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Tag: Soins de santé
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ENTRETIEN La Santé en Lutte ‘‘Aujourd’hui on soigne, demain on réglera les comptes !’’
Au moment d’écrire ces lignes, le cap des 5000 décès officiels liés au coronavirus avait été franchi en Belgique. Plusieurs raisons expliquent ce drame. Face à la gravité de la pandémie, les autorités se sont ainsi avérées incapables de réquisitionner des lignes de production pour réorganiser celle-ci et fournir suffisamment de matériel de protection adéquat ou suffisamment de tests. Mais au premier rang des défaillances des autorités se trouvent les conséquences de la politique d’austérité criminelle qui a sévi dans les soins de santé. Nous en avons discuté avec notre camarade Karim Brikci, délégué permanent CGSP-Brugmann, très impliqué dans le collectif La Santé en Lutte.
Entretien tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste
Karim, vous êtes nombreux à réclamer depuis longtemps un refinancement des soins de santé. C’est de ce constat qu’est né le collectif La Santé en Lutte. Tu peux nous expliquer un peu plus le contexte de la création de l’initiative ?
C’est un collectif d’action, de discussion et de mobilisation autour du secteur de la santé qui s’est créé suite aux différentes actions de grève menées dans les hôpitaux bruxellois entre mars et juin 2019. Très rapidement à l’époque, la question d’une perspective à long terme entre les différents lieux de travail s’est imposée parmi les grévistes et les travailleurs en mouvement. On était tous bien d’accord que ce n’était pas avec deux jours de grève qu’on obtiendrait satisfaction. Et donc, sur cette base-là, une coordination s’est développée avec travailleurs syndiqués et travailleurs non-syndiqués, elle a pris le nom de La Santé en Lutte.
Sa spécificité est d’organiser les travailleurs, quelle que soit leur appartenance syndicale et leur lieu de travail, tout en menant la discussion de manière ouverte avec les différentes associations professionnelles et les organisations syndicales en faveur d’une vraie mobilisation de l’ensemble du secteur des soins de santé. Le collectif – tout d’abord né à Bruxelles, mais avec aujourd’hui un groupe à Liège et un autre à Charleroi – vise à briser le certain corporatisme qui sévit dans les hôpitaux entre les différentes catégories du personnel. Nous voulons réunir tout le personnel, de l’entretien aux médecins, et fonctionnons par assemblées générales démocratiques organisées sur la base la plus régulière possible.
Tout ça nous a permis de maintenir un niveau soutenu de mobilisation sur plus de six mois. Et fin de l’année 2019, de nouvelles journées d’action ont eu lieu dans le public et le privé et ont notamment souligné la nécessité d’un plan d’action d’ampleur avec l’entrée en lutte de toutes les institutions de soins, public et privé, un mot d’ordre qui a, malheureusement, du mal à passer auprès des directions syndicales.
Il n’a pas fallu longtemps avant que cette nécessité s’impose dramatiquement aux yeux de tous…
C’est évident, notre lutte a gagné en importance dans le contexte de la pandémie Covid-19. Sans rentrer dans les détails, la situation dans les hôpitaux et les maisons de repos est catastrophique. Ça met en lumière ce qui est dénoncé depuis des années et ça démontre l’incompétence la plus totale de la classe dirigeante pour gérer cette situation.
Puisque les autorités ont respecté le cadre de la logique de marché, il a été impossible d’avoir une production de matériel de protection à l’échelon national. Aujourd’hui, nous sommes en confinement depuis plus d’un mois et le matériel manque toujours. On a soit du matériel de mauvaise qualité, soit du matériel qui vient de très très loin et qu’il faut attendre, soit du matériel qui est le fruit des citoyens pour pallier aux carences de l’Etat. On a été nombreux à avoir appelé à la réquisition des chaînes de production pour faire face à la situation. Rien, nada, pas un mot du gouvernement. Mais les firmes privées ont eu des contrats très juteux alors que des laboratoires cliniques et autres structures ont été interdites de fabriquer des tests ! On doit poser la question de la collusion du gouvernement avec les firmes privées. Cette question est fondamentale.
Résultat : tous ceux qui entretiennent un discours guerrier envoient au front un personnel désarmé, des fois sans matériel de protection, dénué de tout. On ne peut décrire l’impact sur la santé de nos patients et sur la sécurité du personnel. Dans un certain sens, l’absence de tests a même servi les autorités et les directions : si cela avait été fait envers toutes les travailleuses et les travailleurs, on se serait retrouvés avec une grande partie du personnel soignant infecté, sans pouvoir continuer à travailler. Cela n’a pas gêné certaines directions d’ailleurs. Pendant des semaines, on nous a dit que les masques n’étaient pas nécessaires. Simplement parce qu’il y avait pénurie. Toutes les consignes données par le sommet ont été faites sous le prisme du manque de matériel. On en constate aujourd’hui les conséquences criminelles.
On a laissé des collègues travailler alors qu’ils étaient malades. On a poussé des collègues à travailler alors qu’ils étaient malades. Y compris dans les homes où ils ont contaminé nos aînés. Pour les autorités, tout va bien, Wilmès se permet de dire que tous ceux qui ont besoin de soin en ont eu. Et maintenant on a ce laïus humanitaire pour rouvrir le droit aux visites dans les homes. Mais cette mesure exige d’assurer la sécurité du personnel, et qu’il y ait suffisamment de personnel. Or, ce personnel, il est à bout. Et ils devraient gérer des visites dans des conditions dangereuses sans aucun renfort ? Sans aucune aide ? La classe politique est complètement sourde à ce qui vient du terrain. Mais le monde patronal, lui, il bénéficie de beaucoup plus d’ouverture !
Au moment où nous parlons on vient également d’annoncer la réouverture d’autres activités.
Oui, on a rouvert des magasins comme les Brico ‘‘pour donner un peu de rêves aux citoyens’’, selon Pierre-Yves Jeholet (MR), ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Et comment va-t-on protéger ce personnel ? Comment assurer que leurs enfants soient gardés ? Cette décision est totalement inconsidérée. Chaque décision qui est prise par les gouvernements n’est pas accompagnée des mesures de précaution adéquates. Le discours rassurant du gouvernement entre en confrontation avec la réalité de terrain.
Alors, c’est logique, la colère dans le secteur des soins n’a fait que décupler. On s’en rend compte en discutant avec nos collègues. Mais on le voit aussi sur les réseaux sociaux. Avec La Santé en Lutte, nous disons : aujourd’hui on soigne, demain on réglera les comptes. Nous allons assurer que ce slogan prenne tout son sens au plus vite.
Comment La Santé en Lutte s’est-elle adaptée au confinement ?
Nous nous sommes d’abord demandé comment être présents et critiquer la situation tout en défendant nos revendications. Notre page Facebook La Santé en Lutte a joué un grand rôle pour ça. Nous avons également lancé une campagne d’affichages de banderoles et d’affiches aux fenêtres, aux balcons,… Un impressionnant sentiment de solidarité existe aussi envers le secteur de la santé. Cela ne doit pas se limiter aux applaudissements, mais être concrétisé par une lutte visant à balancer dans les poubelles de l’histoire la marchandisation des soins de santé.
C’est pourquoi nous nous sommes demandé comment relancer la mobilisation. Une manifestation était initialement prévue pour le 29 mars, annulée pour cause de confinement, mais nous avons repris le mot d’ordre d’une manifestation pour la sortie du confinement, en appelant la population à nous rejoindre, mais aussi les collègues des différents secteurs de première ligne : les éboueurs, la distribution,… Les ‘‘héros’’ vont réclamer leur dû ! Il faut imaginer qu’aujourd’hui, une nettoyeuse dans un hôpital gagne bien moins des 14 euros de l’heure !
Alors nous voulons permettre à tout le monde de participer à cette manifestation, qui aura lieu un week-end. Et nous voulons lier à cette mobilisation la question d’un plan d’action avec les organisations syndicales pour arracher plus de moyens la santé. C’est tous ensemble que nous pourrons gagner.
Plus d’infos :
• Facebook ‘‘La Santé en lutte’’
• Facebook ‘‘Grande manifestation de la santé’’ Pour des raisons évidentes, le jour et l’heure de cette manifestation ne sont pas encore connus. -
7 avril, Journée mondiale de la santé : soutenons les revendications légitimes des professionnels de la santé !
Le drame qui se déroule dans les hôpitaux et les maisons de retraite n’était pas inévitable. Ce n’est pas seulement une conséquence de la propagation du Covid-19, la situation est née d’un autre virus qui a dévasté le secteur pendant des décennies. Les gouvernements successifs ont cherché à commercialiser le secteur au lieu d’investir suffisamment dans un service de qualité pour la population.Alors que des milliards d’euros sont injectés dans l’économie aujourd’hui, il n’y a toujours pas assez de masques et d’autres équipements de protection, les hôpitaux doivent faire la manche pour acheter des respirateurs,… La politique criminelle des autorités se poursuit donc. S’il est vrai qu’une “guerre” est actuellement menée contre la propagation du virus, alors les gouvernements actuels et les précédents sont des criminels de guerre !
La Santé en Lutte, avec d’autres groupes militants de travailleuses et travailleurs du secteur en Europe, se saisissent du 7 avril pour protester sur les réseaux sociaux, dénoncer l’hypocrisie des gouvernements et du patronat et défendre les revendications du personnel. La campagne ROSA et le Parti Socialiste de Lutte (PSL) soutiennent cet appel et demandent à leurs membres et sympathisants d’y participer. Prenez une photo de vous avec l’une des affiches présentées ci-dessous et publiez-la sur Facebook ! Si vous n’avez pas d’imprimante, écrivez sur papier le slogan/la revendication de votre choix. Envoyez-là également à michaelbouchez@gmail.com.
Aujourd’hui, nous manifestations sur les réseaux sociaux puisque beaucoup d’entre nous sont confinés chez eux et que les manifestations sont impossibles. Mais nous nous tenons prêts à retourner dans la rue le plus vite possible !
- Événement Facebook : 7 April Our Health is Not for Sale
- Affichettes en format PDF


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Refinancement massif d’urgence des soins de santé

L’importance des soins de santé n’a jamais été aussi évidente aux yeux de larges couches de la population. Ce soutien doit être saisi pour exiger des investissements massifs pour un service de santé efficace qui ne peut pas gérés comme une entreprise dans un but de profit.
- Ceci est une partie du programme plus global du PSL face à la crise du coronavirus auquel vous pouvez accéder en cliquant ici.
Depuis plus de trente ans, les gouvernements ont limité les budgets des soins de santé, empêché des étudiants en médecine ayant réussi leurs études d’exercer via le numérus clausus, limité le nombre de lits des services hospitaliers, sous payé l’ensemble du personnel tant médical que para-médical ou technique,… Avec l’argument d’équilibrer les budgets. La situation budgétaire des soins de santé est telle que l’hôpital Saint-Pierre à Bruxelles a lancé un appel aux dons pour être en mesure de disposer d’une dizaine de respirateurs supplémentaires ! La politique néolibérale a donc contraint nos hôpitaux à faire la manche au tout début de cette crise sanitaire.
Les conditions de travail ont été rendues telles qu’une grande partie des infirmières et infirmiers ne pratiquent réellement ce métier que durant une période de 5 à 10 ans. Tout juste avant le début de la crise du coronavirus, le Centre fédéral d’Expertise des Soins de santé (KCE) et la KU Leuven ont rendu publique une étude qui constatait qu’une infirmière ou infirmier sur quatre n’est pas satisfait de son travail, que 36% sont menacés d’épuisement professionnel et que 10% envisagent de quitter la profession. Selon cette même étude, la pénurie de personnel qui en découle assure qu’une infirmière ou un infirmier d’un hôpital belge s’occupe en moyenne de 9,4 patients, alors que l’on admet généralement, à l’échelon international, que la sécurité du patient n’est plus assurée au-delà de 8 patients par infirmier.
Ensuite, la marchandisation du secteur a poussé les directions hospitalières à externaliser et précariser des services essentiels au bon fonctionnement de la structure hospitalière alors qu’aujourd’hui, plus que jamais, un personnel logistique, administratif et hôtelier en nombre, formé, motivé est nécessaire.
Nous avons besoin d’un système public de soins de santé qui dispose de suffisamment de moyens pour coordonner les différents niveaux des soins de santé, jusqu’aux maisons médicales de quartier, et qui intègre également les soins à domicile. Ce système doit également intégrer les soins de santé mentaux pour faire face non seulement à l’explosion récente des burnouts et épuisements professionnels, mais également aux multiples problèmes psychologiques qui vont découler du confinement et du travail intensif réalisé dans les entreprises en activité.
Nous exigeons :
- L’arrêt immédiat de toutes mesures d’économies dans le secteur de la santé.
- Un refinancement massif du secteur pour faire face à cette crise et dans l’objectif de permettre à chacune et chacun de bénéficier d’un accès à des soins de santé gratuits et de qualité, en commençant par les victimes actuelles du coronavirus.
- Que les emplois dans le secteur des soins de santé soient plus attractifs : pas de prime unique, mais une augmentation de salaire pour le personnel et l’augmentation des salaires les plus bas jusqu’à au moins 14 euros de l’heure.
- L’instauration générale de la semaine des 30 heures et la réduction collective du temps de travail, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, y compris pour le personnel en télétravail.
- Une embauche massive de personnel supplémentaire et la réintégration des services externalisés au sein de l’ensemble du secteur de la santé, avec de bons contrats de travail et de bonnes conditions de salaire.
- Le développement d’un service public national de soins de santé sous contrôle et gestion des travailleurs du secteur et de la collectivité.
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De la solidarité à la lutte pour plus de moyens pour les soins de santé

La Santé en Lutte devant la Tour des finances à Bruxelles. Photo : La Santé en Lutte. Soudain, les politiciens sont presque unanimes à faire l’éloge du personnel de santé. Ils félicitent également les nombreuses expressions de solidarité de la part de la population. Quelle hypocrisie après des années de réductions budgétaires dans les soins de santé ! Quelle hypocrisie après des années de criminalisation de la solidarité ! Mais cela en dit long sur le pouvoir de la solidarité de la base de cette société. Même dans les milieux dirigeants, il convient de faire au moins semblant d’être d’accord.
Bien sûr, applaudir à 20 heures ou suspendre un tissu blanc à sa fenêtre, c’est insuffisant pour obtenir les moyens qui font si cruellement défaut à nos hôpitaux. Mais le fait que ces initiatives soient si populaires illustre le potentiel existant pour une lutte concrète quand cela sera possible. Et ce ne sera pas un luxe : la N-VA a proposé lors des négociations gouvernementales d’économiser encore plus de 5 milliards d’euros dans les soins de santé ! Tôt ou tard, avec l’augmentation des déficits budgétaires, les autres partis traditionnels se pencheront également sur les soins de santé et la sécurité sociale pour y faire de dangereuses économies. Ces dernières années, tous les partis gouvernementaux se sont accordés pour imposer une norme de croissance plus faible pour les soins de santé.
Les soins de santé ont déjà été soumis à un régime impossible ces dernières années: la croissance des besoins n’a pas été accompagnée d’une augmentation égale des ressources (tant financières qu’en infrastructures et en personnel). Le progrès médical a permis d’économiser sur le nombre de lits et le personnel. En conséquence, les hôpitaux sont maintenant potentiellement en difficulté, malgré les efforts héroïques du personnel.
Depuis des années, le personnel soignant se mobilise pour avoir plus de collègues et de meilleures conditions de travail pour assurer une meilleure prise en charge des patients. Il n’y a pas eu de gouvernement contre lequel la « colère blanche » n’a pas protesté. Après cette crise, la lutte pour obtenir davantage de financement public pour les soins de santé devra se poursuivre, en mobilisant tout le soutien et la solidarité que l’on voit aujourd’hui s’exprimer aux fenêtres.
Le soutien de l’élite capitaliste vise à contenir et même à récupérer cette solidarité. Même dans les applaudissements on trouve une différence de classe : d’une luxueuse villa isolée, cela ne se voit presque pas. Mais dans un quartier populaire, l’acte prend résolument un caractère collectif.
Nous ne nous laissons pas avoir par les politiciens qui justifiaient les mesures d’austérité hier ou qui en réclamaient davantage ! S’ils essaient de se lier à notre solidarité, c’est parce qu’ils en ont peur. Mais n’en restons pas là et assurons que les personnes coupables des économies réalisées sur les soins de santé aient une frousse bleue après cette crise !
Comme l’a fait remarquer le groupe d’action “La Santé en Lutte” le week-end dernier : “Merci pour vos applaudissements tous les soirs, mais nous vous demandons surtout de ne pas oublier ce qu’il se passe maintenant et de continuer à nous soutenir dans nos futures mobilisations. Une fois le confinement levé, nous aurons de quoi dire et nous aurons de quoi faire. Et nous aurons besoin de vous !”
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Covid-19 : Terrassons le coronavirus et la marchandisation de la santé.

Suite à la propagation du coronavirus, nous sommes contraint·e·s d’annuler nos événements y compris la Grande manifestation de la santé du 29 mars. Ce n’est que partie remise bien évidemment.
Déclaration de La Santé en Lutte
Pour l’instant, nous allons nous concentrer sur les problématiques liées aux conditions de travail et de soins en cette période de crise.
C’est, en effet, dans un secteur déjà en surcharge, en manque d’effectifs et sous-financé depuis des années, que nous allons devoir, nous soignant·e·s et personnel logistique, administratif et hôtelier, nous battre pour endiguer une pandémie sans précédent.
Retour sur le plan de crise du gouvernement
Nous avons appris avant hier les nouvelles mesures prises par le gouvernement en affaires courantes. Nous saluons les précautions et le souci pour les enjeux sanitaires qui touchent l’ensemble de la population. Le gouvernement a en effet finalement été à l’écoute des alertes données par le monde scientifique et par les professionnels du secteur, et comme nous le savons, ce n’est pas forcément à son habitude.
Néanmoins, nous restons perplexes sur certains points. En effet, nous notons le compromis qui a été réalisé pour maintenir l’activité économique des grandes entreprises, pourtant majoritairement non essentielle au bon fonctionnement de notre société. Il nous semble que les principaux acteurs économiques impactés par les mesures seront les travailleur·euse·s de l’horeca, les étudiant·e·s, le milieu culturel et associatif, ainsi que les petits indépendants qui ont parfois déjà du mal à boucler leur fin de mois. Nous comprenons bien l’idée derrière ces choix, et nous soutenons le principe : il faut éviter les concentrations de population. C’est à ce titre qu’il nous paraît dès lors absurde et dangereux de maintenir l’activité des grandes entreprises où l’on sait que des centaines de travailleur·euse·s vont se côtoyer et plus que probablement risquer de contribuer à la propagation du virus.
Nous sommes également inquiets par rapport à la question du maintien des salaires des personnes confinées ou dans l’incapacité d’aller travailler. En effet, la précarisation de la population va engendrer des dégâts sanitaires que nous redoutons fortement. Plusieurs études révèlent la corrélation immédiate entre le niveau de revenus et le niveau de santé de la population. Nous sommes donc très préoccupés par ce risque de paupérisation et par les difficultés d’accès aux soins qui ne vont pas faciliter la lutte contre le Covid-19. En effet, il est à noter, dans les annonces du gouvernement, l’absence d’intervention concernant la prise en charge des frais médicaux liés à cette pandémie. Nous sommes face, aujourd’hui, à un secteur de santé inégalitaire, fonctionnant à plusieurs vitesses. L’accès aux soins est de plus en plus conditionné au niveau du revenu des patient·e·s. Face au coronavirus les personnes à faibles revenus ont donc un risque de mortalité plus élevé. Nous ne l’acceptons pas.
Pour finir, on ne peut pas passer à côté d’une autre annonce stupéfiante : la Ministre de la Santé a défendu, au parlement, quelques heures avant les annonces concernant les mesures à prendre pour lutter contre la pandémie de Covid-19, un projet de loi visant à économiser 48 millions supplémentaires dans les hôpitaux du pays ; cela même alors que depuis des mois le secteur dénonce un épuisement généralisé, et appelle urgemment à un refinancement. N’a-t-elle décidément honte de rien ?
Alors, sommes-nous prêt·e·s ?
C’est la question que tout le monde se pose. Comme nous le disions plus haut, le coronavirus arrive comme une charge supplémentaire dans un secteur déjà à bout. Alors, bien évidemment, nous, personnel de la santé, nous allons faire preuve de solidarité et allons donner le maximum pour soigner l’ensemble de la population. Comme à notre habitude, dirons-nous, car c’est là le sens que nous donnons à notre travail.
Quelles seront les conséquences des économies imposées précédemment dans notre système de santé sur la capacité de prise en charge et de lutte contre la pandémie qui nous menace aujourd’hui ?
D’abord, il sera toujours plus difficile d’avoir davantage de soignant·e·s au chevet des patient·e·s. Des conditions de travail repoussantes ont eu raison des infirmières, depuis des années, créant une pénurie majeure.
Ensuite, la marchandisation du secteur a poussé les directions hospitalières à externaliser, précariser, sous-staffer des services essentiels au bon fonctionnement de la structure hospitalière. En effet, aujourd’hui plus que jamais, nous allons avoir besoin du personnel logistique, administratif et hôtelier en nombre, formé, motivé. Une attention particulière devra être donnée au personnel de l’entretien ménager, qui sera dans les jours à venir, tout comme les autres professionnels de la santé, certainement sur-sollicité.
Pour finir, le tournant managérial de la gestion hospitalière laisse des équipes soignantes sans supervisions professionnelles aptes à traiter les questions de santé. Heureusement que nous savons encore comment faire notre métier. Pour exemple, les soins à domiciles, laissés sans directives et qui ont eu le professionnalisme de se donner des guidelines propres et concrètes pour la gestion de la pandémie. De plus, la gestion managériale du « juste à temps » laissant les unités avec très peu de stock, ce qui présage des grosses pénuries de matériel.
Pour conclure, nous sommes conscients que nous allons devoir donner beaucoup de nos personnes dans cette phase sanitaire critique. Pour illustrer ces sacrifices, la direction du CHU Saint-Pierre a demandé « d’annuler toutes les vacances, récupérations et congés programmés jusqu’au mois de juin » de tout son personnel. Le personnel de la santé devra être sur le pont ces prochains mois, nous le savons. Ces mesures sont les prémices d’une réquisition qui nous guette, probablement. Mais quelles sont les contreparties proposées par les directions hospitalières et l’Etat pour le personnel de la santé qui sera amené à sacrifier beaucoup durant les mois à venir ? Pour l’instant, et une fois de plus, le personnel des institutions de soins se prépare à ce qu’on lui demande de nombreux efforts, sans la garantie d’une reconnaissance juste et nécessaire.
Aujourd’hui, plus que jamais, la population réalise l’importance d’avoir des effectifs en suffisance et du personnel soignant sur le terrain, formé et correctement payé, pour faire face aux problèmes de santé. Plus que jamais, nous savons que nous avons besoin de tout le monde dans cette fourmilière qu’est l’hôpital. Du personnel d’entretien au médecin, du laborantin au brancardier, un renfort global des effectifs est bel et bien urgent et nécessaire. Plus que jamais, le monde réalise que la santé est un droit pour toutes et tous, et qu’il serait inacceptable de laisser mourir ceux et celles qui ont peu de moyens. Plus que jamais, nous nous rendons compte que les entreprises privées ne suivent pas cette logique, en spéculant sur la maladie, les médicaments, les produits désinfectants, les masques, etc.
C’est pourquoi, plus que jamais, notre slogan « + d’effectifs, + de salaires et + d’humanité » fait sens, pendant et après la pandémie.
Préparons-nous à nous battre sur tous les fronts contre le coronavirus et contre l’austérité !
Nous demandons :
- Une protection plus grande de la population en arrêtant toute la production non essentielle afin de limiter réellement au maximum la propagation du virus.
- Des garanties claires de maintien des salaires pour toutes celles et ceux qui sont amené·e·s à arrêter le travail dans ce contexte de crise.
- Une prise en charge par l’Etat avec participation importante des grandes entreprises pour toutes celles et ceux qui auront à subir une prise en charge médicale liée au coronavirus.
- Un arrêt immédiat de toutes mesures d’économies dans le secteur de la santé.
- Un refinancement massif du secteur pour faire face à cette situation et à toutes situations ultérieures. L’objectif doit être des soins de qualité gratuits pour toutes et tous.
- Des contreparties sérieuses pour tout le personnel du secteur qui sera amené à travailler dans des conditions encore plus difficiles dans les semaines et mois à venir.

Nous allons publier différentes réactions de travailleurs et de jeunes concernant l’impact de la crise du Coronavirus à leur travail et dans leur vie. N’hésitez pas à nous envoyer votre contribution via redaction@socialisme.be
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[PETITION] Des soins de qualité pour tous !

Par La Santé en Lutte
Depuis plusieurs mois maintenant, le personnel de différentes institutions de soins est mobilisé pour réagir à la dégradation constante de leurs conditions de travail.
En effet, la Ministre de la santé et le Gouvernement ont appliqué des économies budgétaires de plusieurs centaines de millions d’euros dans les soins de santé ces dernières années. Ces mesures rentrent dans une nouvelle politique de gestion de la santé au niveau fédéral, celle de la rentabilité. Dans cette même perspective, les directions managériales ont changé, contribuant ainsi à l’application de ces nouvelles politiques de rendement. La gestion de nos hôpitaux s’apparente dès lors de plus en plus à celle d’une industrie où le profit est de rigueur. En lieu et place de l’humain, les gestionnaires politiques et managériaux ne voient plus que des chiffres et des tableaux comptables. Ainsi, pour eux, rentabilité et flexibilité sont devenues les valeurs centrales de la gestion de nos soins de santé.
Nous fonctionnons donc de plus en plus en sous-effectif, avec des cadences augmentées, nos contrats sont de plus en plus précaires et nos salaires stagnent. Les soins rendus se dégradent, l’attention portée aux patient·e·s diminue, les files s’allongent et les urgences se remplissent.
Cette situation est plus que préoccupante. Nous en arrivons même à nous demander comment nous avons fait pour tenir jusque-là ? Aujourd’hui, l’ensemble des services hospitaliers, des maisons de repos,… sont au mieux en surchauffe, au pire en crise. Nous sommes conscient·e·s qu’on ne tiendra pas à cette cadence et dans ces conditions longtemps.
Nous, travailleurs et travailleuses, sortons régulièrement de notre boulot épuisé·e·s physiquement et psychiquement. Nous n’avons même plus la satisfaction du travail bien fait. Nous sommes mis·e·s sous pression constamment, pour toujours devoir en faire plus avec toujours moins. Ainsi, trop souvent, nous avons le goût amer de ne pas avoir pu faire mieux pour nos patient·e·s. Nous sommes poussés par le corps managérial à devenir des robots ! Du personnel de la lingerie aux brancardièr·e·s en passant par les infirmièr·e·s, nous sommes toutes et tous sous cette pression constante de devoir faire plus vite et plus rentable ! Sauf que nous ne sommes pas dans une usine, et qu’en bout de course, il s’agit d’êtres humains !
Ces êtres humains sont les patient·e·s, vous, nous, la population en Belgique. Cette dernière a le droit d’être soignée correctement, peu importe l’origine sociale ou culturelle, peu importe le niveau de revenu ! Aujourd’hui, nous savons que ce n’est pas le cas. Dans un système de santé qui se transforme en système marchand, c’est celui qui aura le plus de moyen qui sera le mieux soigné ! Entre le chirurgien qui n’opère que si nous sommes en chambre privée et l’hôpital qui surfacture, entre les entreprises pharmaceutiques qui font payer leurs médicaments une fortune et le gouvernement qui supprime les remboursements : nous avons un système qui exclut une partie de plus en plus importante de la population.
Ainsi, nos gouvernants, managériaux et politiques, font rentrer la dynamique marchande dans les soins de santé. Rentabilité, pression financière, taux d’occupation des lits, rationalisation des soins, différenciation de qualité en fonction du payement, conditionnement du financement à la quantification des actes, etc. etc. Le gouvernement calcule pour économiser le moindre centime sur notre santé.
Alors, à vous qui réalisez des économies sur notre dos, nous tenons à vous exprimer par cette pétition que votre politique est inhumaine et que les patient·e·s comme les soignant·e·s sont les premières victimes de vos décisions. Car, oui, aujourd’hui, nous sommes en danger et, surtout, les patient·e·s sont en danger !
Enfin, sachez que la santé nous tient à cœur et qu’il y a une vraie volonté chez nous toutes et tous de travailler dans ce secteur mais plus à n’importe quel prix. Il est urgent de remettre la valeur humaine au centre des préoccupations ! L’humain ce n’est pas des chiffres ! Et pour soigner l’humain nous avons besoin de temps ! La qualité des soins passe tout d’abord par du temps, un bon accueil et une bonne évaluation clinique. La prise en charge d’un patient doit rester un moment privilégié, un moment d’écoute. Nous voulons avoir le temps de prendre soin des patient·e·s humainement et de sortir de la logique d’actes à la chaîne. Nous pensons qu’il est temps de refinancer nos soins de santé et de rendre à nouveau nos métiers attractifs par des conditions de travail saines, des contrats stables et une revalorisation salariale.
Nous invitons donc l’ensemble de la population, ainsi que les organisations de patient·e·s, professionnelles, syndicales, associatives, etc. à signer cette pétition pour exiger :
- Un refinancement des soins de santé
- L’engagement de plus de personnel pour assurer des soins de qualité à toutes et tous
- Une revalorisation salariale de tous les métiers de la santé
- Une véritable politique de bien-être au travail et un arrêt du management inhumain
Nous proposons aussi à l’ensemble des signataires :
- De diffuser le plus largement cet appel et cette pétition via ce lien
- De nous rejoindre à notre deuxième Assemblée Générale du 8 novembre 2019 à 18h au 70B rue du Danemark à Saint Gilles.
Qui est à l’initiative de cette pétition ? Qu’est-ce que « la santé en lutte » ?
Nous sommes infirmièr·e·s, sages-femmes, médecins, brancardièr·e·s, aides soignant·e·s, personnel de la lingerie, de la restauration, de l’entretien ménager, technicien·ne·s, secrétaires, laborantin·e·s, ambulancièr·e·s, patient·e·s, etc. Nous sommes également citoyen·ne·s et désireux·ses d’un système de santé basé sur l’humain plutôt que la rentabilité financière. Notre structure fonctionne en assemblée, de manière démocratique et collective. Un·e membre, une voix. Elle est ouverte à toutes les personnes et organisations qui souhaitent se mobiliser.
Pour nous rejoindre c’est simple : suivez-nous sur facebook « La santé en lutte », envoyez-nous un email lasanteenlutte@gmail.com
·· Si vous souhaitez signer la pétition et soutenir le mouvement au nom de votre organisation veuillez nous le signaler via lasanteenlutte@gmail.com
ORGANISATIONS SIGNATAIRES
- Collectif Hopital en Résistance
- FdSS Fédération des Services Sociaux
- Médecine pour le Peuple/Geneeskunde voor het Volk
- Femmes et Santé
- Fédération des maisons médicales
- CGSP ALR Bruxelles
- CGSP Brugmann
- CGSP St Pierre
- CNE Non marchand Bruxelles
- JOC Jeunes Organisés et Combatifs
- Barricade asbl
- LLN Bouge
- L’USE Union Syndicale Etudiante
- Ecolo J
- Actrices et acteurs des temps présents
- Le poisson sans bicyclette
- Amazone ASBL
- CADTM Belgique
- ACiDe
- Agir pour la Paix
- ACN Association belge des praticiens de l’art infirmier
- Street Médic Brussels
- les Femmes Prévoyantes Socialistes (FPS)
- La Fédération de Centres de Planning familial des FPS
- Les Equipes Populaires de Bruxelles
- Le Mouvement Ouvrier Chrétien (MOC) Bruxelles
- Campagne ROSA
- PSL – LSP
- Le réseau ADES
- IWW Belgium
- Attac Bruxelles
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La santé en lutte – Nous avons besoin de plus de personnel et de plus de moyens !

Assemblée générale La Santé en Lutte Depuis plusieurs mois maintenant, le personnel de différentes institutions de soins est mobilisé pour réagir à la dégradation constante de leurs conditions de travail. Dans ce cadre, une grande Assemblée Générale de rentrée de La Santé en Lutte était organisée vendredi dernier à Bruxelles. Le texte ci-dessous est tiré du tract Hypertension (1) qui y a été distribué. Nous vous invitons par ailleurs à lire l’interview que nous avons réalisée de Karim Brikci, délégué permanent CGSP de l’hôpital Brugmann-Horta ainsi qu’à vous rendre sur le groupe Facebook La Santé en Lutte.
On exige toujours plus avec moins de personnel. Les soins sont enchaînés les uns après les autres, à la chaîne, sans plus avoir de temps pour les patients. La pression et la dégradation des conditions de travail sont devenues insoutenables. La dimension humaine des soins a été détruite par la charge de travail et la transformation des hôpitaux en usines. Des tableaux Excel interprétés par des consultants externes, ou autres bureaucrates, ne permettront jamais de saisir la réalité de terrain.
“Sous le gouvernement Di Rupo, plus de 4 milliards d’euros ont été économisés dans l’assurance-maladie, dont 1 milliard d’euros ‘‘d’économies nettes’’. Sous celui de Michel, le compteur a été augmenté de 3,84 milliards d’euros, dont plus de la moitié sont des économies nettes’’(2). Nous sommes au début d’une véritable crise des soins de santé. Avec trop peu de moyens, un désinvestissement chronique et la commercialisation progressive de la santé, impossible que celle-ci fonctionne correctement !
Tout ceci n’est pas une fatalité. Nous partageons matin et soir ce constat sur nos lieux de travail. La Santé en Lutte est un espace de convergence pour toutes les travailleuses et les travailleurs de la santé, afin de sortir de notre isolement et prendre conscience de notre force collective. Avec la grève des hôpitaux publics bruxellois le 3 juin, les mardis des blouses blanches et le mouvement dans les maisons de repos, le mouvement des travailleurs de la santé s’étend. Cela offre l’opportunité d’élaborer tous ensemble, avec la participation des différents syndicats, un plan d’action crescendo vers une journée d’action nationale commune pour tous les secteurs confondus de la santé.
Dans une interview au Soir, Robert Verteneuil, le président de la FGTB a raison d’expliquer que le signal donné par les électeurs le 26 mai dernier, c’est celui des préoccupations sociales. Pour y répondre, il propose un plan national d’urgence socio-climatique : augmenter le pouvoir d’achat des travailleurs via les salaires, relever la pension minimum à 1500€ net, le salaire minimum à 14€/heure brut, les minima sociaux au-dessus du seuil de pauvreté et des investissements dans le social et le climat. C’est un bon programme dans lequel La Santé en Lutte peut s’inscrire : les investissements publics nécessaires dans le secteur sont importants.
La formulation de nos revendications peut varier, qu’on soit dans le public ou le non-marchand, dans les hôpitaux, les
maison de repos, les soins à domicile, au SIAMU… Mais nous sommes tous confrontés aux mêmes problèmes.- Un refinancement public massif de la santé pour de l’engagement de personnel supplémentaire, de bonne conditions de travail et des soins de qualité pour tous.
- Une augmentation de l’ensemble des salaires et un minimum de 14€/heure soit 2300€ brut par mois.
- Un renforcement du système fédéral de sécurité sociale, pas de scission de celle-ci !
- Une réduction du temps de travail à 30h semaine pour permettre un travail à long terme dans le secteur, avec
embauches compensatoires, sans pertes de salaires et avec une interdiction formelle du travail à temps partiel
involontaire. - Mettons un terme à la privatisation et à la commercialisation de la santé. Pour un service public national de santé gratuit,
sous contrôle démocratique de la collectivité. Y compris la partie rentable du secteur, l’industrie pharmaceutique, duquel serait bannie l’avidité du privé.
- Hypertension (version néerlandophone : ‘Polsslag’) a vu le jour lors de la Colère Blanche (2004-2005) comme journal d’action pour des militants syndicaux combatifs et critiques, tant à la CSC qu’à la FGTB dans le secteur de la santé. Ce réseau s’est créé à l’initiative de délégués membres du Parti Socialiste de Lutte (PSL), mais est ouvert à tout activiste combatif dans le secteur. Contact : www.socialisme.be / info@socialisme.be
- Service national d’études des mutualités socialistes, décembre 2017.

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La santé en lutte ! Interview de Karim Brikci, délégué permanent CGSP de l’hôpital Brugmann-Horta

Depuis mars s’est développé un mouvement social chez le personnel des soins de santé bruxellois. Débutant dans les urgences et soins intensifs de l’hôpital Brugmann-Horta, celui-ci s’est étendu à d’autres hôpitaux et veut fédérer le secteur de la santé en lutte. Nous avons donc interviewé le délégué permanent CGSP de l’hôpital Brugmann-Horta, Karim Brikci.
Propos recueillis par Pablo (Bruxelles)
Bonjour Karim, j’imagine que la colère du personnel des soins de santé ne tombe pas du ciel. Peux-tu nous expliquer son contexte ?
‘‘En effet, comme dans beaucoup de secteurs, le ras-le-bol est profond. La situation s’est détériorée à très grande vitesse avec des conséquences catastrophiques pour le personnel et les patients. Ce constat est dénoncé par les organisations syndicales et les travailleurs depuis de longues années. Au jour le jour tout ceci se traduit par une démotivation, une explosion des burnouts,…
‘‘En parallèle, depuis plusieurs législatures, les soins de santé ont subi des économies à grande échelle devant être supportées par le personnel de terrain : non-remplacements d’effectifs, suppressions d’acquis tels que des jours de congés, primes de fin d’année,… Les patients ont aussi subi de plein fouet les conséquences de ces politiques avec des délais d’attentes de plus en plus importants, des augmentations de tarifs et de prix des médicaments.’’
Comment le mouvement s’est-il développé ?
‘‘Face au constat, de nombreux petits combats ont été menés ces dernières années pour tenter au maximum de contrer ces choix politiques. Chaque petit combat isolé semblait perdu d’avance. Mais toutes ces luttes ont pu remettre à l’ordre du jour la nécessité de se battre pour une amélioration de nos conditions de travail et la défense de nos acquis.
‘‘En février, dans mon hôpital, les brancardiers ont mené une grève courageuse de trois jours pour empêcher la suppression de 3 postes et pour dénoncer un management devenu de plus en plus autoritaire, qui ne prenait pas en compte l’avis de ceux qui au quotidien souffrent de la surcharge de travail. La direction a été surprise et ne s’attendait pas à une telle détermination. Au bout des 3 jours, elle a dû céder et les brancardiers ont obtenu le remplacement en CDI des 3 postes menacés. Contrairement à ce qui a pu vivre par le passé, la solidarité et l’intérêt pour leur combat était assez remarquable. On entendait sur le piquet “Bravo, vous osez vous quand même !”, “On devrait tous faire la même chose”.’’
Une sorte d’étincelle en somme…
‘‘Tout à fait. Quelques jours plus tard, notre délégation a été interpellée par des collègues infirmières des soins intensifs et des urgences pour discuter de leur participation à la grève prévue pour la Journée Internationale de lutte pour les droits des femmes. Partant de leur vécu et d’une situation devenue intenable, elles avaient dressé leur propre cahier de revendications et l’énorme majorité des équipes étaient prête à partir en grève pour soutenir leurs demandes. A partir du 8 mars, ces équipes sont rentrées en mouvement pour obtenir satisfaction à leurs revendications. On a travaillé systématiquement sous forme d’assemblées avec les collègues pour discuter des avancées, du suivi des discussions avec la direction,…
‘‘Avec les collègues du syndicat nous avons donné une attention particulière au fait que le combat est celui des travailleurs de terrain et que donc c’est à eux de le mener. Nous étions là pour les soutenir, les défendre, mais en aucun cas prendre des décisions à leur place. En interne, plusieurs avancées ont pu être obtenues après 2 mois de mobilisations et de négociations. Mais une bonne partie de leurs revendications, comme la reconnaissance du temps d’habillage, le remboursement des transports en commun ou encore la revalorisation salariale, étaient renvoyée vers la direction du réseau IRIS, seule, selon la direction locale, à pouvoir répondre à ces demandes.
‘‘En assemblée, nous avons discuté longuement sur la stratégie à suivre. La médiatisation autour de notre “petite” mobilisation allait nous aider et nous avons été mis au courant que nos collègues de l’hôpital Saint-Pierre – qui vivent bien évidemment la même situation – prévoyaient aussi de passer à l’action. Quelques rencontres et discussions nous ont amené à proposer au front commun syndical une action coordonnée de tous les hôpitaux IRIS avec une journée de grève et de manifestation. La date a été convenue pour le 3 juin. Cette journée fut un grand succès avec quelques 400 personnes présentes devant les bureaux de la direction du réseau. L’ambiance était incroyable et la volonté de lutter et de continuer la mobilisation bien présente. La direction a proposé ce jour-là de discuter tout l’été autour du cahier de revendications.
‘‘Bien que beaucoup soient méfiants, et à juste titre, de cette stratégie de groupes de travail, l’assemblée organisée à la fin de la journée de grève avec les travailleurs grévistes a décidé d’y participer, d’exiger des réponses pour début septembre et d’appeler à une réunion le 21 juin pour mettre sur pied une coordination de tous les travailleurs du secteur de la santé. Cette coordination a depuis pris un nom La Santé en Lutte.’’
Quelle importance a cette coordination de “la Santé en Lutte” selon toi ?
‘‘Pour nous, c’est un développement extrêmement important. Notre secteur est tout d’abord confronté à un chantage moral quand nous discutons de passer à l’action. On peut facilement nous accuser de “prendre en otage les patients”. Pour nous, il est clair qu’aujourd’hui c’est l’austérité et les politiques menées qui prennent en otage les patients et que notre mouvement a pour but d’améliorer la situation de tous, travailleurs et patients. Mais nous devons prendre ça en compte et faire un travail de sensibilisation et de mobilisation conscient et efficace.
‘‘Ensuite, dans notre secteur, la division syndicale est très marquée entre public et privé ou entre hôpitaux et maisons de repos par exemple. La Santé en Lutte veut unifier dans ce combat global pour un refinancement des soins de santé l’ensemble des acteurs, syndiqués ou non, travailleurs et patients, syndicats et associations professionnelles, etc. Cela ne sera certainement pas évident, mais l’ensemble des collègues impliqués actuellement sont motivés par cette perspective et nous allons faire le maximum pour que la question de la santé soit sur la table à la rentrée de septembre 2019.’’
Quelle est la position des directions hospitalières face à ce mouvement ?
‘‘Un développement intéressant a été que cette mobilisation a forcé une série d’employeurs publics et privés à soutenir le mouvement et à déclarer publiquement qu’un refinancement était nécessaire. Ce positionnement est légèrement hypocrite compte tenu du fait que ce sont ces mêmes employeurs qui appliquent sans discuter cette austérité depuis des années, mais nous pouvons utiliser ça pour avancer et légitimer notre combat.’’
Que prévoyez-vous pour la rentrée sociale ?
‘‘Beaucoup de choses sont discutées actuellement. Tout d’abord, nous organisons une grande assemblée de La Santé en Lutte le 13 septembre. Nous espérons pouvoir être capable de mettre tous les acteurs autour de la table et de discuter sérieusement d’un véritable plan d’action à la hauteur des enjeux. En parallèle, la mobilisation au niveau du réseau IRIS va continuer. Début septembre, la direction doit donner des réponses à nos revendications. Nous prévoyons des assemblées dans tous les hôpitaux IRIS pour présenter les réponses de la direction et décider de la suite à donner. Mais je peux déjà te dire qu’il est clair pour nombre d’entre nous que certains points de revendications sont cruciaux et que la mobilisation reprendra de plus belle si nos directions ne donnent pas de réponses avec des engagements sérieux.
A côté de ça, la CGSP-ALR (Administrations locales et régionales) mène une campagne depuis une grosse année autour de la nécessaire et urgente revalorisation salariale de notre secteur qui comprend les hôpitaux publics, les communes, les CPAS, etc. Nous sommes encore un des seuls secteurs où de nombreux collègues sont payés en grade E, grade qui a disparu dans de nombreux endroits et qui ne permet pas de vivre décemment aujourd’hui à Bruxelles. Ce combat-là va aussi être mené à la rentrée parce qu’il semble clair aujourd’hui que le gouvernement bruxellois n’a pas mis à l’ordre du jour cette revalorisation malgré les différentes promesses pré-électorales. La rentrée sera donc assez chaude…’’
– 13 sept. : Assemblée Générale ‘La Santé en Lutte’ 18h, rue du Congrès 17/19 Bruxelles
– Suivez ce combat sur Facebook => ‘‘La santé en lutte’’ -
Les soins de santé en crise : Nous avons besoin de plus de personnel et de plus de moyens !
Les pénuries de personnel en matière de soins et de bien-être – qui vont s’aggraver à l’avenir – se font déjà sentir. Cela encourage les employeurs à faire preuve de ‘‘créativité’’ dans le déploiement du personnel dans le temps et dans l’espace. En langage humain: la flexibilité déjà élevée du secteur est encore augmentée, ce qui entraîne encore plus de pression et de stress au travail.Par un infirmier
Dans le cas des hôpitaux, il y a aussi l’histoire des réseaux intégrés, qui encouragent implicitement la centralisation, l’externalisation et, finalement, la réduction des effectifs du secteur. Du côté francophone, l’avenir des hôpitaux publics est menacé. Du côté flamand, le secteur hospitalier public est en recul depuis un certain temps déjà en raison d’une privatisation larvée.
Le KCE – le groupe de réflexion du ministère de la Santé – estime que 5.000 lits d’hôpitaux doivent être supprimés dans les années à venir. Pour réduire les coûts, le gouvernement veut favoriser les soins individuels à domicile.
Avec trop peu de moyens, un désinvestissement chronique et la privatisation/commercialisation progressive des soins et du bien-être, le secteur continuera à fonctionner… mais impossible que ce soit de manière correcte! La dimension humaine des soins est également menacée par le poids du travail et la transformation des hôpitaux en usines. Des tableaux Excel interprétés par des consultants externes ou d’autres bureaucrates ne permettront jamais de saisir la réalité de terrain.
Rendre le secteur attractif n’est possible qu’en garantissant des conditions de travail décentes. Par exemple, une infirmière qui veut travailler au chevet du patient peut, après ses études, ‘‘se réjouir’’ de travailler en équipe, 1 week-end sur 2, 1 jours férié sur 2, d’avoir des horaires adaptés en dernière minute par des collègues qui laissent tomber… Les horaires du secteur de la santé – où l’on trouve rassemblées nombre de professions sociales – sont très antisociaux !
La crise des soins
‘‘Sous le gouvernement Di Rupo, plus de 4 milliards d’euros ont été économisés dans l’assurance-maladie, dont 1 milliard d’euros ‘‘d’économies nettes’’ (les 3 milliards d’euros restants ont été réalisés en réduisant la marge disponible). Sous ce gouvernement, le compteur a été augmenté de 3,84 milliards d’euros, dont plus de la moitié sont des économies nettes’’. (Service national d’études des mutualités socialistes, décembre 2017)
Nous sommes au début d’une véritable crise des soins de santé, mais les décideurs politiques prétendent que tout se passe comme d’habitude et qu’au final, tout va bien. Au dernier moment, Maggie De Block a élargi l’éventail des tâches des professionnels de la santé, ce qui signifie concrètement la régularisation des tâches que les professionnels de la santé accomplissent déjà (illégalement) dans de nombreux centres de soins résidentiels. En théorie, cela devrait compenser la pénurie croissante d’infirmières, mais ne fait que déplacer la charge de travail vers le personnel moins bien rémunéré et moins qualifié.
Les investissements nécessaires dans les soins et le bien-être se chiffrent en milliards, et non en millions. Par exemple, 1,6 milliard d’euros supplémentaires sont nécessaires chaque année pour éliminer complètement les listes d’attente dans les soins aux personnes handicapées en Flandre (environ 15.000 personnes). C’est tout simplement le double du budget actuel.
A partir du 1er juillet, 391 centres d’hébergement en Flandre recevront 22 millions d’euros supplémentaires pour les résidents ayant un profil de soins lourds. Concrètement, cela signifie 400 travailleurs supplémentaires. Selon l’organisation patronale Zorgnet-Icuro, c’est pourtant une goutte d’eau dans l’océan. Selon eux, 2 milliards d’euros supplémentaires seront nécessaires à long terme pour garantir les soins et le soutien appropriés.
Il nous faut des investissements massifs !
Mettons un terme à la privatisation et à la commercialisation des soins et du bien-être ! Le gouvernement doit prendre ses responsabilités et en assumer lui-même la charge ! Les fonds des communautés pour les soins ne sont pas destinés à gonfler les poches des actionnaires privés !
Re-fédéralisons les soins de santé! Le slogan régionaliste ‘‘Ce que nous faisons nous-mêmes, nous le faisons mieux’’, s’avère être une illusion.
Renforçons le système fédéral de sécurité sociale ! Par le biais d’une septième réforme de l’Etat, le CD&V veut transférer tout ce qui reste des soins de santé à la Flandre à partir de 2024. Il s’agit d’un pas important vers la scission complète de la sécurité sociale.
Une réduction radicale du temps de travail est nécessaire pour permettre un travail à long terme dans le secteur, avec embauches compensatoires et avec une interdiction formelle du travail à temps partiel involontaire. Après tout, le travail à temps partiel rend les femmes plus dépendantes financièrement, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de la famille. Étant donné que le secteur des soins est un secteur essentiellement féminin, nous défendons également des investissements massifs dans des services de garde adaptés et pour une socialisation profonde des tâches domestiques.
Il nous faut plus de moyens publics et plus de personnel. Toutefois, cela n’est pas possible dans une société où sévit la recherche de profit à tous prix.
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Le personnel hospitalier bruxellois du réseau IRIS en grève

Photo : Collecif Krasnyi Comme en France, le personnel hospitalier bruxellois est en souffrance. Mais il semble bien qu’il soit « plus chaud que le réseau » IRIS : ce lundi ils étaient en grève pour 24h.
Depuis septembre 2018, les travailleurs des Administrations Locales et Régionales (ALR) ont lancé leur plan d’action pour défendre leurs conditions de travail, minées par des années d’austérité succédant à des années de sous financement. Depuis au moins une année et demie, ils défendent en front commun un cahier de revendications comprenant notamment des augmentations salariales de 10% contre les bas salaires mais aussi la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires. Une succession de rassemblements, d’Assemblées générales, de manifestations et de grèves ont déjà pris place durant des mois pour défendre dans la lutte ces revendications et, en fait, la qualité des services publics rendus dans les ALR. Depuis début 2019, en parallèle de ce plan d’action, un mouvement supplémentaire s’est développé au CHU Brugmann pour ensuite s’étendre aux autres hôpitaux publics bruxellois du réseau IRIS. Les rémunérations et les conditions de travail intenables sont pointées du doigt : la lutte des travailleurs des services publics bruxellois déborde.
Par Nicolas M.( Bruxelles)
Rythmes intenables, effectifs insuffisants, parkings inexistants … Service public ou rentabilité ?
Début de l’année, les brancardiers du CHU Brugmann débrayaient pour, un énième fois, résister au manque de personnel de leur service. Après 3 jours de grèves la direction accédait à certaines de leurs revendications. Cette expérience sur le site de l’hôpital n’est pas passée inaperçue. L’activité développée autour de leur piquet mais bien sûr aussi la victoire obtenue allait de manière contagieuse pousser le personnel soignant des services des urgences et des soins intensifs à débrayer à leur tour en mars dernier.
Ils pointent de manière générale que les services publics hospitaliers sont gérés comme une entreprise. Les budgets nécessaires ne sont pas présents pour offrir des conditions de travail et une qualité de service décentes dans nos hôpitaux. Les syndicats expliquent que les réductions de financements dans la santé décidées sous le gouvernement Michel coûteraient 15 nouveaux millions aux hôpitaux bruxellois. On voit bien que les problèmes ne sont pas en voie d’être résolus mais bien plutôt à s’amplifier.
Et cela a des conséquences sérieuses et malheureusement dramatiques. Les travailleurs l’expliquent : ils font face à un cercle vicieux. La charge de travail bien souvent extrême a pour conséquence un arrêt de carrière pour un personnel passionné mais dégoutté, quand ce n’est pas des arrêts maladie et des burn-out. Alors le personnel qui reste connait une situation qui se dégrade de plus en plus.
Dans le sillage creusé par le personnel de Brugmann c’est finalement l’ensemble du personnel soignant et administratif des hôpitaux publics bruxellois qui ont débrayé ce dimanche soir pour 24h. Ils se sont donnés rendez-vous ce lundi matin aux portes de la faîtière IRIS où se réunissait un comité de négociation entre les représentants syndicaux et ceux du conseil d’administration. Avec cette grève et cette action le personnel a bien entendu mis à l’agenda de cette réunion leurs problèmes et leur colère.
Pour la direction du réseau il faut … arrêter la grève
Une délégation du personnel a ainsi pris part à la réunion pour expliquer les conditions insoutenables dans les services. A leur retour cette délégation a expliqué les solutions proposées. La direction IRIS a semble-t-il bien écouté et semble même bien comprendre la détresse du personnel. Malheureusement elle propose un calendrier de réunions pour continuer à discuter. La direction est d’ailleurs descendue dans la rue, obligée bruyamment par les travailleurs à venir publiquement expliquer à tous les grévistes présents leur « compréhension » et leurs solutions.
Par la voix notamment du président de la faîtière, Renaud Witmeur (PS, ancien chef de cabinet de Rudy Demotte), la direction a expliqué qu’il fallait continuer à discuter ensemble, et qu’il fallait ensemble aller protester contre les mesures du gouvernement fédéral. La suite de l’argumentation arrive enfin au vrai problème pour la direction : il serait donc bien vu de cesser la grève pour laisser place à la négociation entre direction et syndicats proposée dans leur « agenda ». Mais du coup aussi pour se tourner vers des négociations avec le fédéral ?
La manœuvre est un peu grosse. Le personnel connait ces « agendas » de réunions. Ils y ont d’ailleurs participé à chaque fois que la direction l’a proposé. Mais pour arracher une avancée significative ils savent que seule la lutte paie. Sûrement l’exemple des brancardiers et des soignants de Brugmann rôde encore dans les mémoires et c’est tant mieux.Respect des trajectoires budgétaires ou qualité du service ?
En fait la direction essaye de construire une unité avec le personnel contre le fédéral. Il est clair qu’il faut lutter contre l’austérité à tous les niveaux de pouvoirs : au fédéral mais aussi à la région, dans nos communes et au sein même des hôpitaux ! Par contre on ne défend pas les mêmes intérêts que la direction. Celle-ci ne cherchent pas à satisfaire les besoins en services de qualité des patients (transformés en chiffres, si pas en clients) mais à respecter docilement des budgets donnés, peu importe qu’ils soient suffisants… ou pas.
Si ce n’était pas le cas alors pourquoi la direction du réseau ne défendrait pas un déficit budgétaire pour entamer un bras de fer avec le fédéral et l’obliger alors à payer ? Ils ne le font pas parce que là n’est pas leur rôle. Dans l’Histoire leur rôle est de ne pas faire trop de vague et de docilement s’assurer l’application des mesures. Et à qui veulent-ils encore croire que sous financer de cette manière la santé publique n’est pas une faille pour insérer le privé et la libéralisation du secteur ? Nous ne sommes pas dupes, patients et personnel !
Tout comme dans les revendications plus générales des ALR, le mouvement dans les hôpitaux pointe à côté du manque de moyen, le problème du management brutal dans les services publics. Si la direction est consciente des problèmes du personnel comme elle l’a elle-même dite ce matin dans la rue face aux grévistes alors va-t-elle faire quelque chose là-dessus ? Ça ne devrait pas coûter trop d’argent d’éradiquer des couloirs de nos hôpitaux les techniques d’intimidations, autoritaires et autre ? A notre avis ces techniques, issus du privé, sont aussi une préparation à la libéralisation : s’assurer un personnel docile prêt à travailler sous toutes les conditions, surtout les moins bonnes.
« Ce n’est qu’un début continuons le combat » : AG, nouvelle grève et plan d’action
Personne ne semblait bien sur dupe des manœuvres de la direction ce matin. Les actions ne vont sûrement pas s’arrêter de sitôt. Après le rassemblement aux portes d’IRIS, le personnel gréviste s’est rassemblé en AG place Poelaert pour discuter des propositions d’agenda de la direction et des suites.
Plusieurs éléments pour continuer la dynamique ont été discutés et votés. La volonté de continuer le combat était unanime. L’assemblée a décidé de demander aux organisations syndicales un nouveau dépôt de préavis d’action qui les couvrira pendant la période d’été et ainsi rappeler à la direction que le personnel n’est pas dupe et pas prêt à cesser l’action collective. De nouvelles actions seront organisées en septembre si rien n’a évolué d’ici là.
D’ici là le personnel de l’ensemble des sites devra mener les discussions sur le cahier de revendications pour qu’à l’horizon du 14 juin les revendications plus spécifiques aux différentes situations puissent être intégrées. Une coordination a aussi été mise en place pour structurer et souder les différents sites. Mais aussi pour construire l’unité dans la lutte avec l’ensemble du secteur non marchand et donc les sites et hôpitaux en dehors du réseaux IRIS. A côté de la grève des actions locales sur les différents sites parsèmera l’actualité de nos hôpitaux durant l’été. Tout ceci prévient d’ores et déjà d’une rentrée sociale combattive en septembre pour les services publics bruxellois, un combat mené depuis plus d’un an maintenant par les syndicats en front commun. Il faudra bien qu’à un moment politique, gouvernements, dirigeants se rendent compte que si rien n’avance il faudra qu’ils dégagent avec toute leur politique d’austérité.
=> Pour suivre le développement de la lutte sur Facebook : Soignant.e.s en mouvement / 2019 Belgique
