Tag: Soins de santé

  • La Santé en Lutte : Grande Manif’ de la Santé, Acte 2

    GRANDE MANIFESTATION DE LA SANTÉ ❌
    ❌ ET DES OUBLIÉ·ES
    ❌ ACTE 2 !
    29 MAI · 15H · BRUXELLES CENTRAL

    📣 Depuis plusieurs années, un sous-financement provoque la dégradation de notre système de soin. Malgré la pandémie, les gouvernements successifs n’ont pas changé leur politique. Il y a eu, certes, au bout de mois de lutte et sous la pression de l’actualité, des avancées dans le secteur mais les changements sont minimes et sur le terrain nous ne voyons guère d’évolution ! Où sont les moyens supplémentaires après trois vagues de contaminations?

    📣 De plus, pour faire face à la pandémie, l’État prête aux hôpitaux, ceux-ci vont donc devoir rembourser ! La santé de la population à crédit !? En réalité, la volonté de restreindre les budgets de la santé reste la même et la pression financière perdure. La rentabilité quoiqu’il en coûte humainement se maintient sur les institutions et sur le personnel. Avec, à la clé, burn-out, licenciements, management autoritaire. En résumé : pression sur les effectifs, pas de reconnaissance, cacahuètes pour les salaires et marchandisation toujours en cours… La santé vite applaudie, vite oubliée…

    📣 Pourtant, l’épidémie de Covid montre l’importance d’un service de santé fort où nous aurions tous droit à des soins de qualité. Pour cela, nous devons sortir le secteur de la logique marchande, renforcer les effectifs, revoir les normes d’encadrement, améliorer les conditions de travail et augmenter les bas salaires !

    📣 La santé, notre bien commun, est trop souvent ignoré au profit des intérêts privés et financiers. Ces derniers, à l’instar des profits des entreprises pharmaceutiques, semblent en effet être le moteur des décisions politiques. La pandémie, au lieu d’avoir été l’occasion d’une remise en question de cette logique, a renforcé les inégalités, permis des profits obscènes pour les grandes fortunes et plongé dans la précarité nombre de foyers.

    📣 Il faut développer une réelle politique de santé publique, qui englobe à la fois des changements concrets au sein du secteur mais aussi au delà: sur les déterminants de santé (logement, éducation, alimentation, environnement, culture, etc.) et sur les discriminations structurelles qui impactent l’accès universel à la santé.

    📣 Seule une mobilisation de l’ensemble du secteur et de la population pourra inverser cette tendance qui veut que l’argent passe avant la santé !

    🔺 REVENDICATIONS : REFINANCEMENT DES SOINS DE SANTÉ !

    1. Investissons dans nos institutions de soins. Du personnel médical au personnel d’accueil, logistique et hôtelier, nous devons être plus nombreux·ses et disposer des outils et moyens nécessaires !
    2. Il faut renforcer les normes d’encadrement pour plus de soignant·es au chevet des patient·es ! Les normes d’encadrement sont datées, dangereuses et ne correspondent plus à la réalité du terrain.
    3. Stop à la charge administrative et informatique qui nous éloigne de l’essentiel de nos métiers !
    4. Revalorisation salariale pour les bas salaires et la fin des contrats précaires.
    5. Pour un contrôle démocratique par les travailleur·euses et usagèr·es sur les budgets de santé. C’est à nous de décider !
    6. Pour des soins de qualité accessibles à toutes et tous : fin de la tarification à l’acte et de la médecine à plusieurs vitesses.
    7. Ouvrir les brevets, c’est bon pour la santé : levée des brevets sur les vaccins et sur la production pharmaceutique dans son ensemble ! Non aux profits sur notre santé !

    La Grande Manif de la Santé Acte 2 s’inscrit dans un appel européen que nous avons lancé avec plusieurs collectifs pour une journée de mobilisation internationale le 29 mai ! Il y aura donc des mobilisations partout en Europe ce jour là.

    Face à la crise sociale et sanitaire, renforçons la solidarité et la démocratie, renforçons nos salaires, nos effectifs, nos budgets et l’accès pour tou·te·s à des soins de qualité. À Bruxelles, soyons encore plus nombreuses et nombreux que le 13 septembre dernier !
    ℹ️ Rendez-vous à 15h le 29 mai à Bruxelles Central !
    ✊ Venez avec vos plus belles pancartes, vos slogans, vos blouses (ou pas) et votre détermination ! 😍
    ℹ️ Si vous voulez organiser un départ collectif d’une autre ville n’hésitez pas à nous contacter!

  • [La Santé en Lutte] Encore une fois les lieux de travail pointés du doigt !

    Nous l’avons souvent dénoncé et aujourd’hui, alors (qu’enfin) les chiffres viennent confirmer notre analyse, le gouvernement maintien son cap du confinement du social et du privé au profit du travail et de la consommation. Le deux poids deux mesures continue. Celui-ci est le résultat d’une vision marchande de la société, une vision ou l’intérêt économique prime sur le bien être et la santé.

    Depuis le début de la pandémie l’État cherche à sous estimer et à minimiser l’impacte du travail sur les contaminations au Covid-19 (absence de chiffre, absence de contrôle, recommandations sans sanctions, etc etc). D’un côté la culture, les loisirs, le social et le privé stigmatisés, contrôlés et confinés à grand renfort de police; de l’autre la consommation, le travail et l’école encouragés, comme si c’était des lieux, ou des activités, plus sûrs que les autres. En réalité il n’est certainement pas plus sûr d’être au travail sans pouvoir respecté les distanciations physiques qu’être dans une salle de cinéma à deux sièges de son voisin.

    Le gouvernement fait des choix, ceux-ci sont en faveur des intérêts économiques des employeurs et de la finance. Ils ne sont pas en faveur des PME, de l’économie locale, associative ou culturelle, et encore moins de notre vie sociale. Ces choix sont ceux d’un État qui préserve coûte que coûte le cap néo libéral au détriment de la santé physique ou mental de la population.

    Lutter pour notre santé c’est aussi lutter pour une changement de paradigme et remettre le bien être (la santé physique et mentale) au centre de nos réflexions !

    PS : Rappelons quand même que monsieur Timmermans, président de la fédération des employeurs belge (FEB), osait dire fin avril que “l’endroit où vous travaillez est peut-être le lieu le plus sûr pour ne pas être contaminé”. Cette affirmation sans fondement scientifique avait comme seul objectif de déconfiner le travail afin de préserver les intérêts des employeurs. Cette propagande, menée par nos employeurs et nos gouvernements, cherche à tromper les citoyen·nes afin de faire accepter les mesures inégales sur le plan sanitaire.

    Envoyez nous vos témoignages via email lasanteenlutte@gmail.com ou via message sur facebook. Racontez nous comment ça se passe dans votre institution de soin !

    Une problématique sur votre lieu de travail? Contactez La santé en lutte si vous désirez de l’aide pour vous organiser, du renfort dans vos mobilisations, un relais médiatique ou quoi que ce soit qui pourrait contribuer à la lutte !

  • La Santé en Lutte rue de la Loi : en route vers l’acte 2 de la Grande Manifestation de la Santé !

    Communiqué de La Santé en Lutte suite au rassemblement de ce vendredi 11 décembre.

    Ce soir, nous étions nombreuses et nombreux devant les lieux de pouvoir ! Aujourd’hui encore, nous leur avons montré notre détermination à combattre leurs politiques austéritaires et tous les drames qu’elles ne manquent pas de produire ! Nous sommes nombreu·ses à défendre un droit pour toutes et tous à un système de santé de qualité ! La Santé est un droit fondamental !

    MERCI à toutes et tous d’être venu·es !

    Aujourd’hui encore, nous leur avons montré que nous ne sommes pas dupes : les gouvernements qui se succèdent ne remettent nulle part en question le choix de la marchandisation du secteur de la Santé. Ce ne sont ni les remerciements, ni les applaudissements ou les primes qui nous préserverons toutes et tous, soignant.es comme patient.es, de revivre un tel cauchemar !

    Nous avons besoin de plus de bras. Maintenant ! Pas l’année prochaine ! Pour ça il faut engager. Maintenant ! Pas l’année prochaine. Du personnel est disponible, il faut développer des bonnes conditions de travail pour maintenir le personnel en place et attirer de nouveaux/elles collègues. Il existe 19000 infirmièr·es diplomé·es dans la nature (1) et plus encore à temps partiel. Nous avons un taux de chômage à 6% et les structures de soins maintiennent beaucoup de collègues en contrat précaire : CDD, intérim, temps partiel imposé. Au lieu d’améliorer nos conditions, le gouvernement exploite la bonne volonté de la population pour la faire travailler gratuitement via le recours au volontariat. Au lieu d’engager des aides soignant·es ou plus de personnel d’entretien, par exemple, l’Etat instrumentalise les étudiant·es. En somme, au lieu de réinvestir et d’engager, le gouvernement préfère brader nos métiers et mettre en concurrence les bénévoles et les étudiant·es avec les travailleur·euses salarié·es… c’est un comble ! Pire, une injure.

    Au lieu d’un réel débat public et d’une défense de la Santé comme un droit fondamental, ce sont des primes à la consommation que l’on nous verse pour essayer de nous faire taire. Nous ne les laisserons pas nous leurrer !

    C’est la tarification à l’activité qu’il faut dénoncer, instaurée il y a plus de 15 ans, qui n’a fait que créer une course à la rentabilité, et dont la logique est antinomique de celle du soin. C’est l’austérité appliquée au secteur, engendrant morts et complications médicales, qu’il faut combattre. C’est la réduction du nombre de lits d’hôpital qu’il faut dénoncer, qui ne cessent de baisser depuis 1990 (2). Ce sont les causes des pénuries d’infirmièr·es qu’il faut questionner. C’est de la précarisation des métiers logistique et hôtelier qu’il faut parler. C’est de l’organisation actuelle des soins de santé, morcelés entre diverses compétences publiques, qu’il faut débattre. C’est du nombre de médecin en activité à temps plein – moins d’1 médecin pour 1000 habitant·es selon l’INAMI en 2016 (3) – qu’il faut parler. C’est la baisse continue de l’accessibilité réelle et effective aux soins qu’il faut dénoncer. C’est l’augmentation du nombre de patient·es par soignant·es. C’est le “marché des séniors” qu’il faut remettre en cause. Ce sont ces questions qui sont essentielles, et qui sont les seules à même d’apporter une réponse structurelle et pérenne !

    Il est urgent de dénoncer tout ça et demander justice et dignité pour nous toutes et tous. Nous museler au prétexte des risques sanitaires auxquels nous sommes par ailleurs exposés du fait du maintien des occupations non essentielles et de l’absence de mesures de protection adéquates (par exemple dans les transports en commun et dans les écoles) c’est encore ajouter une violence à celle que nous subissons depuis tant d’années.

    Nous voulons un changement clair de la politique des soins, maintenant. Nous refusons de travailler pour du chiffre et de soigner des numéros ! Nous voulons une politique de prévention efficace et du temps pour prendre soin de la population. Nous voulons plus d’effectifs soignants, logistiques, administratifs et hôtelier afin de d’améliorer le travail au chevet des patient·es et les conditions de travail de l’ensemble des professions lié au secteur de la Santé. Il faut mettre fin à la dynamique austéritaire de nos gouvernements qui provoquent un affaiblissement des nos services publics, et renforcer le financement de la Santé pour améliorer les conditions de travail et la qualité des soins.

    Que nous soyons soignant·es, patient·es d’aujourd’hui ou de demain, nous sommes toutes et tous concerné·es par la Santé ! Notre détermination est sans faille ! Nous devons augmenter le rapport de force ! Nous appelons toutes les personnes qui le souhaitent à nous rejoindre pour renforcer le combat ! Et c’est pourquoi La santé en lutte appelle à une grande journée d’action et de grève de l’ensemble du secteur au printemps !

    Bientôt, nous nous redonnerons rendez-vous dans la rue pour l’acte 2 de la Grande Manifestation de la Santé !!
    VIVE LA LUTTE DE LA SANTE !
    VIVE LA LUTTE POPULAIRE !
    VIVE LA SANTE EN LUTTE !

    Photos de marina et Celia

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  • Lutter et arracher plus de moyens pour la santé et le social !

    « Une troisième vague, ce serait honteux! », a déclaré Yves Van Laethem, le porte-parole interfédéral de la lutte contre le coronavirus. Mais soyons clairs, la deuxième l’est déjà tout autant. Quand des spécialistes parlaient de la deuxième vague à venir, des risques du déconfinement en toute hâte, de la catastrophe de la rentrée scolaire,… ils étaient traités de « drama queens » par l’ancienne ministre de la santé Maggie De Block. Ils n’ont pas été plus écoutés par l’actuel gouvernement.

    Par Nicolas Croes

    Marc Wathelet, Docteur en Science et spécialiste en coronavirus humain, faisaient partie de ceux qui ont alerté les autorités dès le mois de février sur la gravité de la situation. Il explique : « Après seulement deux mois de cours, le niveau déclaré de contamination dans les écoles est alarmant. Et il doit nous alerter davantage encore puisqu’on sait qu’il est très largement sous-évalué en raison de l’absence de dépistage sérieux chez les enfants, et ce, conformément aux recommandations absurdes de Sciensano. Bien sûr, lesdites recommandations sont bien commodes pour qui veut camoufler le problème et prétendre que les contaminations se font au domicile et pas à l’école. » Il poursuit : « La triste réalité, c’est que la motivation principale pour maintenir les écoles ouvertes est de permettre à leurs parents de travailler – il faut être aveugle pour ne pas le voir. » Quant au lieu de travail, c’est un autre foyer de contamination important : la moitié des entreprises contrôlées ne respectent pas les mesures sanitaires imposées (RTL.be, 9 novembre 2020).

    « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent », disait Einstein. Et pourtant, le 16 novembre, les écoles ont été réouvertes en présentiel, une « décision non seulement odieuse, mais également criminelle, car il s’agirait bien d’homicides volontaires » selon Marc Wathelet. Mais la seule folie ici, c’est celle d’avoir continué à respecter la loi du profit des entreprises. L’imposition des masques n’y est toujours pas obligatoire ! Cela ne coûterait rien à l’État, mais bien aux entreprises, et ce sont elles qui dictent la marche à suivre.

    Ça suffit !

    Alors que le secteur des soins de santé souffre depuis longtemps d’un sous-financement chronique, les autorités refusent de revenir sur les précédentes mesures d’austérité criminelles. Pour répondre aux besoins de soins de qualité dans des conditions de sécurité optimales, il n’y a eu que quelques promesses et mesures insuffisantes, arrachées qui plus est sous la pression de la mobilisation des travailleuses et des travailleurs. Il faut continuer sur cette voie de la mobilisation.

    Nous avons besoin d’une refinancement public drastique des soins de santé et du social pour faire face aux effets de la pandémie, y compris psychologiques. Nous avons besoin de la réduction collective du temps de travail avec embauches compensatoires pour être en mesure de nous occuper de nos enfants lorsqu’ils sont à la maison. Et d’un plan d’urgence pour rénover et amplifier l’infrastructure de l’enseignement. Et d’un plan de soutien aux indépendants. Combien allons-nous encore avoir de suicides de personnes qui se retrouvent la corde au cou, à l’image d’Alysson, cette jeune barbière qui s’est suicidée à Liège parce qu’elle ne pouvait pas faire face à ses factures ?

    Les Belges veulent un monde plus solidaire. Un sondage Ipsos commandé par le CNCD-11.11.11 a mis en avant que 61 % des sondés (données semblables en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles) défendent le renforcement de la sécurité sociale pour faire face à cette crise. 80 % des sondés soutiennent l’inscription d’un vaccin contre le coronavirus dans le domaine public, c’est à dire sans brevet, afin qu’il soit disponible à toutes et tous. Mobilisons cette aspiration à un monde solidaire dans la lutte concrète pour un autre système, pour une société socialiste démocratique !

  • Secteur des soins – Le gouvernement bat le chaud et le froid

    Photo : La Santé en Lutte

    Frank Vandenbroucke (SP.a, ministre fédéral de la santé publique) et Ben Weyts (N-VA, ministre flamand de l’enseignement) appliquent la même méthode: battre le chaud et le froid. Ben Weyts souhaite que les syndicats acceptent plus facilement le licenciement des enseignants en échange d’une nomination plus rapide (qui aurait immédiatement beaucoup moins d’intérêt en termes de sécurité d’emploi). Frank Vandenbroucke souhaite que le personnel soignant accepte la nouvelle loi concernant la délégation des tâches de soins infirmiers en échange d’une prime supplémentaire (qui ne serait que ponctuelle). Ils ne changeront pas la situation désastreuse de ces deux services essentiels.

    Par Anja Deschoemacker

    Que demande le personnel soignant ? La manifestation du 13 septembre organisée par le collectif La Santé en Lutte – qui a mobilisé des milliers de travailleuses et travailleurs de la santé en dépit des contaminations et des mesures sanitaires – exigeait un refinancement public du secteur afin de disposer de plus de personnel avec de meilleurs salaires et d’un service de qualité accessible à toutes et tous. Ils ont dû repousser une tentative d’interdire leur manifestation en faisant appel à l’opinion publique par le biais d’une lettre ouverte signée par plus de 1.000 soignants et ont fait face à la répression policière pendant la manifestation.

    Aujourd’hui, Frank Vandenbroucke ajoute l’insulte à l’injure : le personnel soignant peut recevoir une prime unique, une petite tape dans le dos. Mais le gouvernement refuse tout changement fondamental pour éviter au personnel des efforts surhumains et ne pas les placer devant le choix inhumain de décider qui sera soigné ou pas.

    La loi sur la délégation des tâches infirmières n’est pas seulement une insulte aux infirmières et infirmiers, c’est un cadeau au patronat du secteur pour encore plus presser le personnel comme des citrons tout en réduisant la qualité des soins. Dans son tract de novembre, La Santé en Lutte déclare : « une révolte légitime se développe dans nos rangs ».

    Organisons une deuxième vague de lutte !

    Au moment d’envoyer ce journal à l’impression, les premières actions étaient déjà annoncées. La pandémie a fait comprendre à de larges pans de la population ce que le personnel savait déjà : la loi du profit et la logique d’austérité tuent le secteur de la santé. Depuis des années, il pleut des témoignages de soignants selon lesquels la qualité des soins est mise à mal en raison du manque de personnel. Bien avant la pandémie, le risque d’épuisement mental et de burn-out y était très élevé. En Belgique, une infirmière s’occupe en moyenne de 10 patients, contre 5 dans un pays comme la Norvège. Ce n’est pas avec un membre du personnel supplémentaire par équipe (la seule chose déjà accordée) que la situation deviendra gérable.

    Le gouvernement fait la sourde oreille. Des moyens supplémentaires ont été consacrés à la santé, mais pas pour un véritable refinancement et pour mettre fin à la logique commerciale qui domine le secteur depuis ces dernières décennies, tant dans le secteur privé que dans le secteur public. Les fonds supplémentaires visent à combler certains trous et – surtout ! – à mettre fin à la “révolte légitime” des travailleuses et des travailleurs.

    Une deuxième vague de résistance est absolument nécessaire si nous voulons des soins de santé à la hauteur, sans bénévoles non qualifiés et non rémunérés, sans que le personnel testé positif au covid ne doive se rendre au travail et supporter la lourde charge mentale du risque d’infecter des patients déjà très vulnérables, sans que les tâches infirmières ne doivent être effectuées par du personnel ne disposant pas des connaissances professionnelles indispensables.

    Pour le 11 décembre, La Santé en Lutte appelle à un rassemblement rue de la Loi. Nous appelons chaleureusement nos lecteurs à y participer. Une nouvelle grande manifestation et l’élaboration d’un plan d’action syndical dans le secteur devraient être les prochaines étapes pour abroger cette loi et imposer au gouvernement de répondre aux exigences réelles du personnel.

  • 11/12 La Santé en Lutte : Rassemblement rue de la Loi contre la loi sur la délégation des soins

    Un appel à l’action lancé par La Santé en Lutte.

    Le gouvernement nous lâche des primes et des mesurettes mais la loi sur la délégation des soins reste en place ! Le vieux rêve de Maggie De Block est ici concrétisé par Franck Vandenbroucke. Brader nos métiers c’est mettre nos patient·es en danger !

    De plus, ces primes ne concernent pas l’ensemble du secteur. En sont exclus les maisons de repos, les maisons psychiatriques, le domicile, les maisons médicales, les travailleurs et travailleuses obligé·es d’exercer avec un statut indépendant, etc. alors qu’ils et elles ont subi de plein fouet la première et la deuxième vague.

    Ces mesurettes font écran aux problèmes fondamentaux que cette crise sociale et sanitaire ne fait qu’exposer sous une lumière crue. Le cœur du problème est d’avoir décidé il y a plus de 30 ans que le secteur de la santé devait devenir un marché, répondant à des logiques de rendement. Dès lors, l’augmentation de la charge de travail par travailleur·euse, la détérioration des conditions de travail et de la qualité des soins étaient inévitables.

    Nous ne les laisserons pas nous leurrer ! Nous voulons un changement clair de la politique des soins. Nous refusons de travailler pour du chiffre et de soigner des numéros ! Nous voulons une politique de prévention efficace et du temps pour prendre soin de la population.

    Nous voulons plus d’effectifs soignants, logistiques, administratifs et hôtelier afin de décharger le travail au chevet des patient·es et d’améliorer les conditions de travail de l’ensemble des professions lié au secteur de Santé. La délégation des soins infirmiers est une solution proposée par le gouvernement pour éviter de prendre de réelles mesures et de renforcer efficacement les effectifs. Nous n’en voulons pas ! Nous voulons attirer et conserver les soignant·es sur le terrain et pour ça il faut renforcer les équipes et les salaires et pas brader la profession. Il faut un changement de logique !

    Mais ce changement n’est pas proposé par le gouvernement et le ministre de la Santé, ce qui est proposé sont des pansements sur des jambes de bois afin de nous faire avaler la pilule et conserver le cap de la marchandisation. Ceci est inadmissible quand on voit les ravages d’une telle politique !

    Il est urgent de réagir, pas dans deux mois, pas lors du déconfinement, maintenant ! Car la gestion actuelle de la crise sanitaire augmente le nombre de mort·es, aggrave la crise sociale et privilégie toujours la même classe sociale. Les travailleur·euses essentiel·les, les soignant·es, les petit·es indépendant·es, les précaires, sont celles et ceux qui vont payer la crise ! Et c’est inadmissible.

    Rassemblons nous devant les lieux de pouvoir, là-même où sont prises les décisions, afin de dire non à leur politique ! La lutte sociale ne peut être confinée !

    Rendez-vous le 11 décembre à 17h au métro Arts-Loi à Bruxelles !

    • Pour le retrait immédiat de la loi de délégation des soins
    • Pour plus d’effectifs dans le secteur des soins
    • Pour une vraie augmentation salariale
    • Pour un refinancement structurel de la santé
    • Pour une véritable politique de prévention
    • Pour des mesures sanitaires solidaires

    Sans cela, aucune politique de santé publique respectueuse, digne et efficace ne sera possible ! La santé est un bien commun et un droit fondamental !

    ! ATTENTION : respectons le port du masque et la distanciation physique !

  • Notre système de soins de santé maltraite ses malade mentaux

    De nos jours, de nombreux éléments manquent à des soins de santé pour qu’ils soient efficaces en santé mentale. Entre autre manque de moyens pour la réinsertion des patients et manque de soutien psychologique dans les unités de soin psychiatrique.

    Par Benjamin (Liège), contribution d’un sympathisant

    Le circuit qui est mis en place pour soigner les malades mentaux qui n’ont pas un filet de sécurité (un entourage familial ou bien un revenu de remplacement) est défectueux. Lorsque quelqu’un va dans un hôpital psychiatrique, on traite son cas en urgence et puis généralement, si le traitement de la personne en ambulatoire est impossible (c’est-à-dire chez elle et en rendez-vous réguliers chez un professionnel), les professionnels de la santé mentale ont mis en place un circuit de réinsertion sociale qui passe par des institutions de soin comme des habitations protégées ; c’est-à-dire des structures où des gens se retrouvent dans une vie en communauté dans une maison gérée en partie par une équipe de soignants qui va traiter les cas à l’individuel.

    Depuis les coupes budgétaires dans les soins de santé du début du gouvernement Michel, les soignants ne peuvent plus faire face à la demande. Le résultat, c’est qu’il existe un système tordu où l’on propose à des malades mentaux un circuit de réinsertion mais ce circuit ne prend pas en charge tout le monde. Le système de soin de santé à évolué grâce aux méthodes thérapeutiques et s’est doté d’un circuit de soin qui a pour but d’aider les patients à aller vers l’autonomie. Il permet par exemple à un patient d’avoir un suivi après son hospitalisation et d’intégrer des structures plus légères.

    Les coupes dans les soins de santé et le manque de structures existantes engendre des difficultés. Vous allez trouver dans la rue des gens que l’Etat n’est pas capable de soigner par manque de moyens. Des gens sont donc en dehors de ce fameux circuit de soins qui permet de les accompagner après leur passage à l’hôpital. Rien n’est prévu pour les aider. De nos jours, il y a tout simplement trop peu de structures pour faire face à la demande. Le constat est clair et sans équivoque, il y a des gens dans une situation précaire et qui ont besoin d’une médication et d’un encadrement psychiatrique.

    Pour continuer dans le système « débrouillez-vous », à présent, la tendance est à prescrire à outrance des médicaments aux patients. Si les thérapies médicamenteuses sont absolument nécessaires dans certains cas, le problème survient quand elle ne sont pas couplées avec un suivi psychologique, infirmier ou simplement des échanges humains avec le personnel soignant. Pourtant les soins de santé en psychiatrie passent aussi par la psychothérapie et la communication. Il ne sert à rien de bourrer les gens de médicaments sans analyser ce qu’il y a comme problèmes chez eux. Au-delà des problèmes liés à certaines méthodes et limites thérapeutiques, il n’existe presque plus de traitement par la parole dans la plupart des hôpitaux psychiatriques. La science a établi qu’il est nécessaire que la personne suive un traitement médicamenteux mais aussi qu’elle soit suivie par une thérapie par la parole ou bien des activités. Ce type de thérapie existe mais est sous-financée et sous-encadrée. Il existe donc des problèmes de suivi thérapeutique qui peuvent mener une personne en difficulté psychologique à ne plus faire confiance aux professionnels qui ne font que la bourrer de cachets. C’est le deuxième symptôme de ce circuit qui est cassé. Au lieu de prévoir l’évolution de l’état mental d’un patient dans un avenir proche ou plus ou moins lointain, on bourre les patients de cachets avec pour horizon un retour « à la normale » sans savoir s’ils ont besoin d’être soutenus à moyen ou long terme.

    Tout cela est bien sûr occulté par le point de vue dominant que la Belgique a un système de soins de santé ultra performant. En réalité, comme dit plus haut, le secteur des soins de santé mentale est cruellement sous-financé et ce sous-financement est légitimé par les gouvernements en mettant en avant que les usagers touchent des allocations. Mais à quoi sert une allocation si elle ne permet pas d’avoir des soins de première nécessité ou bien d’un accompagnement à long terme ? Parce que les soins en santé mentale ne sont pas seulement un problème d’allocations ou bien de médicaments. En vrai, les politiciens ne connaissent que l’argent que cela coûte à la société et considèrent souvent les personnes qui sont handicapées par des troubles psychiques comme des « parasites ». Nos dirigeants ont facile en pointant du doigt les « profiteurs » et leur « paresse ».

    Nous sommes dans une société qui n’accueille plus les personnes handicapées mais qui les exclut : on les rejette parce que ce sont des personnes que l’on ne peut plus encadrer dignement. Le système de soins de santé n’est plus capable de prendre en charge les personnes qui souffrent d’une maladie mentale par manque de moyens. C’est un problème qui préoccupe des centaines de spécialistes et d’associations de patients depuis de longues années : le secteur associatif fait le travail des assistants sociaux des hôpitaux. Il tente de combler les carence des hôpitaux de première ligne (d’urgence) tout en faisant face lui aussi à un manque de moyens. Cet état de fait a des conséquences importantes sur la vie des personnes atteintes de troubles mentaux. Le tendance à la sur-médication a un impact sur l’intégration des personnes en situation de handicap qui sont des malades mentaux lourds (les schizophrènes etc.).

    Pour résumer : l’une des possibles solutions au tournant libéral des dernières décennies est de refinancer le secteur pour pouvoir vraiment avoir un circuit pour la réinsertion des personnes qui souffrent de problèmes de santé mentale. Il faut engager du personnel qui permette un suivi des personnes qui ont un parcours psychiatrique et un suivi médicamenteux et psychologique digne.

    Le suivi peut par exemple être basé sur le circuit institutionnel. Un tel circuit de soin repose sur une série d’institutions qui vont aider le patient à prendre pied dans société et à l’encadrer afin de veiller à son bien être et celui de la communauté. La réinsertion de patients étant le but d’un tel circuit. Cette dernière n’est pas juste une réinsertion par le travail mais parfois juste une porte de sortie pour pouvoir surmonter un handicap. Une réinsersion peut parfois passer par l’épanouissement personnel ou bien par un parcours de vie qui donne de la valeur dans la vie du malade, même si ce dernier n’est pas capable de travailler.

    Il nous faut défendre une société inclusive, qui accueille et soigne indépendamment du milieu où de la difficulté psychologique. Cette dernière doit palier à ce carcan dans lequel se retrouvent certaines personnes en situation de maladie mental. C’est en effet un raccourci bien trop facile : enfermer pour exclure, pour ne plus avoir à affronter. En réalité, les personnes qui souffrent d’une maladie mentale sont bien moins dangereuses que la moyenne de la société et souffrent bien plus des stéréotypes sociaux du « psychopathe » : le malade mental tueur en série. Des stéréotypes, il y en a un tas sur les malades mentaux et cela va parfois définir notre projet de société. Est-il préférable d’accueillir et de s’occuper des personnes qui ont des problèmes ou bien on enferme et on construit des lieux d’exclusion où l’on donne des médicaments à tour de bras et qui est aliénante ?

    Pour conclure, il faut financer le secteur, être penser à permettre à de plus petits services de santé mentale voir le jour. Par exemple, à Liège, il n’existe que 2 services de santé mentale. Il s’agit de services de proximité qui, à l’instar des maisons médicales, accueillent les malades mentaux. Il serait intéressant de voir fleurir plus d’initiatives de ce type. Ainsi, au lieu de laisser des malades mentaux vagabonder en ville ou bien enfermés en institutions, ils auraient un lieu où se réunir et se sentir en sécurité. De plus, un suivi dans ce genre de services permet un meilleur encadrement de la personne souffrante.

    À nouveau, la question à se poser est de savoir que faire des malades que la société produit ?! Faut-il les exclure dans des structures où on les bourre de médicaments et puis les renvoyer chez eux avec des allocations sans aucune porte de sortie ? Les laisser comme sans aucun espoir de pouvoir chercher des relations amicales ou de travail ? La solution est multimodale : il faut non seulement permettre un suivi en hôpital plus humain mais aussi prévoir des circuits de réinsertion. Comme je l’ai expliqué plus haut, le parcours des personnes malades mentales n’a pas forcément pour but de travailler, une personne handicapée peut par exemple avoir une vie sociale épanouie grâce à un meilleur maillage d’institutions de terrain : j’en ai fait une expérience personnelle et cela m’a beaucoup aidé. Certainement bien mieux que d’être simplement bourré de cachets et renvoyé bêtement chez moi. Il faudrait un meilleur maillage du territoire par des services qui vont visiter les patient et qui permettent un accueil et une prise en charge qui inclus la personne dans un groupe de gens qui tout comme elles sont en voie de rétablissement afin de finalement se réinsérer.

    La solution, c’est une société où l’on permet une vision inclusive de la maladie mentale : une société où l’on donne les moyens aux hôpitaux, structures et associations d’avoir la possibilité de donner une vie digne aux malades mentaux. Une véritable société socialiste ne peut pas exister sans prendre en compte ceux que le capitalisme laisse de côté par soucis d’économie.

  • Maisons de repos et de soins : Stop à la mainmise du privé !

    Les multinationales s’imposent dans les soins aux personnes âgées. Ces dernières années, le nombre de places supplémentaires dans le secteur fut principalement le fait d’entreprises privées souvent détenues par des groupes d’investisseurs. Senior Living Group, Orpea et Armonea sont les trois plus grands opérateurs commerciaux des maisons de repos et de soins en Belgique. Les trois structures sont françaises. Ensemble, elles représentent plus de la moitié des établissements reconnus comme maisons de repos du pays.

    Les groupes privés qui investissent dans les maisons de repos (MR) et les maisons de repos et de soins (MRS) ne le font pas par souci de permettre aux aînés de passer les dernières années de leur vie dans un établissement confortable. Ils le font avant tout pour le profit. Car ces établissements de repos et de soins sont très rentables. Les économies d’échelle et les ‘‘gains d’efficacité’’ (faire plus avec moins de personnel) ont dopé les bénéfices. Si les actionnaires ont reçu de solides dividendes, plusieurs scandales ont éclaté sur la façon dont le personnel et les résidents sont traités. En 2017, un reportage de la VRT révélait qu’à peine 3,5 euros par jour et par occupant était consacrée aux repas dans une maison de repos. Pourtant, un séjour dans une maison de repos en Flandre coûtait en moyenne, à la famille, 59 euros par jour en moyenne, soit 1.771,5 euros par mois. Rappelons que la pension mensuelle s’élève en moyenne à 1.100 euros !

    Le nombre très élevé de décès dus à la pandémie a fortement réduit la confiance des familles envers les maisons de repos. Cet été, 9.000 lits étaient inoccupés dans l’ensemble des institutions flamandes, soit plus de 10% de la capacité totale. Une fois n’est pas coutume, la réaction du ministre flamand, Wouter Beke, a été rapide: le gouvernement flamand a immédiatement alloué 122 millions d’euros pour compenser le manque à gagner. Les autorités flamandes ont été plus promptes à assurer les profits de ce secteur privé qu’à protéger la vie des aînés.

    Les dirigeants du secteur restent optimistes. ‘‘Le vieillissement de la population continue et nous pourrons alors remplir à nouveau les chambres’’, déclare un cadre supérieur du Senior Living Group. Cet optimisme n’est pas surprenant : les déficits d’aujourd’hui sont pour la collectivité, mais les bénéfices de demain seront pour les actionnaires. Le secteur compte sur la pénurie de soins pour obliger les gens à payer beaucoup d’argent pour des soins de base.

    Nos aînés méritent mieux ! Nous voulons des soins humains et accessibles à tous et avec un personnel bénéficiant de bonnes conditions de travail et de bons salaires. Impossible ? Tant que l’on accepte le modèle commercial, certainement. Finissons-en avec la logique de marché et la soif de profit !

  • Des milliers de personnes ont répondu à l’appel de La Santé en Lutte

    Plus de moyens publics pour des soins de santé pour toutes et tous !

    Combien de milliers de personnes ont répondu à l’appel du réseau militant “La Santé en Lutte” ? Difficile à dire… Une chose est claire, cette mobilisation était considérée par beaucoup non seulement comme une manière de passer des applaudissements au poing levé pour soutenir le personnel de la santé, mais aussi comme la meilleure façon d’assurer que la résistance sociale sorte du confinement !

    Le personnel soignant était évidemment très visible dans la foule, grâce à leurs blouses souvent décorées de slogans et de la multitude de pancartes et de banderoles. C’est une marée de pancartes faites maison qui a déferlé sur le Mont des Arts à Bruxelles avec des slogans tels que « Infirmières maltraitées, patients en danger », « Hommages aux soignants partis trop tôt, partis trop vite », mais aussi un grand nombre de pancartes et de banderoles liées à la défense et au renforcement de la sécurité sociale, dénonçant les conséquences mortelles de l’austérité,… Au-dessus de tout cela, une gigantesque banderole de « La Santé en Lutte » résumait parfaitement l’état d’esprit : « Pas de profits sur nos vies ».

    Pour que le gouvernement aille chercher l’argent là où il est pour l’investir dans un service public de qualité et accessible à toutes et tous, avec de bonnes conditions de travail et de salaire pour tout le personnel (des infirmières et des soignants aux personnels de nettoyage et de cuisine), il faut construire une solide relation de force. Est-ce que la manifestation d’aujourd’hui a représenté un pas dans cette direction ? Cela ne fait aucun doute.

    Les militantes et militants du PSL/LSP, de la Campagne ROSA et des Etudiants de Gauche Actifs ont activement mobilisé pour cette Grande Manifestation de la Santé dès que l’événement a été annoncé. Cette semaine encore, nous nous sommes notamment rendus sur le piquet de grève d’InBev à Jupille (Liège) où un foyer de coronavirus a été décelé et où les travailleuses et travailleurs sont en grève depuis plus d’une semaine maintenant tout simplement pour faire respecter leur droit à travailler sans des conditions saines !

    Toute la narration des autorités selon laquelle « nous sommes tous dans le même bateau » n’a pas mis longtemps à voler en éclats. Le patronat ne s’intéresse qu’à la production et à ses profits, les autorités font la sourde oreille face aux revendications légitimes du personnel de la santé. Un milliard d’euros a été promis de la part des autorités fédérales, mais il faudra voir ce qui est restera une fois que ces belles paroles seront concrètement traduites… et cela est plus qu’insuffisant ne fut-ce que pour revenir sur les mesures d’austérités du gouvernement précédent dans les soins de santé : 2,3 milliards d’euros !

    La manifestation de La Santé et Lutte n’est que le début du déconfinement de la lutte sociale, ce qui s’impose pour obtenir des victoires sur tous les fronts. Les travailleuses et travailleurs n’auront d’autre choix que de s’organiser pour riposter à toutes les tentatives de nous faire payer la crise économique, sanitaire et écologique : la faillite du système capitaliste en bref. Ce sont les travailleuses et travailleurs qui font tourner le monde, et non les actionnaires des grandes entreprises qui empochent les bénéfices. Il est grand temps que ce soient elles et eux qui le prennent en main !

    Photos de Liesbeth:
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    Photos de Jean-Marie:
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  • La crise des soins est loin d’être terminée… Continuons le combat !

    Face à la grande solidarité dont bénéficie le personnel soignant, le gouvernement a bien dû lâcher du lest et donner au moins l’impression de s’attaquer aux pénuries. Un milliard d’euros supplémentaires a été mis à disposition des soins de santé. Pour le chef de groupe CD&V à la Chambre Servais Verherstraeten : ‘‘La paix sociale dans ce secteur peut avoir ce prix’’. Ces fonds sont évidemment les bienvenus… mais ils surviennent après que 2,3 milliards d’euros aient été économisés sous la direction de la ministre De Block ! Cet été, la question des soins s’est imposée lors des débats politiques des Fêtes de Gand (diffusés en streaming). L’un des intervenants était l’infirmier Bart Van der Biest. Voici ci-dessous quelques extraits de son intervention.

    Les hôpitaux sont-ils prêts pour une deuxième vague ?

    ‘‘Tout le monde dans le secteur des soins a rapidement senti que les médias et les responsables politiques concentraient leur attention sur les hôpitaux. Non pas que cela se soit passé si bien que cela : les mesures de sécurité ont été modifiées presque tous les jours. De plus, nous avons dû adapter notre façon de travailler en raison des pénuries : par exemple, nous avons dû recycler du matériel de protection à usage unique. Les hôpitaux ont dû établir un plan pour se procurer du matériel de protection. L’un des avantages des réseaux hospitaliers est que certains grands hôpitaux ont créé leurs propres ateliers pour fabriquer leurs propres masques et approvisionner les autres hôpitaux du réseau. Mais même comme cela, le service des achats de l’hôpital était essentiellement occupé à chasser des masques.

    ‘‘Le personnel soignant supposait bien qu’une deuxième vague allait arriver. Beaucoup espéraient que ce ne serait pas avant octobre ou novembre, afin d’avoir le temps de se rétablir. Il faut imaginer ce que cela représente de se promener dans une salle Covid pendant 8 ou 11 heures dans une combinaison d’astronaute quand il fait chaud ! De nombreux collègues vivent sous adrénaline depuis des mois. On peut craquer à n’importe quel moment, très certainement lorsqu’il n’y a pas de période de récupération. En termes de logistique et de structure, les hôpitaux sont préparés pour une deuxième vague, souvent en se rendant compte qu’elle peut s’étaler dans le temps. Ce sont les capacités du personnel qui posent problème. On ne peut pas tirer indéfiniment sur l’élastique. Tôt ou tard, il casse. Pendant la crise sanitaire, le personnel de santé a été très flexible, mais il y a des limites à cela.’’

    Comment faire évoluer les soins ? Et qu’est-ce qui doit changer ?

    ‘‘Cela devra se faire de bas en haut, par des actions et une mobilisation organisées par le personnel soignant. La large solidarité avec le personnel peut être mise à profit comme une opportunité pour remettre en question toute l’organisation actuelle du secteur.

    ‘‘Après la crise de 2008, le monstre du néolibéralisme a frappé la santé de plein fouet. Désormais, les soins ne sont plus considérés que sous l’angle budgétaire : pour obtenir de bons chiffres, il faut faire des économies et le secteur des soins est examiné à la loupe. Il ne s’agit plus des soins, mais d’un équilibre comptable.

    ‘‘Pour y parvenir, on attend de plus en plus du personnel soignant qu’il devienne un robot. On assiste à une industrialisation des soins de santé : moins de ressources signifient ‘‘rationalisation’’ afin de réaliser des ‘‘gains d’efficacité’’. Le processus de soins est divisé en petites parties avec des mécanismes de contrôle. Le patient est, en quelque sorte, placé sur un tapis roulant et une action est effectuée ici et là. La formation parle d’une approche holistique , mais la pratique est complètement différente. Cette différence entre la théorie et la pratique rend plus difficile la recherche de nouveaux travailleuses et travailleurs.

    ‘‘D’autre part, cette industrialisation signifie que les pratiques de gestion des secteurs à but lucratif sont maintenant transférées au secteur à but non lucratif. Quand j’ai commencé ma carrière d’infirmier il y a 20 ans, nous avions un comité exécutif, un bureau avec des cadres intermédiaires et ensuite les chefs de département. C’était la fin de l’histoire. Maintenant, il y a toute une série de responsables. Autour du conseil d’administration existent toutes sortes de postes aux noms anglais qui sont très coûteux. En dessous, il y a toute une armée de managers. Au lieu d’un bureau avec des cadres intermédiaires, il y a un couloir complet. Les chefs de service sont censés gérer leur équipe sans eux-mêmes pratiquer des soins, mais en raison du manque de personnel, cela n’est pas possible. Cela conduit à de nombreux cas d’épuisement professionnel. Au final, on a une sorte ‘‘d’armée mexicaine’’ avec plus d’officiers que de soldats. On ne peut pas gagner une guerre comme ça…

    ‘‘Les partis traditionnels sont favorables à l’accroissement du privé dans les soins de santé. Il suffit de penser au système d’accréditation par le biais duquel de coûteux consultants de grandes entreprises privées effectuent un contrôle des frais de l’établissement de santé afin d’attribuer des labels qui ont plus à voir avec le cadre qu’avec les soins, comme l’uniformisation de tous les casiers du personnel. Cela ne sert qu’à donner aux entreprises privées la possibilité de faire de gros profits. Pourquoi le contrôle des soins n’est-il pas organisé et effectué par la collectivité elle-même ? Il faut davantage de moyens pour les soins et ces derniers doivent effectivement être affectés aux soins eux-mêmes.

    ‘‘Aujourd’hui, la commercialisation, très certainement en Flandre où elle est le plus avancée, signifie que les bénéfices vont aux structures privées alors que la collectivité supporte les coûts. La libéralisation et la privatisation ne conduisent pas à des soins plus accessibles ou moins chers, mais à des soins plus coûteux. Nous devons payer plus pour moins de services : c’est ce que signifient les politiques néolibérales. D’autre part, nous devons défendre un secteur des soins aux mains du secteur public, afin qu’il ne soit pas une vache à lait pour des intérêts de profit privé, mais que des soins chaleureux et humains puissent occuper le devant de la scène”.
    Les moyens supplémentaires promis répondent-ils au mécontentement dans le secteur ?

    ‘‘La méfiance du personnel soignant envers la politique et les employeurs est grande. Par exemple, chaque accord social est appliqué avec beaucoup de retard. Par exemple, le droit de prendre trois semaines de congé consécutives est sur la table des négociations depuis de nombreuses années, mais cela n’a toujours pas été concrétisé.
    ‘‘L’accord historique d’un milliard d’euros pour le secteur fédéral de la santé est encore loin d’être gagné. Sur ce montant, 600 millions d’euros doivent encore être votés au Parlement fédéral en septembre. Après cela, tout doit encore être négocié en détail et converti en conventions collectives. Le précédent accord social d’octobre 2017 nous apprend que c’est l’étape la plus difficile.

    ‘‘Il faudra encore voir ce qui arrivera sur le terrain, surtout avec une deuxième vague. Le scepticisme est largement répandu et beaucoup de gens sont fatigués d’attendre. Nous devrons intensifier la pression pour obtenir plus de mains, plus de salaire et des soins attentionnés au lieu d’une industrie des soins de même qu’un renforcement de la sécurité sociale’’.

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