent également à plusieurs secteurs malgré l’opposition farouche des organisations syndicales et politique, et plus particulièrement de la FGTB où la pression pour l’ action est la plus forte.

    Le secrétaire général de la FGTB et député socialiste d’ Anvers, Louis Major, déclarera à la Chambre le 21 décembre 1960 que : «Nous avons essayé, Monsieur le premier ministre, par tous les moyens, même avec l’ aide des patrons, de limiter la grève à un secteur professionnel.» (Citation reprise dans les Annales parlementaires, Chambre des Représentants, 21 décembre 1960, p.20) Louis Major est resté fidèle à cette position durant toute la grève générale de 60-61.

    Toute la presse du 21 décembre relatera que les états-majors ont été dépassés par leurs troupes le 20 décembre. Le journal « La Cité » écrit ainsi : «on signale qu’en plusieurs endroits, les dirigeants de la FGTB eux-mêmes auraient été pris de court (…) Il semble bien qu’en certains endroits du moins, le contrôle du mouvement échappe à la direction de la FGTB.» Effectivement, la FGTB est débordée par les débrayages spontanés et l’ action des travailleurs, qui se déploient dans la rue. Certains militants ouvriers de base commençaient petit à petit à s’ organiser pour pallier au manque de direction de la grève. Un peu partout, dans plusieurs régions du pays, des contacts ont lieu, de même que des réunions, des discussions, des concentrations et des distributions de tracts.

    Débordée, la FGTB est obligée de suivre le mouvement. La direction nationale se décharge de sa responsabilité, et c’est aux régionales de prendre une décision. A Charleroi par exemple, ce n’ est que trente heures après que la grève ait éclaté spontanément, après qu’elle ait été générale dans toute la région et dans le pays, que la FGTB a été contrainte d’ annoncer le mot d’ ordre de grève générale pour la régionale.

    On a beaucoup épilogué sur la grande combativité des ouvriers wallons certes, mais en négligeant parfois de mettre sur un pied d’égalité la combativité des ouvriers flamands, qui devaient faire face à de plus grandes difficultés. C’est d’ ailleurs en Flandre qu’a lieu l’occupation de la régie de l’électricité, pendant dix jours, du 20 au 30 décembre. Ce n’ est pas un acte banal, mais une action très significative de la volonté et de la combativité qui existaient aussi parmi la masse des travailleurs de Flandre. C’est la seule entreprise en Belgique qui fut occupée par les grévistes pendant la grève générale de 60/61.

    L’ occupation d’ une entreprise, quoique encore relativement pacifique comme ce fut le cas, a une énorme importance symptomatique. Par cette action les ouvriers disent : « Nous sommes les maîtres dans l’ entreprise ». En cette journée du 20 décembre, la combativité était grande, tant chez les travailleurs flamands que bruxellois et wallons.

  • C’était il y a tout juste 50 ans… Lundi 19 décembre 1960, la veille d’un grand combat

    Il y a 50 ans débutait la grand grève générale contre la Loi Unique. Les services publics étant particulièrement touchés, la Centrale Générale des Services Publics de la FGTB avait appelé au déclenchement d’une grève générale illimitée pour le matin du 20 décembre. La veille déjà, il était déjà clair que cet appel allait aller beaucoup plus loin…

    Cet article, ainsi que les prochains rapports quotidiens sur la ”Grève du Siècle”, sont basés sur le livre de Gustave Dache ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61”

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    – Rubrique "60-61" de ce site
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    Au mois d’octobre une campagne de sensibilisation avait été lancée par le PSB, «l’ opération Vérité», qui dénonçait la Loi Unique. Partout dans le pays s’étaient tenues des réunions à l’ assistance nombreuse. Début décembre, à l’initiative des militants de la FGT B, des assemblées avaient voté partout, mais surtout en Wallonie, des résolutions contre la Loi Unique et pour des actions de grève immédiates. La date du 15 décembre était souvent citée, jour du mariage royal. La pression de la base pour des actions était déjà très forte, tellement que la FGT B wallonne a décidé d’une journée d’ action le 14 décembre. Le journal Le Peuple du 15/12/1960 expliquait: ”Ils étaient 5.000 Borains massés à Mons ; 10.000 travailleurs dans les rues de la Louvière, 35.000 à 40.000 travailleurs les bras croisés au Pays Noir, 96 % des travailleurs du Namurois ont débrayé, le Brabant wallon à bougé, 60.000 travailleurs Place St-Lambert à Liège. Partout les dirigeants de la FGTB tiennent le même discours: retrait pur et simple de la Loi Unique”.

    Dès le 19 décembre 1960, plusieurs résolutions d’ assemblées générales des travailleurs réclament de passer à l’ action. Par exemple, certains travailleurs de Cockerill-Ougrée, à Liège, décident d’une déclaration en assemblée générale qui disait notamment: ”La direction de la FGTB, après nous avoir alerté à différentes reprises pour faire échec à la loi de malheur et nous avoir fait remarquer la nécessité de recourir à la grève générale, veut maintenant éviter de prendre ses responsabilités ;( l’ Assemblée Générale) estime que même les motions présentées au Comité Exécutif de la FGTB fixaient la date de la lutte beaucoup trop tard considère que si les travailleurs vont à un échec, la responsabilité en incombera entièrement à certains dirigeants de la FGTB.”

    Avec cette résolution, les travailleurs voulaient exprimer leur désaccord avec la direction de la FGTB, non seulement avec l’ aile droite de la FGTB (Major) mais aussi avec l’aile gauche (Renard). Ce dernier avait présenté une motion de lutte fixant la date beaucoup trop tard, le 15 janvier, soit après le vote de la loi! En Flandre aussi, des évènements similaires se produisent. Ainsi, à Anvers, les dockers ont violemment affronté les dirigeants syndicaux de la FGTB hostiles à la grève.

    Ce 19 décembre encore, le Comité National de la CSC ”Fait appel à tous les membres de la CSC pour qu’ils ne suivent que les mots d’ ordre de la CSC”. (La Cité du 20/12/1960) Mais le 20, des milliers de syndiqués chrétiens wallons comme flamands participeront aux débrayages contre la volonté de leurs dirigeants.

    L’ ensemble des ouvriers et employés des ACEC de Charleroi se réunissent eux aussi en assemblée générale. Sous l’ impulsion de la section d’entreprise du Parti Communiste, le personnel décide de partir en grève au finish le lendemain et de rejoindre la CGS P. Cette décision est prise en front commun syndical, contre l’ avis de la FGTB et de la CSC.

  • Colloque “Grande Grève” à l’Université de Liège

    Durant trois jours, l’ULG a accueilli un colloque consacré à la grève générale de l’hiver 60-61. Il a été clôturé hier par une table ronde qui a réuni des témoins de l’époque, et notamment Gustave Dache qui, une fois encore, a fait sensation. Sur la quarantaine de participants, une quinzaine sont d’ailleurs repartis avec un exemplaire de son livre "La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960-61".

    Il a notamment beaucoup été question du fédéralisme et d’André Renard. Gustave Dache a expliqué que, durant la grève, le mouvement s’est retrouvé devant un choix : la confrontation directe avec le régime capitaliste ou la retraite. Mais pour cette dernière option, il fallait un prétexte capable de sauver la face à une partie au moins de l’appareil syndical. C’est dans ce cadre qu’il faut considérer l’appel au fédéralisme lancé par André Renard, un appel qui fut fatal à la grève générale.

    Quand, le 31 décembre 1960, le Comité de coordination des régionales wallonnes de la FGTB a publié un communiqué déclarant que la grève était essentiellement localisée en Wallonie, il s’agissait d’un mensonge. Alors que, partout, les travailleurs réclamaient des actions plus dures, le Comité a répondu en semblant prétendre que seule la Wallonie luttait.

    Le 3 janvier, André Renard a déclaré "Le peuple Wallon est mûr pour la bataille. Nous ne voulons plus que les cléricaux flamands nous imposent la loi. Le corps électoral socialiste représente 60 % des électeurs en Wallonie. Si demain le fédéralisme était instauré, nous pourrions avoir un gouvernement du peuple et pour le peuple." (Le Soir du 4 janvier 1961) Le 5 janvier paraissait le premier numéro de l’hebdomadaire dirigé par André Renard, Combat. Son slogan de première page était :"La Wallonie en a assez."

    Peu à peu, et sans consultation de la base, c’est ce mot d’ordre, une rupture de l’unité de front entre les travailleurs du pays, qui a été diffusé par l’appareil syndical. A ce moment, des dizaines de milliers de travailleurs flamands étaient encore en grève à Gand et Anvers, mais aussi dans des villes plus petites comme Bruges, Courtrai, Alost, Furnes,… Finalement, faute de mots d’ordre et de perspective, le mouvement s’est essoufflé. La grève s’est terminée le 23 janvier 1961.

    Si ce sujet vous intéresse, nous vous conseillons bien entendu de commander le livre de Gustave, mais aussi de venir participer aux meetings et présentations de ce livre dans votre région (Plus d’informations)

    De gauche à droite: Jean Louvet (militant wallon et dramaturge (Le train du bon Dieu, 1962 ; L’An I, 1963, etc.), fondateur, suite à la Grève, du Théâtre prolétarien de La Louvière), Jacques Hoyaux (militant wallon, ancien ministre, sénateur honoraire et président d’honneur de l’Institut Jules Destrée), Gustave Dache (à l’époque ouvrier de la base, membre de la FGT B et président des Jeunes gardes socialistes de la Fédération de Charleroi, membre du Bureau national des Jeunes gardes socialistes, ainsi que militant de la IVe Internationale), Philippe Walkowiak (animateur du débat, RTBF), Georges Dobbeleer (à l’époque membre des Jeunes gardes socialistes et militant de la IVe Internationale), Valmy Féaux (à l’époque militant socialiste et assistant à l’Institut de sociologie de l’ULB. Ancien ministre et gouverneur de la Province du Brabant wallon). Louis Van Geyt, ancien président du PCB-KPB, n’a pas pu venir et avait envoyé un texte qui a été lu durant le débat.

  • Conférence à l’ULB: Hier et aujourd’hui, luttons pour nos droits !

    Ce mardi soir, à l’Université Libre de Bruxelles, une soixantaine de personnes sont venues assister à une conférence destinée à commémorer le 50e anniversaire de la grève générale de l’hiver 1960-61. Le film ‘‘Combattre pour nos droits’’ de Frans Buyens y a également été projeté.

    Par EGA-ULB

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    TÉMOIGNAGE D’UN OUVRIER DU RANG

    “La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960-61”

    A l’occasion des commémorations du 50e anniversaire de la grève générale de 60-61, le PSL a décidé de publier ce livre, dans lequel l’auteur s’est efforcé de tirer les leçons du conflit dans la perspective de préparer les générations actuelles de jeunes et de travailleurs aux luttes de masse à venir. Ce dossier est intégralement basé sur ces quelques 350 passionnantes pages d’expériences et d’enseignements, richement documentées. N’hésitez pas et passez commande à la rédaction de socialisme.be.

    ==> Rubrique "60-61" de ce site

    ‘‘La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960-61’’, par Gustave Dache, éditions marxisme.be, 354 pages, 15 euros Passez commande au 02/345.61.81 ou par mail à redaction@socialisme.be.

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    Après la projection du film, différents orateurs ont pris la parole avant le débat. Gustave Dache, militant ouvrier de l’époque et auteur d’un livre sur ces évènements, a bien entendu parlé de la grève générale de 60-61 et de l’expérience de lutte qu’il y avait acquise, mais a surtout tenu à préciser qu’aujourd’hui, les travailleurs peuvent encore se révolter. Gustave fut très applaudi et de nombreux participants sont venus par la suite le féliciter.

    Après lui, Corine Gobin (membre du département de science politique de l’ULB) et Guy Van Sinoy (délégué CGSP Finances) ont aussi abordé la nécessité de lutter aujourd’hui et, dans le cas de Guy Van Sinoy, du manque actuel d’un outil politique pour les travailleurs.

    Au cours du débat, les questions et interventions ont porté sur ce qu’était le réformisme à l’époque, sur les mobilisations d’aujourd’hui,… Les Etudiants de Gauche Actifs ont approfondi la question de la nécessaire construction d’un relais politique pour les travailleurs mais ont aussi défendu la nécessité d’un parti révolutionnaire capable d’offrir une orientation politique vers le renversement du capitalisme et la construction d’une société socialiste démocratique.

    Ce débat a été organisé par Attac-ULB, les Etudiants FGTB de l’ULB, EGA-ULB, les JAC, Ecolo-ULB, les ES, Amnesty-ULB, le Librex et le BESPO.


    Tournée de meetings de Gustave Dache

    Gustave Dache va se rendre à Louvain, Gand, Bruxelles, Anvers, Liège,… pour y présenter son livre et discuter de l’actualité des leçons de cette lutte extraordinaire. N’hésitez pas et venez vous aussi discuter de la grève générale de l’hiver 60-61, pour mieux se préparer pour les luttes à venir! Plus d’informations.


  • Visite au piquet de Brink’s à Machelen

    Dans notre dernier article paru sur socialisme.be, nous revenions sur la tentative de la direction de déclarer l’entreprise en faillite. Depuis, le tribunal a rejeté cette tentative en déclarant la faillite comme frauduleuse. Ce mercredi, au piquet de Machelen, les travailleurs étaient en attente des résultats de l’étude des comptes de la société.

    Par Nico M (Bruxelles)

    La volonté des travailleurs est de reprendre le travail avec leurs conditions, c’est-à-dire sous leurs statuts actuels. Le problème est qu’aujourd’hui les portes des dépôts sont fermées car la direction clame qu’elle ne peut plus payer les salaires (la fameuse histoire de la faillite frauduleuse). Nous assistons donc à une situation de lock-out de la part de la direction qui elle-même bloque l’accès à l’outil de travail. Devant les portes du dépôt à Machelen, on attend les résultats de l’étude des comptes mais aussi des discussions avec les clients de Brink’s (notamment BNP Paribas-Fortis) pour savoir si la « confiance » est toujours présente pour poursuivre les contrats. C’est une manière de rajouter de la pression sur les travailleurs pour les pousser finalement à accepter les attaques sur leurs statuts comme gage de « confiance » pour poursuivre les contrats avec Brink’s.

    Au piquet il y a également peu d’espoir sur le rôle que peux jouer l’Etat dans ce dossier. « L’Etat n’a pas les mêmes attentes que nous, c’est un peu le verre à moitié plein ou le verre à moitié vide. Nous, nous voulons sauvegarder nos conditions de travail et l’ensemble des emplois, l’Etat lui est déjà content s’il peut sauvegarder l’activité économique et une partie des effectifs, la question des statuts ne rentre pas dans leurs comptes » nous confie-t-on au piquet. On l’a vu dans d’autres conflits, que ce soit à FIAT ou GODIVA, l’Etat ne remet jamais en cause les licenciements et utilise les fonds publics pour finalement aider le patronat à se séparer des salariés. Par contre on a vu aussi sur la même période que les travailleurs de BAYER à Anvers puis ceux de INBEV on réussi à faire reculer le patronat par la lutte.

    Aujourd’hui, l’affaire qui se déroule à Brink’s ne concerne pas seulement les dépôts de Brink’s mais bien l’ensemble des statuts en Belgique. Il est clair que le désir d’un statut unique et de conditions de licenciements revues à la baisse est dans la ligne de mire du patronat est des actionnaires.

    Au piquet, les travailleurs parlent d’un test à Brink’s, qui est est appelé à se généraliser dans d’autres secteurs. Les travailleurs et leurs syndicats doivent dès aujourd’hui, par des actions de solidarité avec les travailleurs de Brink’s, illustrer leur détermination à ne pas laisser détruire leurs statuts et leur conditions de travail.

    La manifestation de solidarité jeudi 17 novembre doit être le point de départ pour un plan d’action discuté démocratiquement dans les structures des syndicats en vue de défendre nos statuts. Ne laissons pas les travailleurs de Brink’s lutter isolément dans leur coin surtout lorsque l’enjeu touche directement l’ensemble des travailleurs via les revendications patronales sur les statuts.

    Une lutte unifiée et solidaire plus large est la seule manière de faire reculer le patronat et ses attaques. Nous ne devons pas leur laisser le temps de nous isoler en faisant durer les choses, prenons l’initiative d’accélérer leur défaite en utilisant notre force collective. Les travailleurs à Brink’s savent le trésor de guerre derrière les coffres. Ce capital qui ne circule pas est un problème pour l’économie, aussi bien pour le patronat que pour l’Etat. Ne leur laissons pas le temps d’épuiser les travailleurs de Brink’s dans d’interminables négociations.

    Plus largement, la question de laisser le secteur financier aux mains du privé se pose aujourd’hui. On a vu avec la crise financière les fruits de cette spéculation. Aujourd’hui, à travers toute l’Europe, les gouvernements sont occupés à nous faire payer les plans de sauvetage des banques à coup de grands plans d’austérité contre nos services publics. Le PSL met en avant la nécessité de nationaliser le secteur financier afin d’utiliser ces richesses pour garantir l’emploi, les conditions de travail et les services publics. Cette idée est aussi présente au piquet pour le secteur des convoyeurs : nationaliser pour remettre au centre sécurité des travailleurs et service à la population et pas la soif de profit.

    Solidarité avec les travailleurs de Brink’s !

  • Brink’s: La grève continue

    Depuis 27 octobre, les employés de BRINK’S sont en grève. Dès le début, le conflit est caractérisé par une arrogance énorme de la part de la direction. Ce vendredi, la direction de Brink’s a officiellement fait aveu de faillite : 430 employés, qui pendant plusieurs années ont risqué leur vie pour la société, perdent leur emploi.

    PSL-Hainaut

    Brink’s est le dirigeant mondial dans le marché des convoyeurs de fonds. La société, qui a sa base aux États-Unis, compte 60.000 employés dans plus de 100 pays, dont 430 travailleurs en Belgique. Fin octobre Brink’s a annoncé la fermeture de son site à Strépy (le seul site en Wallonie), qui compte une soixantaine de travailleurs, la vente des activités (hautement rentable) de Brink’s Diamond & Jewelry Service à une autre société du groupe, et a exigé le passage du statut d’employé au statut d’ouvrier.

    Les employés ont refusé clairement ces manœuvres. Surtout que le passage au statut d’ouvrier était uniquement une préparation pour pouvoir les licencier à bon marché. Dans le secteur, un ouvrier avec 20 ans d’ancienneté a droit à une indemnité de 16 semaines, pour un employé, c’est 18 mois. Donc une sérieuse économie pour la direction. Cette mesure formerait en outre un précédent, et aurait des conséquences pour tous les employés dans d’autres secteurs.

    La direction avait très bien préparé son plan. Il y a environ un an, trois employés ont été licenciés sur chaque site : « Notre collègue rentrait à l’entreprise à la fin de son itinéraire, et on lui refusait l’accès. Dans le couloir il a dû donner son arme et ses affaires de travail. Il a été licencié sur place. » La direction l’a fait uniquement pour tester les réactions. Peu après, les délégués sur place se sont vus offrir une double indemnité, pour partir. De cette façon, Brink’s pensait pouvoir faire passer sa restructuration sans résistance. Mais elle s’est clairement trompée. Au lieu d’être face à des travailleurs divisés et à une représentation syndicale décapitée, comme elle l’espérait, elle se trouve confronté à un bloc uni et combatif des employés. Aujourd’hui, les employés de Brink’s ont mené une lutte exemplaire, en front commun syndical. Ils ont refusé de rendre leurs armes et l’argent dans les coffres-forts. Ils ont refusé de changer de statut, parce que ce aurait été une défaite pour tous les travailleurs belges avec un statut d’employé. Ils ont toujours compris la stratégie de la direction, et ils ont décidé de continuer le piquet de grève, même après que la faillite a été officiellement déclarée.

    La direction pointe maintenant les travailleurs du doigt comme cause de la faillite. Elle met en avant qu’elle n’a jamais été confrontée à une telle résistance de la part de ses travailleurs, depuis sa création et dans aucun autre pays. Les statuts d’employé seraient la cause des pertes de l’entreprise. C’est n’importe quoi ! L’activité hautement rentable qui s’occupe du transport des diamants entre Anvers et le Zaventem, a été vendue à une autre société du groupe, et a ainsi mis les comptes virtuellement dans le rouge. Au cours des négociations, les syndicats ont même proposé d’accepter les changements de statuts, sous condition que l’on ne touchait pas aux indemnités de licenciement. Ceci a été refusé. Il s’agissait donc uniquement d’une préparation des licenciements. Car un changement de statut signifiait de moins grandes indemnités. Le syndicat essayera maintenant de poursuivre l’entreprise pour faillite frauduleuse. Ceci signifie que le combat sera partiellement mené sur le plan juridique maintenant. Ceci peut avoir comme conséquence que les travailleurs ont l’impression que « ce n’est plus dans leurs mains maintenant », que les choses dépendent du juge, qui leur sera oui ou non bien intentionné. Si ce procès s’étale sur une longue période, la lutte pourrait s’éteindre.

    Mais les employés de Brink’s ont décidé justement de continuer le piquet de grève. « Ce n’est qu’un début », disaient-ils vendredi sur le piquet à Strépy, juste après la déclaration de la faillite. Il est important que le syndicat essaie d’élargir la lutte. Les méthodes que la direction de Brink’s utilise ne sont pas nouveaux. Une faillite mise en place par une division fictive des sections lucratives et déficitaire, nous l’avons déjà vu, notamment en Mai 2009 chez FIAT à Bruxelles. Cela avait permis à la direction de FIAT de licencier 24 travailleurs dans la partie déficitaire. Nous avons vu un mouvement de solidarité suite à ce conflit, il nous faut la même chose maintenant.

    La direction de Brink’s a visé la faillite dès le début. Elle a hébergé ses activités rentables (le transport de diamants et d’or entre Anvers et Zaventem) sous une autre filiale. Elle avait d’ailleurs déjà demandé une licence pour cette filiale dès le début du conflit. Elle a voulu se débarrasser de Brink’s Belgique, afin de reprendre ses activités rentables sous un autre nom. Le patronat est prêt à tout pour augmenter ses profits. Les employés sont jetés comme des vieux mouchoirs, pour contenter les actionnaires parasitaires. Pour certains travailleurs, ce n’est pas leur première restructuration. Un travailleur de Strépy a déjà du vivre la même chose à VW Bruxelles, maintenant Audi Bruxelles. Le patronat essaye partout de faire payer les conséquences de la crise aux travailleurs. Le jour où la faillite à Brink’s a été annoncée, nous lisons dans le journal que le groupe français La Redoute va licencier 78 employés à Dottignies, pour diminuer ses frais. Le nombre de licenciements et attaques sur les statuts, les salaires, … ne va qu’augmenter dans la prochaine période. Nous avons besoin d’un syndicat combatif qui unifie les différentes luttes.

    Nous ne devons pas attendre beaucoup soutien de la part des partis traditionnels : les politiciens comme Milquet, Di Rupo,… disent maintenant être ‘indignés’ de l’attitude de la direction de Brink’s, mais ils n’ont pas de réponse. Au contraire, tous les partis traditionnels soutiennent depuis des années une politique de réductions de charges patronales pour les grandes sociétés. Aujourd’hui, ceci coûte jusque 9 milliards d’euros par an à la caisse de notre sécurité sociale.

    Le patronat se trouve servi comme un prince, et quand les travailleurs doivent payer le prix pour des années de mauvaise gestion, il y n’a pas de réponse. Les politiciens permettent au secteur privé de se faire encore un peu plus de profits sur le dos des travailleurs, de leur sécurité, leurs salaires, leurs conditions de travail, … Les partis traditionnels ne se trouvent pas de notre côté. Nous avons besoin de notre propre parti, un parti qui défend les intérêts des travailleurs et qui s’oppose à la logique de profit. Chez Brink’s, la sécurité du personnel est en jeu chaque jour. Ce secteur ne peut pas être laissé à la faim des profits du secteur privé. Avec la nationalisation de l’ensemble du secteur financier, sous contrôle et gestion ouvrière, le secteur des convoyeurs de fonds doit être mis aux mains publiques, pour mettre centrale la sécurité des travailleurs et la service à la population, au lieu de la chasse aux profits.

    Visite le groupe facebook du piquet de grève de Strépy: Brink’s-Strépy

  • Charleroi: Inauguration d’une exposition de photographies sur la grève générale de 1960-61

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    TÉMOIGNAGE D’UN OUVRIER DU RANG

    “La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960-61”

    A l’occasion des commémorations du 50e anniversaire de la grève générale de 60-61, le PSL a décidé de publier ce livre, dans lequel l’auteur s’est efforcé de tirer les leçons du conflit dans la perspective de préparer les générations actuelles de jeunes et de travailleurs aux luttes de masse à venir.

    ==> Rubrique "60-61" de ce site

    ‘‘La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960-61’’, par Gustave Dache, éditions marxisme.be, 354 pages, 15 euros Passez commande au 02/345.61.81 ou par mail à redaction@socialisme.be.

    Meetings et présentation du livre dans votre région

    Gustave Dache va bientôt commencer une tournée de meetings afin de présenter son livre et d’aborder l’expérience de cette grève et se rendra à Bruxelles, Liège, Namur, Charleroi, Mons, Gans, Anvers,… Plus d’informations suivront bientôt sur ce site.

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    Ce samedi a été inaugurée l’exposition de photos de la grève générale de l’hiver 60-61 organisée par diverses associations (CenForSoc ASBL, la FGTB régionale de Charleroi et Sud Hainaut et le Centre de documentation de la mémoire ouvrière de Cenforsoc) à l’Université du Travail de Charleroi. L’inauguration a été l’occasion d’une conférence débat sur le rôle de cette lutte ouvrière avec les historiens Jean-Louis Delaet et Pierre Tilly ainsi que Gustave Dache à laquelle ont participé environ 80 personnes.

    Il y a notamment beaucoup été question de l’impasse des propositions fédéralistes faites par André Renard au cours de la grève ainsi que du caractère insurrectionnel et révolutionnaire de cet évènement (voir notre dossier sur cette grève générale). Après la présentation des trois orateurs, un débat a suivi avec la salle, qui a permis d’approfondir l’un ou l’autre aspect de cette lutte. Il est à noter que la nécessité de tirer les leçons de cette grève pour se préparer face aux défis actuels des travailleurs a été souligné par différents intervenants. Dans ce cadre, le livre de Gustave Dache édité par le PSL, ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960-61” a été particulièrement bien accueilli, et plus de vingt exemplaires ont été vendus.


    Cette exposition est accessible du lundi au vendredi de 9h à 16h et le samedi de 8h30 à 12h30, du 13 au 26 novembre 2010 à la bibliothèque de l’Université du Travail de Charleroi, Boulevard Roullier n°1. Une rencontre intergénérationnelle aura également lieu le 26 novembre à 14h sur le sujet des grèves et de leur message pour les jeunes.


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