Tag: Antiracisme

  • Le racisme nous affaiblit : organisons la résistance antifasciste

    Manifestation contre le meeting du VB avec Salvini à Anvers le 2 décembre. Photo : Liesbeth

    Le succès électoral du Vlaams Belang donne des ailes à toutes sortes de groupes à sa marge. Cela n’est pas sans incidences : de l’incendie criminel du futur centre pour demandeurs d’asile de Bilzen au salut hitlérien tenu au camp de Breendonk, en passant par la tenue d’un meeting sexiste à l’université de Gand.

    L’extrême droite tente de se servir du rejet généralisé de la politique menée par les partis traditionnels pour faire progresser le racisme. Sans lutte collective contre les véritables profiteurs, les capitalistes, l’extrême droite a plus facile de pointer les migrants du doigt. Il n’y a qu’un seul moyen efficace de combattre ce racisme et l’influence de l’extrême droite : en nous organisant autour de revendications qui permettent un progrès social. Une meilleure protection sociale, des salaires plus élevés, des services publics (transports, enseignement, soins de santé) plus nombreux et de meilleure qualité ou des pensions de retraite viables: lorsque l’on se bat pour toutes ces choses, il est rapidement évident que le racisme ne nous aide pas, il nous affaiblit. Le talon d’Achille du Vlaams Belang est que ce parti progresse sur base du mécontentement social, sans avoir lui-même de réponse.

    Ne nous faisons pas d’illusions : si la droite et l’extrême droite s’en prennent aux migrants, ce n’est pas pour offrir plus d’avantages sociaux à leur ‘‘propre peuple’’. Ce n’est qu’un tremplin pour généraliser les attaques par la suite. C’est ce que nous constatons d’ailleurs avec le gouvernement flamand, qui économise beaucoup sur les budgets des soins, du bien-être, de la culture, des transports publics et d’autres questions qui touchent tout le monde. Cela n’empêche pas le président du VB, Tom Van Grieken, d’être fier d’affirmer que le gouvernement flamand porte le cachet de son parti. Les pays où l’extrême droite s’est retrouvée au pouvoir confirment ce tableau : le FPÖ autrichien a été responsable d’attaques contre les retraites et les conditions de travail, et la Lega italienne a procédé à des privatisations.

    Chez les jeunes, la situation est très polarisée : des groupes comme Schild & Vrienden essaient de s’y développer et le VB aussi. Le parti d’extrême droite s’implique dans ces cercles étudiants comme le NSV ou le KVHV pour occuper le terrain universitaire. Un de ses objectifs est de renforcer sa base militante à Anvers. Ces derniers mois, des dirigeants du VB tels que Van Grieken et Van Langenhove ont déjà pris la parole lors de réunions du NSV et du KVHV. La prochaine étape sera la marche de la haine annuelle du NSV, fin mars, à Anvers.

    Ne restons pas les bras croisés ! Les antifascistes ont organisés diverses actions récemment, notamment un rassemblement contre la venue du dirigeant d’extrême droite italien Salvini à Anvers et deux rassemblements contre le sexisme du KVHV à Gand. Ces deux initiatives étaient importantes pour dénoncer l’hypocrisie du VB qui se prétend anti-establishment mais a loué la salle la plus chic d’Anvers avec des subventions européennes et a fait venir Salvini par avion privé ! La mobilisation contre le KVHV à Gand était également importante : il s’agit du club étudiant dont sont issus le député VB Dries Van Langenhove et ses partisans de Schild & Vrienden. Le KVHV dispose également du soutien des milieux proches de la N-VA et, après les élections de mai ou la N-VA a reçu une claque, ces étudiants ultra-conservateurs cherchaient à se venger après avoir été poussés dans la défensive autour du scandale de Schild & Vrienden révélé par la VRT. Le KVHV estimait pouvoir se permettre n’importe quoi, mais il est allé trop loin avec son meeting sexiste. Heureusement que des mobilisations ont assuré que cet événement dégueulasse ait été largement connu !

    Le prochain rendez-vous sera donc la contre-manifestation antifasciste face à la marche de la haine du NSV à Anvers. Nous avons pris l’initiative de mettre en place un comité d’action antifasciste pour faire de cette manifestation un succès, où tous ceux qui le souhaitent peuvent s’impliquer. Début février, nous connaîtrons peut-être la date de la manifestation d’extrême droite, et donc également de la contre-manifestation. Au moment où le VB tente de reconstruire son mouvement de jeunesse, on ne saurait trop insister sur l’importance de cette mobilisation antifasciste combative ! Ne nous regardez-pas, rejoignez-nous !

  • Combattre l’antisémitisme et toute discrimination par l’unité de notre classe

    Ces derniers temps ont vu une recrudescence des violences antisémites(1) : attentat contre le musée juif à Bruxelles, dont le procès vient de s’achever ; tags de cimetières juifs en France ; violences verbales ; remontée du négationnisme et du révisionnisme ; … et, dernièrement, les caricatures antisémites au carnaval d’Alost. En parallèle, une autre tendance accompagne cette première : utiliser l’accusation d’antisémitisme pour diviser la gauche et les opposants à la politique pro-capitaliste.

    Par Alain (Namur), article issu de l’édition d’avril de Lutte Socialiste

    En Belgique, les rapports annuels(2) d’Unia (ex-Centre pour l’Égalité des Chances et la Lutte contre le Racisme) signalent une tendance à l’augmentation sur les 5 dernières années des plaintes en matière de négationnisme, avec un pic en 2016. La visibilité des thèses antisémites est poussée par des éléments ayant une forte audience comme le leader du mouvement d’extrême-droite Égalité et Réconciliation, Alain Soral, et son associé, l’humoriste Dieudonné.

    Palestiniens, Gilets Jaunes, Jeremy Corbyn & Ken Loach

    Les militants de la cause palestinienne le vivent fréquemment : toute critique contre la politique de l’État d’Israël devient, aux oreilles et aux yeux de la classe dominante et de ses défenseurs, de l’antisémitisme. L’Etat d’Israël opprime la population palestinienne et assassine certains opposants. Au même moment, il est incapable de répondre aux revendications sociales des travailleurs israéliens. Depuis plusieurs décennies, la lutte des Palestiniens est souvent prise comme symbole de lutte contre l’oppression en général, et particulièrement parmi la jeunesse. Les défenseurs de la cause palestinienne sont invariablement taxés ‘d’anti-juifs’, c’est un rideau de fumée destiné à masquer la politique antisociale et sectaire des autorités israéliennes.

    En France, le mouvement des Gilets Jaunes a été taxé d’antisémitisme à plusieurs reprises. Il s’agit d’une tentative de salir et de diviser un mouvement de masse puissant et populaire, tour à tour accusé d’être ‘anti-climat’, ‘d’extrême-droite’ et même ‘complotiste’, après l’attentat de Strasbourg. Dans un mouvement peu structuré, chaque personne émet une analyse ou une idée sans que celles-ci soient pour autant portées par l’ensemble du mouvement. Il est d’ailleurs particulièrement remarquable que les idées nauséabondes soient très souvent directement repoussées par d’autres Gilets Jaunes, souvent plus nombreux. Mais les aspects remarquables et positifs d’un mouvement combatif de masse sont très rarement relayés par les médias au service des puissants. Macron veut aujourd’hui faire de l’antisionisme un délit d’opinion. Ainsi, s’en prendre publiquement à la politique du gouvernement israélien serait interdit.

    Au Royaume-Uni, dans la guerre civile interne au Parti Travailliste (Labour), l’aile droite a voulu utiliser la lutte contre l’antisémitisme dans sa bataille contre l’aile gauche de Jeremy Corbyn. En Belgique, Charles Michel a cru bon de devoir s’indigner lors de la remise, par l’ULB, du titre de Docteur Honoris Causa au réalisateur Ken Loach. Charles Michel a par contre été plus discret sur la participation de Francken au 90e anniversaire de Bob Maes, fondateur de la milice néonazie Vlaamse Militanten Orde (VMO). Corbyn et Loach, tous deux sont bien connus comme étant des défenseurs de la lutte des Palestiniens. De la part du bras politique de la classe dominante, il s’agit là ‘‘d’antiracisme’’ bon marché visant à discréditer l’adversaire.

    Diviser pour régner et imposer ses idées

    Les politiciens traditionnels sont responsables de l’application d’une politique qui a ces dernières décennies transféré l’argent de la majorité sociale qui produit les richesses, vers une minorité capitaliste ultra riche. Et ils prétendent dénoncer et lutter contre l’antisémitisme qui pourtant trouve son origine dans le désespoir et les frustrations de couches dans la population qui pensent erronément voir en la communauté juive la réponse ou une partie de la réponse aux contradictions sociales.

    Lorsque l’idéologie dominante accuse les défenseurs de la cause palestinienne d’antisémitisme, elle revient à jouer le même rôle que les Dieudonné et Soral : tenter de pousser une partie de la population sur le chemin de ne plus seulement critiquer l’Etat d’Israël, mais d’englober toute la population juive dans ce qui constituerait le problème de la société. Ça aussi, cela permet de diviser ; c’est ce que veulent les élites pour continuer à régner.

    La gauche n’est bien sûr pas automatiquement vaccinée contre l’antisémitisme. Dans un article de 1937 sur l’antisémitisme en Union soviétique, le révolutionnaire russe Léon Trotsky expliquait comment la bureaucratie stalinienne, notamment lors des procès de Moscou, avait remis à l’agenda l’antisémitisme, largement répandu auparavant durant la période tsariste. Face au mécontentement populaire provoqué par l’incapacité de la bureaucratie de l’époque, il était important pour le régime stalinien de détourner la colère des masses vers un bouc émissaire : la population juive de l’URSS(3).

    Avec qui et comment combattre l’antisémitisme : la force du nombre, l’organisation et l’unité

    La contradiction principale de notre société ne réside pas dans les différences de cultures, d’identités, de genres, d’orientations ou de religions. Nous sommes dans une société de classes qui, en plus de détruire la nature, empêche à la majorité sociale d’y vivre dignement malgré les richesses colossales que celle-ci produit. L’unité dans l’action contre le système mais aussi contre toutes les oppressions spécifiques qu’il engendre doit donc se situer à ce niveau-là. La lutte contre l’antisémitisme, comme la lutte contre chaque discrimination, doit être une lutte d’ensemble de la classe des travailleurs et des jeunes contre la classe capitaliste qui se nourrit des divisions qui peuvent être présentes dans notre camp. Défendons un programme de lutte qui réponde aux besoins sociaux et qui se base sur la solidarité et l’internationalisme ouvrier ! Répondons à l’antisémitisme en indiquant les vrais coupables, le système capitaliste et ses défenseurs, et en y apportant une réponse socialiste.

    (1) https://www.franceinter.fr/emissions/les-histoires-du-monde/les-histoires-du-monde-13-fevrier-2019
    (2) https://www.unia.be/files/Documenten/Jaarrapport/Rapport_chiffres_2017_DEF.pdf
    (3) https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1937/02/antisemitisme.htm

  • [PHOTOS] Manifestation nationale contre le racisme !

    Pour la deuxième année consécutive, une manifestation nationale contre le racisme a eu lieu à Bruxelles. Plusieurs milliers de personnes ont répondu à l’appel de dizaines d’organisations et sont descendues dans les rues de la capitale à l’occasion de la journée internationale de lutte contre le racisme (le 21 mars). Samedi, à Amsterdam, c’est plus de 10.000 personnes qui ont également manifesté contre le racisme et l’extrême droite. La percée du bien mal nommé Forum pour la démocratie (extrême droite) de Thierry Baudet lors des dernières élections a provoqué un choc chez nos voisins du Nord.

    Le danger de l’extrême droite est toujours présent en Belgique. En décembre, nous avons connu la plus grande mobilisation de l’extrême droite depuis des années avec la ‘‘Marche contre Marrakech’’. Le Vlaams Belang espère progresser aux élections de mai prochain, raison pour laquelle il a intégré le néonazi Dries Van Langenhove (Schild & Vrienden). Les étudiants du Vlaams Belang (NSV) veulent manifester à Louvain le 9 mai pour remettre la migration en tête de l’agenda politique, ou plus exactement : remettre le racisme au centre du débat public. Pour tenter de détourner l’attention des conséquences de sa politique antisociale, la N-VA est également de plus en plus audacieuse dans l’expression de son racisme.

    Il reste important de mobiliser contre le racisme : dans une société reposant sur les inégalités et l’exploitation, l’establishment a besoin de division et de discrimination. Tout ce qui nous divise nous affaiblit dans la lutte pour une autre société ! Nous défendons un antiracisme et un antifascisme combatifs autour de revendications sociales telles que des emplois bien rémunérés, des investissements publics massifs dans les services publics (éducation, transports publics, soins,…) et le logement social, une sécurité sociale forte,… Lors de la manifestation du 24 mars, nous avons distribué un tract qui, avec cette approche, a appelé à organiser une contre-manifestation le 9 mai à Louvain.

    Photos de Liesbeth:

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    Photos de Jean-Marie Versyp:
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    30 & 31 mars. SOCIALISME 2019 : du ras-le-bol à la riposte !

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  • Manifestation antiraciste à Milan. Un excellent point de départ

    La manifestation antiraciste qui a eu lieu à Milan ce samedi 3 mars représente un succès incontesté du point de vue de la participation. Environ 200.000 personnes ont pris part à la manifestation organisée dans la ville de Matteo Salvini pour protester contre le racisme et les politiques discriminatoires du gouvernement !

    Par Giuliano Brunetti de Resistenze Internazionali (section italienne du Comité pour une Internationale Ouvrière)

    L’événement qui a pu compter sur une présence massive de jeunes et de femmes. Une importante délégation du syndicat de la Confédération générale italienne du travail (CGIL était également présente, aux côtés de l’ANPI (l’association nationale des partisans italiens, fondée par des membres de la résistance italienne contre le régime fasciste italien et l’occupation nazie), de nombreuses organisations non gouvernementales et de dizaines d’associations et d’organisations antiracistes issues de tout le pays, notamment du Sud.

    Cette journée de lutte fut absolument positive et encourageante. Le caractère populaire et festif de l’événement a été malheureusement gâché par une tentative maladroite d’infiltrer la manifestation conduite par les principaux représentants du centre-gauche national qui se sont placés en tête du cortège. Parmi ceux-ci se trouvait l’actuel secrétaire du PD, Nicola Zingaretti et son prédécesseur direct, Maurizio Martina.

    Ces politiciens professionnels ont essayé de toutes les manières possibles de récupérer notre succès populaire. Les représentants du Parti démocrate sont à la recherche d’une nouvelle virginité politique maintenant que les primaires ont consacré Nicola Zingaretti comme secrétaire “de gauche”. Ce même Zingaretti a pourtant été responsable du démantèlement de la santé publique de la région de Lazio lorsqu’il l’a présidée. Les représentants du PD ont parlé de “réveil de la conscience démocratique”, de “grande réponse de l’opposition”, etc. Parmi toutes ces voix se trouve celle du maire de Milan, Giuseppe Sala, qui essaie de se profiler comme le principal organisateur de la manifestation de samedi pour tenter d’endosser le rôle d’improbable nouveau chef politique de la gauche italienne…

    Le PD et ce nouveau secrétaire “de gauche” peuvent temporairement essayer de se présenter sous un nouveau visage. Ils peuvent essayer de porter le masque de l’antiracisme, mais ils ne tarderont pas à montrer leur vraie nature. Dans la campagne électorale, le “nouveau” secrétaire a très explicitement affirmé être en faveur du TAV (la liaison ferroviaire transalpine Lyon – Turin qui fait l’objet d’une opposition populaire massive). Il s’est également dit opposé à une taxation sur base du patrimoine de même qu’à la réintroduction de l’article 18 du statut des travailleurs qui les protégeait en cas de licenciement illégitime.

    La présence de parlementaires du PD dans la manifestation n’est pas la bienvenue, non pas parce que nous voulons construire des barrières et diviser le front antiraciste, au contraire, mais bien parce que nous les savons directement responsables de la croissance des organisations d’extrême droite dans notre pays ! Ils sont responsables de la méfiance légitime que des millions de travailleurs italiens ressentent à présent à l’égard des idées “de gauche”.

    La tentative opportuniste de politiciens professionnels de s’approprier notre succès populaire doit être rejetée ! Au-delà de la présence de ces sombres personnages, la journée du 3 mars illustre clairement la volonté de dizaines de milliers de travailleurs, de jeunes et de citoyens ordinaires de s’opposer aux politiques racistes du gouvernement et des organisations politiques qui gouvernent. Cette manifestation démontre la volonté de rompre avec les discriminations et la guerre contre les pauvres.

    Contrairement à ce que prétendent tous les discours sur l’apathie, la passivité et le pessimisme, une partie de l’Italie – essentiellement composée de gens normaux qui étudient et travaillent – ne soutient pas le gouvernement. Cette couche est véritablement antiraciste et refuse de s’allier aux évêques des privatisations, aux partisans du néolibéralisme et à ceux qui défendent les politiques de rigueur et de massacre social souhaitées par la Commission européenne.

    Il est indéniable que nous avons assisté à une dangereuse résurgence d’attaques racistes et de gestes d’intolérance ces derniers mois. Nous assistons à une croissance des idées et des organisations néo-fascistes et d’extrême droite. Cette croissance peut être stoppée. Le succès de la manifestation de Milan montre que la croissance de la droite dans notre pays génère un fort sentiment d’opposition à tout ce qui nous divise. Ce sentiment, pour le moment embryonnaire, va croître dans les mois à venir et amènera des milliers d’Italiens, des jeunes en particulier, à choisir la voie de la lutte contre la barbarie d’un gouvernement qui utilise l’arme du racisme pour diviser le front des pauvres. En ce sens, le racisme institutionnel du gouvernement et des politiciens professionnels est un puissant boomerang qui se retournera contr eux.

    Afin que le mouvement antiraciste que nous avons vu occuper les rues de Milan et qui commence à émerger dans tout le pays soit credible et puisse construire un véritable dialogue avec la majorité des travailleurs italiens – ceux qui aujourd’hui soutiennent, même de manière critique, le gouvernement – ce mouvement doit clairement énoncer son caractère de mouvement populaire en rupture contre le gouvernement actuel mais aussi avec la prétendue opposition du PD et de Forza Italia. Cette opposition revêt aujourd’hui les vêtements antiracistes alors qu’elle applique depuis des décennies les mêmes politiques racistes contre lesquelles les Italiens doivent aujourd’hui se rassembler !

    Si le mouvement antiraciste veut grandir et se structurer, il doit se doter d’un programme radical capable d’indiquer une véritable alternative aux millions d’Italiens qui se méfient de ce gouvernement mais aussi à ceux qui le soutiennent en absence d’une alternative crédible ou parce que déçu ou plein d’illusions. Il faut essentiellement un programme anticapitaliste capable de parler à la majorité de la société, un programme capable d’unir les jeunes et les travailleurs dans la lutte contre l’austérité imposée par Rome et Bruxelles en défendant des revendications et des slogans simples et accessibles à tous.

    Ces mots d’ordre doivent partir des besoins fondamentaux de chacun d’entre nous. Nous devons tout d’abord revendiquer la fin des politiques de coupes budgétaires et de massacres sociaux. Cela signifie de se battre pour le retrait immédiat des coupes prévues par la loi de financement et pour le retrait des mesures de privatisation et de vente d’actifs publics prévues pour 2019 (la loi prévoit la privatisation d’actifs pour plus de 18 milliards d’euros).

    Nous devons instaurer un salaire minimum intersectoriel garanti de 1.200 euros pour tous et une allocation de chômage générale pour tous, y compris pour ceux qui recherchent un emploi pour la première fois. Le “revenu de citoyenneté” de 780 euros par mois en échange de l’obligation d’accepter tout travail pour les plus pauvres d’entre nous ne nous satisfait pas ! Nous voulons un travail décent pour vivre sans essayer de survivre!

    En outre, il est nécessaire de lutter pour le retrait de la réforme Fornero et pour la pension à 60 ans, quelles que soient les années de cotisation versées. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons lutter contre le fléau du chômage des jeunes, qui pousse 40% de nos jeunes dans l’extrême pauvreté et l’émigration. Nous devons également nous mobiliser pour le démantèlement de la “bonne école” (une offensive antisociale contre l’enseignement public), pour la suppression de l’alternance école / travail et des stages gratuits, ainsi que pour la révocation des mesures liberticides et préjudiciables à la dignité humaine prévues par les décrets Minniti-Orlando et Salvini.

    Le gouvernement Salvini-Di Maio est particulièrement odieux, mais n’oublions pas que le gouvernement précédent a présenté le décret Minniti-Orlando. Ce décret a ouvert la voie à la violation des droits démocratiques à laquelle nous assistons aujourd’hui.

    Samedi 3 mars, nous avons manifesté et continuerons de manifester contre Salvini et contre les politiques migratoires barbares d’un gouvernement condamnant à mort plusieurs centaines d’êtres humains laissés à la dérive sur les bateaux de la mer Méditerranée.

    Mais nous sommes également descendus dans les rues pour protester contre le gouvernement Renzi, pour défendre l’article 18 du statut des travailleurs et pour lutter contre la ‘‘bonne école’’. Nous étions dans la rue contre le ministre Minniti qui, avec ses politiques de gestion de l’ordre public et d’immigration, a ouvert la voie à la violation systématique des droits des Italiens et des migrants du ministre Salvini.

    Seule la lutte de masse des jeunes et des travailleurs réussira à faire reculer les gouvernements. Le seul moyen d’obtenir de réels changements et de défendre les droits démocratiques des travailleurs et des pauvres est de renverser le pouvoir de la classe dirigeante avec l’instrument de la lutte de masse. La manifestation antiraciste de samedi est un excellent point de départ dans cette direction.

  • Manifestation contre la politique d’asile antisociale et inhumaine

    Malgré la pluie, plus de 2.500 manifestants se sont rassemblés hier à Bruxelles pour protester contre les politiques répressives et antisociales qui rendent les réfugiés responsables de leur situation. Après des années de dures attaques contre les travailleurs, les allocataires sociaux, les pensions, etc., les réfugiés et les migrants sont pointés du doigt comme une des causes des économies budgétaires. Soyons clairs : ce ne sont pas les réfugiés qui sont responsables des déficits sociaux, mais les politiques néolibérales qui ne servent que les intérêts et les profits des grandes entreprises.

    Ces derniers mois, le caractère répressif de la politique à l’égard des migrants a été exacerbé. La déshumanisation du sujet a conduit à la mort de la petite Mawda. Ce n’est pas parce que Francken n’est plus secrétaire d’État à l’asile et à la migration que nous pouvons être rassurés. Francken n’a fait que poursuivre la politique de son prédécesseur, qui est aussi son successeur : Maggie De Block. Tous les partis établis s’inscrivent dans la logique de la répression et de la politique de bouc émissaire.

    La manifestation d’hier a constitué une importante riposte à la logique défendue par les partis établis. Il faut maintenant partir à l’offensive dans le débat sur les raisons qui poussent tant de gens à fuir : la guerre, la misère et le pillage néocolonial. Toutes les victimes de la politique antisociale doivent s’unir et combattre ensemble autour de revendication unificatrices : des emplois décents pour tous, des pensions décentes, de bons services publics, etc.

    Lors de cette manifestation, nos militants ont distribué un tract appelant à lutter contre l’extrême droite. Ces derniers mois, l’extrême droite s’est sentie renforcée. Il y a eu la marche contre Marrakech à Bruxelles et la manifestation de Ninove le 3 janvier dernier. A chaque fois, l’initiative était issue d’une alliance autour du Vlaams Belang dans laquelle les néo-nazis de Schild & Vrienden ont joué un rôle de premier plan. Maintenant que le “patron” de Scild & Vrienden Driss Van Langenhove a annoncé être sur la liste du Vlaams Belang au Brabant flamand pour les prochaines éelctions, la manifestation annuelle du NSV (cette année à Louvain) menace de devenir le prochain rendez-vous de ce gang d’extrême droite. Nous ne devons pas laisser passer cela : la résistance antifasciste est nécessaire !

    Photos de Liesbeth:

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  • Après les actions contre Schild & Vrienden: poursuivons la lutte contre le racisme

    ‘‘Vous êtes mon bouclier et mes amis’’ (mijn schild en vrienden), plaisantait Bart De Wever au soir des élections, en référence explicite au groupuscule d’extrême droite Schild & Vrienden. Pour le président de la N-VA, le scandale Schild & Vrienden est déjà classé et source de blagues. Ces dernières semaines, les médias dominants flamands se sont faits plus silencieux au sujet de ce groupuscule, à la suite de l’indignation générale consécutive au reportage de la VRT qui a exposé ses pratiques au grand jour. Les tentatives de Van Langenhove de mettre sur pied des milices privées semblent être étouffées, du moins pour l’instant.

    Par Fabian (Gand)

    La chute ?

    La ‘‘longue marche sur les institutions’’ prévue par S&V a également été interrompue, sous pression de l’indignation et suite aux mobilisations. Après le retrait de Van Langenhove du Conseil d’administration de l’Université de Gand, les membres de S&V ont été exclus du Conseil flamand de la jeunesse et des candidats identifiés S&V ont été retiré des listes électorales, notamment de la N-VA. Ces victoires sont en partie dues aux forces antifascistes qui ont continué à se mobiliser contre l’extrême droite, garantissant ainsi que ces idées ne bénéficient jamais d’une plateforme plus large et qu’elles ne puissent pas être traduites en violence structurelle dans la rue.

    De nouveaux actes provocateurs ou brutaux – comme ils l’ont déjà fait contre des piquets de grève notamment – ne sont peut-être pas à attendre dans l’immédiat. Ils n’ont jamais annoncé leurs actions à l’avance par crainte de contre-mobilisations. La volonté de réagir n’a fait que croître depuis, certainement parmi la jeunesse. Driss Van Langenhove et quelques autres ont été discrédités à vie et Filip Dewinter est probablement le seul à encore oser qualifier de ‘‘garçon talentueux’’ l’ancien chouchou de droite des médias flamands.

    Ou une reformation ?

    Sur leur page Facebook, Dries Van Langenhove et les quelques fidèles qui lui restent continuent de clamer leur innocence et de lancer des accusations contre la ‘‘presse mensongère’’ dans laquelle ils avaient pourtant l’habitude de figurer jusqu’il y a peu. Leur page est maintenant suivie par 28.000 personnes et, si la majorité des gens ont été dégoutés par le reportage de la VRT, certains ont pu en être inspirés.

    Entre-temps, un procès a permis à Van Langenhove d’avoir à nouveau accès à l’UGent, mais uniquement 8 heures par semaine et seulement à la bibliothèque de la faculté de droit. Reste à voir où mènera la procédure disciplinaire de l’université à son encontre et l’enquête judiciaire contre S&V.

    Quand la présence de membres de S&V nuisait à la crédibilité d’autres personnes, ils sont écartés, parfois rapidement. Mais le fonctionnement de l’organisation n’a pas été bloqué. Même s’ils se feront discrets durant la prochaine période, de nombreuses membres de S&V restent actifs à l’UGent et sont membres de cercles étudiants réactionnaires comme le KVHV, le NSV et/ou Jong N-VA. L’un d’entre eux, Louis Ampe, est par ailleurs toujours membre du Conseil social de l’UGent.

    Contre le fascisme, la mobilisation de masse

    Le 4 septembre, quelques jours après que le reportage de la VRT ait été diffusé, une action a été menée devant l’Hôtel de Ville, suivie d’une grande manifestation le 25 septembre avec un millier de participants, dont de nombreux étudiants du secondaire et du supérieur, mais aussi le personnel de l’UGent. La délégation syndicale de la CGSP à l’UGent s’est mobilisée avec ardeur et a également été chercher le soutien de syndicalistes d’autres secteurs. Les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) et la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) avaient appelé les étudiants gantois à se joindre à l’action avec un ‘‘Student Walkout’’ (un débrayage étudiant). L’appel a été repris dans six écoles secondaires et diffusé par des comités de mobilisation.

    Après la manifestation, certains représentants étudiants ont appelé à une nouvelle action le 10 octobre au conseil social de l’université. Les comités étudiants dans le secondaire et à l’université (dans deux facultés) ont à nouveau joué un rôle clé dans la mobilisation pour cette action lors de laquelle une pétition comprenant plus de 3600 a été remise au recteur pour que Louis Ampe soit exclu du conseil social. Le recteur n’a jusqu’à présent donné aucune garantie que quelque chose sera effectivement. Nous ne pouvons pas tout simplement nous reposer sur les moyens juridiques et les organes officiels pour lutter contre l’extrême droite, la mobilisation est essentielle.

    Nous devons avant tout être prêts à réagir si S&V ou d’autres groupes d’extrême droite tentent à nouveau d’entrer en action. Le samedi 22 septembre, EGA avait organisé une réunion à Termonde au sujet de la lutte contre l’extrême droite que des néonazis de la N-SA (le partenaire flamand du groupuscule francophone NATION) ont tenté de perturber. L’extrême droite représente toujours un danger. EGA et la campagne ROSA appellent donc à former des comités de mobilisation contre le fascisme et à se réunir à nouveau pour organiser la résistance contre le fascisme lorsque le besoin s’en fera sentir. Nous devons également mettre en place autant de mobilisations que possible afin de réduire leur confiance pour l’organisation de la marche de la haine annuelle du NSV (organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang) qui aura probablement lieu à Louvain en mars prochain.

    Il nous faut une alternative socialiste !

    La mobilisation de masse ne suffit pas à elle seule. La force de l’extrême droite est une illustration de la faiblesse de la gauche. La recherche d’une alternative à la pauvreté, au chômage et à l’absence de perspective d’avenir pour les travailleurs et les jeunes est un processus ouvert. La victoire électorale de Forza Ninove illustre à nouveau que les partis traditionnels ne représentent pas une solution contre l’extrême droite. Le soutien électoral à l’extrême droite ne disparaîtra pas en reprenant une partie de son programme et en appliquant une politique de droite. Ceux qui pensaient que la N-VA était le meilleur remède contre le Vlaams Belang et ses dérivés peuvent aujourd’hui constater à quel point ils se sont trompés.

    L’extrême droite, c’est la moisissure d’un système pourri : le capitalisme. Les fascistes tirent leur confiance de la rhétorique des populistes de droite de ‘‘diviser pour mieux régner’’. Ils ont besoin de boucs émissaires pour détourner l’attention de leurs politiques antisociales, qui ne font qu’accroître les frustrations et les tensions sociales.

    Ce qu’il faut, c’est une alternative de gauche qui fasse quelque chose contre le désert social que le néolibéralisme a créé. Ce n’est qu’en luttant contre le racisme et en défendant les intérêts communs des travailleurs et des jeunes que nous pourrons réellement en finir avec le terreau qui alimente l’extrême droite. La lutte contre le racisme et la haine est directement liée à la défense d’emplois décents, d’un bon enseignement, de bons services publics,… pour tous !

    EGA et la campagne ROSA appellent donc à rejoindre la résistance et à construire la lutte contre toutes les formes de discrimination et contre le système qui constitue son terreau, le capitalisme.

  • BlacKkkKlansman : Pleins feux sur le racisme américain

    BlacKkkKlansman de Spike Lee évoque la carrière du premier détective noir du Département de Police de Colorado Springs. Il montre une phase de la vie de Ron Stallworth, de son entrée dans la police en 1976, parle de ses expériences en tant que détective, en passant par l’infiltration du Ku Klux Klan – un groupe suprémaciste blanc d’extrême droite – avec l’aide de son collègue Flip Zimmerman. Le film est basé sur les mémoires de Stallworth sorties en 2014, mais il est important de mentionner qu’il s’agit ici d’une fiction.

    Par Isai Priya

    L’un des thèmes clés est le racisme institutionnel au sein de la police. Certaines scènes illustrent comment Stallworth a dû y faire face quotidiennement. Cependant, elles ne montrent en réalité le racisme que comme une action menée par des agents individuels, plutôt que par l’institution dans son ensemble. Cela pourrait suggérer que tout ce dont nous avons besoin, c’est d’un plus grand nombre de bons policiers et de bonnes personnes, plus gentilles les unes envers les autres.

    Ron Stallworth était un jeune homme noir qui s’est joint à la police parce qu’il voulait faire la différence. C’était un projet dont il était fier. Il s’identifiait comme un flic qui lutte contre le crime et pour la libération des Noirs. Malheureusement, un gentil policier avec de bons principes ne peut pas changer le racisme institutionnel inhérent au capitalisme.

    Quels intérêts la police défend-elle ?

    La police fait partie de l’Etat capitaliste qui, en fin de compte, défend les intérêts des capitalistes et des grandes entreprises pour maintenir le statu quo. Le film souligne en effet le fait que le KKK avait des alliés dans certaines sections de la police et des services de sécurité. Stallworth a finalement reçu l’ordre de clore l’enquête, de détruire les documents et de supprimer toutes les preuves.
    Le racisme est une réalité quotidienne pour des millions de travailleurs et de jeunes. En 2017, 81% des Noirs aux Etats-Unis ont déclaré que le racisme était un problème important dans la société, contre 44% huit ans auparavant. Le racisme est également utilisé par l’Etat capitaliste pour diviser les communautés et faciliter l’exploitation et l’oppression des masses. Mais cela, BlacKkkKlansman ne le montre pas vraiment.

    A Seattle, Kshama Sawant, conseillère socialiste et membre d’Alternative Socialiste – notre section-soeur aux Etats-Unis – a été à l’avant-garde de la lutte contre le racisme et le harcèlement policier. Plus tôt cette année, deux policiers de Seattle qui, en 2016, avaient abattu Che Taylor, un Afro-Américain, ont intenté une poursuite judiciaire contre Kshama Sawant. Taylor a été tué après avoir suivi les instructions de la police, s’être agenouillé et avoir levé les mains en l’air.

    En 2017, la police américaine a tué 1 147 personnes, dont 25 % étaient Noires, alors qu’ils ne représentent que 13 % de la population. Cette année, 646 personnes sont déjà mortes sous les balles policières. Le procès a été intenté non seulement pour faire taire Kshama, mais aussi pour la démettre de ses fonctions.

    Grâce à ses campagnes victorieuses pour améliorer la vie des gens ordinaires, y compris en gagnant à Seattle un salaire minimum de 15 $ l’heure, Kshama est une militante bien connue qui se bat contre les discriminations qui proviennent du capitalisme. Les institutions de l’État, telles que la police et le système judiciaire, sont utilisées pour attaquer ceux qui défient l’establishment, notamment en réduisant au silence les socialistes, les activistes et les mouvements potentiels.

    Infiltration dans la gauche

    En tant que policier, le vrai Ron Stallworth a infiltré une organisation noire radicale pendant trois ans, avant son opération contre le KKK. Le film ne le montre cependant uniquement assister à un discours de Kwame Ture, né Stokely Carmichael, un défenseur des droits civiques et ancien leader des Black Panthers. Sous couverture, on le voit prendre part à un rassemblement du “Colorado College Black Students Union” où il rencontre l’activiste Patrice Dumas. Ils entament une relation de couple sans que Stallworth ne lui dise qu’il est dans la police.

    Le discours de Ture est l’un des moments les plus politiques du film. Il est puissant et inspirant, appelant les jeunes Noirs à se joindre à la lutte contre le racisme. Il conclut le rallye avec le fameux “Black Power call” : “Tout le pouvoir au peuple !”.

    L’infiltration d’organisations socialistes et de libération n’est pas une chose nouvelle. Un exposé sur le programme de contre-espionnage de 1956-1971 du FBI a révélé que son objectif était de discréditer et neutraliser les organisations “considérées comme subversives pour la stabilité politique américaine”. Il prévoyait différentes mesures comme provoquer la violence en manifestation afin que la police puisse arrêter ou attaquer les militants ou pire encore, les inciter à être tués. En Grande-Bretagne, l’infiltration de policiers espions dans la campagne anti-raciste qui a suivi le meurtre à caractère raciste de Stephen Lawrence en 1993, mais aussi dans la campagne des jeunes contre le racisme en Europe, ou chez des militants écologistes et de nombreux autres ont montré à quel point cette tactique était alors répandue. BlacKkkKlansman, volontairement ou non, ne se concentre pas sur les organisations de libération noire qui ont été infiltrées par Stallworth. C’est trompeur et cela le transforme, lui et d’autres flics, en héros.

    Patrice Dumas, un personnage important du film, est une combattante passionnée du mouvement de libération des Noirs et secrétaire du syndicat des étudiants noirs. Le racisme, le sexisme et la violence policière auxquels elle et ses collègues militants sont confrontés illustrent les difficultés et les dangers d’être un militant noir dans les années 1970 aux États-Unis.

    Lutte pour les droits civiques hier et aujourd’hui

    Le formidable mouvement pour les droits civiques de la fin des années 1950, des années 1960 et du début des années 1970 a ébranlé les États-Unis jusque dans ses fondements mêmes. D’une façon ou d’une autre, cela a touché toutes les familles noires d’Amérique. Cela a permis d’obtenir des gains, notamment en boostant la confiance des Noirs dans la lutte pour leurs droits. Cela a imposé un changement juridique de la Constitution, la loi sur les droits civiques de 1968. En Grande-Bretagne, la “Race Relations Act” a également été adoptée en 1968. Pourtant, 50 ans plus tard, la lutte se poursuit.

    Nous vivons dans une époque où le mouvement “Black Lives Matter”, la violence policière, le harcèlement et le racisme sont des questions brûlantes. En même temps, nous assistons également à un niveau de protestation plus élevé contre le racisme, le sexisme et la violence. Nous avons assisté à un débrayage massif d’étudiants contre la violence armée dans les écoles. Après la victoire de Kshama Sawant à Seattle, la campagne présidentielle de Bernie Sanders et un certain nombre de victoires de la gauche aux élections primaires du Parti démocratique, les idées socialistes font de plus en plus écho aux États-Unis. Les jeunes Noirs sont de plus en plus actifs dans la lutte contre le racisme et pour de meilleures conditions économiques.

    L’inclusion par Spike Lee de scènes qui font passer la police pour nos alliés dans la lutte contre le racisme soulève la question du message qu’il essaie de transmettre ou qu’il a peut-être été poussé à inclure dans le film. Une scène en particulier montre Stallworth, Dumas et plusieurs policiers, y compris des hauts gradés, piégeant et arrêtant un flic raciste qui n’a pas peur de dire qu’il est acceptable de tirer sur des Noirs. En réalité cela ne s’est jamais passé.

    Le contexte du moment : Trump, Duke, Charlottesville

    Malgré ces problèmes, le film est divertissant et emballe l’histoire avec humour. Les scènes avec le leader du KKK, David Duke, ridiculisent ses arguments suprématistes blancs et sont à la fois choquantes et drôles. Lors d’un appel téléphonique, par exemple, Duke dit à Stallworth qu’il sait qu’il est blanc parce qu’il le dit. “Les nègres”, dit-il, “prononcent “sont” comme “sont-uh”, alors qu’il parle à une personne noire, bien entendu !

    D’autres scènes font paraître les membres du Ku Klux Klan comme stupides, exposant leurs points de vue illogiques, racistes, sexistes et antisémites. De plus, Spike Lee inclut de multiples références à Donald Trump, reliant les événements des années 1970 à l’époque actuelle. Il y a des membres du Ku Klux Klan qui chantent “L’Amérique d’abord”, appelant à “reprendre le pays” et à le rendre “grand à nouveau”.
    La fin du film est un coup de pied dans le ventre pour le public, montrant des images du rassemblement d’extrême droite de 2017 à Charlottesville, en Virginie.

    Il inclut le vrai David Duke qui parle et les attaques brutales contre les contre-manifestants. Il montre aussi Trump refusant de condamner les sympathisants de la suprématie blanche, affirmant plutôt qu’il y avait des “gens bien des deux côtés”. BlacKkkKlansman se termine par un mémorial à la mémoire d’Heather Heyer, tuée par une voiture qui a écrasé les manifestants antiracistes à Charlottesville.

    Ces derniers clips mettent tout en contexte, les attaques violentes provoquant choc et colère. Cependant, il ne suffit pas de se mettre en colère. Le leader de la lutte pour les droits des Noirs, Malcolm X, a dit : “On ne peut pas avoir de capitalisme sans racisme”. Il est urgent aujourd’hui de construire un mouvement pour mettre fin aux deux.

  • Le capitalisme c’est la crise ! Rejoins la résistance !

    Les Étudiants de Gauche Actifs et les sections de Liège du PSL vous invitent à participer à leur meeting : Capitalisme = pauvreté, pollution, guerre, des gens qui fuient, discrimination et crise. Pourquoi le socialisme est-il nécessaire ?

    Jeudi 18 octobre, 18h30, ULg Place du XX Août, salle Petit Physique

    LE CAPITALISME, C’EST LA CRISE ! REJOIGNEZ LA RÉSISTANCE !
    D’où proviennent la pauvreté, la guerre, les discriminations, la crise écologique ? Ne pouvons-nous pas mettre un terme à tout ça ? N’y a-t-il pas assez de richesses pour répondre aux besoins de tout le monde ? 10 ans après la crise, on nous parle de relance économique. Mais 82% des richesses produites en 2017 ont été accaparées par le pourcent le plus riche, selon Oxfam. Parallèlement, les travailleurs et la jeunesse doivent continuer de supporter l’austérité budgétaire. Comment expliquer cette inégalité ? Par la nature humaine ou celle du système capitaliste ?

    DRAME ÉCOLOGIQUE
    Les effets de la crise écologique sont de plus en plus tangibles : canicules plus fréquentes, fonte des glaciers et catastrophes naturelles à répétition. On sait tous que la situation est urgente, on essaie de faire notre part, mais les gros pollueurs – les multinationales et le secteur énergétique – n’en ont que faire. Leur soif de profits passe avant tout le reste et nous en payons l’addition. Nous avons besoin de solutions collectives. Cela passe par des investissements publics massifs pour développer les énergies renouvelables et les alternatives durables. Mais comment faire quand les magnats du pétrole et du nucléaire dominent l’ensemble du marché de l’énergie ? De quelles revendications et méthodes le mouvement environnemental a-t-il besoin ? Comment construire une société où l’humanité traiterait fondamentalement autrement les ressources naturelles et son environnement ?

    GUERRE, RÉFUGIÉS ET RACISME
    Pour la guerre et l’exploitation, l’argent ne manque pas. L’OTAN a décidé en 2017 d’investir 5 % de moyens en plus dans la Défense pour sécuriser l’accès aux matières premières et à la main-d’œuvre bon marché. Les conséquences de cette politique impérialiste sont dramatiques : des millions de réfugiés fuient leurs pays dévastés à la recherche désespérée d’une vie meilleure.

    L’establishment politique et les populistes de droite comme Trump, Francken ou Orban sont responsables de ce désespoir. Leur politique internationale crée la misère et les ruines que fuient les migrants. Et ensuite, ils les rendent responsables des problèmes sociaux (emplois, logements,…) que nous connaissons ici ! Ce type de discours dans une société sans cesse plus dure, c’est du pain béni pour l’extrême droite et les idées les plus réactionnaires. Schild & Vrienden, ça vous dit quelque chose ? Diviser pour mieux régner, cela ne profite qu’aux plus riches et à la haine d’extrême droite. Le problème, c’est le banquier, pas l’immigré !

    REJOINS EGA
    Les Étudiants de Gauche Actifs (EGA) luttent contre le racisme, le sexisme, la LGBTQI+phobie et le terreau qui leur permet de se développer : le capitalisme, ce système qui nous monte les uns contre les autres pour quelques miettes alors que les riches n’ont jamais été aussi riches. Mais ce n’est pas une fatalité ! De plus en plus de gens recherche une issue aux crises du capitalisme. Mélenchon (France), Corbyn (UK), Bernie Sanders (USA), etc. expriment cette recherche. Ça et là, les (vraies) idées du socialisme refont surface et sont une source d’inspiration.

    ON NE CONTRÔLE PAS CE QUE L’ON NE POSSÈDE PAS !
    Viens à notre rencontre et discute avec nous de ce que signifie le socialisme et de la manière de lutter pour une société où les êtres humains et la nature ne sont pas sacrifiés pour les profits d’une poignée d’ultra-riches.

  • Néolibéral, autoritaire et raciste : Ne laissons aucune seconde chance à ce gouvernement !

    Manifestation contre le gouvernement, décembre 2017. Photo : socialisme.be

    Le choc en a frappé beaucoup. Oui, en Belgique, il existe une apprentie-milice d’extrême droite, Schild & Vrienden. Ce condensé de haine, de racisme et de sexisme reflète une dangereuse atmosphère distillée dans la société. Charles Michel, Theo Franken et leurs amis ont beau tenté de s’en laver les mains, leur politique est directement responsable tant de celle-ci que de la confiance qui se développe dans de pareils groupuscules nauséabonds.

    Ils ont semé le désespoir social

    Le malaise est partout perceptible. A l’exception des hautes sphères de la société, l’avenir s’assombrit sans cesse. Qui oserait encore dire aujourd’hui à son enfant qu’il aura un bel avenir avec un bon diplôme ? Même ça, ça ne veut plus rien dire. Où peut-on encore regarder sans voir des difficultés sociales criantes ? Dans le logement ? Les soins de santé ? Où ? Et au-dessus de ce sombre constat plane systématiquement la menace de Michel et sa bande, qui s’en prennent à la hache à nos conditions de vie. L’abattement est compréhensible.

    Avec la précarité grandissante de la vie et la destruction des services publics, les gens sont mis en compétition pour des ressources de plus en plus limitées. L’empathie et la solidarité sont sous pression au profit de la méfiance. Le voisin devient un rival potentiel. Le gouvernement s’en réjouit. Il a besoin de la suspicion et de l’hostilité détourner l’attention de ses politiques et affaiblir la résistance. Il lui est vital de nourrir les tensions au sein de la population. De là découlent ses calculs cyniques visant à la déshumanisation de la question migratoire. Tant que les plus faibles se battent entre eux, les plus riches se frottent les mains.

    4 ans de plus à ce régime ? Hors de question !

    Ce gouvernement n’a aucune envie de s’arrêter. Son modèle, c’est celui de Margaret Thatcher en Grande Bretagne : attaquer, attaquer, encore et toujours. Ne laisser aucun répit à l’adversaire. Peut-on imaginer quelle société nous aurons en laissant se poursuivre cette politique brutale d’exclusion et de violence ? La N-VA a déjà prévenu : s’il est question d’une nouvelle coalition suédoise, ce sera pour aller plus loin. Beaucoup plus loin.

    Cela n’a pas à être ainsi. Les réactions ont été très vives face aux révélations autour de Schild & Vrienden. Le gouvernement joue la carte du racisme, mais une sensibilité certaine existe face aux morts dans la Méditerranée, face à l’esclavage des migrants en Syrie. Le manque de réaction de masse traduit surtout le découragement face à l’absence de solution défendue de manière offensive par la gauche. Protester, c’est insuffisant.

    Le monde du travail peut et doit imposer une autre logique. Notre seule issue est de mettre l’accent sur ce qui nous unit. Qui est d’accord avec la réforme des pensions ? Avec la dégressivité des allocations et la remise en cause de l’ancienneté au travail ? Tout cela est largement rejeté par la population. Cette colère doit être – sérieusement – organisée en reposant sur elle pour contrer l’offensive raciste du gouvernement. Le problème, c’est le banquier, pas l’immigré ! L’austérité et la logique de tension et de division vont de pair. Lutter contre l’un est impossible sans lutter contre l’autre.

    Les actions syndicales de cette rentrée offrent la possibilité de faire entendre le mouvement de la rue dans le débat politique et de mettre pression sur la rhétorique raciste et individualiste du gouvernement. Il faut maintenant construire sur cet élan, en assurant le succès de la journée d’action du front commun syndical du 2 octobre et avec de nouvelles actions ; en développant un programme politique qui va chercher l’argent là où il est pour répondre aux besoins de tous, migrant ou non ; et en construisant les formations politiques et syndicales capables de mettre aux ordures les rêves des riches et de leurs représentants politiques.

  • Balançons le racisme dans la poubelle de nos festivals !

    Les images d’un groupe de jeunes criant le slogan méprisable ‘‘Couper les mains, le Congo est à nous’’ à l’encontre de deux filles noires au festival Pukkelpop ont fait le tour du pays.

    Article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

    Ces derniers mois, des groupes d’extrême droite comme ‘Schild & Vrienden’’ se sont montrés plus offensifs. Non pas qu’ils se soient vraiment mobilisés – ça, ils n’en sont pas capables – mais ils se sont lancés dans diverses opérations de provocation. Par exemple, une action contre la politique répressive en matière d’asile à Gand a été attaquée physiquement. Les locaux de la FGTB de cette même ville ont été cambriolés pour y voler un drapeau, qui a ensuite été brûlé devant caméra. Le petit führer de ce groupuscule, Dries Van Langenhove, a reçu une large plate-forme médiatique pour expliquer son homophobie, sa transphobie et d’autres absurdités à un large public. Une partie de la confiance de ces groupes provient de la position de la N-VA. Plusieurs jeunes membres de la N-VA sont impliqués dans Schild & Vrienden. Ce groupe lui-même, soit dit en passant, est d’abord apparu en tant que service de sécurité pour des meetings de Theo Francken dans les universités. En réaction à l’incident raciste de Pukkelpop, Schild & Vrienden a déclaré qu’il s’agissait “d’une chanson étudiante chantée à presque toutes les fêtes”. Si la secrétaire d’État à l’Egalité des Chances Zuhal Demir (N-VA) pense que “les pommes pourries devraient être punies”, elle pourrait commencer par regarder vers son propre parti…

    Le fait que l’exploitation coloniale et l’oppression du Congo aient eu lieu sous la domination royale, ou que d’importantes institutions belges aient pris de l’ampleur à cause de la politique coloniale de pillage qui a commis un génocide contre la population locale, semble aux ‘‘nationalistes’’ subordonné au fait qu’il s’agissait de l’oppression d’une population noire. Les mots d’ouverture de la ‘chanson’, “Couper les mains”, sont une référence explicite au fait que les mains de nombreux Congolais ont été coupées. Cela s’est produit lorsque les villages n’atteignaient pas le quota de caoutchouc décidé par les oppresseurs coloniaux. Les soldats coupaient les mains et les remettaient à leur commandant. Les balles étaient trop chères pour le régime colonial… Entre 1880 et 1910, environ 10 millions de personnes ont été tuées lors du génocide congolais. Ce n’est pas pour rien que Léopold II est parfois appelé le ‘‘Hitler belge’’. C’est peut-être la raison pour laquelle les cercles d’extrême droite commémorent ce régime colonial criminel ?

    Les organisateurs du Pukkelpop ont été choqués par l’incident. Ces dernières années, cependant, ce festival a complètement suivi la logique commerciale dans laquelle les campagnes antiracistes, entre autres, n’ont pas leur place. Durant de nombreuses années, nous demandions régulièrement de tenir un stand avec notre campagne antiraciste flamande Blokbuster, mais cela était toujours refusé. En 2009, nos militants ont même été chassés du site du festival. Les activistes antiracistes ne cadraient pas dans le tableau commercial.

    La rhétorique et la politique de Francken, Michel & Co rend le racisme plus acceptable et ouvre la voie à des incidents comme celui du Pukkelpop. Une campagne contre l’ensemble de la politique du gouvernement est nécessaire. Une campagne spécifique autour des festivals est également nécessaire. Lorsqu’un grand groupe de jeunes se réunit, cela offre également l’occasion d’aborder des questions sociales. Nous ne devons pas laisser de place à l’extrême droite. Défendons des festivals accessibles et abordables qui offrent de l’espace à d’autres choses que la musique et qui ne sont pas soumis à la logique commerciale !

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