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Tag: Soins de santé
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Soins de santé: l’éternel dindon de la farce ?
24 novembre : grève nationale et manifestation
Dès son entrée en fonction, ce gouvernement a annoncé 2,6 milliards d’euros d’économies dans les soins de santé pour la fin 2016. Le ton était donné… Début septembre, le ministère a suggéré que ce montant s’élève à 3, 6 milliards d’ici la fin de la législature. La rapidité et la brutalité des coupes budgétaires laissent cependant penser que ce montant est sous-estimé. La facture est maintenant évaluée à environ 3,84 milliards d’euros. Pour 2017, cela signifie concrètement une économie de 902 millions d’euros. Un tiers des économies totales du dernier budget retombe donc sur le dos de la sécurité sociale.
Par un délégué syndical du secteur
Les soins de santé représentent un secteur important de l’économie. Conclusion : il y beaucoup d’argent à aller ramasser là-bas. ‘‘Les dépenses de santé représentent aujourd’hui un peu plus de 10% du produit intérieur brut (PIB), dont 2% sont financés par les gens eux-mêmes, et 8% par la collectivité. En termes de dépenses, c’est également l’un des secteurs les plus importants de notre sécurité sociale, car aujourd’hui il absorbe presque 40% de nos dépenses en sécurité sociale. Ce secteur est en croissance constante, mais surtout il croît plus vite que le PIB. Par conséquent, la part des dépenses totales de santé dans le PIB est en constante augmentation.’’ (Information CM 263, mars 2016)
Maggie De Block tente de s’ériger en défenseure des soins de santé, mais en réalité, elle nous a concocté un mélange explosif pour l’avenir proche. Sans surprise, Maggie se contredit sans cesse. Le train à grande vitesse des mesures d’économie majeures et des réformes profondes du secteur des soins de santé sortira complètement des rails et ce plutôt tôt que tard.
En ce qui concerne les réformes fondamentales, nous pouvons être brefs. Au fur et à mesure que les textes en provenance du SPF Santé publique paraissent, la direction que prend le projet devient évidente: de soins de santé collectifs, européens et non marchands, nous allons vers un système hyper-individualisé, à l’américaine et commercial.
Nous connaissons tous le dogme libéral du ‘‘dégraissage’’ de l’Etat mais en ce qui concerne les soins de santé, le gouvernement est déjà en train de couper dans les tissus musculaires. La logique libérale suppose que si l’on va jusqu’à l’os, la collectivité ne peut plus garantir la prise en charge des soins de santé et donc le secteur commercial sera accueilli à bras ouverts comme le sauveur de la patrie.
Pour Maggie De Block, la réforme serait indolore pour le patient: un pur non-sens !
Voici déjà une liste non-exhaustive… Les allocations de maladie, d’accidents de travail ou d’invalidité ont subi un saut d’index (tout comme les salaires). En revanche, les soins de santé sont de plus en plus chers. Le ticket modérateur pour une visite chez le spécialiste est porté à 12 euros. La contribution des personnes qui ont droit à un arrangement spécial en raison d’un revenu trop bas, sera également portée à 3 euros.
Un certain nombre de médicaments, y compris les antibiotiques et les médicaments contre les aigreurs d’estomac, seront plus chers pour le patient et certains ne seront même plus remboursés, parmi lesquels les sprays nasaux contenant des corticostéroïdes. Plus précisément, la facture de médicaments augmentera de 9% pour le patient. Punir le patient financièrement pour la surconsommation d’antibiotiques et d’anti-aigreurs d’estomac n’a pas de sens, car c’est le médecin qui les prescrit. Selon le secrétaire général de Solidaris: “Au total, le gouvernement fait payer aux patients 62 à 94 millions de plus de leurs poches. Mais ce montant peut augmenter de manière conséquente.
Il n’est pas du tout certain que les fournisseurs de soins de santé veulent conclure des accords tarifaires. Le risque est réel qu’ils compensent leurs pertes de revenu par des suppléments d’honoraire pour le patient.’’ (Communiqué de presse du 17 octobre, 2016). Concrètement, on parle ici de 300 millions d’euros!
En outre, la facture maximale augmente. Le gouvernement a également décidé d’économiser 7 millions dans les centres médicosociaux de quartier et de geler leur nombre. Et ce alors que ces centres offrent des soins gratuits et accessibles aux groupes les plus vulnérables.
Qu’en est-il des travailleurs du secteur des soins de santé?
Dans de nombreuses institutions, le personnel est déjà sur les rotules, le taux d’occupation minimum est plutôt la règle que l’exception avec toutes les conséquences que cela entraîne pour les prestations de service et donc les patients. Le vieillissement de la population frappe aussi le personnel. Les hôpitaux doivent économiser 92 millions d’euros l’année prochaine, alors même qu’un hôpital sur trois est déjà dans le rouge. Qui va endosser cela selon vous? Les économies comprennent également la mise en oeuvre accélérée des réformes dans le secteur hospitalier; c’est-à-dire, des pertes d’emploi et une diminution du nombre de lits.
Entre-temps, il n’y a plus eu, depuis 2005, d’accord social pluriannuel digne de ce nom qui ait été conclu dans les secteurs fédéraux. Depuis 2011, nous devons nous contenter des miettes qui tombent via des mini-accords alors que le besoin en personnel supplémentaire et motivé ne cesse d’augmenter.
Fin septembre, le front commun syndical n’a reçu qu’une seule réponse claire du cabinet De Block au cahier de revendications du secteur: nous sommes dans une période de réduction des dépenses! Après que le budget ait été établi en octobre, le bruit a couru que le gouvernement veut aussi s’en prendre aux jours de fin de carrière ou de RTT. Il existe différentes formules, mais la plus célèbre accorde au travailleur un jour supplémentaire de diminution du temps de travail par mois, par tranche de 5 ans, à 45 ans, 50 ans (2 jours par mois) et 55 ans (3 jours par mois). Pour l’introduction de cette mesure, les travailleurs ont dû renoncer à une augmentation de salaire dans un secteur où les salaires ne sont déjà pas confortables. La journée nationale d’actions (avec grève et manifestation) de l’ensemble du secteur social le 24 novembre ne tombe donc pas du ciel.
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Manque critique de personnel aux centres d’urgences
En juin, un homme est décédé parce qu’il n’est pas parvenu à joindre le centre d’urgence au numéro 112. Un temps d’attente de quatre minutes peut couter des vies. En cas de tempête ou d’orage, les centres sont presque toujours débordés. Mais le manque de personnel se ressent aussi dans des conditions ‘‘normales’’. Nous en avons discuté avec Ann, déléguée ACOD (la CGSP en Flandre) au centre d’urgence de Louvain.Peux-tu expliquer brièvement le fonctionnement des centres d’urgence ?
“Il y a environ dix ans, il a été décidé que les appels d’urgences seraient pris en charge par du personnel civil. Avant, c’était la police. Le projet consistait aussi à utiliser le numéro 112 pour les appels d’urgences dans toute l’Europe. Cela demande évidemment du personnel pluridisciplinaire qui puisse envoyer l’aide adéquate.
“L’argent a manqué, de même qu’une vision de la situation à atteindre, pour créer un service unique performant en Belgique. Les ministres se sont succédé avec chaque fois des propositions différentes. Entretemps, il existe toujours deux numéros d’urgence opérationnels: 100 (ambulances et pompiers) et 101 (police). À Louvain, nous nous trouvons tous dans la même pièce, mais ce n’est pas toujours le cas ailleurs. Quand on téléphone au 112, on arrive d’abord au 100 parce que des éventuelles interventions médicales ont la priorité.”
Quels sont les problèmes principaux sur le lieu de travail ?
“Le manque de collègues. Dans mon service, le cadre n’est pas complet : nous sommes 21, au lieu des 28 prévus. Cela mène à une pression plus élevée et régulièrement à un manque de personnes, ce qui devient encore plus problématique lors d’orages, par exemple. La pression au travail augmente l’absentéisme et les gens partent dès qu’ils trouvent un autre boulot.
“Récemment, des collègues du 100 m’ont raconté qu’une nuit d’un dimanche, une seule personne était présente pour assurer le service. C’est irresponsable ! Finalement, après de nombreux coups de téléphone, ils ont trouvé une deuxième personne. C’est déjà arrivé qu’un collègue de Flandre Occidentale vienne faire un remplacement, car il n’y a personne d’autre. S’il y a quelques collègues en vacances lorsque d’autres sont malades à cause de la pression au travail, et que d’autres ont déjà dû faire trop de remplacements, c’est très difficile de trouver encore quelqu’un pour assurer le service. Imaginez-vous que deux personnes au service 100 doivent s’occuper d’un incident sérieux comme un attentat…
“Un appel qui n’est pas vite pris en charge à cause d’un manque de call takers peut être critique. On l’a vu dans les médias en juin : un homme a essayé de téléphoner en vain au numéro d’urgence, n’est pas parvenu à les joindre et est décédé. Des cas pareils ne sont pas toujours visibles dans les médias, on ne vérifie pas toujours les appels passés sur le GSM d’une personne décédée. Avec le manque de personnel, il y aura d’autres victimes.”
Cet été, les médias ont parlé du manque de personnel. Comment a réagi le ministre ?
“Le Ministre Jambon et son cabinet ne nient pas le problème. C’est déjà quelque chose. Ils disent à chaque fois que la problématique est connue et que les recrutements sont en cours. Mais nous n’avons pas vraiment d’information là-dessus.
“Auparavant, il y avait au moins une fois par an une concertation régionale pour le personnel du 100 et pour celui du 101. Depuis le gouvernement actuel, ce n’est plus le cas dans les centrales d’urgence néerlandophones. En fait, il n’y a aucune concertation. La raison, c’est que l’administration n’a plus de personnel pour présider ces comités de concertation et c’est difficile de remplacer du personnel de ce genre. Il n’y a qu’une concertation nationale sporadique. La dernière date du 22 mars, le jour des attentats. C’est évident qu’elle n’a pas eu beaucoup de résultats.
“Nous attendons toujours un renforcement urgent. On est à cran. Cela mène au mécontentement, mais cela se limite souvent à une seule centrale ou même une seule équipe à la fois. La pression au travail et le manque de personnel minent la solidarité et rendent difficile le développement d’une vue plus large sur la politique globale de ce gouvernement. Pourtant, le manque de personnel récurant et le refus d’y remédier montrent clairement que ce gouvernement ne se soucie pas des travailleurs des centrales d’urgence ou de la population, qui devrait pouvoir compter sur le bon fonctionnement de ce service vital où chaque seconde peut faire la différence.”
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France. La politique d’austérité du gouvernement tue dans la Santé !
Cela fait un an et demi que les travailleurs des Hôpitaux de Paris luttent contre la » réforme Hirsh » qui va les précariser davantage en supprimant des RTT, en ne comptant plus les heures supplémentaires, ou en flexibilisant les horaires. Il y a eu de nombreuses grèves et manifestations, les personnels hospitaliers ont été là contre la loi travail, à Nuit Debout, malgré les réquisitions. La réforme dans les hôpitaux a été passée sans l’accord des syndicats, en mode 49.3.
Par Matthias, Gauche Révolutionnaire (CIO-France)
Les travailleurs sont pressés comme des citrons
22 000 suppressions de postes prévues pour les prochaines années, plus de 15 000 fermetures de lits d’ici 2017, c’est un massacre organisé alors qu’un gaspillage incroyable a déjà lieu en embauchant des intérimaires (!) à la pelle. Cela n’a pas l’air d’émouvoir autant Valls que trois stupides coups portés aux vitres de l’hôpital Necker à Paris…
La politique managériale s’installe pour mettre la pression sur les travailleurs. Le 13 juin, un infirmier s’est suicidé dans son bureau à l’hôpital Rangueil (31) et cela a été reconnu comme accident du travail. Le 24 juin c’est une infirmière du Groupe hospitalier du Havre (76) qui s’est aussi suicidée en laissant une lettre mettant en cause la dégradation constante de ses conditions de travail.
Notre santé en danger
La loi « santé » (qui défend autant la Santé que la loi « Travail » le travail…) de Marisol Touraine commencera à être appliquée le 1er juillet. Des Groupements Hospitaliers de Territoires (GHT) permettent d’organiser les suppressions de postes en rendant dépendants les établissements de taille moyenne aux plus gros. Déjà de nombreux services, chirurgies, urgences de nuit, maternités ont été supprimés, jugés pas assez rentables par les Agences Régionales de Santé.
Cette politique a déjà des répercussions. En 2015, l’INSEE a relevé une augmentation de la mortalité de 7.3 %, du jamais vu depuis la seconde guerre mondiale et aussi un premier recul de l’espérance de vie. Le vieillissement et la dégradation des conditions de vie l’expliquent mais l’accès aux soins rendu plus difficile a aussi un impact.
Cette casse de l’hôpital public a pour but, sans privatiser directement, de remplacer une partie croissante du système de santé public par le privé pour les profits des capitalistes, et au détriment de notre santé ! Il est nécessaire d’en finir cette loi du profit.
Il nous faut un vrai service public de santé unique, gratuit, de qualité et accessible à tous. Pour cela exigeons :
– Le retrait de la loi « santé », de la réforme Hirsh…
– L’arrêt des fermetures des services et une répartition des structures sur tout le territoire selon les besoins définis démocratiquement et non plus pour la « rentabilité »
– La titularisation de tous les précaires et l’embauche massive dans les hôpitaux en fonction des besoins, l’augmentation des salaires
– Une santé publique et gratuite pour tous et toutes : remboursement à 100% par l’assurance maladie de tous les soins et médicaments !
– Pas de place pour le business dans la santé : nationalisation de tous les grands groupes et cliniques privées !
– Gestion et contrôle des équipes de travailleurs et travailleuses du secteur eux-mêmes en lien avec les usagers des besoins, des budgets et des embauches -
Le personnel d’entretien de l’hôpital Brugmann tire la sonnette d’alarme
Ce mardi 8 décembre, plusieurs dizaines de membres du personnel de nettoyage de l’hôpital Brugmann ont manifesté au sein de l’hôpital pour exiger des embauches afin de pouvoir travailler dans des conditions décentes. L’ambiance était combative et le soutien palpable parmi les autres membres du personnel. Socialisme.be est allé à la rencontre d’un délégué syndical sur place.Quand le ras-le-bol a-t-il commencé et pourquoi ?
Cela fait plus de deux ans que le personnel a interpellé la délégation syndicale pour tenter de réagir aux problématiques auxquelles il est confronté.
En effet, les conditions de travail sont devenues insupportables et, encore à l’heure actuelle, la pression ne cesse d’augmenter. On demande toujours plus au personnel avec moins de moyens, moins de temps. C’est devenu ingérable, invivable. Les surfaces à nettoyer ont augmenté mais le nombre de travailleurs a stagné avec toutes les conséquences que cela entraîne: burn-out, pressions de la hiérarchie, …
Tout au long de cette période, plusieurs assemblées générales ont été organisées dans le but de créer un espace de discussion ouvert entre les membres du personnel mais également pour construire un cahier de revendications. Durant cette période, une délégation de militants syndicaux a tentée systématiquement d’alerter la direction. En vain.
Comment s’est prise la décision de partir en action? Pourquoi maintenant?
Les travailleurs étaient évidemment remontés vu la situation et le silence de la direction à leurs interpellations. La réflexion au sein de la délégation était de construire dans un premier temps un maximum de soutien à l’idée de partir collectivement en action et de prendre le temps pour démasquer le rôle de la direction, tout en conscientisant l’ensemble du personnel sur la nécessité de construire un rapport de force.Très logiquement, après un an de discussions stériles, les travailleurs voulaient aller plus loin, poser un ultimatum à la direction, concernant l’embauche de personnel supplémentaire seule véritable solution pour enrayer la surcharge et la pression au travail.
Face à un préavis d’actions, et sentant la pression monter, la direction a adopté une position hypocrite qui d’un côté reconnaissait la surcharge de travail, mais d’un autre tentait de nous convaincre qu’elle était dans l’incapacité de faire quoique ce soit par manque de budget. Cette dernière discussion, précédant de quelques heures le premier arrêt de travail, ne laissait aux travailleurs aucunes autres perspectives que de passer à l’action.
Comment s’est déroulé ce premier arrêt de travail?
L’arrêt de travail a été un succès, plus d’une trentaine de travailleurs y ont participé activement.Celui-ci a été utilisé pour organiser une nouvelle assemblée où la conclusion de la discussion a été d’en refaire les semaines suivantes, jusqu’à ce qu’ils soient entendus.
La semaine d’après, l’arrêt de travail a été encore plus suivi et il a été décidé lors de l’assemblée de partir en manifestation dans l’hôpital pour rencontrer et discuter dans tous les services avec les autres membres du personnel.
C’était très enthousiasmant, on a été très bien accueillis la plupart du temps, avec de nombreuses expressions de solidarité et pas mal de travailleurs faisant le lien avec leur propre situation.
Où en sont ils aujourd’hui? Comment voyez vous la suite?
La détermination est présente et s’accroît au sein de l’équipe. Je pense qu’il ne faut rien lâcher car, il en va de notre santé au travail et de la santé des patients de manière générale.
Aujourd’hui, on a entamé un bras de fer avec la direction et il est crucial qu’on le gagne. L’équipe en est consciente et la direction va nous mettre à l’épreuve et tenter de faire durer cette situation le plus longtemps possible.
Aujourd’hui, c’est silence radio entre la direction et les travailleurs car celle ci espère que ce mouvement va s’essouffler. Il est clair pour elle que de faire des concessions aux travailleurs de l’entretien pourrait donner confiance à d’autres travailleurs de l’institution. C’est pour cette raison que notre combat risque de durer.
De notre côté, il est crucial de maintenir la dynamique, de prendre le temps à la discussion, de bien préparer les actions et de faire tout ce qui est possible pour que les travailleurs se sentent maîtres de leur combat. La solidarité dans les autres services sera également importante. C’est pour ça qu’on continue d’informer, de discuter et d’expliquer aux autres catégories du personnel que nous sommes tous concernés par leur lutte.
Après, il est certain que les économies imposées dans les soins de santé au niveau fédérale ne vont qu’aggraver la situation. On ne peut plus accepter de gérer la pénurie au détriment des patients et des conditions de travail du personnel hospitalier. Il faut que la direction prenne ses responsabilités et tant qu’elle ne le fera pas, nous continuerons de faire pression pour faire notre travail dans des conditions acceptables.
En tout cas, c’est une magnifique expérience où chacun apprend à s’exprimer tout en prenant conscience de la force de s’organiser et de résister.
A terme, il faudra que l’ensemble du personnel hospitalier se mobilise, parce que les problèmes que rencontrent les nettoyeurs aujourd’hui ne sont que le sommet de l’iceberg. Le manque de moyen est criant à tous les niveaux.
Leur combat doit être un exemple pour tous ceux qui sont confronté à cette réalité. C’est le cas dans tous les services publics, et certainement aussi dans le privé.
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Réforme des études de soins infirmiers. Pour un mieux ?
À la rentrée 2016, une réforme nationale des études en soins infirmiers verra le jour. L’objectif de celle-ci est d’uniformiser les niveaux d’études pour qu’il corresponde aux normes européennes. Mais cela ne semble pas être mis en place dans le meilleur intérêt des étudiants, des enseignants et des patients.
Par Céline, étudiante en soins infirmiers (Namur)
La Belgique dispose d’un système unique en Europe qui offre le choix entre deux filières d’étude en soins infirmiers. La première est enseignée en Haute École et donne la possibilité de réaliser une année supplémentaire de spécialisation. Ces étudiants deviendront des infirmiers ‘‘bacheliers’’. L’autre constitue un 4e degré du secondaire professionnel. Cette formation compte davantage d’heures de stages, mais n’offre pas la possibilité de spécialisation. À l’issue de cette formation, ces jeunes sont des infirmiers ‘‘brevetés’’. Après 3 ans d’études, les étudiants des deux filières obtiennent le même diplôme: ‘‘infirmiers hospitaliers’’. Toutefois, l’infirmier breveté gagnera 200€ bruts de moins que le bachelier. Pour les institutions hospitalières, engager les brevetés, les former sur le terrain et les payer en tant que tels alors qu’ils feront le travail d’un bachelier spécialisé représente un grand avantage.
Forte implication de la réforme pour les enseignants et les étudiants
À cette réforme s’ajoutent les autres comprises dans le ‘‘décret paysage’’. Cela consistera, dans un premier temps, à faire passer le Bac au niveau Master. Les étudiants devront réaliser 4 ans d’études pour être infirmiers hospitaliers, plus une année supplémentaire pour la spécialisation. Puis, dans un deuxième temps, la filière brevetée sera supprimée. Le cursus ‘‘aides-soignants’’ est également réformé. Il passera de 1 à 2 ans et remplacera la formation actuelle des infirmiers brevetés. . Ce cursus étant déjà assuré dans les écoles secondaires, cela ne donne aucune garantie sur ce qu’il adviendra des écoles actuelles d’infirmiers brevetés.
Malgré que le dossier de réforme (1) précise que ‘‘Les enseignants du brevet infirmier pourraient être transférés, librement et sans contrainte, vers l’encadrement clinique en Haute École’’, rien n’est moins sûr. Comment peut-on gober cela quand on connait le contexte sociétal actuel ? Concrètement, cela voudrait dire transférer ces enseignants (donc un engagement massif!) vers des institutions qui ont déjà moult enseignants sous leurs bras avec le titre requis pour y enseigner. De plus, la réforme précise que les enseignants de la filière brevetée devront ‘‘se mettre au niveau d’étude Master’’ et donc reprendre des études pour pouvoir être réengagés. Puis, ce transfert d’enseignants donnera une raison supplémentaire d’instaurer des contrats précaires, avec comme excuse de pouvoir engager un peu plus de personnes. Enfin, nous n’échapperons pas à un chômage massif pour le personnel qui n’aurait pas obtenu le niveau Master ou qui aurait trop d’ancienneté derrière lui pour se faire réengager.
Ajoutons que c’est une vaste illusion de croire que cette formation plus longue sera gracieusement payée par l’État qui, rappelons-le, veut couper dans le budget de l’enseignement francophone à raison de 320 millions d’euros avant 2016. Pour les étudiants, il s’agit donc de passer plus d’années aux études avec le coût que cela comprend et avec un manque à gagner important du fait de rentrer plus tard sur le marché de l’emploi.
Les syndicats se battent, du côté flamand, contre la suppression de la filière brevetée, alors que du côté francophone, pour l’instant, aucune information n’est donnée et aucun plan d’action n’est prévu. Cette réforme va pourtant toucher autant les étudiants que les enseignements et le secteur professionnel. Nous devons avoir un programme clair pour organiser une lutte unifiée des étudiants et des travailleurs pour de meilleures conditions d’étude et de travail et un service de santé optimal pour les patients.
(1) Proposition de réforme de la formation infirmière en Fédération Wallonie-Bruxelles – FNIB rapport 22 aout 2012
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Allemagne : Grève illimitée à l’hôpital Charité, un conflit d’importance nationale
Ce lundi 22 juin, des centaines de travailleurs se sont lancés dans une grève illimitée afin d’exiger plus de personnel à la Charité, le plus grand hôpital universitaire d’Europe, où travaillent un total de 13.000 personnes, dont 4.400 infirmières. Les trois premiers jours ont été marqués par la combattivité, dans une ambiance électrisante. Plus de 600 travailleurs sont jusqu’à présent impliqués dans l’organisation de l’action de grève. 1.000 des 3.000 lits de l’hôpital sont touchés. Les 200 opérations qui sont menées quotidiennement sont annulées. Stephan Gummert, membre du SAV (Sozialistische Alternative, section allemande du CIO) et l’un des meneurs de la grève, a déclaré lors de la manifestation du deuxième jour de la grève: «Depuis hier, je vois à nouveau rire les visages de ceux qui sont en colère à cause des horribles conditions de travail à l’hôpital – et qui comprennent que l’ensemble du système est malade.»Par Aron Amm, Socialiste Alternative (section allemande du Comité pour une Internationale Ouvrière)
Des dimensions historiques
Cette lutte est unique à plus d’un titre. Entre la Seconde Guerre mondiale et 1989, pas une seule grève n’a éclaté dans un hôpital à travers toute l’Allemagne. Cela a changé ces deux dernières années.
A la Charité il y a vingt ans de cela, un petit groupe d’activistes de gauche, principalement socialistes, ont commencé à construire une section du plus grand syndicat du secteur public (ver.di). Des membres du SAV ont joué un rôle de premier plan dans ce processus de construction. Le développement d’un tel groupe combattif a permis d’organiser des grèves impressionnantes en 2006 et en 2011. Ces luttes et la conquête de quelques améliorations ont contribué à élargir le noyau militant de base et à paver la voie pour ce nouveau conflit.Après la lutte de 2011, le groupe de ver.di a demandé aux travailleurs quelles étaient les questions les plus brûlantes qui devaient être traitées – l’écrasante majorité a souligné que la pression au travail était trop forte et qu’il était nécessaire d’employer plus de travailleurs. Une nouvelle lutte a donc été lancée à la Charité il y a deux ans, conduisant à la première grève dans un hôpital en Allemagne exigeant un contrat de négociation collective qui régit le rapport entre infirmières et patients. Sur base de nombreuses discussions, les revendications concrètes sont maintenant: «pas de nuits prestée seul», ainsi que qu’un rapport entre personnel et patient de 1pour 2 dans l’unité de soins intensifs et de 1 pour 5 dans les services de médecine générale, ce qui signifie concrètement 600 nouveaux emplois au total.
Nationalement, les hôpitaux souffrent d’un déficit de 162.000 emplois en Allemagne. Le syndicat réclame une loi pour réglementer le rapport patients / infirmières. A la Charité, l’opinion générale est qu’il ne faut pas attendre. Trois militants syndicaux de l’hôpital universitaire d’Essen ont visité le piquet de grève à Berlin en soutien et ont déclaré: «Si vous remporté la victoire, vous ouvrez les vannes» en motivant les travailleurs des autres hôpitaux à suivre cet exemple.
L’autre Allemagne
Dans l’un des pays les plus riches de la planète, qui est également la puissance économique majeure de la classe des travailleurs est maintenant confrontée au plus grand secteur à bas salaires sur le continent européen, après la Lettonie. Par habitant, plus d’hôpitaux ont été privatisés qu’aux États-Unis. On estime que 40.000 patients et visiteurs contractent annuellement des maladies mortelles dans les hôpitaux.
Des piquets de grève actifs et vivants
Chaque matin, au sein des trois principaux sites de l’hôpital de la Charité implantés dans différentes parties de la ville, les grévistes se réunissent en assemblées. Puis, des «piquets volants» visitent toutes les salles et tentent de convaincre davantage de travailleurs de rejoindre la grève et le syndicat. D’autres groupes se dirigent vers les arrêts de transport en commun, le centre-ville et les quartiers pour distribuer des tracts et coller des affiches de soutien à la grève.
Mardi, une délégation de la Charité a visité un meeting d’un millier de postiers, eux aussi en grève. La compréhension est bien entendu grande, et l’idée était de voir comment coordonner la riposte et s’apporter un soutien à chacun. Mardi après-midi, 2.000 travailleurs de Charité et sympathisants de la lutte ont manifesté dans le centre-ville de Berlin au sein d’un cortège extrêmement combattif et inspirant. Des délégations de postiers, de travailleurs de chez H&M et d’autres secteurs ont encore étaient elles aussi présentes.
Des réunions de discussion pour les travailleurs (partiellement organisées par des membres du SAV) au sujet de questions comme les «grèves politiques» ont également lieu pendant la grève.
La démocratie dans la lutte
Officiellement, sept syndicalistes font partie de la délégation qui se rend aux négociations, tandis que 21 font partie de la commission chargée d’examiner les revendications et les offres possibles des employeurs. Afin d’impliquer le plus de gens possible dans ces discussions, d’énormes efforts sont entrepris pour construire un corps de «conseillers» dans le but que chaque groupe de travailleurs (infirmières, travailleurs administratifs, travailleurs chargés des questions techniques, etc.) soit impliqué. En outre, des réunions sont régulièrement organisées pour que les grévistes puissent discuter et décider des questions clés. La décision a aussi été prise de ne pas suspendre la grève au cours des négociations.
Solidarité et soutien public
Lucy Redler (dirigeante du SAV et porte-parole de la campagne de l’alliance des hôpitaux (“Krankenhausbündnis” en allemand) a commencé son discours lors de la manifestation des grévistes en disant «nous sommes les 99%». Un tabloïde berlinois, le «Berliner Kurier», a rapporté qu’un sondage organisé par leurs soins avait mis en lumière un soutien ou une compréhension de 99% des sondés par rapport aux raisons de la grève. Seul un pour cent s’est dit opposé au mouvement… Les 99% des habitants ne sont très certainement pas favorables à la grève, mais la grande majorité l’est. La société de gestion de la Charité a engagé une agence de publicité pour développer une campagne d’affichage sous le slogan «la grève n’est pas une solution» en imitant la mise en page traditionnelle du syndicat ver.di. Mais il est très difficile de trouver ces affiches ou ces autocollants dans les abords des sites hospitaliers, puisque non seulement les travailleurs mais aussi de nombreux patients les détruisent.
Il y a deux ans, une alliance («Les Berlinois pour plus de personnel dans les hôpitaux») a été créée pour soutenir la lutte à la Charité, une campagne dans laquelle les membres du SAV ont joué un rôle des plus actifs. Ce vendredi 19 juin, un meeting de 200 personnes a pris place dans les locaux du syndicat du secteur public avec des représentants d’autres hôpitaux mais aussi de Daimler, de Telekom et de nombreux autres lieux de travail et secteurs, qui tous ce sont exprimés en solidarité avec la riposte organisée par le personnel de la Charité.
Les députés de Die Linke («la gauche», un parti de gauche large à l’intérieur duquel nos camarades du SAV sont impliqués, NDT) ont distribué une déclaration de solidarité avec les grévistes et quelques figures de proue du parti ont visité les piquets de grève. Certaines sections de Die Linke, avec la participation de membres du SAV, ont produit des tracts et des banderoles de solidarité et ont organisé des activités destinées à expliquer l’importance de la lutte dans les quartiers de Berlin. Mais même si les instances dirigeantes de Die Linke à Berlin et au niveau national ont déclaré leur soutien à la grève, elles n’ont pas, jusqu’à présent, utilisé tout le potentiel qui est à leur disposition pour soutenir la lutte.
Un tournant dans la situation
Au cours de cette dernière année, la reprise économique généralement anémique en Allemagne a ralenti. Paradoxalement, les problèmes croissants (le manque de demande dans les pays dits «émergents» et la crise de l’euro) ont conduit à une diminution spectaculaire des prix du pétrole et de la valeur de l’euro, ce qui a donné encore un certain coup de pouce à l’économie allemande. Mais l’expérience de l’aggravation des conditions de travail et les augmentations salariales mineures ont alimenté la colère et conduit à une confiance plus élevée parmi une couche de travailleurs pour partir en action.
Le journal conservateur «Frankfurter Allgemeine Zeitung» appelé ce qui se développe maintenant comme étant une nouvelle «vague de grève». A ce stade, c’est un peu exagéré. Mais avec le débrayage des infirmières des écoles maternelles et des travailleurs sociaux (pour quatre semaines), avec la grève des postiers et celles des conducteurs de train et d’autres secteurs, cette année est déjà celle qui comprend le plus de journées «perdues» en raison d’une grève depuis 1992. Malheureusement, les dirigeants syndicaux ne relient pas ces différents foyers de lutte les uns avec les autres, ce qui est possible et surtout nécessaire.
Mais l’état d’esprit plus favorable parmi les travailleurs à entrer en conflit en Allemagne va de pair avec une ligne dure adoptée par la classe dirigeante dans de nombreux conflits. Carsten Becker, membre du SAV et porte-parole de du groupe ver.di à la Charité, avait déclaré durant la grève d’avertissement de 48 heures de mai dernier: «Nous n’avons plus de patience, mais nous avons de longue endurance.» Cela pourrait bien être nécessaire dans le conflit qui a éclaté à la Charité.
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Soins de santé : Quelle réduction du temps de travail souhaitons-nous ?
L’heure est à la lutte dans les hôpitaux de Paris. Ce 21 et 28 mai, 24,34% du personnel de l’AP-HP (Assistance Publique des Hôpitaux de Paris) s’est rassemblé lors d’une Assemblée générale. Les organisations syndicales CGT, SUD, FO, CFDT, CFE-CGC, CFTC et Unsa ont appelé à une nouvelle grève massive ce jeudi 11 juin de “tous les hôpitaux d’Ile-de-France?» et pas seulement ceux de l’AP-HP. «?Nous invitons l’ensemble de la fonction publique hospitalière à nous rejoindre?» a déclaré Jean-Marc Devauchelle, secrétaire général de SUD Santé.Par Céline (Namur)
En effet, Martin Hirsch (directeur de l’AP-HP) veut mettre en œuvre des réformes touchant quelque 75.000 agents (notamment des infirmiers, des aides soignants, des brancardiers,…) dans 38 hôpitaux. Si rien n’est fait, ces changements déboucheront sur une dégradation accrue des conditions de travail de l’ensemble du personnel médical. L’entrée en vigueur de ces nouvelles mesures autoritaires est prévue pour le 1er janvier 2016.
Diminution du temps de travail rémunéré avec augmentation des cadences…
Une partie de la réforme consiste à passer d’une journée de 7h36 à 7h20 voir 7h. Cet horaire de 7h de travail par jour n’irait pas de pair avec une diminution des tâches à réaliser, que du contraire. Il est prévu que les agents conservent la même quantité travail, mais qu’en plus les pauses ne soient plus comprises dans celui-ci. Cela implique que le personnel soignant – déjà surmené autant en charge physique qu’émotionnelle – doive produire plus, en moins de temps et pour le même salaire.
Nous avons besoin d’une réduction du temps de travail, mais celle-ci doit se faire sous le contrôle des travailleurs et sans perte de salaire. Elle doit permettre des embauches compensatoires et une réduction des cadences pour contrer le rythme de travail effréné auquel sont contraints les travailleurs des soins de santé, mais de l’ensemble des secteurs plus généralement.
Diminution ou suppression des RTT (réductions du temps de travail)
La RTT est un système permettant aux heures supplémentaires d’être comptabilisées et récupérées par la suite en jours de congé. Cette réforme prévoit de limiter, voir supprimer l’accès aux RTT !
Le directeur de l’AP-HP estime, avec raison, que les soignants font trop d’heures supplémentaires. Mais plutôt que de remédier au manque de temps et personnel dans le secteur hospitalier, il souhaite ne plus rémunérer les heures supplémentaires pourtant indispensables dans l’état actuel des choses pour offrir un service décent aux patients. La réserve des travailleurs pour la RTT (sur leur Compte Épargne Temps) est estimée aujourd’hui à 74,7 millions d’euros. En la supprimant, une belle économie sera réalisée sur le dos des bénéficiaires et surtout des travailleurs.
Avec cette mesure, Martin Hirsch – et les actionnaires derrière lui – espère faire une économie de 20 millions d’euros chaque année. Il justifie cette attaque en argüant que cela évitera la suppression de 4000 postes. Il a d’ailleurs déclaré: “le risque si on ne la fait pas (la réforme), c’est qu’on va devoir supprimer des emplois.”
Les hôpitaux gérés au bénéfice des actionnaires
L’AP-HP, avec 38 hôpitaux sur Paris, constitue à lui seul 10% de la fonction publique hospitalière française. Les infirmiers, les soignants, ouvriers, administratifs et techniques travaillant dans les hôpitaux de l’AP-HP devront travailler plus pour le même salaire sur un temps de travail réduit et n’auront plus le droit de récupérer leurs heures supplémentaires par des jours de RTT.
Ceci n’est qu’un fragment de la spirale infernale qui consiste à tuer les services publics à coup de réformes antisociales, qui vont s’étendre encore et encore, et tout ça, dans le but de mettre plus d’argent dans les poches des grandes entreprises. Force est de constater que Martin Hirsch n’a rien retenu de son passage à Emmaüs. Les hôpitaux sont de plus en plus gérés comme des entreprises comme les autres. Cela s’illustre par le vocable utilisé : un patient n’est ainsi plus appelé un “patient”, mais bien un “client”. Il illustre la gestion néolibérale du secteur sur le dos des travailleurs et des usagers.
Pour que les soins de santé soient un véritable service public
Nous voulons apporter notre soutien aux travailleurs de ces hôpitaux et à leurs délégations syndicales qui appellent à une grève ce jeudi 11 juin. Nous savons tous que ce n’est pas le secteur le plus facile à l’émergence de mouvements de masses, car le personnel tient la vie de personnes entre leurs mains. Toutefois, au rythme où sont menées les réformes néolibérales, le détricotemant des soins de santé sera bientôt tel que les malades non nantis n’auront plus rien à en attendre. Travailleurs et bénéficiaires : même combat !
Partout ailleurs dans le monde, des luttes similaires ou bien plus importantes encore bourgeonnent, et tout ça, dans le même but: ne pas se laisser écraser par le capitalisme. En Belgique, le rendez-vous est fixé le vendredi 19 juin (9h30 – gare de Bruxelles centrale) pour une manifestation de l’ensemble du secteur non marchand.
L’importance d’une organisation solide avec des revendications claires pour mener ce combat (si pas la guerre) est primordiale! Avec l’effet de masse, nous pouvons gagner toutes les batailles, nous devons rester solidaires, pas seulement dans notre pays, mais aussi au niveau international. Notre force nous la tirons de notre nombre et avec un seul ennemi commun, le système capitaliste et le mode de pensée néolibéral à la faveur des 1% les plus riches. Organisé et avec un programme juste, la victoire ne peut être qu’écrasante.
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[INTERVIEW] Vague d’actions dans les maisons de repos Orpea.
Entretien avec un secrétaire du Setca, interview réalisée par WouterToute une série d’actions spontanées ont éclaté début mars dans les maisons de repos de l’entreprise Orpea. Pour la plupart des aides-soignants, la pression au travail est vraiment devenue intolérable. Ils revendiquent plus d’embauches et de meilleures conditions de travail. Nous en avons discuté avec Francis Stevens, secrétaire du SETCa – Bruxelles Halle Vilvorde.
Pourquoi les employés sont-ils partis en grève ?
‘‘La multinationale Orpea gère 58 homes en Belgique. Malgré plusieurs mois de négociations en vue d’obtenir un allègement du travail destiné à assurer de meilleurs soins et une meilleure assistance aux personnes âgées, la direction n’a pas voulu apporter la moindre solution. Elle a aussi refusé d’utiliser les subsides fédéraux (le fonds Maribel Social, visant à promouvoir l’emploi dans le secteur non-marchand) qui auraient permis de créer 22 emplois, parce qu’ils devaient avancer cet argent à l’avance. Cela n’a pourtant jamais posé problème dans les services subventionnés. La pression sur les travailleurs est intolérable, et ce sont les résidents qui en souffrent le plus. Au même moment, cette entreprise cotée en bourse a connu une énorme hausse de ses profits, avec une hausse de +20 % de la valeur de ses actions en l’espace d’un an (de 46,24 € le 21/01/2014 à 56,48 € le 23/01/2015).’’
Les moyens existent donc ?
‘‘Très certainement. Il s’agit d’une multinationale qui gagne beaucoup d’argent et qui a totalement les moyens de garantir des conditions de travail acceptables et les meilleurs soins à chaque personne âgée. Mais son intérêt est uniquement financier. C’est l’optimisation du profit qui justifie ses attaques contre les employés. Le profit provient en grande partie de l’exploitation du personnel.’’
Comment la grève a-t-elle été décidée ?
‘‘Après toute une série de négociations, la présentation d’un préavis de grève et une tentative de conciliation, rien n’a changé. Les travailleurs en ont eu marre et ont interrompu le travail. Des actions spontanées ont eu lieu dans une dizaine d’établissements.’’
Et ensuite ?
‘‘En ce moment, nous cherchons à sensibiliser chacun : les travailleurs, les résidents, leurs familles, afin que tout le monde comprenne bien ce qui se passe. Les actions vont se poursuivre jusqu’à ce que nous parvenions à une solution décente. On ne peut plus reprendre comme avant, tout le monde veut continuer !’’
Comment pouvons-nous montrer notre solidarité ?
‘‘Les employés d’Orpea auront besoin de votre soutien à chaque étape de la lutte. Les actions de solidarité peuvent permettre d’élargir l’ampleur des actions. Toute présence lors de nos actions sera un encouragement, surtout s’il s’agit de travailleurs ou de délégations de notre secteur.’’
Quelle est l’importance de votre mouvement pour le secteur social ?
‘‘La commercialisation des soins de santé a mené à de moins bonnes conditions de travail et à ce que les soins de santé deviennent moins facilement accessibles ; tout ça diminue la qualité globale. Nous devons donc nous opposer en masse à cette situation. Nous avons besoin de soins de santé publics et de qualité pour le futur. Tant pour les travailleurs que pour nos vieux jours à tout un chacun. Cela ne peut se faire que par un changement fondamental dans la société, pour donner le contrôle aux travailleurs et aux utilisateurs des services, pas aux patrons et aux actionnaires des multinationales.’’
