Tag: Socialist Party

  • [PHOTOS] Rassemblement et assemblée populaire à l’appel des Comités d’Action Europe

    Ce mercredi 22 juin, à la veille de l’ouverture d’un nouveau sommet européen des chefs d’Etats à Bruxelles, quelques centaines de syndicalistes, de travailleurs et de jeunes se sont rassemblés au Rond point Schuman (au lieu du sommet) à l’appel des Comités d’action Europe. Une Assemblée Populaire y a pris place contre les plans d’austérité imposés à la Grèce, au Portugal et à l’Irlande par le FMI, la BCE et la Commission Européenne ainsi que contre le projet de "gouvernance économique", un système contraignant visant à imposer l’austérité dans chaque pays de l’UE qui a été adopté par le parlement européen ce jeudi 23 juin.

    Par Boris, photos de Karim et Pablo (Bruxelles)

    L’Assemblée Populaire a aussi permis une rencontre et un dialogue entre différents délégués et militants (les Comité d’action Europe rassemblent surtout des syndicalistes) ainsi qu’avec un certain nombre de jeunes qui participent au mouvement des Indignés en Belgique. Plusieurs membres du PSL sont intervenus à l’Assemblée, entre autres pour défendre une orientation des actions de la jeunesse vers le mouvement de travailleurs et également pour défendre la nécessité d’avoir une alternative au capitalisme.

    Paul Murphy, l’eurodéputé irlandais du Socialist Party (le parti-frère du PSL en Irlande) est également intervenu afin d’exprimer que ce n’est pas dans l’enceinte du Parlement que l’on va bloquer la volonté de faire payer la crise aux travailleurs et à leurs familles, mais bien avec des mouvements de résistance, comme cela se déroule actuellement en Grèce. Il a aussi mis en avant l’initiative prise en commun avec 11 autres eurodéputés de la Gauche Unitaire Européenne à l’occasion de la manifestation européenne de la Confédération Européenne des Syndicats qui s’est tenue ce 21 juin au Luxembourg. Ils défendent l’idée d’une journée d’actions coordonnées à l’échelle européenne avec l’idée d’une grève générale européenne de 24 heures. Plusieurs intervenants sont d’ailleurs également intervenus par la suite en reprenant cette idée d’une grève générale européenne de 24 heures.

    Après l’Assemblée, deux à trois cents personnes ont manifesté jusqu’au Parlement européen. La manifestation pacifique a été attaquée par la police, qui a lancé des gaz lacrymogènes et arrêté plusieurs jeunes. Une assemblée a alors pris place devant le Parlement. Les dernières personnes présentes ont été dispersées par les charges successives de la police et par les gaz.

    Photos de Karim

    Photos de Pablo

  • Il faut une alternative politique à la pensée unique néolibérale

    En Belgique la crise n’a à ce jour pas frappé au point qu’un ravage soit nécessaire dans les dépenses sociales pour sauver les banques, et surtout les profits des grands actionnaires de celles-ci. Mais ce n’est qu’une question de temps avant que la facture de la crise ne doive être payée ici aussi.

    Par Bart Vandersteene

    La somme à assainir est encore sujette à discussions, mais les partis au Parlement sont unanimes pour affirmer que ces coupes sont nécessaires et inévitables. On parle d’un assainissement à la hauteur du Plan Global (1993). Il est utile de se rafraichir la mémoire à ce sujet : gel salarial de deux ans, érosion de l’indexation des salaires avec l’instauration de l’index-santé, deux milliards de coupes dans les dépenses sociales, une augmentation de la TVA de 19,5 à 20,5%,… Ce type de plan est le scénario minimal pour les années à venir, sans nouvelle phase dans la crise économique et si les banques belges restent stables.

    Les profits des grandes entreprises montent, les salaires et les bonus des managers ont recommencé leur ascension, mais les travailleurs et leurs familles vont devoir payer pour une crise pour laquelle ils ne sont en rien responsables. Vous avez déjà entendu un parlementaire remettre ça en question, vous ?

    Dans tous les pays européens frappés, les partis sociaux-démocrates appliquent docilement la politique d’austérité. Ils se sont une fois encore rangés dans le camp de ceux qui mettent les intérêts des banques et des grandes entreprises avant ceux de la population travailleuse. Il est plus que correct qu’ils soient électoralement punis pour cela. Seule la menace que les choses seraient encore pires sans eux leur garantit un certain soutien. La résistance à la logique d’austérité renforce la nécessité d’une alternative politique.

    En Irlande, l’United Left Alliance a gagné cinq parlementaires aux dernières élections, dont deux sièges pour nos camarades de notre parti-frère le Socialist Party. En Angleterre, pour les élections communales du 5 mai, environ 200 candidats présentent une nouvelle initiative ; la Trade Unionist and Socialist Coalition. Des dizaines de représentants importants des syndicats défendent, ensemble avec des militants réellement socialistes et combatifs, un programme qui s’oppose aux attaques antisociales. Au Portugal, le Bloc de Gauche et le Parti Communiste (ensemble presque 20% dans les sondages) discutent pour la première fois de leur histoire des possibilités de coopération.

    La crise actuelle du capitalisme est un test pour la gauche et le PSL veut aider à construire une gauche plus forte. En Belgique francophone, le Front des Gauches est né des dernières élections (avec six organisations participantes, dont le PSL). Ce Front a de suite franchi le cap de 1%. En Flandre, la Table Ronde des Socialistes rassemble des socialistes combatifs de différents courants. Le samedi 29 octobre aura lieu une nouvelle Journée du Socialisme (700 personnes avaient participé à la première édition). De plus un membre du SP.a, Erik de Bruyn, qui avait obtenu plus de 30% des voix en 2007 lors des élections pour la présidence du parti en 2007, vient d’annoncer qu’il voulait créer une nouvelle initiative ‘‘Rood!’’

    Ces ébauches de coopération sont importantes et le PSL veut y participer de façon constructive, mais il faut plus. La meilleure alternative à la pensée unique néolibérale est un nouveau parti des travailleurs rassemblant tous les courants qui veulent se battre contre la logique capitaliste. Un tel parti sera beaucoup plus que le rassemblement des organisations politiques de gauche existantes. Il doit être le résultat de la conclusion tirée parmi des groupes importants des travailleurs, de syndicalistes et de militants qu’il faut reconstruire une nouvelle force politique à leur initiative.

  • [PHOTOS] Commémoration: deux ans après le début du massacre des Tamouls au Sri Lanka

    Hier, environ 80 Tamouls s’étaient rassemblés devant le Parlement Européen à Bruxelles pour commémorer les dizaines de milliers de victimes de la dernière guerre au Sri Lanka (on parle de 40.000 décès). Les militants rassemblés là ont condamné le régime du président Rajapakse et la complicité des puissances étrangères. Cette action avait le soutien du PSL, et un message de solidarité de l’euro-parlementaire Paul Murphy (de notre section en République irlandaise le Socialist Party) a été lu. Un rapport de cette action suivra bientôt, voici déjà quelques photos.

    Par Jente

  • Capitalisme en crise : Un monde en mutation

    Début avril s’est tenue la réunion annuelle du Bureau Européen du Comité pour une Internationale Ouvrière, dont le PSL est la section belge. Els Deschoemacker résume ici l’essentiel de la discussion qui y a pris place. Les thèses adoptées à cette réunion sont disponibles sur notre site (voir ici).

    Par Els Deschoemacker, article tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste

    Depuis le début de cette année, le capitalisme a subi de nombreuses secousses. Les masses tunisienne et égyptienne ont concrètement illustré qu’un mouvement révolutionnaire peut conduire à des changements réels tandis que le désastre nucléaire au Japon est l’énième exemple des conséquences de l’irresponsabilité d’un système capitaliste qui ne voit qu’à court terme. La maximalisation des profits a motivé la construction de centrales nucléaires là où elles n’auraient pas dû être implantées. La sécurité maximale était garantie, mais en mots uniquement. Dans les faits, toutes les règles et les conseils des spécialistes ont été bafoués ; les intérêts économiques et politiques immédiats de l’élite ont pesé bien plus lourd ! Les conséquences pour la population japonaise sont dramatiques.

    La conscience des travailleurs et des jeunes à travers le monde a été secouée, beaucoup de choses ont été clarifiées. Ces deux développements ont sans doute renforcé la colère concernant le fonctionnement de la société et nous ont enseigné d’importantes leçons sur ce qui est nécessaire afin d’aboutir à de véritables changements.

    L’impact des révolutions

    Une révolution a rarement eu un impact immédiat sur la volonté de lutte au niveau international au point de la révolution tunisienne ou égyptienne. La victoire, acquise par une ténacité et une volonté formidable de sacrifice des masses tunisiennes, a initié une vague qui continue à déferler sur les pays de la région. Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ne seront plus jamais comme avant. Même si la lutte n’est pas encore finie, même si la classe dominante fait tout son possible pour reconquérir le vide du pouvoir et même si les révolutions sont clairement menacées, les élites de la région doivent dorénavant tenir compte d’une population qui a déjà acquis sa première expérience de lutte révolutionnaire. Les salariés et les jeunes tunisiens ont mis en garde l’ancienne élite : ‘‘si vous voulez revenir, nous le pouvons aussi !’’ Ils ne sont pas prêts à perdre leurs droits récemment et chèrement acquis.

    Dans le monde entier, les régimes dictatoriaux ont muselé internet et ont censuré les nouvelles révolutionnaires afin d’éviter une révolte massive venant d’en bas. Les révolutions ont inspiré les travailleurs et les jeunes au-delà du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. D’ores et déjà, nous protestons au Wisconsin ‘‘comme un Égyptien’’, nous crions en France ‘‘Sarkozy, dégage’’ ou nous menaçons de faire chuter l’élite en Grèce ‘‘comme Ben Ali’’.

    La nouvelle situation économique a causé la révolution

    Cette énergie a directement résulté de la crise économique auquel est confronté le capitalisme. Le chômage et les hausses des prix du pain et de la nourriture ont souvent été à l’origine de situations révolutionnaires. En Tunisie et en Égypte s’y est rajouté le ravage néolibéral de la société. Et l’eau a débordé du vase.

    Le capitalisme n’a pas de réponse face à cette crise, ni dans le monde néocolonial, ni ailleurs. Les stimuli précédents et les paquets de sauvetage qui ont sauvé les banques et les grandes entreprises ont bel et bien évité une dépression profonde comme celle des années trente, mais ils ont engendré de nouveaux problèmes. Une nouvelle crise a alors commencé: celle des dettes des gouvernements.

    Les premières victimes des montagnes de dettes trop élevées ont été les pays dits ‘périphériques’ en Europe, les maillons les plus faibles. Mais dans les pays industrialisés plus riches également, des dettes astronomiques se sont accumulées. Aux USA, moteur de l’économie mondiale, les dettes ont atteint les 100 % du PIB. Chaque jour, la dette augmente de quatre milliards de dollars ! La pression pour passer à des coupes budgétaires plus drastiques se fait aussi plus importante. Après l’offensive républicaine, un message très clair de l’agence de notation S&P a été adressé au gouvernement : commencez les coupes, sinon la note des USA sera abaissée.

    Un tel plan d’assainissement serait catastrophique pour la classe ouvrière américaine. La période des stimuli n’a déjà pas pu éviter que, pour la quatrième année consécutive, un million de personnes aient été expulsées de leurs propres maisons aux USA. Le pays compte aujourd’hui au moins 24 millions de chômeurs. Divers Etats sont au bord de la faillite et doivent sabrer dans leurs budgets en fermant des parcs, des écoles, des hôpitaux, des bibliothèques, en limitant les salaires et les droits syndicaux des travailleurs, etc.

    Le plan d’assainissement pour lequel l’opposition républicaine se bat réduirait à néant le peu de pouvoir d’achat encore présent dans l’économie et ferait déborder la faible croissance poussée par le gouvernement vers une nouvelle période de récession. Mais Obama et les Démocrates ne sont pas non plus vierges de tout péché dans les Etats locaux et dans les assainissements antisociaux au niveau local. Ils appellent eux aussi à ‘travailler dur’ et à l’instauration d’assainissements brutaux. La lutte des travailleurs du Wisconsin illustre toutefois que la lutte de classe est de retour aux USA. Une nouvelle période de radicalisation a commencé. Un élément de cette lutte contre les assainissements est le combat pour le lancement d’un mouvement politique pour et par les salariés et les jeunes, un mouvement totalement indépendant des deux grands partis du capitalisme. Ce sont des partis dont on sait qu’ils ne se distinguent que par le rythme des attaques qu’ils proposent.

    La politique des assainissements en Europe conduit à plus de dettes et de récession économique

    Après pas moins de quatre plans d’assainissement sur les finances publiques, on s’attend à ce que la dette du gouvernement grec (de 130% avant les plans) continue de grimper jusqu’à 160 % ! L’économie s’est rétrécie de 4,5 % en 2010 et presque tout le monde commence à reconnaître qu’une restructuration de la dette grecque est inévitable. Les perspectives de l’économie irlandaise ne sont pas meilleures. La crise bancaire s’étend, ce qui fait que les injections financières représentent déjà 50 % du PIB irlandais. La dette totale de l’Etat et des banques représente 122.000 euros par salarié. En 2013, l’Irlande paierait annuellement 10 milliards pour les intérêts sur sa dette, plus que ce que le pays consacre à l’enseignement ! Le Portugal aussi a été contraint de faire appel au fonds de sauvetage de la Banque Centrale Européenne et du Fonds Monétaire International. Il n’y a pas d’espoir que ces pays puissent encore rompre la spirale de la dette.

    Les critiques sur la politique d’assainissement se développent. Dans le quotidien flamand De Tijd (du 19 avril), il est fait référence à ce qui vit parmi la population grecque : ‘‘On est dans un cercle vicieux. Nous ne pouvons pas sortir de la crise avec une politique qui nous jette encore davantage dans la récession.’’ C’est un sentiment général qui revient tant en Grèce, qu’en Irlande ou au Portugal. Les politiciens ne peuvent plus descendre dans les rues sans être physiquement attaqués.

    Ni l’Union Européenne, ni le FMI n’arrivent à échapper à la colère du peuple. Ils sont rejetés, à raison, comme les chiens de garde des intérêts des banques allemandes et françaises. Les banques allemandes sont présentes dans les dettes irlandaise, grecque et portugaise à hauteur de 386 milliards d’euros. Pour l’ensemble des banques de la zone euro, ce montant s’élève à 560 milliards d’euros ! La crainte d’une nouvelle crise bancaire est très importante. Les plans de sauvetage servent uniquement à sauvegarder ces investissements et à faire payer la population locale.

    Même là où l’on parle d’un rétablissement économique après la crise (sur base des exportations notamment vers la Chine), les travailleurs ne sont pas à l’abri. Le redressement économique peut bien avoir conduit au retour des profits, des bonus et des dividendes record, les salariés n’en profitent pas. Ces derniers ne connaissent qu’attaques contre leurs salaires, leurs retraites et leurs soins de santé.

    Rompre avec le système et lutter pour le socialisme

    La majorité de la population nourrit une méfiance très profonde envers les partis bourgeois. Dans un sondage européen, seuls 6 % des sondés ont déclaré avoir confiance dans leur gouvernement, 46 % peu confiance et 32 % aucune confiance. Seuls 9 % trouvent que les politiciens sont honnêtes…

    Cela ne signifie pas encore que les illusions dans le système ont disparu. Lors de la manifestation du 26 mars à Londres, trois sentiments étaient présents. Une minorité importante était convaincue que la société actuelle ne fonctionne pas et est prête à considérer des solutions socialistes. Une autre partie voulait lutter contre toutes les mesures d’austérité, mais une grande partie trouvait aussi que les assainissements étaient quand même inévitables. Ils espèrent que les efforts d’aujourd’hui rétabliront finalement l’économie. Quand cet espoir s’évapora, nous serons confrontés à une situation explosive.

    La période qui est devant nous, sera marquée par des changements brusques. L’autre côté de la médaille, en revanche, c’est le danger de la contre-révolution, la réaction face à l’action. Si la gauche ne réussit pas à offrir une alternative progressiste et socialiste au vide que ce système pourri a créé, la droite et l’extrême-droite le feront avec une rhétorique populiste jouant sur l’égoïsme au détriment des plus faibles.

    Le retour aux recettes réformistes de l’état-providence n’offre pas d’issue. Cela n’était possible qu’avec une conjoncture exceptionnelle, pas dans une situation de crise capitaliste mondiale comme aujourd’hui. La crise systémique requiert une alternative qui propose de rompre avec ce système. En Irlande, la population s’est d’abord trouvée dans une situation de choc, un tremblement de terre politique a suivi. Mais le nouveau gouvernement est la copie de l’ancien et les illusions disparaîtront comme neige au soleil.

    Avec Joe Higgins au parlement, les véritables socialistes disposent d’une énorme plate-forme pour mener une opposition socialiste. Joe et le Socialist Party (notre section-sœur irlandaise) ont saisi cette position pour mettre sur pied une unité à gauche, l’United Left Alliance, qui compte désormais cinq parlementaires.

    Ils se rendent compte que la classe ouvrière n’aura aucun autre choix que de lutter. Avec l’ULA, ils veulent anticiper cela pour que les salariés irlandais puissent compter sur un instrument politique qui défende leurs revendications au Parlement et qui se serve de cette plate-forme pour populariser à son tour ces revendications.

  • La “zone d’exclusion aérienne” et la gauche

    Les puissances impérialistes ont mis en place une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye afin de protéger leurs propres intérêts économiques et stratégiques et de restaurer leur prestige endommagé. Il est incroyable de voir que certaines personnes de la gauche marxiste soutiennent cette intervention militaire.

    Peter Taaffe – article paru dans Socialism Today, le magazine mensuel du Socialist Party (CIO – Angleterre et Pays de Galles)

    La guerre est la plus barbare de toutes les activités humaines, dotée comme elle l’est dans l’ère moderne de monstrueuses armes de destruction massive. Elle met aussi à nu la réalité des relations de classe, nationalement et internationalement, qui sont normalement obscurcies, cachées sous des couches d’hypocrisie et de turpitude morale des classe dirigeantes. Elle est l’épreuve ultime, au côté de la révolution, des idées et du programme, non seulement pour la bourgeoisie, mais égalemet pour le mouvement ouvrier et pour les différentes tendances en son sein.

    La guerre en cours en ce moment en Libye – car c’est bien de cela qu’il s’agit – illustre clairement ce phénomène. Le capitalisme et l’impérialisme, déguisés sous l’étiquette de l’“intervention militaire à but humanitaire” – totalement discréditée par le massacre en Irak – utilisent ce conflit pour tenter de reprendre la main. Pris par surprise par l’ampleur de la révolution en Tunisie et en Égypte – avec le renversement des soutiens fidèles de Moubarak et de Ben Ali – ils cherchent désespérément un levier afin de stopper ce processus et avec un peu de chance de lui faire faire marche arrière.

    C’est le même calcul qui se cache derrière le massacre sanglant au Bahreïn, perpétré par les troupes saoudiennes, avec un large contingent de mercenaires pakistanais et autres. Aucun commentaire n’est parvenu du gouvernement britannique quant aux révélations parues dans l’Observer au sujet d’escadrons de la mort – dirigés par des sunnites liés à la monarchie – et au sujet de la tentative délibérée d’encourager le sectarisme dans ce qui avait auparavant été un mouvement non-ethnique uni. Les slogans des premières manifestations bahreïniennes étaient : « Nous ne sommes pas chiites ni sunnites, mais nous sommes bahreïniens ».

    De même, les “dirigeants du Labour” – menés par le chef du New Labour Ed Miliband, qui a promis quelque chose de “différent” par rapport au régime précédent de Tony Blair – sont maintenant rentrés dans les rangs et soutiennent la politique de David Cameron en Libye et l’imposition de la zone d’exclusion aérienne. 

    Il est incroyable de constater que cette politique a été acceptée par certains à gauche, y compris quelques-uns qui se revendiquent du marxisme et du trotskisme. Parmi ceux-ci, il faut inclure Gilbert Achar, qui a écrit des livres sur le Moyen-Orient, et dont le soutien à la zone d’exclusion aérienne a au départ été publié sans aucune critique dans International Viewpoint, le site internet du Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale (SUQI). Son point de vue a toutefois été répudié par le SUQI par après.

    Mais on ne peut par contre pas qualifier d’ambigüe la position de l’Alliance pour la liberté des travailleurs (Alliance for Workers’ Liberty, AWL). Les cris stridants de cette organisation, en particulier dans ses critiques d’autres forces de gauche, sont en proportion inverse de ses faibles forces et de son influence encore plus limitée au sein du mouvement ouvrier. L’AWL a même cité Leon Trotsky pour justifier l’intervention américaine avec la zone d’exclusion aérienne. Un de leurs titres était : « Libye : aucune illusion dans l’Occident, mais l’opposition “anti-intervention” revient à abandonner les rebelles » Un autre titre impayable était : « Pourquoi nous ne devrions pas dénoncer l’intervention en Libye » (Workers Liberty, 23 mars).

    Ces derniers exemples sont en opposition directe avec l’essence même du marxisme et du trotskisme. Celle-ci consiste à insuffler dans la classe ouvrière et dans ses organisations une indépendance de classe complète par rapport à toutes les tendances de l’opinion bourgeoise, et à prendre les actions qui en découlent. Ceci s’applique à toutes les questions, en particulier pendant une guerre, voire une guerre civile, ce dont le conflit libyen comporte clairement des éléments.

    Il n’y a rien progressiste, même de loin, dans la tentative des puissances impérialistes que sont le Royaume-Uni ou la France de mettre en place une zone d’exclusion aérienne. Les rebelles de Benghazi ne sont que menue monnaie au milieu de leurs calculs. Hier encore, ces “puissances” embrassaient Mouammar Kadhafi, lui fournissaient des armes, achetaient son pétrole et, via Tony Blair, visitaient sa “grande tente” dans le désert et l’accueillaient au sein de la “communauté internationale”. Ce terme est un complet abus de langage, tout comme l’est l’idée des Nations-Unies, utilisée à cette occasion en tant qu’écran derrière lequel cacher que l’intervention en Libye avait été préparée uniquement en faveur des intérêts de classe crus de l’impérialisme et du capitalisme.

    Il ne fait aucun doute qu’il y a des illusions parmi de nombreux jeunes et travailleurs idéalistes qui attendent de telles institutions qu’elles résolvent les problèmes que sont les guerres, les conflits, la misère, etc. Certains sont également motivés dans leur soutien à la zone d’exclusion aérienne parce qu’ils craignaient que la population de Benghazi serait massacrée par les forces de Kadhafi. Mais les Nations-Unies ne font que rallier les nations capitalistes, dominées de manière écrasante par les États-Unis, afin de les faire collaborer lorsque leurs intérêts coïncident, mais qui sont de même fort “désunis” lorsque ce n’est pas le cas. Les guéguerres de positionnement et les querelles entre les différentes puissances impérialistes quant à l’intervention libyenne illustre bien ceci.

    Éparpillement américain et incertitude

    Les révolutions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ont tout d’abord révélé l’incertitude – voire la paralysie – de la plus grande puissance impérialiste au monde, les États-Unis, quant à l’intervention adéquate. L’administration de Barack Obama a été forcée de tenter de se distinguer de la doctrine de George Bush d’un monde unipolaire dominé par l’impérialisme américain, avec son écrasante puissance militaire et économique. Les USA conservent toujours cet avantage militaire comparés à leurs rivaux, mais il est maintenant sapé par l’afaiblissement économique des États-Unis.

    Il y a aussi le problème de l’Afghanistan et la peur que cela ne mène à un éparpillement militaire. C’est ce qui a contraint Robert Gates, le secrétaire à la défense américain, à dès le départ déclarer son opposition – et, on suppose, celle de l’ensemble de l’état-major américain – par rapport à l’utilisation de troupes américaines terrestres où que ce soit ailleurs dans le monde. Il a aussi affirmé être “certain“ qu’Obama n’autoriserait aucune troupe au sol américaine à intervenir en Libye. Il a souligné cela lors de son interview où il se déclarait “dubitatif par rapport aux capacités des rebelles”, décrivant l’opposition comme n’étant en réalité rien de plus qu’un groupe disparate de factions et sans aucun véritable “commandemet, contrôle et organisation”. (The Observer du 3 avril).

    Obama, a sur le champ cherché à formuler une nouvelle doctrine diplomatique militaire, en ligne avec la nouvelle position des États-Unis sur le plan mondial. Il a tenté de faire une distinction entre les intérêts “vitaux” et “non-vitaux” de l’impérialisme américain. Dans les cas “vitaux”, les États-Unis agiront de manière unilatérale si la situation le requiert. Cependant les États-Unis, a-t-il proclamé de manière arrogante, ne sont plus le “gendarme du monde”, mais agiront dans le futur en tant que “chef de la gendarmerie” mondiale. Ceci semble signifier que les États-Unis accorderont leur soutien et seront formellement à la tête d’une “coalition multilatérale” tant que cela ne signifie pas le déploiement effectif et automatique des troupes.

    Malgré cela, la pression qui s’est effectuée pour empêcher un “bain de sang” a obligé Obama à signer une lettre publique avec Nicolas Sarkozy et Cameron, déclarant que ce serait une “trahison outrageuse” si Kadhafi restait en place et que les rebelles demeuraient à sa merci. La Libye, ont-ils déclaré, menace de devenir un “État déchu”. Ceci semble jeter les bases pour un nouveau saut périlleux, en particulier de la part d’Obama, qui verra l’emploi de troupes terrestres si nécessaire. Lorsqu’il a été incapable d’intervenir directement, à cause de l’opposition domestique par exemple, l’impérialisme n’a pas hésité à engager des mercenaires pour renverser un régime qui n’avait pas sa faveur ou pour contrecarrer une révolution. Telle était la politique de l’administration Ronald Reagan lorsqu’elle a employé des bandits soudards, les Contras, contre la révolution nicaraguayenne.

    L’impérialisme a été forcé dans la dernière intervention par le fait que Kadhafi semblait sur le point de gagner ou, en tous cas, d’avoir assez de force militaire et de soutien résiduel pour pouvoir éviter une complète défaite militaire, à moins d’une invasion terrestre. Les rebelles ne tiennent que l’Est, et encore, une partie seulement. L’Ouest, dans lequel vivent les deux tiers de la population, est toujours en grande partie contrôlé par Kadhafi et par ses forces. Ce contrôle n’est pas uniquement dû à un soutien populaire par rapport au régime. Ses forces possèdent la plupart des armes, y compris des armes lourdes, des tanks, etc. Il a toujours surveillé l’armée régulière de peur qu’un coup d’État n’en provienne. Patrick Cockburn a écrit dans The Independant du 17 avril : « L’absence d’une armée professionnelle en Libye signifie que les rebelles ont dû se fier à de vieux soldats à la retraite depuis longtemps pour entraîner leurs nouvelles recrues». Kadhafi est aussi capable d’attirer un soutien de la part des tribus, de même que du capital politique qu’il a accumulé pour son régime grâce au bon niveau de vie en Libye (avant le conflit) par rapport aux autres pays de la région.

    La révolution espagnole

    De nombreux partisans de la zone d’exclusion aérienne ont pris cette position en supposant que l’impérialisme ne serait pas capable d’aller plus loin que ça. Mais que feront-ils si, comme on ne peut l’exclure, des troupes au sol sous une forme ou une autre sont déployées avec la complicité des puissances impérialistes que sont les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ?

    Lors du débat à la Chambre des Communes (House of Commons) du 21 mars, Miliband (le nouveau chef du Parti travailliste) a accordé un soutien enthousiaste pour l’action militaire de Cameron. Voilà encore une nouvelle confirmation de la dégénerescence politique du Labour Party, qui d’un parti à base ouvrière, est devenu une formation bourgeoise. Les rédacteurs de la classe capitaliste reconnaissent eux aussi platement cette réalité : « Il fut un temps où le Labour party était le bras politique de la classe ouvrière organisée. Tous les trois principaux partis constituent maintenant le bras politique de la classe capitaliste organisée. Ce phénomène n’est pas propre à la Grande-Bretagne. Presque chaque démocratie avancée, surtout les États-Unis, lutte pour contrôler le monde des affaires » (Peter Wilby, The Guardian du 12 avril).

    Comparez seulement la position du dirigeant “travailliste” actuel avec celle de son prédécesseur Harold Wilson au moment de la guerre du Vietnam. Au grand regret de Lyndon Johnson, le président américain de l’époque, Wilson – bien qu’il n’aurait pas été contre l’idée de soutenir des actions militaires à l’étranger s’il avait cru pouvoir s’en tirer après coup – a refusé d’impliquer les troupes britanniques. Toute autre décision aurait provoqué une scission du Labour de haut en bas, ce qui aurait probablement mené à sa démission. En d’autres termes, il avait été forcé par la pression de la base du Labour et des syndicats à refuser de soutenir l’action militaire de l’impérialisme américain.

    Aujourd’hui Miliband soutient Cameron, en provoquant à peine un froncement de sourcils de la part des députés Labour ou de la “base”. Il a invoqué le cas de l’Espagne pendant la guerre civile afin de justifier le soutien au gouvernement, déclarant ceci : « En 1936, un politicien espagnol est venu au Royaume-Uni afin de plaider notre soutien face au fascisme violent du général Franco, disant “Nous nous battons avec des bâtons et des couteaux contre des tanks, des avions et des fusils, et cela révolte la conscience du monde qu’un tel fait soit vrai” » (Hansard, 21 mars).

    Le parallèle avec l’Espagne est entièrement faux. C’était alors une véritable révolution des travailleurs et des paysans pauvres qui se déroulait, avec la création (tout au moins au cours de la période initiale après juillet 1936) d’un véritable pouvoir ouvrier, de comités de masse et avec l’occupation des terres et des usines. L’Espagne était confrontée à une révolution sociale. Cette révolution a surtout été vaincue non pas par les forces fascistes de Franco, mais par la politique erronnée de la bourgeoisie républicaine qui a fait dérailler la révolution, aidée et soutenue par le Parti communiste sous les ordres de Staline et de la bureaucratie russe. Ceux-ci craignaient à juste titre que le triomphe de la révolution espagnole ne soit le signal de leur propre renversement.

    Dans une telle situation, la classe ouvrière du monde entier se rassemblait pour soutenir la revendication d’envoyer des armes à l’Espagne. Alors l’impérialisme, et en particulier les puissances franco-anglaises, ont tout fait pour empêcher l’armement des travailleurs espagnols. Pourtant, le député Tory Bill Cash était entièrement d’accord avec Miliband pour affirmer qu’il y a en effet “un parallèle avec ce qui s’est passé en 1936”, et soutenait donc “l’armement de ceux qui résistent contre Kadhafi” à Benghazi. Cela n’est-il pas un indicateur de la nature politique de la direction actuelle à Benghazi et à l’Est, qui inclut d’anciens partisans de Kadhafi tels que l’ancien chef des forces spéciales Abdoul Fattah Younis ? Si la tendance au départ à Benghazi (des comités de masse avec la participation de la classe ouvrière) s’était maintenue, il n’y aurait maintenant pas la moindre question d’un soutien de la part des Tories de droite ! Miliband a donné une nouvelle justification pour son soutien de la zone d’exclusion aérienne : « Il y a un consensus international, une cause juste et une mission faisable… Sommes-nous réellement en train de dire que nous devrions être un pays qui reste sur le côté sans rien faire ? »

    Aucune force de gauche sérieuse ne peut prôner une politique d’abstention lorsque des travailleurs sont soumis aux attaques meurtrières d’un dictateur brutal tel que Kadhafi. Il est clair qu’il fallait donner un soutien politique à la population de Benghazi lorsqu’elle a éjecté les forces de Kadhafi de la ville par une insurrection révolutionnaire – et ceci était la position du CIO dès le départ. Voilà une réponse suffisante pour ceux qui cherchent à justifier le soutien à l’intervention militaire de l’extérieur, sur base du fait que la population de Benghazi était sans défense. Les mêmes personnes ont utilisé les mêmes arguments au sujet de l’impuissance du peuple irakien qui se trouvait sous l’emprise d’un dictateur brutal pour justifier le bombardement puis l’invasion de l’Irak, avec les résultats criminels que nous voyons à présent. Mais cet argument a été mis en pièces par les révoltes des populations tunisienne et égyptienne qui ont écrasé les dictatures, sous leurs puissants millions.

    Les gens de Benghazi ont déjà vaincu les forces de Kadhafi une fois. Cela a été réalisé lorsque des méthodes révolutionnaires ou semi-révolutionnaires ont été employées. Ces méthodes semblent maintenant avoir été reléguées à l’arrière-plan par des forces bourgeoises et petites-bourgeoises qui ont mis de côté les forces véritablement révolutionnaires. Sur base de comités ouvriers de masse, une véritable armée révolutionnaire – plutôt que le ramassis de soudards qui soutient le soi-disant “gouvernement provisoire” – aurait pu être mobilisée afin de capturer toutes les villes de l’Est et d’adresser un appel révolutionnaire aux habitants de l’Ouest, et en particulier à ceux de la capitale, Tripoli.

    Il y a dans l’Histoire de nombreux exemples victorieux d’une telle approche, en particulier dans la révolution espagnole à laquelle Miliband se réfère mais qu’il ne comprend pas. Par exemple, après que les travailleurs de Barcelone aient écrasé l’insurrection fasciste de Franco en juillet 1936, José Buenaventura Durruti a formé une armée révolutionnaire qui a marché à travers la Catalogne et l’Aragon jusqu’aux portes de Madrid. Ce faisant, il a placé les quatre-cinquièmes de l’Espagne entre les mains de la classe ouvrière et de la paysannerie. C’était bel et bien une guerre “juste” de la part des masses qui défendaient la démocratie tout en luttant pour une nouvelle société socialiste, plus humaine. En outre, cette guerre bénéficiait d’un réel soutien international de la part de la classe ouvrière européenne et mondiale. Les critères utilisés par Miliband pour décider de ce qui est “juste” ou pas se situent dans le cadre du capitalisme et de ce qui est mieux pour ce système, et non pas pour les intérêts des travailleurs qui se trouvent dans une relation opposée et antagoniste par rapport à ce système, et de plus et plus aujourd’hui.

    Le “deux poids, deux mesures” des puissances occidentales

    Notre critère pour mesurer ce qui est juste et progressiste, y compris dans le cas de guerres, est de savoir dans quelle mesure tel ou tel événement renforce ou non les masses ouvrières, accroit leur puissance, leur conscience, etc. Tout ce qui freine cette force est rétrograde. L’intervention impérialiste capitaliste, y compris la zone d’exclusion aérienne, même si elle devait parvenir à ses objectifs, ne va pas renforcer le pouvoir de la classe ouvrière, ne va pas accroitre sa conscience de sa propre puissance, ne va pas la mener à se percevoir et à percevoir ses organisations comme étant le seul et véritable outil capable d’accomplir ses objectifs. Au lieu de ça, l’intervention attire l’attention des travailleurs de l’Est vers une force de “libération” venue de l’extérieur, abaissant ainsi le niveau de conscience des travailleurs de leur propre puissance potentielle.

    Comme l’ont fait remarquer même les députés Tory lors du débat à la Chambre des Communes, Miliband semble complètement adhérer à la “doctrine Blair” – une intervention militaire soi-disant humanitaire en provenance de l’extérieur – dont il avait pourtant semblé se distancier lorsqu’il avait été élu dirigeant du Labour. Ceci revient à justifier les arguments de Blair comme ceux de Cameron concernant le où et quand intervenir dans le monde. Miliband s’est rabattu sur la vague affirmation suivante : « L’argument selon lequel parce que nous ne pouvons pas faire n’importe quoi, alors nous ne pouvons rien faire, est un mauvais argument ». “Nous” (c’est-à-dire l’impérialisme et le capitalisme) ne pouvons pas intervenir contre la dictature en Birmanie, ne pouvons pas hausser “notre” ton contre les attaques meurtrières de la classe dirigeante israélienne contre les Palestiniens de Gaza. “Nous” sommes muets face aux régimes criminels d’Arabie saoudite et du Bahreïn. Néanmoins, il est “juste” de “nous” opposer à Kadhafi – même si “nous” le serrions encore dans “nos” bras pas plus tard que hier – et d’utiliser “notre” force aérienne (pour le moment) contre lui et son régime.

    C’est le journal “libéral” The Observer qui a fait la meilleure description de l’approche hypocrite arbitraire du capitalisme : « Pourquoi ce régime du Golfe (le Bahreïn) a-t-il le bénéfice du doute alors que d’autres dirigeants arabes n’y ont pas droit ? Il est clair qu’il n’est pas question d’intervenir au Bahreïn ou dans tout autre État où les mouvements de protestation sont en train d’être réprimés. L’implication en Libye ne laisse aucun appétit pour le moindre soutien actif, diplomatique ou militaire, pour les autres rébellions. S’il fallait choisir de n’attaquer qu’un seul méchant dans l’ensemble de la région, alors le colonel Kadhafi était certainement le meilleur candidat. » (The Observer du 17 avril)

    Ce qui est par contre entièrement absent de cette argumentation, ce sont les véritables raisons derrière l’intervention en Libye, qui sont les intérêts matériels du capitalisme et de l’internationalisme, pour le pétrole avant tout – la Libye comporte quelques-unes des plus grandes réserves de toute l’Afrique. Certains ont nié cet argument – ils ont dit la même chose à propos de l’Irak. « La théorie de la conspiration pour le pétrole … est une des plus absurdes qui soit » affirmait Blair le 6 février 2003. Aujourd’hui, The Independant (19 avril) a publié un mémorandum secret de l’Office des affaires étrangères datant du 13 novembre 2002, à la suite d’une rencontre avec le géant pétrolier BP : « L’Irak comporte les meilleures perspectives pétrolières. BP meurt d’envie de s’y installer ».

    Un soutien honteux pour l’intervention militaire

    Tandis que la position de Miliband et de ses comparses n’est guère surprenante étant donné l’évolution droitière des ex-partis ouvriers et de leurs dirigeants, on ne peut en dire de même de ceux qui prétendent s’inscrire dans la tradition marxiste et trotskiste. Sean Matgamna de l’AWL cite même Trotsky pour justifier son soutien à l’intervention militaire en Libye : « Un individu, un groupe, un parti ou une classe qui reste “objectivement” à se curer le nez tout en regardant des hommes ivres de sang massacrer des personnes sans défense, est condamné par l’Histoire à se putréfier et à être dévoré vivant par les vers ». Dans ce passage tiré des écrits de Trotsky sur la guerre des Balkans avant la Première Guerre mondiale, celui-ci dénonce les porte-paroles du capitalisme libéral russe qui restaient silencieux face aux atrocités commises par la Serbie et la Bulgarie à l’encontre des autres nationalités.

    Il ne justifiait pas le moins du monde le moindre soutien en faveur des dirigeants d’une nation contre l’autre. Cela est clair à la lecture de la suite de ce passage, que Matgamna ne cite pas : « D’un autre côté, un parti ou une classe qui se dresse contre chaque acte abominable où qu’il se produise, aussi vigoureusement et décidément qu’un organisme réagit pour protéger ses yeux lorsqu’ils sont menacés par une blessure externe – un tel parti ou classe est pur de cœur. Le fait de protester contre les outrages dans les Balkans purifie l’atmosphère sociale dans notre propre pays, élève le niveau de conscience morale parmi notre propre population… Par conséquent, une opposition obstinée contre les atrocités ne sert pas seulement l’objectif d’autodéfense morale au niveau de l’individu ou du parti, mais également l’objectif de sauvegarde politique de notre peuple contre l’aventurisme caché sous l’étendard de la “libération”. »

    Le dernier point de cette citation ne peut être à tout le moins compris qu’allant à l’encontre de la position de l’AWL, qui soutient l’intervention impérialiste cachée sous l’étendard trompeur de la “libération”. Et pourtant, nous trouvons ici l’affirmation surprenante selon laquelle : « La soi-disant gauche s’emmêle encore une fois dans un faux dilemme politique : la croyance selon laquelle il est obligatoire de s’opposer de manière criarde à l’“intervention libérale” franco-britannique en Libye au sujet de chacun de ses actes (ou au moins de chacun de ses actes militaires), sans quoi cela reviendrait à lui accorder un soutien général. En fait, ce dilemme n’est que de leur propre invention ». Tentant de trouver la quadrature du cercle, Matgamna ajoute ensuite que : « Bien entendu, les socialistes n’accordent aucun soutien aux gouvernements et aux capitalistes au pouvoir au Royaume-Uni, en France et aux États-Unis, ni aux Nations-Unies, ni en Libye, ni nulle part ailleurs ».

    Même un enfant de dix ans se rendrait compte que le fait de soutenir la moindre forme d’action militaire est une forme de “soutien politique actif”. L’AWL prétend pouvoir nettement séparer le soutien pour ce type d’action des perspectives plus globales concernant les puissances qui entreprennent ce type d’action. Mais elle agit dans la pratique comme un défenseur de la France et du Royaume-Uni : « L’ONU, se servant du Royaume-Uni et de la France, a fixé des objectifs très limités en Libye. Il n’y a aucune raison de croire que les “Grandes Puissances” veulent occuper la Libye ou sont occupées à quoi que ce soit d’autre que d’effectuer une opération de police internationale limitée sur ce qu’elles perçoivent comme constituant la “frontière sud” de l’Europe ». L’AWL ajoute même gratuitement que : « Les âpres leçons du bourbier iraqien sont encore très vives dans la mémoire de ces puissances ». Et poursuit avec ceci : « Au nom de quelle alternative devrions-nous leur dire de ne pas utiliser leur force aérienne pour empêcher Kadhafi de massacrer un nombre incalculable de ses propres sujets ? Voilà quelle est la question décisive dans de telles situations ». Et quiconque ne s’aligne pas sur ce non-sens est selon l’AWL un pacifiste incorrigible.

    Pour montrer à quel point ces annonciateurs “trotskistes” sont éloignés de la réelle position de Trotsky par rapport à la guerre, regardons sa position au cours de la guerre civile espagnole concernant la question du budget militaire du gouvernement républicain. Max Shachtman, qui était en ce temps un de ses partisans, s’est opposé à Trotsky qui défendait en 1937 le fait que : « Si nous avions un membre dans le Cortes [le parlement espagnol], nous voterions contre le budget militaire de Negrin ». Trotsky a écrit que l’opposition de Shachtman à sa position « m’a étonné. Shachtman était prêt à exprimer sa confiance dans le perfide gouvernement Negrin ».

    Il a plus tard expliqué que : « Le fait de voter en faveur du budget militaire du gouvernement Negrin revient à lui donner un vote de confiance politique… Le faire serait un crime. Comment expliquer notre vote aux travailleurs anarchistes ? Très simplement : Nous n’accordons pas la moindre confiance en la capacité de ce gouvernement à diriger la guerre et à assurer la victoire. Nous accusons ce gouvernement de protéger les riches et d’affamer les pauvres. Ce gouvernement doit être broyé. Tant que nous ne serons pas assez forts que pour le remplacer, nous nous battrons sous son commandement. Mais en toute occasion, nous exprimerons ouvertement notre méfiance à son égard : voici la seule possibilité de mobiliser les masses politiquement contre ce gouvernement et de préparer son renversement. Toute autre politique constituerait une trahison de la révolution » (Trotsky, D’une égratignure au risque de gangrène, 24 janvier 1940). Imaginons maintenant à quel point Trotsky dénoncerait le soutien honteux de l’AWL à l’intervention impérialiste en Libye aujourd’hui.

    Une position de classe indépendante

    On reste sans voix devant le fait que l’AWL, avec son apologie de l’intervention impérialiste, prétende défendre par-là une “politique ouvrière indépendante”. Mais il n’y a pas le moindre atome de position indépendante de classe dans son approche. Nous nous opposons à l’intervention militaire, tout comme s’y sont opposées les masses de Benghazi au cours de la première période. Les slogans sur les murs proclamaient en anglais : « Non à l’intervention étrangère, les Libyens peuvent se débrouiller par eux-mêmes ». En d’autres termes, les masse avaient un instinct de classe bien plus solide, une suspicion par rapport à toute intervention militaire extérieure, en particulier par les puissances qui dominaient autrefois la région – le Royaume-Uni et la France. Elles craignaient à juste titre que la zone d’exclusion aérienne, malgré les grands discours proclamant le contraire, ne mènent à une invasion, comme cela a été le cas en Irak.

    Cela signifie-t-il que nous nous contentons de rester au niveau de slogans généraux, que nous restons passifs face à l’éventuelle attaque de Kadhafi sur Benghazi ? Non. Mais dans une telle situation, nous insistons sur la nécessité d’une politique de classe indépendante, sur le fait que les masses ne doivent avoir confiance qu’en leur propre force, et ne pas accorder le moindre crédit à l’idée que l’impérialisme agit pour le bien des masses. Il est tout à fait vrai que nous ne pouvons en aucun cas répondre à l’argument du massacre potentiel par des affirmations du style : “La triste réalité est que les massacres sont une caractéristique chronique du capitalisme. La gauche révolutionnaire est, hélas trop faible pour les empêcher » (Alex Callinicos, un des dirigeants du SWP britannique).

    Les forces du marxisme peuvent être physiquement trop faibles pour empêcher des massacres – comme dans le cas du Rwanda par exemple. Nous sommes néanmoins obligés de défendre le fait que le mouvement ouvrier large adopte la position la plus efficace afin de défendre et de renforcer le pouvoir et l’influence de la classe ouvrière dans toute situation donnée. Par exempe, en Irlande du Nord en 1969, les partisans de Militant (prédécesseur du Socialist Party) se sont opposés à l’arrivée des troupes britanniques pour “défendre” les zones catholiques nationalistes de Belfast et de Derry contre l’attaque meurtrière des milices B-specials à prédominance loyaliste. Le SWP, bien qu’il l’ait plus tard nié, soutenait le débarquement des troupes britanniques. Lorsque les troupes sont arrivées, elles ont protégé ces zones des attaques loyalistes et ont été accueillies en tant que “défenseurs”. Mais, comme nous l’avions prédit, à partir d’un certain point ces troupes se transformeraient en leur contraire et commenceraient à être perçues comme une force de répression contre la minorité catholique nationaliste. Et c’est exactement ce qui s’est passé.

    Toutefois, confrontés au massacre potentiel de la population catholique, nous n’avons pas adopté une position “neutre” ou passive. Dans notre journal Militant de septembre 1969, nous appelions à la création d’une force de défense unitaire ouvrière, au retrait des troupes britanniques, au démantèlement de la milice B-specials, à la fin des discriminations, à la création d’emplois, de logements, d’écoles, etc. pour tous les travailleurs. En d’autres termes, nous étions donc en faveur d’une unité de classe et pour que les travailleurs se basent sur leurs propres forces et non pas sur celles de l’État capitaliste. Une approche similaire, basée sur l’indépendance de classe la plus complète, et adaptée au contexte concret de la Libye et du reste de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, est la seule capable de mener à la victoire de la lutte des travailleurs dans une situation aussi compliquée.

    Nous ne pouvons suivre Achar non plus, lorsqu’il dit : « Selon ma conception de la gauche, quiconque prétend appartenir à la gauche ne peut tout bonnement ignorer la demande de protection émanant d’un mouvement populaire, même de la part des ripoux impérialistes, lorsque le type de protection demandé n’en est pas un par lequel le contrôle sur leur pays peut être exercé. Aucune force progressiste ne peut se contenter d’ignorer la demande de protection provenant des rangs des insurgés ».

    Il est erroné d’identifier “les insurgés”, qui provenaient au départ d’un authentique mouvement de masse – comme nous l’avons fait observer – à leur direction actuelle, bourrée d’éléments bourgeois et pro-bourgeois, y compris de renégats en provenance du régime de Kadhafi. Qui plus est, il est entièrement faux – comme certains l’ont fait – de comparer l’acceptation de la part de Lénine de nourriture et d’armes fournies par une puissance impérialiste pour en repousser une autre, sans aucune condition militaire ou politique liée, à un soutien à la zone d’exclusion aérienne. La question pour les marxistes n’est pas de ce qui est fait, mais de qui le fait, comment et pourquoi.

    Défendre la révolution

    Au final, l’objectif de l’intervention impérialiste est de sauvegarder sa puissance, son prestige et son revenu de la menace de la révolution qui se développe dans la région. Comme l’a bien expliqué un porte-parole de l’administration Obama, la principale source d’inquiétude n’est pas ce qui se passe en Libye, mais bien les conséquences que cela pourrait avoir en Arabie saoudite et dans les États du Golfe, où sont concentrées la plupart des réserves pétrolières desquelles dépend le capitalisme mondial. Les impérialistes considèrent une intervention victorieuse en Libye comme étant un rempart contre toute menace de révolution dans ces États et dans l’ensemble de la région. Ils sont aussi inquiets de l’influence régionale de l’Iran, qui s’est énormément accrue en conséquence de la guerre d’Irak.

    La situation en Libye est extrêmement fluide. La manière dont se résoudra le conflit actuel est incertaine. En ce moment, il semble que cela se termine par une impasse, dans laquelle ni Kadhafi ni les rebelles ne sont capables de porter un coup décisif pour s’assurer la victoire dans ce qui est à présent une guerre civile prolongée. Ceci pourrait mener à une réelle partition du pays, ce qui est déjà le cas dans les faits. Dans cette situation, toutes les divisions tribales latentes – qui étaient en partie tenues en échec par la terreur du régime Kadhafi – pourraient remonter à la surface, créant une nouvelle Somalie au beau milieu de l’Afrique du Nord, avec toute l’instabilité que cela signifie, en particulier en ce qui concerne la lutte pour les réserves de pétrole de la Libye. D’un autre côté, l’impérialisme cherche désespérément à éviter de donner l’impression que Kadhafi ait obtenu une victoire partielle dans cette lutte, ce qui renforcerait la perception d’impuissance des puissances impérialistes à pouvoir décider de l’issue des événements.

    Mais la responsabilité du mouvement ouvrier au Royaume-Uni et dans le monde est claire : opposition absolue à toute intervention impérialiste ! Que le peuple libyen décide de son propre destin ! Soutien maximum de la part de la classe ouvrière et du mouvement ouvrier mondial aux véritables forces de libération nationale et sociale en Libye et ailleurs dans la région, y compris sous la forme d’un approvisionnement en nourriture et en armes !

    L’impérialisme ne sera pas capable d’arrêter la marche en avant de la révolution en Afrique du Nord et dans le Moyen-Orient. Certes, comme le CIO l’avait prédit, il existe une grande déception parmi les masses, qui estiment que les fruits de leurs victoires contre Moubarak et Ben Ali ont jusqu’ici été volées par les régimes qui les ont remplacés. L’appareil de sécurité et la machine d’État tant haïs qui existaient auparavant demeurent largement intacts, malgré les puissantes convulsions de la révolution. Mais ceux-ci sont en train d’être combattus par des mouvements de masse.

    Les révolutions tiennent bon, et des millions de gens ont appris énormément de choses au cours du mouvement. Espérons que leurs conclusions mèneront à un renforcement de la classe ouvrière et au développement d’une politique de classe indépendant. Un tel renforcement serait symbolisé par le développement par les travailleurs de leurs propres organisations, de nouveaux et puissants syndicats et partis ouvriers, avec l’objectif de la transformation socialiste de la société, accompagnée par la démocratie en Libye et dans l’ensemble de la région.

  • [VIDEO] Paul Murphy s’en prend à Barroso, qui prétend “soutenir” l’Irlande

    La Commission européenne veut instaurer une législation qui assurerait que la population soit forcée de renflouer les banques et les spéculateurs. L’eurodéputé du CIO Paul Murphy, du Socialist Party (CIO-Irlande), a interpellé le président de la Commission européenne à ce sujet, sans toutefois que se dernier ne daigne répondre aux critiques…

    Paul Murphy, député européen

    Mon baptême du feu, mon tout premier discours au Parlement européen, s’est déroulé ce 5 avril. J’ai décidé d’utiliser l’opportunité de remettre en question la déclaration de Jose Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, selon laquelle ‘‘L’Europe cherche à “soutenir” l’Irlande.’’ En dépit de cette affirmation, la Commission désire mettre en vigueur une législation qui assurerait que la population européenne soit forcée de soutenir et de renflouer les banques et les spéculateurs. Ces propositions signifieraient concrètement un état d’austérité permanent.

    La Commission espère introduire ce mécanisme d’austérité permanente via des modifications portées aux Traités européens, et espère que ces modifications pourront être effectuées sans qu’un référendum ne soit organisé. C’est une honte, et cela contredit totalement les affirmations du camp du ‘‘Oui’’ lors du débat autour du Traité de Lisbonne. Il est absolument impératif que la Gauche se batte pour un référendum autour de cet enjeu.

    Voici la vidéo de mon discours ; je posterai ces vidéos sur mon blog à l’avenir, de même que toute réponse que j’obtiendrai. Malheureusement, M. Barroso n’a pas daigné répondre à mon intervention.

    La traduction de cette prise de parole se trouve sous la vidéo


    Merci M. le Président.

    M. Barroso, le 19 janvier, en réponse à Joe Higgins, vous avez déclaré ici dans cette chambre que l’Europe essaie de soutenir l’Irlande. Avec l’abjecte capitulation du Fine Gael, du nouveau gouvernement Fine Gael-Labour face aux intérêts des spéculateurs, il est clair que ce n’est ni le Conseil ni la Commission qui accorde ce soutien, mais c’est la classe ouvrière en Irlande et en Europe qui se voit contrainte de soutenir les banques et spéculateurs européens en payant pour leurs pertes.

    Les propositions de gouvernance économique représentent une tentative de légaliser les coupes budgétaires et salariales. L’agenda d’austérité, les propositions d’amendes de centaines de milliers d’euros, sont conçues afin d’assurer que quelle que soit l’ampleur de l’opposition, les travailleurs payent pour la crise.

    Cette doctrine de choc à l’européenne sera facilitée par les modifications des traités, ce sur quoi l’establishment en Europe et en Irlande est déterminé à éviter un référendum. Le Socialist Party et la Gauche en Irlande vont exiger un référendum sur cette proposition d’austérité permanente.

    Merci.


  • Royaume-Uni : Après la manifestation du 26 mars : Pour une grève générale de 24 heures !

    La manifestation du 26 mars à Londres contre la politique d’austérité du gouvernement Con-Dem, qui avait été appelée par la Trade Union Confederation il y a six mois, a certainement été la plus grande manifestation depuis les marches anti-guerres massives de 2003. Cette manifestation nationale suit une vague de manifestations locales et régionales, y compris des occupations de réunions de conseils communaux où devait se décider le vote du budget. Une belle réponse pour Mervyn King, le gouverneur de la Bank of England, qui se déclarait ‘‘surpris que le niveau de colère publique n’ait pas été plus grand que ce qu’il a été jusqu’ici’’, étant donné le fait que la population laborieuse se voyait réclamer de payer le prix de la crise financière.

    Éditorial du magazine Socialisme Today, mensuel du Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    La plupart des marches locales ont été organisées par des militants de la base ; les membres du Socialist Party ont joué un rôle proéminent dans de nombreux endroits. Il ne fait aucun doute que ces manifestations locales auraient eu un impact bien plus grand si les dirigeants syndicaux avaient utilisé leurs ressources pour mobiliser pour l’action. Cela faisait bien longtemps qu’une manifestation nationale était attendue et cette dernière a démontré l’énorme pouvoir potentiel de la classe ouvrière et de ses alliés parmi les étudiants et la classe moyenne. Mais par elle-même, une manifestation, quelle que soit sa taille, ne pourra pas empêcher les coupes ni faire chuter le gouvernement. La question inévitable est donc : ‘‘Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?’’

    Même la TUC (Trade Union Confederation – la Confédération syndicale, qui chapeaute l’ensemble des syndicats britanniques, NDT) a appelé cette manifestation la “marche pour l’alternative”, sans toutefois préciser ni plan d’action pour la suite, ni alternative économique. Au fond, l’approche des dirigeants de la TUC, tout comme celle des autres dirigeants syndicaux, n’est rien de plus qu’une “stratégie” qui consiste à attendre le retour d’encore un autre gouvernement Labour.

    Il faut une représentation politique

    Le New Labour, qui se retrouve maintenant sous la direction d’Ed Miliband, n’offre aucune véritable alternative à la coalition Con-Dem. Il accepte le fait que certaines coupes budgétaires sont nécessaires. Sa politique consiste en fait à mettre en place la “consolidation fiscale” (des coupes dans les dépenses publiques, des hausses des taxes sur les travailleurs et sur les contributions aux pensions) sur une période plus longue. Le fait d’attendre le retour d’un gouvernement New Labour après les prochaines élections fédérales n’est donc pas une vraie alternative. Le temps d’y parvenir, les Con-Dem auront déjà accompli des coupes dévastatrices – à moins qu’ils n’en soient empêchés par un mouvement massif et soutenu de la classe ouvrière.

    La faillite politique du New Labour souligne la nécessité d’une alternative électorale afin d’apporter une représentation ouvrière. Une partie importante de la bataille contre l’austérité consistera à présenter tout un tas de candidats ‘anti-cuts’ (anti coupes budgétaires) lors des élections communales du mois de mai. Beaucoup de personnes se dresseront sous la bannière de la TUSC, la Coalition socialiste et syndicaliste (Trade Unionist and Socialist Coalition), qui implique des syndicalistes combatifs du syndicat des travailleurs des transports, le RMT, du syndicat des services publics, le PCS, et d’autres syndicats, ainsi que le Socialist Party. Tout en mobilisant l’opposition aux conseils communaux qui tentent d’appliquer de brutales coupes budgétaires, cette campagne électorale devrait être considérée comme un pas en avant vers la construction d’un parti de masse de la classe ouvrière, qui offre une alternative socialiste aux trois grands partis capitalistes.

    Pour une grève générale de 24 heures

    Cependant, pour les syndicalistes, la prochaine étape la plus importante sera la grève. Nous allons sans nul doute assister à un grand nombre de grèves locales, et les dirigeants syndicaux devraient soutenir de telles actions au lieu de tenter de les bloquer. Mais l’échelle dévastatrice des coupes qui sont en train d’être mises en œuvre au niveau national par le gouvernement Con-Dem pose la nécessité d’une action de grève nationale, coordonnée entre les syndicats du secteur public. Ceci devient encore plus urgent avec l’attaque sur les pensions, qui prend la forme de hausses des contributions et de réduction des allocations.

    Sur la question des pensions, le PCS discute en ce moment d’une action en mai ou juin, et le syndicat national des enseignants (NUT) et celui des universités et hautes-écoles (UCU) sont eux aussi en train de réfléchir à entrer en action lors des prochains mois. Toutefois, les autres syndicats du secteur public jusqu’ici ne proposent aucune action.

    Cependant, les “réformes” des pensions – une série de coupes brutales – sont déjà en train d’être effectuées, et nous avons besoin d’une action dès que possible. Les syndicats du secteur public devraient coordonner leurs propositions pour une action nationale, avec comme objectif une grève générale de 24 heures, qui impliquerait également les syndicats des industries privées (comme ceux du rail) qui sont eux aussi confrontés à l’austérité. Avec de la détermination, les obstacles posés par les lois antisyndicales répressives du Royaume-Uni pourraient être balayées.

    La première action de grève nationale du secteur public devrait être accompagnée d’une manifestation nationale au milieu de la semaine pour protester contre les coupes et contre les attaques sur les pensions. Ceci donnerait aux travailleurs de tout le secteur public de soutenir l’action de grève, et augmenterait la pression sur les autres syndicats du public dans le but de mobiliser pour une grève nationale d’une journée du secteur public. Les étudiants devraient eux aussi être appelés à se joindre à une telle journée d’action.

    Le 26 mars a énormément accru la confiance des travailleurs, et devrait être utilisé en tant que tremplin vers une intensification de l’action de masse contre les coupes.

    Une offensive ultralibérale

    En parlant de la réduction brutale du niveau de vie des travailleurs, et du fait que le pire reste encore à venir sous le gouvernement Con-Dem, le secrétaire général de la TUC Brendan Barber en a appelé à George Osborne : ‘‘Le chancelier devrait montrer qu’il comprend les préoccupations de la population en faisant plus d’efforts pour promouvoir l’emploi et une croissance soutenue, plutôt que de simplement offrir des édulcorants dans un budget qui est destiné aux grandes entreprises et de mettre en place des mesures qui vont mener à une nouvelle détérioration des conditions de travail’’ (communiqué de presse de la TUC du 21 mars).

    Barber montre son absence totale de compréhension du rôle joué par le gouvernement Con-Dem. Osborne et compagnie ne font pas que simplement tenter de surmonter les effets de la crise financière. Ils utilisent la crise comme une opportunité pour brutalement supprimer le rôle de l’État dans l’économie (tout en laissant encore plus de champ libre pour les grosses boites privées) et pour sabrer dans les services publics, y compris dans les soins de santé qu’ils avaient pourtant dit vouloir protéger. Ce programme a une base idéologique, qui reflète les intérêts du capital financier, favorisant une économie ultralibérale. Comment Osborne pourrait-il “comprendre les préoccupations de la population” ?

    Il ne fait aucun doute qu’il y a des sections de la classe capitaliste, surtout ceux qui reflètent les intérêts de l’industrie, qui (tout comme les dirigeants Labour) favorisent une répartition de l’austérité sur une plus longue période. Par exemple, Jonathan Portes, directeur de l’Institut national de recherche économique et sociale (un think-tank proche du Trésor), écrivait que : ‘‘Étant donné la faiblesse économique, et l’ampleur de la capacité non-utilisée dans l’économie, il semble raisonnable d’étendre la consolidation fiscale en répartissant mieux les coupes budgétaires.’’ Il rejette l’idée selon laquelle la réduction du déficit à court terme est nécessaire pour éviter une crise de la dette du gouvernement, idée qu’il considère fortement exagérée : ‘‘Comparer le Royaume-Uni et la Grèce, c’est de l’intox.’’ Faisant remarquer qu’il y a déjà plus d’un million de jeunes au chômage, il défend que le fait de postposer les coupes et de promouvoir la croissance économique serait une politique plus efficace.

    Toutefois, ce serait toujours une politique capitaliste : des coupes ralenties et une austérité prolongée, plutôt que la réduction de déficit “instantané” proposée par Osborne, qui pourrait bien pousser le capitalisme britannique vers une nouvelle crise.

    Pour une politique économique socialiste

    Certaines personnes à gauche ont à juste titre soulevé la question d’une alternative. Par exemple, George Monbiot écrivait dans le Guardian du 6 mars que nous devons nous ‘‘rassembler derrière ce que nous voulons, et pas seulement contre ce que nous ne voulons pas.’’ Monbiot propose une politique basée sur une plus forte taxation des riches et des grandes entreprises, sur des coupes dans le budget de l’armée, et sur une extension massive des services publics. Il revendique aussi la création d’emplois verts grâce à des projets environnementaux. Les mesures proposées sont désirables en soi et, si elles étaient mises en œuvre, elles amélioreraient les conditions des travailleurs. Il est possible que, en cas de crise économique profonde et d’un mouvement de masse de la classe ouvrière, un gouvernement capitaliste puisse concéder certaines de ces revendications, même si ce ne sera que de manière temporaire.

    Mais la politique défendue par Monbiot ne se penche pas sur le caractère de classe du capitalisme : les grosses entreprises, qui vivent pour le profit, n’accepteront pas docilement une grosse hausse des impôts, ni une importante extension des dépenses pour les allocations, l’éducation, les soins de santé, etc. Les grandes entreprises sont déjà assises sur des montagnes de pognon, parce qu’il n’est pas profitable en ce moment d’investir dans de nouvelles capacités productives. Elles utiliseraient toute leur puissance économique et sociale pour résister à toute taxation “punitive” ou redistribution publique de la richesse en faveur de services à la population laborieuse.

    Nous avons besoin non seulement d’une alternative politique, mais aussi d’une alternative au système actuel, qui est basé sur le profit et sur l’anarchie du marché. Nous avons besoin d’une économie qui satisfasse les besoins de la majorité. Ceci amène la question du contrôle de l’économie, qui ne pourrait être obtenu que via la nationalisation des banques et des grands monopoles dans l’industrie et dans les services. Les secteurs-clés de l’économie devraient être gérés sur base d’un plan organisé par des organes démocratiques composés de représentants élus provenant des syndicats, des collectivités, des organisations de consommateurs, etc. Une planification socialiste réussie demande la collaboration des travailleurs des autres pays, afin d’entamer un processus de planification économique sur le plan international.

    Les véritables socialistes sont à l’avant-garde de la lutte pour construire un mouvement de masse capable d’agir contre les coupes, tout en soulevant la nécessité d’objectifs clairs et socialistes.

    Vidéo du Socialist Party sur la manifestation du 26 mars

  • La lutte britannique contre l’austérité

    Le Royaume-Uni aussi est frappé de plein fouet par la crise financière et économique. Peu de personnes s’étonneront du fait que l’on propose ici les mêmes mesures que dans les autres pays : pertes d’emplois et assainissements. Mais tout comme dans les autres parties du monde, la lutte contre cette politique se développe.

    Par Jarmo (Anvers), Article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste

    A côté des importantes actions étudiantes contre la hausse du minerval (à 10.500 euros par an), au niveau local, toute une série d’actions de protestation ont pris place. La casse sociale va très loin : tous les services publics devront économiser un quart de leur budget. Partout dans le pays des comités anti-austérité (anti-cuts) voient le jour : ils organisent des campagnes et des actions pour lutter contre les coupes d’austérité.

    Les délégués combatifs qui se sont réunis dans le NSSN (National Shop Stewards Network) ont décidé lors d’une conférence nationale de prendre en main l’organisation et la coordination des protestations contre les économies budgétaires. C’est un bon pas dans la direction d’une lutte unifiée et généralisée. A la conférence du NSSN, le débat fut intense et a finalement décidé à 305 voix contre 89 de mettre sur pied une campagne nationale contre les coupes afin de rassembler les militants syndicaux et les comités locaux dans une lutte commune.

    Il est important de s’opposer à toute forme de coupes, y compris au niveau local, souvent appliquées par des conseillers communaux du parti travailliste. Ce parti d’opposition ne représente aucune alternative. Le NSSN est en faveur du refus des conseillers d’appliquer les coupes, tout comme l’a fait le conseil communal socialiste de Liverpool dans les années quatre-vingt. Il est aussi question de lancer une campagne nationale similaire à celle des années ’90 contre la Poll Tax (un impôt qui était le même pour tout le monde) : 18 millions de personnes avaient alors refusé de payer, ce qui a fait reculer Thatcher, la dame de fer.

    Il est positif que les syndicalistes de lutte prennent le devant dans le mouvement ouvrier britannique. Ces dernières années, le mouvement ouvrier était tel un géant endormi. En prenant le devant, les syndicalistes combatifs peuvent le réveiller afin de faire face aux attaques les plus dures de ces 20 dernières années, avec un appel pour une grève nationale de 24 heures des services publics après la manifestation syndicale qui est prévue le 26 mars, par exemple. Il faut préparer le terrain pour une grève générale de 24 heures impliquant également le secteur privé.

    Afin d’exploiter ce potentiel, il est important d’organiser la résistance, une campagne nationale comme celle du NSSN peut y jouer un rôle central. Des négociations prendront place avec d’autres organisations afin de renforcer la coordination nationale.

    Si les syndicalistes combatifs restent à la marge, ils perdront leur crédibilité. Ils doivent organiser la lutte et poser ainsi les bases des traditions du syndicalisme de lutte parmi les couches plus larges.

    En même temps, il faut une discussion concernant un prolongement politique pour le mouvement ouvrier afin de s’en prendre au gouvernement Con-Dem (conservateurs et libéraux) qui impose les mesures d’austérité. Le Socialist Party collabore à la campagne TUSC (Trade Union and Socialist Coalition) où des candidats ouvriers se présentent aux élections. Cette initiative est limitée au niveau électoral, mais illustre bien l’idée de la nécessité d’élus du mouvement des travailleurs.

  • Paul Murphy remplace Joe Higgins comme eurodéputé du Socialist Party

    Hier, lors d’une conférence de presse, il a été annoncé que celui qui remplacerait Joe au Parlement Européen serait Paul Murphy. Malgré son jeune âge (27 ans), Paul est déjà militant de longue date du Socialist Party. Quant à Joe, il siégera maintenant avec Clare Daly au Parlement Irlandais, où ces deux militants du Socialist Party ont récemment été élus, de même que trois autres camarades de la liste unitaire ULA (United Left Alliance).

    Paul Murphy

    ‘‘Remplacer Joe Higgins à l’Europe est un défi intimidant. J’ai suivi de très près le travail de pionnier qu’il a effectué en défendant une opposition réellement socialiste au Parlement Européen tout autant que l’aide vitale qu’il a donné à différentes campagnes en Irlande et à travers l’Europe.

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    Joe Higgins à propos de Paul Murphy

    “Je suis très heureux de voir Paul Murphy prendre le siège d’eurodéputé pour Dublin au nom du Socialist Party et de la United Left Alliance. Paul va continuer à représenter le programme politique et l’alternative socialiste que le Socialist Party a défendus devant le peuple de Dublin lors des élections européennes de 2009. Grâce à son expérience acquise lors de différentes campagnes ainsi qu’en travaillant avec moi au Parlement Européen, je suis certain qu’il sera tout à fait capable de défendre une réelle opposition au consensus néolibéral qui règne au Parlement européen. Il travaillera en collaboration étroite avec moi-même ainsi qu’avec le Socialist Party et la United Left Alliance afin de donner une réelle représentation politique aux travailleurs et aux jeunes tout en les aidant à organiser des campagnes de masse pour contrer les attaques à venir du gouvernement Fine Gael / Labour.”

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    ‘‘Toutefois, pour moi, il s’agit de la suite et de l’extension des campagne et de l’activisme qui ont été miens depuis dix ans. Sur ce laps de temps, j’ai eu l’honneur de lutter aux côtés des travailleurs – en tant qu’organisateur de campagnes et militant – contre la bin tax (une taxe sur les sacs poubelles), en construisant deux campagnes majeures contre les droits d’inscription dans l’enseignement supérieur, en organisant la grève de travailleurs turcs de Gama en Irlande (qui recevaient des salaires de misère), en militant contre la mainmise de Shell sur notre pétrole et notre gaz et contre la construction d’une raffinerie en mer à la sécurité plus qu’incertaine près de Rossport, etc. En plus de cela, j’ai gagné une grande expérience en travaillant auprès de Joe au Parlement Européen en tant qu’attaché parlementaire ces deux dernières années.

    ‘‘Je vais m’efforcer de poursuivre le travail que Joe a entamé contre la politique de droite de l’Union Européenne, contre le consensus néolibéral qui règne au Parlement Européen et contre Mr. Barosso et les diktats de l’Union Européenne et du Fonds Monétaire International qui s’en prennent aux travailleurs d’Irlande pour leur faire payer la crise des spéculateurs et des banquiers.

    ‘‘Même si cela a très peu été relayé dans les médias en Irlande, Joe a régulièrement fait des interventions dans la Commission du commerce international du Parlement Européen. Je vais poursuivre ce travail en exposant comme il l’a fait la nature prédatrice de la politique commerciale de l’Union Européenne, faite d’exploitation des gens des pays sous-développés au bénéfice des multinationales européennes.

    ‘‘Cependant, la tâche ne sera pas seulement d’assister à des réunions à Bruxelles ou Strasbourg. Je vais utiliser cette position pour aider au développement de campagnes en Irlande pour construire l’opposition aux attaques prévues par le gouvernement Fine Gael / Labour.

    ”Le thème le plus critique à l’heure actuelle pour les jeunes et les travailleurs est le chômage et l’immigration forcée. A Dublin, nous avons le plus haut taux de chômage chez les jeunes en Europe : 24,2%. Des dizaines de milliers de jeunes sont forcés d’émigrer ailleurs pour rechercher du travail. Il nous faut une campagne de grande ampleur pour des investissements publics afin de créer de l’emploi et reployer l’économie. J’utiliserai ma position pour assister les chômeurs, les travailleurs et les jeunes dans le développement d’une telle campagne.

    ”Je travaillerai bien entendu en étroite collaboration avec les deux députés irlandais du Socialist Party ainsi qu’avec les trios autres élus de la United Lef Alliance. Et évidemment, comme tous les représentants du Socialist Party public, je ne vais garder comme salaire que le salaire moyen d’un travailleur, le reste de mon salaire de député européen sera donné à différents groupes de travailleurs, à différentes campagnes et à la lutte pour un changement socialiste de société.

  • Première réunion du nouveau Parlement irlandais: L’opposition de gauche se fait entendre

    Les cinq élus de la United Left Alliance, dont les deux membres de notre parti-frère irlandais le Socialist Party, ont fait leur entrée au Parlement à la suite d’une manifestation tenue jusqu’aux portes du bâtiment. La United Left Alliance a de suite rendu clair comme de l’eau de roche qu’elle va constituer une opposition active et combative. Joe Higgins, du Socialist Party, a déclaré que le nouveau gouvernement a le même “programme réactionnaire que l’ancien”, composé d’un “cocktail toxique d’austérité” venu du Fonds Monétaire International et de l’Union Européenne. Il a aussi dénoncé le Labour, les sociaux-démocrates qui forment la nouvelle coalition avec le Fine Gael (les chrétiens-démocrates).

    Au Parlement, comme il fallait s’y attendre, le nouveau gouvernement a obtenu une majorité. Mais il aura fort à faire avec une opposition de gauche, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du gouvernement. Joe Higgins a été choisi pour diriger une fraction parlementaire technique, dans laquelle se trouve entre autres la United Left Alliance. La constitution de cette fraction technique permettra aux élus de gauche d’avoir plus de temps de parole.

    Dans son allocution d’ouverture, Joe Higgins a de suite déclaré qu’il va lutter contre le nouveau gouvernement. “La première phrase du programme du gouvernement déclare qu’il y a eut une révolution démocratique en Irlande ce 25 février [date des élections, NDT]. Le dictionnaire définit une révolution comme le renversement d’un gouvernement ou d’un ordre social au profit d’un nouveau système. Si c’est cela une révolution, le programme du gouvernement est une trahison grotesque, car il s’agit du même programme réactionnaire de l’ancien ordre, quasiment à la lettre près.”

    Le précédent gouvernement a été sanctionné car il avait “placé en otage des spéculateurs et des banquiers toute une génération de jeunes travailleurs avec des hypothèques et des dettes monstrueuses.” Maintenant, la population doit payer le prix du sauvetage des banques avec des “coupes drastiques dans le niveau de vie” et “un cocktail toxique d’austérité.” Joe a conclu : “Une voix pour le nouveau gouvernement, ce n’est pas une voix pour la révolution et le changement, mais pour la contre-révolution et la continuité.”

    Clare Daly, second élu du Socialist Paty sur les listes de la United Left Alliance, a prévenu le gouvernement que la politique d’austérité rencontrera la résistance, dans les quartiers et dans les entreprises. Le novueau gouvernement sert uniquement les intérêts des grandes banques et des super-riches. Cela se heurtera rapidement à une opposition active, et Clare a assuré que le Socialist Party et la United Left Alliance y joueront un rôle.

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