Tag: Anvers

  • Protestation étudiante à Anvers

    Ce mercredi 30 mars a eu lieu une manifestation au campus de l’université d’Anvers. La centaine d’étudiants, et quelques travailleurs, voulaient protester contre la politique asociale qui consiste à démolir les kots sociaux. Ils ont manifesté pour plus d’investissements dans l’enseignement, pour la conservation des services sociaux et leur renforcement ainsi que pour trouver une alternative aux kots maintenant démolis. À la fin de la manifestation, une pétition de 2.500 signatures, dont 1.800 des d’étudiants de l’université d’Anvers, a été remise au recteur.

    Photos par Jente

  • Journée de grève réussie à Anvers

    A Anvers, la grève a été très bien suivie. La journée a commencé avec des barrages au port d’Anvers. Les piquets de grève ont connu ensuite une grande progression et les grandes entreprises étaient bloquées ou tournaient au ralenti. Plus tard, au début de l’après-midi, environ 80 magasins ont été bloqués en ville par quelques des centaines de militants syndicaux.

  • Manifeste avec EGA et Blokbuster contre le racisme!

    Le jeudi 10 mars, une centaine de membres et de sympathisants du groupe néofasciste NSV (l’organisation étudiante liée au Vlaams Belang) manifesteront à Gand. Cela va totalement à l’encontre de la tradition des étudiants et du personnel de lutter ensemble pour une université démocratique et accessible à tous, quelle que soit l’origine ou la communauté d’appartenance.

    Le droit à la liberté d’expression et d’organisation a été défendu depuis des années par la lutte pour un enseignement démocratique. Celui qui ne respectait pas cela était rejeté. Mais depuis cette année, les choses ont changé. Le groupe anti-démocratique NSV a réussi, après des années de tentatives infructueuses, à être reconnu comme cercle étudiant de l’université de Gand. Cela s’est fait sur base de faux arguments (« pour casser la prépondérance de la gauche ») et de combats juridiques. Pour les partis traditionnels, le racisme du NSV est une occasion de « diviser pour mieux régner » qui sera habilement utilisé lors du plan d’austérité à venir.

    Le NSV n’est pas un groupe d’étudiants banal, c’est un danger pour l’unité et la solidarité entre les étudiants et le personnel. Cette organisation est spécifiquement orientée pour semer la haine. Cela se voit par la violence qu’ils utilisent régulièrement à l’encontre de ceux qui n’ont pas la même couleur de peau ou les mêmes idées qu’eux.

    La reconnaissance du NSV et leur marche de la haine est une menace directe pour toutes les personnes d’une autre couleur de peau, opinion politique ou sexualité. Leur slogan « pas d’évolution, mais la révolution » ne veut absolument pas dire qu’ils sont progressistes. Il s’agit plutôt d’une contre-révolution par la casse sociale, l’élitisation de l’enseignement et la désunion. La crise politique et communautaire est utilisée pour monter les travailleurs néerlandophones contre les travailleurs francophones. Sur fond de crise et de misère sociale, il y a un large espace pour un mécontentement passif, dont la discrimination et le racisme sont l’expression. Nous ne manifestons pas uniquement contre le NSV, mais aussi pour une alternative au néolibéralisme des politiciens traditionnels. Nous voulons un emploi pour chacun, des logements de qualité, un enseignement gratuit et de qualité et un véritable accueil des sans-papiers.

    • Pas de marche de la haine à Gand, No Pasaran!
    • Non à la reconnaissance du NSV et de toute autre organisation raciste à l’Ugent!
    • Des emplois pas de racisme : pour de vrais emplois, des logements publics et un enseignement gratuit pour tous!
    • Non à la répression contre les sans-papiers. Il faut s’en prendre aux multinationales et pas à leurs victimes!

    EGA a relayé chaque année, du coté francophone, l’appel de Blokbuster pour les manifestations anti-NSV. Depuis les manifestations à Louvain et Anvers des deux dernières années jusqu’à aujourd’hui, un nombre d’organisations de jeunes, dont EGA, des sections locales des jeunes-FGTB et des JOC, Attac-ULB, JAC, ES-ULB soutiennent la plate-forme anti-NSV. Blokbuster a longtemps été seul à organiser des manifestations de masse contre l’extrême-droite sur base d’idées politiques claires en Flandre. Apparemment, de plus en plus d’organisations en Flandre commencent également à suivre cette idée pour la manifestation anti-NSV de cette année.

  • Enseignement supérieur : Sous-investissement et manque de personnel

    “Les professeurs aussi doivent travailler plus durement”. Il ne manque pas de culot le ministre flamand de l’enseignement supérieur ! C’est en ces termes que Pascal Smet (SP.a) a réagi aux déclarations des recteurs des universités de Louvain (KUL) et de Gand (UG) concernant le manque de professeurs. A l’UG, si le nombre d’étudiants a grimpé de plus d’un tiers en dix ans, le personnel n’a augmenté que de 5%… Le recteur de l’UG dit avoir besoin de 20% de professeurs en plus, celui de la KUL réclame une augmentation de 10%.

    Par Jan Vlegels

    Faire plus avec moins

    Ces recteurs ont raison de parler du manque de professeurs mais, en réalité, la pénurie touche toutes les catégories de personnel, résultat du sous-financement chronique de l’enseignement supérieur. Depuis l’introduction du ‘‘financement par enveloppe’’ en 1991 (1994 pour les hautes écoles), chaque université reçoit une ‘‘enveloppe’’ annuelle comprenant les moyens avec lesquels elle doit s’en sortir. Une coupe budgétaire larvée a été appliquée par une sous-indexation conséquente de ces enveloppes.

    Ainsi le budget total – la somme de toutes les enveloppes – a, en termes réels, baissé de 10% au cours des 19 dernières années, tandis que le nombre d’étudiants a augmenté d’environ 50% (de 141.538 étudiants en 1993 à 207.954 en 2010), et on attend beaucoup plus sur le plan de la recherche.

    Il est donc plus que révoltant que le gouvernement flamand ait décidé fin 2009 de diminuer les allocations de fonctionnement pour les universités et les hautes écoles de 1,27% dès 2011, soit une restriction annuelle de 16 millions d’euros. A côté de cela, le ministre Lieten a diminué le budget pour les Sciences et l’Innovation de 3,4% en 2010 et la décision a été prise de ne pas payer la tranche de décembre 2010 du Fonds Spécial de Recherche (une partie de Sciences & Innovation), ce qui fait que l’université d’Anvers rate à nouveau 1 million d’euros.

    Le ministre tente de se sauver en se référant aux 20 millions d’euros qui ont été ajoutés aux enveloppes l’an dernier, sans toutefois mentionner que cette augmentation du budget ne sert qu’à compenser l’augmentation du nombre d’étudiants l’année passée. On entend aussi beaucoup parler des promesses à plus long terme faites par le précédent ministre, Vandenbroucke, promesses qui restent non tenues aujourd’hui encore.

    Le gouvernement organise la concurrence

    Une des conséquences des assainissements est que le nombre d’étudiants et de doctorants par professeur a fortement augmenté ces dernières années. Depuis 1995, le nombre d’étudiants a grimpé de 34,1% dans les universités et hautes écoles, alors que le personnel enseignant a baissé de 1,8%… Les universités comptent plus d’étudiants doctorants (Personnel Académique Spécial), mais ils sont occupés par la recherche au minimum 90% de leur temps. Dans les hautes écoles, la forte croissance du personnel enseignant temporaire est remarquable : 42,5% en plus depuis 1995, alors que le personnel enseignant a baissé de 24,3%.

    En 2008, sous le ministre Vandenbroucke, un nouveau décret de financement a été introduit, plaçant les universités en concurrence les unes avec les autres dans le but d’augmenter la productivité par chercheur et d’accorder moins d’argent au total. Désormais, la somme de l’enveloppe par université ne serait plus basée seulement sur les nombres d’étudiants, mais aussi sur les publications dans les revues scientifiques et les doctorats achevés. Conclusions : une lutte accrue entre institutions pour récupérer quelques miettes et une augmentation de la pression de travail.

    Des mauvaises conséquences pour la recherche et l’accompagnement

    Par le fait que de moins en moins de moyens publics vont vers l’enseignement supérieur, les universités sont de plus en plus dépendantes des fonds du secteur privé. A côté du fait que ces moyens sont sous la pression de la crise économique, il faut évidemment aussi se poser des questions quant à la garantie que la recherche financée par le privé puisse se faire en toute indépendance et que les universités ne se transforment pas en ‘‘centres d’étude’’ bons marchés pour le secteur privé. La qualité de la recherche scientifique est en danger. Le chercheur est évalué sur base du nombre d’articles publiés et de la mesure dont il/elle peut attirer des fonds. D’autres tâches fondamentales comme la discussion critique du travail de collègues, la formation de nouveaux chercheurs, les services à la société,… ne sont pas considérés et ne rapportent pas de subventions.

    Les universités et les hautes écoles n’ont pas été épargnées par les pertes d’emploi. Il ne s’agit pas directement de licenciements secs, mais plutôt du non remplacement après des départs, particulièrement dans le personnel administratif et technique pour qui la charge de travail devient insupportable. En plus, les assainissements s’effectuent sur tous les terrains possibles. Les prix des repas dans les restaurants étudiants d’Anvers ont augmenté ces trois dernières années de 28% pour les étudiants et de 58% pour le personnel ! On peut encore parler de la sous-traitance de l’entretien à des entreprises privées où les travailleurs ont des salaires très bas et de très mauvaises conditions de travail. Riposte !

    La rage et les frustrations au sujet des assainissements montent parmi le personnel, les étudiants et les autorités académiques. Pour l’instant, il existe encore une certaine compréhension envers la situation budgétaire difficile des différents niveaux de gouvernement, mais combien de temps cela va-t-il encore durer ? L’Etat perd des milliards d’euros avec les cadeaux fiscaux pour les entreprises et un taux d’imposition réel très bas pour les grosses sociétés, pourquoi l’enseignement doit-il en subir les conséquences ?

    Les premières protestations vont sans doute devenir visibles au cours de ces prochains mois en Flandre. Dans ces protestations, il sera très important de mettre en avant l’idée que les budgets publics pour l’enseignement doivent être revus à la hausse pour que l’enseignement reçoive à nouveau un financement public équivalent à 7% du Produit Intérieur Brut !

  • [PHOTOS] Manifestation contre l’AIP à Anvers

    Hier, environ 2.000 manifestants étaient présents à Anvers pour protester contre le projet d’AIP que veulent faire appliquer le patronat et le gouvernement. L’initiative émanait de la FGTB, mais des délégations de la CSC (de la centrale de employés, la CNE) et de la CGSLB étaient aussi présentes. Le personnel des trams et bus était présent en nombre et, dans les faits, une bonne partie des transports en commun était à l’arrêt. On pouvait aussi voir des délégations de divers secteurs: du métal, de la pétro-chimie, des services,…

    Photos de Jente

  • C’était il y a tout juste 50 ans: le 22 janvier 1961

    C’est le dernier jour de la grève et, ce matin, on apprend encore une nouvelle terrible ; M. Boutet, âgé de 25 ans, père de trois enfants, qui avait été blessé à la gorge par une balle lors des bagarres de la gare des Guillemins le 6 janvier à Liège, a succombé à ses blessures. Ce décès porte à quatre le nombre d’ ouvriers grévistes tués au cours de cette grève générale de l’hiver 1960-61. Trois dans la région de Liège et un à Bruxelles.

    Cet article, ainsi que les autres rapports quotidiens sur la ”Grève du Siècle”, sont basés sur le livre de Gustave Dache ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61”

    Les tués de Liège l’ont tous été dans le dos. « Le gendarme qui a tué J. Woussem prétend qu’il a tiré en l’ air. » La presse réactionnaire fait l’ éloge des tueurs. Malgré qu’ils aient repris le travail depuis le 16 janvier, la CGSP d’Anvers organise une manifestation de deuil qui rassemble plus d’ un millier de participants.

    C’est donc la fin de la grève, mais une fois rentrés dans les entreprises, la colère au ventre et le moral en acier, la lutte n’ est pas terminée pour les travailleurs. Elle va prendre d’ autres formes et assurément rester, comme toujours, une lutte classe contre classe. Déjà, au lendemain de la reprise, à Charleroi, les cheminots repartent en grève le mercredi 25 janvier pour protester et empêcher les sanctions prises contre les grévistes.

    Quelques semaines seulement après la reprise du travail, les travailleurs doivent faire face à une offensive patronale, sans doute pour tester si la longue grève et le manque de revenu n’ont pas affaibli la capacité de résistance des travailleurs. Les sanctions tombent dans les services publics, de même que les appels au mouchardage et à la dénonciation, les tentatives de mise à pied ou de licenciements dans le secteur privé, le chômage, etc.

    Le 23 janvier 1961, la direction de ”L’E spérance-Longdoz” (métallurgie) à Liège publie une circulaire à l’intention de tout le personnel. Tout en y exprimant sa considération à l’égard du syndicalisme, elle y affirme qu’elle est la seule à pouvoir exercer l’autorité au sein de l’entreprise et qu’elle prendra des sanctions à l’égard de délégués syndicaux combatifs.

    Même scénario aux ACEC de Charleroi, où le directeur général publie une circulaire datée du 26 janvier 1961. Il y est question de l’esprit de collaboration avec le syndicat. Mais brusquement, il interdit à la délégation syndicale d’ organiser plus d’une assemblée générale par mois avec obligation d’ en demander l’autorisation à la direction, en lui soumettant l’ordre du jour proposé. Évidement, la délégation syndicale refuse de se soumettre à cet attentat contre les libertés syndicales, et douze délégués sont mis à pied. Ces différentes attaques font partie d’ un plan d’ensemble des patrons. Il est à noter que dans de nombreux endroits, les délégués CSC sont solidaires des délégués FGTB.

  • De l’intérêt de la crise politique pour le mouvement ouvrier – Un regard réellement socialiste sur la crise politique persistante

    La tentative de conciliation de Vande Lanotte était qualifiée de tantième ”négociation de la dernière chance”. A nouveau, aucun accord n’a été obtenu, mais il apparaissait en même temps qu’il ne s’agissait pas de ”la dernière chance” non plus. Les négociations continuent sous la direction de Vande Lanotte, avec De Wever et Di Rupo, et de nouveaux pourparlers ”cruciaux” vont suivre. Le gouvernement en affaires courantes sous la direction d’Yves Leterme a entretemps reçu du Roi la demande d’élaborer un budget pour 2011 avec un déficit plus bas que prévu.

    Texte d’Anja Deschoemacker au nom du Bureau Exécutif du PSL

    L’homme et la femme de la rue ne savent plus que penser. La dépression, le cynisme et surtout le défaitisme sont aux prises avec le fou rire, bien que ce soit un rire jaune. Entretemps, les institutions internationales, y compris les institutions de crédit, commencent en avoir assez. Les journaux sont remplis d’articles consacrés à la menace issue des marchés financiers. Selon le bureau de recherche du marché CMA, le risque d’une faillite de la Belgique a considérablement monté au cours du dernier trimestre, jusqu’à atteindre 17,9% (site web du quotidien flamand De Tijd, 10 janvier 2011). Avec cela, notre pays occupe aujourd’hui la 16e place des pays à risque, contre la 53e il y a neuf mois.

    Cela doit être fortement nuancé. Même si la crise politique et l’absence d’un gouvernement stable attire évidemment l’attention et peut donner des idées aux spéculateurs, il est insensé de mettre la Belgique au même niveau que la Roumanie, comme fait le CMA. Ceci étant dit, il est évidemment correct de dire que le taux d’intérêt croissant que la Belgique doit payer sur ses emprunts coûte une masse d’argent, certainement au vu du fait que les intérêts que paie notre pays sur sa dette d’Etat représentent aujourd’hui déjà à peu près 11% du PIB.

    Si ces éléments sont actuellement très fortement mis en avant dans les médias et si les dangers sont encore souvent exagérés, c’est surtout afin de mettre pression sur les partis impliqués dans les négociations pour enfin conclure un accord et former un gouvernement. Si la NVA ne peut pas y être poussé, même pas quand la crise financière frappe à nouveau, cela constituera la donnée devant servir pour gouverner sans la NVA, car la NVA ne veut pas gouverner et ”nous ne pouvons pas entretemps voir sombrer le pays”.

    Au vu du fait que la Flandre – et donc aussi la Belgique – risque de devenir ingouvernable si les partis traditionnels perdent encore du soutien électoral et que la NVA l’emporte encore, la pression des marchés financiers et des institutions internationales va devoir être très grande avant que le CD&V ne soit prêt. Ce parti qui a durablement été le plus grand parti du pays, le meneur de jeu ultime, est aujourd’hui dans une situation où son existence même est menacée. C’est l’explication principale de son comportement capricieux.

    Le CD&V dit “non, sauf si” – ou était-ce quand même ” oui, mais”?

    Après la déclaration de Wouter Beke selon laquelle le CD&V ne voulait pas se mettre autour de la table avec les sept partis sur base de la note de Vande Lanotte, sauf si des adaptations fondamentales sur des points essentiels étaient préalablement adoptés, la confusion a totalement éclaté. Le bureau du CD&V aurait décidé de dire ”oui, mais” (selon Torfs et Eyskens), mais le G4 du parti (Kris Peeters, Yves Leterme, Steven Vanackere et Wouter Beke) aurait modifié cette décision après que des contacts aient eu lieu avec la NVA pour dire ”non, sauf si”. Wouter Beke a clairement été surpris des réactions et surtout de la décision de Vande Lanotte de démissioner. C’est du poker à haut niveau…

    Et en première vue, cela semble avoir marché. Vande Lanotte peut maintenant quand même continuer à négocier, bien qu’accompagné de deux ”belles mère”: De Wever et Di Rupo. Qu’il n’y ait maintenant aucune garantie que ce triumvirat ne parvienne à quelque chose, pour le dire le plus doucement que possible, peut être clair au vu des premières réactions. Tant la NVA que le CD&V voudraient maintenant emprunter un chemin où moins de thèmes seraient discutés, mais où les réformes concernant ces sujets seraient plus profondes. Le socio-économique est évident mais, pour la NVA, cela signifie par exemple de revendiquer la scission de toute la politique du marché de l’emploi. Les réactions du CDH, du PS et d’Ecolo ont clairement été ”non!” Le CD&V s’oppose d’ailleurs lui aussi à une scission de la sécurité sociale et de l’Onem, ce parti est aussi sous pression de l’ACW (le Mouvement Ouvrier Chrétien en Flandre) et de l’ACV (la CSC en Flandre) qui s’y opposent également.

    Le CD&V et la NVA veulent plus de responsabilisation des gouvernements régionaux et des adaptations dans la note sur Bruxelles, où joue surtout la veille contradiction entre régions et communautés. L’existence de ces deux structures est une exemple typique de ce qu’on appelle le compromis belge : les communautés ont étés créés sur demande de la Flandre qui voulait mener une politique culturelle propre (la Communauté Germanophone utilisant ce développement pour pouvoir elle aussi disposer de compétences communautaires), les régions ont étés créés sur demande de la Wallonie pour pouvoir mener sa propre politique économique. Les deux s’imbriquent et entraînent une structure d’Etat très compliquée.

    Pour les politiciens flamands, les communautés sont les plus importantes. C’est pour cela que les politiciens et les journalistes flamands parlent tout le temps de deux ”Etats régionaux” et que des propositions reviennent pour que Bruxelles soit gérée à partir de la Flandre et de la Wallonie. Ils nient donc que la création d’une Région de Bruxelles a créé une nouvelle réalité qu’on ne peut pas simplement éviter et que l’application d’un Bruxelles géré par les communautés peut conduire dans la capitale à de grandes différences, et même à une politique de séparation. Ils laissent aussi de côté le fait qu’à peu près la moitié de la population bruxelloise ne se considère comme faisant partie ni d’une communauté, ni de l’autre.

    Pour les politiciens francophones, les régions sont la structure de référence, de manière à ce que deux régions (la Wallonie et Bruxelles) se retrouvent face à la Flandre, ce qui renforce évidemment leur position. Ils refusent le développement de ”sous-nationalités” à Bruxelles, ce avec quoi le PSL est d’accord, mais ils passent à côté de la réalité historique que les Flamands ont dû se battre pour avoir, par exemple, le droit à un enseignement néerlandophone, car les compromis qui étaient conclus à ce sujet avant la création des communautés n’ont jamais été réellement appliqués et la politique visant à repousser le néerlandais et à privilégier le français continuaient tout simplement.

    Maintenant que des nouveaux compromis doivent être conclus, ces vielles contradictions continuent à jouer parce que les compromis du passé n’ont pas résolu l’affaire, mais l’ont seulement temporairement ”concilié”.

    Est-ce que ça va finir un jour?

    Les partis francophones ont évidemment tous négativement réagi face au refus du CD&V et de la NVA de se remettre autour de la table à sept. Car eux aussi veulent des adaptations à la note de Vande Lanotte, mais en direction inverse. Ecolo a déclaré être d’accord pour continuer de négocier autour de cette note, avec des amendements, mais le PS et le CDH ont attendu jusqu’aux déclarations du CD&V et de la NVA pour laisser entendre un ”oui, mais”. Le découragement monte : est-ce qu’un accord finira par arriver un jour ?

    Dans sa première déclaration après l’échec de la note Vande Lanotte, Elio Di Rupo a créé une ouverture envers le MR. Cette ouverture a été de suite refermée – les propositions du MR de travailler sur base de l’article 35 de la constitution et de commencer à discuter sur ce que nous voulons encore faire ensemble à partir d’une feuille blanche n’ont pas aidé Reynders à se réimposer – mais c’était un manœuvre tactique importante. En fait, Di Rupo disait ainsi que le PS n’est pas seulement préparé à fonctionner avec la NVA dans un gouvernement qui est de centre-gauche pour le reste, mais également au sein d’un gouvernement de centre-droit. La NVA a fait savoir auparavant qu’elle préférait impliquer les libéraux afin de pouvoir mener une politique sociale (plus) à droite.

    La NVA a aussi laissé savoir qu’elle était en faveur d’une augmentation des compétences pour le gouvernement sortant et être préparée à donner un soutien de tolérance à plusieurs mesures budgétaires, entre autres autour du dossier du droit d’asile et de l’immigration, ce qu’ils avaient déjà proposé à Leterme en octobre. Il est donc clair que pour la NVA, un gouvernement de (centre) droit est un objectif important, un objectif qu’on ne sait pas obtenir sans les partis libéraux comme tant les sociaux-démocrates que les chrétiens-démocrates, et dans une moindre mesure les verts, sont gagnés à l’idée d’une politique d’austérité socialement emballée et accompagnée au lieu d’une thérapie de choc qui conduirait sans doute à une lutte du mouvement ouvrier. Mais il est très clair qu’avec le MR, il serait encore beaucoup plus difficile d’arriver à un accord autour du dossier symbolique par excellence – la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde – au vu des intérêts électoraux du MR/FDF dans la périphérie de Bruxelles. Si Vande Lanotte échoue à nouveau, une tentative de formation d’un gouvernement de centre-droit sans les verts et avec les libéraux n’est pas exclue.

    La pression sur la NVA augmente aussi dans les médias flamands, et il est clair que ce parti constitue un obstacle sérieux pour parvenir à la formation d’un gouvernement. Mais est-ce qu’il y a la possibilité d’arriver à un accord, avec ou sans la NVA ? Les commentaires dans les médias sur les contradictions de la note de Vande Lanotte montrent qu’il s’agit des même qu’il y a trois ans : la responsabilisation des gouvernements régionaux et la place des Communautés à Bruxelles face à celle de la Région.

    Dans le passé, ces contradictions ont toujours été – temporairement – conciliées dans les structures belges sur base de compromis où chaque côté recevait partiellement ce qu’il voulait en échange de concessions de l’autre côté. Cette tradition de compromis – pas seulement sur la question nationale et la langue, mais aussi en conciliant les contradictions entre travail et capital et celles entre les piliers catholiques et laïque – fait que la politique en Belgique est fortement caractérisée par le pragmatisme.

    En Belgique, tous les commentateurs disent unanimement : ”la politique c’est l’art de faire des compromis”. Les coalitions sont ici la forme gouvernementale traditionnelle. Participer aux coalitions était déjà l’objectif du Parti Ouvrier Belge avant la Première Guerre Mondiale (sur le plan communal), et toutes les forces flamingantes ou régionalistes wallonnes ou bruxelloises ont dans le passé été prises dans des coalitions, une récompense pour leur volonté de compromis.

    Maintenant, il semble que la NVA ne veut pas s’inscrire dans ce processus, ou du moins veulent ils visiblement en faire monter le prix tellement haut que ce ne soit plus acceptable du côté francophone. Mais nous ne devons pas nous tromper : pour la bourgeoisie aussi, par la voix de ses organisations comme la FEB, nombre de revendications de la NVA sont inacceptables. Le dernier rapport du FMI également appelle bien à la responsabilisation des gouvernements régionaux, mais appelle également à éviter que la concurrence entre les régions ne fasse des dégâts à l’unité du marché de l’emploi. Comme le rédacteur en chef du magazine Knack l’écrivait il y a des mois, la Belgique fonctionne pour le patronat comme la vache à lait parfaite, il ne veut en aucun cas s’en débarrasser. A la table des négociations, le PS n’est pas seulement le représentant de la Communauté francophone, mais aussi celui de ces cercles du Grand Capital.

    La NVA reçoit un soutien pour son refus de rentrer dans ce jeu: une rupture avec cette politique des coulisses. Les études du comportement électoral illustrent toutefois que de grandes parties de l’électorat gagné par la NVA n’a rien à voir avec le programme de ce parti, on vote pour la NVA après avoir déjà conclu qu’on ne doit rien attendre des autres partis si ce n’est plus de la même chose. Plus de la même chose, c’est encore quelques décennies de modération salariale, une politique menée ces trente dernières années et qui conduit à ce qu’aujourd’hui, une famille a besoin de deux salaires afin de maintenir le niveau de vie de vie qui pouvait dans le temps être assuré par un salaire. Encore quelques décennies de sous-financement de toute l’infrastructure et de tous les services publics, avec comme résultat des crevasses dans les routes, des retards dans les transports publics, les listes d’attente dans chaque secteur des soins,… Encore quelques décennies d’augmentation de la pauvreté (de 6% dans les années ’80 à 15% aujourd’hui), de sous-emploi et de chômage, d’insécurité sur l’avenir,…

    Mais avec la NVA, tout ça ne s’arrêtera pas, bien au contraire. Le parti peut bien se poser idéologiquement comme parti conservateur et non pas libéral, ses revendications socio-économiques sont par contre ultralibérales. Il semble totalement échapper à la NVA que c’est cette politique libérale qui a conduit à la crise mondiale actuelle. Ou est-ce que la NVA pense que le néolibéralisme mène partout à un bain de sang social et à l’appauvrissement, mais que par une ou autre magie la population flamande peut être sauvée ? Il semble aussi échapper à la NVA que leur idée que l’Europe se développera vers une sorte d’Etat national pour les régions européennes – dans laquelle peut pacifiquement s’évaporer la Belgique et la Flandre pacifiquement et presque automatiquement devenir indépendante – a toujours été utopique et qu’avec la crise financière-économique, la direction que prend aujourd’hui l’Union Européenne est plutôt une direction qui disperse les pays européens plutôt que de les rassembler pour la construction d’une véritable fédération européenne.

    Ce qui échappe aussi à la NVA, c’est le fait que ”la Flandre” est tout sauf unanime – même si les partis flamands le sont – sur la nécessité d’un démantèlement des dépenses sociales et des services publics. En 2008, les fonctionnaires flamands ont protesté contre la diminution de leur pouvoir d’achat et, maintenant, ces mêmes fonctionnaires devraient accepter sans lutter qu’on mette fondamentalement un terme à leurs pensions?

    Si la NVA n’est pas préparée à avaler un accord qui satisfait la bourgeoisie – une réforme d’Etat répartissant l’austérité sur différents niveaux – ce parti ne va pas prendre place au gouvernement. Si ce n’est vraiment pas possible autrement, elle serait éventuellement reprise mais seulement le temps nécessaire pour lui brûler les ailes au gouvernement. A côté de ce chemin, il ne reste à la bourgeoisie que la stratégie de pourrissement, où la NVA est brûlée justement en la gardant hors du pouvoir, si nécessaire avec le prix d’encore quelques années de crise politique et, entre autres, des élections se suivant rapidement.

    Un accord est donc possible si De Wever peut imposer un compromis à son parti et si les “pragmatiques” l’emportent sur les ”romantiques flamands”. Si ce n’est pas le cas, le feuilleton va sans doute encore continuer quelque temps pour alors inévitablement conduire à un certain moment à des élections. La pression externe – de la part de l’Europe, des institutions internationales, la menace des marchés financiers,… – va sans doute être nécessaire pour forcer tous les partis à un accord (et pour en même temps donner l’excuse au fait que cet accord sera sans doute en-dessous du seuil minimum aujourd’hui mis en avant par les partis concernés).

    La Belgique a-t-elle encore un avenir ?

    Comme cela a déjà été dit, dans le passé, des compromis ont été conclus conduisant à chaque fois à une période de pacification. Ces compromis étaient possibles sur base de l’énorme richesse produite par la classe ouvrière belge et qui créait la possibilité d’acheter un accord. Les partis régionalistes ou nationalistes flamands ont toujours obtenu des concessions partielles, et on s’assurait en même temps que toutes sortes de verrous étaient instaurés pour éviter la désintégration du pays. L’attribution de plus de pouvoir et de poids des structures belges vers la Flandre en pleine floraison économique et vers la Wallonie frappée de désindustrialisation, s’accompagnait de doubles majorités et d’autres mesures de protection pour les minorités nationales comme les mesures de conflits d’intérêt et la procédure de la sonnette d’alarme. La pleine reconnaissance du bilinguisme à Bruxelles s’est accompagnée d’une Région bruxelloise, qui constitue aujourd’hui la pierre d’achoppement la plus importante contre la désintégration du pays. L’élite flamande ne sait unilatéralement proclamer l’indépendance que si elle accepte la perte de Bruxelles, ce qui n’est pas en train de se faire immédiatement, qu’importe à quoi peuvent bien rêver nombre de membres de la NVA.

    De l’autre côté, il est aussi clair qu’il devient toujours plus difficile de conclure des compromis. Ces trente dernières années, une partie de plus en plus grande de la richesse est allée vers les couches les plus riches de la population, les capitalistes. Les presque 90% de la population qui vivent de salaires et d’allocations ne reçoivent aujourd’hui même plus la moitié des revenus qui sont produits avec le travail de la classe ouvrière en Belgique. Les salaires et les allocations ont été de plus en plus vidées pour faire à nouveau monter les profits, mais les revenus de l’Etat – impôts et sécurité sociale – ont aussi été toujours plus écrémés. Aujourd’hui, l’Etat fédéral n’est plus dans la position d’acheter n’importe quoi. La question actuelle n’est pas de savoir si on sait parvenir à atteindre une situation ”gagnant-gagnant”, et même pas ”gagner un peu, perdre un peu”, mais à un équilibre sur ce qui est perdu, et donc à une situation ”perdant-perdant”. Cela explique la difficulté.

    Mais le plus probable à ce moment est que – finalement – un compromis soit trouvé. Un compromis bancal qui ne va pas conduire à la stabilité – seulement à plus de coupes dans les dépenses sociales et les services publics, alors que les manques y sont déjà grands. Un compromis donc, dont on peut dire avec certitude qu’il ne va qu’encore augmenter les tensions.

    Et le mouvement ouvrier?

    Il était là et il regardait… Par manque de parti des travailleurs, les intérêts de la classe ouvrière n’entrent pas en ligne de compte dans ces négociations et ne vont certainement pas être à la base d’un accord. Qu’importe ce que dit le PS, ils ont déjà prouvé plus que suffisamment au cours des trente dernières années qu’ils sont préparés à faire tout ce que la bourgeoisie demande. Bien que le PS reste plus à l’arrière-plan et se cache derrière les partis flamands qui ont toujours livré le dirigeant du gouvernement, il est tout comme le SP.a à la base du vol du siècle (passé) : vider presque tous les acquis d’après-guerre du mouvement ouvrier petit à petit, avec une tactique du salami.

    La NVA n’agit clairement pas dans l’intérêt de la classe ouvrière en Flandre, Bart De Wever a rendu cela très clair très tôt dans les négociations, quand il a appelé le Voka – qui a toujours été une des organisations patronales la plus extrême sur le plan des revendications ultralibérales – ”mon patron”. S’il y avait un réel parti des travailleurs en Flandre, qui mène réellement la lutte pour les intérêts des travailleurs flamands, il serait déjà rapidement clair que le Voka – et la NVA avec lui – ne représente qu’une petite minorité de la population flamande, cette minorité qui veut faire travailler pour elle la majorité au coût le plus bas possible. Par manque d’un parti des travailleurs qui réagit aux attaques des partis bourgeois et petit-bourgeois en prenant en main la lutte de classe pour la classe ouvrière, et qui y donne une direction, un climat peut être créé où les intérêts des patrons flamands peuvent être représentés comme les ”intérêts de la Flandre”.

    Il n’y a pas de short-cut. La bourgeoisie n’est pas capable de concilier définitivement et complètement la question nationale en Belgique, la seule chose qu’elle a à offrir est encore quelques exercices d’improvisation et d’équilibre avec comme objectif final de maintenir son système et ses privilèges. Une conciliation réelle de contradictions nationales ne peut se faire que si les moyens sont mis à disposition pour garantir à chacun en Belgique une vie et un avenir décent. Des emplois à plein temps et bien payé pour tout le monde, assez de logements abordables et de qualité, un enseignement de qualité et accessible pour offrir un avenir à nos enfants, des services publics et une sécurité sociale avec assez de financement pour couvrir les besoins,… sont des revendications qui doivent nécessairement être remplis, sans aucune discrimination, pour mener à une fin aux tensions. Un développement harmonieux de l’économie belge avec comme but de satisfaire les besoins de la grande majorité de la population et d’en finir avec les pénuries sur le plan social (et donc en finir aussi avec les luttes pour savoir qui peut disposer de ce qui reste comme moyens) devrait mettre fin au chômage colossal et au manque de perspectives qui règnent dans nombre de régions wallonnes, mais certainement aussi à Bruxelles et dans des villes comme Anvers et Gand, où de grandes parties de la jeunesse ouvrière n’a aucune perspective pour l’avenir, sauf le chômage et la pauvreté. Il ne faut pas attendre ce développement harmonieux de la bourgeoisie. Le capital ne va que là où il y a beaucoup de profit à faire à court terme.

    Tant que ces énormes moyens produits par la classe ouvrière en Belgique disparaissent dans les poches des grandes entreprises et de ceux qui sont déjà super-riches, ni une Belgique unifiée ni une Flandre indépendante ne sait fonctionner. Ces moyens sont nécessaires pour qu’une société réussisse, que ce soit à l’intérieur de la Belgique ou – si une majorité de la population le souhaite, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui – dans le cadre d’une fédération de régions indépendantes. Le PSL ne résiste pas à la disparition de l’Etat belge comme nous le connaissons, mais au fait que la rupture se base sur la destruction totale des acquis du mouvement ouvrier belge (comme la NVA le propose en réalité). Ces moyens sont en d’autres mots nécessaires aussi bien pour une scission pacifique et harmonieuse du pays, si cela était désiré, que pour une réparation de l’harmonie dans le ”vivre ensemble” en Belgique.

    Le mouvement ouvrier doit prendre en mains ses affaires. Sur le plan syndical, nous ne pouvons pas nous faire imposer un mauvais accord interprofessionnel parce ”mieux n’est pas réalisable”. Rien, sauf l’appauvrissement, n’est réalisable. Si l’économie repart en chute, stagne ou se relance temporairement et partiellement, si des luttes ne prennent pas place, les patrons vont de nouveau s’en aller avec les profits et les travailleurs vont en payer le coût. Mais aussi sur le plan politique, nous devons de nouveau pouvoir mener la lutte si nous voulons obtenir le maximum sur le plan syndical. Le choix pour le soi-disant moindre mal sous la forme d’encore un fois voter pour les partis existants qui prétendent encore de temps en temps agir dans les intérêts de la classe ouvrière (mais qui ces dernières décennies ne le font plus en actes) a conduit dans le passé au démantèlement social, à une capitulation relative du mouvement ouvrier devant les revendications des patrons. Dans l’avenir cela ne serait pas différent, sauf en pire.

    Avec ce vote pour le moindre mal, le mouvement ouvrier prend une position passive, ce qui signifie qu’elle subit tout simplement le processus actuel de réforme d’Etat – qui est en fait la préparation du plan d’austérité drastique qu’on va essayer de nous imposer. Les directions syndicales ont déjà plusieurs fois appelé avec les organisations patronales à un accord sur la réforme d’Etat et la formation d’un gouvernement, qu’importe le gouvernement. Mais nous ne voulons pas de n’importe quel gouvernement, nous ne voulons pas avoir un gouvernement simplement pour avoir un gouvernement.

    Pour pouvoir sortir de ce scénario, les militants syndicaux doivent augmenter la lutte contre toutes tentatives du patronat de nous faire payer la crise. Nous devons sur le plan syndical refuser un mauvais accord interprofessionnel et mener la lutte pour une augmentation du salaire brut, contre les contrats précaires et pour assez de moyens pour la création d’emplois décents. Sur le plan politique, nous devons nous préparer à agir contre n’importe quel gouvernement quand il veut nous présenter la facture. Dans la lutte pour nos intérêts, les idées et les forces peuvent grandir pour arriver, pour la deuxième fois dans l’histoire, à la création d’un véritable parti des travailleurs. Un vrai parti des travailleurs peut élaborer une solution définitive à la question nationale en Belgique: une démocratie conséquente, qui tient compte des droits sociaux et culturels de tous les groupes de la population, basée sur une économie planifiée démocratiquement élaborée et qui développe tout la territoire de la Belgique sur le plan social et économique, c’est une condition cruciale. Ce n’est possible que si la bourgeoisie est privée de son pouvoir dans la société.

    Un tel parti des travailleurs ne va pas tomber du ciel, mais va se développer sur base de la lutte et des leçons tirées de cette lutte par les masses des travailleurs, comme ça c’est passé dans le temps avec le vieux parti ouvrier, aujourd’hui bourgeoisifié. Une fois qu’une lutte plus massive et maintenue commence pour maintenir des conditions de vie décentes dans cette crise de longue durée du capitalisme, les délégués et militants des mouvements sociaux vont tirer des conclusions plus profondes. L’histoire nous montre que ce processus, une fois commencé, peut développer très vite, certainement s’il y a une minorité consciente sous la forme d’un parti socialiste révolutionnaire capable de développer ses racines dans le mouvement ouvrier dans ce processus.

    Il n’y a donc pas de raccourci. Dans la période qui vient, il y aura sans doute une continuation de la crise politique, pendant laquelle le pays est géré par le gouvernement en affaires courantes, en fait un gouvernement technique qui n’en a pas le nom. Si un gouvernement avec la NVA est formé, il va être de courte durée, le tantième gouvernement de combat à l’intérieur. Si les négociations ne peuvent plus être tirées dans le temps, nous pouvons avoir à faire à des élections dans les mois prochains, bien que cette perspective diminue à mesure que la menace des marchés financiers augmente.

    A un certain moment un compromis devra être trouvé, qui consistera à ce que la grande majorité de la population – les travailleurs et leurs familles, les gens qui vivent d’allocations, les petits indépendants – paye la facture de la crise capitaliste. Ce compromis va, comme toujours, être de double sens et donner vie à de nouvelles contradictions et tensions. Bien qu’aujourd’hui les forces ne sont pas là pour imposer la désintégration de la Belgique, le maintien de la Belgique sur base capitaliste va de plus en plus être miné jusqu’à ce que cela devienne intenable à un certain moment. La faute dans le raisonnement de beaucoup de flamingants contents de ce processus n’est pas que ce processus ne se passerait pas, mais réside dans l’illusion que cela pourrait se passer pacifiquement et avec des négociations.

  • C’était il y a tout juste 50 ans : le 11 janvier 1961

    La grève générale commence petit à petit à s’ essouffler. Des reprises ont lieu par ci par là. Bien entendu, dans les grands centres industriels, la grève est toujours bien effective, mais les grévistes ont compris que les mots d’ordre d’action autres que des manifestations dans le «calme, l’ ordre et la discipline» ne viendront pas. Les appareils syndicaux et politiques montrent des signes évidents de capitulation.

    Cet article, ainsi que les autres rapports quotidiens sur la ”Grève du Siècle”, sont basés sur le livre de Gustave Dache ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61”

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    – Rubrique "60-61" de ce site

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    A Liège et à Charleroi, malgré une légère reprise dans les grands magasins et dans les cinémas et malgré les quelques trams qui circulent sous la protection de la gendarmerie, les travailleurs des secteurs clefs de l’ économie sont toujours en grève totale, de même dans le Centre, le Borinage, à Gand, à Anvers, à Hoboken et à Louvain.

    A Mons, une manifestation rassemble, selon le journal « Le Peuple » du 12 janvier, 25.000 manifestants. Le premier orateur est un parlementaire du PSB, hué par les grévistes, qui l’empêchent de parler. Il faut l’ intervention de Renard pour demander que le parlementaire, M. Busieu, puisse prononcer quelques mots, ce qu’il fait dans l’indifférence générale.

    Dans la région flamande du pays malgré les pressions et les difficultés énormes, les piquets de grèves sont toujours très actifs. Des incidents graves éclatent à Hoboken entre gendarmes et piquets de grève : on apprend qu’il y a dix blessés parmi les ouvriers, dont un blessé grave. En effet, la fière monte à Hoboken entre gendarmes et grévistes. Alors que le piquet de grève ne fait que discuter avec des hommes qui veulent travailler, des bagarres éclatent. Un gréviste est blessé à mort, le crâne défoncé et la mâchoire démise, victime des gendarmes qui sont sur le pied de guerre, avec baïonnettes au fusil. Deux autres sont blessés à coups de crosse et un autre d’ un coup de baïonnette. Ils sont transportés à l’ hôpital.

    A Ruppel, des barrages de pavés sont établis sur les routes. Des bagarres éclatent, les gendarmes tenant leur fusil par le canon et frappant de toutes leurs forces en hurlant : «ça doit finir!» Le commandant des gendarmes avait ordonné «Quittez immédiatement ce lieu, sinon vous avez le choix entre la prison ou l’hôpital.» Les gendarmes avaient bu pour se donner du courage, ils puent l’alcool. Après les bagarres, un bulldozer déblayeles routes.

    Les journaux signalent encore des sabotages à Ath-Tournai. Une rupture de voie occasionne le déraillement d’ une micheline. Des arrestations arbitraires ont encore eu lieu. Les grévistes des ACEC manifestent à Charleroi. Ils réclament : «A Bruxelles», «Belgique, République».

    Dans toute la Belgique, on signale que l’action des forces de répression se fait plus violente. Les piquets de grève sont attaqués par la gendarmerie, les membres des Comités de grève sont emprisonnés. La bourgeoisie commence dès maintenant à démanteler l’ embryon d’ ordre ouvrier qui s’ est créé spontanément au cours de la grève générale insurrectionnelle. Elle ne peut tolérer que la classe ouvrière organisée continue plus longtemps à imposer sa volonté en contrôlant la circulation, en réglant les approvisionnements, les heures d’ ouvertures des magasins, etc.

    Face à la répression et aux directions syndicales qui avaient souvent donné l’ ordre de «ne pas insister devant la police», les travailleurs ont comme d’ habitude fait preuve de la plus grande imagination. Les gendarmes cherchent à faire circuler les piquets en les dispersant loin des portes des entreprises. Les grévistes organisent sur-le-champ des piquets tournants, qui défendent l’ entrée de l’usine sans donner à la police la possibilité de les disperser. Partout, les piquets se renforcent, se font plus mobiles. Le système de relève se perfectionne. Les communications entre piquets s’organisent. Chaque piquet dispose d’ automobiles et de motos. Les piquets de grève sont reliés à un centre local.

    Les centres locaux se regroupent en centres régionaux. De même, la technique des manifestations s’ améliore. On apprend à se diviser devant les charges de gendarmerie et à se reformer dès que l’ alerte est passée. On apprend les bons itinéraires, les moyens de s’ armer d’ objets divers. On apprend à diviser les forces de police et à se défendre des photographes de presse qui la renseignent. Toute cette tactique de combat ouvrier est le résultat des actions spontanées de la classe ouvrière pendant la grève générale.

  • Irlande: Protestation devant Laura Ashley

    Ce samedi 8 janvier, une quinzaine de membres du ‘Socialist Party’ (section-soeur du PSL-LSP en Irlande) ont, avec des travailleurs, organisé une action de solidarité combative devant les portes du magasin de luxe "Laura Ashley" à Dublin. Avec des pancartes et des tracts, les passants ont été interpellés et invités à soutenir la grève des travailleurs des magasins "Laura Ashley".

    Par Navid, correspondant du PSL à Dublin

    Nous n’avons pas seulement discuté avec les passants, ceux qui voulaient aller faire leurs courses dans ce magasin ont aussi été invités à ne pas rentrer et à boycotter "Laura Ashley". Rares sont ceux qui ont malgré tout décidé de traverser le piquet pour renter à l’interieur du magasin. Les travailleurs présents au piquet ont été ravis d’apprendre que d’autres actions de solidarité avaient été menées à Bruxelles et à Anvers au même moment.

  • Laura Ashley: Protestation à Anvers

    Ce samedi, des militants du PSL ont mené une action de solidarité devant les magasins Laura Ashley à Anvers et Bruxelles. Nous savions déjà que la gérante du magasin d’Anvers apréciait très peu ce genre de solidarité, elle avait déjà appelé la police lors d’une première action il y a quelques semaines… Mais nous sommes revenus, et avons mené campagne quelques heures devant le magasin. Nous avons également pu bénéficier d’un petit article dans la presse.

    Anvers: Hannes Schaubroeck (photo) et trois camarades du Parti Socialiste de Lutte (PSL) ont mené action devant le magasin de Laura Ashley avenue de France. Ils appelaient le personnel et les clients à être solidaires de la filiale de Laura Ashley qui va fermer ses portes à Dublin. Depuis plusieurs mois s’y déroule un conflit, et la section du PSL à Anvers veut soutenir ceux qui vont perdre leur emploi. La gérante, qui avait également réagi de manière irritée lors d’une précédente action, s’est distanciée de l’action.

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