Tag: Antiracisme

  • Schild & Vrienden : Pour stopper l’extrĂȘme droite, il nous faut une mobilisation active !

    En mars dernier, Schild & Vrienden avaient lancĂ© une grande mobilisation : une cinquantaine d’extrĂ©mistes de droite avaient suivi Schild & Vrienden pour participer Ă  une manifestation de l’association Ă©tudiante officieuse du Vlaams Belang, le NSV. Blokbuster et les Etudiants de Gauche Actifs avaient organisĂ© une contre-manifestation combative . Photo : Jean-Marie

    Le reportage de l’émission de de la VRT Pano consacrĂ© Ă  l’organisation « Shield & Vrienden » en a choquĂ© plus d’un : une milice privĂ©e d’extrĂȘme droite existe aujourd’hui en Belgique. Il ne faut pas aller trĂšs loin dans ses coulisses pour se retrouver confrontĂ© au nazisme et aux dĂ©clarations les plus racistes, sexistes et homophobes. Cette milice n’hĂ©site pas Ă  mener des actions musclĂ©es de vandalisme et d’intimidation et organise des sessions de formation oĂč apparaissent des armes. Une telle milice privĂ©e constitue un danger pour quiconque s’oppose Ă  la politique antisociale actuelle : les premiers ennemis de l’extrĂȘme droite Ă©tant les militants syndicaux, les jeunes de gauche, les migrants, les personnes LGBTQI+, les femmes, etc.

    Ces derniers mois, pourtant, les mĂ©dias Ă©tablis flamands ont dĂ©roulĂ© le tapis rouge pour Schild & Vrienden. Le leader autoproclamĂ© du groupe, Dries Van Langenhove, a Ă©tĂ© interviewĂ© dans de nombreux journaux et hebdomadaires et il est Ă©galement passĂ© Ă  la tĂ©lĂ©vision. Le prĂ©sident de la Chambre Siegfried Bracke (NVA) avait d’ailleurs dĂ©clarĂ© avoir trouvĂ© l’une de ces interviews “merveilleusement stimulante”. Cet Ă©tĂ©, l’incident d’intimidation raciste au festival Pukkelpop – sous le chant “Cutting hands, the Congo is ours” directement issu du rĂ©pertoire de Schild & Vrienden – a Ă©tĂ© le prĂ©lude Ă  une tentative de “rĂ©habilitation” de la colonisation quand le quotidien De Standaar a interviewĂ© Maxime Goris, prĂ©sident du cercle catholique conservateur KVHV Ă  Louvain et membre de la N-VA Ă  Tirlemont, qui s’exprimait en tant que membre de Schild & Vrienden. On savait pourtant dĂ©jĂ  que Shield & Vrienden lorgnait du cĂŽtĂ© du nĂ©ofascisme. En octobre 2017, dans un article de notre campagne antifasciste flamande Blokbuster qui avait largement Ă©tĂ© partagĂ© sur les rĂ©seaux sociaux, nous avions dĂ©jĂ  fait remarquer que le groupe Ă©tait “un dĂ©but de milice privĂ©e ” et que ce groupe se sentait renforcĂ© par le populisme de droite de Francken et Trump, entre autres.

    Aujourd’hui, tous les mĂ©dias et tous les partis politiques se font l’Ă©cho d’un grand tollĂ©. MĂȘme Theo Francken doit se distancier aujourd’hui de ceux qui ont dĂ©jĂ  assurĂ© son service de police et avec lesquels il s’est dĂ©jĂ  montrĂ© heureux d’ĂȘtre pris en photo. Le Vlaams Belang est un peu Ă  la traĂźne car la pression est moins forte, mais le prĂ©sident du parti d’extrĂȘme droite Tom Van Grieken aurait du mal Ă  prendre ses distances avec Dries Van Langenhove, ce dernier ayant organisĂ© une sĂ©rie de formations pour la structure de jeunesse du Vlaams Belang (Vlaams Belang Jongeren) fin 2015. Nous pourrons trĂšs vite vĂ©rifier jusqu’oĂč vont ces prises de distances : les membres de Schild & Vrienden qui sont candidats pour la N-VA seront-ils retirĂ©s des listes Ă  destination des prochaines Ă©lections communales ? Les patrons flamands du cercle Marnix vont-ils continuer Ă  inviter et Ă  soutenir financiĂšrement Van Langenhove ?

    La pression qui pousse, mĂȘme Ă  la N-VA, Ă  prendre ses distances avec Shield & Vrienden s’est dĂ©veloppĂ©e puisque la vraie nature de ce groupe est maintenant largement connue. Les larges couches de la population n’éprouvent absolument aucune sympathie pour des nĂ©onazis qui prĂ©conisent une campagne violente pour imposer leur haine ! C’est pourquoi Schild & Vrienden, tout comme les groupes autour du Vlaams Belang, ont besoin d’entretenir un caractĂšre double : une face plus acceptable vers l’extĂ©rieur et une autre, reposant sur le nĂ©onazisme, vers l’intĂ©rieur. Le rejet gĂ©nĂ©ralisĂ© du nĂ©onazisme et de toutes ses composantes – violence contre les militants syndicaux, images sexistes, racisme, glorification de la violence,… – explique pourquoi Schild & Vrienden se retrouve repoussĂ© dans la marge. C’est aussi pour cela que le groupuscule n’a jamais Ă©tĂ© en mesure de regrouper un noyau actif supĂ©rieur Ă  40-50 membres. Cette rĂ©vulsion, il nous faut activement la mobiliser pour assurer que ce groupe en reste lĂ  et que des conclusions puissent Ă©galement ĂȘtre tirĂ©es de cette affaire.

    La prĂ©sence de Dries Van Langenhove au conseil d’administration de l’universitĂ© de Gand pose notamment problĂšme. Toute la question est de savoir comment l’en faire sortir. C’est possible, nous le savons. Van Langenhove n’est pas le premier membre d’extrĂȘme droite Ă  la direction de l’Ugent. Il a Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ© en 2001 par l’ancien vice-prĂ©sident du Vlaams Belang Roeland Raes, qui y avait Ă©tĂ© nommĂ© gestionnaire par le Parlement flamand. Une campagne avait immĂ©diatement Ă©tĂ© lancĂ©e contre cela, Ă  la suite de quoi un vaste comitĂ© d’action a Ă©tĂ© lancĂ© : le ComitĂ© Anti-Raes. Une manifestation a Ă©tĂ© suivie d’actions majeures qui ont bloquĂ© l’accĂšs de Roeland Raes au conseil d’administration. Cela n’a Ă©tĂ© possible que par une large mobilisation qui a accru la pression et a suscitĂ© un certain intĂ©rĂȘt mĂ©diatique autour de Roeland Raes au cours d’une pĂ©riode oĂč il a rĂ©itĂ©rĂ© ses propos nĂ©gationnistes. Avec l’indignation qui a suivi, Raes a disparu du conseil d’administration. C’est grĂące Ă  une mobilisation active avec une large participation dĂ©mocratique de tous ceux qui voulaient se battre que nous avons obtenu cette victoire en 2001.

    Aujourd’hui, ce type de rĂ©sistance de masse reste nĂ©cessaire. Ce soir, une action a lieu face Ă  l’HĂŽtel de ville de Gand Ă  18h et un autre rassemblement est dĂ©jĂ  prĂ©vue Ă  l’occasion de la prochaine rĂ©union du conseil communal le 25 septembre. Nous devons en tirer le meilleur parti. Quiconque est visĂ© par la haine de l’extrĂȘme droite doit se sentir appelĂ© Ă  participer : les femmes et qui dĂ©fendent leurs droits, la communautĂ© LGBTQI+, les Ă©tudiants qui s’opposent Ă  l’élitisation de l’enseignement, les militants syndicaux qui sont visĂ©s par ces briseurs de grĂšve,… Schild & Vrienden s’est dĂ©jĂ  concrĂštement tournĂ© contre la FGTB en pĂ©nĂ©trant dans des locaux syndicaux pour y dĂ©rober un drapeau et en se rendant Ă  un piquet de grĂšve pour y provoquer les syndicalistes. La meilleure façon de riposter est de se mobiliser activement en vue du 25 septembre.

    La politique d’austĂ©ritĂ© entraĂźne des dĂ©ficits croissants dans tous les secteurs de la sociĂ©tĂ©. La population peut de moins en moins bĂ©nĂ©ficier d’un filet de sĂ©curitĂ© et de la sĂ©curitĂ© sociale en cas de problĂšme. La pĂ©nurie de logements, d’emplois dĂ©cents, de services publics, etc. exacerbe les tensions sociales. Cela peut se traduire par une augmentation du racisme, de l’homophobie, du sexisme et de tout ce qui nous divise artificiellement, avec son lot de faits de violence. Il suffit de penser aux cas de violence homophobe Ă  Gand et Anvers cet Ă©tĂ©, aux incidents racistes du festival de Pukkelpop et de la gare d’Aarschot ou encore aux graffitis racistes Ă  Louvain. Des individus ou petits groupes rĂ©actionnaires sentent leur confiance renforcĂ©e par Schild & Vrienden, notamment, et entrent en action. Cela n’atteint pas encore l’ampleur de la violence d’extrĂȘme droite que nous avons vue tout rĂ©cemment Ă  l’Ɠuvre Ă  Chemnitz, en Allemagne de l’Est. Mais nous voulons assurer que cela ne survienne pas. Rejoignez-nous et mobilisez-vous contre l’extrĂȘme droite et en faveur d’un programme de revendications sociales qui peuvent en finir avec le terreau de haine et de division sur base duquel elle peut se dĂ©velopper : un programme qui vise Ă  garantir Ă  chacun un bon emploi, un logement dĂ©cent et de bons services publics services.

  • Alt-right : des clichĂ©s ennuyeux qui trahissent l’absence d’idĂ©es

    Manifestation antiraciste Ă  Anvers. Photo : Jente

    La publication en janvier dernier du livre de Jordan Peterson, ‘‘12 Rules for Life : An Antidote to Chaos’’, et l’attention qui lui a Ă©tĂ© portĂ©e reprĂ©sentent une avancĂ©e pour les idĂ©es archi-conservatrices primitives mais nĂ©anmoins dangereuses. Ce professeur de psychologie canadien est devenu le chouchou de ‘‘l’Alt-Right’’, la droite alternative, cette nouvelle tendance politique d’extrĂȘme droite essentiellement prĂ©sente sur le net.

    Par Ross Saunders, Socialist Party (parti-frĂšre du PSL)

    Le mouvement #MeToo ? Pour lui, il s’agit d’un ‘‘activisme scandaleux’’. Rien d’étonnant pour quelqu’un qui qualifie d’hypocrites les femmes qui se plaignent d’agressions mais portent du maquillage (ce qui serait ‘‘sexuellement provocateur’’). Nous connaissons bien ce vieil argument qui prĂ©sente les victimes comme des coupables puisque l’apparence suffit Ă  justifier les agressions sexuelles.

    Sa rĂ©ponse aux attentats meurtriers misogynes commis par des hommes associĂ©s au courant ‘‘Incel’’ (‘‘cĂ©libat involontaire’’, comme celui d’Elliot Rodger en 2014 et celui d’avril dernier Ă  Toronto) repose sur l’idĂ©e profondĂ©ment sexiste que les hommes ont unilatĂ©ralement le droit d’avoir des rapports sexuels avec les femmes comme ils l’entendent. PlutĂŽt que de condamner la misogynie et l’aliĂ©nation de la sociĂ©tĂ© capitaliste qui engendre ces atrocitĂ©s, Peterson dĂ©fend la ‘‘monogamie forcĂ©e’’ pour fournir suffisamment de femmes aux hommes violents ! Il tente encore de rationaliser l’écart de rĂ©munĂ©ration entre femmes et hommes en expliquant que les hommes seraient ‘‘mieux adaptĂ©s’’ pour des emplois qui, selon lui, mĂ©riteraient des salaires plus Ă©levĂ©s.

    Une telle idĂ©ologie rĂ©actionnaire est toujours marginale dans la sociĂ©tĂ©. Mais, comme les dirigeants des nouveaux mouvements de gauche ne parviennent pas Ă  trouver une voie claire pour aller de l’avant, davantage de frustrations peuvent se transformer en rĂ©action contre les mouvements fĂ©ministes, des groupes opprimĂ©s et de la classe ouvriĂšre au sens large. Ce n’est pas un hasard si des telles figures connaissent un succĂšs aujourd’hui, alors que le capitalisme est plongĂ© dans une crise sans issue depuis une dĂ©cennie.

    Peterson prĂ©tend ĂȘtre contre toute idĂ©ologie. En vĂ©ritĂ©, il soutient le statu quo. Sa pensĂ©e se limite au sens commun. Dans ‘‘Leur morale et la nĂŽtre’’, voici ce que Trotsky en disait : ‘‘Mais sitĂŽt que le sens commun tente de sortir de ses limites naturelles pour intervenir sur le terrain des gĂ©nĂ©ralisations plus complexes, il n’est plus que le conglomĂ©rat des prĂ©jugĂ©s d’une certaine classe Ă  une certaine Ă©poque. La simple crise capitaliste le dĂ©contenance; et devant des catastrophes telles que les rĂ©volutions, les contre-rĂ©volutions et les guerres, le bon sens n’est plus qu’un imbĂ©cile. Dans le but de comprendre les transgressions catastrophiques du cours “normal” des Ă©vĂ©nements, des qualitĂ©s intellectuelles supĂ©rieures sont nĂ©cessaires, dont l’expression philosophique n’a Ă©tĂ© donnĂ©e jusqu’ici que par le matĂ©rialisme dialectique’’, la mĂ©thode socialiste scientifique du marxisme.

  • L’extrĂȘme droite surfe sur les vagues du populisme de droite

    500 personnes ont participĂ© Ă  une manifestation combative contre le racisme Ă  Gand le 22 mars. L’extrĂȘme droite a manifestĂ© Ă  200 personnes, parmi lesquels 60 de Schild & Vrienden. Photo : Jean-Marie

    Que le gouvernement nĂ©olibĂ©ral s’inspire de ce que l’extrĂȘme droite a mis en avant dans les annĂ©es 1990 est un secret de polichinelle. Depuis le dĂ©but de ce siĂšcle, le plan en 70 points de ce qui Ă©tait alors encore le Vlaams Blok a Ă©tĂ© presque entiĂšrement incorporĂ© dans la lĂ©gislation actuelle. Le dĂ©bat politique d’aujourd’hui ne porte pas sur ce qui est nĂ©cessaire pour sortir de la pauvretĂ©, pour s’attaquer Ă  la prĂ©caritĂ© des conditions de travail et de vie et encore moins sur la maniĂšre dont une petite Ă©lite s’accapare la plupart des richesses. Nos politiciens prĂ©fĂšrent parler de ‘‘frontiĂšres fermĂ©es’’ et de ‘‘menace terroriste’’ sans dire un seul mot sur les causes Ă©conomiques des flux de rĂ©fugiĂ©s, sur la guerre en Syrie ou sur le fossĂ© grandissant entre riches et pauvres.

    Par Sander (Gand)

    Un discours qui Ă©tait auparavant considĂ©rĂ© comme choquant, raciste et simpliste est devenu aujourd’hui le courant dominant dans les politiques et la rhĂ©torique de ce gouvernement. C’est ce ‘‘politiquement correct’’ de droite qui constitue Ă©galement le terrain fertile pour augmenter la confiance de l’extrĂȘme droite et de toutes sortes d’organisations de ‘‘Nouvelle Droite’’. Nous avons vu, par exemple, Schild & Vrienden (un regroupement de l’extrĂȘme droite ultraconservateur Ă  Gand – voir ci-dessous) attaquer une action pour une politique d’asile plus humaine Ă  Gand ; les jeunes du Vlaams Belang Ă©talant les personnalitĂ©s du mouvement alt-right lors de son congrĂšs ; et le groupe Ă©tudiant du NSV! organisant une marche de haine en faveur de l’apartheid le 22 mars.

    Cette confiance de la part de l’extrĂȘme droite peut cependant ĂȘtre brisĂ©e par une rĂ©sistance active. Le mouvement de solidaritĂ© avec les rĂ©fugiĂ©s a dĂ©montrĂ© quel Ă©tait le potentiel. Il y a eu des grandes manifestations Ă  Bruxelles, mais Ă©galement en Flandre, presque toutes les confĂ©rences de Francken dans les universitĂ©s ont Ă©tĂ© accompagnĂ©es d’actions de protestation de jeunes et de travailleurs contre la politique d’asile inhumaine et en solidaritĂ© avec les rĂ©fugiĂ©s. La manifestation nationale contre le racisme du 24 mars, comptait une grande prĂ©sence de nĂ©erlandophones.

    L’Alt-Right en Belgique

    Des membres d’organisations d’extrĂȘme droite telles que le KVHV, le NSV, mais aussi les Jeunes de la N-VA, se sont retrouvĂ©s en organisant les confĂ©rences de Francken dans les universitĂ©s. C’est Ă  partir de lĂ  que Schild & Vrienden a vu le jour. Les membres des groupes mentionnĂ©s ci-dessus qui veulent aller plus loin, incluant des actions physiques, se sont retrouvĂ©s et ont fondĂ© un nouveau groupe. Ils ont organisĂ© un camp d’étĂ© dans le monastĂšre des Maleizen, une confrĂ©rie de prĂȘtres connue et redoutĂ©e pour rĂ©unir le clergĂ© rĂ©actionnaire et nĂ©gationniste, avec des jeunes radicaux de droite et des nĂ©o-fascistes. Pendant ce camp d’étĂ©, il y avait entre autres des cours d’entraĂźnement au combat.

    Entre autres choses, Schild & Vrienden s’est fait remarquer lorsque des membres ont publiĂ© sur internet une image reprĂ©sentant un viol avec les photos de deux militantes de gauche Ă  la VUB. Le message Ă©tait que l’arrivĂ©e de rĂ©fugiĂ©s entraĂźnerait davantage de viols. L’extrĂȘme droite se considĂšre comme une Ă©lite qui dĂ©fend l’identitĂ© blanche contre tout ce qui serait ‘‘politiquement correct’’. Les idĂ©es dominantes sont gĂ©nĂ©ralement celles de la classe dirigeante. Le fait que la scĂšne politique et Ă©conomique soit dominĂ©e par des hommes riches et blancs qui dĂ©fendent une politique nĂ©olibĂ©rale semble ĂȘtre un oubli utile Ă  l’extrĂȘme droite.

    AprĂšs l’élection de Trump en 2016, des personnalitĂ©s de droite comme Richard Spencer et Steve Bannon se sont sentis encouragĂ©s Ă  plaider plus ouvertement en faveur d’un monde culturellement (lire : racialement) sĂ©parĂ©. Cette idĂ©e vient de la Nouvelle Droite française, qui a tirĂ© le meilleur parti du fascisme et du nazisme mais qui, sous la pression des rapports de force, a quelque peu occultĂ© ses vues.

    A travers des forums Internet tels que 4chan, Spencer et ses coreligionnaires diffusent leur message d’un ‘‘ethno-Ă©tat blanc’’, de misogynie, de transphobie, d’islamophobie,… Des milliers d’AmĂ©ricains qui se sont dĂ©tournĂ©s de l’establishment en raison de la baisse continue de leur niveau de vie ont vu le message de Spencer et Co comme un moyen de contrer Hillary Clinton et d’élire le milliardaire Trump Ă  la prĂ©sidence. Les mouvements identitaires en Europe tentent de faire de mĂȘme.

    Mais il ne s’agit pas seulement d’activisme sur Internet : en 2017, les membres de GĂ©nĂ©ration Identitaire ont tentĂ© d’empĂȘcher que des rĂ©fugiĂ©s soient secourus en MĂ©diterranĂ©e. La journaliste auto-dĂ©clarĂ©e Lauren Southern, qui prĂȘche la haine sur Youtube et dont l’entrĂ©e en Grande-Bretagne a rĂ©cemment Ă©tĂ© refusĂ©e, a couvert cela. La mĂȘme Lauren Southern Ă©tait invitĂ©e au congrĂšs des jeunes du Vlaams Belang le 10 mars, oĂč elle a fait de la publicitĂ© pour son documentaire sur les ‘‘meurtres de boers’’ en Afrique du Sud (voir l’article ci-contre) et a appelĂ© Ă  rejoindre la marche de haine du NSV le 22 mars. Leur action ne remet pas en cause le systĂšme qui conduit Ă  la violence. L’objectif est d’encourager la division et la haine, appelant Ă  l’apartheid.

    ExtrĂȘme droite ou contre l’ordre Ă©tabli ?

    Des clubs nĂ©o-fascistes comme Schild & Vrienden gagnent en confiance. Leur violence physique au ChĂąteau des Comtes de Gand est passĂ©e dans le journal sur VTM (chaĂźne commerciale nĂ©erlandophone). Leur prĂ©sident Dries Van Langenhove a reçu une tribune pour exposer sa transphobie. De Morgen a fait une longue interview avec lui, au cours de laquelle Siegfried Bracke a fait savoir qu’il Ă©tait un fan. Van Langenhove a trĂšs bien vu l’occasion qui s’offrait Ă  lui et a immĂ©diatement commencĂ© Ă  lever des fonds dans ‘‘d’éminents’’ club philanthropiques du mouvement nationaliste flamand (cercles Marnix).

    La rhĂ©torique anti-Ă©tablissement a Ă©tĂ© retirĂ©e du pot. Il implique plusieurs membres de la jeunesse N-VA, alors qu’il s’agit d’un parti au pouvoir qui poursuit la mĂȘme politique d’austĂ©ritĂ© que les gouvernements prĂ©cĂ©dents, mais Ă  un rythme accĂ©lĂ©rĂ©. Le fait qu’il y a un soutien financier de la part d’entrepreneurs amis dans les cercles Marnix en dit long.

    Le racisme Ă©litiste de l’extrĂȘme droite n’est pas du tout en dĂ©saccord avec ce que proposent certaines parties de l’establishment. Par exemple, le gouvernement de droite lui-mĂȘme poursuit une politique de diviser pour rĂ©gner. Une Ă©conomie visant Ă  enrichir une petite couche supĂ©rieure dĂ©jĂ  riche et nausĂ©abonde jette les bases de la division et de la haine. Pour rompre avec cela, il faut un systĂšme Ă©conomique dans lequel la production est contrĂŽlĂ©e et gĂ©rĂ©e par les travailleurs et leurs familles. Un systĂšme sans intĂ©rĂȘts mercantiles impĂ©rialistes en cas de guerres qui dĂ©placent des milliers de personnes ou les tuent.

    Face Ă  la division et Ă  la haine, il faut une mobilisation de masse, en mettant l’accent sur notre unitĂ© et en dĂ©fendant une alternative au capitalisme. Cela empĂȘchera Ă©galement l’extrĂȘme droite de faire passer la haine d’Internet Ă  la rue.

  • La lutte de Martin Luther King : de Montgomery jusqu’au Vietnam

    Cette annĂ©e marque le 50e anniversaire de l’assassinat du Dr Martin Luther King Jr., qui a Ă©tĂ© abattu le 4 avril 1968 alors qu’il soutenait les Ă©boueurs noirs en grĂšve Ă  Memphis. Cependant les commĂ©morations officielles de M.L. King nous donnent souvent une version Ă©dulcorĂ©e de sa vie et de l’histoire du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis.

    Par Will Soto, Socialist Alternative (USA)

    Aux USA, il est courant d’entendre des politiciens de droite citer King pour parler de discrimination positive ou pour justifier des attaques contre le niveau de vie. Comme c’est le cas pour beaucoup de dĂ©fenseurs des opprimĂ©s, la classe dirigeante les craint et les combat avec acharnement de leur vivant, puis tend Ă  rendre inoffensif leur message politique aprĂšs leur mort. L’establishment amĂ©ricain craignait particuliĂšrement la radicalisation croissante de Martin Luther King Ă  la fin de sa vie, lorsqu’il se prononça brusquement contre la guerre du Vietnam et commença Ă  remettre en question le systĂšme capitaliste et mĂȘme Ă  parler de ‘‘socialisme dĂ©mocratique’’.

    Une stratégie de lutte de masse contre la pauvreté

    La montĂ©e en puissance de King a commencĂ© avec le Boycott des bus de Montgomery en 1955-1956. La stratĂ©gie de lutte de masse non-violente contre Jim Crow (les lois sĂ©grĂ©gationnistes), d’abord suivie par King Ă  Montgomery, contrastait avec la stratĂ©gie traditionnelle de la direction plus modĂ©rĂ©e de la NAACP (Association Nationale pour la Promotion des Gens de Couleur), qui estimait que l’action directe des masses effrayerait leurs alliĂ©s dans les partis dĂ©mocrate et rĂ©publicain.

    King a rĂ©pondu Ă  cela dans sa fameuse Lettre de la prison de Birmingham : ‘‘Nous savons par une douloureuse expĂ©rience que la libertĂ© n’est jamais donnĂ©e volontairement par l’oppresseur; cela doit ĂȘtre arrachĂ© par les opprimĂ©s.’’ King a donc jouĂ© un rĂŽle important dans l’organisation des manifestations de masse Ă  Birmingham en 1963, qui furent rĂ©primĂ©es brutalement, mais dont le courage Ă©talĂ© a suscitĂ© la sympathie de larges couches de la population.

    Seule la crainte de voir l’exemple de Birmingham s’étendre Ă  d’autres villes, ainsi que l’impatience grandissante des Noirs du nord, convainquirent l’administration dĂ©mocrate de John F. Kennedy que quelques lois fĂ©dĂ©rales sur les droits civiques devaient ĂȘtre promulguĂ©es. Les autoritĂ©s amĂ©ricaines craignaient aussi que la publicitĂ© nĂ©gative créée par les attaques racistes Ă  Birmingham permette Ă  l’Union soviĂ©tique d’affaiblir l’emprise amĂ©ricaine en Afrique et dans le reste du monde nĂ©ocolonial. Et ceci, en contraste frappant avec la mythologie rĂ©pandue crĂ©ditant le Parti dĂ©mocrate du cĂŽtĂ© des droits civiques.

    L’expĂ©rience du mouvement des droits civiques montre que la clĂ© du changement ne repose pas sur l’establishment politique capitaliste ou dans le lobbying, mais plutĂŽt sur la construction de mouvements de masse par le bas. King est Ă©galement entrĂ© en conflit sĂ©rieux avec les autoritĂ©s pendant la guerre du Vietnam, lorsqu’il s’est opposĂ© Ă  la guerre et a dĂ©noncĂ© de plus en plus les discriminations vĂ©cues par les Noirs amĂ©ricains comme Ă©tant liĂ©es Ă  la politique Ă©trangĂšre des États-Unis.

    Dans ses derniĂšres annĂ©es, King se tourna de plus en plus vers les problĂšmes d’injustice Ă©conomique et d’inĂ©galitĂ©. Ce qui a Ă©tĂ© particuliĂšrement important dans son cheminement, ce sont ses expĂ©riences dans les ghettos du nord oĂč les problĂšmes de la classe ouvriĂšre et des Noirs pauvres ne pouvaient pas ĂȘtre rĂ©solus en se limitant Ă  la lutte contre de la discrimination. Dans sa quĂȘte d’un moyen de gagner une Ă©galitĂ© rĂ©elle pour les Afro-AmĂ©ricains, King a commencĂ© Ă  tirer la conclusion qu’une lutte sĂ©rieuse contre la pauvretĂ© et l’oppression Ă©tait nĂ©cessaire.

    ‘‘Peut-ĂȘtre que l’AmĂ©rique doit se diriger vers un socialisme dĂ©mocratique’’

    Il considĂ©rait de plus en plus l’idĂ©e qu’une rĂ©partition Ă©quitable des ressources de la sociĂ©tĂ© signifierait rompre avec les rĂšgles du capitalisme, qui repose sur la pauvretĂ© des travailleurs noirs (et latinos) comme une source importante de superprofits.

    King a Ă©galement commencĂ© Ă  parler de la nĂ©cessitĂ© du socialisme. Dans un discours prononcĂ© en 1966, il a dĂ©clarĂ© : ‘‘Vous ne pouvez pas parler d’une rĂ©solution du problĂšme Ă©conomique des Noirs sans parler de milliards de dollars. Vous ne pouvez pas parler de la fin des bidonvilles sans dire d’abord que les profits ne doivent plus ĂȘtre faits sur les bidonvilles. Vous falsifiez vraiment parce que vous avez affaire Ă  des gens maintenant. Vous avez affaire Ă  des capitaines d’industrie [
] Maintenant ça signifie que vous vous dĂ©placez dans une mer agitĂ©e, parce que ça signifie qu’il y a quelque chose qui ne va pas avec [
] le capitalisme [
]Il doit y avoir une meilleure distribution des richesses et peut-ĂȘtre que l’AmĂ©rique doit se diriger vers un socialisme dĂ©mocratique.’’

  • [PHOTOS] Manifestation nationale contre le racisme

    Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Bruxelles hier pour protester contre le racisme. La plate-forme de la manifestation avait reçu le soutien d’un large Ă©ventail d’associations et d’organisations. la participation Ă©tait remarquablement diversifiĂ©e, y compris une importante dĂ©lĂ©gation kurde. Nous Ă©tions prĂ©sents avec une dĂ©lĂ©gation et avons mis en place diffĂ©rents stands pour y prĂ©senter notre matĂ©riel politique. Notre mensuel a pu compter sur un fort bon Ă©cho, notamment au sujet de notre approche de la lutte contre le racisme.

    Reportage photos de Liesbeth

    Manifestatie tegen racisme // Liesbeth

    Reportage photos de Mario

    Manifestation contre le racisme // Mario

  • Ne les laissons pas nous diviser ! Il nous faut l’unitĂ© et une autre sociĂ©tĂ© !

    “Stop au racisme ! Stop au sexisme ! Ne nous laissons pas diviser ! “

    ‘‘La gauche doit choisir entre des frontiĂšres ouvertes et l’Etat providence’’ : la carte blanche de De Wever de fin janvier relĂšve d’un vieil adage : ‘‘diviser pour mieux rĂ©gner’’. Constatant que la politique migratoire gouvernementale est taxĂ©e d’inhumaine ou d’amorale notamment par les partis de l’opposition et les milliers de manifestants solidaires des migrants, De Wever rĂ©pliquait en expliquant que sa morale et sa politique consistent Ă  garantir le financement des protections sociales en Belgique. Qui peut croire cela ?

    Par Nicolas M, responsable jeunes du PSL 

    Le dossier est brĂ»lant, il agite les nĂ©gociations entre syndicats et patronat/gouvernement : les pensions sont le grill, la droite continue sciemment sa politique d’attaques frontales contre nos conditions de vie et de travail. En parallĂšle, les opposants Ă  la politique migratoire brutale du gouvernement Michel s’agglutinent par milliers Ă  chaque nouvelle rafle. Ce que parvient Ă  faire la droite c’est de lier les diffĂ©rentes parties de sa politique. Servir l’intĂ©rĂȘt de la majoritĂ© est trop coĂ»teux, il faut sabrer dans les dĂ©penses publiques et transfĂ©rer l’argent vers les riches et les grandes entreprises. Depuis 2014, il n’y a plus de tabou, le gouvernement roule sur tous les dossiers, bien aidĂ© par la faiblesse de son opposition. Nous Ă©crivions le mois passĂ© que celui-ci ne fera de concession que s’il se sent menacĂ©. Cette rĂ©flexion est cruciale pour tous ceux qui veulent s’opposer Ă  lui.

    Pour De Wever, il nous faut choisir. Oui, c’est vrai, mais pas entre les options qu’il propose. Si l’argent manque pour accorder une pension dĂ©cente Ă  chaque travailleur, pour embaucher massivement dans les soins de santĂ© et assurer un accueil digne Ă  nos aĂźnĂ©s et aux patients, etc. c’est parce que les richesses disponibles sont accaparĂ©es par le privĂ©. 220 milliards d’euros Ă©vadĂ©s vers les paradis fiscaux – un manque Ă  gagner de quelques 28 milliards en fraude fiscales (6 Ă  7% du PIB !) – c’est quand mĂȘme autre chose que les vagues de migrants qui fuient la misĂšre et la violence et vivent dans une prĂ©caritĂ© insoutenable ! Par contre, il est vrai que nous ne pourrons pas renverser l’actuelle politique d’accueil sans mobiliser les moyens nĂ©cessaires Ă  son financement.

    Le choix qui nous fait face est soit de continuer Ă  subir les manƓuvres de la classe dominante et de ses reprĂ©sentants politiques, soit de rassembler et d’unifier les exploitĂ©s pour organiser leur lutte commune en faveur d’une alternative politique qui mettra un terme aux pĂ©nuries, aux attaques antisociales et aux discriminations. De Wever fait tout pour repousser le cauchemar de son camp : un soulĂšvement gĂ©nĂ©ralisĂ© contre tous les aspects de la politique capitaliste. Un tel mouvement ne tombera pas du ciel. Il exige de la prĂ©paration. Diverses opportunitĂ©s d’avancer dans cette direction nous font face.

    Sans lier le combat pour un accueil dĂ©cent des migrants Ă  celui contre la prĂ©caritĂ© grandissante en Belgique (21,5% de la population affirme difficilement pouvoir joindre les deux bouts !), nous laissons le champ libre aux idĂ©ologues de la classe dominante pour qu’ils nous mettent dos Ă  dos, neutralisent nos revendications et nous taxent d’inconscients. Battons-nous pour un plan massif d’investissements publics pour des logements sociaux, un refinancement de l’enseignement et des emplois dĂ©cents pour chacun, sans distinction d’origine, de lieu de naissance ou de religion.

    Les extrĂȘmes inĂ©galitĂ©s, la surexploitation et les pĂ©nuries puisent leurs racines dans le systĂšme capitaliste. De la propriĂ©tĂ© privĂ©e des moyens de production et d’échange dĂ©coule le manque de financement des services publics, ainsi que le pillage Ă  l’Ɠuvre dans les pays d’origine des migrants, source de tensions Ă©conomiques et de guerres. C’est tout un modĂšle Ă©conomique qui demande Ă  ĂȘtre renversĂ©.

    De notre unitĂ© et de nos revendications doit dĂ©couler un dĂ©bat sur le type de sociĂ©tĂ© dont nous – la grande majoritĂ©, travailleurs pressĂ©s comme des citrons, pensionnĂ©s pauvres, travailleurs migrants, travailleurs persĂ©cutĂ©s – avons besoin. La nationalisation des secteurs clĂ©s de l’économie, y compris l’entiĂšretĂ© du secteur financier, mis sous contrĂŽle des travailleurs et de leur famille, permettrait d’orienter les immenses richesses disponibles vers la satisfaction des besoins de la population et non vers la soif de profits d’une infime minoritĂ©. Unifions nos luttes et dĂ©fendons les mesures socialistes dĂ©mocratiques qui s’imposent.

  • LiĂšge. Il faut retirer la photo d’Aung San Suu Kyi de l’exposition ‘‘Plus jamais ça’’!

    L’exposition permanente ‘‘Plus jamais ça’’ des Territoires de la MĂ©moire Ă  La CitĂ© Miroir, Ă  LiĂšge, constitue une bonne et accessible introduction aux horreurs du fascisme. Elle se veut engagĂ©e et appelle Ă  la rĂ©sistance. Il est bien entendu important que de telles expositions existent.

    Par Liesbeth et Geert (Anvers)

    Malheureusement, Ă  la fin de l’exposition, cet appel Ă  la rĂ©sistance se limite Ă  quelques reprĂ©sentations d’institutions internationales du capitalisme et de personnalitĂ©s connues. Comment l’Union europĂ©enne pourrait-elle bien constituer une solution face aux organisations fascistes contemporaines telles qu’Aube DorĂ©e en GrĂšce ? La croissance du soutien de ce parti d’extrĂȘme droite a justement reposĂ© sur le dĂ©sastre social causĂ© par la politique austĂ©ritaire dictĂ©e par l’UE. L’exposition se termine par des images de trois personnalitĂ©s considĂ©rĂ©es comme des symboles de la rĂ©sistance : Martin Luther King, Nelson Mandela et Aung San Suu Kyi. L’image de cette derniĂšre personnalitĂ© clĂŽture l’exposition.

    Pour des activistes politiques tels que nous, ce fut le choc : il est impensable qu’une dirigeante politique qui laisse des extrĂ©mistes bouddhistes racistes commettre un gĂ©nocide contre la population Rohingya au Myanmar puisse ĂȘtre reprise comme un symbole de rĂ©sistance contre le racisme ! En 2015 dĂ©jĂ , nous nous sommes impliquĂ©s dans l’organisation de la premiĂšre manifestation belge contre le gĂ©nocide commis contre les Rohingyas. Nous avons continuĂ© Ă  mener campagne contre ce gĂ©nocide et nous voyons maintenant Aung San Suu Kyi dans un musĂ©e de la rĂ©sistance contre les horreurs du fascisme, de racisme et du gĂ©nocide


    Les auteurs de l’exposition doivent tout de mĂȘme avoir remarquĂ© qu’Aung San Suu Kyi a non seulement refusĂ© de dĂ©noncer le gĂ©nocide contre les Rohingyas, mais aussi qu’elle est mĂȘme allĂ©e plus loin en dĂ©fendant cette violence et s’en prenant aux opposants de cette politique. MĂȘme l’ONU qualifie les Rohingyas de minoritĂ© la plus persĂ©cutĂ©e au monde.

    Dans le meilleur cas, la reprĂ©sentation d’Aung San Suu Kyi dans cette exposition est une erreur commise il y a quelques  annĂ©es de cela (l’exposition existe depuis 4 ans). Mais aprĂšs les Ă©vĂ©nements survenus ces trois derniĂšres annĂ©es, le temps n’a pas manquĂ© pour corriger cela.

    Cette aberration rĂ©sulte probablement d’une approche trop ancrĂ©e dans la logique nĂ©olibĂ©rale dominante qui prĂ©sente les processus historiques comme Ă©tant l’Ɠuvre de l’activitĂ© d’individus. Cela Ă©tait dĂ©jĂ  frappant dans la maniĂšre d’expliquer l’accession d’Hitler au pouvoir. L’exposition fait Ă  juste titre rĂ©fĂ©rence Ă  la pĂ©riode de crise et de chĂŽmage de masse instrumentalisĂ©e par les nazis afin de disposer d’une assise plus large dans la sociĂ©tĂ©. Mais cela ne valait visiblement pas la peine de mentionner l’existence de mouvements de masse et d’explosions rĂ©volutionnaires de la part du mouvement ouvrier allemand. Cependant, l’impact du dĂ©sespoir contre-rĂ©volutionnaire des fascistes sur la sociĂ©tĂ© ne peut ĂȘtre compris qu’en parlant de l’échec de l’espoir rĂ©volutionnaire d’un meilleur avenir et d’une autre sociĂ©tĂ©. C’est cet Ă©chec qui a ouvert la possibilitĂ© au mouvement fasciste de disposer d’un soutien plus large. Le danger rĂ©volutionnaire est Ă©galement ce qui a conduit certains grands capitalistes Ă  activement soutenir le mouvement fasciste. Ce n’est peut-ĂȘtre pas possible d’aborder tous ces Ă©lĂ©ments dans le cadre d’une exposition qui se veut trĂšs accessible, y compris pour des lycĂ©ens. Mais ce silence rĂ©duit en grande partie l’essor du fascisme Ă  la personnalitĂ© d’Adolf Hitler.

    Si le problĂšme se rĂ©duit essentiellement Ă  une question de personnalitĂ©s, alors la rĂ©sistance peut, elle aussi, ĂȘtre prĂ©sentĂ©e de cette façon. L’appel Ă  la rĂ©sistance n’est d’ailleurs pas prĂ©sentĂ© comme une adresse Ă  chacun d’entre nous – mĂȘme si l’exposition commence fort avec une rĂ©fĂ©rence au fameux poĂšme de Martin Niemöller (‘Quand les nazis ont arrĂȘtĂ©s les communistes’) – et surtout pas comme un appel Ă  construire un mouvement organisĂ©. Mais il est bien entendu dangereux de mettre en avant la rĂ©sistance en utilisant l’image d’une personnalitĂ© de l’establishment capitaliste : l’oppression, la guerre et le gĂ©nocide sont enracinĂ©s dans ce systĂšme.

    Nous avons besoin d’une rĂ©sistance antifasciste et antiraciste pour assurer que ce qui s’est passĂ© avec le fascisme ne puisse plus jamais se reproduire. Nous n’y parviendrons pas en plaçant nos espoirs dans l’establishment capitaliste, sous couvert ou non de vagues rĂ©fĂ©rences Ă  la dĂ©mocratie et aux droits humains comme alternative au fascisme et Ă  l’extrĂȘme droite (sans donner un contenu de classe Ă  ces alternatives). Le fascisme est nĂ© de la crise du capitalisme et de l’échec du mouvement ouvrier Ă  offrir une issue. Le mouvement des travailleurs est la seule force capable d’offrir une alternative Ă  la crise du capitalisme et au fascisme. Aujourd’hui, les extrĂ©mistes de droite (des nĂ©o-fascistes traditionnels aux populistes de la prĂ©tendue nouvelle droite) peuvent encore disposer d’un certain espace, mĂȘme s’il est beaucoup plus limitĂ© que celui dont ont bĂ©nĂ©ficiĂ© les nazis de l’époque.

    Notre lutte antifasciste exige de disposer d’un programme et d’un mouvement en faveur d’un progrĂšs social pour tous. A notre avis, cela implique de rompre avec le capitalisme. Pour parvenir Ă  une autre sociĂ©tĂ©, toute forme de division reprĂ©sente un obstacle. De plus, la lutte contre une forme d’oppression est affaiblie si l’on reste silencieux sur d’autres formes d’oppression. VoilĂ  pourquoi, en tant qu’antifascistes marxistes, nous avons Ă©tĂ© les premiers en Belgique Ă  organiser une manifestation en juillet 2015 Ă  Anvers en compagnie d’activistes d’origine asiatique contre la persĂ©cution des Rohingya en Birmanie ou encore pourquoi nous avons menĂ© une campagne Ă  la VUB pour que le doctorat honoris causa d’Aung San Suu Kyi lui soit retirĂ©.

    Nous espĂ©rons que La CitĂ© Miroir et les Territoires de la MĂ©moire retireront l’image d’Aung San Suu Kyi de cette exposition, ne fut-ce que par respect envers les victimes Rohingyas de Birmanie.

  • Le socialisme et la lutte contre le racisme

    La derniĂšre dĂ©cennie a Ă©tĂ© le théùtre d’une grande variĂ©tĂ© de luttes et de campagnes importantes pour la justice sociale aux États-Unis, dont le mouvement Occupy Wall Street ou le combat pour l’égalitĂ© LGBTQI. Graduellement, le 99% apprend Ă  s’exprimer politiquement. Plus rĂ©cemment, par contre, le combat contre les inĂ©galitĂ©s Ă©peronnĂ© par les travailleurs de la restauration rapide ainsi que le mouvement grandissant contre la brutalitĂ© policiĂšre reprĂ©sentent la fine pointe de ces luttes. Depuis l’émeute Ă  Ferguson suite au meurtre de Michael Brown il y a un an, le mouvement Black Lives Matter (BLM) s’est rĂ©pandu Ă  travers le pays et a remportĂ© des victoires importantes, quoique limitĂ©es. Pour la premiĂšre fois depuis nombre d’annĂ©es, les policiers font face Ă  des inculpations pour des meurtres de civils. BLM a ouvert un dĂ©bat public et celui-ci a eu un grand impact sur le dĂ©veloppement de la conscience. Mais encore, le mouvement a menĂ© Ă  l’émergence cruciale de jeunes activistes et leaders noirs.

    Tony Wilsdon, Socialiste Alternative (CIO-USA)

    Mais tout cela soulĂšve la question de l’établissement d’un mouvement soutenu qui peut continuer d’accumuler des gains et qui saura s’attaquer aux enjeux structurels plus larges de l’incarcĂ©ration de masse et de la discrimination dans l’emploi et dans l’accĂšs au logement, entre autres institutions sociales. Plusieurs de ces enjeux reliĂ©s Ă  la constitution d’un mouvement ont un important rapport aux luttes des femmes et des communautĂ©s LGBTQI contre l’oppression.

    Les socialistes soutiennent que les rĂ©formes sĂ©rieuses sont gagnĂ©es Ă  travers de puissants mouvements sociaux. Plus un mouvement est puissant, plus il peut faire des gains. HĂ©las, plus un mouvement est puissant, plus il est opposĂ© par la classe dirigeante. Cela pose l’importance de dĂ©velopper des stratĂ©gies dynamiques et fructueuses afin de faire avancer le mouvement. Par exemple, Socialist Alternative met l’emphase sur la nĂ©cessitĂ© de rĂ©unir la colĂšre des communautĂ©s opprimĂ©es vis-Ă -vis de sujets tels que la violence policiĂšre avec ceux relevant de l’économie et des enjeux sociaux comme les bas salaires, les coupes budgĂ©taires dans les services sociaux, la dĂ©crĂ©pitude des quartiers dĂ©favorisĂ©s, les logements abordables, etc.

    Le combat pour les réformes

    Manifestement, la classe dirigeante est sur la dĂ©fensive au sujet de la brutalitĂ© policiĂšre, alors que des exemples atroces de flagrante brutalitĂ© policiĂšre envahissent le web. L’Establishment est divisĂ© sur ce sujet. Il convient de rappeler que l’incarcĂ©ration de masse Ă  l’échelle que l’on connaĂźt aujourd’hui est un phĂ©nomĂšne relativement rĂ©cent. C’est le rĂ©sultat d’une “guerre contre la drogue” initiĂ©e par les rĂ©publicains dans les annĂ©es 1970 sous Richard Nixon et largement supportĂ©e par les dĂ©mocrates.

    Parmi l’élite, de nombreuses personnes considĂšrent maintenant que cette politique est dĂ©passĂ©e. Plusieurs d’entre elles envisagent Ă©galement les bĂ©nĂ©fices Ă©conomiques d’une rĂ©duction du nombre de personnes incarcĂ©rĂ©es. Cela crĂ©e une opportunitĂ© unique pour le mouvement de pousser plus fort et de forcer la classe dirigeante Ă  dĂ©manteler des Ă©lĂ©ments clĂ©s de la politique d’incarcĂ©ration de masse et de la politique contre la drogue.

    Le racisme est un Ă©lĂ©ment fondamental de la sociĂ©tĂ© Ă©tasunienne depuis ses dĂ©buts. L’esclavage a Ă©tĂ© aboli grĂące Ă  une Guerre civile rĂ©volutionnaire, mais la discrimination sociale et Ă©conomique contre le peuple noir, soutenue par une rĂ©pression brutale, demeure profondĂ©ment enracinĂ©e. L’idĂ©ologie raciste a Ă©tĂ© employĂ©e pour justifier le statu quo et pour prĂ©venir l’unitĂ© des peuples opprimĂ©s sur un front de classe. Quoique l’on parle aujourd’hui d’une sociĂ©tĂ© “post-raciale”, la classe dirigeante n’abandonnera pas le racisme ni le sexisme systĂ©miques, tout comme elle n’abandonnera pas l’exploitation Ă©conomique, car ils sont nĂ©cessaires pour sa survie. En fait, face Ă  la colĂšre grandissante et la rĂ©volte naissante chez certaines sections de la classe ouvriĂšre et des pauvres, elle reviendra Ă  la rĂ©pression plus directe et aux politiques racistes de type “diviser pour mieux rĂ©gner” afin d’affaiblir le mouvement. DĂ©jĂ , nous tĂ©moignons d’une plus grande utilisation d’une police militarisĂ©e contre les manifestations dans les rĂ©centes annĂ©es.

    Alors, cela veut-il dire que nous ne pouvons pas gagner de rĂ©formes majeures qui affecteront directement les vies des personnes noires? Les socialistes diront que nous pouvons certainement faire des gains. Mais notre capacitĂ© de gagner des rĂ©formes majeures dĂ©pendra de la force, de l’ampleur et de la conviction de notre mouvement. Cela dĂ©pendra aussi des divisions potentielles dans la classe dirigeante et de leur dĂ©termination de rĂ©sister Ă  la lutte.

    Historiquement, les capitalistes ont Ă©tĂ© prĂȘts, sous pression, Ă  accorder des concessions – et mĂȘme parfois des concessions d’une portĂ©e considĂ©rable, lorsqu’ils sont fondamentalement remis en question – pour au moins conserver le contrĂŽle de la sociĂ©tĂ© sur le long terme. Cependant, afin de maintenir leur capacitĂ© de gĂ©nĂ©rer des profits, ils tenteront de revenir sur ces concessions et de nous les arracher. Une contestation socialiste de leur rĂšgne, liĂ© Ă  un mouvement de masse de travailleurs, offre non seulement une alternative fondamentale, mais, qui plus est, nous pouvons gagner les plus grandes concessions dĂšs aujourd’hui en bĂątissant un tel mouvement.

    Certaines sections de la classe dirigeante sont maintenant prĂȘtes Ă  rĂ©duire le niveau d’incarcĂ©ration de masse, de rĂ©former les politiques sur la drogue, et mĂȘme d’accorder un salaire minimum Ă  15$ dans certaines villes – de façon limitĂ©e -, car elles espĂšrent que ces concessions aideront Ă  attĂ©nuer la colĂšre contre les inĂ©galitĂ©s et pourraient mĂȘme Ă©largir le marchĂ© pour certains capitalistes. De plus, dans le cas du salaire minimum, il s’agit lĂ  d’une alternative plus intĂ©ressante que d’avoir Ă  composer avec un mouvement de syndicalisation sur les lieux de travail. Mais ce genre de concessions peut nĂ©anmoins avoir l’effet de stimuler un mouvement qui en exige davantage.

    Leçons des luttes antérieures

    La lutte pour renverser le racisme systémique est liée à la lutte pour revendiquer et obtenir des réformes. Le mouvement des droits civiques est devenu plus fort suite au boycottage des bus de Montgomery, au combat pour la déségrégation des casse-croûtes, et à la marche de Selma. Il a forcé la classe dirigeante à se diviser ouvertement et a exposé la brutalité du racisme étatsunien devant un auditoire national et international. Mais, de façon plus importante, il a élevé les espoirs, les attentes et la combativité des travailleurs et des jeunes noir-e-s.

    Le mouvement a bientĂŽt eu Ă  ajuster sa stratĂ©gie et ses tactiques afin d’adresser la rĂ©sistance de la classe dirigeante. L’évolution de Martin Luther King Jr est particuliĂšrement rĂ©vĂ©latrice. Aujourd’hui, les reprĂ©sentants de l’Establishment citent ses premiers discours, particuliĂšrement le discours “I have a dream”, afin de servir leurs intĂ©rĂȘts. Mais dans ses derniĂšres annĂ©es, King s’était orientĂ© vers un combat contre les aspects plus larges du racisme systĂ©mique.

    King voyait le lien entre les travailleurs de toutes races et la façon dont leur statut de classe offrait un levier pour bĂątir des mouvements plus puissants afin de gagner des concessions majeures. Durant la derniĂšre annĂ©e de sa vie, il a lancĂ© la marche multiraciale Poor People’s March on Washington et s’est liĂ© avec les Ă©boueurs en grĂšve Ă  Memphis. Il a Ă©tĂ© assassinĂ© avant que cette nouvelle direction ait pu ĂȘtre implĂ©mentĂ©e. Pendant que des forces plus radicales, dont les Black Panthers, ont poursuivi le mouvement entamĂ© par King, les leaders du courant dominant des droits civiques ont rejetĂ© la stratĂ©gie de King. Ils ont prĂ©fĂ©rĂ© se rallier Ă  la stratĂ©gie Ă©mergente du leadership du Parti dĂ©mocrate : accorder des concessions limitĂ©es en ciblant les Ă©lĂ©ments les plus radicaux du mouvement afin de les rĂ©primer. Cette confiance envers le Parti dĂ©mocrate dans ses promesses de rĂ©forme a Ă©tĂ© dĂ©vastatrice pour le mouvement des droits civiques qui, sous un leadership plus modĂ©rĂ©, a perdu sa force indĂ©pendante et s’est rĂ©duit Ă  un groupe de pression sous le Parti dĂ©mocrate. C’est ce mĂȘme Parti dĂ©mocrate qui s’est ralliĂ© aux rĂ©publicains afin de dĂ©manteler les gains des mouvements sociaux au cours des 35 derniĂšres annĂ©es.

    Les socialistes supportent la conclusion simple amenĂ©e par King et les autres radicaux, incluant les Black Panthers, selon laquelle une contestation sĂ©rieuse du racisme systĂ©mique, ainsi que des attitudes racistes, impliquera l’établissement d’un mouvement qui inclut tous ceux qui sont opprimĂ©s par le capitalisme – et que le Parti dĂ©mocrate n’est pas un alliĂ© fiable.

    La lutte pour les rĂ©formes et la constitution d’un mouvement de masse

    Les socialistes voient l’exploitation de classe comme un essentiel Ă©lĂ©ment unificateur qui rejoint les expĂ©riences de la vaste majoritĂ© des sections opprimĂ©es de la sociĂ©tĂ©. Le capitalisme exploite les travailleurs en leur accordant un salaire infĂ©rieur Ă  la valeur qu’ils crĂ©ent par leur travail. Les personnes noires et latina, les femmes, les immigrant-e-s et les personnes LGBTQI occupent une part disproportionnĂ©e des emplois Ă  faible rĂ©munĂ©ration. Ce qu’ils ont en commun et ce qui permettra d’unir leurs luttes contre toutes les formes d’oppression sous le capitalisme est leur exploitation en tant que travailleurs. De plus, faisant partie d’une plus large classe ouvriĂšre, illes ont une Ă©norme force potentielle grĂące Ă  leur capacitĂ© de retirer leur main-d’oeuvre et de mettre fin Ă  l’accumulation de profits par le patronat.

    Dans cette lutte pour mettre fin Ă  l’oppression, le rĂŽle d’une classe ouvriĂšre unie est essentiel, car elle peut paralyser l’économie grĂące Ă  des grĂšves gĂ©nĂ©rales ou des grĂšves spĂ©cifiques Ă  leur secteur industriel. En menant de puissantes luttes, elle peut rĂ©unir la grande majoritĂ© de la population dans un seul mouvement, non seulement pour demander des rĂ©formes majeures, mais Ă©galement pour mettre fin au capitalisme. Pour ce faire, la classe ouvriĂšre doit se mobiliser et former des organisations militantes autour d’un programme qui rĂ©pond aux besoins des personnes faisant face Ă  des formes d’oppressions spĂ©cifiques, ainsi qu’à ceux des travailleurs.

    La tĂąche de rĂ©unir la classe ouvriĂšre est insĂ©parable du besoin d’amĂ©liorer la conscience des travailleurs blancs au sujet du racisme et de l’impact des tactiques “diviser pour mieux rĂ©gner” utilisĂ©es par les Ă©lites au pouvoir. C’est une tĂąche que le mouvement ouvrier doit assumer.

    L’absence d’un parti politique indĂ©pendant qui reprĂ©sente et se bat pour les travailleurs et les pauvres reprĂ©sente une sĂ©rieuse faiblesse dans la lutte contre les salaires indĂ©cents, l’oppression, et le racisme dans la classe ouvriĂšre. Cela permet aux grandes entreprises et au 0.1% de dominer la politique. Qui plus est, le mouvement ouvrier occupe une position de loin plus faible que dans le passĂ© et se voit ralenti par un leadership qui a systĂ©matiquement Ă©vitĂ© les luttes sociales et qui considĂšre Ă  tort que les dĂ©mocrates sont leurs amis.

    Pourtant, les luttes de la classe ouvriĂšre Ă©mergent autour des salaires faibles et de la revendication pour un salaire minimum Ă  15$. En rĂ©unissant les luttes contre les salaires indĂ©cents avec le mouvement contre la brutalitĂ© policiĂšre et le racisme, nous pouvons amener plus de gens Ă  rejoindre la lutte tout en Ă©levant la conscience au sujet des deux enjeux. La journĂ©e d’action nationale Fight For $15 du 15 avril a Ă©tĂ© la plus grande et la plus dynamique que l’on a connue, justement parce qu’elle a amenĂ© des activistes des deux mouvements Ă  travailler ensemble.

    Le socialisme : une alternative au capitalisme

    Il est de plus en plus clair que le capitalisme et la classe dirigeante ne tolĂšrent pas les rĂ©formes majeures. En effet, en comparant avec les annĂ©es 1960s, pĂ©riode durant laquelle l’économie Ă©tatsunienne connaissait une croissance rapide, les possibilitĂ©s de rĂ©formes sĂ©rieuses dans le cadre d’un systĂšme Ă  profit sont beaucoup moins nombreuses. Et mĂȘme lorsque nous avons rĂ©ussi Ă  imposer des rĂ©formes majeures dans le passĂ©, la classe dirigeante a agressivement tentĂ© de les renverser dĂšs que l’opportunitĂ© s’est prĂ©sentĂ©e. La fixation sur le profit Ă  la base du capitalisme peut seulement servir une minoritĂ© de la sociĂ©tĂ©. Notre tĂąche est de redistribuer le pouvoir de la classe milliardaire et des grandes banques et entreprises qui dominent notre sociĂ©tĂ© Ă  l’ensemble de la population. VoilĂ  ce qu’on appelle le socialisme.

    Lorsque la grande majoritĂ© de la sociĂ©tĂ© – la classe ouvriĂšre – contrĂŽlera la sociĂ©tĂ© de façon dĂ©mocratique et par l’autogestion des lieux de travail et des communautĂ©s, lorsqu’elle pourra s’exprimer sur les grandes dĂ©cisions qui l’affectent, et lorsque le contrĂŽle des mĂ©dias et des autres institutions sociales ne sera plus concentrĂ© entre les mains des propriĂ©taires de mĂ©gacorporations – l’élite du 0.01% – c’est Ă  ce moment-lĂ  que les politiques de la sociĂ©tĂ© seront conçues dans l’intĂ©rĂȘt de la grande majoritĂ©.

    Lorsque le pouvoir sera repris des mains d’une minuscule minoritĂ©, il n’y aura plus besoin de discriminer en fonction de la race ou du genre. De cette maniĂšre, nous pouvons crĂ©er une sociĂ©tĂ© sans oppression basĂ©e sur la race, le genre ou la sexualitĂ©, de façon Ă  ce que chacun-e puisse avoir un travail dĂ©cent, un logement convenable, des soins de santĂ© et que tous les autres besoins essentiels soient comblĂ©s, tout en combattant le rĂ©chauffement climatique en redirigeant notre Ă©conomie loin des hydrocarbures.

    Lors des phases les plus militantes du mouvement pour la libĂ©ration des Noirs, comme pour le mouvement ouvrier, la vision d’une alternative socialiste au capitalisme a Ă©tĂ© une force motivatrice pour des dizaines de milliers d’activistes qui ont jouĂ© un grand rĂŽle dans l’avancement de la lutte. Cela leur a permis de voir plus loin et de voir en quoi les durs combats pour des rĂ©formes font Ă©galement partie intĂ©grale d’une plus grande lutte : celle pour une sociĂ©tĂ© qui met fin Ă  la pauvretĂ© et Ă  la discrimination.

    Faire avancer le mouvement dùs aujourd’hui

    Socialist Alternative croit que la recherche d’appuis pour un programme militant plus large est un ingrĂ©dient clĂ© dans l’organisation d’une lutte puissante et fructueuse. Ce programme doit rejoindre les besoins rĂ©els du mouvement et ne peut pas ĂȘtre limitĂ© ni par ce qui est acceptable pour le Parti dĂ©mocrate ni par ce qui est considĂ©rĂ© possible sous le capitalisme.

    Afin d’adresser l’incarcĂ©ration de masse et le racisme systĂ©mique, Socialist Alternative appelle Ă  :

    La fin de la guerre raciste contre la drogue. La dĂ©criminalisation et la lĂ©galisation de la consommation de cannabis. Le traitement des dĂ©pendances par la rĂ©habilitation et non la criminalisation. La libĂ©ration et l’annulation des dossiers criminels, ce qui inclut le rĂ©tablissement du droit de vote, de tous ceux qui ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s pour des crimes non violents reliĂ©s Ă  la drogue.

    Un contrĂŽle communautaire sur tous les aspects du travail policier. Les policiers locaux sous la supervision de conseillers communautaires Ă©lus ayant l’ensemble des pouvoirs sur la police, ce qui inclut les politiques et procĂ©dures dĂ©partementales. Des candidats indĂ©pendants et antiracistes provenant des organisations communautaires et des syndicats devraient siĂ©ger sur ces conseils.

    Mais nous mettons Ă©galement de l’avant des revendications qui peuvent amener des sections plus larges des pauvres et des travailleurs au sein du mouvement. Par exemple, nous voulons garantir Ă  tous des emplois de qualitĂ© Ă  15$ par heure au minimum, ainsi que des investissements massifs dans l’éducation publique, le transport, les soins de santĂ© et d’autres services Ă©conomiques financĂ©s par des impĂŽts sur les ultra-riches et les corporations.

    De plus, afin de pousser le mouvement pour la libĂ©ration des Noirs vers l’avant, nous appelons pour des manifestations coordonnĂ©es Ă  l’échelle nationale contre le racisme, la violence policiĂšre et les inĂ©galitĂ©s Ă©conomiques.

    La capacitĂ© de se rĂ©unir autour de demandes claires, atteignables, et qui peuvent rejoindre toutes les luttes du 99% contre tous les aspects de l’oppression, est la clĂ© de notre succĂšs. Notre capacitĂ© de se battre pour et d’obtenir des rĂ©formes est essentielle, non seulement pour ces gains, mais Ă©galement pour donner une chance aux gens ordinaires de ressentir leur pouvoir collectif et de voir plus loin dans leurs demandes. Ces luttes nous permettront Ă©galement de crĂ©er une organisation politique et un leadership plus cohĂ©rents, qui pourront mener les luttes dĂ©cisives Ă  venir contre le systĂšme capitaliste, et l’une de ces pierres d’assise, le racisme systĂ©mique.

  • 12 novembre : manifestation nationale de la Coordination des sans-papiers

    Depuis presque 1 an et demi, des groupes de sans-papiers subissent les assauts du gouvernement actuel et de ses politiques migratoires rĂ©pressives, en Belgique en gĂ©nĂ©ral et Ă  Bruxelles en particulier. User de racisme, de discrimination et de rĂ©pression afin d’écraser le migrant : c’est la devise du secrĂ©taire d’État Ă  l’Asile et Ă  la Migration Theo Francken.

    Par Rabia, militant sans-papiers membre du PSL et de la coordination des sans-papiers de Belgique

    Tandis que les nĂ©onazis peuvent librement manifester leur haine, se rassembler et obtenir des locaux (comme c’était le cas du regroupement nĂ©onazi europĂ©en APF Ă  Ixelles), les migrants, eux, sont de toutes parts victimes de rafles, d’oppression et d’expulsions violentes. Ces derniĂšres annĂ©es, les expulsions de migrants, la rĂ©pression policiĂšre, ainsi que les contrĂŽles sont devenus systĂ©matiques et quotidiens (dans les bus, les trams, les mĂ©tros, les trains,
).

    La situation des personnes sans-papiers est des plus prĂ©caires. Sans droit, ils sont obligĂ©s d’accepter les pires jobs au noir, avec des salaires de misĂšre et sans protection. Cette politique consciente vise Ă  exercer une pression vers le bas sur l’ensemble des salaires et des conditions de travail de la population belge et ainsi diviser les travailleurs pour mieux faire passer les politiques d’austĂ©ritĂ©.

    Les sans-papiers travaillent dans l’ombre, sans droits, pour rĂ©nover le mĂ©tro, construire des bĂątiments, soigner des malades, garder des enfants, assurer la plonge et le nettoyage dans l’Horeca,
 La plus-value de leur travail va dans les poches de leurs employeurs, alors qu’eux gagnent moins que le revenu minimum garanti et n’ouvrent aucun droit Ă  la SĂ©curitĂ© sociale par leur travail. Quand des travailleurs si flexibles se trouvent Ă  portĂ©e de main, pourquoi donc engager d’autres travailleurs qui, en plus, coĂ»tent plus cher ? Se dĂ©veloppe ainsi une Ă©conomie informelle qui profite aux patrons. Profitant de la prĂ©caritĂ© administrative de plus de 100.000 travailleurs sans-papiers (selon les estimations les plus courantes), elle exerce une pression Ă  la baisse sur les salaires et sur les conditions de travail, sans parler de l’absence de cotisations pour la SĂ©curitĂ© sociale.

    Ces attaques contre la couche la plus prĂ©carisĂ©e de la population s’inscrivent dans une offensive plus globale contre l’ensemble des travailleurs. Elles dĂ©montrent Ă  quel point les un comme les autres ont des intĂ©rĂȘts communs, et Ă  quel point ils doivent se battre ensemble contre ceux qui les exploitent.

    Pour la régularisation de tous les sans-papiers !

    MalgrĂ© les difficultĂ©s, le mouvement des sans-papiers continue de s’organiser et de manifester pour exiger des droits lĂ©gitimes. Ainsi, la Coordination des sans-papiers organise une grande manifestation nationale le 12 novembre prochain. Les militants sans-papiers du PSL soutiennent cet appel et estiment, en effet, que la mobilisation des sans-papiers et de leurs soutiens est incontournable pour mettre un terme Ă  cette politique raciste.

    Les revendications de la coordination sont simples : la rĂ©gularisation de tous les sans-papiers, le droit au logement, l’abolition des centres fermĂ©s, la libertĂ© de circulation, l’arrĂȘt des expulsions et de la criminalisation des sans-papiers, la fin du racisme et de l’hypocrisie de l’État, le respect des droits fondamentaux comme l’accĂšs aux soins mĂ©dicaux, Ă  l’éducation et Ă  la formation.

    Mais tout cela doit ĂȘtre couplĂ© avec une lutte incessante pour l’unitĂ© du mouvement de tous les travailleurs contre les politiques d’austĂ©ritĂ© et le racisme, pour une sociĂ©tĂ© libĂ©rĂ©e de toutes les inĂ©galitĂ©s, pour une sociĂ©tĂ© socialiste !

    À l’échelle internationale, la politique migratoire de Francken ne fait pas figure d’exception. Le 10 aoĂ»t dernier, le cabinet britannique de gestion de risques Verisk Maplecroft a publiĂ© un rapport sur l’augmentation du risque d’esclavage moderne. Aujourd’hui, 46 millions de personnes Ă  travers le monde seraient touchĂ©es par la ‘‘traite des ĂȘtres humains et les formes d’exploitation inhĂ©rentes’’. Selon l’agence britannique, et sans surprise, le risque d’esclavage moderne aurait explosĂ© dans les trois quarts des pays de l’Union europĂ©enne, notamment en Belgique.

    Aux USA, la politique raciste de Trump a favorisĂ© une augmentation de l’émergence de groupes d’extrĂȘme droite et cela leur a donnĂ© la confiance pour commettre des exactions. La prĂ©sidence de Trump est une expression de la crise profonde dans laquelle est plongĂ© le capitalisme. La colĂšre de la population n’a fait que croitre face Ă  l’explosion des inĂ©galitĂ©s et Ă  la gĂ©nĂ©ralisation de la prĂ©caritĂ©.

    C’est pour cette raison que nous devons nous opposer Ă  ce systĂšme qui engendre misĂšre et exploitation et qui repose sur la guerre et le pillage nĂ©ocolonial poussant tant de personnes Ă  fuir leur rĂ©gion au pĂ©ril de leur vie.

  • Anvers. Marche contre la politique migratoire raciste de Theo Francken

    Hier, Theo ‘Trump’ Francken Ă©tait Ă  Anvers, Ă  l’invitation du cercle universitaire catholique conservateur KVHV. Entre 250 et 300 manifestants ont battu le pavĂ© au mĂȘme moment pour protester contre la politique raciste du gouvernement. Ce fut le rĂ©sultat de la rĂ©union de deux initiatives de protestation contre Francken qui ont finalement ƓuvrĂ© ensemble.

    Pour Theo Francken, la politique d’asile, c’est juste une question de chiffres. Il ne s’intĂ©resse qu’au nombre d’expulsions. Mais derriĂšre les chiffres, il y a des gens. Des gens comme Mohammed, un militant du Cachemire qui a rĂ©guliĂšrement Ă©tĂ© prĂ©sent lors de prĂ©cĂ©dentes actions antiracistes et antifascistes de la campagne Blokbuster. Cet Ă©tĂ©, il a Ă©tĂ© renvoyĂ© au Pakistan avec sa famille. Un mois plus tard, son fils a Ă©tĂ© tuĂ©. La politique d’asile rĂ©pressive dĂ©truit des vies et en fait porter la responsabilitĂ© aux victimes. Quelques activistes du Cachemire nous ont demandĂ© cet Ă©tĂ© d’organiser une action contre Francken. Ensuite, nous avons pris l’initiative d’une marche de protestation.

    Il est positif qu’une deuxiĂšme initiative ait vu le jour, principalement l’Ɠuvre de Comac, l’organisation de jeunesse du PTB, avec d’autres organisations (Tout Autre Chose, Jong Groen, Jongsocialisten,…). Dans ce bastion de l’extrĂȘme droite du Vlaams Belang et de la droite populiste de De Wever qu’est Anvers, il est trĂšs positif que nous ne soyons plus seuls Ă  mobiliser pour des actions de protestation antiracistes.

    Vidéo de la manifestation, par Stream Media:

    Protester est nĂ©cessaire contre une politique ferme qui s’en prend aux plus faibles pour cacher qu’elle est en fait des plus modĂ©rĂ©es contre les plus forts : les super-riches. Les migrants, mais aussi ceux qui ici aussi ne parviennent pas Ă  garder la tĂȘte hors de l’eau, sont attaquĂ©s fortement. Ceux qui estiment que tout cela se fait pour dĂ©fendre ‘‘nos’’ conditions de vie ou ‘‘notre’’ sĂ©curitĂ© sociale font fausse route. Cela fait partie d’une attaque gĂ©nĂ©ralisĂ©e contre nos conditions de vie. AprĂšs les migrants, les chĂŽmeurs et les personnes sans-abris, c’est au tour des travailleurs. Des nĂ©olibĂ©raux comme la N-VA ne sont pas des dĂ©fenseurs crĂ©dibles d’une sĂ©curitĂ© sociale qu’ils veulent eux-mĂȘmes briser. Ils ne dĂ©fendent que les intĂ©rĂȘts des Super-riches.

    Il Ă©tait important de faire le lien Ă  cette action avec la rĂ©sistance contre la commercialisation du secteur social Ă  Anvers. Si cela ne dĂ©pendant que du collĂšge communal de droite Ă  Anvers, le secteur social deviendrait un travail de police : contrĂŽle et rĂ©pression au lieu de l’accompagnement social pour parvenir Ă  une meilleure sociĂ©tĂ©. Pour notre part, le lien avec les protestations contre cette commercialisation et la protestation antiraciste pouvait ĂȘtre plus fort. Un groupe a rejoint la Groenplaats oĂč les travailleurs du secteur social menaient une action aprĂšs la manifestation antiraciste. Quel aurait Ă©tĂ© l’effet si le cortĂšge entier avait pris fin Ă  cet endroit pour concrĂ©tiser cette nĂ©cessitĂ© de la solidaritĂ© dans notre lutte !

    Contre la politique de division et le racisme de la politique dominante, nous luttons pour un autre type de sociĂ©tĂ© : une alternative contre ce systĂšme capitaliste pourri qui favorise le type de politique pourrie de Trump et Francken. Nous luttons pour un systĂšme qui ne rend pas nĂ©cessaire que des gens fuient leur environnement. Un systĂšme oĂč la majoritĂ© de la population ne doit pas ĂȘtre sacrifiĂ©e pour que les riches soient encore plus riches – cette politique qui a conduit au fait qu’aujourd’hui, les 8 personnes les plus riches au monde sont plus riches que la moitiĂ© la plus pauvre de la population mondiale. En finir avec tout cela exige que la majoritĂ© de la population prenne en main cette sociĂ©tĂ© et la maniĂšre dont les richesses sont produites. C’est ainsi qu’il sera possible de dĂ©velopper un plan public d’investissements massifs pour des logements publics, des services publics, l’infrastructure, des emplois dĂ©cents,
 Une sociĂ©tĂ© qui repose sur la satisfaction des besoins de la population et non pas vers la soif de profits d’une infime Ă©lite. Nous ne pourrons y parvenir que si les secteurs-clĂ©s de l’économie sont sous notre contrĂŽle et notre possession. En bref, nous avons besoin d’une sociĂ©tĂ© socialiste.

    Nous devons nous battre et faire face contre toutes les formes de discrimination. Le 12 novembre prochaine, il y aura une manifestation des personnes sans papiers Ă  Bruxelles et, le 25 novembre, il y aura une manifestation contre la violence contre les femmes. Cette marche contre le racisme Ă©tait une bonne Ă©tape, mais ce n’est qu’un dĂ©but!

    Reportage-photos de Mario:
    Mars tegen Francken // Mario

    Reportage-photos de Liesbeth:
    Mars tegen Francken // Liesbeth

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