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Tag: Antiracisme
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Le racisme et l’austérité, copains comme cochons

Triste constat : depuis deux législatures, le politicien le plus apprécié en Flandre est le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration, avec également une impressionnante popularité du côté francophone. Maggie De Block s’était déjà sinistrement distinguée par de féroces déclarations et une politique foncièrement antisociale. Mais Theo Francken est parvenu à propulser la discrimination contre les réfugiés à des années-lumière de ça.
Par Sander (Gand)
Il essaie de concentrer tout le débat sur la sécurité, sur ‘‘des frontières sûres’’ et d’adopter une politique migratoire inspirée par le Vlaams Belang. De la sorte, il espère dévier l’attention des conditions de vie toujours plus exécrables dans lesquelles sont plongés la plupart des travailleurs. Ce n’est pas innocent. La politique asociale de ce gouvernement et son racisme toujours plus ouvertement exprimé puisent leurs racines dans le capitalisme.
Blâmer les victimes…
Depuis sa nomination en tant que secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration, Francken apparait quasiment tous les jours dans les médias avec des déclarations nauséabondes : du ‘‘nettoyage’’ des réfugiés du parc Maximilien aux ONG accusées d’encourager la traite d’êtres humains en sauvant la vie de milliers de personnes dans les eaux de la Méditerranée ! À chaque fois que l’on parle de personnes qui veulent échapper à la misère économique ou à la guerre dans leur pays, il saute sur l’occasion pour tenter de diaboliser tous ceux qui les aident.
Quand Francken est recadré par le Premier ministre, il ne s’agit généralement que de vocabulaire, sans que soit contestée la brutalité de sa politique. Francken est un néolibéral chevronné qui ne croit qu’aux mécanismes du libre marché. Les guerres, les réfugiés et les crises économiques sont des éléments inévitables de ce système. Mais pour lui, les victimes du système sont elles-mêmes responsables de leurs problèmes. C’est l’essence de la politique de stigmatisation de Francken & Co.
… pour poursuivre la politique de casse sociale
La destruction de l’État-providence et la privatisation d’à peu près tout ce qui devrait servir la population se poursuivent à une cadence soutenue, même si ces phénomènes étaient déjà en cours depuis de nombreuses années. Les choses deviennent caricaturales jusqu’au ridicule : des milliards d’euros sont consacrés à l’achat de nouveaux avions de chasse tandis que le secteur des soins de santé est saigné à blanc.
Quiconque ne suit pas la stricte logique néolibérale est soumis à la même diabolisation brutale que celle qu’exerce Francken contre les réfugiés. Toute action syndicale devient ainsi prétexte de réactions houleuses de la part des médias traditionnels et du gouvernement. Cela va jusqu’à une répression pure et simple, avec menace de limiter le droit de grève et poursuites engagées contre des syndicalistes. S’opposer à la politique de casse sociale ne se fait pas sans risque.
Le racisme est inséparable du capitalisme
L’hypocrisie des dirigeants du gouvernement atteint des sommets. Dans les années ‘90, les politiciens traditionnels se sont battus contre le programme en 70 points du Vlaams Blok. Depuis lors, près de la moitié de ces points ont été mis en œuvre par les partis traditionnels. Il est d’ailleurs plus difficile au Vlaams Belang de se profiler aujourd’hui.
Le racisme est ancré dans l’ADN de ce système qui ne profite qu’à une petite minorité. Cette dernière a tout intérêt à diviser la majorité sociale pour renforcer sa propre position en montant les différentes couches de la population les unes contre les autres.
Il va sans dire que Theo Francken est un élément des plus dangereux sur ce plan. Mais le problème est bien plus profond que ses tweets dégueulasses ou ses appels ouvertement opposés aux droits de l’Homme. Ce système en pleine décomposition ouvre la voie à des politiciens comme Francken et Trump.
Pour définitivement stopper le racisme, il nous faut une société où les décisions économiques et politiques seraient réellement entre les mains de la majorité de la population, une société qui vise à accroître le bien-être de tous. Cela commence dans la rue, en luttant pour nos droits.
Manifestation contre Francken à Anvers
Ce 26 octobre, nous manifesterons à Anvers contre Theo ‘‘Trump’’ Francken. Suite à l’appel lancé par la campagne antifasciste Blokbuster et par les Étudiants de Gauche Actifs (EGA), un second appel a suivi de la part de Comac (organisation de jeunesse du PTB). Nous saluons le fait que ces jeunes s’impliquent activement dans la lutte contre le racisme et l’extrême droite. Nous avons donc proposé de nous rejoindre. Jeudi 26 octobre, 17h30 De Coninckplein.
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Anvers, 26 octobre : Manifestation contre Theo “Trump” Francken

Manifestation antifasciste à Louvain, mars 2017. ‘‘Refugees welcome’’ NON au racisme, NON à Francken !
Jeudi 26 octobre : 17h30, De Coninckplein, Anvers
Le caractère raciste de la politique migratoire du gouvernement et du secrétaire d’Etat à l’asile et à la migration Theo Francken (NVA) n’est plus un mystère pour personne. Francken avait qualifié de ‘‘nettoyage’’ les véritables rafles qui ont frappé les sans-papiers du parc Maximilien et de la Gare du Nord à Bruxelles. Au même moment, on apprenait que le gouvernement collaborait avec la dictature soudanaise pour identifier des personnes ayant fui ce régime.
Les actions de solidarité avec les migrants ont été nombreuses (près de 200 personnes ont par exemple hébergé des migrants chez eux à Bruxelles pour les protéger des rafles), tandis que prenaient place diverses actions de protestations dans la rue ou sur le net, à l’image du photomontage d’Ecolo J présentant Francken en uniforme nazi. En Flandre, des actions ont déjà ciblé plusieurs conférences de Francken, et deux nouvelles dates arrivent en octobre. Le texte ci-dessous est inspiré du tract de mobilisation distribué dans les rues d’Anvers.
Pour éviter que la politique antisociale de la N-VA soit sous les projecteurs, le parti est passé à la vitesse supérieure contre les migrants et les réfugiés. Francken & Co voudraient ainsi que l’on oublie que ce parti est à la manœuvre contre nos salaires, nos pensions et nos services publics ! Ne nous laissons pas piéger: ripostons !
Le racisme est de retour, sans être jamais parti
Le racisme de la N-VA prend des proportions grotesques. Après avoir visé les Amazighs (berbères) d’Anvers, Bart De Wever, bourgmestre d’Anvers, a soudainement considéré que l’avenue de Turnhout grouillait de terroristes.
La police a tenu son scoop en mentant au sujet d’un incident où les agents de police auraient été retardés par ‘‘70 à 90’’ habitants du quartier anversois de Borgerhout. De Wever a exigé que le quartier réponde par un signal fort. La marche de protestation qui a eu lieu quelques jours plus tard n’était visiblement pas ce qu’il attendait. En juin dernier, De Wever avait refusé de participer à des rencontres avec la jeunesse du quartier. C’est soudainement devenu important.
La campagne électorale de la N-VA a été lancée à Anvers. Pas besoin de grands efforts pour deviner qui n’est pas son public-cible.
Des apprentis-Trump
La Flandre ne manque pas de petits-Trump et Theo Francken figure au premier rang. Est-il secrétaire d’Etat à l’asile et à la migration ou est-ce plutôt à la déportation et à l’anti-migration? Il semble parfois l’oublier lui-même.
Francken parle tous les jours de sa politique brutale. Il inonde le monde de ses tweets. Pas besoin de beaucoup de contenu : il n’y a que 140 caractères dans un tweet. La communication du secrétaire d’État se réduit souvent à l’insulte. Les militants et organisations de défense des migrants doivent être privés de droit de réponse.
La N-VA s’entend bien avec Trump, ses membres partagent parfois ses tweets incendiaires. Le racisme et le sexisme de Trump ne leur posent pas de problème. ‘‘Theo Trump’’ lui aussi se présente comme au centre d’un combat ‘‘seul contre tous’’ : contre les journalistes qui ne le comprennent pas, contre les migrants, contre les socialistes qui ‘‘créent partout le désordre’’. Pendant ce temps, il s’occupe d’affaires importantes: la propreté du parc Maximilien à Bruxelles par exemple. Après l’assassinat d’une activiste antiraciste à Charlottesville (USA), Francken était particulièrement préoccupé par le sort des statues commémorant les défenseurs de l’esclavage. Question de priorités.
Pour Franken, le problème ce n’est pas que des gens fuient leur pays, c’est qu’ils veulent dormir, vivre et s’épanouir ici. Pas question pour lui de remettre en cause la guerre en Irak et les autres interventions impérialistes qui ont transformé le Moyen-Orient en un cauchemar qui a des conséquences jusqu’ici. Soutenir les guerres, les dictateurs, le pillage néocolonial, le trafic d’êtres humains et les tortionnaires libyens ou soudanais ne fait qu’aggraver le problème.
Ici aussi, la politique dominante est un désastre. Les réfugiés ne savent pas quels sont leurs droits, ils n’ont pas d’informations claires et vivent dans l’incertitude. Maintenant, même les enfants peuvent être emprisonnés dans centres fermés. Francken veut ‘‘nettoyer’’ les rues des réfugiés et des migrants. Il a dû retirer cette déclaration. Mais cela correspond parfaitement à la stratégie de la N-VA.
L’Europe-Forteresse tue
Depuis 2014, on estime que 15.000 réfugiés sont morts en mer. Durant leur périple, les réfugiés souffrent de nombreux abus. Des mineurs disparaissent. Des femmes sont violées. Des milliers de personnes sont heureusement sauvées en mer, grâce notamment à l’action de bénévoles. Pour des politiciens tels que Francken, ils créent un ‘‘appel d’air’’ et ont des milliers de morts sur leur conscience ! Au même moment, en Belgique, la N-VA tente de monter les gens les uns contre les autres et contre les migrants.
C’est la politique de l’Union européenne qui est responsable. Tout est fait pour bloquer toute entrée légale sur le territoire européen. C’est précisément cela qui manque pour stopper les tragédies dans la mer Méditerranée. De l’autre côté, il est hors de question de discuter d’une politique qui mette fin à la guerre, à la misère et aux raisons qui poussent tant de personnes à fuir dans des conditions aussi dangereuses.
Il est temps de passer à l’action
Selon un sondage réalisé par le CNCD – 11.11.11, pas moins de 8 Flamands sur 10 veulent aider les réfugiés. Il nous faut des moyens pour les accueillir et pour leur permettre de commencer une nouvelle vie. Il nous faut une politique migratoire équitable. C’est impossible avec Francken et ce gouvernement, ils tiennent trop à leur discours xénophobe qui va de pair avec leur politique de casse sociale.
Stoppons-les ! Des actions de protestation sont organisées à l’occasion des prochaines conférences de Theo Francken dans les universités de Louvain et d’Anvers. Rejoignez ces actions ! Non à la guerre et à l’exploitation, non au racisme !
- Mardi 3 octobre : 17h30, gare de Louvain
- Jeudi 26 octobre : 17h30, De Coninckplein, Anvers (Evénement Facebook)

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Crise migratoire. Le gouvernement s’enfonce dans le racisme d’Etat

Le 10 août dernier, le cabinet britannique de gestion de risques Verisk Maplecroft a publié un rapport préoccupant au sujet de l’augmentation du risque d’esclavage moderne. Aujourd’hui, 46 millions de personnes à travers le monde seraient touchées par la ‘‘traite des êtres humains et les formes d’exploitation inhérentes’’(1). Selon l’agence britannique, et sans surprise, le risque d’esclavage moderne aurait explosé dans les trois-quarts des pays de l’Union européenne. Notamment en Belgique.
Par Cathy (Liège), article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste
Pour Francken, chaque demandeur d’asile est suspect
La refonte des droits des étrangers votée par la Commission de l’Intérieur de la Chambre en juillet dernier est-elle de nature à diminuer ce risque ? Bien au contraire. Comme le dénonce notamment le CIRÉ (Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers), la méthode utilisée par le gouvernement est scandaleuse (un vote intervenant 17 jours à peine après la présentation d’un texte de 400 pages préparé par les autorités durant 4 ans) et les modifications de fond font ‘‘froid dans le dos’’.
Dans son communiqué de presse, le Ciré explique : ‘‘60 à 70% des demandeurs d’asile mentiraient au cours de leur procédure d’après le Secrétaire d’État… et c’est sur cette estimation ni vérifiée, ni vérifiable qu’est basé tout l’esprit du projet de loi : sanctionner la fraude, enfermer à tour de bras. Même s’il s’en défend, cela pourrait aboutir à un enfermement quasi-systématique des demandeurs d’asile (…). Cela reflète une connaissance très faible de la réalité du calvaire enduré par ceux qui atteignent la Belgique, ayant appris à se méfier, à ne pas tout dire, à cacher leurs documents tout au long du parcours migratoire, pour simplement survivre. Cela en dit long sur la volonté d’instrumentaliser le droit d’asile pour faire valoir une vision purement et simplement xénophobe (…).’’(2)
Le nombre de morts ne cesse d’augmenter en Méditerranée (3800 en 2016 selon le Haut-Commissariat des Réfugiés de l’ONU) et l’année 2017 est en passe d’être la plus meurtrière. La route des Balkans est déjà bloquée, amenant hommes et familles à emprunter des trajets toujours plus dangereux. Le blocage de la route libyenne est considéré par Francken comme une solution face aux décès de la Méditerrannée. Mais il s’effectue par le biais de bandes de bandits et ne fait que déplacer le problème vers la Libye. Pendant ce temps, les différentes puissances impérialistes continuent d’entretenir conflits armés et exploitation partout dans le monde. La Belgique, elle, ‘‘emboite le pas des pays les plus répressifs en légiférant sur base de craintes, de stigmatisations et d’estimations’’.(3)
La situation préoccupante des MENA
Le secrétaire d’État à l’Asile et aux Migrations Théo Francken (N-VA) a récemment proposé de doubler la capacité des Centres fermés (où sont détenus les personnes en situation irrégulière avant leur expulsion) afin de pouvoir à nouveau placer des familles, ce qui sous-entend d’y enfermer des enfants, un dramatique retour en arrière puisque cette pratique avait disparu depuis 2008. Le Commissaire aux Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe avait pourtant exhorté le gouvernement belge ‘‘à ne pas renouer avec la pratique consistant à détenir des familles avec enfants’’ lors d’une visite en 2015. Francken veut également tenter de faire passer une série de mesures en octobre-novembre 2017 afin de directement envoyer tout demandeur d’asile arrivant en Belgique en Centre fermé le temps de sa procédure.
Les MENA (mineurs non accompagnés) n’échappent évidemment pas à la chasse aux sorcières, dont ils sont déjà les victimes depuis plusieurs mois. Myria, le Centre fédéral Migration, défend que ‘‘lorsqu’il existe un doute sur la minorité, le MENA devrait être traité comme s’il était mineur, jusqu’à preuve du contraire’’. La réalité est toute autre. Car l’âge du jeune est déterminé non pas par le discours de son vécu mais par un triple test osseux de la mâchoire, de la clavicule et du poignet, une méthode remise en question quant à sa fiabilité, la marge d’erreur étant de 2 à 5 ans…Les situations kafkaïennes vécues tant par les assistants sociaux que par les psychologues se multiplient.
Une jeune fille de 16 ans a ainsi vu sa date de naissance reculée de 4 ans. Elle a ainsi non seulement été privée de ses droits à suivre une scolarité mais a aussi automatiquement été mise en échec dans les formations suivies au vu des évidentes carences de son apprentissage de base. La perte du statut de MENA signifie aussi perdre le droit de disposer d’un tuteur pour jouir d’un accompagnement dans les différentes démarches.
Comme remède à la chasse aux sorcières, la solidarité !
Théo Franken n’a jamais fait mystère de ses opinions réactionnaires dans ce domaine. Déjà en mars dernier , il écrivait des tweets acerbes contre Médecins sans Frontières en accusant l’organisation de contribuer à la traite des êtres humains et d’encourager l’immigration illégale avec ses actions de sauvetage en mer. ‘‘Par vos actions de sauvetage juste devant les côtes, vous créez un effet d’aspiration et donc plus de morts’’, avait-il écrit, ajoutant : ‘‘Ils font de la traite d’êtres humains. Cela n’a plus rien à voir avec les réfugiés. Migration illégale.’’
Charles Michel a eu beau reprendre Francken sur certains propos, il n’en suit pas moins sa logique perverse. Ces derniers mois, les lieux d’occupations collectives d’organisations de sans-papiers à Bruxelles ont subi une répression systématique : les évacuations successives visant à rendre l’organisation du mouvement encore plus difficile. Divers dirigeants du mouvement ont été arrêtés, diverses arrestations s’effectuent par ailleurs hors balises légales et avec violation de domicile (la Police ne peut normalement pénétrer chez un individu qu’avec un mandat délivré par un juge). Les contrôles effectués par les forces de police ont été accrus dans les transports en commun, des convocations mensongères ont été envoyées à des fins d’arrestation. Etc.
Si la politique migratoire du gouvernement Michel a pu se durcir dans des proportions aussi dramatiques, c’est parce que suffisamment d’espace lui a été laissé de poursuivre ses ravages. Le puissant mouvement de grèves contre le gouvernement de l’automne 2014, auquel avaient participé les organisations de sans-papiers, avait fait vaciller ce dernier. Mais l’absence de suite sérieuse a ouvert la voie à la poursuite d’une politique brutale d’austérité à laquelle s’est couplée une politique migratoire réactionnaire.
Opposons la solidarité et la lutte collective à cette approche qui s’en prend aux victimes du système ! La défense de la régularisation des sans-papiers est dans l’intérêt de tous les travailleurs, car la répression qu’ils subissent les maintient dans des conditions d’exploitation extrême qui constituent une pression à la baisse sur les conditions de travail et de salaire de tous. Nous devons également nous opposer à ce système qui repose sur la guerre et le pillage néocolonial, qui pousse tant de personnes à fuir leur région au péril de leur vie.
(1) Selon l’organisation de défense des droits de l’Homme Walk Free
(2) https://www.cire.be/presse/communiques-de-presse/refonte-du-droit-des-etrangers-de-la-democratie-a-la-theo-cratie-communique-de-presse-du-cire-12-juillet-2017
(3) Ibidem[divider]
Le parcours du combattant des demandeurs d’asile
Lorsqu’une personne en situation irrégulière arrive sur le territoire belge, elle doit déclarer son existence à l’Office des Etrangers. On lui accorde alors une place dans un Centre Croix-Rouge ou un Centre Fédasil où elle vivra le temps de sa procédure (de 4 mois à deux ans) dans une chambre dans laquelle les conditions de logement sont extrêmement difficiles (6 à 8 personnes dans une chambre confinée) et auxquelles s’ajoutent encore la barrière de la langue et les chocs culturels.
Les demandeurs d’asile ont droit à 7 euros par semaine, voire quelques euros supplémentaires pour des petits ‘‘contrats’’ pour effectuer le ménage ou des travaux dans le centre. Avec ce mince apport, ils doivent effectuer des démarches demandées par le CGRA (Commissariat Général aux Réfugiés et Apatrides), telles qu’obtenir des preuves administratives de leur origine ou des preuves du calvaire qu’ils ont fréquemment vécu au pays, des démarches qu’ils ne peuvent donc souvent pas réaliser, faute d’argent ou compte tenu de la situation politique ou du niveau de développement du village duquel ils proviennent.
Dans cet intervalle, ils sont convoqués au CGRA où ils passeront une audition de 3 à 6h en trois étapes : déterminer s’ils viennent bien du pays qu’ils déclarent, fournir les détails de leur famille proche et entourage communautaire et les raisons de leur départ ainsi que les conditions de leur voyage. Les conditions de l’interview sont extrêmement pénibles pour ces gens déracinés, traumatisés et anxieux de cet examen qui déterminera s’ils seront expulsés ou non vers les situations dramatiques qu’ils ont fui, quelles qu’en soient les raisons.
Si la réponse est positive, le demandeur d’asile reçoit un accord de rester en Belgique, sinon, il peut introduire un recours devant le Tribunal des Contentieux, ce qui lui coûte 50 euros et, s’il a l’accord, repasser devant le CGRA. Si la réponse est négative, il reçoit un ordre de quitter le territoire et devra quitter le Centre dans les plus brefs délais. Une deuxième demande pourra être introduite mais il n’aura plus alors droit qu’à l’aide médicale urgente.
Depuis 1988, il existe également en Belgique la détention administrative dans les Centres fermés. Lorsque la procédure aboutit à un avis négatif ou que les papiers accordés sont retirés car la personne perd son travail, que la femme arrivée par regroupement familial mais souffrant de violences conjugales se sépare de son mari (liste non-exhaustive), la personne peut alors être arrêtée et enfermée dans des conditions carcérales identiques à quelqu’un condamné pour avoir transgressé la Loi.
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Manifestation “Trump not welcome”: Résistance contre Trump et son monde!
Hier, plus de 10.000 personnes étaient présentes dans les rues de Bruxelles pour rejeter le racisme, le sexisme, les guerres, la pauvreté,… incarnés par le président Donald Trump en visite dans notre pays. Le plus souvent, les manifestants ne manquaient pas de préciser que la résistance était également nécessaire contre les nos Trump locaux, comme l’illustrait ainsi une banderole “Trump, casse-toi, et prends Francken avec toi!”La manifestation “Trump not welcome” était colorée et représentait une grande diversité. La mobilisation vers cet événement avait d’ailleurs été portée par de nombreuses ONG, organisations politiques et structures syndicales. Nous étions bien entendu présents, notamment avec une délégation dynamique et animée autour de la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité). A Gand, la campagne avait organisé une petite manifestation vers la gare qui a réuni quelques dizaines de jeunes pour partir ensemble vers la capitale. Des dizaines d’autres les ont rejoints à Bruxelles pour crier ensemble des slogans contre le sexisme, le racisme, l’homophobie, la guerre et l’austérité.
Si une chose a été démontrée par cette manifestation, c’est que la résistance sociale active contre le trumpisme, qu’il soit des Etats-Unis ou de Belgique, dispose d’un beau potentiel. Les nouvelles de cette mobilisation auront à n’en pas douté renforcé la résistance aux Etats-Unis en montrant que l’opposition à Trump n’est pas isolée. Partout dans le monde, des voix s’élèvent contre l’agenda politique réactionnaire.
Les réactions enthousiastes que notre matériel politique a suscité démontrent aussi que beaucoup de manifestants n’entendaient pas en rester là. Nous avons vendu plus de 150 exemplaires de notre journal, Lutte Socialiste, plus de 100 personnes ont laissé leurs coordonnées en vue de discuter de nos activités et de notre programme tandis que plus de 500 euros de fonds de lutte ont été récoltés, essentiellement au travers de nos badges.
Cette manifestation n’est pas un point final, elle illustre qu’une couche croissante de gens veut être activement impliquée dans la résistance contre le populisme de droite, le racisme et le sexisme. Construisons un puissant mouvement social combatif pour défendre la nécessité d’une alternative socialiste contre la guerre et la misère inhérents au capitalisme. Vous aussi, participez à ce combat ! Vous nous avez rencontré à cette manifestation mais n’avez pas laissé vos coordonnées à l’un de nos militants ? Contactez-nous dès aujourd’hui via info@socialisme.be.
Photos de Liesbeth:
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Provoquer la division pour dévier l’attention des politiques antisociales

Stop au racisme et au sexisme, nous ne nous laisserons pas diviser ! Depuis la mise en fonction de Zuhal Demir en tant que secrétaire d’Etat pour l’Egalité des chances et la Lutte contre le racisme, ses attaques se multiplient, entre autres envers la direction d’Unia. La secrétaire d’Etat ne laisse passer aucune occasion de s’en prendre au Centre contre la discrimination. Elle lui a même donné le nom de ‘Centre pour la polarisation’. La débâcle date de la démission de Rachida Lamrabet.
Par Sander (Gand), article tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste
Une polémique a éclaté en Flandre en avril dernier lorsqu’une juriste d’Unia (le centre interfédéral pour l’égalité des chances), Rachida Lamrabet, a déclaré dans une interview, en son nom propre, qu’interdire le port de la burqa porte atteinte aux droits des femmes. La nouvelle secrétaire d’Etat à l’Egalité des chances Zuhal Demir (N-VA) a très fortement critiqué ces propos et exigé qu’Unia prenne ouvertement ses distances avec les paroles de son employée. Unia a cédé à la pression de la droite. Le licenciement de la juriste a suivi de peu.
Une fonctionnaire du gouvernement flamand a également été licenciée fin mars par Liesbeth Homans (N-VA) après avoir émis quelques critiques sur la politique relative à la diversité. Officiellement, la sanction est tombée pour ‘‘manque de leadership’’, sans que la ministre n’ait assisté à un seul atelier ou une seule session d’information en sa présence. La ministre ne l’avait croisée que cinq fois en trois ans.
L’offensive s’est poursuivie avec une déclaration de Zuhal Demir contre le CD&V, pour qui les musulmans seraient ‘‘du bétail électoral’’, au moment même où le CD&V s’est aventuré sur le terrain nauséabond de la N-VA. La ministre de l’enseignement flamand Hilde Crevits avait ainsi expliqué que, selon elle, ‘‘les parents d’origine étrangère devraient s’investir plus’’ dans l’éducation de leurs enfants. Le referendum constitutionnel turc a ensuite été utilisé pour remettre en question la double nationalité. La N-VA a beau s’en prendre aux partisans d’Erdogan, cela ne l’empêche pas de défendre l’accord conclu par l’UE avec ce même dictateur pour retenir les réfugiés en Turquie.
Si l’attitude de Zuhal Demir n’est pas perçue comme du racisme dans l’opinion publique, c’est en raison de ses origines étrangères. Mais ce n’est pas parce qu’une femme ou un homme d’origine étrangère se retrouve au pouvoir qu’une politique de défense des droits des minorités est automatiquement menée. Ici, nous assistons au contraire à une surenchère de rhétorique discriminante.
De tels propos servent à détourner l’attention de la politique antisociale du gouvernement. Cela cadre parfaitement avec l’attitude de la N-VA vis-à-vis de la classe des travailleurs. Ces derniers mois, la N-VA a illustré qu’elle aussi trempait dans les pratiques des partis traditionnels (enrichissement personnel d’élus, abus de mandats dans les intercommunales,…). Il lui importe donc aussi de créer un écran de fumée face à ces révélations.
Pour en finir avec le racisme, le sexisme et la discrimination, il nous faut une politique et une économie contrôlées par les travailleurs, au service des travailleurs, avec des élus qui ne gagnent pas plus que le salaire moyen d’un travailleur et qui sont révocables en permanence. C’est seulement de cette manière que les minorités auront une voix qui compte et des représentants qui doivent rendre des comptes pour chacune de leurs décisions. Voilà comment pourrait être élaborée une démocratie inclusive respectant les droits de chacun et qui ne réduirait personne au rang de ‘bétail électoral’.
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[FILM] I am Not Your Negro
“Je ne peux pas être pessimiste parce que je suis en vie. Être pessimiste signifie que tu dois accepter que la vie humaine est une matière académique, dès lors je suis forcé d’être optimiste. Je suis forcé de croire que nous pouvons survivre à tout ce à quoi nous devons survivre.” – James Baldwin.Comme beaucoup de jeunes, James Baldwin n’a pas attiré mon attention lorsque j’étais à l’école ou à l’université. Quand j’ai découvert Baldwin, il était clair, à la lecture de son premier roman La conversation (Go Tell It On The Mountain) et La Prochaine Fois, le feu (The Fire Next Time) qu’il est un excellent écrivain. Ce n’est qu’au moment où des vidéos YouTube comme le débat entre James Baldwin avec William F. Buckley intitulé “le rêve américain se fait aux dépens du nègre américain” ont commencé à tourner sur Facebook et Twitter que Baldwin a eu un réel impact sur moi. À l’époque de du mouvement Black Lives Matter contre les violences et les meurtres racistes de la police aux Etats Unis, 50 ans plus tard, cet intitulé est toujours pertinent.
Par Ryan Watson, Chicago, Socialist Alternative (partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière aux USA)
I’m Not Your Negro (Je ne suis pas votre nègre), nominé aux Oscars 2017 pour le meilleur documentaire, conté par Samuel L. Jackson et réalisé par le haïtien Raoul Peck, est révolutionnaire et inspirant. Le travail cinématographique de Peck comprend Lumumba, un récit biographique du premier Premier ministre démocratiquement élu du Congo, Patrice Lumumba qui revient sur le coup d’Etat belgo-américain et l’assassinat de Lumumba. Le prochain film de Peck s’intitulera Le jeune Karl Marx (il sortira en septembre en Belgique).
I Am Not Your Negro est tiré d’un manuscrit inachevé de 1979 intitulé Remember This House qui relate l’amitié de Baldwin avec des personnages emblématiques, dont Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King Jr. – tous trois assassinés – et leur contribution politique au mouvement afro-américain. Raoul Peck disposait d’un accès total au travail de Baldwin. Il nous offre les fruits de ce qu’il a trouvé tout au long du documentaire.
Le fils d’Harlem
Baldwin est né le 2 août 1924 et a grandi à Harlem, à New York. Il a connu la dure réalité de la pauvreté, du racisme et des violences paternelle, de son beau-père en particulier. I Am Not Your Negro fait un excellent travail en soulignant sa relation avec une enseignante. James Baldwin, produit du système scolaire public de la ville de New York, a très tôt montré des signes précurseurs de curiosité et l’envie de comprendre les choses, ce qui a suscité l’intérêt de son professeur, une jeune femme blanche nommée Orilla Miller. Surnommé “Bill” par le jeune Baldwin, Miller devait avoir un effet profond sur la vie de Baldwin.
Elle a dirigé sa première pièce et a encouragé ses talents. Ils discutaient ensemble de littérature et visitaient des musées ensemble. Miller est même allé jusqu’à demander à son beau-père, David Baldwin, l’autorisation d’emmener James au cinéma. Plus tard, Baldwin lui attribua son manque de radicalisme. Il expliquera que c’était “certainement en partie à cause d’elle, qui est arrivée si tôt dans sa terrifiante vie, qu’il n’a jamais réussi à haïr les blancs”.
Baldwin disait : “Bill Miller était blanche”, mais elle n’était “pas, pour moi, blanche comme Joan Crawford était blanche”. Pas plus qu’elle n’était blanche “de la même manière que les propriétaires terriens et les commerçants, les flics et la plupart de mes professeurs étaient blancs. Elle aussi (…) était traitée comme une négresse, surtout par les flics, et elle n’appréciait pas les propriétaires terriens”. Grâce à elle, Baldwin a appris que “les blancs n’agissent pas comme ils le font parce qu’ils sont blancs”.
Bien qu’il semble que tous les oppresseurs soient blancs, Baldwin s’est rendu compte que tous les blancs n’étaient pas des oppresseurs dans la société américaine. Ses talents d’orateurs ont été mis à profit durant trois à quatre ans à la chaire de l’église en tant que prêcheur junior. Baldwin quittera ensuite l’église pour échapper à la brutalité de son beau-père. Il remet alors en question les principes du christianisme, ce qui deviendra un thème majeur tout au long de ses écrits et de sa critique sociale du capitalisme américain et du racisme.
Baldwin en tant que témoin
Le documentaire mélange les images et le travail de Medgar Evers, Malcolm X, et du Dr Martin Luther King Jr. avec la poésie et l’amour que Baldwin ressentait pour ses amis, aboutissant à une ambiance relaxante. Il relate également le retour de Baldwin aux États-Unis après un séjour en France au début du Mouvement des droits civiques.
Il est facile d’accepter que les trois martyrs assassinés, Medgar, Malcolm et Martin, se soient impliqués dans la lutte d’une manière différente de celle de James Baldwin. Même à ses yeux, quand il compare sa contribution à la leur, il se considère lui-même comme un témoin face à de vrais acteurs. En effet, Baldwin, un homme noir gay dans les années 50-60, a dû mener une lutte pour son acceptation et sa reconnaissance au sein même du Mouvement des droits civiques, caractérisé par une structure autoritaire et un environnement machiste et religieux.
Le narrateur du film, Samuel L. Jackson, prononce les mots de Baldwin avec une mélancolie qui vous hante alors que le documentaire débute dans le Sud profond des États-Unis. Le film commence par la vaillante lutte contre le lynchage et la ségrégation au Mississippi. Medgar Evers, organisateur de la NAACP (en français, association nationale pour la promotion des gens de couleur), était une figure essentielle du mouvement dans le Sud contre les lois Jim Crow (série de règlements racistes promulgués dans le Sud des États-Unis entre 1876 et 1964). Evers est le premier des amis de Baldwin à avoir été assassiné par des racistes en pleine rue, alors que sa femme et ses enfants regardaient avec horreur.
Les combattants les plus connus pour la liberté noire, issus de différents courants de pensée et d’action, respectivement Malcolm X et Dr King, sont également mis en évidence. Le film esquisse les différences entre Malcolm X et Dr King ainsi que leur évolution vers une approche plus commune, presque indiscernable. Bien que la vie de Baldwin n’ait pas fini violemment comme celle de ses trois amis, il a activement cherché à mettre en lumière l’héritage et les idées de Martin et Malcolm pour la nouvelle génération d’activistes, après leurs assassinats. Il a évoqué combien il tenait à Martin, mais a déclaré que les gens ne l’écouteraient plus. Il a compris comment Malcolm était plus attractif pour les jeunes noirs, corroborant leur réalité et leur montrant qu’ils existaient. Il explique bien que Malcolm n’ignorait pas les pauvres, les précaires ou les condamnés. Baldwin n’a pas rejoint la Nation de l’Islam (NOI), parce qu’il ne détestait pas les blancs pas plus qu’il n’acceptait la version afro-américaine de l’islam d’Elijah Muhammad (dirigeant de la Nation de l’Islam). Baldwin n’a pas rejoint le mouvement Black Panthers ou Gay Liberation parce qu’il ne voulait pas être prisonnier de concepts organisationnels ou idéologiques. Baldwin voulait être un penseur indépendant.
La lutte continue
“Non seulement je ne suis pas né pour être un esclave ; mais je ne suis pas non plus né pour espérer devenir l’égal d’un maître d’esclave.” – James Baldwin.
Le documentaire fait un fantastique travail pour mettre en lien la lutte des années ’60 et les conditions auxquelles les travailleurs et les jeunes noirs font actuellement face en raison du capitalisme et du racisme. Le documentaire brille des pensées perspicaces de Baldwin sur la couleur et le pouvoir. Ces idées sont examinées dans le film, un débat qui garde toute sa pertinence aujourd’hui. De nos jours, alors que l’information aux Etats-Unis est essentiellement contrôlée par cinq grandes entreprises, le capitalisme a appris à ne plus jamais permettre à un autre Malcolm ou Martin ou même un Baldwin d’accéder à une telle plate-forme. Les médias traditionnels ont aussi appris à limiter l’émergence de nouveaux mouvements indépendants des partis de Wall Street.
Tout comme le débat vidéo de YouTube sur “le rêve américain se réalise-t-il aux dépens du nègre américain”, ce film demande pourquoi l’Amérique a besoin du nègre? Baldwin évoque ce point (1) : “Il est très choquant de découvrir que le drapeau auquel tu as offert ton allégeance, comme tout un chacun, ne t’a pas offert la sienne. Il est très choquant, vers l’âge de cinq ou six ans, de découvrir que quand tu t’identifiais à Gary Cooper tuant les Indiens, tu étais en fait l’indien. Il est très choquant de découvrir que le pays dans lequel tu es né, dans lequel tu as vécu et auquel tu t’identifies, ne t’a pas laissé la moindre place, à un quelconque niveau de réalité.”
Les jeunes de Ferguson se sont rebellés en 2014 dans une ville où la classe ouvrière noire est criminalisée par la police d’État et discriminée par des politiques dignes des lois Jim Crow. Baldwin, en 1963, soulignait ce point : “Je suis sûr qu’ils n’ont rien contre les nègres, mais ce n’est vraiment pas la question, vous savez.” Baldwin ponctue ce point lors d’une autre interview télévisée : “La question est vraiment une sorte d’apathie et d’ignorance qui est le prix que nous avons payé pour la ségrégation. C’est ce que signifie la ségrégation; vous ne savez pas ce qui se passe de l’autre côté du mur parce que vous ne voulez pas savoir.” Ferguson, Baltimore, Tulsa et la montée du mouvement antiraciste Black Lives Matter ont montré que le système oppressif n’a pas beaucoup changé la réalité pour les travailleurs noirs et les jeunes en 50 ans.
L’importance d’I Am Not Your Negro
Le 1er décembre 2016 marquait le 30e anniversaire de la mort de James Baldwin. I Am Not Your Negro est un hommage et une reconnaissance de la contribution de Baldwin à la lutte pour mettre fin à l’exploitation, au racisme structurel et à la domination des entreprises sur nos vies.
Le film permet à une nouvelle génération de se pencher sur la richesse des mots, des idées et de la voix de Baldwin alors que nous construisons un mouvement des travailleurs de toutes les couleurs de peau pour affronter les attaques de Trump et de Wall Street contre les travailleurs, les pauvres et les gens de couleurs.
(1) http://www.nytimes.com/books/98/03/29/specials/baldwin-dream.html
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[PHOTOS] Mobilisation contre le FN à Bruxelles
Le résultat du premier tour des élections française, même s’il était attendu, a constitué un choc. Les Etudiants de Gauche Actifs ne voulaient pas restés inactifs et ont voulu donner une expression au rejet du Front National en organisant un petit rassemblement également soutenu par la Coordination des Sans-Papiers de Belgique, le Comité des travailleurs avec et sans-papiers de la CSC, par la Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité), la campagne antifasciste flamande Blokbuster et les Syndicalistes contre le fascisme. Quelque 80 personnes ont répondu à l’appel. La CRER (Collectif contre les Rafles, les Expulsions et pour la Régularisation) était également présente.
“Avec l’arrivée de Trump au pouvoir et la présence de Marine Le Pen au second tour en France, on pense qu’il est nécessaire de se mobiliser contre la droite populiste qui rejette notamment les problèmes sur les migrants”, a déclaré Julien Englebert, des Etudiants de Gauche Actifs, aux journalistes présents. Diverses prises de parole ont aussi été organisées et un micro a été ouvert aux participants. Cette action visait en outre à appeler à participer à la manifestation en préparation contre la venue du président américain Trump à Bruxelles le 24 mai prochain.
Photos de Layna
Photos de Nico
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Mobilisations contre la montée du FN en France
L’élection présidentielle française approche à grands pas. La plupart des sondages placent Marine Le Pen parmi les deux vainqueurs du premier tour du 23 avril. Pour la deuxième fois, l’extrême droite sera probablement présente au second tour, 15 ans après son père Jean-Marie Le Pen. Mais là où le père défendait quasi ouvertement les politiques et les crimes du fascisme, la fille a adopté un ton davantage populiste. Depuis qu’elle a pris la direction du FN, il est clair que le parti a accru son soutien, surtout parmi les couches de travailleurs des régions industrielles dévastées par la crise du chômage.Par Stéphane Delcros, article tiré de l’édition d’avril de Lutte Socialiste
Dans ce contexte de dégradation sévère des conditions de vie et de casse sociale alors que les pénuries (de logements, d’emplois,…) sont croissantes, il n’est guère surprenant que la confiance éprouvée envers les partis de l’establishment soit en chute libre. L’extrême droite entend instrumentaliser la situation en faisant semblant d’être anti-establishment. Il leur est bien facile d’utiliser les préjugés contre les migrants et les réfugiés, il est toujours aisé de taper vers le bas plutôt que vers le haut. Mais soyons clairs : si les soins de santé sont en si mauvais état en Belgique, par exemple, cela n’a rien à voir avec les migrants. Si les moyens manquent, c’est tout simplement parce que les caisses de la collectivité sont pillées pour se plier aux quatre volontés du patronat.
La lutte collective pour un meilleur avenir a l’avantage d’attirer l’attention vers les véritables responsables des problèmes sociaux. Voilà pourquoi l’extrême droite et la droite ‘‘normale’’ sont allergiques aux protestations syndicales. Il est important d’organiser et de lutter pour une alternative. Quand ce n’est pas le cas, le mécontentement devient cynisme et désillusion, l’occasion rêvée pour l’extrême droite et la droite populiste d’insérer davantage d’éléments de division et d’ainsi instrumentaliser le désarroi pour tirer son épingle du jeu.
Le Front National est d’ailleurs conscient que c’est principalement la situation socio-économique qui mène à une recherche d’alternative dont il pourrait profiter. Marine Le Pen a intégré différents éléments ‘sociaux’ à son programme électoral : suppression de la ‘‘loi travail’’, maintien de l’Impôt sur la fortune (ISF), augmentation du salaire minimum (SMIC),… Mais ne nous laissons pas berner : ce sont des leurres. L’augmentation du SMIC, par exemple, se ferait par la suppression des cotisations sociales, qui seraient alors remplacées par des impôts. Ce sont à nouveaux les travailleurs qui devraient payer, et non les grandes entreprises qui amassent pourtant des montagnes de fortune…
Dans chaque municipalité dirigée par des élus du Front National ou associés, c’est la division, le repli sur soi et la répression qui règnent. Les associations d’aide aux personnes les plus démunies et prônant l’égalité des droits y sont ouvertement attaquées. Exemples: à Hayange (Moselle), le Secours populaire a dû dégager de ses locaux ; à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), la Ligue des Droits de l’Homme a vu ses subventions coupées.
“La définition de la folie, c’est de refaire toujours la même chose, et d’attendre des résultats différents.” – Albert Einstein
Ce sont les politiques néolibérales qui ont généré le terreau sur lequel reposent les succès de Le Pen et Trump. Pourquoi donc penser qu’il est possible de les vaincre avec des politiciens pro-austérité ? De la même manière qu’on ne combat pas un Trump avec une Clinton, il est illusoire de penser qu’on peut combattre Marine Le Pen avec des Fillon ou des Macron. Personne n’arrêtera la droite populiste avec ceux qui lui ouvrent la voie !
La seule riposte qui ne s’assimile pas à de la poudre aux yeux, c’est de se battre pour construire une force de gauche déterminée à rejeter les compromis avec les partis de l’establishment. Une force de gauche qui n’en restera pas au stade de la dénonciation mais qui défendra ouvertement une alternative cohérente contre l’austérité et les pertes d’emplois. Une force de gauche qui redonnera espoir dans la lutte collective et dans ce qu’il nous est possible d’arracher comme victoire en s’impliquant chacun dans le combat social.
Dans ce cadre, et malgré des faiblesses indéniables, la campagne de Jean-Luc Mélenchon et de la France Insoumise (lire notre dossier) est un outil important pour porter des réponses sociales de gauche. C’est en construisant un large mouvement de résistance dans la rue, dans les quartiers, dans les entreprises et les écoles que nous pourrons barrer la route aux idées racistes, sexistes et homophobes !
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- Bruxelles : 24 avril, Rassemblement contre la montée du FN en France. 18h30, Place de la Monnaie
- Namur : 24 avril, Rassemblement contre la montée du FN en France. 18h, Place d’Armes // 19 avril, débat sur le danger de l’extrême droite à partir du cas de la France, 18h, 23 rue de Bruxelles.
- Mons : 26 avril, Rassemblement contre la montée du FN en France. 14h, Place du Parc // 3 mai, débat sur le danger de l’extrême droite à partir du cas de la France, 18h30, Etage du café “Le Central”, Grand Place.
- Liège: Action contre la montée du FN, mercredi 26 avril à 18h00, Place de la République française.
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Non, le racisme n’a rien de normal !
Alors qu’il essayait d’attirer à lui des électeurs de Geert Wilders, le premier ministre hollandais sortant Mark Rutte a tiré sur les migrants : qu’ils aient enfin l’air normal ou qu’ils dégagent ! Une fois les élections passées, il a reçu – sans rire – l’éloge de l’establishment européen pour avoir été l’homme qui a fait barrage au racisme et au populisme…Par Geert Cool
Cela fait penser à ceux qui pensaient de même en Belgique au sujet de la N-VA: De Wever et sa clique n’avaient-ils pas enrayé la progression du Vlaams Belang? Le philosophe de gauche Ludo Abicht s’était d’ailleurs exprimé en ces termes : ‘‘J’ai été sympathisant du Front antifasciste et de Blokbuster ainsi que de tous les mouvements de gauche qui ont essayé en vain de lutter contre le Vlaams Blok. En même temps, j’ai toujours défendu que la seule manière de bloquer le vent qui souffle dans les voiles du Blok serait le développement d’un parti flamand nationaliste conservateur, mais démocratique.’’
Cet argument ne tient pas compte du sol à partir duquel poussent des préjugés raciaux. Le racisme peut toujours faire des percées électorales en l’absence de réponse collective de la part du mouvement des travailleurs. Voilà pourquoi Theo Francken parvient à être l’homme politique le plus populaire de Flandre avec son approche excessivement condescendante et arrogante des réfugiés. Lui et ses camarades de parti sont en pleine surenchère de propos racistes.
Zuhal Demir a débuté à son poste de Secrétaire d’Etat à la lutte contre la pauvreté et à l’égalité des chances en s’en prenant à Unia, anciennement Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme. Liesbeth Homans ne voulait pas se laisser dépasser par Demir et a parlé d’Unia comme du ‘‘centre pour les immigrés geignards’’ (traduction libre). Demir n’en est pas restée là et a expliqué le nombre record de personnes ayant fait appel à une banque alimentaire l’an dernier (143.287 personnes !) par ‘‘l’afflux massif de réfugiés’’.
L’abolition de la double nationalité est juridiquement impossible à l’heure actuelle, mais la N-VA s’engage à remettre cette question à l’ordre du jour. L’eurodéputée Sarah Smeyers n’a d’ailleurs pas tardé à dire qu’en l’absence de possibilité de revenir sur la double nationalité, des règles plus strictes devaient entrer en vigueur pour obtenir la nationalité belge. Elle veut instaurer un examen de citoyenneté pour tous ceux qui veulent devenir belges et ceux dont au moins un parent n’a pas la nationalité belge. De Roover, chef de fraction à la chambre, a appelé à l’interdiction de la ‘‘propagande politique étrangère’’ en Belgique. Il s’agit de trois propositions copiées du fameux programme raciste en 70 points du Vlaams Belang à l’époque où il s’appelait encore Vlaams Blok.
Est-ce ainsi que l’on stoppe le racisme et l’extrême droite ? Il est vrai qu’en procédant de la sorte, la N-VA rend difficile au Vlaams Belang de sortir de son coin. Mais, en attendant, les provocations racistes pleuvent toujours. Si la N-VA se concentre aujourd’hui si fortement sur les réfugiés et les migrants, c’est en partie dû au fait que le ‘‘changement’’ qu’elle promettait pour la majorité de la population équivaut à une baisse du niveau de vie. Elle se déchaîne donc sur de nombreux boucs émissaires : les Berbères, les migrants, les travailleurs sociaux, les chômeurs,… Si le mouvement ouvrier ne tape pas du poing sur la table en faveur de ses propres revendications, il est plus facile d’attirer l’attention sur des questions telles que celles de l’asile et de la migration.
On ne stoppe pas l’extrême droite de cette manière. La bulle de la N-VA se dégonflera un jour, c’est inévitable. Sa politique néolibérale est impopulaire. Le Vlaams Belang va sûrement faire son retour en profitant de la voie tracée par la N-VA. Peut-être que ce parti pourra encore obtenir des scores impressionnants.
On ne barrera pas la route aux préjugés racistes en les reprenant à son compte. Nous nous opposons au racisme, notamment parce qu’il divise les masses et rend par conséquent plus difficile de lutter pour une autre société, une société débarrassée des inégalités et des problèmes sociaux associés.
Un programme massif d’investissements publics dans le logement social, la santé, l’éducation, les infrastructures, les besoins sociaux,… s’en prendrait drastiquement aux diverses pénuries sociales tout en créant de nouveaux emplois socialement utiles. Ce sera plus que nécessaire pour s’en prendre à la racine des inégalités. Pour cela, la population devra prendre le contrôle démocratique des secteurs -clés de l’économie. Cela exige de mener une politique socialiste cohérente en tant qu’alternative à la misère du capitalisme. Mener un combat acharné contre ce gouvernement d’apprentis-Thatcher est la première étape pour construire cette alternative.
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Manifestation contre Theo Francken à Gand
Hier soir, quelque 300 manifestants ont occupé le centre-ville de Gand avec une vibrante marche de la solidarité. Ils entendaient de cette manière exprimer leur opposition aux ignobles propos de Theo Francken de même qu’à sa politique. Le Secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration membre de la N-VA était en visite dans cette ville à l’invitation de la Vlaams RechtsGenootschap (l’association des étudiants en droit de l’université de Gand). Francken a pas mal fait parler de lui ces derniers jours en déclarant que les opérations de sauvetage de Médecins Sans Frontières (MSF) en Méditerranée ne faisaient que “causer indirectement plus de morts”.
Par Bart Vandersteene
Pour cet apprenti-Trump, MSF contribue à la traite des êtres humains et encourager l’immigration illégale! Rien de bien surprenant de la part de la droite, selon laquelle les allocations de chômage encouragent à rester au chômage. Peut-être ces politiciens antisociaux soupçonnent-ils également que l’assurance maladie incite à être malade ?
Les politiciens tels que Francken et Trump instrumentalisent la crise des réfugiés (qui découle notamment de leur politique impérialiste) pour stimuler la peur et le rejet de l’autre dans la population. La manœuvre est bien pratique pour détourner l’attention des dégâts de leurs politiques antisociales favorables aux riches.
Le PSL et les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) ont bien entendu participé à cette manifestation et y ont crié divers slogans en défense de la cause des réfugiés. Nous nous sommes adressés aux autres participants en parlant de l’impérialisme et de l’exploitation capitaliste ainsi qu’en les encourageant à s’impliquer dans notre combat pour une autre société, une société socialiste.
Après une courte manifestation, nous avons rejoint un groupe qui voulait mener une action là où Francken devait prendre la parole. Hélas, les organisateurs de la marche de la solidarité avaient choisi de ne pas prendre cet endroit comme destination de la manifestation. Si le cortège s’était dirigé vers les quartiers étudiants, il aurait certainement été possible d’atteindre les 500 participants. Plusieurs centaines de personnes auraient ainsi pu participer à l’action de protestation dans les bâtiments de l’université. Au final, une cinquantaine de militants ont déclaré haut et fort à Theo Francken qu’ils refusaient ces propos scandaleux et qu’ils s’opposaient à la normalisation de ce type de discours à l’université.






