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Tag: Soins de santé
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Explosion du coût de la vie. Rassemblement au CHU Brugmann: ” Tous ensemble, toutes ensemble, grève générale!”

Image : CGSP ACOD ALR LRB Aujourd’hui, plus d’une centaine de personnes se sont mobilisées à midi pour dénoncer aux portes du CHU Brugmann à Bruxelles l’explosion du coût de la vie et exiger une revalorisation salariale ainsi que le blocage des prix de l’énergie et des produits de première nécessité.
C’était un rassemblement combatif, où ont résonné des slogans tels que “Tous ensemble, toutes ensemble : grève générale!”, “Augmentez les salaires, liquidez les actionnaires!”, “C’est pas au patronat de faire sa loi, la vraie démocratie, elle est ici!” ou encore “De l’argent, il y en a, dans les poches du patronat, et l’argent, on le prendra, dans les poches du patronat”. Plusieurs personnes ont prit la parole pour s’exprimer sur la situation sociale catastrophique pour de plus en plus de travailleur.euse.s et pour dénoncer l’implémentation d’IFIC, un calculateur de barèmes qui a laissé sur le carreau beaucoup de collègues qui n’ont eu aucune revalorisation salariale, malgré les promesses et beaux discours.
L’action s’est terminée par un appel à la lutte dans tous les secteurs, en soulignant la nécessité de mobiliser sérieusement pour la grève générale du 9 novembre.
Nous tenons à souligner plusieurs points forts de cette excellente initiative. Premièrement, l’action a été organisée sur le lieu de travail, durant le temps de midi, préparée par des tractages, des affiches,… et une tournée physique dans les divers services le jour-même pour rappeler le moment de l’action. Cette approche, alliée au souci de combiner des revendications spécifiques (le nouveau système salarial IFIC) aux revendications plus globales (blocage des prix et augmentation générales des salaires), permet d’ancrer le mouvement sur le terrain et donc de le solidifier.
Il s’agit d’une excellente manière d’illustrer dans la pratique la volonté et la colère qui vivent à la base pour entrer en action, et donc de convaincre celles et ceux qui, dans les instances syndicales, auraient des doutes quant à l’absolue nécessité de la grève générale du 9 novembre. Ce type d’action en entreprise devrait être une source d’inspiration dans un maximum d’autres lieux de travail en préparation à la grève générale de novembre et afin qu’un sérieux plan d’action voit le jour pour construire une puissante relation de force à l’avantage du monde du travail.
Les revendications défendues par la petite foule permettent d’unir les travailleur.euse.s. Le blocage des prix, par exemple, est une proposition dont l’évidence n’est plus à démontrer. Pour être réellement efficace, nous estimons qu’un blocage des prix doit être lié à la nationalisation sous contrôle et gestion démocratique des travailleur.euse.s, de la totalité du secteur de l’énergie par exemple, avis partagé par la CGSP-ALR. Nous pourrions alors démocratiquement décider des modalités de production, de distribution et d’investissement dans une énergie verte et abordable. Nous vous invitons d’ailleurs à lire notre article qui développe cette question : “Un blocage efficace des prix exige le contrôle de la production“.
Concernant l’augmentation des salaires, nous défendons une augmentation générale des salaires de 2 €/heure ou 330 € par mois. Là aussi, il s’agit d’une revendication capable d’unir l’ensemble des travailleur.euse.s, une nécessité qui s’impose : c’est unis dans la lutte que nous sommes les plus forts.
Sans organiser notre colère, c’est une descente aux enfers perpétuelle qui nous attend. Nous saluons donc à nouveau cette initiative et appelons à l’organisation d’actions similaires par d’autres délégations syndicales combatives afin de renforcer les moments de mobilisations nationaux comme le la concentration syndicale du 21 septembre et la grève générale du 9 novembre.
Photos : CGSP ALR
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Le CHU St-Pierre en lutte contre la privatisation du gardiennage

Délégation de la CGSP=ALR lors de la manifestation nationale du 20 juin. Photo : CGSP-ALR. La direction du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) St-Pierre, un des gros hôpitaux publics de la ville de Bruxelles, veut imposer la privatisation du service gardiennage. Le CHU St-Pierre n’est pas un hôpital comme les autres: c’est à la fois un hôpital universitaire (plus de 500 lits, 2.800 membres du personnel dont de nombreux spécialistes) et un hôpital de ville, c’est-à-dire un établissement où, jour et nuit, un ballet d’ambulances amène une multitude de personnes nécessitant une prise en charge urgente : COVID, incidents cardiaques, victimes de bagarres ou d’accidents de toute nature, personnes fortement alcoolisées ou sous l’emprise de stupéfiants etc. Aux urgences, l’équipe du gardiennage a souvent fort à faire pour calmer les patients agités et faire en sorte que les soins de première nécessité puissent être assurés dans une atmosphère sereine. Sans compter le gardiennage pour les activités quotidiennes de l’hôpital qui ne relèvent pas de l’urgence. Et ce : 365 jours par an, 24 heures sur 24.
Par Guy Van Sinoy
Sans la moindre concertation
Le 19 avril dernier le Conseil d’administration du CHU St-Pierre, présidé par le député régional Mohamed Ouriaghli (PS), a décidé – sans la moindre concertation – de privatiser le service de gardiennage et de supprimer ainsi 30 postes de travail publics. Les organisations syndicales du secteur (CGSP-ALR, CSC, SFLP) appuyées par la CGSP-Police ne sont pas restées inactives. Le 23 mai après-midi elles ont tenté de mettre le point à l’ordre du jour du conseil communal de la ville de Bruxelles. Refusé. Le 30 mai à 7 heures du matin, une délégation CGSP-ALR s’est présentée au domicile du Président du CHU St-Pierre pour le rencontrer. En vain.
Une pétition contre la décision de privatiser le service de gardiennage, signée par 634 membres du personnel, a été remise début juin à la direction, sans avoir d’effet immédiat. La CGSP-ALR a décidé d’organiser un référendum sur la privatisation du gardiennage parmi le personnel de l’hôpital. Une carte blanche de soutien à cette initiative, signée par une centaine d’universitaires, ainsi que par des personnalités du monde du cinéma (les frères Dardenne, Ken Loach) a alors été publiée dans la presse.
Référendum
A l’initiative de la CGSP-ALR, un référendum sur la privatisation du gardiennage a été soumis à l’ensemble du personnel, du 14 au 16 juin. Afin d’éviter toute contestation quant aux résultats, la supervision des opérations et du dépouillement ont été confiées à une équipe d’universitaires de l’ULB.
La direction médicale de l’hôpital a réagi de façon extrêmement négative à ce référendum en adressant une lettre ouverte à l’ensemble du personnel. Elle affirme de façon provocatrice que les syndicats n’ont pas le monopole de la défense des services publics, qu’il n’y pas de débat public à avoir sur la question de la privatisation et que « l’on n’est pas dans un show télévisé ». Elle invoque l’existence d’abus et de dysfonctionnements sans apporter le moindre élément concret. Ce communiqué ne fait pas penser à un « show télévisé » mais plutôt à une dictature !
Large majorité contre la privatisation
Sur 767 votes exprimés lors de ce référendum, 661 sont contre la privatisation du gardiennage (32 pour, 69 abstentions et 5 nuls). « Beaucoup de personnes nous ont dit ne pas avoir osé participer au vote par peur de représailles…! C’est donc un résultat très satisfaisant compte-tenu des manœuvres d’intimidation de la direction » a déclaré Marc Lancharro, infirmier et délégué CGSP-ALR à l’hôpital St-Pierre.
Une deuxième question du référendum portait sur l’importance de consulter le personnel pour les grandes questions concernant l’hôpital (649 pour, 36 contre, 69 abstentions et 13 nuls).
Certes ce référendum n’est qu’une étape et la bataille contre la privatisation n’est pas encore gagnée. Mais, de même que la pétition, il a permis de mener campagne dans tout l’hôpital et de construire l’unité de tout le personnel. Comme le soulignait Mathieu Verhaegen, Président de la CGSP-ALR Bruxelles : « N’oublions pas que l’Hôpital St-Pierre a été établi depuis plusieurs siècles dans un des quartiers les plus pauvres (1) de Bruxelles. Le début de la privatisation de certains services va à l’encontre du rôle social que doit assumer cet hôpital. »
1) Le quartier des Marolles.
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La semaine de 30h comme nouveau temps plein dans les soins de santé

Contre l’hyperflexibilité et la pression croissante du travail qui conduisent à l’épuisement et l’exode: La semaine de 30h comme nouveau temps plein dans les soins de santé, avec maintien des salaires et embauche compensatoire
Optez pour une histoire attrayante et mobilisatrice au lieu des traditionnelles jongleries marginales de la période passée! Après la disparition des applaudissements en faveur des soins et l’injection de centaines de millions dans le secteur par le biais des différents accords sociaux, la ZORGCRISE tant annoncée continue de s’approfondir. Ces centaines de millions ne sont toutefois ni plus ni moins qu’une opération de rattrapage ou un palliatif pour un secteur mis au pain sec par les coupes budgétaires et le manque d’investissements depuis très longtemps.
Les problèmes structurels nécessitent … des solutions structurelles !
Pour continuer à avancer et garantir en même temps la qualité des soins, la pleine conscience, une danse, une chanson ou une autre forme de “HR hokus pokus” ne sont pas vraiment utiles. Sans parler de l’arrêt de l’afflux problématique de la porte tournante : un afflux (accru ?) dans le secteur alors que le flux sortant reste structurellement plus important. En chiffres absolus, l’emploi dans le secteur augmente… mais les besoins augmentent beaucoup plus vite ! Il suffit de penser aux conséquences du vieillissement de la population. Entre-temps, 3 000 lits d’hôpitaux ont été fermés (temporairement?) en raison du manque de personnel.
Les employeurs et les autorités facilitent les pénuries … par une gestion néolibérale
Malgré la pénurie croissante de personnel, des milliers de collègues à temps partiel (obligatoire) ne bénéficient pas d’heures supplémentaires dans leur contrat permanent. L’hyperflexibilité dans notre secteur résolument féminin et la pression croissante du travail, combinées à l’application d’un modèle de management froid, provoquent un exode chronique du secteur. Cela donne une carrière moyenne de … 7 ans!
Le travail à temps partiel est la règle plutôt que l’exception dans le secteur. À y regarder de plus près, les “têtes” ne manquent pas. En dehors du travail à temps partiel obligatoire (par exemple les experts en soins qui peuvent obtenir un contrat de ¾ maximum dans les hôpitaux), de plus en plus de collègues suivent les tendances des Pays-Bas: soit ils deviennent indépendants, soit ils réduisent le nombre d’heures chez leur employeur habituel pour compenser le reste via les nombreuses formes de travail temporaire – où ils choisissent le temps et le lieu de travail de manière AUTONOME. L’attitude de Zorgnet-Icuro, qui qualifie les membres de ZZP de “parasites”, est une pure hypocrisie. A propos des consultants externes surpayés dans le secteur, on garde le silence comme si on était assassiné …
Olivier Pintelon, auteur du livre ‘De strijd om tijd’ (La bataille pour le temps) : “Un travailleur en continu employé par l’une des grandes entreprises chimiques du port d’Anvers a une semaine de travail à temps plein de 33,6 heures, ce qui correspond plus ou moins à une semaine de quatre jours. En outre, les salaires dans ce secteur sont plus élevés que dans le secteur des soins de santé. Ils sont les bienvenus, mais la comparaison jette une lumière différente sur la pénurie de personnel soignant, n’est-ce pas?”
Il va sans dire qu’un tel nouveau fleuron de la rage blanche ne peut être mis en œuvre – bien que par étapes – que par un plan d’action efficace… à ne pas confondre avec quelques manifestations à Bruxelles. Nous tenons à vous rappeler que le dernier mouvement de grève soutenu dans les hôpitaux privés des trois parties du pays (Flandre, Bruxelles et Wallonie) a eu lieu en … 2005!
Pour de nombreuses raisons pratiques, l’introduction de la semaine de 30 heures n’est possible que par étapes, mais cela ne signifie pas que nous devons prendre autant de temps que pour l’IF-IC … Nous pouvons par exemple commencer avec les entrants latéraux, ou éventuellement un quatrième jour de RTT à 60 ans (après 45-50-55), ce qui signifierait en pratique une semaine de 30 heures pour les collègues de 60 ans. Et on peut donc continuer à l’étendre jusqu’à ce que tout le monde soit couvert par la semaine de 30 heures.
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Scandale Orpéa : nos aînés maltraités par la soif de profit

« Les Fossoyeurs ». Le titre fait froid dans le dos. Dans ce livre choc, Victor Castanet dénonce implacablement les morbides conséquences des pratiques du géant français des maisons de retraite et de cliniques de soins Orpéa, leader mondial de la gestion de la dépendance. La course au profit condamne la vieillesse à la souffrance. Mais ce n’est pas une fatalité.
Par Nicolas Croes
Une maltraitance institutionnelle
Initialement paru le 26 janvier, Les Fossoyeurs en était déjà à sa sixième réimpression et dépassait les 115.000 exemplaires vendus moins d’un mois plus tard. Il révèle l’impact dramatique d’un personnel soignant en dangereux sous-effectif, les divers manquements aux soins les plus élémentaires, les restrictions alimentaires pour les résidents,… et dévoile les rouages d’un système où nos aînés sont considérés comme des vaches à lait jusqu’à leur mort, souvent prématurée en raison d’une inhumaine maltraitance institutionnelle. L’auteur dénonce par ailleurs également les décideurs politiques directement impliqués dans le financement de ces établissements et restés sourds aux nombreuses alertes lancées par des familles de résidents ou par les reportages qui se sont succédé ces dernières années.
Un système basé sur la terreur
Pas de secret, la préservation de cette odieuse machine à profit s’effectue par la terreur. Victor Castanet explique : « L’hiatus est impressionnant entre, d’un côté, des établissements de soin, destinés à prendre en charge des personnes vulnérables, où donc est censée régner la plus grande humanité pour les protéger, et de l’autre la violence et l’opacité de la gestion de ces lieux. Sur la planète Orpea – le groupe est présent dans vingt-trois pays, sur trois continents, avec plus d’un millier d’établissements -, on prend parfois des libertés avec le droit du travail. Il arrive aussi, d’après les témoignages que j’ai recueillis, qu’on licencie pour faute grave de manière abusive… Il existe même des « directeurs nettoyeurs » (sic) pour cela. À l’inverse, la docilité est gage de promotion… Tous les ex-salariés que j’ai pu interviewer sont restés durablement perturbés par ce système vicié. C’est un choc traumatique véritable, qui a pu aller, chez certains, jusqu’à la dépression ou même la tentative de suicide… »
Orpea n’a hésité devant aucune méthode pour briser la résistance syndicale. En 2010, elle avait fait appel à de véritables espions (facturés 15.000 euros par mois) pour infiltrer les organisations syndicales dans des « bastions de la CGT », grâce aux services du Groupe Synergie Globale (GSG), avec la complicité de la DRH. Dans la même veine, dès que les recherches de Victor Castanet ont été connues, il a subi une pluie d’intimidations et de menaces. Finalement, la multinationale a cherché à l’acheter : 15 millions d’euros en échange de son silence. En vain, heureusement.
Et en Belgique ?
Réagissant à la parution du livre, la CNE (Centrale nationale des employés, CSC) a déclaré par communiqué de presse « Ce n’est pas une révélation, mais des confirmations de nombreux témoignages quotidiens que nous recevons des travailleurs du secteur se trouvant dans ce type de structure, et ce depuis plusieurs années ». Le syndicat dénonce « La dérive de la commercialisation des soins de santé et particulièrement d’un secteur comme celui des maisons de repos. C’est le système d’une logique financière implacable (parce que délocalisée et toute puissante) qui doit être remis en cause. Le financement public ne peut plus permettre des situations telles que, dans l’exemple d’Orpea, une rentabilité de 304% sur les 10 dernières années. » Des syndicalistes ont notamment dénoncé dans la presse : « Si les langes ne sont pas pleins, on ne les remplace pas. »
À Anvers, un ex-directeur d’une maison de repos possédée par Orpea, Park Lane, est actuellement poursuivi pour vol, fraude informatique, abus de confiance et abus de personnes vulnérables. Orpea s’est portée partie civile et tente de se dédouaner ainsi de la situation scandaleuse dans cette maison de repos où les résidents doivent payer jusqu’à 5.000 euros par mois alors que le manque de personnel est scandaleux. Les personnes âgées y sont laissées à elles-mêmes.
Le « système Orpéa » fait particulièrement vomir, mais ce scandale est avant tout révélateur des ravages d’une gestion basée sur le profit et du manque de considération que les autorités publiques ont pour nos aînés. Sur ce point également, la pandémie a dramatiquement empiré des problèmes existants de longue date. À Bruxelles, la ligne Écoute Seniors a expliqué avoir reçu plus de 2.000 appels et ouvert 405 dossiers en 2020 pour maltraitance de personnes âgées, soit presque le double de l’année 2019.
Nous n’avons pas 36 solutions devant nous : les syndicats doivent saisir l’opportunité du scandale pour lancer une vaste campagne de sensibilisation et d’action destinée à lutter sur le terrain pour le respect des travailleurs et des seniors dans la perspective de retirer tout le secteur du privé et de l’intégrer dans un système national de soins de santé financé à la hauteur des besoins.
Les Fossoyeurs, de Victor Castanet, éd. Fayard, 400 p. 22,90 €.
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Le personnel soignant en colère : plus de moyens pour les soins, maintenant !

Des milliers de personnes du secteur des soins ont manifesté à Bruxelles aujourd’hui. Le personnel est à bout et en colère : il n’a pas ménagé ses efforts ces derniers mois et le secteur subit une pression intense. Un nombre croissant de collègues ne tiennent plus. Des moyens supplémentaires ont bien été promis, mais ils sont insuffisants et tardent à arriver. Ils ne parviennent qu’au compte-gouttes sur le terrain.
Cette demande de moyens supplémentaires a résonné particulièrement fortement aujourd’hui. On attendait jusqu’à 2.000 participant.e.s, mais il y en a eu au moins 6.000. Le fait que la manifestation ait dévié de l’itinéraire prévu a d’ailleurs illustré le caractère inattendu de cette participation. Les manifestants ont brièvement bloqué le périphérique intérieur, où ils ont reçu un grand soutien de la part des automobilistes coincés dans les embouteillages. Rue de la Loi, des policiers se tenaient derrière des chevaux de frise. Lorsque le cortège, mené par les pompiers, s’est placé face à eux, certains agents ont retiré leur casque par respect.
La raison immédiate de la manifestation est la proposition d’écarter le personnel non vacciné. Chaque collègue est nécessaire, déclare-t-on chez les soignant.e.s. Le gouvernement cible une partie du personnel et menace de mettre encore plus de pression sur le secteur au lieu d’accorder les moyens qui font cruellement défaut dans le secteur. Une grande partie du personnel soignant vit la chose comme un coup de couteau dans le dos.
Lors de l’action de ce mardi, de nombreuses pancartes étaient artisanales. Nombre de participant.e.s n’étaient pas des habitué.e.s des manifestations syndicales. Beaucoup ont clairement indiqué qu’iels n’ont aucun problème avec le vaccin, mais qu’iels ont un problème avec les sanctions contre les collègues qui ne sont pas vaccinés. “Vaccin : oui, sanctions : non”, était un avis très présent, même si l’on trouvait également une certaine confusion quant à l’utilité du vaccin.
Cette manifestation a montré quelle est la colère qui règne parmi le personnel soignant. Près de deux ans après le début de la pandémie, le secteur souffre toujours de pénuries diverses. Le personnel travaille dur depuis des mois. Combien de temps peuvent-il continuer comme ça ? Toute approche sérieuse de la crise sanitaire commence par un plan d’investissement public massif dans les soins pour que le travail y soit humain, avec suffisamment de collègue et d’infrastructures ainsi que des salaires décents. C’est nécessaire pour la santé de tou.te.s.
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Nouvelle vague covid : le capitalisme et ses représentants politiques sont responsables !
Le mouvement des travailleurs et travailleuses doit réagir de manière offensivePrès de 2 ans après le début de la pandémie, c’est toujours l’impréparation la plus totale. Aucun scénario n’existait pour la possibilité d’une forte circulation du variant delta, y compris parmi les personnes vaccinées, ou de l’apparition d’un autre variant plus coriace. Un système de dépistage efficace qui n’alourdit pas l’énorme charge de travail des médecins se fait toujours attendre. À nouveau, des patients atteints de maladies ou victimes d’accidents graves ne pourront pas être pris en charge. Ce manque de prévoyance et de planification est criminel.
Dossier de Stéphane Delcros
Pointer du doigt les non-vaccinés et s’enfoncer dans une politique de répression ne résoudront rien au manque de moyens dans les soins de santé. Cela sert par contre surtout à dévier l’attention de la responsabilité des autorités tout en divisant la population. « Diviser pour mieux régner », la recette n’est pas neuve. Mais la gauche et le mouvement des travailleuses et des travailleurs ne doivent pas laisser la critique du gouvernement aux antivax et à l’extrême droite, qui n’ont aucune solution.
Encore heureux qu’il y ait eu, au début de la pandémie, le groupe d’action militant « La Santé en Lutte » pour réunir les témoignages de terrain, élaborer un programme de revendication sur cette base et appeler à des actions et manifestations, essentiellement à Bruxelles, mais aussi en Wallonie. Nos soins de santé craquaient déjà de partout avant la pandémie, minés par le manque de moyens, la marchandisation et la logique managériale. Une fois que la pandémie a frappé, le personnel s’est retrouvé démuni, sans suffisamment de matériel adéquat ou de collègues. Il n’a pourtant pas ménagé ses efforts, jusqu’à l’épuisement, parfois dans l’isolement le plus total, de crainte de contaminer des proches.
Toute la société était prête à soutenir un combat du personnel soignant. Un potentiel gigantesque. Mais les directions syndicales et le PTB n’ont pas pris au sérieux l’organisation d’un véritable rapport de force à la base avec agitation sur les lieux de travail, actions et manifestations. Le collectif La Santé en Lutte s’est retrouvé bien seul au front en jouant un rôle moteur dans diverses actions (dont la haie du déshonneur à l’Hôpital Saint-Pierre où les soignantes et soignants ont tourné le dos à la Première ministre Sophie Wilmès en mai 2020) et en organisant les seules manifestations nationales de la santé en septembre 2020 et en mai 2021. Le collectif a subi attaques et pressions de toutes parts, y compris de la part d’une partie des directions syndicales. Sans ce groupe militant et la « colère blanche » (Witte woede) en Flandre, relayés au Parlement par le PTB, il y a fort à parier que les budgets supplémentaires promis pour refinancer les soins de santé n’auraient pas été débloqués par les autorités. « La paix sociale dans ce secteur peut avoir ce prix », disait Servais Verherstraeten (CD&V). Ces sommes sont les bienvenues, mais elles restent largement insuffisantes et tardent d’ailleurs à arriver sur le terrain.
La 4e vague frappe les hôpitaux alors que la situation est bien plus grave qu’auparavant. L’ensemble du personnel soignant est à bout de souffle. Dans les hôpitaux, l’absentéisme est plus élevé que jamais. À l’Hôpital Universitaire de Gand (UZ Gent) – entre les burn-out, les maladies diverses et les quarantaines – 20% des soignants et soignantes sont absents en ce moment. À la surcharge de travail est venu s’ajouter le fait de devoir refuser de prendre en charge certains patients non-covid, chose qui pèse lourdement sur le mental du personnel.
La vaccination obligatoire du personnel soignant
Entre le 1er janvier et le 31 mars 2022, les membres du personnel soignant qui ne seront pas vaccinés seront suspendus. À partir du 1er avril, ils seront licenciés (avec droit aux allocations de chômage), sauf s’ils ont demandé le maintien de leur contrat (ils seront alors suspendus et pourront chercher du travail dans un autre secteur). Comme le souligne Évelyne Magerat, secrétaire permanente CNE pour les hôpitaux Bruxelles et Brabant Wallon : « Si le 1er avril, il y a 15% du personnel en moins, en plus de celui qui est absent aujourd’hui, ça va être une catastrophe en termes de santé publique. (…) Aujourd’hui, on doit fermer des services, des lits hospitaliers parce qu’il n’y a pas assez de personnel. Est-ce que le gouvernement va mettre de côté ce personnel essentiel pendant la crise ? » En réalité, dans toutes les unités de soins, le personnel ne peut s’imaginer comment faire s’il perd ne serait-ce qu’un seul membre du personnel non vacciné…
Bien entendu, les soignants et soignantes doivent pouvoir travailler avec un maximum de sûreté ; de même que les patients ont le droit d’être soignés dans un environnement le plus sain possible. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est opposée au principe d’obligation vaccinale et insiste sur le fait de convaincre plutôt que contraindre. Au lieu de l’obligation vaccinale, des tests de dépistage devraient être régulièrement effectués afin de pouvoir détecter l’éventuelle présence de cas covid-positifs parmi le personnel. Le dépistage quotidien du personnel permettrait de maintenir l’unité du personnel et d’offrir le temps nécessaire à des campagnes visant à convaincre les collègues de l’utilité du vaccin. Cela s’impose également pour détecter les contaminations survenant en dépit de la vaccination. Mais évidemment, tout cela exige des moyens pour du personnel, du matériel et des laboratoires supplémentaires. Un éventail d’autres possibilités existent également, comme la possibilité pour les soignants non-vaccinés de s’occuper de tâches administratives ou autres qui ne nécessitent pas de contact avec les patients.
Comme le soulignent les organisations syndicales du secteur : « ce sont les conditions de travail déplorables qui sont le véritable danger en matière de qualité des soins ». Elles ont raison de s’opposer à cette mesure de vaccination obligatoire et d’organiser des rassemblements et une journée nationale d’actions en front commun le 7 décembre. Avec la manifestation nationale du 4 décembre des pompiers, cela offre l’occasion de rectifier le tir en donnant corps à la voix des travailleuses et des travailleurs. Il ne faut pas en rester là.
Une méfiance compréhensible
Faute de réactions de la gauche syndicale et politique à la hauteur des enjeux, la colère sociale a cherché à s’exprimer d’autres manières. C’est ainsi que le 21 novembre, deux jours après l’annonce de l’accord du gouvernement concernant la vaccination obligatoire dans le secteur des soins de santé, plus de 35.000 personnes ont participé à la manifestation « Ensemble pour la liberté » dans la capitale. Cette mobilisation faisait écho à d’autres aux Pays-Bas, en Italie, en Autriche ou encore en France métropolitaine. En Guadeloupe et en Martinique, l’imposition de l’obligation vaccinale pour le personnel soignant a été reçue comme une gifle supplémentaire par une population structurellement discriminée par l’État français. Des grèves générales y ont été déclenchées contre l’obligation vaccinale pour les soignants, mais aussi contre la cherté de la vie et le prix des carburants ainsi que pour des augmentations des salaires et des allocations sociales. Méfiance envers les autorités, colère contre la hausse des prix de l’énergie et le coût de la vie en général,… les événements ne sont pas sans rappeler le mouvement des Gilets jaunes fin 2018 -début 2019.
Alors oui, on trouvait à Bruxelles le 21 novembre bon nombre de complotistes et d’antivax de même que des individus et groupes d’extrême droite (Vlaams Belang, Voorpost, Schild&Vrienden, Nation, Civitas,…), qui ont habilement manœuvré pour se mettre en avant. Beaucoup d’autres, vaccinées ou non, les personnes présentes à cette manifestation expriment un ras-le-bol et des doutes bien plus généralisés. Les autorités ont collectionné les incohérences avec une arrogance jamais démentie. À l’été 2020, le problème, c’était les jeunes. Ce mois de septembre, c’était les Bruxellois. Et puis finalement non. Au même moment, la Flandre et ses 95% de vaccinés rouvrait toute la société comme si l’affaire était pliée. Bardaf, ça n’aura duré qu’un mois. Du cirque des masques au début de la pandémie à la réduction de la capacité de dépistage juste avant cette quatrième vague, nous avons pu voir à quel point les autorités n’étaient absolument pas préparées à changer de politique de la même manière que nous changeons de masque.
À raison, la population est devenue impatiente et constamment plus sceptique à l’égard de la politique menée. On restreint l’accès aux loisirs pour éviter les contacts ? Pendant ce temps, les bus et métros sont toujours aussi bondés et rien n’est fait pour augmenter le service. Les communiqués du Codeco n’ont pas mis longtemps avant de sentir l’hypocrisie ; or la crédibilité et la confiance sont primordiales dans les questions de santé.
La grande majorité des non-vaccinés se méfie d’un vaccin « arrivé très vite », qui « semble être surtout utile pour les groupes à risques et moins pour les autres », tandis que la perspective d’une 3e dose généralisée renforce le sentiment erroné d’un vaccin lancé en urgence à l’efficacité incertaine. Mais la technologie liée à l’ARN messager était à l’étude depuis plus de 20 ans et déjà utilisée en médecine vétérinaire dès le début des années 2000. D’autre part, un vaccin (outil collectif de santé publique) n’est pas un médicament (outil de santé individuel) : son efficacité ne se juge que s’il est administré à la collectivité. Dans le cas présent, il aurait fallu administrer de manière coordonnée le vaccin à 80% de la population mondiale. Mais la liberté d’une minorité d’actionnaires de multinationales pharmaceutiques à continuer de se remplir les poches sur notre dos a pris le monde en otage. C’est de « Big Pharma » qu’il faut se méfier, pas de la vaccination en soi.
Comme le souligne « La Santé en Lutte », le maintien des brevets, la propriété privée sur les vaccins et leur prix creusent un fossé entre les États qui peuvent se le permettre et les autres : « Dans 29 pays les plus pauvres, où vit environ 9% de la population mondiale, à peine 0,3% du nombre total de vaccins a été acheminé. Sur l’ensemble du continent africain, moins de 4% de la population a été vaccinée deux fois. Il est donc évident que la campagne mondiale de vaccination est un échec et que cette politique dangereuse abandonne les personnes fragiles qui ne vivraient pas au « bon endroit ». Ces choix politiques nous reviendront en pleine face, sous la forme de nouveaux variants. » Ce n’est pas dans la nature du système capitaliste d’envisager la mise sur pied d’une stratégie vaccinale à l’échelle globale.
D’autre part, toutes les études sur le sujet soulignent que fracture sociale et fracture vaccinale vont de pair. Il suffit de dire qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles, 4 personnes sur 10 renoncent à des soins de santé pour des raisons financières. Avec une médecine de proximité gratuite garantie par un service national de soins de santé financé à hauteur des besoins, les choses seraient totalement autres.
Mais si la confusion règne parmi une bonne partie de la population, elle s’accompagne d’une recherche à tâtons d’une explication et d’une réponse face à la crise générale que traverse la société. Si la gauche syndicale et politique avait appelé à l’organisation de rassemblements et de manifestations pour arracher plus de moyens pour les soins de santé, en finir avec les brevets sur les vaccins, mettre sur pied un service national de soins de santé correctement financé et nationaliser le secteur pharmaceutique sous contrôle et gestion de la collectivité, les complotistes et l’extrême droite se seraient vu couper l’herbe sous le pied.
Briser le pouvoir de Big Pharma pour une campagne de vaccination efficace
Les vaccins fonctionnent, ils offrent une protection importante contre les formes graves du virus. De même, même là où les contaminations explosent, il permet de fortement limiter le nombre de décès. Toutes les études montrent aussi que le vaccin entraîne une réduction du risque de transmission ; mais pas une disparition, d’autant que l’efficacité du vaccin a tendance à très légèrement diminuer avec le temps.
Mais la vaccination a été présentée comme la solution ultime, ce qu’elle n’est pas si elle n’est pas planifiée à l’échelle mondiale. Dès qu’un pourcentage appréciable de vaccinés a été atteint en Belgique, la société a été complètement réouverte aux vaccinés, sur base du Covid Safe Ticket, comme si cela empêchait le virus de circuler. Dans la lutte contre le virus, la vaccination est importante, mais elle ne suffit pas à enrayer l’épidémie.
Le système capitaliste repose sur la concurrence et sur la course aux profits. Cela empêche le développement de campagnes médicales préventives sérieuses. Les gouvernements capitalistes courent d’une urgence à l’autre, en tentant de colmater des cratères à l’aide de rustines, en ayant comme priorité absolue la sauvegarde des marges bénéficiaires des grandes entreprises. Et protéger le portefeuille des plus riches et mobiliser toutes les ressources de la société pour affronter un péril tel qu’une pandémie, c’est inconciliable.
Il ne faut pas être un génie pour se rendre compte que les transports en commun sont trop remplis, que les écoles sont trop remplies et qu’il s’agit de grands vecteurs de transmissions. Nous avons besoin de bien plus de transports en commun (et gratuits, c’est une évidence écologique) ainsi que de nouvelles écoles avec des infrastructures sanitaires adéquates. En fait, nous avons besoin d’un plan d’investissements massif dans les infrastructures et les services publics, au premier rang desquels les soins de santé, afin de ne laisser personne de côté. Afin de pleinement mobiliser les ressources nécessaires, nous n’avons pas d’autre choix que de retirer les leviers économiques des mains de la minorité de capitalistes qui détruit la planète et nous exploite afin d’élaborer un plan de production respectueux de l’environnement consacré à la satisfaction des besoins sociaux. C’est ce que nous appelons le socialisme démocratique.
Aux travailleuses et travailleurs de donner le ton !
Si la pandémie et les confinements ont bien illustré quelque chose, c’est que ce sont les travailleuses et travailleurs qui font tourner le monde, pas les actionnaires ! Le mouvement ouvrier doit imprimer sa marque sur les événements, à l’aide d’un syndicalisme de combat et d’une gauche de combat. Si le mouvement ouvrier n’avance pas offensivement ses positions dans cette situation de crise, d’autres forces vont le faire. Un programme de revendications et d’actions centré sur les intérêts de notre classe sociale permettrait de fournir une clarté là où existe la confusion.
Sur les lieux de travail, les CPPT doivent jouer leur rôle
Sur les lieux de travail, les organisations syndicales doivent être davantage offensives. L’utilité des Comités pour la prévention et la protection au travail (CPPT) a été fortement confirmée par cette pandémie, mais ils ont été largement sous-exploités. Ils peuvent pourtant stimuler la discussion collective avec les travailleurs et travailleuses sur les mesures à adopter sur le lieu de travail puisque ce sont eux et elles qui savent le mieux ce qui s’impose pour assurer leur sécurité. Ils peuvent aussi stimuler des discussions sereines entre collègues pour répondre patiemment aux doutes et questions concernant le vaccin.
Des moyens doivent être dégagés pour que chaque travailleur et travailleuse puisse travailler en toute sûreté, notamment avec un stock suffisant de masques FFP2. Des tests gratuits doivent également être disponibles pour tout le monde sur les lieux de travail, mais aussi dans les établissements scolaires et dans chaque quartier. Quand un ou une membre du personnel est testé positif, il ou elle doit être écarté. La mise en quarantaine ne doit impliquer aucune perte de salaire et du personnel supplémentaire doit être engagé pour assurer le remplacement des effectifs qui ne peuvent travailler. Dans le cas de la fermeture d’une école ou d’une crèche, les parents doivent être assurés d’obtenir un congé payé.
Un programme d’actions qui répond aux besoins – Luttons contre le système !
Il est plus que temps que le mouvement ouvrier réponde à la situation de crise actuelle et la division insérée, et entrent en action pour imposer l’application des revendications nécessaires :
- Pour la gratuité des tests de dépistage ; davantage de laboratoires doivent être mis sur pied, avec l’engagement de personnel et du matériel supplémentaire ;
- Pour un plan d’investissements publics massifs dans les soins de santé, à la hauteur des besoins réels, déterminés par les travailleurs et travailleuses du secteur ; pour l’engagement de personnel supplémentaire avec de bonnes conditions de travail et de salaire (conditions primordiales pour convaincre les milliers de soignants et soignantes diplômés mais travaillant dans un autre secteur de revenir dans les soins de santé) et la construction de nouvelles unités de soins publiques et l’amélioration des conditions de travail et de salaire du personnel soignant ;
- Pour l’instauration d’un véritable service public national de santé, géré démocratiquement par les travailleurs et travailleuses, permettant aussi enfin une approche préventive des soins de santé ;
- Il faut une campagne de vaccination aussi forte que possible pour lutter contre la pandémie, accompagnée d’une information publique transparente menée par des instances indépendantes du gouvernement et de Big Pharma. Pour une telle campagne de vaccination efficace ; toute la recherche scientifique et le développement doivent donc être placés sous contrôle et gestion publics ; il faut convaincre les non-vaccinés et non les réprimer ;
- Chaque personne à travers le monde doit avoir gratuitement accès au vaccin : pour la collaboration libre et complète de la communauté scientifique en toute transparence par la fin des brevets et de la propriété privée sur la connaissance scientifique, l’ouverture de la comptabilité des entreprises pharmaceutiques et leur nationalisation sous gestion et contrôle démocratique des travailleurs et travailleuses, et l’expropriation sans indemnisation de leurs installations, connaissances et matériels, sauf sur base de besoins prouvés.
Pour financer cela, les richesses existent largement, dans les comptes bancaires des ultra-riches et dans les paradis fiscaux, comme l’ont encore récemment révélé les Pandora Papers. Nationaliser les secteurs-clés de l’économie permettrait d’assurer que les richesses créées par nous-mêmes soient utilisées selon nos besoins.
Un tel programme offensif, assorti d’un plan d’action permettant la création d’un rapport de force favorable aux intérêts des jeunes et des travailleurs et travailleuses, c’est la meilleure manière de convaincre les sceptiques et même de les impliquer dans le combat pour une société débarrassée de la soif de profit et du chaos de l’économie de marché. Une lutte collective avec pour but d’arracher le contrôle des leviers politiques et économiques des mains de la classe capitaliste, et enfin pouvoir répondre pleinement aux besoins de tous et toutes.
Une société socialiste démocratique permettrait d’en finir avec l’incapacité qu’a notre société de répondre aux crises. La cupidité des ultra-riches y sera remplacée comme axe central de la société par une coopération et une solidarité internationales visant à satisfaire les besoins et les revendications de la majorité de la population.
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Retour sur la grève des hôpitaux wallons et bruxellois : ce ne doit être qu’un début

Le secteur des soins est malade
Par une infirmière // Lire par ailleurs : La santé pour tous ? Impossible sous le capitalisme !
La situation dans les hôpitaux était déjà difficile bien avant la pandémie. Le personnel manque partout, la charge de travail n’a fait qu’augmenter, les infirmières et infirmiers passent de plus en plus de temps devant un dossier plutôt qu’au chevet des patients et les salaires sont bien maigres au regard de la responsabilité et de la lourdeur de ces métiers. La fatigue des travailleuses et travailleurs est chronique, les heures supplémentaires quotidiennes sont la norme, l’absentéisme ne fait qu’augmenter (36% en plus, ce qui représente parfois 45% d’absences dans un même service) et les collègues ne sont pas remplacés. À tout ça, ajoutons la non reconnaissance de la pénibilité du métier des soignants. Résultat ? Le travail n’est pas du tout attractif. En 2019, Thierry Amouroux, le porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC, affirmait que 30% des jeunes diplômés abandonnent la profession infirmière dans les 5 ans qui suivent le diplôme.
La pandémie a mis d’avantage de pression sur le système des soins, mais elle a permis aussi de jeter un peu de lumière sur la situation qui y prévaut et de faire sortir à la surface les conditions du personnel. Cela a créé un débat dans la société sur le rôle des soins, leur financement et la logique capitaliste qui est derrière.
Dans les hôpitaux, le personnel vit depuis un an des conditions très très dures. Les mobilisations des Blousses Banches a permis de libérer un fonds de 402 millions par an accordé à la formation et recrutement de personnel. Mais la réalité est que il y a eu très peu d’emplois réellement utiles à l’amélioration structurelle des conditions, il n’y a eu aucune anticipation de la part des directions pour vraiment embaucher du personnel.
Également, l’enveloppe de 600 millions d’euros destinés à l’amélioration des soins est insuffisante. D’une part, 500 millions d’euros de l’enveloppe seront consacrés à la mise en œuvre de la nouvelle grille de l’IFIC, un accord signé il y a des années pour harmoniser les secteurs public et privé, ajoutant 6% à la masse salariale totale. Le modèle de rémunération revoit la progression de la rémunération sur l’ensemble de la carrière mais ne constitue pas pas une augmentation de salaire en soi. Au demeurant, cet accord n’est pas favorable à tout le monde, notamment pour les infirmier.ère.s spécialisé.e.s, qui obtiendront le même salaire (en passant en IFIC) que les non spécialisé.e.s D’un autre côté, les autres 100 millions sont destinés à l’amélioration des conditions de travail (aménagement des congés, plans de formation, aménagement des horaires,…), quantité plus qu’insuffisante. De plus, les fédérations d’employeurs bloquent depuis 3 ans la conclusion d’un accord social pour la mise en place des réseaux hospitaliers, en même temps qu’ils mettent en place ces réseaux, sans aucune concertation. Bref, cet argent et bienvenu mais il ne permet en aucun cas de résoudre le problème structurel du secteur.
Pour toutes ces raisons, le front commun syndical a déposé un préavis de grève pour le 17 juin dans les hôpitaux de la Wallonie et Bruxelles. Le suivi de la grève a été massif. Des collègues qui ne se sont jamais mobilisé.e.s l’ont fait cette fois-ci, il y a eu des services entiers fermés, d’autres qui ont dû tourner comme un dimanche (service minimum). Les réquisitions n’ont jamais été si nombreuses. Du côté namurois par exemple, pour es sites du CHU Godine/Dinant/Namur, au moins 72 personnes ont été réquisitionnées, parfois par la police et ce la veille de la grève. Dans beaucoup d’hôpitaux et dans certains services (oncologie, SMUR, Urgences, USI), personne n’a pu se mettre en grève.. parce qu’ils travaillent déjà en service minimum couramment! Ça n’a pas empêché pourtant le personnel de faire des arrêts de travail pour pouvoir joindre les différents actions dans leurs hôpitaux. De collègues en grève et même des patients sont venu.e.s aussi soutenir les actions.
Les syndicats ont suspendu pour 15 jours le préavis de grève, en attendant la signatures des CCT (Conventions Collectives de Travail) qui doit avoir lieu le 29 juin, au plus tard le 12 juillet. Maintenant c’est le moment de ne pas lâcher l’affaire. Le personnel de la santé a fait une démonstration de sa force. La situation intenable dans les hôpitaux a créé beaucoup d’angoisse parmi le personnel, mais aussi beaucoup de solidarité parmi les collègues. On doit profiter cet élan pour construire un mouvement fort et uni, à la base, capable d’exercer une pression suffisante pour faire bouger les choses. Le problème structurel des soins de santé c’est leur marchandisation. Des accords pour améliorer les conditions de travail et rendre attractif le secteur sont nécessaires et ils doivent être signés, mais ça ne suffira pas. Pour cela nous avons besoin d’un refinancement public massif du secteur. Les soins de santé doivent être un bien commun accessible : battons-nous pour la nationalisation des soins et l’instauration d’un système national de soins de santé publics !
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Grève des hôpitaux, le Chirec aussi en grève

On peut clairement affirmer que la grève de ce 17 juin dans les hôpitaux fut un vrai succès ! Le personnel, que ce soit soignant, administratif, paramédical ou autre, en a tout simplement ras-le-bol. L’épuisement, la fatigue généralisée, le taux d’absentéisme et le manque de remplacements, le sous-financement; les programmes surchargés pour essayer de rattraper tout ce qui n’a pas pu être fait pendant les confinements,… Voilà la situation vécue par l’ensemble du personnel hospitalier et le Chirec à Bruxelles ne fait pas l’exception.
Par une infirmière du Chirec
L’appel à la grève a été suivi de manière massive: le quartier opératoire a dû annuler la plupart de son programme, le service d’endoscopie a tourné comme un dimanche, plusieurs unités des soins ont été limitées au service minimum. Beaucoup de collègues ont été réquisitionné.e.s. Dans les services des soins intensifs et aux urgences, la plupart du personnel a voulu se mettre en grève sans le pouvoir. Pourquoi donc ? Parce que ces services tournent déjà en service minimum quotidiennement.
Le personnel de l’hôpital de Delta et quelques collègues d’autres sites du Chirec se sont rassemblés devant l’entrée principale de l’hôpital pour revendiquer que la pénibilité des métiers des soins soit reconnue, plus de collègues sur le terrain et des améliorations dans les métiers des soins pour rendre la profession attractive.
Environ 200 personnes ont suivi l’action et ont marché jusqu’au cimetière d’Ixelles. Les services réquisitionnés ont rejoint l’action qui s’est déroulée entre 12h et 14h.



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La grève du personnel soignant a été également bien suivie dans les hôpitaux du Namurois

En plus des travailleurs organisés dans les trois principaux syndicats (CNE et SETCa Non Marchand et CGSLB), de nombreux travailleurs non syndiqués étaient également solidaires du mouvement.
Par Jeremy (Namur)
Les responsables syndicaux interrogés au cours du rassemblement de jeudi matin devant l’hôpital universitaire Ste-Élisabeth mettent en avant l’écart entre les moyens nécessaires pour assurer des soins de qualité des patients et ceux effectivement consentis par la direction. Un écart qui les pousse à des cadences infernales pour soutenir le rythme des prises en charge.« Je n’ai droit qu’à 4 min par patient, nous explique un infirmier en radiologie, ce compris la désinfection complète du local jusqu’aux poignées de porte. L’autre jour, une patiente venue pour un examen en oncologie a fondu en larmes devant moi sur le coup du stress après deux semaines d’attente pour avoir une place pour une inspection préventive en radio. Pendant que j’essayais de la soutenir, le médecin dans le fond de la pièce tapait le cadrant de sa montre pour me signaler que le temps presse. Nous n’avons plus le temps de nous occuper de l’humain. »
Un autre nous explique la réaction de son chef de service au moment de lui faire part de sa fatigue liée à sa surcharge de travail : « fatigué de quoi ? Maintenant tu dois être habitué, non ? » Dans l’esprit de la direction, l’état d’urgence est devenu la nouvelle norme.
Le personnel organisé dans les syndicats déplore notamment que le fonds « Blouses blanches » débloqué en 2019 n’ait jusqu’ici pas été employé pour améliorer structurellement les conditions de travail par le recrutement de personnel dans des emplois réellement utiles sur le terrain. Une mauvaise gestion aggravée par le manque de vision à long terme permettant de pallier aux difficultés de recrutement de personnel infirmier dans le secteur par une revalorisation de la fonction et l’embauche de personnel de soutien en attendant l’arrivée de jeunes infirmiers sur le marché de l’emploi.Le soutien au mouvement atteint une ampleur encore jamais vue, ce qui a contraint la direction à la réquisition forcée de membres du personnel en grève avec arrêt de réquisition formelle adressé par la province. Ce qui n’a pas empêché le personnel réquisitionné de se joindre aux rassemblements pendant leurs temps de pause pour montrer à quel point le personnel, bien que fatigué, est plus que jamais déterminé !
Cette journée de grève très bien suivie en Wallonie et à Bruxelles est un succès sur lequel construire pour arracher un refinancement public massif des soins de santé !
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Les soins de santé sont essentiels – Nous sommes essentiels ! Tract de la Campagne ROSA
29 mai, 15h, Bruxelles-central :
GRANDE MANIF’ DE LA SANTÉ ET DES OUBLIÉ·ES ACTE 2 !La Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) mobilise pour que la manifestation du collectif militant La Santé en Lutte soit la plus grande possible. La Campagne ROSA a pris en charge d’organiser un des divers « blocs » du cortège. Le combat pour les soins de santé est bien entendu un combat féministe : on trouve 78% de femmes parmi le personnel soignant. Rejoins-nous !
Lits, matériel, personnel,… tout manque pour affronter la crise sanitaire. Il faut dire que la situation était déjà lamentable avant ça. Le combat du personnel soignant pour des soins de santé de qualité et accessibles à toutes et tous est aussi le nôtre : nous sommes toutes et tous des patients potentiels !
Des avancées ont été possibles grâce aux luttes de celles et ceux qui font tourner ce monde – les travailleuses et travailleurs – grâce à des assemblées, des rassemblements, des actions et des grèves. Mais c’est loin d’être suffisant.
Souvenons-nous que lorsque Maggie de Block était Ministre de la Santé, le gouvernement a coupé 2,1 milliards d’euros dans le budget des soins de santé, après des décennies où le sous-financement était déjà dramatique. La Santé en Lutte explique également qu’actuellement « l’État prête aux hôpitaux, et que ceux-ci vont donc devoir rembourser ! » Certaines institutions utilisent le « fond blouses blanches » (obtenu grâce aux luttes de 2019) pour éponger leurs dettes !
Nous ne voulons pas d’une santé à crédit. Nous avons besoins d’un refinancement public massif du secteur avec un contrôle démocratique sur l’allocation des budgets. D’autres secteurs déterminants pour notre bonne santé en ont également un urgent besoin : les logements sociaux, l’enseignement, etc.
Essentielles, mais précaires
Les salaires les plus bas sont composés à 70% de femmes. Elles sont également largement majoritaires dans les métiers dits « essentiels » : distribution (supermarché), soins de santé, aide aux personnes, enseignement,… A contrario, le patron de Delhaize, lui, a vu son salaire augmenter de 34%. Ce n’est pas la crise pour tout le monde !
Un écart salarial entre femmes et hommes existe toujours en Belgique. Les femmes gagnent annuellement 23,1% de moins que les hommes, cet écart atteint 30% à la pension. Les salaires sont notamment déjà très faibles les soins aux personnes et 44% des travailleuses y bossent à temps partiel.
Ce ne sont pas les hommes qui sont trop bien payés, ce sont les femmes qui ne le sont pas assez, pas même pour être financièrement indépendantes. Elles sont donc deux fois plus nombreuses à se retrouver dans une situation de dépendance financière.
Luttons pour un salaire minimum de 14€/heure, soit 2300€ bruts par mois. Luttons contre les temps partiels involontaires en répartissant le travail disponible entre toutes et tous par la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et réduction de la charge de travail. Luttons aussi pour des services publics qui permettent de réellement concilier vie de famille et vie professionnelle.
Une crise économique particulièrement violente pour les femmes
Selon l’ONEM, en 2020, le nombre de chômeurs temporaires a été trois fois plus élevé que lors de la crise économique de 2009. Un certain effet d’amortissement existe aujourd’hui, mais il ne durera pas. Les femmes sont surreprésentées dans les emplois précaires, elles constituent encore et toujours une main-d’œuvre de réserve et leur revenu est souvent considéré comme un simple complément au ménage. Ce sont elles les premières à être frappées par les pertes d’emploi. Ainsi, en décembre, pratiquement 100% des pertes d’emplois aux USA et 98% en Italie concernaient des femmes.
Tout cela contribue largement à aggraver le manque de considération dont pâtissent les femmes dans la société, ce qui alimente et renforce dangereusement le sexisme. D’autre part, l’explosion du nombre de personnes sans emploi instaure une pression à la baisse sur l’ensemble des conditions de travail et de salaire.
Entrons en résistance et engageons-nous dans la lutte pour la défense de nos droits et pour en arracher de nouveaux !
Entrons en lutte contre la précarité et les pénuries
La grande manifestation de la santé et des oublié.e.s nous concerne toutes et tous. Tous les secteurs précarisés et oubliés de la crise y ont leur place, comme ceux de la petite enfance et de l’enseignement, dont le manque de moyens a lui aussi été mis en lumière par la pandémie. Les secteurs les moins impactés par le coronavirus devraient aussi massivement mobiliser, en solidarité. Il n’y a pas d’autre voie pour obtenir de nouvelles conquêtes sociales que celle de la solidarité et de l’unité dans la lutte.
La Campagne ROSA défend un féminisme socialiste et veut s’attaquer à la racine du problème : le capitalisme. Une infime élite capitaliste nous exploite et a besoin de nous diviser (par le racisme, le sexisme, la LGBTQI-phobie,…) pour affaiblir notre résistance. Débarrassons-nous de ce système pour donner naissance à une société reposant sur l’épanouissement de chacun.e.
Rejoins le bloc ROSA le 29 mai !
Tu es d’accord avec ce que nous défendons, en parole ou en acte, alors adhère à la Campagne ROSA et / ou soutiens-nous financièrement pour nous permettre de poursuivre nos activités ROSA: BE54 5230 8095 8497.
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- 0474 35 30 36 (Emily Burns)
Summercamp 2021 du 2 au 9 juillet / Against Opression & Capitalism
Une occasion à ne pas manquer ! La Campagne ROSA organisent un camp d’été (en collaboration avec le PSL/LSP et les Etudiants de Gauche Actifs) pour se détendre et se rencontrer après le (semi)confinement, mais aussi et surtout, pour discuter de la stratégie et du programme nécessaire au renversement du capitalisme. Pour combattre ce système qui exploite et discrimine, nous devons impérativement comprendre comment il fonctionne !
Ce camp est organisé par le PSL/LSP, la Campagne ROSA, la Campagne Solidarity – FR et les Étudiants de Gauche Actifs – EGA.
