Tag: Antiracisme

  • Contre la haine et la terreur : la solidarité!

    ls198_versoLe spectre du terrorisme a refait son apparition à la une de l’actualité à la lumière des tragiques évènements de Paris et de l’opération anti-djihadiste de la mi-janvier en Belgique. À la stupéfaction et à l’horreur ont succédé l’inquiétude et l’incompréhension. Mais gare aux amalgames ainsi qu’à la manière dont ces évènements peuvent être récupérés…

    Il nous faut bien entendu nous opposer aux terroristes ainsi qu’à la méthode du terrorisme de manière générale. Dans ce cas-ci, le seul résultat qu’auront obtenu les réactionnaires de droite prétendant défendre les musulmans est le renforcement des préjugés et des tensions contre tous les immigrés, musulmans y compris. La majeure partie des décès imputables à l’activité de groupes terroristes tels qu’Al-Qaïda et l’Etat Islamique sont d’ailleurs des musulmans. Cela n’a rien à voir avec la défense des musulmans, mais tous avec un agenda réactionnaire de droite basé sur l’exploitation et l’oppression.
    Dans son éditorial du Soir des 17 et 18 janvier intitulé ‘‘Ne pas céder à la psychose? C’est déjà fait’’, Marc Metdepenningen soulignait que ‘‘Les douze mesures de sécurité annoncées par le gouvernement Michel auraient sans doute suscité, en temps normal, un débat d’idées au Parlement tant ce qui concerne les libertés est précieux et se doit d’être approché à pas juridiquement et moralement comptés’’. Mais là, sous le coup de l’émotion de l’opinion publique, tel ne fut pas le cas.

    Les attentats du 11 septembre 2001 et le désormais tristement célèbre ‘‘Patriot Act’’ doivent nous servir de mise en garde. Au nom de la ‘‘défense de la sécurité’’, un gigantesque appareil de fichage et de surveillance de la population a été mis en place sans qu’aucun contrôle ne soit exercé tandis que des gens comme Edward Snowden, qui ont publiquement révélé l’ampleur de cette surveillance de masse, ont été poursuivis. Toutes les lois qui renforcent l’appareil d’État vont finalement être utilisées contre le mouvement des travailleurs. Et quant à l’efficacité… Jamais le nombre incroyable de militaires présents dans les rues de Bagdad et d’autres villes du Moyen-Orient n’ont permis de mettre fin aux attentats terroristes.

    L’establishment capitaliste instrumentalise la répulsion ressentie face au terrorisme pour défendre une ‘‘unité nationale’’ qui vise à masquer l’absence totale de réponse dont il dispose. L’hypocrisie de la classe dominante pouvait difficilement être mieux illustrée par la manifestation du 11 janvier à Paris, lorsqu’au côté de François Hollande paradaient notamment le premier ministre israélien Netanyahu, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov ou encore le premier ministre hongrois Victor Orban. Leur soutien à la liberté d’expression est une vaste blague…

    Ce sont des situations désespérées et l’absence visible d’alternative positive qui conduisent certains dans les bras de solutions désespérées et réactionnaires. De la même manière que la délinquance et la criminalité continueront de se développer tant que séviront la pauvreté et la misère, les idées réactionnaires – qu’elles soient intégristes (de n’importe quelle confession), racistes ou même fascistes – continueront de se propager tant que la société n’offrira aucune perspective positive. Le capitalisme en est devenu incapable, et c’est sur la pourriture de ce système en décomposition que fleurissent les idées les plus nauséabondes du type du ‘‘choc des civilisations’’, de la ‘‘perte des valeurs’’,…

    En Belgique, selon des chiffres du Centre d’Études de l’Ethnicité et des Migrations (Université de Liège) et du Onderzoeksgroep Armoede, Sociale Uitsluiting en de Stad (Université D’Anvers), environ 59% des personnes d’origine turque et 56% des personnes d’origine marocaine vivent sous le seuil de pauvreté européen (estimé à 777 euros par mois). Cela peut s’expliquer par le manque de connaissance du français et/ou du néerlandais, mais surtout par les nombreuses discriminations en matière de travail, d’enseignement ou encore de logement. Cette situation de discrimination va encore être alourdie par les conséquences des activités des djihadistes, car c’est toutes les personnes d’origine immigrée (bien au-delà de la religion musulmane) qui va en pâtir. Ces terroristes qui prétendent défendre une « religion » ne valent pas mieux que les réactionnaires islamophobes qui, du coup, vont se frotter les mains et multiplient les actes de violence à l’égard des musulmans.

    Ce cercle vicieux ne peut être brisé que d’une seule manière : par la lutte commune contre le terreau sur lequel se développent les idées réactionnaires. Jeunes et travailleurs (avec ou sans emploi), d’origine belge ou immigrée : luttons ensemble contre la casse sociale, défendons nos droits et visons à les étendre !

    Il est possible d’avoir une société tolérante et démocratique qui permet à chacun de vivre comme il l’entend selon la culture, la philosophie, la religion qu’il souhaite. Une telle société démocratique est réalisable, mais elle demande de détruire les racines de l’oppression et de la division : le capitalisme, sa loi du profit et l’exploitation des travailleurs et des richesses naturelles au bénéfice d’une petite minorité de super riches.

  • Eric Zemmour : l'approximation et le mensonge au service de la haine et de la division

    Le polémiste français a été en tournée chez nous. Après sa séance de dédicace à Bruxelles, il a été invité par le très select Cercle de Wallonie avant que cette association n'annule la conférence devant les menaces pour la sécurité de l'orateur.

    Par Simon (Liège)

    Eric Zemmour est célèbre pour mettre régulièrement sa plume au service de tout ce qui milite en faveur de l’exclusion et de la discrimination : vilipendant le « cosmopolitisme » et la perte des valeurs traditionnelles, il n’hésite pas à jeter l’opprobre sur une large part de la population responsable selon lui du « déclin français ». En ligne de mire, l’immigration, les homos et les femmes, accusés d’acculturer la France.

    Ses options idéologiques sont absolument claires. Eric Zemmour milite pour le recul des espaces de liberté et d’égalité qui ont étés arrachés par la lutte au cours des 40 dernières années. Comme souvent, ce discours idéologique se pare des atours de la rigueur scientifique. Mais il est frappant de voir à quel point Eric Zemmour recourt sans vergogne au mensonge pour étayer ses propos.

    Il a été récemment été épinglé pour ses « approximations » quand il cite une étude de l’INSEE sur la population immigrée en France ou quand il prétend que la cours de justice européenne consacre le droit à la PMA (Procréation médicalement assistée, l’insémination artificielle) et à la GPA (Gestation pour autrui, le recours aux mères porteuses) pour les couples homosexuels mariés. Entre autres sources, un article du quotidien « Libération » montre bien comment Zemmour distord les faits pour les faire correspondre à sa vision du monde, voire extrapole carrément à partir d’un élément de vérité

    En février 2014, par exemple, il s’était illustré en prétendant que l’éducation nationale française favorisait « la propagande homosexuelle ». Au bout de cette révélation, on apprenait qu’un partenariat existe entre le ministère et une association pour la prévention du suicide chez les jeunes homosexuels. Les termes utilisés ne sont d’ailleurs pas anodins. L’interdiction de la « propagande homosexuelle » en Russie est la façon dont le régime de Poutine criminalise tout simplement une orientation sexuelle!

    Son dernier livre, « le suicide français », n’échappe pas au procédé. Chaque « preuve » du déclin culturel de la France est défendue par des dates emblématiques au mépris de toute enquête sérieuse, de tout apparat critique, à la portée pourtant du premier étudiant en science humaine. Ainsi, le mariage factice entre Coluche et Leluron est-il censé marquer le début de la domination de la culture gay en France.

    Mais peu importe finalement la véracité de ses allégations pour Eric Zemmour. Tout son discours n’a pour objectif que de générer une réaction anxiogène dans la population, de matérialiser le fantasme d’une menace sur le mode de vie dominant des Français afin de semer la discorde et la division entre les composantes de la société.

    Participant de ce fait à une stratégie de la tension, Eric Zemmour poursuit en fait les mêmes objectifs que les pires tenants de l’Islam réactionnaire qu’il prétend combattre.

    Un tel discours, manifestement stigmatisant et porteur de discorde, régulièrement dénoncé pour son argumentation hasardeuse, aurait dû être suffisant pour qu’il ne soit pas invité à parler en Belgique. Sous couvert de débattre sans tabou, des institutions telles que le Cercle de Wallonie ont voulu offir une tribune à la xénophobie, au sexisme et à l’homophobie. Nous insistons : tribune et non débat puisqu’aucune contradiction n’était organisée au côté d’Eric Zemmour au Cercle de Wallonie. Ce cercle de sociabilité de l’élite et des milieux patronaux déclare ne pas adhérer à l’ensemble des positions de Zemmour. Il est bien probable que des nuances existent entre les approches de Zemmour et celles du Cercle de Wallonie. Mais en choisissant de programmer Zemmour plutôt qu’un autre essayiste, le cercle fait preuve d’un parti-pris évident qui n’est pas le fruit du hasard.

    Dans le climat d’islamophobie qui vient , après la tuerie de Charlie hebdo, Zemmour et le cercle de Wallonie œuvrent pour renforcer tout ce qui peut dresser une communauté contre une autre. Les divisions ou les préjugés qui peuvent traverser la classe des travailleurs ont toujours été utilisés par la bourgeoisie pour dévier l’attention et affaiblir les possibilités de riposte face à leurs attaques. Gageons qu’un discours qui met de côté la responsabilité du patronat dans la baisse du niveau de vie de la population pour montrer du doigt une communauté particulière ne déplaît pas à un certain public fréquentant le cercle de Wallonie.

    Nous pensons que c’est sous cet angle que la venue de Zemmour doit être dénoncée. Nous voulons aussi souligner que, de tous temps, les Zemmour et autres rétrogrades, même convaincus de mensonge, ont eu les portes des médias grandes ouvertes. Les couches opprimées dans la société n’ont par contre jamais eu pour se faire entendre que leur capacité d’organisation collective et la lutte.

    -Droits égaux pour tous : fin des discriminations à l’égard des minorités. Une atteinte à l’un de nous est une atteinte à tous !
    -Belges et immigrés, homos et hétéros, hommes et femmes : Ensemble contre l’austérité. Tout ce qui divise le camp de la lutte sociale nous affaiblit !
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  • L’héritage des Black Panthers : Quelles leçons tirer ?

    Le Black Panther Party for Self Defense fut fondé à Oakland, en Californie, en 1966. Cet événement était le point culminant de la grande rébellion contre le racisme et la pauvreté qui a balayé les USA dans les années 50 et 60. Hannah Sell (Socialist Party, section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au pays de Galles et parti-frère du PSL) revient dans cet article (datant de 2006) sur les leçons à tirer de la montée et de la chute de ce mouvement.

    BPP_02Au plus fort de leur influence, J Edgar Hoover, dirigeant du FBI, a qualifié les Black Panthers de ‘‘menace numéro 1 pour la sécurité des USA’’. 40 ans plus tard, Arnold Schwarzenegger, alors qu’il était gouverneur de Californie, les considérait encore comme une menace. Il a refusé de revenir sur la condamnation à mort de Stanley ‘‘Tookie’’ Williams parce qu’il ne pensait pas qu’il ait changé. Tookie était un membre fondateur du fameux gang Crips ; il a depuis changé son point de vue et a consacré sa vie à décourager les jeunes de rejoindre les gangs. La principale justification de Schwarzenegger pour refuser de croire que Tookie a changé était qu’il a dédicacé son livre à l’héroïque George Jackson, un Black Panther et révolutionnaire qui a été tué par des gardiens de prison en 1971.

    Mais alors que la classe dominante se rappelle des Black Panthers avec crainte, ces derniers seront vus comme des héros par la nouvelle génération de jeunes qui entre en lutte.

    Le racisme et la pauvreté que subissaient les noirs-américains dans les années 50-60 n’ont pas fondamentalement changé aujourd’hui (ce qui a encore été illustré par la révolte de Ferguson, NDLR). Il est vrai qu’il y a maintenant une classe moyenne noire beaucoup plus nombreuse et plus riche qu’à cette époque. Une mince couche a même pénétré l’élite de la société américaine, comme Condoleezza Rice, secrétaire d’Etat sous George Bush, ou le président Obama. La classe dominante américaine a répondu à la révolte des années 50 et 60 par la décision consciente de développer une classe moyenne noire afin de freiner les mouvements futurs en créant une version du ‘‘rêve américain’’ pour les Noirs.

    Ce rêve américain reste toutefois un mythe pour la classe ouvrière noire-américaine, encore plus que pour la classe ouvrière blanche. Selon les statistiques officielles, en 2004, 24,7% des noirs étaient catégorisés comme pauvres, contre 8,6% des blancs non-hispaniques. Le chômage est deux fois plus fort chez les noirs que chez les blancs et ils ont deux fois plus de chances de mourir d’une maladie, d’un accident ou d’un meurtre, à toute étape de leur vie. L’ouragan Katrina a révélé la réalité de la vie aux USA au 21e siècle : ce sont les pauvres qui ont été laissés en arrière alors que les digues étaient submergées, et la majorité de ces pauvres étaient noirs.

    Dans les années 1960, pour reprendre les mots de George Jackson, ‘‘les hommes noirs nés aux USA et assez chanceux pour dépasser l’âge de 18 ans étaient conditionnés à accepter l’inéluctabilité de la prison.’’ Jackson lui-même a été condamné à une peine de prison ‘‘d’un an à vie’’ (condamnation à un an minimum, mais sans maximum, avec délibérations chaque année pour décider de la sortie où non) pour avoir braqué une station-service. De nos jours, la situation a peu changé pour les jeunes hommes de la classe ouvrière noire. Il y a constamment 11% d’entre eux en prison. Dans la plupart des États, purger une peine de prison signifie perdre définitivement le droit de vote. Dans les faits, le suffrage universel n’existe pas pour les hommes noirs. Dans les années 1960, comme aujourd’hui, le système pénitentiaire brutalisait des millions de jeunes noirs.

    Cependant, dans cette période de radicalisation, pour beaucoup, la prison a servi d’université pour les idées révolutionnaires. Jackson expliquait : ‘‘J’ai rencontré Marx, Lénine, Trotsky, Engels et Mao quand je suis entré en prison, et ça m’a indemnisé.’’ Les Panthers, dont beaucoup ont été emprisonnés en raison de leurs activités, ont gagné un énorme soutien dans les prisons américaines.

    Le capitalisme américain au 21e siècle a rejeté la classe des travailleurs noire-américaine. L’Histoire des Black Panthers n’est donc pas seulement d’intérêt historique, c’est également une leçon importante pour la nouvelle génération qui entre en lutte, en particulier aux USA, mais aussi dans le monde entier.

    Ce n’est pas une coïncidence si le ‘‘mouvement des droits civiques’’ a éclaté dans les années 1950. La seconde guerre mondiale a eu un effet déclencheur. Non seulement des milliers de soldats noirs se sont battus et sont morts au nom de l’impérialisme américain, mais ils ont également été frappés par l’hypocrisie de la propagande de guerre. Ils se trouvaient face à une classe capitaliste qui proclamait qu’ils devaient se battre contre le racisme des nazis, alors que dans leur propre pays un racisme brutal était la norme. De plus, le capitalisme américain entrait dans une période prolongée de prospérité économique. Cela signifiait que de plus en plus de noirs partaient du Sud rural vers les villes, en particulier vers le Nord. En 1940, la moitié de la population noire vivait dans les villes. En 1970, c’étaient les trois quarts.

    Devenir partie intégrante de la classe ouvrière – les communautés rurales isolées étant déplacées vers les grands centres urbains – a augmenté leur confiance et leur capacité de lutter. De plus, l’enrichissement et l’augmentation du niveau de vie de la classe moyenne blanche a rendu la pauvreté et la déchéance de la majorité des noirs de plus en plus visible. Finalement, les luttes de libération des masses en Afrique et en Asie, qui sont parvenues à renverser les empires coloniaux, ont constitué une grande source d’inspiration.

    Alors que la lutte se développait, elle a changé le point de vue de la plupart de ceux qui y ont pris part. Le Civil Rights Act a été voté en 1965. S’il s’agissait bien d’une concession législative, elle ne changeait pourtant rien à la réalité de la pauvreté et de la brutalité policière. Même Martin Luther King, qui avait d’abord pensé que le rôle du mouvement était d’utiliser des méthodes pacifiques pour mettre la pression sur les Démocrates afin de garantir les droits civiques, a changé son point de vue dans la période qui a précédé son assassinat. Quand King a été brutalement tabassé par la police à Birmingham, en Alabama, en 1963, des émeutes ont éclaté dans tout le pays. Au milieu des décombres, King a déclaré avec justesse que les émeutes étaient « une révolte de classe des sous-privilégiés contre les privilégiés ». En 1967, il a été forcé de conclure : « Nous sommes entrés dans une époque qui doit être une époque de révolution (…) A quoi bon pouvoir entrer dans les cafétérias si on ne peut pas se payer un hamburger ? » Il a particulièrement commencé à défendre la nécessité d’en appeler aux travailleurs blancs et d’organiser la lutte sur une base de classe. Il était en faveur des méthodes de grève lorsqu’il a été assassiné.

    Origine et création des Panthers

    BPP_01A la base du mouvement, des discussions prenaient place parmi les militants qui essayaient de trouver les méthodes de lutte les plus efficaces. Les idées pacifistes étaient de plus en plus rejetées, en particulier par la jeune génération. Dans le chaos de ces événements, les idées des Black Panthers se sont développées.

    A plus d’un titre, le mouvement des Black Panthers était un pas en avant. C’était une rupture avec le pacifisme et l’orientation de l’action vers les Démocrates, un parti du pro-capitaliste. En même temps, les Panthers avaient leurs limites, en particulier ses sous-entendus séparatistes et l’absence de programme clair.

    Malcolm X s’était écarté du nationalisme noir du mouvement Black Power et avait tiré des conclusions anticapitalistes à un degré bien plus élevé que d’autres dirigeants, déclarant clairement qu’ « il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme ». Malcolm X a été tué en février 1965. Les Black Panthers ont été fondés fin 1966 et considéraient qu’ils reprenaient les choses là où Malcolm X les avaient laissées. Les deux membres fondateurs, Huey P. Newton et Bobby Seale, se sont impliqués dans la lutte à une époque où l’on sentait qu’il n’y avait aucune voie claire pour avancer.

    La jeune génération de militants était à la recherche d’idées. Newton et Seale ont commencé leur recherche, comme beaucoup de cette génération, avec les « nationalistes culturels », mais leur ont rapidement trouvé des lacunes. Dès le tout début, leurs désaccords se centraient sur la question de classe. Seale explique dans sa biographie, Seize the Time, comment Newton a commencé à contrer l’idée d’acheter dans des magasins noirs : « Il expliquait souvent que si un chef d’entreprise noir te fait payer le même prix ou plus cher, des prix encore plus élevés que chez les chefs d’entreprises blancs exploiteurs, alors lui non plus n’est rien d’autre qu’un exploiteur ».

    Les Panthers rejetaient le séparatisme des nationalistes culturels et ont été fondés avec ce concept magnifique : « Nous ne combattons pas le racisme par le racisme. Nous combattons le racisme par la solidarité. Nous ne combattons pas le capitalisme exploiteur par le capitalisme noir. Nous combattons le capitalisme par le socialisme. Et nous ne combattons pas l’impérialisme par plus d’impérialisme. Nous combattons l’impérialisme par l’internationalisme prolétarien ».

    En deux ans, les Panthers se sont propagés comme un feu de prairie, d’une poignée à Oakland, en Californie, à des sections dans toutes les villes les plus importantes des USA, vendant 125.000 exemplaires de leur journal, The Black Panther, par semaine. Ayant gagné un soutien phénoménal au cours des premières années, les Panthers ont décliné tout aussi rapidement, rongés par les scissions. Ils ont fait face à une pression policière énorme. La classe dirigeante était terrifiée par les Panthers et a décidé de les écraser. Il est estimé que le « cadre », ou le noyau, de l’organisation des Black Panthers n’a jamais dépassé les 1000 membres, et pourtant il est arrivé que 300 d’entre eux soient traduits en justice au même moment. 39 Panthers ont été abattus dans la rue ou chez eux par la police. De plus, la police a largement infiltré les Panthers. Cependant, ce n’était pas seulement une répression d’Etat très brutale qui a été responsable de la disparition des Black Panthers, mais aussi son échec à adopter une approche marxiste.

    Les dirigeants des Panthers étaient à un niveau supérieur des organisations précédentes, se décrivant comme « marxistes-léninistes ». Les meilleurs des Panthers s’efforçaient héroïquement de trouver la meilleure voie pour gagner la libération des Noirs Américains, et en sont venus à comprendre que c’était lié à la lutte pour le socialisme. Toutefois, ils ont dû faire face à tous les problèmes liés au fait que leur mouvement se développait avant une lutte de masse généralisée de la classe ouvrière américaine. Ils n’ont pas été capables, dans la courte période de leur influence de masse, d’élaborer complètement la stratégie pour parvenir à leurs fins.

    Le programme des Panthers

    L’influence du stalinisme a engendré énormément de confusion dans le mouvement. Et une responsabilité plus grande qu’il n’y parait en incombe à celles de ces organisations, en particulier le SWP (Socialist Workers Party) américain, qui se disait trotskiste mais qui ne faisaient rien d’autre que suivre le mouvement Black Power, sans rien faire pour développer les vraies idées du Marxisme chez les militants radicaux noirs. En fait, loin d’aider les Panthers à développer leurs méthodes et leur programme, le SWP américain a même critiqué les Panthers parce qu’ils osaient s’opposer au racisme des nationalistes culturels : « Le concept qu’il est possible pour les Noirs d’être racistes est l’un de ceux que le mouvement nationaliste a dû toujours combattre depuis le premier réveil de la conscience noire ».

    La plus grande force des Panthers était qu’ils s’acharnaient à défendre une solution aux problèmes des Noirs-américains basée sur la classe plutôt que sur la race. L’attitude du SWP américain contrastait avec celle de Bobby Seale : « Ceux qui veulent obscurcir la lutte avec les différences ethniques sont ceux qui aident à maintenir l’exploitation des masses. Nous avons besoin d’unité pour vaincre la classe des patrons – toute grève le montre. Toute bannière d’organisation de travailleurs déclare : ‘L’union fait la force’ ».

    Les Panthers ont été fondés autour d’un programme en dix points : « Ce que nous voulons et ce en quoi nous croyons ». La première revendication est : « Nous voulons la liberté. Nous voulons le pouvoir de déterminer la destinée de la communauté noire. Nous croyons que les Noirs ne seront libres que lorsque nous serons capables de déterminer notre destinée ». La seconde était pour le plein emploi, la troisième pour la fin du vol de la communauté noire par l’homme Blanc, la quatrième pour des logements décents et un système d’éducation « qui expose la vraie nature de cette société américaine décadente ». D’autres revendications incluaient la fin de la brutalité policière, l’exemption des Noirs du service militaire, et « pour tout homme noir traduit en justice, le droit d’être jugé par un jury composé de ses pairs ou de personnes des communautés noires ».

    A leur début, ils ont combiné la campagne autour du programme en dix points avec l’organisation de la défense de leur communauté locale contre la brutalité policière. Pendant cette période, la principale activité des Panthers était de « surveiller les porcs », c’est-à-dire, de surveiller l’activité policière pour essayer de s’assurer que les droits civiques des Noirs soient respectés. Quand les membres des Panthers voyaient la police contrôler un conducteur noir, ils s’arrêtaient et observaient l’incident, habituellement les armes à la main. A cette époque, il était légal en Californie de porter les armes dans certaines limites et les Panthers affirmaient leur droit à le faire, citant les articles de lois correspondant. La troisième composante du travail des Panthers était de fournir de la nourriture, des vêtements et des soins médicaux gratuits dans les communautés noires pauvres et ouvrières. Les Panthers ont aussi pris une position claire et positive sur la question des droits des femmes, et la direction a lutté pour assurer que les femmes puissent jouer un rôle complet dans le parti.

    Cela montrait que la communauté noire devait avoir ses propres organisations, et l’appartenance aux Panthers n’était ouverte qu’aux Noirs. Cependant, ils soutenaient qu’ils devraient travailler ensemble avec des organisations basées dans d’autres communautés. De fait, un certain nombre d’autres organisations ont été fondées (souvent basées au début autour d’ex-membres de gangs) dans les communautés ouvrières urbaines, qui se sont inspirées des Panthers. Il y avait ainsi une organisation portoricaine basée à New York, les Young Lords, et une organisation blanche, les Young Patriots, à Chicago.

    Cependant, ce fut le mouvement de masse contre la guerre du Vietnam qui a montré le plus clairement aux Panthers qu’une partie des Blancs étaient prête à lutter. Comme le formulait Huey P Newton : « Les jeunes révolutionnaires blancs sont montés au créneau pour le retrait des troupes du Vietnam mais aussi de l’Amérique Latine, de la République Dominicaine, des communautés noires ou des colonies noires. Il s’agit donc d’une situation dans laquelle les jeunes révolutionnaires blancs tentent de s’identifier aux peuples des colonies et contre les exploiteurs ».

    Les Panthers étaient, en général, inspirés par les luttes contre les empires coloniaux qui prenaient place dans le monde entier. Leur attitude envers le Vietnam était claire. Dans un appel aux soldats noirs, ils ont déclaré : « Il est juste que les Vietnamiens se défendent eux-mêmes, défendent leur pays et luttent pour l’auto-détermination, parce qu’ils ne nous ont JAMAIS opprimés. Ils ne nous ont JAMAIS traités de ‘nègres’. »

    La révolte contre la guerre au Vietnam a eu un effet majeur sur la communauté noire. En général, c’était la classe ouvrière qui souffrait le plus de la conscription. Les Panthers qui étaient conscrits montaient des groupes dans l’armée. Ils travaillaient sur un terrain fertile. Un sondage a montré que 45% des soldats noirs au Vietnam auraient été prêts à prendre les armes pour servir la justice chez eux. Le soulèvement contre la guerre du Vietnam a pétrifié la classe dominante américaine. Durant la guerre d’Irak, les USA n’ont pas osé réintroduire la conscription tant la classe dominante et les Américains en général se souviennent du Vietnam et de ses conséquences.

    Mais, si les Panthers ont bien accueilli la radicalisation de la jeunesse blanche dans le mouvement anti-guerre, trouver des alliés concrets avec qui travailler s’est révélé plus difficile. Les Panthers se sont présentés aux élections avec le Peace and Freedom Party, qui faisait campagne en premier lieu contre la guerre au Vietnam et l’oppression des communautés noires. En 1967, quand Huey était en prison, les Panthers ont travaillé avec le PFP pour « libérer Huey ».

    Cependant, ni le PFP, ni aucune des organisations avec qui les Panthers ont travaillé, n’avaient une base signifiante dans la classe ouvrière. Newton l’a reconnu en expliquant en 1971 : « Notre prise de contact avec les radicaux blancs ne nous a pas donné accès à la communauté blanche, parce qu’ils ne guident pas la communauté blanche ».

    Peu de liens avec les travailleurs

    La principale orientation des Panthers n’était pas non plus la classe ouvrière noire organisée. Ils organisaient des « comités » avec les syndicats, comme le raconte Bobby Seale, « pour aider à éduquer le reste des membres des syndicats au fait qu’ils peuvent aussi avoir une vie meilleure. Nous voulons que les travailleurs comprennent qu’ils peuvent contrôler les moyens de production, et qu’ils devraient commencer à utiliser leur pouvoir pour contrôler les moyens de production pour servir tout le peuple. »

    C’était une conception correcte mais, en réalité, le travail syndical était une toute petite partie de ce que les Panthers faisaient. Ils s’orientaient consciemment en priorité vers les sections de la communauté noire les plus opprimées et touchées par le chômage – qu’ils décrivaient, utilisant l’expression de Marx, comme le « lumpenproletariat ». Il est vrai que ces sections les plus désespérées de la société sont capables de sacrifices incroyables pour la lutte, et comme les Panthers le disaient, qu’il est important de gagner ces sections les plus opprimées à un parti révolutionnaire. C’était le cas en particulier étant donné les conditions sociales horribles dans lesquelles la plupart des Noir-américains étaient obligés de vivre.

    L’urbanisation qui a accompagné le boom d’après-guerre a mené à une migration de masse des travailleurs noirs vers les villes industrielles du Nord. Ils arrivaient pour vivre dans des ghettos, dans la pire des pauvretés. Dans beaucoup d’endroits, la majorité était au chômage. Cependant, les travailleurs noirs formaient une partie significative de la force de travail et, en raison de son rôle dans la production, la classe ouvrière industrielle a un rôle-clé à jouer dans la transformation socialiste de la société.

    Les travailleurs noirs ont été à l’avant-garde des meilleures traditions de la classe ouvrière américaine. Avant la guerre, beaucoup de Noirs ont été influencés par les grandes luttes syndicales des années ’20 et ’30, en particulier la grande vague de grèves qui a éclaté en 1934, dont des grèves avec occupation et des grèves générales dans des villes (la rébellion des camionneurs à Minneapolis et l’occupation d’Auto Lite à Toledo, Ohio). Les campagnes de masse d’organisation parmi les ouvriers industriels et les travailleurs non-qualifiés ont donné naissance au Congress of Industrial Organisations (CIO), formé en 1936. Les nouveaux syndicats industriels (United Automobile Workers, United Mine Workers, United Steel Workers (métallurgistes), etc) ont immédiatement attiré plus de 500.000 membres noirs, au contraire des vieux syndicats corporatistes comme l’American Federation of Labor. Cette expérience a été utilisée à bon escient pendant la guerre, par exemple pendant la grève de 1941 du syndicat des bagagistes noirs, la Brotherhood of Sleeping Car Porters, qui a forcé le gouvernement à en finir avec la discrimination raciale ouverte dans les usines d’armement fédérales.
    Avec une orientation correcte, le potentiel existait indubitablement pour les Panthers de gagner le soutien de parties importantes de la classe ouvrière, dont une couche des travailleurs blancs. Bien sûr, toutes sortes de préjugés racistes existaient parmi une partie des travailleurs blancs (y compris ceux qui étaient syndiqués) et devaient être combattus. Cependant, la fin du redressement d’après-guerre a mené à une montée du chômage et à une intensification du travail pour toutes les couches de la classe ouvrière. Alors que la classe ouvrière noire était la plus combative, pour avoir fait face à des conditions bien pires, la classe ouvrière blanche commençait aussi à se radicaliser.

    L’absence d’une base parmi la classe ouvrière est un des éléments qui a augmenté la tendance vers un régime autoritaire parmi les Panthers. Elle s’est aussi ajoutée à la tendance, qui avait toujours existé dans une certaine mesure, à essayer de prendre des raccourcis en se substituant aux masses avec des actes courageux, comme les manifestations armées au parlement d’État californien.

    C’était l’influence du stalinisme qui était en grande partie responsable de l’échec des Panthers à avoir une orientation consistante envers la classe ouvrière. La direction des Panthers s’est inspirée en particulier des révolutions cubaine et chinoise, toutes deux dirigées par des dirigeants de guérilla petit-bourgeois basés sur la paysannerie, avec une classe ouvrière jouant un rôle passif. De plus, les Panthers, de nouveau en suivant les staliniens et sur base sur leur propre expérience de la brutalité de l’État américain, ont faussement conclu que le fascisme était sur le point d’arriver aux USA. Cela, combiné aux conditions désespérées des Noirs, a créé une impatience irrésistible d’une solution immédiate et s’est ajouté à l’absence d’une stratégie consistante pour gagner patiemment de plus larges sections de la classe ouvrière.

    Cependant, le SWP américain porte aussi une responsabilité pour avoir échoué à mettre en avant un programme qui aurait pu gagner les sections les plus avancées de la classe ouvrière américaine. A Cuba, malgré l’absence d’une authentique démocratie ouvrière, le SWP n’était pas du tout critique vis-à-vis du régime. Aux USA, le SWP a pris part aux mouvements anti-guerre et Black Power mais n’a absolument fait aucune tentative pour les mener au-delà de leur niveau de développement existant. L’existence des Black Panthers, malgré leurs limites, montrait en pratique comment la conscience se développe en résultat de la lutte contre les réalités brutales du capitalisme. Le fait qu’il n’existait pas de parti résolument marxiste qui aurait pu offrir une stratégie aux Black Panthers et aux centaines de milliers de personnes qui ont été touchées par ce mouvement reste une tragédie.

    Un État noir séparé ?

    Une partie de l’explication du triste rôle du SWP américain réside dans l’incompréhension des écrits de Trotsky sur le nationalisme noir datant des années 1930. Trotsky se basait sur l’approche développée par Lénine et les Bolcheviks en ce qui concerne la question nationale et le droit des nations à l’auto-détermination.

    Lénine, en particulier, comprenait complètement que pour le succès de la révolution en Russie, il était vital de défendre le droit à l’auto-détermination, jusque et y compris le droit à faire sécession, pour les nombreuses nationalités qui souffraient de l’oppression brutale de la Russie tsariste. C’était seulement sur cette base qu’il était possible de parvenir à lutter pour le maximum d’unité de la classe ouvrière au-delà des divisions nationales et religieuses. Défendre le droit de faire sécession, cependant, ne signifiait pas nécessairement défendre la sécession. En fait, c’est l’approche extrêmement habile et sensible de Lénine qui a permis que, dans la période immédiate après la révolution, la République Socialiste Fédérative Soviétique de Russie a intégré beaucoup des nationalités opprimées par le Tsarisme, mais sur une base libre et volontaire.

    Trotsky avait soulevé des points sur ces questions dans des discussions avec ses partisans américains dans les années 1930, après que le Parti Communiste stalinien ait suggéré l’idée d’un Etat noir séparé aux USA. Les partisans de Trotsky ont d’abord réagi en rejetant cette revendication et en l’opposant à la nécessité de l’unité de classe. Trotsky a mis en avant que, à une certaine étape, face à la répression brutale, la revendication d’un État séparé – c’est à dire, le développement d’une conscience nationale – pourrait émerger parmi de larges couches, et que dans ce cas, les Marxistes devraient soutenir le droit des Noirs-américains à un État.

    La méthode d’analyse de Trotsky était correcte. Mais un changement des circonstances a eu comme conséquence que la revendication d’un État séparé au sein du territoire américain n’a pas été avancée. A l’époque où Trotsky écrivait, il y avait une majorité de Noirs dans deux États du Sud, le Mississippi et l’Alabama, et la plupart des Noirs pauvres vivaient dans le Sud. En 1970, trois quart des Noirs vivaient dans les grandes villes, et une majorité dans le Nord. Alors que la conscience des Noirs était, et est toujours, extrêmement forte, il était donc moins probable qu’elle se développe en la demande d’une nation séparée.

    Cependant, même si cela avait été la conscience du peuple noir, cela n’aurait pas excusé l’approche du SWP américain. Trotsky mettait en avant le rôle de la classe ouvrière comme seule force capable de gagner la libération nationale en tant que partie de la lutte pour le socialisme. Il expliquait l’importance d’une position indépendante de la classe ouvrière, et qu’il serait une profonde erreur de compter sur les dirigeants bourgeois et petit-bourgeois des mouvements nationalistes. A leur crédit, les Black Panthers se sont approchés bien plus de la compréhension de ces points que les Trotskistes auto-déclarés du SWP américains, qui ont suivi sans aucune critique les idées petite-bourgeoises des nationalistes culturels.

    Pertinence en Grande-Bretagne

    De nos jours en Grande-Bretagne, la situation à laquelle nous faisons face est très différente de celle qui existait aux USA dans les années 1960. Mais il y a des leçons à en tirer. L’histoire différente de la Grande-Bretagne fait que, d’un côté, il y a un plus haut degré d’intégration dans les communautés ouvrières. La pauvreté aux USA a un élément beaucoup plus « racial » qu’en Grande-Bretagne. Cependant, en général, les travailleurs des minorités ethniques souffrent plus du chômage et de la pauvreté que la classe ouvrière globalement. Par exemple, en 1999, 28% des familles blanches vivaient sous le seuil de pauvreté contre 41% des familles caribéennes et 84% des familles bangladaises. D’un autre côté, la classe dominante britannique n’a jamais réussi à développer une élite noire à la mesure de ce que la classe dirigeante américaine a fait suite aux soulèvements des années 1950 et 1960.

    Si toutes les minorités ethniques souffrent du racisme, ce sont les musulmans qui sont les principales cibles du racisme et des préjugés dans la dernière période en Grande-Bretagne. L’histoire des musulmans de Grande-Bretagne a été une histoire de pauvreté et de discriminations. Historiquement, cette discrimination a été seulement l’une des facettes du racisme de la société capitaliste. Sur la dernière décennie, cependant, et en particulier depuis l’horreur du 11 septembre 2001, il n’y a aucun doute que les préjugés antimusulmans et l’islamophobie, ont dramatiquement augmenté. Alors que d’autres formes de racisme subsistent, les musulmans font face aux pires formes de discriminations en Grande-Bretagne aujourd’hui. La participation du gouvernement aux guerres brutales d’assujettissement contre l’Afghanistan et l’Irak, deux pays majoritairement musulmans, avec toute la propagande de dénigrement des peuples de ces deux pays, a encore augmenté l’islamophobie. La politique étrangère du gouvernement a aussi mis les Musulmans britanniques énormément en colère.

    S’il y a beaucoup de grandes différences entre les deux situations, une comparaison limitée peut toutefois être faite entre la colère et la radicalisation des musulmans aujourd’hui et la colère des Noirs-américains au début du mouvement des droits civiques. La toile de fond générale est différente. Depuis la chute des régimes staliniens grotesques il y a plus de 10 ans, que les capitalistes faisaient faussement passer pour le socialisme authentique, les idées socialistes ne sont pas encore vues comme une alternative viable par les masses de la classe ouvrière, y compris la plupart des musulmans. D’un point de vue international, il n’existe pas de luttes de masse pour la libération nationale comparables à celles qui existaient dans les années 1950 et 1960 et qui ont inspiré la révolte aux USA. En leur absence, les idées de l’Islam politique de droite, y compris les idées hautement réactionnaires et les méthodes d’organisations terroristes comme Al-Qaïda, ont occupé la place vide. La grande majorité des Musulmans de Grande-Bretagne sont dégoûtés par Al-Qaïda, mais une petite minorité est tellement aliénée qu’elle est prête à soutenir de telles idées réactionnaires.

    Cependant, beaucoup de Musulmans ont été touchés par le mouvement anti-guerre qui, à son apogée, a vu 2 millions de personnes de tous groupes ethniques et religieux marcher dans les rues de Londres. Il faut se souvenir que les idées socialistes touchaient une toute petite minorité au début du soulèvement noir-américain mais se sont ensuite fortement répandues lorsque le mouvement a été confronté au capitalisme américain. Il existe aujourd’hui une opportunité de gagner aux idées socialistes les travailleurs et les jeunes musulmans les plus avancés. Sur base des événements, il sera possible de gagner les masses dans le futur. A moyen et long terme, l’absence du stalinisme permettra de gagner plus facilement le soutien aux idées du socialisme authentique. Dans les années 1960, même si le stalinisme constituait un certain pôle d’attraction, il avait aussi un effet fortement déformant sur des idées socialistes adoptées aux USA et ailleurs.

    Les idées socialistes

    Pourtant, pour gagner des parties de la classe ouvrière au vrai socialisme, il est nécessaire de mettre en avant un vrai programme socialiste. Malheureusement, en Grande-Bretagne, l’organisation socialiste la plus connue dans le mouvement anti-guerre, le Socialist Workers’ Party (sans rapport avec le SWP américain), n’a pas encore adopté cette approche. Par exemple, alors qu’il est à la tête de la coalition Stop the War, le SWP a décidé de ne pas développer les idées socialistes dans cette plate-forme, et a fait en sorte que les autres socialistes ne puissent pas avoir l’occasion de le faire.

    Respect, le parti que le SWP a cofondé avec le parlementaire George Galloway, est né du mouvement anti-guerre et a eu certains succès électoraux, en particulier en faisant élire George Galloway comme parlementaire de Bethnal Green and Bow. Cependant, il s’est surtout concentré sur une seule section de la société, la communauté musulmane, qu’il est important de gagner, mais pas au détriment du contact avec le reste de la classe ouvrière. Si Respect continue à se développer dans une direction l’assimilant à un « parti musulman », cela pourrait repousser d’autres parties de la classe ouvrière et même renforcer les idées racistes par inadvertance, tout en renforçant l’idée incorrecte que la communauté musulmane peut gagner sa libération en agissant comme un bloc musulman.

    Le SWP pourrait-il tenter d’établir une comparaison avec les Black Panthers pour soutenir cette stratégie erronée ? En dehors des différences sociales et politiques importantes (non des moindres, le fait que les Musulmans représentent 2,8% de la population britannique alors que les Noirs forment 11% de celle des USA), il y a la question cruciale de la direction prise. Les Black Panthers partaient du nationalisme noir pour arriver à une position de classe. Dans le futur, il est possible que les groupes organisés de travailleurs musulmans se développent dans une direction similaire, cherchant peut-être à s’affilier ou à travailler avec un futur parti de la classe ouvrière. Cela représenterait un pas en avant. L’une des raisons pour lesquelles nous défendons le fait que les nouveaux partis de travailleurs disposent de structures fédéralistes est précisément pour permettre aux différents groupes de travailleurs de garder leurs propres organisations tout en travaillant ensemble à construire un parti large.

    Cependant, la situation de Respect est très différente. La majorité des militants de Respect sont des socialistes de longue date mais, loin d’utiliser l’opportunité de gagner les Musulmans de la classe ouvrière aux idées socialistes, ils ont baissé leur bannière. Malheureusement, dans leur manque d’approche principielle, il y a une comparaison à faire avec les erreurs de leur homonyme, le SWP américain.

    La tragédie des Black Panthers est que, ayant échoué à développer une approche marxiste complète, malgré leurs meilleurs efforts, ils ont rapidement décliné. Les difficultés des Panthers ont mené certains, en particulier autour de Eldridge Cleaver, à se tourner vers l’impasse du terrorisme. De nos jours, en Grande-Bretagne, nous voyons une petite minorité de jeunes musulmans prendre ce chemin erroné. Cependant, sur base de futures défaites, le danger est réel que de plus grands nombres, de toutes origines ethniques, se tournent dans cette direction parce qu’ils ne voient pas d’autres moyens efficaces de lutter. La construction d’une alternative socialiste de masse est la seule voie efficace pour couper ce processus. Les Panthers, malgré leurs limites, nous montrent la détermination de la couche avancée des travailleurs conscients, une fois qu’ils sont engagés dans la lutte, à trouver la route du socialisme authentique. Alors même que Cleaver et d’autres fonçaient tête baissée sur la route du terrorisme, Newton et d’autres ont tenté, même s’ils n’ont pas réussi, de réorienter les Panthers.

    Plus tard, Newton a fait cette réflexion au sujet de leurs erreurs : « Nous étions vus comme un groupe militaire ad-hoc, opérant en dehors du tissu communautaire et trop radical pour en faire partie. Nous nous voyions comme l’avant-garde révolutionnaire et n’avions pas complètement compris que seul le peuple peut créer la révolution. C’est pourquoi le peuple ‘n’a pas suivi notre direction en en prenant les armes’. »

    Tout comme Newton et Seale sont montés sur les épaules de Malcolm X, les générations futures de travailleurs et de jeunes noirs vont reprendre toutes les grandes forces des Panthers et construire sur ces bases pour créer un parti capable de mener à bien la transformation socialiste de la société.

  • France : Les travailleurs n’ont rien à attendre du FN !

    Directement après le résultat des élections européennes, plus de 2.500 jeunes s’étaient réunis face au parlement européen pour protester contre le racisme et l’extrême-droite.

    Le FN a fait un score élevé aux dernières élections, mais une large majorité des travailleurs a préféré s’abstenir. Le FN récolte une partie des fruits de la colère sur fond de scandale à l’UMP et de rejet de la politique du PS au pouvoir. Il s’est surtout attiré des voix en prenant position sur les questions sociales et contre l’Union Européenne.

    Par la Gauche Révolutionnaire (CIO-France)

    Et ce tournant prétendument social est de la pure démagogie. Avec la nouvelle stratégie de Marine Le Pen, leurs candidats jouent le jeu de la respectabilité électorale plutôt que la provocation car au final ne sont que des carriéristes comme les autres. Leurs élus sont des politiciens professionnels, cumulant plusieurs mandats et sont d’ailleurs de la même origine sociale favorisée (avocats, énarques…) que ceux du PS et de l’UMP.

    Le FN essaye de faire croire qu’il défend les travailleurs. Mais à Hayange, le maire FN entend interdire les distributions de tracts des syndicats de personnel de la municipalité. Un autre exemple est sur la grève à la SNCF, où le FN annonçait qu’il soutenait la grève. Le FN se prétend même désormais pour un service public, lui qui il y a quelques années encore était pour la privatisation du Rail et condamnait avec la plus grande violence les mouvements des cheminots.

    Là encore, le FN s’en prend aux syndicats. Soutenir une grève sans soutenir ceux qui la font… la démagogie n’a plus de limites, et le positionnement purement tactique, pour recruter chez les fonctionnaires, leur permet d’envisager les prochaines élections.

    D’ailleurs, si le FN met en cause les syndicats, c’est parce qu’il reste complètement hostile aux forces qui organisent les travailleurs et leur apporte les moyens d’agir collectivement. Ses propositions sur les salaires ne sont pas éloignées de celles du Medef, du PS ou de l’UMP. Ainsi le parti est pour augmenter les salaires en diminuant les cotisations salariales à la Sécu, ce qui revient de fait à faire payer aux travailleurs des pseudo augmentations de salaire sans toucher aux profits des capitalistes et en continuant le cassage de la Sécu.

    Le FN fait du populisme, en gardant sur le fond un programme et une activité d’un parti de droite.

    Des polémiques qui restent utiles

    Le caractère toujours raciste reste au cœur du FN et en a repoussé plus d’un y compris parmi leurs propres candidats aux municipales. Ce parti est toujours dirigé par la famille des Le Pen. Le Pen père n’a jamais caché son projet politique et ses liens avec des groupes fascistes. Il a fait sa fortune de multimillionnaire en héritant du cimentier Lambert : richesses qui ont été créées par le travail de milliers d’immigrés dans le bâtiment.

    Les dernières déclarations de Jean-Marie Le Pen sur le virus Ebola en Afrique pour régler la question de l’immigration ou de Marine Le Pen sur la suppression de la double nationalité après le soutien à l’équipe de foot d’Algérie par des supporters en France montre encore leur fond raciste. Cette dernière polémique étant la plus ridicule : soutenir l’équipe de France de Football deviendrait un critère pour avoir la nationalité française ?

    Marine a critiqué son père sur la communication mais pas sur le fond, il s’agit de ne pas perdre le noyau dur de l’électorat tout en essayant de continuer à récupérer les fruits de la colère d’une grande partie de la population face aux conséquences désastreuses des politiques antisociales des différents gouvernements.

    Enfin, si les Le Pen critiquent la «finance» c’est évidemment sans préciser qu’eux-mêmes sont rentiers et vivent de dividendes d’actions et autres opérations financières. A tel point que la Cour des Comptes vient d’ouvrir une enquête sur l’enrichissement de Jean Marie Le Pen entre 2004 et 2009 d’un million d’euros supplémentaire.

    D’autre part chaque fois qu’ils ont eu des élus, il y a eu des scandales financiers dans les mairies (finances parallèles, hausse de tarifs comme l’eau, non entretien de la voirie ou des cantines etc.) exactement comme d’autres politiciens.

    Les mêmes escrocs que les autres

    La différence, c’est qu’ils n’ont pas encore accès au magot mais la tendance est la même et les pratiques seront identiques à celles des politiciens corrompus. C’est ainsi que l’une des premières mesures prises par Joris Hébrard, le maire FN du Pontet dans le Vaucluse, et son conseil municipal fut de s’octroyer généreusement une hausse de 44% des ses indemnités, les faisant passer de 2470 euros à 3227 euros et une augmentation de plus de 180 euros pour les conseillers municipaux, avant que la préfecture annule cette décision qu’elle juge contraire au code des collectivités territoriales. Il est clair que les salariés de la mairie ou la plupart des administrés de la commune auraient certainement voulu bénéficier de la même augmentation de salaire ! Dans le même temps, ce maire si généreux avec lui-même et ses condisciples frontistes supprimait la gratuité des cantines scolaires de sa commune pour les enfants de chômeurs… les enfants des familles les plus démunis apprécieront certainement de suivre leur scolarité le ventre vide.

    De la même manière qu’un Copé qui fait travailler à prix d’or ces amis du Bygmalion, David Rachine, le maire de Fréjus, a demandé à une société d’audit fondée très opportunément 2 jours avant le second tour des municipales par un de ces amis – Clément brieda, totalement novice dans ce domaine- de réaliser l’expertise des comptes de la mairie une fois élu. Autant refiler l’argent des contribuables de Fréjus aux amis, même s’ils n’y connaissent rien en audit… dans le même temps ce sont plus contrats de travail qui n’ont pas été renouvelé à la mairie pour raison financière. et les budgets des associations sportives, qui subissent des coupes sévères : diminution de 50% pour le club de basket, celle de l’Association municipale des sports connait une baisse de 30%. Ou encore les subventions pour le bus scolaire et la cantine vont diminuer de 20 % à la rentrée scolaire, et celles des trois centres sociaux de la ville ont subi des baisses de 53 à 62 %

    Il est fort à parier que ce genre d’affaires, se multiplieront aussi avec les élus du Front national. Au FN comme ailleurs c’est margoulin et compagnies !

  • Manifestation nationale antiraciste le 9 novembre

    Résistance Internationale  contre le racisme et le capital!

    En ce mois de septembre 2014, nous célébrons un anniversaire dont nous nous serions bien passés : celui de la mort du rappeur antifasciste grec Pavlos Fyssas, assassiné le 18 septembre 2013 par un membre du parti néonazi grec Aube Dorée. En avril dernier, une conférence nationale des Comités Antifascistes grecs tenue à Athènes a appelé à l’organisation d’une journée européenne d’actions contre l’extrême-droite et le racisme le 9 novembre, date commémorant le pogrome anti-juif perpétré en Allemagne nazie en 1938 et connu sous le nom de Nuit de Cristal.

    Par Navid (Bruxelles), article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

    La crise du capitalisme s’étend de jour en jour, et elle alimente sur son passage le terreau qui permet à l’extrême-droite d’y développer sa mauvaise herbe. Le chômage explose, il n’y a pas d’emplois? C’est la faute aux étrangers. Il y a manque cruel de logements? C’est la faute aux étrangers. Il n’y a pas assez de places dans les écoles? C’est encore la faute des étrangers. Loin de donner une réponse à la crise, l’extrême-droite rejette tout sur le dos de bouc-émissaires, détournant l’attention de la véritable cause de ces problèmes : le système capitaliste, ses multinationales et les politiciens à leur solde, qui appliquent des mesures d’austérité plus antisociales les unes que les autres et dont le seul but est de faire payer la crise du système aux travailleurs et à leurs familles.

    En semant la division, en montant les victimes du système capitaliste les uns contre les autres, ils jouent le jeu de l’élite dominante en masquant la réponse de classe dont nous avons besoin par une ‘‘réponse’’ raciste. Jeunes, pensionnés, chômeurs et travailleurs, que l’on soit grec, belge, français ou d’origine immigrée : nous avons un ennemi commun et un combat à mener ensemble contre les grands patrons, les spéculateurs et ceux qui les servent !

    Nous voulons répondre à cet appel pour le 9 novembre afin de démontrer notre solidarité avec le combat des antifascistes grecs, c’est une chose. Mais nous voulons aussi prévenir du danger du nationalisme et de l’extrême-droite que nous avons vu croître en Europe lors des dernières élections européennes. En Belgique, le péril de la peste brune n’a pas disparu, le Vlaams Belang en Flandre reste une organisation disposant d’un cadre et de militants qui, maintenant que le soutien électoral s’est fait moindre, peuvent être tentés d’avoir plus recours à la violence de rue. D’autre part, comme l’a illustré l’exemple du FN français que l’on disait à l’époque écrasé par l’UMP Sarkozy, cette organisation peut encore se relever. Du côté francophone, il existe des groupuscules néonazis comme Nation et le poison du racisme se développe là aussi, illustré par les scores parfois impressionnants obtenus par les différentes listes réactionnaires et d’extrême droite aux dernières élections.

    Enfin, nous voulons très clairement faire le lien entre la politique d’austérité et la croissance d’organisations qui instrumentalise la colère de la population pour la dévier à des fins racistes et nationalistes. Dans ce combat, nous n’avons rien à attendre des partis traditionnels, ces partis responsables des mesures antisociales passées et à venir.

    Nous ne pouvons compter que sur les forces et la mobilisation de la jeunesse et du mouvement des travailleurs. Mobilisez vous aussi pour le 9 novembre, et participez à cette manifestation nationale qui prendra place à Bruxelles !

  • 9 novembre : journée européenne d’action contre l’extrême droite

    Des emplois, pas de racisme !

    • Résistance internationale contre le racisme et l’austérité !
    • Stop à la répression, stop à la criminalisation des réfugiés !
    • Des emplois, des logements et des services publics, pas de racisme, sexisme ou d’homophobie!

    Par Mathias (Gand)

    Les dernières élections ont provoqué une nouvelle onde de choc. L’extrême-droite et la droite populiste ont obtenu ensemble près de 100 sièges au sein du parlement européen. Une rencontre européenne à Athènes, organisée par les comités antifascistes grecs, a proposé, avant les élections déjà, d’organiser une journée d’action internationale le 9 novembre, commémoration de la Nuit de Cristal (une violente campagne coordonnée contre les magasins juifs en Allemagne nazie en 1938). Nous participons à l’initiative pour une manifestation antifasciste combative nationale ce jour-là.

    Depuis le début de la crise, le chômage a presque doublé en Europe, il touche de 16 à 26 millions de personnes. Plus de la moitié des jeunes Espagnols et Grecs n’ont pas d’emploi et se retrouvent donc sans avenir. Celui qui trouve quand même un emploi a de plus en plus affaire à un mini salaire pour une maxi flexibilité. Même dans notre pays, un tiers des jeunes du secteur privé a un contrat à temps partiel. Depuis le début de la crise, les salaires grecs ont reculé de 20% à 40%. Parmi les diktats de la troïka (UE, BCE et FMI) figure systématiquement le démantèlement des services publics comme l’enseignement, les soins de santé, l’accueil des enfants,… Des centaines de milliers de jeunes ont fui de ces pays ces dernières années à la recherche d’un meilleur avenir sans pauvreté ni misère. Même dans notre pays, les politiciens établis mènent une dure politique d’austérité.

    Comme la pourriture se développe sur les détritus, le racisme et l’extrême-droite croissent dans un système capitaliste en crise. La politique d’austérité asociale des partis traditionnels crée le terreau pourri sur lequel la division et l’exclusion peuvent prospérer. Même les partis nationalistes de droite tels la N-VA en profitent grâce à une image de pseudo anti-establishment. Entre-temps, ils font même proliférer davantage la division en stigmatisant les francophones et en ‘‘relativisant’’ le racisme.

    Même si le Vlaams Belang a subi une fameuse raclée lors des élections et si les partis populistes de droite Parti Populaire et Debout les Belges n’ont pas pu forcer une percée spectaculaire en Belgique francophone, le problème n’est pas écarté chez nous. Nulle part en Europe, les personnes d’origine étrangère ne sont aussi discriminées qu’en Belgique. Un immigré sur 3 originaire d’un pays hors UE n’a pas d’emploi chez nous. Presque la moitié, 47%, dit dans les sondages que pour eux, un quartier idéal est un quartier sans minorités ethniques.

    La tactique de faire le silence sur le racisme et l’extrême-droite n’a jamais fonctionné. La politique de l’autruche consistant à enfoncer sa tête dans le sable doit être rejetée. Si l’extrême-droite s’en sort avec des provocations, cela déroule le tapis rouge pour de nouvelles provocations et c’est l’escalade. Nous avons vu où cela peut mener avec les assassinats des activistes de gauche Clément Méric (France, en juin 2013) et Pavlos Fyssas (Grèce, en septembre 2013).

    Pour stopper l’extrême droite et le racisme, nous devrons compter sur nos propres forces. Seule la lutte collective des 99% peut offrir une réponse à la division que ce système essaie de semer parmi nous. Presque 40% des Belges pensent à tort que les allochtones sont responsables d’une partie du vertigineux chômage que nous connaissons. Pour les convaincre du contraire, il nous faut un mouvement capable de démasquer les véritables responsables du chômage et de la misère croissants: le patronat, les banquiers et les spéculateurs.

    C’est pourquoi il faut construire avec nous un mouvement international contre le racisme et l’extrême-droite. Ne reste pas sur le côté, joins-toi à notre campagne ! Mobilise avec nous pour le 9 novembre en utilisant nos affiches, flyers et stickers! Lutte avec nous pour une société sans exploitation ni exclusion, une société en marche pour toute la population et pas uniquement en faveur de l’establishment capitaliste.

  • Histoire : « I have a dream » – 50 ans après

    50ème anniversaire de la marche sur Washington pour l’emploi et la liberté

    Ce 28 aout 2013, on commémorait le 50ème anniversaire de la marche historique sur Washington pour l’emploi et la liberté. C’est lors de cette marche, devant une foule de 250 000 personnes, que Martin Luther King a entonné son célèbre discours « I have a dream » (« J’ai un rêve »), sur les marches du mémorial à Abraham Lincoln. Dans cet article, notre camarade Eljeer Hawkins, militant du groupe Socialist Alternative (CIO-États-Unis), nous explique le contexte et les répercussions de cet évènement.

    Par Eljeer Hawkins


    « L’ampleur de la mobilisation de cette chaude journée d’aout 1963 était sans précédent : partout on sentait cette ambiance joyeuse, confiante, enthousiaste. Les gens étaient venus des quatre coins du pays, de nombreux militants, noirs tout autant que blancs, au cri de “Liberté maintenant !” » – Jack O’Dell, militant syndical et citoyen


    Les mouvements de masse pour les droits citoyens qui ont vu le jour avant et après cette marche ont remporté plusieurs victoires contre le système raciste brutal qui était alors en vigueur aux États-Unis. Cependant, l’immense courage et la grande détermination des travailleurs et des jeunes qui ont participé à ces mouvements ont souvent été menées dans l’impasse par les tactiques de leur direction.

    King lui-même est passé d’une position de résistance passive et de réformes graduelles du capitalisme à une compréhension du fait que des idées plus radicales étaient nécessaires. En 1964, après l’adoption du Civil Rights Act (décret sur les droits des citoyens, qui abolissait les lois de discrimination et de ségrégation en vigueur dans le pays), Martin Luther King a même été jusqu’à dire : « Maintenant notre lutte doit se poursuivre pour une égalité véritable, c’est-à-dire pour une égalité économique. Car maintenant nous savons qu’il ne suffit pas de permettre à tout le monde de fréquenter les mêmes cantines. À quoi ça nous sert d’avoir le droit d’aller à la cantine, si on ne gagne pas assez d’argent pour se payer un hamburger et une tasse de café ? »

    La commémoration de cette journée extrêmement importante se déroule aujourd’hui dans un contexte d’attaques sans précédents lancées par les grands patrons et par leurs deux partis politiques, les Démocrates et les Républicains, sur les droits démocratiques remportés par la lutte sociale des travailleurs et des jeunes – et en particulier des travailleurs et jeunes noirs.

    Jim Crow

    « Jim Crow » est devenu le nom de la ségrégation institutionnelle, de l’oppression et de l’exclusion politique des noirs dans le sud des États-Unis. Les lois de Jim Crow ont été d’application de 1876 à 1965.

    Après la guerre civile américaine de 1861-1865, la “reconstruction” radicale, une période expérimentale de “démocratie multiraciale”, a introduit une réforme foncière et le droit de vote pour les noirs et les blancs pauvres. Les capitalistes du Nord ont soutenu le mouvement des blancs pauvres et des noirs qui luttaient pour l’adoption de ces mesures – jusqu’à un certain point. Cependant, dès que les capitalistes du Nord ont eu fini de consolider leur victoire sur les propriétaires de plantation esclavagistes du Sud, ils se sont sentis plus confiants en leur propre puissance, et ont redonné plus de “libertés” aux grands patrons du Sud.

    La fin de la “reconstruction” coïncidait avec la crise électorale de 1877 et le grand compromis entre les partis démocrate et républicain, qui a amené au Sud le retour de la classe des anciens planteurs esclavagistes. Au Sud, une infime élite de riches blancs cherchait à rétablir son pouvoir sur la vie économique, sociale, politique et foncière. Les travailleurs et les pauvres, et surtout les travailleurs noirs, ont alors perdu de nombreux droits à l’enseignement et de vote, en plus de l’accès équitable à l’emploi.

    C’est alors qu’a été organisé le Ku Klux Klan, organisation secrète de blancs qui a fait régner la terreur parmi les noirs, mais aussi parmi les militants syndicaux, citoyens et de gauche. La “Loi de Lynch” (lynchage), une violence extra-judiciaire mais encouragée par l’État, a eu pour conséquence que dans la pratique les noirs ne pouvaient bénéficier de leurs droits.

    Tout au long de ces années de “Jim Crow”, le mouvement pour la libération des noirs n’est pas resté sans broncher face à la violence, au racisme forcené et à la tactique de division utilisée par les grands patrons pour mieux régner. Le mouvement pour la libération des noirs s’est battu pour chaque pouce de terrain, via des organisations telles que la Confrérie des accompagnateurs de wagons-lits (Brotherhood of Sleeping Car Porters), le Parti communiste des États-Unis, l’Association nationale pour l’avancement des gens de couleur (National Association for the Advancement of Colored People – NAACP), qui se concentraient sur des réformes légales, et via le mouvement syndical. Ce sont ces organisations qui se trouvent à la base du mouvement citoyen moderne.

    Les antécédents

    L’appel pour la marche de Washington était la conséquence d’une longue histoire, qui remonte à la marche pour les Primes des vétérans de 1932 (Veterans’ Bonus March), en plein milieu de la Grande Dépression. Les vétérans de la Première Guerre mondiale avaient établi un camp d’occupation à Washington pour exiger une compensation économique pour leur service durant la guerre. Un bon nombre ont été tués au cours de cette action – triste sort pour ceux qui avaient survécu à l’horreur des tranchées !

    Une grande proportion de ceux qui avaient été envoyés pour se battre à l’étranger pendant la Deuxième Guerre mondiale étaient noirs. Cela a fortement marqué la conscience des soldats noirs, qui étaient frappés par l’hypocrisie affligeante de la propagande de guerre. La classe capitaliste américaine prétendait que les hommes qu’elle envoyait en Europe y allaient pour se battre contre le système raciste mis en place par les Nazis – alors qu’aux États-Unis aussi, le racisme était considéré la norme. La plupart des unités militaires étaient d’ailleurs séparées, blancs d’un côté, noirs de l’autre.

    Le manque de main d’œuvre causé par la guerre (à la fois en raison des pertes humaines et de la reprise économique inattendue grâce à la prospérité de la nouvelle industrie de guerre) a eu pour conséquence l’embauche de noirs dans l’industrie alors qu’auparavant il leur était impossible d’y trouver un travail (tout comme les femmes, d’ailleurs). Vu cette croissance économique que connaissaient les États-Unis pendant la guerre, on a vu se développer un grand mouvement des travailleurs noirs dans les villes, ce qui a aussi modifié leur capacité à s’organiser et à lutter, et leur confiance en cela.

    Ce mouvement a également largement révélé au grand jour l’inégalité et l’ampleur de la misère subie par la population noire. Avec les luttes anticoloniales de masse qui se déroulaient au même moment en Afrique et en Asie, les noirs américains ont acquis de plus en plus de confiance dans leur lutte contre les lois racistes de Jim Crow.

    Le mouvement pour la marche sur Washington de 1941, dirigé par le dirigeant syndical et socialiste Asa Philip Randolph, a été organisé pour exiger la fin de la discrimination raciale dans l’industrie militaire. Le mouvement comptait à un moment 50 000 membres cotisants, mais la marche n’a jamais été organisée, parce que le président Roosevelt a cédé devant la pression croissante et a signé l’Ordre exécutif 8802 qui interdisait toute discrimination raciale au sein du secteur public, de l’industrie militaire et de l’enseignement. Cela représentait une importante victoire, qui a servi de tremplin pour préparer le mouvement des années ’50 et ’60, même si c’était une erreur d’annuler la marche – qui aurait pu avoir un énorme impact.

    De nouvelles victoires ont été remportées en 1954, lorsque le jugement “Brown et al. contre le bureau de l’éducation” a mis fin à la décision de la doctrine Jim Crow d’un système d’enseignement séparé et à deux vitesses aux États-Unis.

    Le 28 aout 1955, Emmett Till a été brutalement battu et lynché parce qu’il aurait sifflé en voyant passer une femme blanche. Ce jeune homme alors âgé de 14 ans était venu de Chicago (dans le Nord) pour visiter sa famille dans l’État du Mississippi (Sud). La maman d’Emmett, Mamie Till, a pris la terrible décision, d’accomplir les funérailles et l’enterrement en laissant le cercueil ouvert, afin que tous puissent contempler le visage horriblement de son fils, fruit de la violence engendrée par le système Jim Crow. Le discours tragique de Mamie est devenu un cri de ralliement contre Jim Crow pour tous les travailleurs et les jeunes – surtout pour les travailleurs et jeunes noirs.

    C’est trois mois plus tard que Rosa Parks, une ouvrière du textile vivant à Montgomery en Alabama, s’est vue refuser une place dans le bus à côté d’un homme blanc. Son arrestation a déclenché le mouvement du Boycott des bus de Montgomery contre Jim Crow et contre la ségrégation. C’est ce mouvement qui a révélé Martin Luther King, qui était jusque là un simple pasteur dans cette petite ville. Le boycott des bus a été une réussite à 100 % et a duré 381 jours. Après tout ce temps, et de nombreuses violentes réactions de la part des racistes, la ségrégation à bord des bus de Montgomery a été abolie par la loi (même s’il a fallu longtemps avant que cette décision de justice soit appliquée dans les faits).

    La marche

    Avant cette date historique, on a vu aussi des batailles importantes et sanglantes à Albany dans l’État de Géorgie, et à Birmingham dans l’État d’Alabama. Par exemple, l’héroïque mouvement des Voyages de la liberté (Freedom Rides) organisait des bus et des gares mixtes qui parcouraient les autoroutes interétatiques malgré les attaques armées par les racistes ; il y avait des mouvements d’occupation un peu partout ; cette période a aussi été marquée par l’assassinat de Medgar Evers, dirigeant de la NAACP dans l’État du Mississippi. Les luttes des années ’50 ont culminé avec le Décret sur les droits civiques de 1957 (Civil Rights Act), même si le mouvement a considéré ce décret comme n’étant qu’une concession mineure dans le but de faire retomber la pression.

    C’est au beau milieu de cette violence perpétrée par les racistes blancs, soutenue par l’État, que sont nés le Conseil des dirigeants chrétiens du Sud (Southern Christian Leadership Council – SCLC), dont King était membre, et le Comité de coordination non violent des étudiants (Student Nonviolent Coordinating Committee – SNCC). Bien que la plupart des dirigeants du SCLC étaient des pasteurs chrétiens et des pacifistes convaincus, cette organisation se basait sur des actions de masse et soutenait les actions directes de désobéissance civile.

    C’est donc lors de cette journée chaude et pluvieuse du 28 aout 1963, que 250 000 personne venues de tout le pays – surtout des travailleurs et des jeunes noirs – se sont rassemblées devant le mémorial à Lincoln pour exiger la fin de l’apartheid de Jim Crow en tout ce qui concernait l’enseignement, les élections, les soins de santé, l’emploi et le logement.

    La première phase du mouvement pour les droits civiques était liée au Parti démocrate, qui lui a donné son caractère premier, essentiellement réformiste. Le but de ce mouvement était d’embarrasser le gouvernement américain en pleine phase de croissance économique d’après-guerre, afin d’obtenir une égalité légale. L’administration du président John F. Kennedy était considérée comme “amie” du mouvement. Mais celle-ci cherchait en fait à contrôler la direction et les organisations du mouvement pour les droits civiques.

    En fait, John Lewis, le président du SNCC, a même été forcé par les organisateurs de la marche de modifier son discours virulent, qui contenait des critiques envers l’administration Kennedy. Son discours, tel que prévu au départ, devait inclure ces lignes : « Nous marchons aujourd’hui pour le travail et la liberté, mais nous n’avons pas de quoi être fiers. Car des centaines de milliers de nos frères ne sont pas présents avec nous. Parce qu’ils n’ont pas l’argent pour le transport, parce qu’ils ne reçoivent que des salaires de misère… ou pas de salaire du tout… M. Kennedy voudrait faire sortir la révolution de la rue pour la faire rentrer dans les tribunaux. Écoutez-moi bien, M. Kennedy… les masses noires marchent pour l’emploi et pour la liberté, et nous devons dire aux politiciens, qu’il n’y aura pas de cessez-le-feu ».

    Le discours

    C’est le remarquable chef d’œuvre rhétorique du Dr. King, le fameux discours « I Have a Dream » (« J’ai un rêve »), qui a saisi l’essence et la puissance potentielle de cette journée. Ainsi parlait King : « 1963 n’est pas une fin, c’est un commencement. Ceux qui espèrent que le Noir avait seulement besoin de se défouler et qu’il se montrera désormais satisfait, auront un rude réveil, si la nation retourne à son train-train habituel. Il n’y aura ni repos ni tranquillité en Amérique jusqu’à ce qu’on ait accordé au peuple Noir ses droits de citoyen. Les tourbillons de la révolte ne cesseront d’ébranler les fondations de notre nation jusqu’à ce que le jour éclatant de la justice apparaisse. » C’est ce discours qui allait littéralement galvaniser la classe ouvrière et la jeunesse noires.

    (Retrouvez aussi le texte intégral en français + vidéo du discours : ici)

    Les racistes du Sud ont répondu à cette grande journée le dimanche 15 septembre 1963, en dynamitant l’église baptiste de la 16ème rue de Birmingham, en Alabama, tuant quatre jeunes filles âgées de 11 à 14 ans : Addie Mae Collins, Denise McNair, Carole Robertson, et Cynthia West.

    1963

    Un grand débat a suivi au sein du mouvement pour la libération des noirs, dirigé par des personnalités telles que Malcolm X, qui venait de l’organisation Nation de l’Islam (Nation of Islam), et par le parti “Liberté maintenant”, basé à Detroit. On discutait de la faiblesse et de la stratégie du mouvement.

    Cette couche de dirigeants combatifs posait les questions de l’indépendance politique par rapport au système à deux partis, de l’internationalisme, du soutien à la révolution anticoloniale et de la remise en valeur de l’identité afro-américaine. Pour les militants nationalistes noirs et socialistes, la justice raciale ne pouvait être obtenue tant que les grandes entreprises et la suprématie des blancs régnaient sur les moyens de production et sur l’industrie.

    À la suite de l’assassinat du président Kennedy en novembre de la même année, le président Lyndon Johnson s’est vu contraint d’instaurer de nouvelles lois, vu l’énorme pression et puissance sociale exercée sur le capitalisme américain par le mouvement pour la libération des noirs et par l’actualité internationale. Il a été mis fin à la ségrégation en Alabama, et un nouveau décret sur les droits civiques a été adopté en 1964, suivi par le décret sur le droit électoral de 1965.

    Une des plus grandes contribution de Martin Luther King en tant que dirigeant du mouvement citoyen a été sa campagne contre l’idée du séparatisme noir. Au lieu d’envisager la création d’États noirs séparés, il défendait une coalition avec les pauvres et les travailleurs blancs : « Au sein de la majorité blanche, il existe un groupe très important pour qui les principes démocratiques passent avant les privilèges, et qui a déjà démontré qu’il est prêt à se battre contre l’injustice aux côtés du nègre. Un autre groupe, plus important encore, est composé de ceux qui ont les même besoins que le nègre, et qui bénéficieront tout autant que lui de l’accomplissement du progrès social. Il y a en fait aux États-Unis plus de pauvres blancs qu’il n’y a de nègres. Leur urgence à mener une guerre contre la misère est tout aussi désespérée que celle du nègre. »

    King comprenait très bien quelle est la puissance collective des travailleurs dans les entreprises. Au moment de son assassinat, il venait de lancer un nouveau grand mouvement de lutte contre la pauvreté. Il devenait également de plus en plus impliqué dans des actions de soutien aux travailleurs en lutte. C’est pour cette raison qu’il était devenu une menace majeure pour le capitalisme américain, ce qui explique sans doute son assassinat.

    Le “Black Power”

    Le mouvement du “Black Power” (“Pouvoir noir”) et ses organisations telles que le Black Panther Party for Self-Defence (le Parti des Panthères noires pour l’auto-défense), le Mouvement d’action révolutionnaire (Revolutionary Action Movement), et le SNCC devenu beaucoup plus radical sous la présidence de Stokely Carmichael, a attiré l’attention d’une nouvelle couche de militants parmi les travailleurs et les jeunes noirs partout dans le pays.

    Le mouvement du Black Power, inspiré par les luttes révolutionnaires sur le plan international, posait les questions de l’auto-détermination, de l’auto-défense, et du pouvoir économique et politique, en puisant son inspiration auprès de diverses philosophies politiques allant du socialisme au “capitalisme noir” en passant par le maoïsme et le nationalisme révolutionnaire.

    Au même moment, le mouvement pour la libération des noirs allait se heurter à l’opposition du gouvernement, en la personne du Programme de contre-espionnage (Cointelpro) qui visait à empêcher le développement d’une direction et d’un mouvement radical unifié. Le Cointelpro (pour Counter Intelligence Program) est une organisation qui a été développée sous la direction de Edgar Hoover, le chef du FBI (police secrète américaine).

    La direction et les organisations combatives du mouvement pour la libération des noirs allaient également être noyées dans le sang par les forces du grand patronat. Il est impossible de comparer des militants de gauche radicaux tels que le Dr. King, Fred Hampton (le dirigeant des Black Panthers, âgé de 21 ans au moment de son assassinat chez lui par le FBI), ou Malcolm X à des politiciens payés par le capitalisme tels que le président Barack Obama. Afin d’“assainir” les mouvements radicaux ou révolutionnaires des années 1960, le mouvement pour la libération des noirs devait être soit annihilé, soit récupéré par le système bipartite – et c’est ce qui s’est passé.

    Le mouvement pour la libération des noirs a brisé les murs de la ségrégation légale dans les années ’50 et ’60. L’heure est maintenant venue de construire un nouveau mouvement de masse permanent et multi-ethnique afin de reprendre le combat contre l’oppression de race et de classe partout dans le pays. Comme le disait Dr. King : « Nous avons à faire à un conflit de classes. Il y a quelque chose qui cloche avec le capitalisme… Peut-être que l’Amérique doit se diriger vers un socialisme démocratique ».

    Notre groupe Socialist Alternative aux États-Unis mène campagne pour briser le système des deux partis et construire un parti des travailleurs de masse. Nos campagnes pour les élections municipales à Seattle, Minneapolis et Boston sont autant d’exemples de ce qui doit être fait en cette période de crise si nous voulons nous opposer aux plans de Wall Street.

  • Contre le capitalisme: Organisons la résistance!

    En recevant son prix de ‘‘manager de l’année’’, Jan De Nul, le bien-nommé, a déclaré que s’il y a tellement de gens au chômage, c’est parce que ‘‘L’envie de travailler n’y est pas.’’ C’est particulièrement le cas chez les immigrés selon ce patron : ‘‘Vous savez combien d’immigrés nord-africains travaillent ?’’

    Tract de rentrée des Etudiants de Gauche Actifs (EGA)

    Voilà parfaitement synthétisée toute l’atmosphère actuelle. Tous ces capitalistes qui ont spéculé et profité de la moindre occasion pour cacher leurs profits dans des paradis fiscaux s’évertuent maintenant à faire endosser la responsabilité de la crise à ses victimes ! Chômeurs, immigrés, jeunes, retraités,… personne n’y échappe. Selon une étude récente d’Adecco, en Belgique, les jeunes envoient en moyenne 13 candidatures par mois mais doivent attendre 8,9 mois avant d’avoir effectivement un emploi.

    Nous sommes embourbés dans la crise depuis cinq ans, et aucun rayon de soleil ne pointe à l’horizon. Le taux de chômage chez les jeunes a augmenté pour atteindre plus de 22% et, même avec une croissance économique limitée en 2014, le pire est à venir. Quant aux jeunes qui trouvent un emploi, ce sont souvent des jobs temporaires et précaires. Essayez dans ces conditions d’acheter ou même de louer une maison quand l’on exige de plus en plus d’avoir un contrat de travail à durée indéterminée… Ce système nous prépare une ‘‘génération sans avenir’’ !

    Les capitalistes tentent par tous les moyens de masquer les causes de ce désespoir. Chercher un bouc émissaire parmi les victimes est très populaire, de même que monter diverses couches de la population les unes contre les autres. Le racisme, le sexisme et l’homophobie ont le vent en poupe. Cela donne aux militants d’extrêmedroite la confiance nécessaire pour passer à l’étape suivante et recourir plus ouvertement à la violence, comme en Grèce ou en France.

    S’opposer à cette logique, ça signifie s’exposer à la répression. Nous n’en sommes pas encore à devoir traiter avec les gaz lacrymogènes, mais l’arsenal répressif belge a tout de même été élargi, notamment avec les Sanctions Administratives Communales (SAC) dont l’arbitraire permet d’être utilisées à toutes les sauces.

    Nous voulons organiser la contre-offensive. Se plaindre tout seul n’est pas suffisant, nous devons nous structurer et lutter pour une alternative ! Il est nécessaire de se battre non seulement contre les effets de la crise, mais aussi contre ses causes. Le capitalisme créé la famine, la misère, le racisme et la répression. Et la crise montre, qu’encore une fois, ce système n’a aucun avenir à nous proposer. Construisons un outil de lutte avec lequel nous bâtirons une société différente, dans laquelle les intérêts de la majorité ne sont pas étouffés par ceux d’une infime minorité. C’est ce que nous appelons une société socialiste. Maintenant, n’hésite plus et rejoins-nous !


    Syrie : Non à l’impérialisme, à la dictature d’Assad, à l’islam politique réac tionna ire et à toutes les forces capitalistes !

    Il y a deux ans et demi, la Syrie a connu de larges soulèvements populaires sous l’impulsion des révolutions en Egypte et en Tunisie. Mais, les régimes semiféodaux du Qatar et d’Arabie Saoudite et les États impérialistes sont rapidement intervenus pour dévier le mouvement vers une guerre civile sectaire qui a, de plus, intensifié les tentions entre Sunnites et Chiites dans la région. Les images atroces de centaines de tués et de milliers de blessés, suite au recours aux armes chimiques, ont choqué la population du monde entier. Obama et d’autres politiciens occidentaux profitent de cette situation et tentent d’instrumentaliser ce sentiment populaire à leur avantage.

    Vouloir en finir avec cette horreur est légitime, mais espérer que les gouvernements impérialistes puissent livrer cette solution est une terrible erreur, on l’a vu avec l’Irak, l’Afghanistan ou encore la Lybie. Nous ne pouvons pas prendre de raccourci !

    L’intervention des forces impérialistes n’a aucune solution à offrir et n’a rien à voir avec la protection des civils, mais bien avec le renforcement de la domination impérialiste dans cette zone cruciale du monde. L’intensification des bombardements ne conduira qu’à une augmentation des souffrances des masses. Le régime syrien d’Assad est relativement fort et ne tombera pas en quelques jours. Puis, vu l’importance d’Al-Qaïda en Syrie, il existe aussi un grave danger d’un accroissement du terrorisme. Une intervention mènera, comme cela a déjà été le cas dans d’autres pays, à un conflit ethnique plus important encore, et qui pourrait durer des années, sans parler de l’impact au-delà des frontières syriennes.

    Mais simplement s’opposer à l’intervention impérialiste est insuffisant, cela laisse la porte ouverte à un soutien au dictateur Assad. Pire, certains vont jusqu’à défendre l’idée erronée selon laquelle ‘‘les ennemis de nos ennemis sont nos amis’’. Il n’est pas non plus possible de prendre parti pour le camp des rebelles, liés soit à l’islam politique réactionnaire, soit à d’anciens dirigeants du régime. Chacune de ces forces défend des intérêts liés à l’exploitation et à l’oppression des masses. Notre seul camp, c’est celui de notre classe, celle des travailleurs, des jeunes, des opprimés ! Nous devons encourager son auto-organisation ! Cette approche est celle que nous défendons avec les Etudiants de Gauche Actifs.

    Cette tâche est immense, mais la Syrie n’est pas isolée du reste du monde : les processus révolutionnaires sont contagieux et avancent par vagues. Les luttes de masse en Tunisie et en Egypte s’orientent vers la chute du système lui-même et pas seulement vers celle d’un gouvernement capitaliste autoritaire qui sera remplacé par un autre. La construction d’un rapport de forces vers un régime basé sur la satisfaction des besoins des masses aura ses répercussions sur la Syrie et ailleurs. L’élément crucial sera la construction d’instruments de lutte (comités, syndicat et parti) afin d’unir et de défendre les travailleurs et les pauvres par-delà leur religion ou leur ethnie.


    Racisme, homophobie, sexisme : tout ce qui nous divise nous affaiblit !

    L’extrême-droite et les forces réactionnaires instrumentalisent la colère sociale pour l’orienter contre des boucs émissaires, protégeant ainsi les vrais responsables de la crise : les capitalistes.

    Les néonazis grecs d’Aube Dorée n’hésitent pas à utiliser la force contre les immigrés ou leurs opposants politiques. En juin, à Paris, le jeune militant antifasciste Clément Méric a été tué par des néonazis. Ripostons contre ces idées nauséabondes ! Lorsque l’extrême droite veut occuper les rues, tels les jeunes néofascistes flamands du NSV, mobilisons largement pour des contre-manifestations non-violentes !

    En Russie, les lois et le harcèlement homophobes pleuvent et deviennent monnaie courante. En France, des mouvements conservateurs se sont développés contre le droit au mariage homosexuel. Chez nous, des courants similaires organisent des piquets d’intimidation devant les centres d’avortement de plusieurs villes contre le droit des femmes à disposer de leur corps. Défendons le droit à l’avortement, mais aussi le droit d’avoir des enfants sans s’appauvrir ! C’est pourquoi nous luttons aussi pour des places gratuites et de qualités pour chaque enfant dans les crèches et dans l’enseignement ! Pour des services publics de qualité, non à l’austérité !

    Tout ce qui nous divise nous affaiblit ! Luttons ensemble pour une autre société sans discrimination de sexe, d’orientation sexuelle, de nationalité ou de religion !


    Soutiens SOP-SAC

    Les Sanctions Administratives Communales (SAC) sont de plus en plus répandues dans notre société. Petit à petit, tout est déclaré comme étant nuisible : un jeune qui mange un sandwich sur les marches d’une église ou un travailleur qui a le malheur de sortir ses poubelles un jour trop tôt. Mais ceux qui protestent contre les maux de cette société sont aussi touchés ! A Anvers, par exemple, ceux qui ont manifesté contre Monsanto, ont été arrêtés et sont menacés de recevoir une amende. Dans la logique d’austérité, les SAC sont devenues une nouvelle méthode pour faire rentrer de l’argent.

    A Anvers, la ville espère toucher entre 1 et 1,25 millions d’euros des SAC. Nous refusons cette logique et appelons à soutenir Stop- SAC ! Le 26 octobre, il y aura une manife – station nationale contre les SAC dans la lignée de celle du 29 juin durant laquelle 1500 manifestants sont descendus dans les rues de Bruxelles. Cette dernière à clairement montré à Milquet – Madame SAC – que l’opposition à ces amendes n’est pas « du bruit sur internet ». Rejoins la campagne Stop-SAC !



    Agenda

    Meetings de rentrée

    Tu veux mieux nous connaitre ? Alors viens à nos meetings de rentrée!

    A Bruxelles, notre premier meeting sera sur l’héritage de la révolution chilienne de 1973 pour les luttes d’aujourd’hui (en + : expo photo des luttes sociales au Chili). La semaine d’après, nous parlerons de la situation en Syrie et de l’alternative à Assad et aux rebelles.

    A Liège, après un premier débat sur la Syrie et la situation de révolution et de contre-révolution au Moyen Orient et en Afrique du Nord tenu début septembre, un meeting sera organisé sur l’héritage de la révolution chilienne.

    • Bruxelles : Meeting Chili: 18/09, 19h au H13.08
    • Bruxelles : Meeting Syrie: 24/09, 19h au H22.15
    • Liège : Meeting Chili : 24/09, Fédération des Etudiants (Fédé), 24 Place du XX Août, 19h

    Soutiens la campagne Stop-SAC

    EGA est à la base de la campagne Stop-SAC en Belgique et l’initiative de la manifestation nationale du 26 octobre. Participe toi aussi à la construction d’un comité Stop-SAC dans ton université, ta haute-école…

    26 oct, 14h à la gare du Nord


    Encerclons le parlement!

    EGA soutient l’appel des comités Action-Europe (CAE) pour aller manifester autour du parlement contre le gel des salaires!

    26 sept, 17h à la Colonne du congrès

    Manifestation contre les armes nucléaires

    Fukushima a ramené dans l’actualité le danger du nucléaire civil… Ne laissons pas les gouvernements capitalistes l’utiliser comme arme!

    Manif le 20 oct à 13h au Parc Jubel

    Manifestation anti-NSV

    Début mars, les néo-nazis du NSV (jeunes du Vlaams Belang) organisent leur marche de la haine annuelle. EGA organise systématiquement une contre-manif qui surpasse chaque fois celle de l’extrême droite !

    Début mars 2014 à Anvers


    Rejoins EGA!

    Comment devenir membre? Contacte-nous !

    Via mail : egaulb@gmail.com / simonhupkens@yahoo.fr

    Via SMS : “membre EGA + Nom + Ville” au 0473.25.33.25

    Carte de membre: 3€ secondaire – 5€ supérieur

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