Tag: Antiracisme

  • Reuzegom: un cercle étudiant meurtrier, raciste et anti-travailleurs

    Un an et demi après la mort de Sanda, un jeune métis décédé lors d’un baptême étudiant au cercle Reuzegom, les pratiques de torture se poursuivent. Ce n’est pas un hasard si, dans ce club élitiste, c’est un jeune à la peau foncée qui a trouvé la mort à la suite de pratiques censées donner aux autres un sentiment de pouvoir. Cette élite autoproclamée n’était pas émue au point d’oublier d’immédiatement nettoyer la scène du crime lorsqu’il est apparu qu’ils étaient allés trop loin. Leur procès commencera bientôt.

    Le cercle Reuzegom a sa réputation. Les étudiants qui veulent en faire partie doivent élever un lapin durant un an, puis le tuer de leurs mains lors du baptême. Pour faire partie de cette ‘‘élite’’, il faut être dur. Un système où les membres sont sélectionnés sur base de l’humiliation des autres est un système malade.

    L’enquête dévoile notamment que les responsables de la mort de Sanda n’ont pas hésité à crier ouvertement des slogans racistes à un mendiant noir ‘‘Coupons-leur les bras, le Congo est à nous’’. Ce slogan est également utilisé par le groupe néo-nazi Schild&Vrienden, un autre club de fils-à-papa. Les membres de Reuzegom viennent des quartiers huppés d’Anvers. Si le procès pour le meurtre de Sanda aura lieu dans le Limbourg, c’est en raison du fait que l’un des suspects est le fils d’un juge anversois.

    Où aboutissent ces jeunes après leurs études ? L’un d’eux est assistant en droit international à la KULeuven, membre du conseil d’administration des jeunes de la N-VA à Anvers et effectue un stage à la N-VA au Parlement européen. Presque toutes les traces de Reuzegom sur Internet ont été effacées (car oui, l’élite peut facilement faire ça aussi), mais cet ancien Reuzegom est toujours répertorié comme l’organisateur du ‘‘TD annuel du champagne’’ en octobre 2016, dont l’annonce proclamait : ‘‘Même en ces temps de discipline budgétaire stricte, nous ferons sauter les bouchons de champagne dans toutes les directions.’’

    Le responsable du baptême mortel avait déclaré au cours de sa campagne pour être élu à ce poste : ‘‘Cette année n’aura rien à voir avec les écoles techniques où trainent les migrants. Je veux vraiment en faire une année brutale. Une année follement brutale pour l’élite que nous sommes.’’ Mépris pour les travailleurs et mépris pour les migrants se conjuguent allégrement.

    Les auteurs sont défendus par des avocats pénalistes anversois bien connus. Ils n’ont pas à faire attention aux coûts de leur défense. L’un d’entre eux a déjà effectué un travail d’intérêt général à la KULeuven. Trente heures de travaux d’intérêt général pour trente heures de torture ayant entrainé la mort. Laxiste ? Un euphémisme !

    L’enquête et le procès qui arrive clarifieront notamment à quel point cette jeunesse dorée regarde les travailleurs et les migrants avec mépris. Ces jeunes se préparent en fait à intégrer l’élite en ne reculant devant aucune brutalité. C’est ainsi que sont formés les patrons et leurs collaborateurs les plus proches.

  • Stop au racisme meurtrier et à la brutalité policière : une nouvelle action à Bruxelles !

    Après une première action réussie à Charleroi, la Campagne Solidarity et Blokbuster organisent une nouvelle action afin de fermement condamner l’acte odieux dont a été victime Josef Chovanec, ressortissant slovaque, à l’aéroport de Charleroi en 2018.

    Rendez-vous ce samedi 29 août à 15h devant SPF Justice à Bruxelles, Boulevard de Waterloo 115. (Métro Hôtel des Monnaies). L’action se déroulera dans le respect des mesures sanitaires : avec masques et 1m50 de distance physique entre chaque participant.

    Les images parues dans la presse sont particulièrement choquantes. “En voyant les images de la mort de George Floyd aux États-Unis, je me suis dit que mon mari est mort de la même manière” a déclaré son épouse. Au lieu de venir en aide avec une assistance médicale à un passager en détresse, six policiers fédéraux s’appuieront sur lui lors de son incarcération. L’un d’entre eux, lui comprimera la cage thoracique pendant plus d’un quart d’heure. Le tout revendiqué politiquement par un salut nazi de la part de la sixième policière présente. L’affaire a été étouffée et aucun policier n’a été sanctionné. La contre-expertise médicale conclut que l’action de la police a plus que probablement provoqué une arythmie cardiaque fatale à la victime. Une enquête indépendante pour crime de haine doit prendre place. Les policiers impliqués doivent immédiatement être suspendus et arrêtés.

    Tout le système est coupable

    Tous les politiciens traditionnels s’indignent suite à la révélation des images dans la presse. Mais il ne s’agit pas d’un problème isolé. La violence policière fait partie intégrante du système capitaliste, qui repose sur le racisme structurel et l’inégalité. La stratégie de “diviser pour régner” a accompagné leur politique de casse sociale aggravant encore les pénuries existante en termes de manque de logements à loyers abordables, d’emplois décents, de services publics de qualité. L’extrême droite en profite pour disséminer son message de haine. Sur ces pénuries s’épanouissent les discriminations si on n’y répond pas par la solidarité.

    Il nous faut une lutte unifiée des jeunes et des travailleurs, quelque soit notre origine, contre le racisme, les discriminations et les brutalités policières autour d’un programme offensif pour des emplois décents pour tous, un salaire minimum de 14€/h, des logements abordables et la création massive de logements sociaux, un plan radical d’investissements publics dans les services publics, l’enseignement et les soins de santé. C’est impayable pour l’establishment politique capitaliste qui veut une nouvelle fois nous faire payer leur crise pour sauvegarder la soif de profits des plus riches. Comme le disait Malcom X : il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme. Luttons pour un changement de société.

  • Santé, économie, racisme… les politiciens traditionnels échouent dans tous les domaines

    Action menée à Namur le 21 juin dernier.

    Avec son lot de souffrances passées et à venir, la crise du coronavirus n’aura eu qu’un mérite : celui d’exposer au grand jour l’incompétence des politiciens traditionnels. Que ce soit en matière de santé publique, d’économie ou dans les réponses apportées aux vagues de protestations et de solidarité pour la santé et contre le racisme qui ont pris place depuis des semaines, l’échec est patent.

    Par Jeremy (Namur)

    Nous avons déjà pu illustrer dans ce journal tous les manquements de l’exécutif dans la gestion de la crise du covid-19 : pénuries de masques, commandes qui arrivent en retard, absence de tests, cafouillage dans les instructions et les recommandations, absence de réglementation sur les lieux de travail, etc. Depuis quelques semaines, le mécontentement légitime accumulé par le personnel soignant s’exprime dans la rue, avec le soutien de nombreux travailleurs de tous les secteurs, en tournant le dos à un gouvernement plus prompt à distribuer quelques applaudissements (ça ne mange pas de pain) qu’à allouer aux soignants les moyens nécessaires pour faire correctement leur travail.

    Sur le plan économique, également, la faillite est flagrante ; subjugués par leur crédo néolibéral qui ne fait plus guère illusion que sur eux, les partis traditionnels sont incapables de prendre les décisions nécessaires pour éviter les dégâts de la crise sur la population. Dans ce climat délétère, les pouvoirs publics ne parviennent même pas se montrer à la hauteur de l’élan de solidarité international contre le racisme qui s’est mis en mouvement après le lâche assassinat de George Floyd par la police de Minneapolis. Le 1er juin dernier, nous organisions une manifestation de solidarité sur ce thème à Gand qui a été accueillie par une sanction administrative communale, bien que nous ayons pris toutes les mesures de distanciation nécessaires et en dépit du strict respect des gestes barrières. Il a également fallu batailler dur avec le bourgmestre de Namur pour que notre mobilisation du 21 juin puisse se tenir.

    Sur ce sujet comme sur celui des soins de santé, la classe politique cherche à masquer son manque de réponse concrète derrière les symboles. Le dernier exemple étant la tentative de récupération de la figure de Martin Luther King Jr. Sur la façade du siège du MR à Bruxelles. Toujours prompts à mobiliser son image comme ils le feraient avec un label commercial, les libéraux feraient bien de méditer la phrase prononcée par le militant pour les droits civils moins d’un an avant son assassinat : « Les méfaits du capitalisme sont aussi réels que ceux du militarisme et du racisme ».

  • Combattre le racisme par la solidarité !

    L’explosion de colère qui a suivi le meurtre de George Floyd est rapidement devenue un mouvement de masse en faveur du changement. En premier lieu pour les Noirs qui ne tolèrent plus le racisme qu’ils subissent au quotidien. Cela a inspiré des millions d’autres personnes à descendre dans la rue par solidarité. Ce mouvement unit la jeune génération, mais aussi la classe des travailleurs, dans la solidarité et la lutte.

    Par Michael

    Le racisme structurel et la violence policière sont directement liés à la pauvreté insupportable, aux salaires de famine et à la misère sociale dans la société américaine particulièrement inégalitaire. ‘‘Tout le système est coupable’’, disent-ils. C’est toute une génération qui sort dans la rue pour défendre ses intérêts communs contre les méthodes de “diviser pour mieux régner” du gratin capitaliste et de Trump en particulier.

    Le mouvement a un impact. Selon plusieurs sondages d’opinion, le mouvement est soutenu par 65 % des Américains. Une nette majorité soutient de nombreuses mesures contre la violence policière. Ceci est en soi une réponse à l’idée selon laquelle Trump représenterait la majorité de la population américaine. Trump a été élu parce qu’il n’y avait pas, face à lui, de parti représentant les intérêts de la classe ouvrière. Cela peut radicalement changer sur base de la mobilisation sociale et de l’organisation des travailleurs et de la jeunesse.

    Cette étincelle a également suscité un débat sur le racisme en Belgique. Les statues et les symboles du racisme, de la traite des esclaves et du colonialisme doivent disparaître ! Là aussi, les jeunes n’acceptent plus le racisme structurellement ancré dans nos rues, sur le marché de l’emploi, sur le marché locatif et dans le discours politique. Ce racisme a été sciemment stimulé par la N-VA ces dernières années. Le Vlaams Belang en récolte aujourd’hui les fruits dans les sondages. Tout comme aux États-Unis, un mouvement de protestation peut riposter aux populistes de droite et à l’extrême droite.

    La solidarité est l’arme avec laquelle nous pouvons combattre la stratégie de “diviser pour mieux régner” de l’establishment capitaliste : c’est ainsi que nous pouvons unir toutes les victimes du capitalisme et de la discrimination. Nous pouvons renforcer cela par des revendications qui soulignent nos intérêts communs. La discrimination règne là où il y a pénurie : la lutte contre le racisme est donc un combat pour des logements abordables, des emplois décents et un salaire d’au moins 14 €/h pour toutes et tous, sans distinction d’origine, de couleur de peau ou de genre.

    Il est essentiel d’investir massivement dans l’enseignement et dans les services publics pour nous en prendre aux problèmes sociaux. Nous avons besoin de centres de jeunesse et de loisirs qui soient abordables et accessibles à toutes et tous. Les partis traditionnels ont démantelé notre tissu social, pour ensuite pointer du doigt des groupes entiers de la population par la répression et les contrôles au faciès. Les richesses existent : il faut les investir dans la collectivité au lieu de les laisser disparaître dans les poches des grosses fortunes.

    Nous vivons dans un monde où l’exploitation coloniale a été remplacée par l’exploitation des multinationales qui s’enrichissent grâce à des conditions de travail terribles, encore pires dans le monde néocolonial qu’ici. Les ressources naturelles sont volées, des gouvernements corrompus sont maintenus au pouvoir et, si nécessaire, les intérêts des capitalistes sont sauvegardés par des guerres et des massacres. Les multinationales sont responsables des tragédies humaines qui conduisent tellement de gens à fuir leur région. C’est à elles qu’il faut s’en prendre, pas à leurs victimes !

    Un monde débarrassé de la cupidité capitaliste est possible, mais nous devons nous battre pour l’obtenir. La solidarité internationale est cruciale dans ce combat, afin de pouvoir mobiliser pleinement la force de notre nombre avec toutes celles et ceux qui travaillent, qui sont opprimés et exploités. Organisons-nous pour lutter contre le système et défendre une alternative ! Les actions contre les symboles peuvent mener à une lutte contre le capitalisme dans son ensemble, un système qui a besoin du racisme et de la discrimination pour assurer la domination d’une infime élite toujours plus riche.

    Vous voulez agir dans votre école ou sur votre campus, dans votre quartier ou votre commune, sur votre lieu de travail ou ailleurs ? Contactez-nous et lancez un comité local de la Campagne Solidarity !

  • Implique-toi dans le combat antiraciste avec la campagne Solidarity !

    La crise du coronavirus a montré une fois de plus à quel point le contraste est énorme entre riches et pauvres. Le meurtre de George Floyd aux Etats-Unis a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, après quoi la mobilisation de masse de Black Lives Matter a fait vaciller le système. Les jeunes du monde entier ont estimé que cela avait un sens et sont eux aussi entrés en action. Après les grèves pour le climat, la ‘‘Génération protestation’’ est à nouveau descendue dans la rue. Comment construire un puissant mouvement antiraciste en Belgique ?

    Par Arne (Gand)

    Trop, c’est trop !

    Nous partageons le rejet de la division et la volonté d’organiser des manifestations. Avec la Campagne Solidarity, nous voulons réunir les jeunes et les travailleurs pour lutter contre toutes les formes de discrimination, mais aussi contre le capitalisme qui, en tant que système inégalitaire, est à l’origine du racisme et d’autres formes de divisions. Nous voulons agir de manière concrète lorsqu’une discrimination se produit, sous quelque forme que ce soit. De cette façon, nous pouvons réduire le niveau de ce qui est acceptable, tout comme l’a fait la mobilisation de Black Lives Matter.

    Des premières actions ont déjà eu lieu dans notre pays. Le 1er juin, une action a été organisée à Gand à l’initiative de la Campagne ROSA en présence de 500 personnes. Les règles de distanciation physique ont été respectées et il y avait des masques et du gel en suffisance pour chacune et chacun. La participation à cette manifestation était moins risquée qu’une visite au supermarché ou qu’une journée de travail en certains endroits, mais nous avons quand même reçu, en tant qu’organisateurs, deux amendes. Pendant le week-end des 6 et 7 juin, 25.000 personnes sont descendues dans les rues d’une dizaine de villes. Il s’agissait de rassemblements, quel que soit le nombre de personnes présentes. La droite a profité par la suite de quelques troubles à Bruxelles pour rejeter ces actions comme étant irresponsables et dangereuses.

    Cela a eu un effet négatif et l’interdiction des actions collectives a également pesé, mais de nouvelles actions ont suivi. Le 20 juin, à Namur, une action a par exemple eu lieu à l’initiative de la Campagne ROSA et du PSL. Nous devons nous organiser pour lutter contre cette intimidation des autorités, mais aussi pour être plus forts lorsque nous descendons dans la rue.

    “Nous ne sommes pas dépassés par le nombre, nous sommes inorganisés ”

    Les premières semaines du mouvement belge Black Lives Matter ne se sont pas déroulées comme prévu, mais nous avons pu constater qu’un potentiel est bien présent. La colère et l’indignation face au racisme quotidien et structurel sont très fortes. Transformer cela en une lutte concrète permettrait de construire un puissant mouvement antiraciste. Nous en avons besoin car nous ne pouvons pas compter sur les politiciens traditionnels. Que font-ils réellement pour remédier au problème ? Nous devons nous organiser !

    La Campagne ROSA, EGA, Blokbuster et le PSL ont souvent pris l’initiative de la lutte contre le racisme, le sexisme et l’homophobie au cours des dernières années et décennies. Blokbuster a rassemblé les jeunes contre le Vlaams Blok dès sa première percée au début des années 1990. La Campagne ROSA a organisé la mobilisation contre le sexiste Jeff Hoeyberghs et le cercle d’extrême droite KVHV à l’UGent. La Campagne ROSA avait précédemment joué un rôle crucial pour restaurer la tradition combattive de la journée du 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. EGA et la Campagne ROSA ont contribué aux mobilisations lorsque les néonazis de Dries Van Langenhove et Schild&Vrienden se sont fait connaître. Après plusieurs cas de violences homophobes, nous avons également organisé plusieurs actions à Gand.

    Nous voulons partager ces expériences et les renforcer en faisant campagne cet été avec des jeunes et des travailleurs contre le racisme, la violence policière, les symboles de l’oppression coloniale,… Cet été, nous partirons en tournée avec la Campagne Solidarity. Nous irons dans les parcs, les marchés, les rues commerçantes, à la mer,… pour y rencontrer des gens et tenter de les convaincre de s’impliquer.

    Nous voulons ainsi réunir jeunes et travailleurs pour mettre en place des comités d’action et discuter de ce qu’il faut faire pour lutter le plus efficacement possible contre le racisme. Ces comités d’action nous permettront de réagir plus rapidement et plus efficacement aux incidents de racisme, de sexisme ou d’homophobie. En outre, nous pouvons renforcer ou aider à lancer d’éventuels appels en faveur de nouvelles journées d’action nationales.

    Combattre le racisme par la solidarité et le capitalisme par le socialisme

    Malcolm X avait raison quand, sur la base de ses expériences concrètes de lutte, il est finalement parvenu à la conclusion qu’il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme. Les capitalistes ont besoin de diviser la classe des travailleurs pour dévier l’attention de l’énorme quantité de richesses qu’ils empochent. Ils divisent pour régner. Leur cupidité crée des pénuries dans tout un tas de domaines. Les politiciens de droite et d’extrême droite abusent du mécontentement causé par ces manques et dévient la colère d’une bonne partie de la population vers les jeunes et les travailleurs issus de l’immigration. Ils les utilisent comme des boucs émissaires pour se taire quant aux véritables responsables du manque de moyens.

    La campagne Solidarity s’oppose au capitalisme et défend une alternative socialiste, c’est-à-dire une société dans laquelle la classe des travailleurs possèderait et gérerait elle-même les secteurs clés de l’économie, afin que les richesses et les ressources disponibles puissent être utilisées pour satisfaire les nécessités sociales sur base d’une planification démocratique. Ainsi, les intérêts de l’être humain et de la planète seraient véritablement centraux. Pour y parvenir, nous devons nous organiser et intensifier la lutte. Agir ensemble dès aujourd’hui contre le racisme est un premier pas vers la construction d’un rapport de force qui nous permettra de renverser le capitalisme. Rejoignez-nous, construisez la Campagne Solidarity !

  • [DOSSIER] Un mouvement de masse inédit contre le racisme balaie les États-Unis

    Le 25 mai à 20h25, George Floyd a cessé de respirer. Quelques instants plus tard, son pouls s’est arrêté. Deux minutes plus tard, l’officier de police de Minneapolis Derek Chauvin a retiré son genou du cou de Floyd. Moins d’une heure plus tard, il a été déclaré mort.

    Par Keely Mullen, Socialist Alternative

    Le jour de la mort de George Floyd, nous étions en confinement depuis plus de deux mois et demi. Des millions d’Américains ont perdu des êtres chers à cause du COVID-19, et ont été obligés dans de nombreux cas de faire leur deuil dans un isolement complet. Des dizaines de millions de personnes ont perdu leur emploi et beaucoup d’autres ont perdu des heures de travail ou une partie de leur salaire. Le loyer de juin approchait à grands pas et, une fois de plus, de nombreuses familles se demandaient si elles pouvaient payer leur loyer et acheter suffisamment de provisions.

    Tout cela a affecté de manière disproportionnée la classe ouvrière noire. Les Noirs ont trois fois plus de chances d’attraper le COVID-19 que les Blancs. Des millions de travailleurs noirs ont été mis à pied ou licenciés et le taux de chômage des Noirs est le plus élevé de tous les groupes démographiques.

    C’est dans ce contexte, celui d’un effondrement du système, que la mort de George Floyd a déclenché le plus vaste mouvement de protestation aux États-Unis depuis 50 ans.

    #Justice4GeorgeFloyd

    À partir de Minneapolis, la nuit où George Floyd a été assassiné, les manifestations de masse et les occupations ont déferlé sur les États-Unis. Cela marque une nouvelle phase, bien plus développée, du mouvement Black Lives Matter.

    Il y a eu des manifestations dans tous les États du pays, avec plus de manifestations que lors des Women’s Marches de janvier 2017 qui en avaient totalisé plus de 650. Les manifestations ne se sont pas limitées aux grandes villes ni aux États du Nord, il y a ainsi eu plus de 100 manifestations dans tout le Sud des États-Unis. Le point culminant a été les manifestations de masse de ce samedi 6 juin, avec des centaines de milliers de personnes dans les rues de Washington DC et des centaines de milliers dans les villes du pays.

    Ces protestations bourdonnent d’une rage énergique. Elles ont été menées principalement par des jeunes noirs, mais la foule est multiraciale. Des jeunes de toutes les couleurs de peau considèrent ce combat comme le leur. Des dizaines de milliers de jeunes, pour la plupart, sont sortis dans les villes avec une revendication simple et générale : la fin des meurtres de Noirs innocents par la police et la fin des brutalités policières racistes en général !

    Contrairement au mouvement Black Lives Matter de 2014-2015, ce mouvement a pris le caractère d’une rébellion totale avec occupation dans une série de villes. A Minneapolis, les manifestants ont fait du lieu de la mort de George Floyd le siège du mouvement. Il y a maintenant un campement permanent de tout le quartier entourant le site du meurtre de George Floyd.

    De même, à Brooklyn, les quartiers entourant le Barclay’s Center sont le lieu de résidence quasi permanent des manifestants. Presque comme lors d’un changement d’équipe en usine, les enfants et les familles défilent pendant la journée tandis que les adolescents et les jeunes adultes les remplacent la nuit.

    Trump et “la Loi et l’Ordre”

    La transformation de ces protestations en une rébellion plus large dans certaines villes peut être en partie attribuée à la réaction brutale de la police face aux premières manifestations. Celle-ci a utilisé à plusieurs reprises des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc, des matraques et – dans quelques cas – elle a carrément foncé dans la foule contre des manifestants pacifiques.

    Kshama Sawant, élue au Conseil de la ville Seattle et membre de Socialist Alternative, a introduit une loi au sein du conseil pour interdire l’utilisation d’armes chimiques (gaz lacrymogène, gaz au poivre), de balles en caoutchouc, de canons à eau et d’armes soniques à la police. Cette revendication est depuis devenue semi-virale et elle montre le rôle important que peuvent jouer les élus socialistes.

    Aussi brutale qu’ait été la répression policière, elle n’atteint pas celle que Trump voudrait faire pleuvoir sur les manifestants. Il a exhorté les gouverneurs des Etats à “dominer” les manifestants et a déclaré : “quand les pillages commencent, les tirs commencent”. Il a envoyé l’armée américaine à Washington DC et a menacé de déployer les troupes dans d’autres villes pour réprimer le mouvement. Il a donné l’ordre à la police et à la Garde nationale de gazer une manifestation pacifique devant la Maison Blanche afin de dégager un chemin pour sa séance de photos en tenant une bible à l’église St John.

    Trump n’a pas trouvé de large soutien pour ses menaces autoritaires parmi le public américain ou même au sein de sa propre administration, les hauts responsables militaires s’opposant à l’utilisation de l’armée. Actuellement, 62% des Américains considèrent les protestations comme légitimes. Plus surprenant encore pour l’establishment, 54% des Américains estiment que l’incendie du poste de police du 3ème arrondissement de Minneapolis était légitime.

    L’approche de Trump, ainsi que la réponse violente de la police aux manifestations, n’ont fait qu’enflammer la situation. Trump tente de se faire passer pour le “président de la loi et de l’ordre” avec sa réaction musclée. Il semble vouloir suivre les pas de Richard Nixon, qui a remporté ainsi les élections de 1968 et s’est présenté sur une plateforme similaire de “loi et d’ordre”. Mais le contexte est complètement différent. En 1968, Nixon était le challenger alors que Lyndon Johnson et les démocrates présidaient la débâcle au Vietnam et alors que des troubles massifs avaient lieu aux USA. Politiquement, l’approche de Trump a profité à Biden qui est maintenant fermement en tête des sondages nationaux.

    Les Démocrates exposés

    Au niveau national, le Parti démocrate a publié des déclarations de soutien au mouvement. Cependant, parallèlement, les maires et les gouverneurs démocrates de tout le pays imposent des couvre-feux et ont approuvé l’augmentation massive des budgets de la police alors qu’ils réduisaient ceux des services sociaux. Ils nient carrément la violence de leurs propres forces de police.

    De manière scandaleuse, de nombreux maires et gouverneurs démocrates se sont fait l’écho du récit de Trump et du procureur général Barr selon lequel les confrontations avec la police et les pillages étaient le fait d’”agitateurs extérieurs”. Trump s’en est pris à des anarchistes, aux « Antifa », en disant même à un moment donné qu’il les déclarerait “organisation terroriste”. Les démocrates, en particulier à Minneapolis, ont répandu la peur et la désinformation à propos d’une vague de suprémacistes blancs venus perturber les manifestations. Presque aucun fait n’a été avancé pour étayer ces récits qui visaient à dévier l’attention de la violence policière et à justifier la répression.

    Le New York Times a publié vendredi 5 juin un article cinglant détaillant l’échec dramatique du maire de New York Bill DeBlasio, élu en 2014 notamment sur base de la promesse de réformer la police, et du gouverneur de l’Etat Andrew Cuomo pour répondre aux besoins du moment. Ils ont écrit : “Quelles responsabilités urgentes ont tellement occupé ces deux fonctionnaires qu’ils n’ont pas le temps de s’assurer que la sécurité des New-Yorkais est protégée et que les droits des New-Yorkais sont respectés ? Comment est-il possible qu’après tant de rapports sur les fautes de la police, ils ne puissent toujours pas se donner la peine de la superviser ?”

    Cela illustre les divisions en cours au sein même de l’establishment. Une partie d’entre elle commence à exercer des pressions en faveur de réformes plus sérieuses de la police. A New York, les autorités de Manhattan et de Brooklyn ont déclaré qu’elles ne poursuivraient pas les centaines de personnes arrêtées pour “rassemblement illégal” et “trouble de l’ordre public”.

    À Seattle, l’ambiance est à l’apogée pour chasser du pouvoir la maire démocrate Jenny Durkan, qui n’a pas su gérer les policiers qui terrorisaient les manifestants. Kshama Sawant s’est joint à cet appel et a officiellement demandé la démission de Durkan.

    Certains membres du conseil de Minneapolis ont fait des propositions audacieuses pour abolir la police. Il ne fait aucun doute qu’il y aura des réformes de la police en réaction à la pression du mouvement. Pourtant, dans un monde où huit milliardaires possèdent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de la population mondiale et où 40 millions d’Américains sont actuellement au chômage, l’État s’appuiera toujours sur une forme de force répressive pour maintenir l’ordre. Les marxistes soutiennent qu’un monde sans police ne peut être construit que sur la base de la garantie d’emplois, de logements, de soins de santé, d’écoles et d’un contrôle démocratique des ressources de la société.

    Malheureusement, tout au long de cette rébellion, Bernie Sanders a été largement absent. Ceci n’est qu’une confirmation supplémentaire des terribles conséquences de sa capitulation totale devant l’establishment du Parti démocrate. S’il était resté dans la course, il aurait pu contribuer à utiliser sa campagne pour faire pression en faveur d’un changement décisif.

    Ce mouvement a sans aucun doute affaibli l’autorité du Parti démocrate, car on a vu des responsables clés attiser la peur et excuser une nouvelle escalade de violences policières. Mais une autre section du parti s’efforce de s’associer au mouvement.

    Le renforcement de la campagne de Biden constitue une exception à la règle générale chez les démocrates. Mais cela est principalement dû à la répulsion générale à l’égard de l’autoritarisme dangereux de Trump. Biden n’est sorti quelque peu de son bunker il y a deux semaines pour s’attaquer à Trump.

    Organiser la lutte

    Ce mouvement a déjà obtenu le licenciement, l’arrestation et l’inculpation des quatre officiers impliqués dans le meurtre de George Floyd. C’est le fruit de la résistance des manifestants dans tout le pays, mais surtout à Minneapolis.
    Nous devons poursuivre sur cette lancée et construire le mouvement avec un certain sentiment d’urgence. Voici les prochaines étapes que Socialist Alternative propose.

    Revendications : Nous avons besoin de revendications concrètes, tant au niveau national que local. Les appels à la diminution des budgets et à la restructuration des services de police dans tout le pays ont pris de l’ampleur, certaines villes comme Los Angeles ayant même adopté des mesures pour réduire le financement de la police. Les villes de tout le pays dépensent des sommes démesurées pour la police. Kshama Sawant, à Seattle, a demandé que le budget de la police de Seattle soit réduit de moitié. Socialist Alternative soutient la réorientation d’une part importante du budget de la police vers le logement, l’éducation et les soins de santé.

    Nous avons également besoin que les forces de police soient purgées dans tout le pays. Tout agent ayant des antécédents de racisme, de sexisme ou de violence devrait être immédiatement licencié. Cette mesure devrait être mise en œuvre par des conseils de surveillance communautaires démocratiquement élus.

    Nos revendications doivent refléter l’ampleur de la crise à laquelle les travailleurs sont confrontés. Si le point de départ de celles-ci est certainement spécifique à la lutte contre la brutalité policière raciste, nous ne devons pas nous y limiter. Le coût croissant des loyers, les salaires de misère et notre système de soin de santé totalement inadéquat ont tous un impact disproportionné sur les Noirs américains. Nous sommes en beau milieu d’une pandémie et au début d’une dépression économique mondiale et il faut y répondre.

    Le mouvement syndical doit s’impliquer : La lutte contre le racisme exige la participation de toute la classe ouvrière. La devise du mouvement ouvrier est : “Une attaque contre l’un est une attaque contre nous tous”. Les syndicats doivent organiser de toute urgence leur participation aux manifestations. Cela peut prendre la forme de grèves de solidarité de neuf minutes pour marquer les neuf minutes durant lesquelles Derek Chauvin a eu son genou sur le cou de George Floyd. Cela peut aussi consister à organiser la défense des manifestations contre les violences policières, à transformer les locaux syndicaux en dépôts pour que les manifestants puissent s’y ravitailler (notamment en équipement de protection tels que des masques), et à former des contingents pour se joindre aux manifestations et aux actions quotidiennes. À Minneapolis, Socialist Alternative a appelé à la préparation d’une journée de grève générale locale en solidarité avec le mouvement ainsi que pour exiger la fin de l’occupation de la ville par la Garde nationale.

    Structuration du mouvement : Le mouvement a besoin de structures démocratiques dans chaque ville afin d’y discuter des prochaines étapes de la lutte. Il devrait y avoir, pour commencer, des réunions quotidiennes en plein air où se rencontrer pour discuter des projets de la journée et aborder les divers problèmes qui se posent. Si le mouvement devait se poursuivre à ce rythme, ces réunions devraient être transformées en organes d’organisation officiels avec notamment des représentants des organisations participantes. Nous avons également besoin de forums en ligne sécurisés pour communiquer rapidement.

    La défense du mouvement : Nous avons besoin d’une équipe de défense multiraciale désignée à chaque manifestation, capable de se protéger contre les éléments antisociaux et criminels qui cherchent à tirer profit de la situation. Il ne s’agit pas d’un souci moral de protéger la propriété privée, mais d’empêcher les gens d’employer des tactiques susceptibles de saper le soutien plus large dont bénéficie le mouvement.

    “Une attaque contre l’un d’entre nous est une attaque contre nous tous”

    Une partie importante du mouvement ouvrier a déjà marqué cette rébellion de son empreinte. Le syndicat des chauffeurs de bus de Minneapolis, dirigé par des marxistes, en est un brillant exemple : dès la première nuit de manifestation, il a refusé de transporter les manifestants arrêtés en prison. Cette rébellion s’est rapidement étendue à New York et à Washington D.C. (entre autres villes) où les travailleurs des transports en commun ont adopté une position similaire.

    Le 11e jour des manifestations, les infirmières de tout le pays se sont agenouillées sur les pelouses de leurs hôpitaux en solidarité avec le mouvement Black Lives Matter. Les priorités rétrogrades de notre système ont été mises en avant par ces infirmières qui ont été forcées de travailler pendant une pandémie en portant des sacs poubelles comme vêtements de protection alors que, devant leur fenêtre, la police défilait dans les rues en coûteuses tenues anti-émeute.

    À la fin de la première semaine de manifestations, les travailleurs des épiceries de Minneapolis ont commencé à organiser des débrayages et des arrêts de travail pour soutenir le mouvement. Le 5 juin, une employée de la distribution de Minneapolis et membre de Socialist Alternative a organisé toute son équipe pour qu’ils quittent leur poste. Ils se sont rendus aux portes de leur supermarché pour crier des slogans avec des pancartes pendant 8 minutes et 45 secondes avant de retourner au travail. De plus, des membres de Socialist Alternative qui travaillent au bureau de poste de Minneapolis ont organisé un rassemblement de solidarité avec 60 travailleurs postaux. Ils ont manifesté du bureau de poste brûlé jusqu’à l’occupation, en déclarant avec audace qu’un bâtiment peut toujours être reconstruit, mais qu’on ne peut pas reconstruire la vie d’une personne assassinée par la police.

    Alors que les manifestations empruntent les principales rues et autoroutes du pays, certaines des plus fortes éruptions de joie des manifestants sont déclenchées par un simple acte de solidarité de la part d’autres travailleurs ordinaires. À New York, chaque fois qu’un chauffeur de bus, de taxi ou de livraison klaxonne pour soutenir les protestations, la foule hurle de joie.

    Le potentiel de solidarité organisée de la part du mouvement ouvrier au sens large est immense. Cependant, les dirigeants actuels de la plupart des grands syndicats se sont avérés – une fois de plus – complètement défaillants. Lors d’une conférence de presse organisée par la fédération syndicale AFL-CIO, les dirigeants de certains des plus grands syndicats du pays n’avaient guère plus à dire que “le racisme est mauvais, veuillez voter comme il faut”. C’est tout à fait insatisfaisant. Les besoins du mouvement ne peuvent pas attendre jusqu’en novembre. Si les dirigeants syndicaux existants ne sont pas préparés à mobiliser pleinement leurs membres dans la lutte contre le racisme, alors nous avons besoin d’une nouvelle direction. Nous avons besoin que les éléments les plus combatifs et les plus déterminés du mouvement syndical s’organisent pour que les syndicats redeviennent de véritables organisations de lutte.

    La nécessité d’une tactique efficace

    Les manifestations dans certaines villes ont temporairement éclaté en émeutes, avec des voitures de police (et des commissariats entiers dans le cas de Minneapolis) incendiées. Une très petite minorité de manifestants ont adopté un comportement antisocial, comme le pillage. Dans certains cas, ces pillages sont plus clairement motivés par la pauvreté, avec des rapports faisant état de parents emportant avec eux de la nourriture et des couches. Mais dans d’autres cas, ce sont des personnes qui profitent de manière opportuniste du chaos.

    La rage qui se cache derrière les émeutes n’est pas seulement compréhensible, elle est positive. Nous avons le droit d’être en colère. Il y a beaucoup de raisons pour l’être. Cependant, nous devons réfléchir de façon stratégique à la manière dont cette rage est canalisée. En l’absence de structures démocratiques permettant au mouvement de débattre de la voie à suivre, les gens emploieront toute une série de tactiques – certaines efficaces et d’autres non.

    “C’est tout le système qui est coupable”

    Dans tout le pays, les gens se précipitent actuellement dans les rues, enragés par le racisme rampant de notre société. Cependant, il est clair que la rage est bien plus profonde à des kilomètres à la ronde. Elle plane comme un nuage au-dessus des manifestations. Pour de nombreux manifestants qui demandent justice pour George Floyd, il est évident que tout notre système économique et politique est brisé.

    Si les manifestations de Black Lives Matter en 2014-2015 ont donné le sentiment, notamment chez les jeunes Noirs, que tout le système leur était défavorable, ce sentiment n’a fait que s’amplifier à mesure que des millions de personnes s’enfonçaient davantage dans la pauvreté.

    Le désir croissant d’un changement sérieux sur tous les fronts nécessaires ne peut être séparé des conditions plus générales auxquelles nous sommes confrontés. Les jeunes et les travailleurs de toutes couleurs de peau perdent des personnes qu’ils aiment à cause d’un virus qui aurait pu être contenu et voient leur dette augmenter, leurs salaires diminuer, leurs emplois disparaître. Ils se demandent : comment aller de l’avant ?

    Il y a moyen d’y parvenir, mais nous devons nous battre pour cela. Nous devons nous battre ici et maintenant pour une refonte complète des services de police, pour des logements accessibles et de bons soins de santé, pour des programmes d’emploi, pour une éducation et des services sociaux entièrement financés.

    Cependant, nous ne pouvons pas non plus considérer ces réformes comme un objectif final. Notre projet doit être de créer un mouvement multiracial de la classe ouvrière pour mettre fin au système capitaliste – le système qui constitue la base de notre société.

    Nos institutions politiques – y compris la police – existent pour défendre les intérêts de la classe dominante capitaliste, et non ceux des travailleurs. Si nous voulons vraiment surmonter des siècles de racisme et toutes les autres formes d’oppression, nous avons besoin d’un système entièrement nouveau. Un système qui ne récompense pas la division, la concurrence féroce et la privatisation des ressources, mais qui récompense la solidarité authentique, la collaboration et la redistribution des richesses de la société, une société socialiste.

  • “Il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme.” Qui était Malcolm X ?

    Malcolm X était l’un des représentants les plus connus et les plus militants du mouvement des droits civiques qui a secoué la société américaine dans les années 1960. Il est aujourd’hui un symbole de résistance, non seulement pour les jeunes Noirs, mais pour toutes les couches opprimées de la population. Malcolm X reste une figure imposante dans le panthéon des révolutionnaires du 20ème siècle, examinons les 11 derniers mois de sa vie et l’héritage qu’il a laissé derrière lui.

    Par Eljeer Hawkins, Socialist Alternative

    1964 – L’évolution d’un révolutionnaire

    Le 8 mars 1964, Malcolm X décida d’annoncer qu’il quittait la Nation de l’Islam et prenait ses distances de son leader spirituel Elijah Muhamad afin de s’engager complètement dans la lutte pour les droits civiques et humains aux USA et à l’étranger. Malcolm fonda Muslim Mosque Inc. (Mosquée Musulmane S.A.) pour regrouper les membres de la Nation de l’Islam qui l’avaient suivi. En juin, il en développa le bras politique : l’Organisation de l’Unité Afro-Américaine (OUAA) basée est sur le modèle de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA – précédant l’Union africaine) née après les victoires des luttes anti-coloniales de libérations, dans le monde néocolonial.

    La Nation de l’Islam dénonçait l’hypocrisie de la ‘‘démocratie’’ américaine, le capitalisme, la suprématie blanche et les conditions de vie épouvantables de la population noire depuis l’esclavage. Recrutant ses membres parmi la classe ouvrière, les pauvres, les détenus et les travailleurs précaires noirs, la Nation de l’Islam prêchait et pratiquait une combinaison de nationalisme culturel noir et d’idéaux pro-capitalistes comme le mouvement de Marcus Garvey (UNIA, d’où étaient issus beaucoup de ses membres), le plus large mouvement dirigé par des Noirs et auquel les parents de Malcolm X appartenaient. La Nation de l’Islam était une organisation pyramidale, aux décisions prisent à la direction et imposées à la base, qui comprenait également une branche paramilitaire (Les fruits de l’Islam). L’organisation prêchait que le peuple noir était le ‘peuple élu’ destiné à être libéré du malin, de la suprématie blanche et des lois ségrégationnistes. Elle mettait en avant qu’il existe une connexion mondiale entre les peuples basanés d’Asie, d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Amérique-Latine.

    La forme spécifique d’Islam afro-américain de la nation de l’Islam n’était pas reconnue par l’Islam sunnite. Sa politique vis-à-vis du mouvement des droits civiques était basée sur le non-engagement alors qu’il s’agissait du mouvement social le plus important de l’époque. Elijah Muhammad craignait que le gouvernement s’attaque à son organisation. Alors que des évènements bouleversants se produisaient partout dans le monde avec des révolutions, des contre-révolutions, des rébellions et le Mouvement des droits civiques aux USA, l’embrasement politique et spirituel de Malcolm pour un engagement plus complet dans la lutte était de plus en plus palpable. En tant que porte-parole national de la Nation de l’Islam, Malcolm politisait la théologie d’Elijah Muhammad au grand désarroi de ce dernier, ce qui provoqua la colère de la direction de l’organisation.

    Après avoir quitté la Nation de l’Islam, Malcolm entreprit dès avril 1964 deux voyages internationaux qui se sont étendus à l’Afrique, à l’Europe et au Moyen-Orient. Ce voyage avait des objectifs à la fois politiques et religieux, Malcolm voulant compléter son pèlerinage à La Mecque et accepter formellement les enseignements de l’Islam sunnite. Il souhaitait devenir un point de référence aux USA pour l’Islam, théologiquement et d’un point de vue organisationnel. Les voyages de Malcolm à travers l’Afrique et le Moyen Orient ont eu un énorme impact sur sa manière de penser l’Islam et la révolution.

    Lier la lutte de libération des noirs à l’anticolonialisme

    Politiquement, Malcolm souhaitait amener sur le devant de la scène internationale la cause des 22 millions d’Afro-Américains qui subissaient la pauvreté, les violences policières, l’exclusion politique, etc. de la ségrégation américaine.

    Malcolm a dû naviguer à travers un monde d’après-guerre qui connaissait révolutions et contre-révolutions. Les révolutions dans le monde colonial comme en Chine, en Algérie, au Vietnam ou à Cuba et le mouvement des pays non-alignés qui donna naissance à la conférence de Bandung en 1955 ont eu un puissant impact sur sa vision politique du monde. Les révolutions anticoloniales ponctuaient le déclin de la puissance coloniale européenne, l’émergence des USA comme superpuissance capitaliste prééminente et le renforcement de la social-démocratie ainsi que du Stalinisme en Europe de l’Est. Voilà la toile de fond de l’évolution des idées de Malcolm sur une période de 11 mois. Aux USA, le mouvement de libération des Noirs – avec la naissance en 1955 du Mouvement des droits civiques suite à la mort brutale d’Emmett Till et au refus de Rosa Parks de se lever d’un siège dans un bus de Montgomery – déclencha un puissant mouvement social contre cet esclavage d’un autre nom qu’était le système Jim Crow (un ensemble de lois ségrégationnistes).

    La doctrine anti-communiste de 1947 du président Harry Truman, la chasse aux sorcières du sénateur McCarthy et le libéralisme de la guerre froide à travers le bloc de l’Ouest ont eu un effet dévastateur sur le mouvement de libération noir radical, ses activistes de gauche et ses dirigeants radicaux. ‘‘Le soutien de beaucoup de libéraux afro-américains à la politique étrangère américaine pendant la guerre froide et à sa position sur le racisme et le colonialisme à l’étranger a nuit à la lutte anticoloniale et à la lutte des Noirs américains pour les droits civiques’’, comme le dit l’historienne américaine Penny Von Eschen.

    Le mouvement des droits civiques

    La montée d’un leadership réformiste, libéral et s’appuyant sur l’Église dans des organisations comme le NAACP (National Association for the Advancement of Colored People) et le SCLC (Southern Christian Leadership Conference) ont conduit le Mouvement des droits civiques à devenir la force dominante dans la lutte pour la liberté, par sa tactique de désobéissance civile non violente et sa lutte pour des réformes politiques et sociales accordées par l’establishment politico-économique pendant la période de croissance d’après-guerre. Une certaine élite libérale et politique pensait que le capitalisme pouvait endiguer la pauvreté, le racisme et l’oppression endémiques. Mais ce sont les militants du Mouvement qui forcèrent l’administration du président Johnson à implémenter des programmes sociaux clés sous le nom de programme de la guerre contre la pauvreté ainsi qu’à signer le Civil Right Act (1964, qui déclare la ségrégation et les discriminations illégales) et le Voting Rights Act (1965, qui octroie de facto le droit de vote aux Noirs sans tests ni taxes).

    Durant cette période, Malcolm a souligné les limites du libéralisme sous Johnson. Elles sont devenues évidentes après l’implication complète (économique et militaire) de l’impérialisme américain au Vietnam, et le rôle joué par le système bipartisan républicains/démocrates. La récupération des mouvements sociaux par le Parti Démocrate devenait flagrante. Malcom a dénoncé la suprématie blanche, l’hypocrisie de la démocratie américaine face aux explosions sociales qui secouaient de nombreuses villes du pays, la répression violente des militants (lynchages, intimidations et meurtres) et le cadre trop étroit du Mouvement des droits civiques.

    Malcolm cherchait à placer la lutte américaine pour les droits civiques dans le cadre de la lutte internationale anticapitaliste et anti-impérialiste. Il souhaitait unir les plus opprimés et les jeunes du Tiers Monde et des USA dans le combat pour une libération totale de l’oppression et de l’exploitation quotidiennes. Sa campagne consistait à vouloir confondre les USA devant les Nations Unies en portant plainte pour crimes contre l’humanité à l’encontre des Afro-Américains. Les élites dirigeantes internationales, les forces gouvernementales américaines et les membres de la Nation de l’Islam voulaient la mort de Malcolm X à cause de sa capacité d’organisation (nationalement et internationalement) et de sa capacité à inspirer les masses en offrant une alternative au racisme et au capitalisme.

    La pertinence de Malcolm X aujourd’hui

    À la fin de sa vie, Malcolm a tiré une analyse plus profonde du capitalisme et de la suprématie blanche, en fournissant une marche à suivre pour les jeunes générations d’activistes et d’organisations des mouvements de libération noirs. Les conditions matérielles derrière l’émergence d’une figure telles que Malcolm X existent toujours aujourd’hui. La pauvreté abjecte, le racisme, le taux de chômage élevé, l’incarcération de masse, la violence policière, les licenciements, l’austérité, etc. sont les sous-produits d’un système capitaliste malade basé sur la soif de profits d’une poignée de dirigeants faisant partie de l’élite.

  • Le mouvement antiraciste historique touche également la Belgique

    Bruxelles

    Combattons le racisme et la division par la solidarité !

    Ce week-end a été marqué par plusieurs mobilisations contre le racisme. Après les États-Unis et d’autres pays, ce fut au tour de la Belgique. Plusieurs actions ont eu lieu samedi et dimanche, avec comme point d’orgue un grand rassemblement à Bruxelles où plus de 10.000 personnes étaient présentes.

    Anvers

    La violence policière raciste aux États-Unis provoque la colère, mais le mouvement qui lui fait face est source d’inspiration. Cela pouvait notamment se voir sur les centaines de pancarte artisanales. La mobilisation est bien entendu alimentée par le racisme qui existe dans notre pays. Les références à la violence policière mortelle en Belgique n’ont pas manqué. Mais cela au-delà. Notre pays obtient des résultats particulièrement mauvais pour toutes les statistiques concernant les inégalités reposant sur l’origine. Enseignement, logement, emploi,… dans tous ces domaines, la discrimination est monnaie courante et, au fil du temps, les inégalités existantes sont exacerbées plutôt que comblées. La politique d’austérité menée ces dernières années n’a fait qu’aggraver la situation.

    Il était important que le mécontentement à ce sujet se manifeste dans la rue. L’action collective est essentielle pour exprimer ce qui vit parmi la population et faire passer un message. Cela peut construire un élan pour de nouvelles actions et même pour la naissance d’un mouvement durable. Le racisme – comme le sexisme – ne doit pas seulement être dénoncé, il doit être activement combattu ! Les actions en cours dans le monde entier constituent une source d’inspiration pour nous organiser et pour construire un mouvement antiraciste puissant en Belgique également.

    Il était prévisible que des critiques seraient formulées au sujet des difficultés de respecter les règles de distanciation sociale. Cela détourne l’attention des raisons de la colère. En même temps, bien sûr, nous devons tenir compte des mesures sanitaires : la recherche de profits inhérente au capitalisme a rendu les autorités très tardives et inadéquates dans leur réponse à la crise sanitaire, ce qui en a aggravé les conséquences. La plupart participants étaient au courant des mesures sanitaires et portaient un masque. Les règles de distanciation, en revanche, étaient plus difficiles à respecter en raison du taux de participation particulièrement élevé, ce qui n’a toutefois pas été une surprise.

    Emmanuel André, ancien porte-parole de la lutte contre le coronavirus, a déclaré sur twitter : “Si le #racisme n’existait pas, 10.000 personnes n’auraient pas du rappeler à #Bruxelles que nous sommes tous égaux. A ces personnes, je demande de respecter strictement les gestes barrières pendant 15 jours et de continuer leur combat toute leur vie.” Le conseil est excellent, tant au sujet de la lutte contre le coronavirus que concernant le combat antiraciste.

    Comment poursuivre ce combat et l’intensifier après les mobilisations de ce week-end ? Il s’agit d’un mouvement de masse historique contre le racisme structurel et la violence policière, mais aussi contre la misère sociale, le chômage, la pauvreté ; bref, contre le désespoir du capitalisme. Malcolm X disait : “Il ne peut y pas avoir de capitalisme sans racisme”. Il a expliqué que le système capitaliste repose sur l’exploitation et la discrimination. Les capitalistes et leurs politiciens ont peur que nous nous unissions pour lutter contre l’inégalité. C’est pourquoi ils nous divisent et nous montent les uns contre les autres, en fonction de notre couleur de peau, de notre origine, de notre genre,…

    Le racisme est une réalité quotidienne en Belgique également. Discrimination sur le marché de l’emploi, sur le lieu de travail, sur le marché locatif, etc. Contrôle au faciès, intimidation, harcèlement et violence raciste policière. Cette brutalité policière conduit également au meurtre. Nous exigeons que justice soit rendue à Semira, Mawda, Mehdi, Adil et à bien d’autres victimes du racisme et de la répression. Il faut des réponses sociales aux problèmes sociaux : pas de répression policière mais un plan d’investissements massif dans l’enseignement, les soins de santé et pour des emplois décents. Faisons payer la crise aux riches !

    Organisons-nous pour combattre le racisme par la solidarité ! Solidarité entre toutes les communautés opprimées de cette société capitaliste. Solidarité entre tous les travailleurs, avec ou sans emploi, quelle que soit leur origine, dans une lutte menée en commun pour de vrais emplois et des salaires décents. L’unité dans la lutte nous permet de combattre efficacement ce système d’exploitation capitaliste et l’impérialisme, éliminant ainsi les racines du racisme.

    • Pas d’impunité pour les assassins de George Floyd.
    • Stop au racisme et à la brutalité policière.
    • Refusons la stratégie de “diviser pour régner” du gouvernement et des partis capitalistes.
    • Combattons pour des emplois décents, un salaire minimum de 14 € / h & un logement abordable pour toutes et tous.
    • Solidarité entre tous les travailleurs et travailleuses, avec ou sans emploi, avec ou sans papiers.
    • “Il n’y a pas de capitalisme sans racisme.” Nous devons lutter contre le système d’exploitation économique capitaliste.
    • Pour une société socialiste, débarrassée de l’avidité des riches, reposant sur la collectivité des richesses. Une société qui n’a pas besoin de diviser pour régner. Une société sans exploitation ni discrimination.
    Liège

    Foto’s van de actie in Brussel:
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    Foto’s van de actie in Antwerpen (door Liesbeth):
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  • [#BlackLivesMatter] Combattons le racisme par la solidarité. Organisons-nous !

    Ce week-end, des rassemblements contre le racisme et la violence policière ont eu lieu à Liège, Ostende, Gand, Anvers et Bruxelles, où plus de 10.000 personnes étaient présentes ! Le PSL était présent à chacun de ces rassemblements et y a distribué le tract ci-dessous.

    #JusticeForGeorgeFloyd. Inspirée par la jeunesse noire, une explosion massive de colère parcourt le globe. Des centaines de milliers de personnes occupent les rues aux quatre coins des Etats-Unis suite à ce nouveau meurtre raciste. La solidarité s’exprime largement dans la société : des chauffeurs de bus qui refusent de conduire les manifestants arrêtés au personnel soignant. Des manifestations de masse ont aussi eu lieu à Paris, Viennes, Amsterdam, Rotterdam, Berlin, au Brésil,…

    Il s’agit d’un mouvement de masse historique contre le racisme et les violences policières, mais aussi contre la misère sociale, le chômage, la pauvreté ; bref contre l’absence de perspective d’avenir sous le capitalisme. Malcolm X disait : “Il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme“. Il soulignait que le système capitaliste repose sur l’exploitation et la discrimination. Les capitalistes et leurs politiciens craignent notre unité pour combattre les inégalités. Ils veulent nous diviser et nous opposer en fonction de notre couleur, de notre origine, de notre genre, …

    Le racisme est une réalité quotidienne en Belgique également. Discrimination sur le marché de l’emploi, sur le lieu de travail, sur le marché locatif, etc. Contrôle au faciès, intimidation, harcèlement et violence raciste policière. Cette brutalité policière conduit également au meurtre. Nous exigeons que justice soit rendue à Semira, Mawda, Mehdi, Adil et à bien d’autres victimes du racisme et de la répression. Il faut des réponses sociales aux problèmes sociaux : pas de répression policière mais un plan d’investissements massif dans l’enseignement, les soins de santé et pour des emplois décents. Faisons payer la crise aux riches !

    Organisons-nous pour combattre le racisme par la solidarité ! Solidarité entre toutes les communautés opprimées de cette société capitaliste. Solidarité entre tous les travailleurs, avec ou sans emploi, quelle que soit leur origine, dans une lutte menée en commun pour de vrais emplois et des salaires décents. L’unité dans la lutte nous permet de combattre efficacement ce système d’exploitation capitaliste et l’impérialisme, éliminant ainsi les racines du racisme.

    • Pas d’impunité pour les assassins de George Floyd.
    • Stop au racisme et à la brutalité policière.
    • Refusons la stratégie de “diviser pour régner” du gouvernement et des partis capitalistes.
    • Combattons pour des emplois décents, un salaire minimum de 14 € / h & un logement abordable pour toutes et tous.
    • Solidarité entre tous les travailleurs et travailleuses, avec ou sans emploi, avec ou sans papiers.
    • “Il n’y a pas de capitalisme sans racisme.” Nous devons lutter contre le système d’exploitation économique capitaliste.
    • Pour une société socialiste, débarrassée de l’avidité des riches, reposant sur la collectivité des richesses. Une société qui n’a pas besoin de diviser pour régner. Une société sans exploitation ni discrimination.

  • 21 mars : manifestation nationale contre le racisme. Le racisme affaiblit nos luttes!

    Pour un monde socialiste libéré du terrorisme, de la guerre, du racisme et de l’exploitation” / “Il faut s’en prendre à la guerre, à l’exploitation, à la misère, pas aux réfugiés”.

    Participez à la manifestation nationale contre le racisme avec Blokbuster et la Campagne ROSA

    Le 21 mars a lieu la manifestation nationale annuelle contre le racisme. Cette année, elle se déroule dans un contexte spécifique. D’un côté, en Flandre, le Vlaams Belang connaît un nouvel essor tandis que les partis traditionnels répandent la discorde afin de masquer l’échec de leurs politiques et que l’on constate une augmentation des incidents racistes. De l’autre, au niveau international, la situation est également très problématique. A la frontière gréco-turque, la répression contre les réfugiés s’intensifie et les migrants sont littéralement pourchassés. Les dirigeants européens qui avaient auparavant protesté du bout des lèvres contre la politique d’extrême droite de Trump ou Bolsonaro applaudissent.

    Nous disons : c’est à la guerre, à l’exploitation et à la pauvreté qu’il faut s’en prendre, pas aux réfugiés ! C’est au système qu’il faut s’en prendre, pas à ses victimes ! C’est déjà autour de tels slogans que nous avons participé à la manifestation contre le racisme du 21 mars par le passé. Ils sont malheureusement encore plus particulièrement d’actualité. Les puissants de la terre jouent un jeu cynique dont sont victimes les réfugiés et les travailleurs en Turquie, en Grèce et ailleurs. Chaque jour, 5 milliards de dollars sont consacrés aux dépenses militaires. Chaque jour ! Les guerres impérialistes ne manquent jamais de moyens pour obtenir l’accès aux matières premières, plus d’importance géostratégique ou plus de prestige. C’est précisément cela qui pousse tant de gens à fuir.
    Personne ne fuit par plaisir. Il s’agit de l’expression de situations désespérées, en partie causées par la soif de profits de l’industrie militaire et par la défense des intérêts impérialistes des superpuissances et de divers acteurs régionaux. En Belgique aussi, le gouvernement a soutenu des guerres, entre autres en Afghanistan, en Libye ou en Syrie. Mais quand les conséquences se font sentir, ils se battent contre celles-ci. C’est ainsi que l’establishment répond à la crise des réfugiés. Stoppons les guerres et les ingérences impérialistes !

    En Belgique et ailleurs en Europe, l’extrême droite, mais aussi l’establishment, présentent les choses comme si les réfugiés sapaient notre sécurité sociale ou volaient des emplois. C’est faux ! Ce sont les milliards d’euros de cadeaux fiscaux aux grandes entreprises qui minent notre sécurité sociale. Les quelque 1.000 emplois menacés par le géant pharmaceutique GSK en Belgique ne le sont pas parce qu’ils seraient moins utiles en ces temps de coronavirus, ni parce que des réfugiés désespérés espèrent atteindre l’Europe. Non, ces emplois sont menacés par la soif de profits du secteur pharmaceutique qui, rien qu’aux États-Unis, a représenté 1.900 milliards de dollars de bénéfices nets entre 2000 et 2018 !

    Le racisme, comme d’autres formes de division (sexisme, LGBTQI+-phobie,…), est présent dans une couche de la population. Le Vlaams Belang tente de se présenter comme un parti “social” qui veut prendre aux migrants pour donner à son “propre peuple”. De nombreux préjugés racistes se développent sur des déficits sociaux ou la peur de l’avenir. L’extrême droite renforce ce racisme, sans offrir aucun espoir de meilleur avenir. Là où l’extrême droite a pris le pouvoir (Autriche, Italie, Hongrie,…), la violence et la division ont augmenté, sans progrès social pour le “propre peuple”. Au contraire : des économies ont été réalisées sur les retraites et les services publics.

    Pour obtenir un changement réel, nous devons nous battre avec les travailleurs et la jeunesse : des emplois décents pour toutes et tous avec un bon salaire (minimum 14 euros de l’heure !), des pensions viables d’au moins 1.500 euros nets par mois, de bons services publics, des logements abordables, des investissements publics dans le secteur social et la culture,… Pour arracher tout cela, nous avons intérêt à être unis : le racisme affaiblit notre lutte !

    “Il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme”, disait Malcolm X. Combattre le racisme, et tout ce qui nous divise, signifie de combattre le système qui le sous-tend. Nous défendons une société différente où la majorité de la population pourra démocratiquement décider de la manière dont les ressources et les richesses disponibles seront utilisées. Une telle société, une société socialiste démocratique, supprimerait définitivement le terreau du racisme. Accompagnez Blokbuster et la Campagne ROSA à la manifestation nationale contre le racisme ! Rendez-vous : le 21 mars à 14h à Bruxelles-Nord.

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